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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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Pour .le surplus, M. Max Brusset s'est adressé, je. crois, àfcies collègues M. Va<strong>la</strong>y et M. Moch, qui lui répondront certainementà <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> ce débat.Je réponds à <strong>la</strong> première question que m'a posée M. MaxBrusset, celle <strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong> cause <strong>de</strong>s déf<strong>la</strong>grations a étépurement fortuite.C'est le 18 août' 1949, vers 13 h. 30, que les explosionsse sont produites au dépôt qui contenait environ 5.000 tonnes<strong>de</strong> bombes françaises et américaines provenant toutes <strong>de</strong>srécupérations.L'hypothèse d'une explosion spontanée, due par exemple àune réaction chimique, a été rejetée par les services techniquesdu matériel.Les clusters, à l'origine <strong>de</strong> l'explosion, ne peuvent détonerspontanément sous l'action <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaleur so<strong>la</strong>ire et ont unchargement très stable..Deux hypothèses ont été reteuues: ou bien le feu a étécommuniqué au dépôt involontairement, et nous savons quemalheureusement <strong>de</strong>s soldats ont été surpris en train <strong>de</strong> fumerà proximité <strong>de</strong>s dépôts; ou bien — et c'est, à mon sens,l'hypothèse à retenir' — l'explosion a été provoquée par unattentat. C'est l'avis <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>la</strong> sûreté nationale, quise basent sur <strong>de</strong>s renseignements transmis par le <strong>la</strong>boratoiremunicipal <strong>de</strong> Paris. L'attentat a pu être commis à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>p<strong>la</strong>stic.La gar<strong>de</strong> était-elle suffisante ?L'effectif théorique du dépôt comprend: un officier, sept sousofficierset quarante-<strong>de</strong>ux soldats. L'elfectif réel, au jour <strong>de</strong>l'explosion, correspondait à peu près à cet effectif théorique:un officier, onze sous-officiers, quarante soldats.Je dois signaler que <strong>de</strong>s sanctions ont été prises par lesecrétaire d'Etat <strong>de</strong> l'époque contre le chef du dépôt et lesmilitaires qui avaient travaillé à proximité pour ne pas avoirobservé les consignes auxquelles vous faisiez allusion tout àl'heure.Vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z, enfin, si toutes le=> précautions ont été prisespour éviter le renouvellement <strong>de</strong> pareilles catastrophes.Il a été décidé, d'une part, dans le cadre du p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>regroupement <strong>de</strong>s dépôts <strong>de</strong> munitions établi par les secrétariatsd'Etat à <strong>la</strong> guerre et à l'air, <strong>de</strong> transférer le dépôt <strong>de</strong>munitions <strong>de</strong> Lan<strong>de</strong>s-<strong>de</strong>-Bussac dans une localité voisine où<strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce sera plus facile.Vous avez, par conséquent, à ce point <strong>de</strong> vue, d'ores etdéjà, entière satisfaction.D'autre part, compte tenu <strong>de</strong> ce que les bombes du dépôtproviennent <strong>de</strong>s récupérations, elles sont, il faut le dire,douteuses. J'ai donc décidé <strong>de</strong> faire examiner ces dépôts parune commission composée <strong>de</strong> représentants qualifiés <strong>de</strong> l'étatmajor,<strong>de</strong> l'inspection technique et du service du matériel <strong>de</strong>l'armée <strong>de</strong> l'air.Il va sans dire qu'à <strong>la</strong> suite' <strong>de</strong> cette enquête, toutes mesuresseront prises pour assurer <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s dépôts.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Brillouet. (App<strong>la</strong>udissementsà Vextrême gauche.)M, Maurice Brillouet. Mesdames, messieurs, il n'est pas dansmon intention <strong>de</strong> m'étendre longuement sur <strong>la</strong> catastrophequi, dans le courant <strong>de</strong> l'été <strong>de</strong>rnier, a frappé le massifforestier <strong>de</strong> Gascogne. L'horreur en est encore présente àtoutes les mémoires, et mes amis Félix Garcia et Marc Dupuyviennent d'ailleurs d'en évoquer le terrible bi<strong>la</strong>n: pertes <strong>de</strong>vies civiles et militaires, <strong>de</strong>structions considérables, gravesdifficultés économiques et financières pour les gemmeurs etles petits et moyens propriétaires.Mon intervention portera spécialement sur les incendies <strong>de</strong>l'extrême pointe Nord du massif forestier situé sur le territoire<strong>de</strong> <strong>la</strong> Charente-Maritime, et notamment dans les communes<strong>de</strong> Bé<strong>de</strong>nac, Bussac-là : Forêt et Corignac.Dans cette région, les premiers incendies éc<strong>la</strong>taient les 28 févrieret 3 mars 1949, et personne ne pouvait évoquer etn'évoquait alors <strong>la</strong> chaleur et <strong>la</strong> sécheresse. En effet, cesincendies étaient consécutifs à <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> bombes incendiairesréalisées dans <strong>de</strong>s conditions dont je fais juge l'Assembléenationale.Pour retracer les causes <strong>de</strong> ce sinistre, je suis dans l'obligation<strong>de</strong> faire un exposé rétrospectif.Au cours <strong>de</strong> l'occupation, les Allemands avaient entreposédans les carrières <strong>de</strong> Heurtebize, près <strong>de</strong> Jonzac, <strong>de</strong>s dizaine«<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> munitions et d'explosifs. C'était un<strong>de</strong>s plus importants dépôts <strong>de</strong> munitions allemands en France.Le 30 juin 1944, <strong>de</strong>ux jeunes patriotes <strong>de</strong> vingt ans, PierreRuibet ejt C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Gâtineau, faisaient sauter une partie <strong>de</strong> cedépôt et, pour réaliser cet exploit héroïque, ils sacrifiaientdélibérément leur vie. Notre parti communiste tient,'du haut<strong>de</strong> cette tribune, puisque l'occasion lui en est offerte, àhonorer le geste magnifique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux jeunes Français,à exalter leur glorieux sacrifice et à saluer leur mémoire.(App<strong>la</strong>udissements à Vextrême gauche.)Mais <strong>de</strong>s quantités énormes <strong>de</strong> munitions avaient échappéà <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction. 11 importait donc, après <strong>la</strong> libération <strong>de</strong> notresol national, <strong>de</strong> les enlever et <strong>de</strong> les détruire.Un contrat en ce sens fut conclu entre le Gouvernementet <strong>la</strong> Société <strong>de</strong> travaux et <strong>de</strong> récupération industrielle, 63, boulevard<strong>de</strong> Lorraine, à Clichy. J'ignore, ce que sont les c<strong>la</strong>usesdu cahier <strong>de</strong>s charges, mais, hé<strong>la</strong>s ! les popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> Bé<strong>de</strong>nacet <strong>de</strong> Bussac-<strong>la</strong>-Forêt en connaissent les criminels résultats.Les 28 février et 3 mars 1949, <strong>la</strong> S.T.R.I faisait sauter,sans aucune gar<strong>de</strong>, sans aucun avis et sans <strong>la</strong> moindre précaution,une certaine quantité <strong>de</strong> bombes, provoquant ainsi<strong>de</strong>ux incendies qui détruisaient 105 hectares <strong>de</strong> forêt et détérioraienttous les immeubles à dix kilomètres à <strong>la</strong> ron<strong>de</strong>.Aux protestations vigoureuses et indignées <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,<strong>la</strong> S.T.R.I. répondait alors en déposant contre le maire<strong>de</strong> Bé<strong>de</strong>nac une p<strong>la</strong>inte entre les mains <strong>de</strong> <strong>la</strong> gendarmerieet du procureur <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, pour le motif que cemaire avait hautement et justement qualifié <strong>de</strong> sabotage cetacte condamnable.Le comble <strong>de</strong> l'histoire est que l'affaire suivit son cours.Le parquet interrogea le maire sur ses propos, alors qu'onaurait dû poursuivre <strong>la</strong> S.T.R.I. pour incendies et dégâtsinvolontaires ou non. A <strong>la</strong> vérité, cette société, prenant l'offensive,créait une diversion en même temps que les pouvoirspublics, pour masquer leur carence, couvraient les agissementscriminels <strong>de</strong> <strong>la</strong> S.Ï.R.J.Devant un tel cynisme — le mot n'est pas trop fort — l'indignationet <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> l'opinion publique se déchaînèrent.Alors, <strong>la</strong> S. T. R. I., obligée <strong>de</strong> reculer, résolut d'enterrer lesbombes, et le scandale, <strong>de</strong> surcroît. Effectivement, les bombesalleman<strong>de</strong>s furent enterrées sur p<strong>la</strong>ce, à fleur <strong>de</strong> terre, au cœur<strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt, dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>n<strong>de</strong> entourant un terrain d'aviation. Cetacte odieux et criminel pesait et continue à peser comme unemenace <strong>de</strong> mort sur les habitants <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> Bé<strong>de</strong>nacet <strong>de</strong> Bussac-<strong>la</strong>-Forêt.Le Gouvernement est au courant <strong>de</strong> tous ces faits par <strong>la</strong>voie <strong>de</strong> <strong>la</strong> préfecture. Mais quelles sanctions ont été prisesà l'encontre <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> S. T. R. I. qui, en mêmetemps qu'ils se transformaient en incendiaires, réalisaient aussiune belle opération financière, sans se soucier <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>spopu<strong>la</strong>tions ?Cette société va-t-elle in<strong>de</strong>mniser les sinistrés ou est-ce l'Etatqui va se substituer à elle, en l'occurrence en prélevant sur lesfonds <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidarité nationale ? Et puis, quelles mesurespratiques ont été décidées pour faire procé<strong>de</strong>r à l'enlèvement<strong>de</strong> ces explosifs, <strong>de</strong>mandé par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et à leur <strong>de</strong>struction?Il a fallu attendre plus <strong>de</strong> neuf mois pour obtenir un commencementd'exécution; et dans quelles conditions!Avouez, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous n'aviez pas,vous ou votre prédécesseur, grand souci du sort <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionet <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt.Le maire <strong>de</strong> Bé<strong>de</strong>nac a reçu, en date du 25 octobre 1949, <strong>la</strong>lettre suivante, émanant <strong>de</strong> <strong>la</strong> S. T. R. I. :« Monsieur le maire, nous avons l'honneur <strong>de</strong> vous informerque nous <strong>de</strong>vons procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions <strong>de</strong> munitions surle terrain <strong>de</strong> Bussac que vous connaissez. Nous avons reçuà ce sujet les ordres nécessaires <strong>de</strong> M. le colonel, directeur <strong>de</strong><strong>la</strong> 4 e région <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.« Notre projet est <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r auxdites <strong>de</strong>structions tousles jours, sauf le dimanche, entre sept et huit heures et entredouze et treize heures. Nous vous serions obligés <strong>de</strong> vouloirbien en informer vos administrés.« Nous apporterons à ce travail, exécuté conformément auxdirectives techniques.<strong>de</strong> l'autorité militaire et sous son contrôle,tous les soins nécessaires, mais il est évi<strong>de</strong>nt que tout risqued'incendie ne saurait être totalement écarté.

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