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ARCHIVES MAROCAINES - Bibliothèque Numérique Marocaine

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<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>VOLUME XXIV


<strong>ARCHIVES</strong><strong>MAROCAINES</strong>PUBLICATIONDELAl\HSSION SCIENTIFIQUE DU MAROCVOLUMEXXIVPAlUSMAISON ERNEST LEROUX, ÉDITEUR28, RUE BONAPARTE, VieHH7KRAUS REPRINTN endeln/Liechtenstein1974


NACHltAL-MATHÂNîDE MOUHAMMAD AL-QÂDIRÎTOME SECONDPHÉFACELe premier tome de cetouv1-age Cl paru dans le volumeXXI des Archives <strong>Marocaine</strong>s. Il contient la traductionpar MM. A. Graulle et P. Maillard des biographies deschaikhs, des savants et des saints personnages morts dansles cinquante :jJ1-emières années du on{ième siècle de l' Hégire,de l'année 1001 (J.-C. 1592) à l'an J050 (J.-C. 1640).Le présent volurne contient la deuxième partte du on­{ièmesiècle, de l'année 1051 (J.-C. 1641-42) à l'année 1100(J.-C. 1688-89).Cette traduction, Q1Jait été ent7-eprise par M. P. Maillard;il n'avait fait du texte qu'une première lecture, lorsquesa désignation pour un poste de son grade à l'Agenceet Consulatgéném'l de Fmnce à Tanger l'a obligé àabandonne7" ce travail.Dans la préfaèe du tome 1 er , M. A. Gmulle a donné,d'après la Salwât AI-Anfâs de Mouhammad ben DjalQ1"A I-KittdirÎ, la biographie de l'auteur du Nadu al-Mathânî,qui est mort en 1187 (J.-C. 1773). .Le texte arabe de cet ouvmge a été l'objet d'une double1 ..


PRÉFACEdivision qu'il est nécessail-e d'indiquer pour permetll'e aulecteur de se retrouver dans sa pagination.Une première division, logique, seins doute faite parl'au teUl' lui-même, partage l'otl1Jrage en deux: Fe partie,oll{ième siècle,. 2" partie, dou{ième siècle. La partie réseJ'­lIée au oni'ième siècle étant beaucoup plus importante quel'autre, le copiste a, à son tour,partagéle volumeen deux,approximativement d'après le nombre total des pages,Le volume entier du texte Q1'abe pour les deux siècles,comprend 564 pages: A la fin de la page 277, fin del'année 1080, on lit: Fin dela première moitié, par la grâcede Dieu et avec son aide. Suit une table, de six pages, desmatières contenues dans les 277 premières pages du volume.Cette table n'est pas comprise dans la pagination générale.Puis, commence une pagination nouvelle avec l'année1081, en disant, page 1: Deuxième moitié du «Nachr al­Mathâni », Cette deuxième moitié comprend les vingt derm'èresannées du on{.ième siècle et le dou{ième siècle enentier: elle va jusqu'à la page 287, Notre traduction s'arrêteà lafin du on!(ièmesiècle, c'est-à·dire de l'année 1100,avec la page 127.La tr-aduction complète du on{ième siècle comprenddonc:1" Le volume XXI des Archives <strong>Marocaine</strong>s, qui contientles cinquante premières années, de la page 1 à la page J 79;2" Le présent volume, XXIV des Archives <strong>Marocaine</strong>s,qui contient les cinquante del'nières années, de la page 179à la page 277 du texte, pour trente ans,- jusqu'à 1080;puis de la page 1 à la page 127, pour vingt anS-; de l'année1081 jusques et y compris l'année 1100.Tanger, décembre 1916.En. MICIIAUX-BELLAIRE,


ERRATA AU TOME XXIPage: Ligne: Au lieu de:1 3 Traduite,5 13 dispositions4° 14 As-Sarràdjâ le qidh et17 Djouts"41 21 de ce parterre42 3 Ibn Ardhoum,.17 Ghaswànî79 2-3 haboù .....leurs86 16 Une envieux87 15 pays de Ait Allàb89 25 donne..... et ajoute()O 4 la Chàwiya; et a été94 et 95 Rapporter la note 2 de la page 94rubrique 1.96 ~ perles102 12 parole cache ne peut dire" 2' Ce sont les parolesIls 5 Aç-Qaçrî12·1 1 Dîmî son mérite13 Ma/ma" d'AI-Mass,iri125, note J, Voir la note 1 de la page 2(j~12 7 24-25 grammaire, il faudrait direZou'aïrî>' 25 alléguant la prononc'atlon12;-{ ,5 des Aoul,id Bahr"'031 tin'nt",3 1 Aboùn-Na'im Ridll\Y


VIIIERRATAPage: Ligne: Au lieu de : Lire:187 Supprimer la note 2.192 25 remontre rencontre236 29 il li parlé il est parlé24 1, note l, Voir la note 2 Voir la note 1243 27 Abo'û Aboû249 18 retrouve retrouva250 18 Vici Voici254, note 2, page 256 page 259256 16 TaçrfJ Taçrlf 1275, note l, Portugais Espagnols282 29-30 m'a brisé. Et m'a trahi m'a brisé et m'a trahi285 5 AI-Kaççâci AI-Khaççàçi289 3 le çoufî, plein de la grâce le çoufî plein de la grâce299 15 comblent comble301 28 30 hizbs 60' hizbs331, note 2, page 18~ page 248333 7 As-mâ' Asmâ"» 25' SyyoCitî Sil.yoûtî336 24 'Isâwtf 'IsâwÎ345, note 5, 2 418 337393 28 Matrnah d'AI-Massâri Matrnah A l-Massc!rl


NACHR AL-MATHANI DE MOUIIAMMADA •AL-QADIRIA A(Suite.)ANNÉE 1051 (J.-c. 1641-1642).(Page 179.)Le Mourâbit, le Raïs A boû 'A bdallahMouhantmad AI-'A]Tâchi.Le Mourâbit, le Raïs Aboû'Abdallah l\louhammed AI­'Ayyâchî AI-Malikî, dont nous avons parié plus haut, prétendaitau Khilâfa; il se consacra à la guerre sainte sur lesfrontières du ~laroc. Il recommandait le bien et défendaitle mal, mais ne put mettre ses projets à exécution. Dansles premiers temps de sa vie, il s'adonna au Çoufisme etfréquenta Sayyîdi'Abd Allah ben HassolIn, qui est enterréà Salé.Mouhammad Al-'Ayyâchî fut tué en l'année dont nousnous occupons actuellement. Il fut tué par des gens duKhlot à un endroit appelé 'Aïn AI-Qaçab, et enterré prèsde la Raouda de Sayyidî AbolI Ach-ChÎt~î.. Soil autorités'exerçait jusque sur la ville de Fès, ainsi que cela a étédit précédemment.ARen. ~nnoc. - XXIV.


<strong>ARCHIVES</strong> ~L\HOCAINESLe Faqlh Sayyidî Ali A l-Kaghghâd.Le faqîh, le nâdir Sayyîdi'AIi ben Mouhammed AI-Kaghghâdfréquentait Sayyîdi 'Abd Ar-Rahmàn AI-Fâsi. Il mourutau mois de Rabi' 1 de l'année actuelle (décembre [592.janvier [593).Le Faqîh 'A bd ill-Mou'min ben Mouhl.1mlllad.Le faqîh'Abd AI-~loumin ben .\louhammed fut qàdî dela Zaouïat AI-Bakriya (de Dilâ) et mourut le 22 du moisde Dhoûl-hidjdja.(Page 180.)La Sa):dda Mail1lolîna benl 'Omar.C'était une femme qui se nommait l\laïmoûna fille de'Omar (enterrée) à Tamgrout. C'était la perle de son tempset sa Rabî'a '!. Sayyïdi AI-Housaïn ben Naçar a dit: «Ellejeûnait souvent et passait ses nuits à prier. Toutes sesprières étaient exaucées. »Sayyîdi Mouhammad ben S'aîd AI.Mourghîtî a dit à sonsujet:Grand arbre des jardins où se troU1Je la gloire (le Paradis).Reçois de moi le meilleur des saluts. Tu es sortie dumonde pudjiée, pleine d'honnêteté et de foi el exempte detoute impllI-eté.1. Le texte dit simplement ~.) ~ sans préciser sïl s'agit de Rabi ·al­,\w\Val ou de Rabi 'ath-Th:ini.L:·2. Rabi'a '\I-''\dawia, de B:lçra, vivait au premier siécle de l'Hégire; elle estmorte en 135; elle est considérée par les


f=VI~NE;vlENTSDE L'ANNI~E 1051 (J.-c. IG,p-16"12)'La foudre tomba ~lIr l'un des jardins de Bâb al-Foutoûhà Fès, coupa un cheval en deux et s'enfonça dans la terre.Elle atteignit également un homme et le tlla; c'était à latin du mois de Djoumâdà al-Oûlâ (juillet-août 1641). Le18 Djoumadâ ath-Thàniya (22 mars), un grand nombre depierres tombèrent du ciel, en mèmc temps un grand ventsouffla; cela nt tomber les feuilles des arbres et leurs fruits.Ce phénomène se produisit également à Ras al-Djamindans la partie de Fâs appelée« 'Ad()ua~ al-Qaraouïyn ». LeRaïs Mahammad Al-Ilâdj 'Ad-Dilàï campa près de Fès avecson armée le 15 Cha'bân (29 octobre) et se retira le 27(10 novembre) du mème mois, La pluie tomba à torrents ctdétruisit de nombreuses maisons et d'autres constructionsdepuis le jour du départ du Dilaï jusqu'au milieu du moisde Ramadàn (novembre-décembre), Le Sultan Ahmad benZaidân fut tué d'une balle, au jeu de la poudre le 24 deDhoùl-Qa'da (3 février). Ce fut Al-Hadj 'Ali AI-Qoumaihi quiprit alors le pouvoir. Il mourut en l'année 1054 (1644- 1645)après avoir été renversé peu de temps avant sa mort. C'estce que raconte l.boù 'Abdallah At-Tayyib AI-FâsÎ dans sonmanuscrit, d'où j'ai tIré le récit de ces événements.L'Imâm Sayp'di Al-'.,h·Vi ben }'OIiso!~l.,tl-Fàs;.Le Chaikh, l'llI1âm, k C/llllï;l, .,tl-lslâm, le conducteurdeshommes et l'Url des rll/s magnanimes. le digne SUf-


AllClIH·F.S MJ\ROCArNESvivant de ses ancêtres et la bénédiction de ses descendants,la merveil:le de son temps par son érudition et son intelligence,celui qui n'a pas d'égal en ce siècle pour la certitudede sa science, le oehaikh le plus ferme, Aboû 'Abdallah etAiboû Hamid Mouhamm:ad AI-'Arbî était le fils du Saint,Ide l'Élu de Dieu, qu'il soit exalté, Aboûl-Mahasîn SanîdîYoûsoû,[ AI-Fâsî AI-Fahd. Nous avons parlé précédemmentde son originedans la biographie de son père.Aboû 'Abdallah At-Tayyib AI-Fâsî a dit dans sa Fahrasa: Cet homme (le personnage dont nous écrivons la biographie)était l'auteur de tant de bienfaits, que la plumeserait impuissante li. les énumérer et que la langue deshommes se fatiguerait à les raconter. La splendeur de sesactions est plus évidente que la lumière sur le monde;comme l'éclat de la pleine lune, elle brille dans les ténèbresde la nuit. Il excellait dans les sciences, dont il avait pénétréjusqu'aux profondeurs et avait extrait les perles les plusprécieuses qui s'y trouvaient cachées. IIa rédigé de nombreuxouvrages et des études d'une grande utilité sur lesconsuItatlcrnsde droit, qui 'Sont universellement appréciéset ont la valeur la plus oonsidérable aux yeux de ceux quisavent reconnaître la Vérité. Ce sont comme des perles oucomme de l'or sans mélange. Il a rimé sur des sujets scientitiquesetil a fait des poésies littéraires qui provoquentl'Ddmiration, comme sa correspondarice et les notes qu'il arecueillies. Il semble que les autorités de son temps aientvoulu s'emparer de lui pour le maltraiter; il ne put résider(Page 181.)dans aucune ville et, rejeté par toutes les cités, il dut séjournerdans les campagnes, jusqu'à ce que ses pérégrinationsl'amenèrent à déposer son bâton de voyage à Tétouan, oùil espérait trouver des disciples; mais les circonstances nepermettent pas toujours à l'espoir des hommes de se réaliser.Il ne tarda pas d'ailleurs à mourir dans c@ttc ville,


NACIIn AL-M.\T1JÂNÎet c'est ainsi que se termina son existence '. Il mourut àl'heure de Douha, le samedi 14 Rabi' ath-Thânî de l'année1052 (12 juillet 1642). Il fut exhumé deux ans après et enterréprès du tombeau de son père 2, du côté de la qibla. Ilétait né en l'année 988. Telles sont les paroles d'Aboû AbdallahAt-Tayyib. Le personnage dont nous écrivons labiographie étudia auprès de son père et de son oncle AboûZaid. Il reçut également l'enseignement de son frère leHâfidh Ahmad et du Chaikh Al-Hasan Az-Zivâti, d'Aboûl­.Abbâs Ahmad Az-Zivatl; du Qâdi Aboù Malik AI-Homaïdî,d'Aboû Zakarîya Yâhyâ As-Sarrâdj, d'Aboul Hasan 'Ali ben'Imrân, d'Aboû 'Abdallah AI-MariP, d'Aboûl-Hasan A'arab,du Chaikh Qâsim Ibn Al-Qâdî, d'Aboû 'Abdallah MouhammadAI-Qaççàr et d'Aboù Qâsim ben Abou An-Nouaïm.Les biographies de tous ces personnages ont été faites précédemment.Il fut également le disciple d'un grand nombrede Çoufistes et profita de leur baraka. Beaucoup de personnes'de Fès, de Tétouan, des tribus des montagnes des;\laçâmida et du Habt reçurent son enseignement.Il a composé de nombreux ouvrages et parmi eux le Marâçidal-Mou'tamid Jî Maqâcid al-Mou'taqid, le TalqîlzA.dlzlzân bi Tanqîh al-Boul'hân, le Tali' al-Mouchriq min'OufolÎq al-Mantiq. Tous ces ouvrages sont en vers. Il acomposé également une poésie analogue à la Djaroumiya;puis le 'Aqd ad-Dot/ml' fî Nadhmi Noukhbat al-Fik7'i,avec un commentaire; une poésie sur la Daka"; il est l'auteurde nombreuses qaçidas en vers libres, à la louange duProphète ou sur d'autres sujets. Il a fait un commentairesur la Qaçîdat ach-Chouql'âttsixa ;'; il a écrit un ouvrage1. Mot à mot: « ses jours et ses nuits ».2. Aboûl-Mahâsin YOllsouf AI-Fàsi est enterré à Fès, hors de Bàb AI-Foutoùh.3. Originaire d'Almeria.4· L'égorgement des animaux conformément au rite.S. Aboù 'Abdall,ih Mouhammad, ou AbOl\ Mouharnmad 'Abdal!àh benAbot! Bakr ben Yahy,i ben 'AH Ach~CllOUqr.itisi, mort en 4(,6 (1073).


AricIIl\'ES ~L\1I0C.\lNESimportant sur les règles du témoignage Al-lapf' et il la finde ce uvre il dit:J'ai donné le jour à cet ouvrage alors que dans ma jeunesse j'erraisdans la campagne; l110n excuse est donc apparente et claire. Le jeuneauteur a dit tout ce qu'il savait; si vous en savez davantage, dites-le.Il commença un certain nombre de livres qu'il laissainachevés au moment de sa mort. Parmi eux, il faut citerle Mirât A l-Mahâsin dont il n'y a qu'un petit volume;un commentaire de la Qaçîda de Ka'b ben Zo!zair et uncommentaire des Dalâïl al-Khair'ât, ainsi qu'en com!Tientairesur la Chifâ.Parmi les vers du personnage dont nous écrivons la bi()­graphie nous citons les suivants:Je me suis attaché il la chaine des Chadilites, heureux de faire partied'un groupe glorieux et fort qui fait parvenir à la perfectioll. J'ai vu seréaliser toutes les espérances que j'a,'ais mises en ces Chaikhs: Ils sùntles clefs de la porte du Bienfaisant. du Vertueux. J'ai réuni à leur portel'ensemble de mes désirs, pour chasser la crainte et pour réaliser mesespoirs. Je me suis mis sous leur protection, car celui qui jouit de leurprotection est en sécurité; il est victorieux et atteint un rang élevé,(Page 182.)Quelqu'un fait ainsi l'éloge du Kitâb al-Qâmot'ts.Depuis que Madjd ad-Din, en son temps, entre autres monumentsde sa science, a composé le QâlllolÎs, le Cihâh Al-Djaollhm-P se trouva(en face de cet ouvrage) dans la même situation que les magiciens desvilles (d't'~gypte) lorsqu'ils se trouvèrent en face de Moïse 3,"J. A\-Lafîf de laffa ~ être réuni de tous côtés: c'est le témoignage dedom:e témoins, par opposition au témoignage de deux 'adoul (chahada 'adliya,.LI challâda bil-laflf est recueillie par deux adoul qui en témoignent pareux-mêmes du fait qui est l'objet des témoignages.;,. Le r:ihdh A l-f)jaollhari, dont l'auteur, Auoù NA 'ÎM 1s"" ·il. liEN Il'\\t~1 \DAI. /lJ\ot'lI\~j Al.-FA~,\lli, estlllort en J'nnnéc 393,} Allusion il \'hbtoire des magiciens convoqués pnr le Pharaon pOlir


N


8 AR€HIVES <strong>MAROCAINES</strong>II a dit également:


NACUR AL-M,\THhNiles règles Châdhilites, écrire le 1JJird ainsi que le momentet le Heu où ils le recevaient. C'est en résumé ce qu'il· ditdans son ouvrage.Le Chaikh Sayyidî Mahammad ben Ahmadben Mahammad ben llousain ben Nâcir Ad-Dar'î.Le Chaikh AboLI ·Abdallah Mahammad ben Ahmad benMouhammad ben Housain ben Nâcir Ad-DarÏ AI-Ighlanî.Le Chaikh Al- Yoùsî a dit: « Il était connu sous le nomd'Ibn Nâcir, du nom de son grand-père. C'était, que Dieul'ait en sa miséricorde, un homme saint et vertueux; ilsavait le Qorân et se consacrait entièrement à l'adoration.Il était remarquable par sa modestie, sa sincérité, et d'uncaractère agréable; il était délicat, généreux et sobre. Il nedormait qu'une petite partie de la nuit. Son wird consistaità dire chaque jour 25.000 fois la Haïlala (c'est-à-dire I.e motAllah, ou la formule:


IiIARCIIIVES IIIAROCAI:-:EStandis que je lisais le Qorân; toutes les fois que j'etais ainsidistrait il me disait à quoi je pensais et ajoutait: « Croistudonc que tes pensées intimes me soient cachées? » Ettoutes les fois que je lui demandais conseil pour uneaumône ou un don il me répondait toujours affirmativement.Il rendait souvent visite à ses parents. Jamais undirham ne restait une nuit en sa possession, et à plus forteraison s'il s'agissait d'une monnaie de moindre valeur.J'ai abrégé beaucoup cette biographie, dans la crainte dela faire trop longue.Le Saint Sayyidî A Izmad ben Ibrâhîm Ad-Dar'î.Le Saint considérable, Sayyidî Ahmad ben Ibrâhîmben 'Abdallah Ad-Dar'î jeùnait un jour et mangeait le joursuivant. Il ne dormit pas la nuit jusqu'à sa mort. Il n'avaitde rapports avec ses femmes que dans la nuit du lundi etdans la nuit du jeudi, et ne restait que peu de temps avecelles. Sa nourriture se composait de 17 dattes de la variétédite A bail Ze"rî encore vertes, et il prétendait que cesdattes avant leur maturité étaient aussi nourrissantes queL1bo!è Faqqoûs 1. (A cela) il n'ajoutait que 4 bouchées decouscous; il mangeait toujours de la soupe aux lentilles,parce que d'après un hadith, un des Prophètes s'étant(Page 184.)plaint à Dieu de la dureté de cœur des gens de son peuple,Dieu leur ordonna de manger des lentilles; c'est ce qu'ilsfirent et leur cœur s'attendrit.Tous ces détails sont donnéspar Sayyidi Ai-llousain Ibn Nâcir dans sa Fall1-asa.Ce Hadith est cité par Ibn At-Tin '! dans ad-Tiblz (dur, ,\lItre variété de dattes.0, 'AnI> !U.-\\'AlIllJ As-S.H"Qorsi, connu sous le nom de lbll ..Id- Tf1!: il "


NACIIIt AL-MATIlANÎ 11Boukhtlri); il cst etabli d'après Makhaoul qui le tientd'Aboù Iloreïra. Celui-ci dit: Le Prophète de Dieu, queDieu lui accorde la benédiction et le salut, dit qu'un desProphètes s'était plaint à Dieu de la dureté de cœur desgens de son peuple. Dieu lui fit cette réponse alors qu'ilpriait: « Ordonne à ton peuple de manger des lentilles.Cette nourriture adoucit le cœur, dispose les yeux à pleureret fait disparaître l'orgueil. »C'est la nourriture des gens pieux d'après AI-'Alqamîdans son commentaire marginal du Djâmi' aç-Çaghîr. Cetouvrage de Tabaranî dit également, d'après Wathila benAI-Asqa: « Vous devez manger du potiron, car il donne dela force au cerveau, et des lentilles, car c~tte nourriture aéte sanctifiée par les paroles de 70 Prophètes. AI-'Alqamîa dit: Notre Chaikh a dit au sujet de l'Isnâd du hadithd"Amr ben AI-Housaïn d'après Mouhammad ben 'Abdallahben 'llatha, 'Amr et son Chaikh n'ont pas été admisparmi les fsnâds. » Il a été rapporté d'après As-Sakhawiqu'un grand nombre d"Oulamà se sont transmis le Hadîthdes lentilles. AI-'Alqamî a dit que l'on trouvait dans A l-13âbqu'il remontait il 'Ali ben Aboù Tâlib, mais cette assertionest fausse. On dit dans la biographie de Moslim ben Salimtirée du Tarîhlz al-Khatîb qu'Ibn Moubàrik fut interrogéil ce sujet et répondit: « Ce n'est pas un seul Prophète quia parlé de la vertu des lentilles; mais d'autre part, elles sontnuisibles et indigestes.» D'autres disent que les lentilles sontun refroidissant pour l'organisme; c'est l'opinion d'AI-Laithet d'autres l'ont dit. Ibn AI-DjaouZÎ en a parle dans ses Ma­OlldOtî'à 1 1. J'ajoute qu'il semble que Souyoùti reconnaissel'exactitude de ce hadîth et ne le contredise pas, dans sonf:lit un commentaire célèbre du Çahfl! d·AI.-Bot:l':II\RÎ, ou se trouve un chapitre«At-Tibb:o. li est mort au huitième siècle de l"llégire \XI\" siècle J.-c.;.1. AROÛI.-FAR.\DJ 'ARD AR-HAII.II\S REN 'Ad, connu sous le nom d'Ibn AIDjaou~i AI-Baghdàdi, est mort en 597 Il. Il a cité dans son ouvrage 14.l-1If.1II1ldOIl'iÏltous les hadiths incertains et cet ouvrage est très combattu. Cr. IlAlIJlKIIAl.iLl,Kil,tb Kac"! ad·Do/t'lUli/!. t. Il, p. 571. Le Caire. 1310.


12 <strong>ARCHIVES</strong> M'AROCAINESouvrage intitulé An-Noukat al-Badî'at 1. Dieu en saitdavantage.On peut consulter aussi la Fahrasa de Sayyidi AI-Housain,dont nous avons paFlé, qui comble d'éloges le personnagedont nous écrivons la biographie et lu~ attribue laplus grande sainteté. Dieu en sait davantage.Le Chaikh vertU€t~x Sayyidî Mouhammad benMouhammad ben 'Atiya A s-Sala1JJî.Le Chaikh, le vertueux Aboû 'Abd Allah Sayyîdi Mouhammadben Mouhammad ben 'Atiya As-SalawÎ AI-Andalousîenterré à la Ramila, dans la partie de Fès appelée'Adouat al-Andalous. Son tombeau à cet endroit est un lieude pèlerinage.Il était très versé dans la science et résuma le KitâbMiftâhil-Djinna bi-charti al-A mali bit-Kitdb UJas-Sounna,dont l'auteur est Sayyidt Ach-Choutaibî. Il étudiaauprès du Hâfidh AI-Maqqarî et du Chaikh Al-Djannân,du savant Ibn 'Achir. La théologie lui fut enseignée parSayyîdi AI-Hasan Ad-DarawL Il suivit les cours du ChaikhAI-Qaççar et étudia la Tariqa (Chadilia) avec Aboùl-Hasan'Ali AI-Hâritht Ach-Chiadhmi enterré à la Ramila, disciplede Sayyidî Ahmad Ibn Moûsà As-SoûsÎ. disciple du ChaikhAt Tabbâ' - Que Dieu soit satisfait d'eux!Aboû Châma.Parmi les personnages mort dans le courant de l'année1052, il faut encore citer Aboû Châma.1. Djalal ad-Dio 'Abd Ar-Rahrnàn ben Aboù Bekr As-Soul:OIhî est mort en911 H. ; il est l'auteur d'un ouvrage intitulé An Nou/cat al-Badf'at 'ald Al.Maoudou'ât. Cf. HADJI KIIALÎFA, OUJl. cit., t. Il, p. 714.


NACHR AL-MAT'HlÎ.N,i 13ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1052 (J.-c. 1642-1643).Un violent combat s'engagea près de la rivière Wâdî At­Tîn 1 entre les gens de la Zâouïa de Di la et 'Abdallah ben~iouhammadAI-'Ayyâchî, dans les premiers jours du moisde Râbî' al-Awwal (mai-juin). JI y eut combat et pillage desbiens des tribus 2.On apprit que des pèlerins au nombre de plus de centavaient éré faits prisonniers sur mer, le 21 Radjab (15 octobre).Certains d'entre eux furent, grâce à Dieu, délivrésmoyennant rançon et quelques-uns sans rançon.ANNÉE 1054 (J.-c. 1644-1645).Le Faqîh Sd)-yidî Mouhamnzad ben 'Abd Ar-RahmânSouqqain.Le Faqîh, le khatîb :\louhammad ben 'Abd Ar-RahmânSouqqain AI-'Acimî étudia auprès du Chaikh Aboû ZaïdAI-Fâsî. On a fait précédemment la biographie d'un Souqqainplus ancien.1. Petit affluent du \Vddi At-Tin affluent lui-même du \V.idi Radat, prèsdu Djabal Kourt dans le Gharb.2. Les Boudollr ad-DaUJïa, chronique de la Zâouïa de Dilà, placent cetévénement en 1053.2 ..


11 AllCIIIVES M,\nOCA1:'1ESLe Chaih/z, le Faqî/z Sa)Tidî .I1/-llasaH ben MOll/za11lllzadben 'AU ben ReisorÎIl AI-Hasanî.(PafJe 185.)Le Faqîh, le Cherif versé dans la science des généalogiesAI-Hasan était fils du Saint célèbre Sa:-"yidî Mouhammadben 'Ali Ibn H.eïsoun AI-Hasani AI- 'i\lamî. On a fait précédemmentla biographie de son père.Le personnage dont nous parlons actuellemcnt fut deceux qui reçurent l'enseignement d'Aboù Zaïd AI-Fâsî. Ondit dans le Dow',. as-Sanî que c'était un excellent faqih. Ilmourut au cours de l'année dont nous nous occupons ence moment et fut enterré à Fès, dans la célèbre Raoudn desa famille qui se trouve près des Fakhkhârin.Le Faqî" , le professeur Say)"(dî 'Abd 'AI-A,.î, A ,.-Ziyâlî,Le Faqîh, le professeur, le savant versé dans les, diffé.rentes sciences, Abou ~louhammad 'Abd-Al Aziz, était filsdu Chaikh, de l'Imâm Sayyidt AI-Hasan t~z-Zi:-"âti. On afait précédemment la biographie de son père.Le personnage actucllement en question était un professeurmodèle, instruit, savant, possédant une science considérable,Il a écrit un ouvrage sur les consultations ct lesjugements où il a réuni un grand nombre de sentencesd"Oulamù. J'ai vu un manuscrit de cet ou'Tage écrit de samain.Il était le plHit-fils du Chaikh :\boûl-l\lahàsin ,\I-F:lsl


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NACJlR AI.-MATH,\Xi 19J\ucun de ses compatriotes n'avait de bibliothèque comparable à la sienne. Plus tard, je lui demandai de me prêterA L·' Il dOl/d, commentaire du MOl//;htaçar d'Ibn AI-Ilàdjib,peu de temps avant de partir. Il me le prêta; j'avais écritpour lui et lui avais envoyé ces deux vers:Aycz la bonté dc mc l'cm'oyer (Al·'Adol/d) avanl mon départ, commeYOUS avcz bicn voulu m'cllvo,·cr lc i\/ol/t01/111'al. Vous èrcs l'~omme dc[OUles les gdces de mêmc VOliS les mérilCz Ioules.Le Chai/;It Sayyidi '~l bd A r-Rahmall A L-KhiârîA L-Qâhirî.Le Chaikh Khaïr ad-Din 'Abd Ar-H.ahmflO ben 'Ali bel:J\Jousa ben Khadir AI-Khiârî AI-Qâhiri, étudia et enseignaau Caire. Il habita les deux villes saintes et arriva enl'année 1027 (rGlj-1618) à Médine. A son arrJ'v"ce il cornposa une qacida a\'Cc des rimes en s où il disait:Je \'l'Il.\ habitcr prl's tIc \·DUS. J,1mais je né m'l'/oignerai jusqu';j m,"mort, saur pour accomplir le p01~rinage. »Abou S:i1im dit i « Oieu a exaucé ses neu:..; .1 cet égard.il demeura à ~lédil1c jusqu'à sa mortel ne lit aucun ',:oya;..:e.Il n'alla qU'~lla :\\ecquectmourut à Taïba enl'annêe 1056,,,Parmi ses vers qui sont cités en exemple, il y cn a peuqui soient compan\bles ~l celui qu'il a ct'lmposé par amourpour la noble ville de 'Iédi~;c:. Si ,·ous Il'êtes pas helll"C\I\ à Taïba, que la rrl-sellcc du r:lcil',"u'dcs hommes (le Propltde, rélld JUlI-:


20 ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>qui se manifesta jusqu'à l'évidence pendant son sejour àMédine. Il était compté parmi les plus vertueux de ses habitants.Comme Imâm, comme khatib et comme professeur.tant pour l'évidence de sa foi que pour son humilité devantDieu, il jouit auprès d'eux d'une situation privilégiée jusqu'àsa mort, que Dieu l'ait en sa miséricorde. Ach-ChihâbAI-Khafadjî commentateur de la Chifâ lui prodiguades éloges dans sa Rihla. II dit dans cet ouvrage: « Ontrouve en lui toutes les perfections au plus haut degré;elles sont absolues comme celles d'un fruit du Paradis,que personne ne coupera, dont personne n'interdira l'approche1. » Il a composé à ce sujet une qacîda dont voici lespremiers vers:o brise parfumée qui souffle de Taïba, - tu apportes des odeursd'essences, d'encens et de bois d'aloès,Empare-toi de mon cœur enflammé de désir: - la passion qui ledévore est manifeste.Il ajoute plus loin:A plus forte raison le frère germain de mon âme, c'est-à-dire 'Ab~Ar-Rahmân qui protège contre les malheurs.Il est glorieux dans un jardin (le Paradis) où il a obtenu les fleursde la joie qui ont donné des fruits resplendissants. Il a abandonné leschoses de ce monde en échange de celles de l'autre, et il a obtenu lesunes et les autres - qu'il veuille bien m'accorder ses prières un jourou une nuit où elles seront exaucées, etc.Le personnage dont nous écrivons la biographie lui réponditpar des vers dont voici le premier:Je 't'envoie de Taïba la belle, la plus spendide des demeures, lemeilleur des saluts, etc.Que Dieu l'ait en miséricorde et qu'Il le comble de tousses bienfaits, Amen.1. QORÂN, s. LVI, V. 32, trad. KASIMIRSKI, p. 444.


NACIIR Al.-MATHANiANNÉE raS7 (J-C. 1647- 1648).Le Faqîlz, le savant Saxxidî-Ahmad k,-Zcr111H1oûrÎ.On a fait précédemment la biographie du grand-père dece personnage, mort dans la première décade de ce siècle.L'auteur du Matmah f dit dans la Fahrcrsa au sujet duChaikh, du faqîh, du grammairien, du savant, du qâdî, duHâfith AboùI-Abbâs Ahmad ben .~louhammad ben Abmadben AIî Az-Zammoûrî : « II était (c'est-à-dire le personnagedont nous écrivons la biographie) très savant en grammaire(Page 188.)et en droit et de plus possédait une connaissance approfondiede toutes les sciences. Son savoir et son intelligenceétaient remarquables, son enseignement était très documenté;il fut Qâdî de Fès après la mort du Qâdî Aboûl­Hasan AH, fils du Chaikh Aboû'Abdallah Mouhammad AI­Mariî, qui mourut en l'année 1053 (1643-1644)'. »Le personnage dont nous écrivons la biographie mouruten l'année 1057 (1647-1648). Il était né à Fâs en l'année 1012(1603-1604). Il étudia auprès des Chaikhs de son tempstels que le Chaikh Aboû Zaïd 'Abd Ar-Rahmân benMouhammad AI-Fâsi.Celui-ci dit dans lesA,hâr al-Boustân:« C'était un Faqîh,un Khatîb, un Hâfidh, un professeur, un grammairien, unsavant instruit dans les différentes sciences». Il donne danscet ouvrage les mêmes dates que précédemment pour sanaissance et sa mort. Il dit dans un autre ouvrage: « J'ailu trois fois l'A/fiya sous sa direction et ce qui s'y rapporte,1. AT-TAlnB BE:-l M01JHA:II:IlED ÂL-FÂsi.


ARCIIlYES ~IAROC\lNESparticulièrement les Mahâdhî d'Ibn Hichâm. Sa maisonétait bien connue à Fàs. Elle était située dans le quartierdes Maâdî à AI-Qarawîyyîn. Sa famille y demeure encoreaujourd'hui. »La Sa)-,l'ida'A ïcha, épouse de Sa)TidîAfouhal1l11lad 'ben Abdallah.La mère d'Ahmad, la Sayyida'Aïcha, était fille deSayyidî Chaqroùn AI-Fakhkhâr. Mon véncré grand-père,que Dieu l'ait en Sa miséricorde, dit dans le Maqçad : « Cefut une San"ida vertueuse, parfaite, excellente, toute puretéet toute lumière, douée d'une baraka évidente et de qualitésbrillantes. Toutes ses actions étaient faites dans le bien etson commerce était profitable. Elle était d'une nature généreuseet sa conduite était irréprochable. »La mère d'Ahmad, 'Aicha, fille du Sap"id le plus parfait,ce saint vénérable, doué d'une baraka forte et resplendissante.Sayyidi Chaqroùn AI-Fakhkhâr, Dieu miséricordieuxlui fasse miséricorde et lui donne Son pardon et Sa grâce.était, que Dieu lui fasse miséricorde, une sainte vertueuse,pieuse, persé\"érante. soumise à Dieu, respectueuse de laSouÎlna ùu Prophète; elle s'intéressait aux choses de lareligion, était très attachée à Dieu et se tournait vers Lui;elle s'unissait tout entière à Lui; depuis sa jeunesse ellene connaissait que Lui, elle n'avait d'attention que pourLui; elle occupait dans la sainteté un rang très élevé; sadroiture et sa bienveillance étaient grandes; sa vertu généreuseétait immense. Elle avait, que Dieu lui fasse miséricorde,beaucoup de vénération ct de respect pour son pèreSayyidî Chaqroûn. Cette vénération était extrême et illimitée.Elle remplisssait exactement ses devoirs vis-à-vis deson Illari le Chaikh San'idi Mouhammad, que Dieu soitsatisfait de lui. Elle obéissait à ses ordres et à ses paroles.


2·' .,Elle prenait grand soin de ses affaires et de ses désirsct s'efforçait de les réaliser. Elle n'avait pas de volontédevant la sienne et se laissait diriger par lui avec soumission,elle respectait son autorité, et le tenait en haute estime; elleobservait vis-à-vis de lui les droits qu'il tenait de Dieu.(Page 189,)Elle donnait largement l'argent provenant de son travailaux pauvres, aux indigents et aux humbles qui etaient lesdisciples de son mari, qui suivaien t la voix de Dieu etétaient réunis en son nom. Elle payait leurs dettes et lesaidait avec une grande sollicitude et une large générositétoutes les fois qu'ils en avaient besoin, mais ils ne s'apercevaientpas d'où leur venaient ces aumônes, car elle les confiaità son mari le Chaikh Sayyidi Mouhammad. que Dieusoit satisfait de lui, pour qu'il les leur transmît. Elle disaittoujours la vérité et donnait de bons conseils aux gens: elleles exhortait à se conformer à la religion et il la soumissioncomme clle exhortait également ses enfants ct ses parents.Elle les guidait vers le bien et leur prodiguait J'excellentsconseils. et leur témoign::lit beaucoup d·alfectioll. Ellene parlait pas de ce qui ne la regardait pas et conseillaitaux autres d'en faire autant: elle s'abstenait de tout ce quiest mal. Elle prononçait SOl1\·cnt le nom de Dieu (dlzi/',.) etinvoquait le Prophète I~ll1 continuellement, pendant la linde la nuit, au commencement et il la fin du jour. .l'aientendu Sayyidi AI·Mahdi .\I-F" Sa langue ne cessait d'adrcs:'icr dcs pr;èrcs auProphète. que Dieu lui :lCcorde ses hénédictions et le salut.D'autres disciples nous ont rapporté qu'ils ont cntendu IcChaikh Say~·idÎ Mouhammad. que Dicu soit satisfait de lui,dire ~\ son sujet également après sa mort: ~< Elle était decellcs auprès desquelles on sc rend Cil pèlerinage: elle était


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>douée d'une baraka qui accompagnait toutes ses actions ,>.J'ai entendu son fils Sayyidî Aboûl-Abbâs, que Dieu soitsatisfait de lui, dire qu'elle avait une petite casserole où ellefaisait toujours cuire la nourriture qu'elle donnait aux gensde la maison et aux hôtes qui venaient; elle n'augmentaitjamais la quantité de nourriture et ne changeait jamais decasserole. Elle apprêtait les aliments elle-même et n'appelaitpersonne pour l'aider. Cette nourriture leur suffisait quelque fût le nombre des hôtes. Son mari le Chaikh SayyidîMouhammad lui dit un jour: « Je chercherai une femmepourt'aider etpour s'occuper avec toi.» Elle ne faisait aucuneréserve et ne faisait pas d'épargne, mais elle dépensait toutce qu'elle gagnait immédiatement pour sa famille et sesparents. Quand elle mourut et que le Chaikh SayyidîMouhammad, que Dieu soit satisfait de lui, se fut mariéavec une autre femme, les choses ne se passèrent pas demême et la différence fut évidente.Telles sont les paroles qui se trouvent dans le Afaqçad,dont l'auteur ajoute: « Elle mourut, que Dieu soit satisfaitd'elle, au mois de Ramadân de l'année 1057 (septembreoctobre1747), et fut enterrée derrière son mari, le ChaikhSayyidî Mouhammad, que Dieu soit satisfait de lui, à l'intérieurde la Qoubba t.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1057 (J.-C. 1647-1648).'Au cours de cette année Sayyidî Mouhammad ben Soûd~fut nommé aux fonctions de Qâdî à Fès. Le Khatîb Sayyidl1. Il Y a là une contradiction évidente. Le mati de la Sayyida 'Aïchas'étant remarié après la mort de celle-ci, il parait impossible qu'elle ait étéenterrée derrière lui dans sa qoubba.


NACIIR AL-MATHÀNi 25Mas 'oûd Al-Ghardis mourut ainsi, que Sayyidî Ahmad benBakkâr et que le Qâïd Ahmad As-SatTârî.Les musulmans allèrent en grand nombre à la guerresainte,« au Halq Al-Ma'moûra» (l'embouchure du Seboû),puis revinrent au bout d'un certain temps. Beaucoupci'entre eux périrent, succombant à des maladies causéespar l'absorption d'eaux malsaines.(Page Ig0.)Le Clzaiklz Glzirs ad-Dîn A l-Halabî.Aboû Sâlim a dit dans sa Rihla au sujet QU Chaikh, del'Imam, du savant considérable Ghirs ad-Dîn Al-Halabî :« Il était originaire de la même ville que Khalîl (Abraham)"sur lui soit le salut; à la fin de sa vie et il habita Médineoù il exerça plusieurs fois des fonctions telles que cellesd'Imâm, de Khatîb et de professeur.Le Chaikh y âsîn était son neveu; comme il était orphelinil fut élevé sous sa tutelle. Il étudia auprès de lui et auprèsd'autres Chaikhs. YâsÎn visita l'Égypte et la Syrie du vivantde son oncle et étudia auprès d'un certain nombre deChaikhs. Quand le personnage dont nous écrivons la biographiemourut à Médine dans l'année 1058 (1648-1649), ceneveu prit ses fonctions.La biographie de ce dernier sera faite à la fin de cetouvrage, s'il plaît à Dieu.3


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Atttres pasonnages morts en 1058 (J.-C. 1648-1649)'Parmi les saints personnages morts dans le courant decette année il faut encore citer le Qâdi de Salé, Aboû'Abdallah Mouhammad ben Ahmad Ach-Chammâkh AI­'Othm


]';,\cnH AL-MATlL\NÎ2.L'éminent Sa)"yidî Abd A l-Klzâliq, frère de SayyidîAI-MisnâlIJÎ.L'éminent, le très savant, le Raïs Aboû Mouhammed'Abdal-Khâliq, frère germain de Sayyîdi AI-Misnâwi AcI­Dilâï mentionné précédemment, fut tué le premier deDhoûl-Qa'da de l'année 1059 (16 octobre 1649) - que labénédiction de Dieu soit sur lui! - Il surpassait ses soldatsen hardiesse, en courage, en audace. C'est ce que dit lepetit-fils du Chaikh AI-l\lisnawÎ, dont nous avons parlé, leChaikh de nos Chaikhs Aboû 'Abdallah Mouhammad, dontla biographie sera faite dans le chapitre consacré à la 4" décadede l'année 1200 (1785- 1786); nous l'avons emprunté àun écrit de sa main.Le personnage dont nous écrivons la biographie avait faitpayer tribut aux disciples du Saint Sayyidî l'vlouhammad­AI-Ouzaghti, dont on fera prochainement la biographie. Ilalla faire la guerre aux habitants de la Talllesnâ et juraque, s'il en revenait, il soumettrait les disciples du Saint Al­Ouzaghtî à un nouveau tribut. Ceux-ci allèrent se plaindreà leur Chaikh (que Dieu soit satisfait de lui), qui leur dit:


118 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>auprès de lui ils le mirent en joue avec leurs fusils et letuèrent. Ainsi s'était accompli le destin fixé par Dieu.Ce récit est rapporté par notre vénéré grand-père, queDieu lui fasse miséricorde, dans l'une de ses notes. Je l'aicopié sur son manuscrit.Le Chaikh Aboû 'Abdallah AI-Misnâwî, en relatant I:histoirede son grand-père et de son grand-oncle, c'est-à-direle personnage dont nous écrivons la biographie, et la façondont ils périrent, telle que nous venons de la raconter a dit:« Par Dieu! AI-Bouhtourî a dit excellemment:Il n'y a rien d'étonnant à ce que les lions soient vaincus par leschiens ennemis arabes ou étrangers. La lance de 'vVahchî i a bien tuéHamza Ar-Rida 2. 'Ali périt bien d'un coup de sabre d'Ibn Mouldjamî.Le Chaikh AI-Misnâwî dit ensuite:Le poète aurait mieux fait de dire:« 'Omar Ar-Ridâ fut tué par un chrétien. :tCela eût été plus convenable, car Wahchî devint musulmanet fut l'un des compagnons du Prophète et sa conversioneffaça ses actes précédents. Tel est le récit d'AI-Misnâwî- que Dieu lui fasse miséricorde!Quant à Hamza, c'était l'oncle du Prophète, que Dieu luiaccorde Ses bénédictions et le salut, et le Sayyid parmi ceuxqui périrent en guerre sainte. On l'appelait le lion de Dieuet le lion de Son prophète. Ses surnoms étaient Aboû 'Oumâraet Aboû Ya'lâ, car ses deux fils étaient Oumâra etYa 'lâ. Ibn Hazm dit: « 'Oumâra fils de Hamza, avait pourmère Khaoula fille de Qais ben Fahd AI-Ançârî. Quant àYa'lâ et Àmir, ils avaient pour mère une Ançâriya. Il avait1. 'vVahchi ben Harb Al-Habalî, qui tua Hamza à Ohod, prit égalementpart au meurtre de Mousailima, le faux Prophète, après sa conversion à l'I~lamisme.2. Hamza, l'oncle du Prophète, périt à la bataille d'Ohod, la troisièmeannée de l'Hégire (625 J.-C.). (P. 219.1


NACIIR AL-MATIlÂNÎ 29une fille qui épousa Salama ben Aboû Salama ben 'Abd AI­Asad AI-Makhzoûmî. Là s'arrête la descendance du nom deHamza, que Dieu soit satisfait de lui! 'Oumâra et Ya'lâ ontleur biographie dans l'/sti'âb parmi les compagnons du Prophète.L'auteur de cet ouvrage ajoute: « Je ne me rappelleaucune '-iUJâya qui leur soit relative. Ce qui est mentionnépar Ibn Hazm au sujet de l'extinction de la descendancede Hamza, l'est également dans l'/sti'âb et dans le Maçâbde Zoubaidî, ouvrage auquel on doit se rapporter. »Ibn'Abd AI-Barr a dit: « Hamza se convertit à l'Islamdans la deuxième année de l'Hégire. 'Abdallah ben 'Abd AI·Asad et lui furent allaités par Touaïba ainsi que le Prophète,que Dieu lui accorde Sa miséricorde ct le salut! Hamza aassisté avec le Prophète aux batailles de Badr et d'Ohod. IIfut tué à cette dernière bataille par Wahchî ben Harb AI­Habachî esclave de Djoubair ben l\lat'am; d'autres disentqu'il était esclave de son frère Tou'aïma. Wahchî faisaitpartie des nègres de la Mekke, au commencement du32 e mois de l'Hégire; quand il fut tué, Hamza était âgé de59 ans. II fut enterré avec le fils de sa sœur, 'Abdallah benDjahch, dans !e même tombeau. Le Prophète, que Dieu luiaccorde la bénédiction et le salut, a dit: « Hamza est leSayyid de ceux qui périrent en guerre sainte»; et d'après unautre récit il avait dit:« C'est le meilleur de ceux qui périrent en guerre sainte;si cela n'avait pas dû affliger Çafia', je l'aurais laissé sanssépulture de façon à ce qu'il ressuscite dans le ventredes oiseaux de proie et des lions. » Hind 2, fille de 'Outhba1. Çafia était la sœur germaine de Hamza ; elle était la mère de Zoubairben AI-'Aw1Îm.2. « lIind et les autres femmes allaient au milieu des morts musulmanset leur coupaient le nez et les oreilles. lIind de sa propre main coupa le nez,les oreilles et la langue de Hamza, lui ouvrit le corps et arracha le foie etle porta il sa bouche: Elle le déchira avec ses dents mais elle ne put l'avaleret le mâcha, tant étaient ardents ses sentiments de haine et de vengeance.Depuis ce jour elle était appelée « Celle qui mange le foie. ,. (Chronique deTAlIARÎ, traduction ZOTESIIERG, t. III, p. 133.)3 -#


:10 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>ben Rabî'a ben 'Abd Chams ouvrit le ventre de Hamza, enarracha le foie et se mit à le mâcher, puis elle le rejeta;c'était avant sa conversion à l'Islam. Le Prophète de Dieu,que Dieu lui accorde Sa bénédiction et le salut, dit: « Si lefoie de Hamza avait pénétré dans son estomac, elle n'iraitpas en enfer. »Telle fut la manièred'agirde Hind; Hamza,(Page /92.)que Dieu soit satisfait de lui, avait tué son père à la journéede Badr. Tous ces actes ont été accomplis conformementà la volonté de Dieu.L'acte de cette femme est des plus étranges; Hind, queDieu soit satisfait d'elle, se convertit à l'Islam le jour de lavictoire de Badr.C'est la mère de ~l'lou'à\Viya ben Abou Sofrân. Quand leProphète de Dieu, que Dieu lui accorde la bénédiction etle salut, reçut des femmes la promesse qu'elles ne voleraientpoint et ne commettraient point d'adultère, elle luidit:


N.\CHR AL-MATlI.Î.NÎ :11« Quand vous exercez des représailles, qu'elles soient pareillesaux offenses que vous avez éprouvées; mais si vouspréférez les supporter avec patience, cela profltera mieux àceux qui ont souffert avec patience 1. » Le Prophète de Dicudit ensuite:« 1\ vaut mieux se résigner », et il se racheta deson serment.AI-Waqîdî a dit: Aucune femme des Ançâr ne pleuraitplus sur un mort après ces paroles du Prophète, que Dieului accorde la bénédiction et le salut, toutefois on a continuéà pleurer Hamza jusqu'aujourd'hui; les femmes commencentà pleurer sur lui pour pouvoir pleurer sur leurspropres morts.Dans l'éloge funèbre écrit par Ka'b ben Malik ou par•Abdallah ben Rawâha, il est dit:Mes yeux amigés pleurent et c'est avec raison, bien que les pleurs etles gémissements soient inutiles, sur le lion de Dieu; ils disent àHamza: C'est sur votre Hamza mort que nous pleurons. Ici tous lesmusulmans sont peinés de sa mort; le Pïophète lui-même est plein detri5tesse. Aboù Ya'iâ, tu avais vaincu les plus braves. Tu es le glorieux,le pieux, le rapproché de Dieu.Que ton Seigneur t'accorde le salut au Paradis et qu'il y ajoute l'éternellefélicité. 0 les meilleurs des Ilâchim soyez [(~signés; toutes vosactions sont de bonnes actions. L'Envoyé de D:eu lui-même est patientct généreux et, quand il parle c'est l'ordre de Dieu qu'il exprime, etc.\Vahchî se convertit à l'Islamismc après la cOllquètc deTaïf; il assista à la bataille de Yamàma'! et tua l\lousailamaavec la lance qui avait tué Hanna. 1\ déclarait lui· mêmequ'il l'avait rejoint et l'avait tué. Il disait ensuite: « J'ai tuéavec ma lance le meilleur et le plus méchant des hommes. »On raconte que le Prophète de Dieu, que Dieu lui accordesa bénédicti\.m et le salut, dit à \Vahchi au moment de saconversion: « Eloigne-toi de mon regard) je ne veux pas tevOIr. »J. QOF':'\. 127, trad. KASIlllF5KI.2. Yamâma, ville du ~cdjd il rE. de la l\\ckke.


31 ARCIlIVES 1IlA.1I0CAINESIbn 'Oqba a dit: « \Vahchî mourut en état d'ivresse, à ceque l'on prétend. » Tout ce qui vient d'être dit est tiré dedifférents passages de l'Isli'ab, dont l'auteur est l'lmâmIbn 'Abd Al-Barr. On peut se reporter à cet ouvrage.(Page 193.)Quant à l'I mâm'Ali ben Aboû Tâlib, que Dieu soit satisfaitde lui, il fut tué par 'Abd Ar-Rahmân ben Mouldjam 1AI-Mourâdî AI-Khâridjî; celui-ci avait demandé en mariageQotam 2 AI-Kharidjiya, qui était très belle et qui lui avaitposé comme condition (pour l'épouser) 3.000 dirhams dedot, une servante, un esclave, et le meurtre d"AIi, queDieu soit satisfait de lui!Son mauvais destin fut le plus fort; il empoisonna sonsabre, il se mit seul en embuscade dans la mosquée etfrappa Ali, ainsi que cela a été souvent raconté. A ce sujet'Imrân ben Hattân AI-Khâridjî a dit:Il ne s'est volontairement embusqué pour le frapper que dans le butd'obtenir l'approbation de Dieu. Je mentionne maintenant et j'apprécieson action parce qu'elle pèse dans la balance divine plus que celles desautres hommes. Les gens que Dieu a honorés en leur donnant commetombeau les oiseaux qui les ont dévorés, c'est qu'ils n'ont mêlé à leurfoi ni injustice ni haine.L'auteur de ces vers a menti, que Dieu le maudisse, queles montagnes s'écroulent sur cc moqueur 1 Par Dieu, combiensont préférables les paroles d'Aboû Bakr ben Hammâdet Taharatî (que Dieu lui fasse miséricorde) qui, dans laJ. Ibn Mouldjam était d'origine égyptienne; il avait fait partie du groupedes gens qui étaient venus à Médine pour tuer 'Othmân, et s'était renduensuite à KaMa. Tous trois professaient la doctrine des Kharidjites. (TABAIlÎ,trad. ZOTENBERG, t. 111, p. 706.)2. Parmi les Kharidjites de Koufa il y avait une femme nommée Qotam,fille de Schidjna dont le père, le frère, l'oncle et douze parents avaienttrouvé la mort l Nahrawan. (TABARÎ, t. III, p. 708, trad. ZOTENBERG.)


NACHR AL-MATUÂNÎréponse qu'il lui a adressée met en lumière ses détestablesmoqueries et la malédiction dont il était l'objet:Dis à Ibn Mouldjam, dit Aboû Bakr: c'est la puissance de Dieu qUil'emporte; quant à toi, tu as détruit, maudit \;oÎs-tu! le soutien del'Islam; tu as tué le plus vertueux des hommes, le premier par sa soumissionet par sa foi, celui qui connaissait le mieux le Qorân, et laSounna du Prophète et la loi religieuse; c'était le gendre du Prophète,son esclave et celui qui proclamait son pouvoir; ses qualités sont évidentesct incontestables; il était lié au Prophète malgré toutes lesjalousies comme l'était Hâroûn à Moûsa ben 'Imrân. A la guerre sonsabre était redoutable et tranchant. Il devenait comme un lion s'il rencontraitun ennemi digne de lui.En parlant de son meurtrier mes larmes coulaient et j'ai dit: Gloireau maître du monde, gloire 1 Pour moi, je ne le compte pas parmi leshommes qui croient à la résurrection mais je crois que c'était un démon.Si l'on énumère toutes les tribus de Mourâd, c'est lui qui en estle plus misérable et ses actions sont plus détestables dans la balancedivine que celles des autres hommes. Il li. agi comme celui qui a égorgéla chamelle (du Prophète Çâlih) ce qui causa la ruine des Thamoûditesdans le pays de Hadjar '. Çâlih les avait prévenus longtemps avant lamort de la chamelle. Dieu ne lui pardonnera pas ce qu'il a fait et il neversera pas l'eau de la miséricorde sur la tombe d"lmrân ben Hattân,à cause de ses éloges d'un misérable, dont il fait un homme de bien etqui a dit ce qu'il Il dit, injustement et avec haine. 1\ l'a volontairementfrappé comme un misérable, dans le but d'obtenir l'approbation deDieu, mais il l'a frappé traîtreusement et cela le conduira en enfer et iltrouvera Dieu irrité contre lui, comme si son intention en commettantce meurtre avait été d'être précipité dans le feu (de l'enfer).(Page 194.)Il Y a de longs récits de cet événement, très connu deshistoriens j mais revenons à notre sujet.Quand le poète dit: « Il était lié au Prophète malgrétoutes les jalousies »... etc..., il se reporte au Hadîth desdeux Çalzîhs ainsi conçu: Le Prophète (que Dieu lui accordela bénédiction et le salut) dit à 'Ali: «Tu es vis-à-vis1. Cf. QORÂN, traduction KASIMIRSK.I, sourate VII, v. 71-77.ARCH. ~IAROC. - X~lv. 3


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>de moi comme était Hâroûn vis à vis de Moûsâ, avec cettedifférence qu'après moi il n'y aura plus de Prophète. »Quant à 'Imrân ben Hattân, Ad-Dhahabî dit dans le Ta(lhîb at-Tahdhîb, que son nom était l\s-SadousÎ AI-Baçri AIKhâridjî, d'après 'Omar, Aboù l\1oûsâ, 'Aicha, Ibn'Abbâs etd'autres personnages. Ce renseignement est rapporté d'aprèslui par Ibn Sirain, Qatâda, "louhârib ben Dathar, Yahyâben Aboû Koutair, et d'autres isnâds,. cela a été confirmépar Al-'Adjalî et d·autres. Aboû DâouJ a dit: « " n'y a pasJ'autres gens mieux documentes sur les passions que lesKhâridjites. » Il cite ensuite: 'Imrân ben Hattân et AboûHasan AI-A 'l'adj. Ya'qoûb ben Chaïba dit: « Nous avonsappris qu'une cousine d"Imrân était Khàridjite; il l'épousapour lui faire abandonner ce parti; mais ce fut elle qui leramena aux gens de sa secte. On dit qu'elle etait très belle.::t qu"lmrân ben Hattân était le plus laid des hommes.Elle lui dit certain jour: - Toi et moi nous irons au Paradis,car Dieu m'a donne un homme comme toi et je lesupporte, et il t'a donné une femme comme moi et tu lui en~s reconnaissant. Or ceux qui se résignent et ceux quiremercient Dieu \"ont au Paradis. ».Abdallah ben Chabrama a dit: « J'ai entendu dire àFarazdaq: « 'Imram ben Hattân était un grand poète. » Jelui ai dit: « Pourquoi ? ~ Il me répondit: «( Parce que s'il«voulait dire ccque nous disons, il le pourrait, tandis que«nous ne pourrions pas parler comme lui. »Halis ben AI-Kalbi a dit d'après Said ben Aboù 'Aroubaqui l'avait dit d'après Qatâda, qui rencontra Imrân benHattân et lui dit: « 0 aveugle, quel Sa\'anl est plus u\areque toi? mais tu as une excellente mémoire. Souviens-toidonc de ces vers_ »JUSqU':1 quand lroubleras-tules âmes tandis que lU passes ton temp,:lgrbblement i' Es-tu donc satisfait en faisant du tort il ta propre vie.alors que chaque jour le rapprochl' de la mort? La de n'est qu'un rêve.qu'une ombre qui s'efface. Le sage ne s'y trompe point. Il prend ses


NACHn AL-MATH,\:",l:tiprécautions en vue de la pauvreté prochaine. Prends-les pour toi et nonpour les autres,Ibn Qânî' a dit: « Il mourut en l'année 84 (703-704).ï mrân ben Hattân avait fait l'éloge d'Ibn Mouldjam ct deson acte condamnable dans ces vers:Il s'est volontairement embusqué pour le frapper ('Ali) dans le butd'obtenir l'approbation de Dieu. Je le mentionne maintenant ct j'apprécieson action; elle pèse dans la balance divine plus que celles desautres hommes. Les gens que Dieu a honorés en leur donnant commetombeau les :)iseaux qui les ont dévorés, c'est qu'ils n'ont m


ARCIIIVES )'.[AROCAINEScela, certainement personne n'aurait parlé de lui, commeil vient d'être dit (favorablement) après qu'il se fut exprimécomme il l'avait fait sur le compte d"AIi, que Dieu soitsatisfait de lui. 'Abd AI-Malik ibn Marwàn lui-même avaitété indigné de ce qu'avait dit 'lmrân sur le compte d"AIî,malgré son opposition aux Banî Hâchim et l'orgueil de sasouveraineté; comment expliquer l'attitude de ces gens,que Dieu soit satisfait d'eux (qui ont fait l'éloge d'Imrânben Hattân)?Le Faqîh Aboûl-Qâsim A l-Fichtâlî Al~Ghoûl.Le Fâqîh, le Savant, le Qâdhî Aboûl-Qâsim AI-FichtâlîA1-Ghoûl était Qàdî de son pays. Beaucoup d'Imâms étudièrentauprès de lui comme par exemple l'Imâm SayyidîMouhammad ben Sa'îd AI-Marghithî, Sayyidî Ahmad benQàsim ben Rahmoûn Ach-Chérif AI-'Alamî et SayyidîAboûl-Qâsim AI-Djabbârî.Le savant, vertueux, Saxxidî 'Abd Ar-RahminAd-Darawî.Le savant, le vertueux Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân Ad­Darawî enseignait les enfants à l'école du Darb al-Gharablîà Fès al-Andalous. Il fut l'lmâm de la mosquée de cette rue.S'il recevait un salaire quelconque pour son enseignementou tout autre travail, il l'employait à réparer la mosquéeet consacrait le reste à des aumônes. Il se nourrissait uniquementavec de l'orge qui venait de son pays; et de plusil jeûnait et se levait la nuit pour prier. Il mourut à Fès aucours dé l'année dont nous nous occupons actuellement.


NAClm AI.-MATIlÂNi:lïLe Chaihh AbotÎ 'Abdallah SaXyidî MouhammadA l-Moudja}/lal, de la ]Jil1e d'A l-Qçar A l-Kabîr.On dit dans le Moumatti' al-Asmâ' : « II était sujet ùdes absences, cependantle souvenir de ses actes est conservé.Il faisait des miracles et possédait la baraka: il voyait leschoses cachées et les dévoilait. »Il mourut à la fin de l'année 1059 (1649-1650).Il étudia auprès de Sayyidî Aboû',\bdallah MouhammadAI-Hâdj AI-Aghçawî enterré à Fès, dont l'Émir l'avait misà mort. Le personnage dont nous écrivons la biographieenseigna le Chaikh Aboû 'Abdallah ;\louhammad ben 'AliAI-Baqqâl enterré à AI-Haràïq dans le pays des Ghaçawa ctdes Akhmâs.Le Chaikh Yoûsou! ben llidjât.î.Au sujet du Chaikh Aboûl-Hadjâdj Yoûsouf ben Hidjâzî,l'auteur du !llatmah dit dans sa Fahrasa:« AI-Qâsimî AI-Djounaidî de la postérité d'Aboùl-QâsimAI-Djounaid AI-Khalîlî. » II était disciple du Chaikh SâlimAs-Sanhourî, d'Aboû Bakr Ach-Chimvanî, de Chihâb ad­Dîn AI-Qailoûbî (1) et du Chaikh Ali, auteur d'une Sira.fi a composé un commentaire des Machâ1"iq d'Aç-Çaghânî.Le savant Sayxidî A boût- Ta)'yib Nouçair Al-Balirî.Au sujet du Savant, de l'homme d'action, Sayyîd Aboût­Tayyib Nouçair AI-Bakrî, on lit dans la RiMat al-'Ayyâ-(1) Le tcxtc dit 1$. ~\; il s'agit peut être de Chihâb ad-Din AI-Qalyoùbi.1$. ~\ l'auteur des Nawlidi,.. qui ("ivait à la même époque et qui est morten 1069 (1659),


:lBARCIlIVES MAROCAI:-lES(Page 196.)ch(ya:


NACIIIl AL-MATlI,\Ni a!!de Radjab (30 juin). Sa proclamation fut écrite à Fès le 7de Radjab (6 juillet).Le 9 Cha'bân (7 aoùt) un combat eut lieu entre lui etles Berbères près d'une porte de Fès. Son armée faiblit etles habitants de Fès se soulevèrent contre lui dans les premiersjours du même mois. li retourna alors au Tafilaletle 28 de Ramadân. (24 septembre) Une nouvelle lutte s'engageaentre les habitants de Fès el-Djadid et ceux de Fèsal-Bâli le 15 de Hidjdia '9 décembre: La paix se fit entreeux le même jour.ANNl~E 1061 (L-C. 1650-Iiî51).Cette année recommença la guerre entre les habitants deFàs al-Idrisiya et ceux de Fès al-Djadîd qui étaient des gensdu Tafilelt à cette époque. Le 23 du mois de Çafar (25 tenierIGSO) ils coupèrent l'eau à Fès al-B:iIî et il y eut uncombat au cours duquel périrent 'Abd l\I-Karim AI-Lairanî,AI-Andalousî et :\lohammad ben Soulaïmân. Un combateut lieu au Cherrat (l'Oued Cherrat! près de Salé entre lesArabes et les Berbères. Les Arabes furent mis en fuite avecleur chef Ad-Daqqàq, et il y eut de nombreux pillages. Le 3du mois de Rabi' ath-Thani (5 aYril) les gens du .\i:Jghribproclamèrent :\louhammad AI-Hàdj :\d-Dilâï; le rrix desaliments augmenta; mais la pluie tomba et il red.:sccnditun peu pour rede\'enir moyen en été. Beaucoup de blé futpillé. Lc 7 Ramadàn (3 septembre), les agents du gouvernementà Fès entourèrent le sanctuaÎre de notre SeigneurIdris, sur l'ordre des gens de la Ziiouïa pour faire sortir lescoupables qui s'y trouyaicnt. Ils les assiégèrent. San,iJî


AHCHIVES <strong>MAROCAINES</strong>'Ali ben Idris Ach-Cbarîf AI-Djoûtî sortit sous la protectionde Sayyîdi Mouhammad ben Abdallah Ma'n et il alla jusqu'àla Zâouïa de celui-ci à la Makhfiya.Ensuite le Chérif dont nous venons de parler quitta Fèsle 17 Chawwâl (13 octobre). Dans les premiers jours deRamadân Ibn Ridwân modifia la monnaie. On inscrivitsur la mouzouna: «bi-hadrati Fâs» et la valeur du mithqâlfut portée à 13 ouqias.(Page 197.)Le premier jour du mois de Cba'bân (30 juillet), il y euttremblement de terre entre l'aube ct l'aurore. Il y en eutensuite un second après l"heure de l'Açar, le 3 Cha'bân(12 août).Aucun savant ni aucun saint n'est mort au cours de cetteannée.ANNÉE 1062 (J.-C. 1651-1652).Le Chaikh considérable Say"yidî 'MouhammadIbn 'A bdallah Ma'n Al-A ndalousî.Le Saint considérable, sincère et influent, le savant, lepratiquant, celui qui connaît Dieu. Sayyidî MouhammadIbn 'Abdallah Ma'n AI-Andalot1sî, que Dieu soit satisfait delui, fut l'un des plus grands savants, l'un des Chaikhs parfaitsde la Tarîqa (Çoufia). Son rang élevé était justifié par saBaraka éclatante, par la quantité de personnages illustresqui profitèrent de lui et par le nombre de saints fameuxqui furent ses disciples. Des ouvrages sont remplis de sesvertus. Leur récit réjouit tous ceux qui l'entendent. Elles


NACIIR AL-MATlIANi 41sont réunies dans un ouvrage intitulé A l-Maqçad alAhmad 1 composé par notre Sayyid et grand-père au sujetde son fils notre Sayyid Ahmad. Il en est de même dans leMotlmatti' al-Asmâ', qui traite du Chaikh Djazoûlî et deses disciples, et dans l'ouvrage intitulé A l-Ilmâ. Ces deuxouvrages ont été composés par l'Imam considérable, le vérificateur,le Çoufi, le Hâfith célèbre Sayyidî Al-Mahdi benAhmad Al-Fâsî. Il mentionne la biographie du personnageen question dans un ouvrage intitulé 'AUJârif al-MinnajiManâqib Sayyidî Mahammad Ibn 'Abdallah Mouhî as­Sotlnna. J'ai vu le manuscrit de cet ouvrage. Dans le Nlotlmatti'al-Asmâ' la biographie du personnage en questionse poursuit pendant vingt pages et plus, d'une écriture quitient le milieu entre le Tafrîq'l et l'IdmâdFI.Le personnage dont nous écrivons la biographie appritpar cœur le Qorân dans sa jeunesse; il l'étudia particulièrementselon la lecture de Nâfî' 4 avec le professeur Ahmadben 'Othmân AI-Lamtî et avec l'Imâm Aboû MouhammadSayyidî Al-Hasan Ad-Darawî. La biographie de ce SayyîdAI-Hasan a été faite précédemment.Le personnage dont nous écrivons la biographie avaitbeaucoup de goût pour l'étude des sciences. Il composa unouvrage, puis il se consacra à l'adoration. Il se retira avecson frère en Dieu (c'est-à-dire, de la même Tarîqa) à laMosquée des Hatfârîn située près de sa maison, pour y prierDieu. Les gens du quartier leur portaient envie à cause desœuvres surérogatoires dont ils s'acquittaient dans la Mosquée.Ils questionnèrent à ce sujet le mufti, à cette époquel'Imâm AI-Qaççâr. Celui-ci écrivit à ce sujet: « Plût à Dieuque je fusse avec eux, car j'en tirerais un immense profit ;'. ~1. Le Maqçad Al-Ahmad est d"ABD As-SulM AL-QÂDIRÎ, mort en 1110.z. Écriture large.3. Écriture serrée.4. La lecture de NMi' est une des sept lectures du Qorân (Riwâyât); salecture est indiquée par la lettre ali! placée en tête du verset.5. QORÂIl, sourate IV, 75.4


12 ARCIII\'E5 <strong>MAROCAINES</strong>Il ,·isitait fréquemment le Chaikh Sa.,·yidl .\boLÎ 'Abdallah,\t-Taoudl, ainsi que Moulây 'Abd As-Salâm ben :\lachîch.JI écrivait des talismans et autres choses analogues. Ilavait une prédilection pOlir le TOllbîh du Chaikh Ibn 'Abbâd.Il s'occupait de l'élevage des \"Crs à soie et en tiraitégalement prollt. .\la'n rencontra le Chaikh Aboul-1'v1ahâsinet le trouva affligé par la nwrt de son compagnon Sa~·yidllbrùhim ,\ç-Çayyàd; Diell le lui donna à sa place (Ma'n.\ndalollsJ , et il en fit son compagnon.On dit dans le Moul12atti' : «Quand il entra (c'est-à-direle personnage dont nOLIs écrivons la biographie) dans laTadqa par l'entremise d'Aboùl-l\lahàsin, les gens de Dieuvinrent auprès d'Aboûl-:\lahâsin pour le féliciter. Quand sonpère mourut, il ne laissa que S0n épouse et un enfant, lepersonnage dont nous écriHlns la biographie. Celui-ci se(Page Ig8,)mit à dépenser tout l'avoir dont il a,·ait hérité de son pèrepour en faire pro/1ter le Chaikh, et ses dépenses diminuaientcelles d',\boùl-l\lahâsin, Celui-ci déclarait que celalui plaisait, attendu que Ma'n était le seul héritier de sonp2re et de sa mère, ct qu'il n'avait aucun doute sur l'originede sa fortune.On dit dans le 1I1aqçad : «Le personnage dont nous écrivonsla biographie dépensa tout l'argent dont il avait héritéde son père, et cet héritage représentait une grosse fortune.Ilia dépensa au profit d'Aboùl-:\lahâsin, des pauvres et desmalheureux, si bien qu'il ne lui resta plus ni un dinar ni undirham, JI vécut alors du tr:1\'ail de ses mains ct du protitqu'il retirait des talismans qu'il écrÎ\·ait. J'ai entendu rap·l'urter par S')!l fils, notre Say: id .\hmad (que Dieu soit satisfaitde lui!\. ct par plusieurs autres de ses compagnons,Lju'il donna sur l'hérit:lge de son père I.:WO din:lrs d'or qu'ildistribu:.l par petits paquets aux patines et aux malheureux,pa'1uet par paquet, à ch:.lcun d'eux selun ses besoins.


i'ACIlH ,\l-MATIf.\:-;j l '·'"Sa mère s'en plaignit au Chaikh Sayyidî YoÙsouf. Cclui-cien parla au personnagc dont nous écrivons la biographie, quilui dit à ce propos: «J'ai abandonné ce monde, je l'ai laisséderrière moi et lui ai tourné le dos. Par Dieu, je ne \CUXpas me retourner, ni y revenir. '> Le Chaikh fut satisfaitde cette réponsc, qui lui plut.Quand lc Chaikh .\boùl-l\lahàsin mourut, l\luuhammel:"la'n était depuis quatre années SOI1 disciple. li s'attacha ilson successeur, son frère Sayyidi ',\bLl ,\r-Rahill~1n. Il l'es!;,uniquement auprès de lui plusieurs années. S'il sc cachait illui, il le cherchait de tous côtés. Le personnage dont IWU~;écri"ons la biographie fut interrogé à ce sujet. Il répundit :// .le connais l'odeur qui s'exhale de lui et je la suis jusqu'ilce que je le trouve. »Quand Sayyidi'.\bd Ar-Hahmân mourut, le personnahcdont nous écrivons la biographie resta chez lui et ne seréunit plus avec personne. Les [;JlOwin de sa confrérie seprésentaient chez lui et insistaient pULlr ètre reçus par lui.Il leur disait: «.le n'ai pas la permissiun de le faire. » {Jnpr,~·tend même qu'il dit à certains d'entre eux: « l\lai~,so,'"ez aflectueux pour moi, car mon alrection ,·ous serautile. »Dieu lui donr.a le désir de rendre visite il SaniJ,'AbJi\s-Salâm ben Machich. C'est là qu'il obtint la permission(de réunir les gens autour de lui) comme il le raconte luÎmême,A son retour il fut entouré de considération. ()n Dl'parlait pas en sa présence à cause du grand respect qu'ilinspirait.Il donnait son enseignement à la Zâou'ia de son ChaikhSa:·.ddïYoùsouf Il cause de sa proximité, en l'année 103K.1\ demeurait au quartier de "lakhfiya deruis 1022. Les gensde toutes les régions venaient lui rendre yisite et il leurdisait: « Usez de moi 1; j'ai en effet été menacé de perdrema baraka si je ne venais pas à \OUS; » et ses yeux s'em-1. Littü,dement : « mettez-vous il califourdlOll sur ma lluque >'.


H .... RClIIVES MAHOCAINESplissaient de larmes. Lorsqu'il fut pour la première foispossédé par le hâl qu'il avait hérité de son Chaikh, il lesurprit en état d'impureté; il dit alors: « 0 Dieu, fais que jesois pour tes adorateurs une cause de miséricorde! » Ilprétendait que les démons étaient à son service; il disait:«Le premier être qui est au service des saints, c'est le djinn,car il est plus délicat que l'homme.» JI resta dans la Zâouïade son Chaikh environ six mois. Puis il bâtit sa propre Zâouïaau cours de l'année indiquée. Il s'y consacra à la prière età l'adoration de Dieu jusqu'au jour où Dieu le prit aveclui.Il se promenait toujours seul ou avec un unique compagnon.Il n'avait pas de place déterminée dans la Mosquée.Il marchait toujours avec rapidité et faisait tous les vendredisses abluti~)I1s. Il passait son temps à réciter le wirdou le dhikr et le Qorân, même s'il était malade. l'vIais ildéfendait de prononcer les noms de la divinité pour obtenirdes richesses et il disait: « Ce genre de prière se retournecontre celui qui l'a fait et le rend pauvre. »(Page /gg.)On dit dans les 'A1Pârif al-Minna: J'ai entendu le personnagedont nous écrivons la biographie dire: « Je disun jour à Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân, que le Prophète (queDieu lui accorde la bénédiction et le salut,) ne s'éloignejamais de moi nulle part. » 1\ me demanda: «Que vois-tu?son espritou son corps? »Je lui répondis:« C'est évidemmentson esprit, »et il se tut. Puis quelques jours après Sayyidî'Abd Ar-Rahmân me demanda: « En. est-il toujours demême?» je lui répondis: « Oui, ô Sayyidî ! Les attributs nepeuvent se séparer de la substance, il me semble. » Il dit etSayyidî 'Abd Ar-Rahmân s'en réjouit et la joie parutsur sonvisage. Parmi les miracles dont le personnage actuellementdécrit est l'auteur, un de ses compagnons lui dit qu'on luiavait volé trois ruches d'abeilles. Il dit alors: «Ce sera troispour trois»; et en effet les voleurs des ruches cherchaient à se


NACIIR AL-MATIIÂNitromper entre eux et se battirent; l'un deux qui avait tuéles deux autres, fut tué à son tour par le gouverneur. Leurnombre total était de trois; ils furent enterrés à la mêmeheure. Leurs demeures furent pillées et on en fit sortir lestrois ruches entières. Quand ses disciples restaient chezMa'n jusqu'à l'heure de l"achâ l et qu'il pleuvait, au momentoù ils se séparaient de lui pour revenir auprès de leursfamilles, la pluie cessait infailliblement jusqu'à ce qu'ilsfussent rentrés chez eux; puis la pluie recommençait iltomber. Ce fait était habituel. Si le Chaikh était mécontentd'un prince ou d'un vizir, il était sur-le-champ destitué etrenvoyé; mais s'il venait à lui et prenait soin deses affaires,sa situation grandissait et devenait considérable.Sayyidî Al-Mahdî (AI-Fâsî) a dit: «J'ai vu ces faits de mespropres yeux et je les ai vérifiés. »Il était semblable à son Chaikh Sidi Yoûsouf, et il possédaitla perfection et la fermeté.Il naquit, que Dieu soit satisfait de lui, au commencementde l'année 978 (1570-1571) et mourut une heureenvi ron avant le lever du soleil, le dimanche 3 Djoûmâdâath-Thâniya .de l'année 1062, correspondant au lundi(2 mai 1651). Il fut remplacé dans ses fonctions d'Imâmpendant sa maladie par son beau-frère, l'hom me de bien,le religieux, le vertueux, Aboûl-Hasan 'AH ben Mouhammadben Ibrâhim ben Yahyâ AI-1\loughnî Al-AndaloûsiAl-,\louryî. Sa veuve le lava, aidée par sa 611e qui versaitl'eau après s'être voilé le visage, conformément au désirqu'il avait exprimé. Il fut enterré à midi à AI-Qbab, àl'endroit le plus élevé de Matrah al-Djanna, en dehors deBâb al-Foutoilh. Les prières sur son corps furent ditesdans l'intérieur de la Qoubba de Sayyidî YoÛsouf. sonChaikh, et devant son cercueil; c'est-à-dire que c'est là quefut célébrée la cérémonie funèbre; ceux qui purent entrer1. L"achd est une heure et demie après le coucher du soleil.4 *


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>dans la Qoubba y lirent les prières, les :lUtres restèrent enJehors de la Qoubba et du cimetière. L'l màm qui dirigeaitla prière était le Chaikh de ce temps, Aboû J\louhammad'Abd Al-Qâdir ben 'AH ben Yoûsouf AI-Fâsî. Il plut le jourJe la mort et le jour de l'enterrement, mais c'était unepluie légère. Sa maison resta fermée pendant quelquesjours, la durée de la retraite funèbre, alin que personne nepût s'y réunir pour y pleurer ou y témoigner sa désolation.On bâtit sur sa tombe une Qoubba qui ayait la forme de laQoubba de son Chaikh Sa.'-yidî YoÛsouf.(Page 200.)Toutceci a été rapporté parle plus véridique de ses contemporainsles plus véridiques, Sayyidi AI-Mahdi ben Ahmedben 'Ali, fIls du Chaikh AboLÎl-.\lahâsin AI-Fâsî. Je raitranscrit d'après ses deux manuscrits le A1ollmalli' et les'A JVâr~r J'ai abrégé ce récit à cause de la longueur du texteoriginal.Voici quelles sont ses dernières paroles:J'ai trouvé écrit de la main de quelqu'un qui a fait labiographie de ce Chaikh, que Dieu soit satisfait de lui(Ma'n AI-Andalousî) :« L'un de nos compagnons nous a appris qu'au momentJe la mort du personnage dont nous écrivons la biographie,il vit l'un de nos amis mort dans une autre ville et trèsheureux; celui-ci lui annonça qu'au cours de la nuit oùmourut l\l'hammed ben 'Abdallah ~la'n, tous les croyantsavaient obtenu leur pardon grâce à sa baraka. Le mêmerenseignement m'a été donné par un autre personnage dontl'enfant était mort peu de temps avant ct qui le lui avaitrapporté. »Le personnage dont nous écrivons la biographie, queDieu soit satisfait de lui. si quelqu'un lui disait: « rai del'n(rection pour toi », répondait: «Dis: Dieu soit loué!» QueDieu l'agrée et nous le rende profitable: Amen!


"""clin AL-MATILI.'dLe Chaikh Sayyidî Ahmad ben AU ben YOîlsouf11 I-FâsÎ.Le Chaikh, le Faqih, le plus savant des savants, l'universeLle modèle, le professeur profitable AboLiI-'AbbàsAhmad, fils du Faqîh Aboùl-Hasan 'Ali, fils du Chaikhconnaissant Dieu AboLiI-Mahâsin Yoùsouf AJ-Fâsî.On a fait précédemment la biographie du grand-père etdu père de ce personnage. L'auteur du MatI/wh dit dans saFahrasa au sujet de ce Chaikh, qu'ii était un Imâm considérable,un des savants les plus célèbres. Il réunissait enlui un grand nombre de sciences, celles que l'on étudie partradition comme celles qu'il faut approfondir. Il était célèbrepour son bon accueil et pour l'excellence de son enseigncment,son intelligence était large autant que sa mémoircétait grande. La salle de son cours était remplie de gens descience. C'était,que Dieu l'ait en Sa miséricorde, un hommeexcellent, pieux, aimé de tous, car tous avaient une grandeconfiance en lui. Il naquit, que Dieu, qu'il soit exalté, luifasse miséricorde, à AI-Qçar, le 5 Çafar de l'année 997(23 décembre 1588); cette même année mourut le ChaikhAboû Ach-Chitâ, l'homme aux extases, enterré chez lesFichtâla; c'était un des compagnons du Chaikh Al-GhazwânÎ.C'est la même année encore que mourut .\boLi'Abdallah Mouhammad Al-J\1akni, Qâdi de Tarâboulous du1\laghrib, au mois de Dhoù'l-Hidjdja.Le personnage dont nous écrivons la biographie alla àFâs et étudia auprès des Chaikhs de cette ville. Il retournaensuite à ,\I-Qçaroù il vécut un certain temps, puis il allahabiter ~\likn1s az-ZaitoLin, et se fixa ensuite à Fès il la linde sa vie; mais il iit encore un voyage à AI-Qçar, où il mourutdans la matinée du venJredi 12 Chawwàl de l'année 10hz(15 septembre I l)53). Il fut transporté à Fès et enterré prèsdu tombeau de son grand-père Aboùl-!\lahâsin, que Dieu ­qu'il soit exalté! - leur fasse à tous les deux miséricorde


<strong>ARCHIVES</strong> MAHOC,\INESet qu'il soit satisfait d'eux. L'un des petits-fils de son frèrem'a montré son tombeau. Ce tombeau est situé à l'angle àgauche de l'entrée de la qoubba du Chaikh Aboûl-Mahàsin,à la porte de l'Est.On dit dans la Fahmsa en question:Il étudia (c'est-à-dire le personnage dont nous écrivonsla biographie) auprès de ses oncles Aboû Zaid Abd 'Ar-Rahmânben Mahammad AI-Fâsi, Aboû'Abdallah MouhammadAl-'Arbî ben YoûsoufAI-FâsÎ et Aboûl-'AbbâsAhmad benYoûsouf AI-Fâsî, ainsi qu'auprès des deux Chaikhs Aboltl­Qâsim et Aboùl-'Abbâs Ahmad, Banou AI-Qâdî. Il étudiaauprès d'Aboût-Tayyib Al-Hasan ben Yoûsouf ben MahdîAz-Zayyâtî, et auprès du Chaikh, du Faqîh, du saint célèbre,Aboûl-Hasan 'AH Ad-Douchaïch, Les biographies de tousces personnages ont été faites précédemment.L'Imam Sayyidî 'Isâ As-Saktânî.(Page 201.)L'lmâm expérimenté, le savant Aboû Mahdî'lsâ ben 'Abd­Ar-Rahmân As-Saktanî, qui fut un savant vérificateur,digne descendant de ses ancêtres, était Qâdî des Qâdîs àMarrâkech. C'était un Chaikh intelligent, auteur d'uneglose marginale du commentaire de la foughrâ dont l'auteurest le Chaikh As-Sanoûsî, ainsi que d'autres ouvrages.Un grand nombre d'Imâms reçurent son enseignement. LeChaikh Aboù 'Al-Hasan ben Mas'oûd AI-YoûsÎ, dans saFaharasa, cite un certain nombre de ses Chaikhs, et parmieux le Chaikh expérimenté et savant, le Qâdî des QâdîsAboû Mahdî 'Isâ ben Abd Ar-Rahmân As·Saktanî. J'ai assistéà un grand nombre de ses cours sur le Moukhtaçar duManliq (ouvrage de logique) du Chaikh As-SanoûsÎ et à ungrand nombre de ses cours sur le Mouhaççal al-Maqâcid


NACIIR AL-MATII.\:"i 4!ld'Ibn Zakrî. C'était l'Imâm de son époque pour les connaissancesdans les différentes branches de la science, ainsi quepour l'excellence de sa conduite et de son esprit, pour sa foientière dans la Tarîqa Çoûfiya et son affection pour ceuxqui en foot panie, que Dieu l'ait en Sa miséricorde et lerécompense pour ses bienfaits.J'ajouteque notre Chaikh, le Hâfidh, le savant Sayyidî Ahmadben Moubàrak As-Sidjilmâsî, au moment où j'assistaisà ses cours sur la Çoug/irâ du Chaikh As-Senoûsî, au commencementde l'année 1147 (1634-1635), ne mettait aucuncommentaire marginal de la Çoughrâ au-dessus de celuidu personnage dont nous écrivons la biographie, et il enfaisait beaucoup d'éloges. Le personnage dont nous écrivonsla biographie mourut en l'année 1062 (1651-1652),que Dieu nous le rende protitable. Amen.Le Chaikh Sayxidî Mouhammad A d-Dadîsî.Le Chaikh Aboû 'Abdallah Mouhammad Ibn MouhammadAd-Dadîsî AI-Wawizaghtî, originaire de Wawizaght,d'après l'orthographe établie par l'un des historiens les plusvéridiques, l'auteur du .AJoumatti', dans un de ses manuscrits.II dit dans cet ouvrage: « L'un de ses compagnonsm'a rapporté qu'il avait dit: « - Quant à nous, noussommes de la postérité de notre Seigneur Othmân ben'Affân,que Dieu soit satisfait de lui. II avait un hàl puissant,beaucoup d'affection pour Dieu; il aimait passionnément lechant et la musique. Pendant la lecture du Qorân il nepouvait plus tenir en place, il s'agitait et tombait en extase,comme s'il était sur le point de s'envoler; à la fin de savie, il en était arrivé à ne plus pouvoir entendre la lecturedu Qorân, car il lui semblait qu'une voix l'entretenait etlui parlait à l'oreille. II fut tout d'abord le compagnon duChaikh'AbdaIlah ben Hassoûn As-SalawÎ de Salé, qui étaitAnetl. MAnoc. - XXIV. 4


"'Relun,:::; ~I'\IH)(;'\I:XESl'un des disciples de Sayyidî .\Iouhammad AI-Habtl; il restaen sa compagnie pendant une année. Celui-ci lui apprit àprier le Prophète, que Dieu lui accorde la bénédiction etle salut! Il lui fit ensuite la recommandation suivante:« Rends visite aux: saints jusqu'au jour où l'on te rendravisite, vis dans leur compagnie jusqu'au jour où l'on vivradans la tienne et entoure-les d'affection jusqu'au jour oùl'on t'aimera! »(Page 202.)Il alla trouver ensuite Sayyîdi Aboû Bakr Ad-Dilàï etreçut son enseignement. Le Chaikh lui demanda quel étaitson dhikr. Il lui répondit que c'était la prière que lui avaitenseignée Aboù .\louhammad ben Hassoûn. Alors il luiconseilla d'intercaler les mots: « Ton adorateur, ton Prophète,ton Envo.n~» avant les mots« le Prophète llIettre 1 ».Il récitait beaucoup de dhikrs et de prières pour le Prophètede Dieu, que Dieu lui accorde la bénédiction et lesalut, de même que le Qorân. Il faisait de nombreux miracles,révélait les choses cachées, il était maître de se~facultés et ne tenait pas compte des conventions usuelles:ses connaissances et les allégories qu'il employait, faisaientplaisir à entendre et dissipaient les préoccupations. Il mourut,que Dieu soit satisfait de lui, en l'année 1062 (1651­1(52), à l'âge de 84 ans. L'un de ses disciples a rapportétous les détails de cette biographie, mais j'ai beaucoupabrégé. Tels sont les renseignements contenus dans leMot!1Jlatlï et ecrits de la main de l'auteur.Notre Sayyid et aïeul, que Dieu soit satisfait de lui, adit:« Sayyidi ,\louhammad ben .\Iouhammad, c'est-à-dire lepersonnage dont nous écrivons la biographie, étudia auprès1. La prière enseignée par Aboll Mouharnnwd ben HassOIln était ainsiconçue: ~---"'J .JI ..,.k.J _..AVI .,.JI J....::>-...4 t;~ ~ 1.....1."'" r~11r .' '"" ~ l:'.J


de Sa::yidi .\boù Bakr Ad-Dilâï et auprès de Sayyîdî 'AbdallahOCIl Ilassoùn. Celui-ci lui montra le chemin quiconduisait Ù Sal~, alors qu'il dormait. Lorsqu'il fut auprèsdé lui à Salé, il lui dit: « 1\ y a longtemps que j'attends, tuas bien tardé à venir à moi, et il ne me reste que le dépôtqui t'est réservé. » Il lui prescriYit un 1/Jird qui consistait ~ldire chaque jour 50.000 fois: « Il n'y a d'autre Dieu quc« Dieu et '\louham mac! cst l'el1\'o\'é de Dieu. » Au début dechaque ccntaine de formules il dcvait ajouter la formule:« Que Dieu lui accorde la bénédiction et le salut; » et ilfaisait ainsi. Il lui dit encore: « Je me suis rendu garantde trois choses: celui qui te connaîtra aura la protectionde Dieu; tes compagnons n'auront pas de compte à rendre,car les gens leur demanderont leur protection au jour dujugement dernier. » Il lui dit encore: « Si tu en trouve,;facilement l'occasion, reviens me voir; si tu ne peux pasrevenir, ccla n'aura aucun inconyénient pour toi. » Peu detemps après il mourut, que Dieu soit satisfait de lui,Quelquc temps avant sa mort, il rencontra Ic ChaikhAboû Bakr. qui lui dit: « De combien de formules secompose ton wird?» Il répondit: « Cinquante mille, sanscompter la récitation du Qoràn et quelques prières surérogatoires.» Sayyidi .\boû Bakr lui dit alors: « Ce n'est passufflsant, ce n'est pas suffisant. ~) C'est-à-dire qu'il devaitaugmenter le nombre des formules composant son win!.Tel est le conscil qui lui était donné par cc Chaikh et quidcvcnait pour lui unc obligation. Il l'augmenta donc de100.000 formulcs et Ic chiffre total des formules composantson wird s'éleva alors à 150,000. Il lisait en "utre chaqll~jour en entier et trois fois le livre des [)alâil al-Khairât ainsique l'ouvrage intitulé TanMh a/-Al1âm, qu'il lisait une foi·;en entier chaque jour. Au commencement il ne dormait p:t~;du tout la nuit. Sa "je s'écoula ainsi pcndant trentc :H1~.Son inllucllcc bienfaisanle se répandait auiuur de lu:, ct lH!grand nombre cherchaient il lc fr~4uenk'r m:lis il les rcrou';'5t


»2 AnClI, VES MAROCAIN ESsait. Il comprit ensuite que cette manière d'agir n'était pasdans la voie de Dieu et interrompait la Tarîqa. Il se mit àfaire bon accueil à leur affection, dans l'idée qu'ils raccompagneraientauprès du Chaikh Sayyidî Aboù Bakr. Quandil eut réuni un certain nombre d'entre eux, il les emmenaauprès du Chaikh. Au moment où ils s'approchaient duChaikh Aboù Bakr pour lui témoigner leur respect, Ad­Dadîsî leur dit: « Si vous trouvez en moi quelque bien ilvient de là, en voici la source. » Tous acquiescèrent, saufun seul qui s'écria: « Je ne connais que toi. » Quand ilsapprochèrent d'Aboù Bakr, il leur fit bon accueil et dit aupersonnage dont nous écrivons la biographie: « Qu'as-tuavec tes compagnons? ne les intimide pas! »(Page 203.)Il répondit « 0 Sayyidî, j'ai peur. - De quoi? demandaAboû Bekr. - J'ai peur des paroles de Dieu, qu'Il soitexalté: « Lorsque les chefs seront séparés de ceux qui les


NAClIn AL-l\lATHÂl'dquentes. Les disciples avaient également des transportsmystiques et il leur ordonnait de dire le wird.Parmi les miracles dont il est l'auteur (que Dieu soitsatisfait de lui !) on cite le suivant. Un certain nombred'Arabes étaient établis sur un terrain proche de la rivièred'Argarroù. Ce terrain leur appartenait. La rivière cessa decouler et se dessécha au point qu'il n'y resta plus une goutted'eau. Les Arabes creusèrent un trou près de la rivière,mais il n'en sortit que très peu d'eau, environ ce qu'on peutcontenir en une ou deux mains. L'un de ses disciples allavisiter des faqîrs, ses frères qui occupaient ce terrain et lestrouva dans la situation que nous avons décrite, il leur dit:« Faites une offrande au Chaikh, venez avec moi auprèsde lui; » ils s'empressèrent de recourir à son aide et de profiterde son appui dans la situation précaire où ils se trouvaient.Ils réunirent un grand nombre de moutons et allèrentchez Ad-Dadîsî. Au momentoù ils s'approchaient de lui avecrespect, son disciple leur dit: « Si le Chaikh vous dit quetelle chose se produira, répondez-lui: Ce sera, Sayyidî,grâce à ta baraka. » Quand ils furent en présence, il dità celui qui les avait amenés: « ün faqîr qui amène desfidèles vaut mieux qu'un faqîr qui répand l'affection pourle Chaikh. » Puis il se tourna vers les gens venus auprès delui et leur dit: « Comment est votre rivière? Est-ce qu'ellepeut faire tourner un moulin r» Ils lui répondirent: « Oui,elle peut le faire tourner grâce à ta baraka. » Il dit alors:« Elle le fera tourner. » Quand ils retournèrent chez eux,ils trouvèrent le wâdî plein d'eau: il suffisait à faire tournerun moulin et davantage.On peut encore citer le miracle suivant. Le Raïs Aboù'Abdallah Mouhammad Al.Hâdj ordonna aux tribus berbèresde se bàtir une qaçba dans un endroit situé près duvillage de Guert. Ils y tracèrent donc le plan de la constructionet commencèrent à la bâtir. Mais cette constructionnuisait au village. Aussi quelques-uns de ses habitants


<strong>ARCHIVES</strong> MAROCAL'ŒSallèrent se plaindre au Chaikh, que Dieu soit satisfait delui. Il leur dit: « Est-ce que la construction est commencée?» Ils répondirent affirmativement. Il leur dit alors:« Il n'en sera pas ainsi; ils n'achèveront jamais ce qu'ilsont commenc0. » Cette conversation fut rapportée au Haïsl\louhammad AI-Hâdj, qui en fut très irrité. Il ordonna auxgens occupés à la construction de la qaçba de commencerpar construire une maison pour lui. confirmant ainsises premiers ordres et tendant à ne tenir aucun comptedes paroles du Chaikh. Ils commencèrent donc à construire,mais les gens de la région manifestèrent de l'oppositionct les empêchèrent de la construire; de ce désaccord.ils en arrivèrent bientôt il se battre. Finalement ils empêchèrentla construction de la maison, qui resta inachevée.Tout se passa comme l'avait dit le Chaikh, que Dieu soitsatisfait de lui.(Page 204· \On cite encore ce miracle du ChaikhUn groupe de gens appartenant à la tribu des Ait 'Attàbvinrent lui renclre visite; ils faisaient partie de ses lidèles.D'autres membres de cette tribu les arrêtèrent en route. Ilsavaient besoin de pluie. Ils leur dirent: «Par Dieu. si vousne nous amenez pas la pluie, c'est-il-dire si vous ne la demandezpas et si elle ne tombe pas gràce il votre Chaikh,nous vous lapiderons. » Ceux-ci allèrent alors trouver leChaik et au moment où ils allaient le quitter lui dirent: «0Sayyidi, les gens de notre tribu nouS ont chargés de te demanderde faire tomber la pluie, dont ils ont besoin; ils nousont menacés de nous'Iapider si elle ne tombait pas.» Il leurdit alors: « Qu'est-cc que c'est que cela? Est-cc que c'estMouhammaJ (c'est-à-dire lui-même qui ordonne il la pluiede tomber?» Ils lui dirent alors: « 0 Sayyidi, demande àDieu cette gdcc pour nous. car nous avons honte de retournerauprès des gens de nlltre tribu sans rien. ()ll:tnd ils eu-


ent suffisamment insisté, il fut pris du hill ct il leur ditalors: « Levcz·vous et allez il Ici sanctuaire et dites: Nousapportons notre requête par l'intermédiaire du Sayyid desHidjàl et nous implorons la générosité du Maître des Maîtres.,> Ils se mirent en marche en prononçant cette phraseet ils allèrent là où il leur avait donné l'ordre d'aller. Itsn'étaient pas encore arrivés, que Dieu leur avait accordé lapluie qui tomba en abondance gràce à la baraka du Chaikh.que Dieu soit satisfait de lui!(Apophtegmes de ce personnage.)Parmi les apophtegmes du personnage dont nous écri­,'ons la biographie, on peut citer les suivants: «II y a troi'sortes de larmes: les larmes qui viennent des poumons.quel'on verse quand on aéprouvé une injustice; les larmesqui viennent du foie, que l'homme verse à la mort d'un deses parents et quand son chagrin est profond; les larmes quiviennent du cœur, qui proviennent de la peau et de la chair.ce sont celles que la crainte de Dieu fait verser. Dieu, qu'IIsoit exalté, a dit: « Peu Il peu leurs peaux et leurs cœurss'adoucissent au souvenir et à la parole de Dieu f. »Autre apophtegme de ce personnage, que Dieu soit satis·fait de lui: « Si l'homme apprend un métier et y acquiertune grande connaissance, et qu'ensuite il ne le pratiqueplus, il ne recevra aucun salaire: il en est de même pourla science et pour le hâl, et autres choses analogues. Si ce·lui qui les possède ne s'y applique point et ne les pratiquepas, il n'en tirera aucun profit. »;\utr~ réflexion. au sujet J'une parole du Prophète. qw.'Dieu lui accorde la bénédiction et le salut. « Celui qui croit«en Dieu et au jour du jugement dernier doit bien traiterses hôtes. » Le Prophète fait ici allusion aux 3ngesqui ,"ont1,1)011\'1, \\\1::\, \'. 2~, TraduClior. J..:. ... SDIIIISKI.


ARCHIVER <strong>MAROCAINES</strong>et viennent nuit et jour auprès des croyants. Leur fairebon accueil est une belle action, car ils se réjouissent etles hôtes ont sur toi l'opinion que tu leur en donnes. Ilest préférable qu'ils répandent une bonne opinion sur toi. »Autre réflexion: « Si un homme met de la buée sur sonmiroir, il perd son éclat. Il en est de même du croyant s'ilest content de lui, ses lumières et son influence s'en vont,et son état de grâce en est diminué. »Autre réflexion: « La peau gonflée ne peut être tannéejusqu'à ce que la dilatation ait dispau. Il en est de mêmede l'orgueilleux; rien ne le touche tant qu'il n'est pas débarrasséde son orgueil. »Autre réflexion: « Les souillures d'un vêtement ne disparaissentqu'avec du savon. Pour l'homme, ses mauvaisesactions ne seront pas effacées tant qu'il n'aura pas unChaikh sûr. »Il dit (que Dieu soit satisfait de lui !) : « Le Prophète,que Dieu lui accorde la bénédiction et le salut, m'a dit:« Prends soin de mon peuple.» Je lui demandais: « 0 Prophètede Dieu, comment ferai-je? » « Enseigne-leur la formule:Il n 'y a d'autre Dieu que Dieu et Mouhammad estle Prophète de Dieu; il n'y a pas aujourd'hui de meilleureformule et qui soit plus profitable. »(Page 205.)Il a dit également, que Dieu soit satisfait de lui: « Il y ades étoiles au ciel et des étoiles sur la terre; c'est ainsi queles anges qui voient les croyants sont les étoiles de la terre;il yale tonnerre du ciel et le tonnerre de la terre: les angesentendent les cris de l'opprimé comme nous entendons lecri du tonnerre. »Notre Sayyid et grand-père, que Dieu l'ait en Sa miséri·cordes, a écrit de sa main toutes ces réflexions et nous lesavons transcrites.


NACIlIl A L-MATIlJ\Ni5,Le Sayyidî MOHha11lmad Al-Qantrî A l-Qaçd.Le Faqîh, instruit dans des sciences nombreuses, le lettréAboû 'Abdallah l\louhàmmad ben Mouhammad ben 'Ali AI­Qantrî Al-Qaçri, mourut à Al-Qçar le r8 de Dhoûl-Hidjdjade l'année 1062 (20 novembre r65r). Il est mentionné dansles A{hâr al-BoHslân au nombre de ceux qui étudièrentauprès du Chaikh Aboû Zaïd Al-Fâsi, 'Abd Ar-RahmAn.Le Faqîh Sayyidî Mouhammad ben'Abdalla!l.Le Faqîh Aboû'Abdallah Mouhammad ben'Abdallah futKhatib de la ,\losquée de Bâb al-Djisa (GuÎsa).ÉVÉNEMENTS DE L'ANNltE 1062 (J.-C. r65r-r65ùC'est au cours de cette ann~e que mourut Aboûl-'AbbâsAs-SawrÎ. Au mois de Radjab (juin-juillet) les Fouqahâ serendirent à la Zâouïa de Dilâ pour demander l'aide de sonchef, Aboû 'Abdallah Mouhammad Al-Hâdj Ad-Dilâï, afind'empêcher les Hayâïna de piller, de voler et d'assassiner.Il avait déjà reçu à ce sujet une lettre des Imâms de cetteépoque, disant qu'il était nécessaire de combattre les gensde cette tribu. J'ai lu une grande partie de cette lettre. \Ilesattaqua donc avec ses cavaliers et ses fantassins et les miten déroute dans les premiers jours du mois de Ramadân(août-septembre).5


ARCIIIVES MAIIOCAINE5ANNÉE 1063 (J.-C. 1652-1653).L'/IIlLÎIIl Sa)~l'idîAfouha 111 lIlad Aclz-Chérîj A l·' Bou'nan;.L'Imâm, le Hàfidh considérable, le traditionniste, lemaître instruit, excellent, le célèbre Aboû 'Abdallah '\louhammadAch-Chérif AI-Bou'nanî est ainsi qualifié dansles A,hâr al-BoCtsiân. Il est compris parmi ceux qui étudiè·rent auprès du Chaikh Aboû Mouhammad 'Abd Ar-Rahmânet qui tirèrent profit de son enseignement. On dit dans cetouvrage qu'il expliqua avec lui le Çahîh de Boukhârî mot àmot; il suivit ses cours pendant plusieurs années et fut di·plômé deux fois par lui.Il naquit en l'année 988 ou J'année suivante (1580-1582)et mourut au mois de Cha\vwâl de J'année 1063 (août-septembre(fj53). L'lmâm, l'ascète, le pieux, le vérificateur,Sayyîdi Ahmad ben Ali As-Sousî, a mentionné dans sonlivre Je Badhl al-Mounâça!w fi fi'l al-Afouçâfaha que lepersonnage dont nous' écrivons la biographie fut un deceux qui l'appelèrent auprès de lui. Il vante sa noblessechérilienneet son savoir: Il m'a entretenu, dit-il, celui quipossède la science de la ycrtu la plus parfaite, qui l'enseigneà Fès al-Qadîm et à Fès al-DjaJîd, le frère en Dieu, le plusnobh.~ personnage, le Chérif le plus élen~, celui qui est dela race des Chaikhs par les diplômes et par la notoriété,San'id, l\louhammad ben Mouhammad connu sous le nomtL\I-Dou'nanî, Dieu nous a montré à lui et à moi la voiedu pardon par des marques visibles, etc.Dans le Minah al-Badl)'a qui traite des traditionnistesillustres du savant, instruit dans les sciences, l'historien,le çoûfi Aboù'Abdallah Sayyidî '\louhammad,fils du Chaikh,du Héitith Sayyidî 'Abd Ar-Rahmàn ,\I-Fâsî, il est dit que


NAemI AL-MATfl.\xi .... ",son père Sayyidi 'Abd Ar-Rahmàn se distinguait de sor;frère germain Sayyidî Mahammad en ce qu'il étudiait auprèsde Chaikhs, tels que le personnage dont nous écrivon~;(Page 206.)la biographie, et lorsqu'il énumère les Chaikhs auprè~;desquels son père s'instruisit il s'exprime ainsi: « (Il étudiaavec Un tel et Un tel) et avec Aboûl-Falâh Mouhammadben Mouhammad ben Solaïmân ben Mançoùr ben'Ali :\ch-Chérîf Al-Bou'nanî. Tels sont les détails contenusdans cet ouvrage. »L'lmàm Aboû Sâlim AI- 'AY~'âchî dit dans sa Falzarasa ausujet du personnage dont nOus écrivons la biographie :


no ARCIIIVES }IAHOCAIXESAs-Sidisatânî 1 Al-i\larrâkchî, que Dieu l'ait en sa mlsertcorde,soit satisfait de lui et nous rende profitable ses connaissances,amen, fit trois voyages en Orient. Il resta denombreuses années en i':gypte et au Hidjâz. parcourut laPalestine et fit plus de vingt pèlerinages. Je le rencontraien Égypte en l'année 1059 (1649-1650) et je l'accompagnaijusqu'au Maghrib à son retour. J'ai étudié auprès de luiquelques-unes des C/zamâïl. Il m'enseigna le dhikr à Biskraet medonna des diplômes relativementà toutes les matièresdes deux Sciences que j'avais étudiées et les rédigea plusieursfois de sa propre main.Parmi ses Chaikhs on peut citer le savant de son époque.le Chaikh Aboûl-Amdâd lbrâhim AI-Laqqânî, le Chaikh'Abd Ar-Rahmân AI-Yamani, le Chaikh Yoùsouf Az-Zarqânî,et d'autres encore des savants d'Égypte; il eut pourmaîtres le Chaikh Ahmad Al-'Alamî, originaire de Jérusalem,qui lui enseigna la Tarîqa çoùfiste, Sayyidî AhmadBâbâ de Tombouctou et Sayyidî Aboûl-Qâsim ben MouhammadAd-Dar'î. Ce dernier personnage a etudié luimêmeauprès d'Ibn Madjbar, disciple lui-même d'Ibn GhâzÎqui était l'homme de son époque possédant la plus grandedocumentation. Il étudia également auprès d'autres saintspersonnages de son pays.Il mourut, que Dieu l'ait en Sa miséricorde, en l'année1063, à Marrâkech.Aboû Sâlim dit à son sujet en parlant des Chaikhs çoufistes:« Il se contentait d'une vie humble, se montraitsatisfait de la vie avec peu; il était d'une très grandesobriété, il vivait très retiré. Il fit de nombreux voyages.. Je me suis entretenu un jour avec lui au sujet de ce quel'on raconte d'après Ibn Marzoûq et d'autres que l'on entendraitencore le son du tamboursur le champ de bataille deBadr. Il me dit: « Je suis passé à cet endroit vingt-sept fois'. l;autcur du Nachr appelle ce personnage As-SaktanÎ.


NAelll1 AL-MATlIÀNÎfilet je n'ai rien entendu. » Aboû Sàlirn dit encore: « Noussavons qu'il a accompli beaucoup de miracles. » Sayyidll'vlouhammed ben 'AH AI-Filâlî est un de ses disciples. Sabiographie sera faite dans le chapitre consacré à l'annéelogl (1680-1681) et auquel on peut se reporter.Le Chaihh Sa)yidî Ahmad Al-Qalçadî.Aboûl-'Abbâs Ahmad ben Mouhammad AI-Qalçadî AI­Qourachî fut un Chaikh savant qui savait fixer les heuresde la prière, un mathématicien versé dans la science despartages de succession, un astronome. Il fixait les heuresde la prière au minaret de la l\losquée des Qarawiyln à Füs.(Page 207.)Le Hâfidh Aboù Zaïd AI-Fâsî a dit: « J'ai étudié trois foisauprès. de lui l'ouvrage d'AI-Qalçadi, sur les mathématiques,le commentaire des Farâïd de Khalîl, les Rasâilal-Ouslollrlâb UJa-Masâïl fît-llisâb l/lal- Ta'dît (étude surl'Astrolabe; questions mathématiques et astronomiques) ettous les ouvrages qui se rattachent à ces sciences.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1063 (J.-c. ]652-1653).Il Y eut une augmentation des prix des denrées. Le Çà'an-Nabawî valut une ouqiya ancienne, puis une ouqiyaet demie. Quand on fut privé de pluie, les gens se mirent àprier pour la demander. Dieu les exauça et la pluie tomba.Le Khadîr GhaïGn apparut dans le Fahç du Habt. Il entra5 1


';2 AIlCIIIVES ~(AROr:AINESà AI-Qçar après un combat où périrent un certain nombrede notables de cette ville. Les Oulâd Al-Qantrî et d'autresquittèrent la yille. La valeur des nous (monnaie de bronze';a été réglementée.ANNÉE 1064 (L-C. 1653-1(54).Le Faqîh Sa)J'idî Mouhammad ben !smâ'îl Al-Misnâlvî.On dit dans la RiMai al-'A)"J'âchi)"ya: « Le Faqîhintelligent, le savant considérable \Iouhammad ben Ismà'ilAI-i\lisnàwî mourut à Tagrarin. A sa mort, en 1064, illaissa de nombreux lines. Il en fit don par testament autombeau sacré 1 du Prophète, et prescrivit qu'on embaumâtson corps avec de la myrrhe et du camphre, et qu'on letransportât dans la noble ville de Médine, où il voulait êtreenterré. Il léguait à celui qui se chargerait du soin de letransporter trois cents dinars prélevés sur sa succession.1\ possédait un cheval noir d'excellente race qu'il destinapar testament à la guerre sainte. Il affranchit ses esclaveset attribua à chacun d'eux une quote-part de sa fortune.Quand il mourut, ses héritiers observèrent toutes les prescriptionsde son testament. sauf celle qui concernait sontransport à l\lédine. Ils ne trouvaient en effet per:wnne qui\nulût le transporter, car ceux à qui on le demandait pré·1. Le texte du :\"


:"AClIR AL-M.\TlI.iNl'" ~ l>••textaient la crainte 1 que les gouverneurs d'Égypte et duHidjâz ne leur demandent la fortune du mort en \u."anttransporter- son corps du l\Iaghrib en ,\rabie, et qu'ilsdisent: 0,1 ne fait cela (c'est-à-dire on ne transporte ainsile corps) que pour un personnage pos~;édant des richessesinnombrables. Les héritiers l'enterrèrent donc dans leurpays, quoique certaines personnes riches eussent proposéde le tranSpêJrter. Les livres furent conservés un certaintemps où ils étaient, puis les héritiers les transportèrent àAI-Qoul'ia, où ils s'étaient enfuis en les emportant quandils eurent appris que le Gouverneur de la région songeait às'en emparer. Ces livres y restèrent jusqu'au moment (,ÙSayyidî 'AIî, (ils du ChaiUl AI-Houfyàn, entreprit le pèlerinagequelques années plus tard; on les envoya avec lui. ;\cause de cela, beaucoup d'entre eux s'égarèrent. J'en ai vuquelques-uns dans la noble ville de \\édine. J'ai eu sousles yeux également la liste des ouvrages appartenant il ceChaikh qui sont parvenus jusqu'à l\lédine ; j'ai vu la listedes ouvrages qui y étaient parvenus et cette liste ne correspondpas au nombre des ouvrages laissés par le Chaildl.Il m'avait dit lui-même. que Dieu l'ait en Sa miséricorde,un an avant sa mort, lorsque je le rencontrai à Figuîg queles ouvrages qu'il possédait étaient au nombre d'environ/.500. Il en parvint à ,\lédine environ 170.J'ai vu la plupart d'entre eux. Ce sont des livres trèsprécieux qu'il acquit presque tous à Constantinople, et quifurent achetés pour lui par le grand-vizir, à cause d'uneaventure qui lui était arrivée avant son accession au Vizirat.Il avait rencontré le personnage dont nous écrivons labiographie à Bagdad, au sanctuaire du Pôle de cette époque,le Chaikh 'Abd .\I-Qâdir AI-Djîlànî. Ce vizir avait été des-~. Le texte du SM:'" dit: ~Y}I ~)-;..j : celui de la IUh/"t ~ .-'..;;iSY}1 tU; par la cr,\illtc de J'arbitraire des gou\'erneurs ".


64 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>titué par le Sultan de nombreuses fonctions; il redoutaitsa colère et désirait ardemment parvenir à la dignité deVizir. Il dit au Chaikh : « Prie Dieu que je devienne vizir,(Page 208.)et si j'obtiens cette fonction, tu pourras me demander ceque t,u voudras.» Quand Sayyidî Mouhammad ben Ismâ'ilse rendit à Constantinople, il trouva ce personnage investides fonctions de vizir. Il l'accueillit avec empressementdans sa demeure et lui dit: « Que désires-tu?» II répondit:« Il existe dans ce pays . des livres précieux, mais je ne puis,satisfaire le désir que j'ai de les acheter. ,> Le vizir envoyachercher le crieur public pour les livres et lui dit: « Présenteà ce Chaikh tous les livres que tu trouveras. Tu luilaisseras ceux d'entre eux qui lui plairont et viens chez moien toucher la valeur, pour payer le vendeur ». II en futainsi tant qu'il resta à Constantinople.Ce personnage était en tous points extraordinaire. Ilavait acquis des connaissances étendues dans les sciencesjuridiques et il n'était pas moins favorisé relativement auxgrâces divines. Il parcourut les différents pays d'Orient etd'Occident; il ne laissa ni le Maroc, ni l'Ifriqiya, ni le Soudan.Il resta au Caire environ sept ans, du vivant duChaikh AI-Laqqânî. Il m'a dit avoir étudié entièrement septfois le Moukhtaçar à la Mosquée d'Al-Azhar et avoir été ledisciple des Chaikhs de cette époque. Il vécut à la Mekkeet à Médine un certain temps; il parcourut le Yémen, où ilse fit pasier pour le Mahdi ou se donna un titre à peu prèssemblable. Ce n'est pas tout; il voyagea dans l"Irâq et restaun certain temps à Baghdâd où il fréquenta rÉé'ole duChaikh'Abd AI-Qâdir, à la Tariqaduquel il se rattacha;il fit partie de ceux qui suivaient ses préceptes. Il quittaensuite cette ville pour aller à Constantinople. Dans toutesces contrées il proclamait tout ce qu'il avait dans l'esprit,


NACIIR AL-IIIATII,Î.Nisans craindre ni Sultan, ni personne. Il gagna ensuiteTarâboulous par l'Europe dans un bateau, en l'année lOGO.C'est à ce moment que je l'ai rencontré à Misrâta, ausanctuaire du Chaikh Zarroùq. Il m'a dit 1: « Il m'a étédonné d'être le soutien de la religion et de publier partoutla formule de conversion à l'Islam. J'en ai été informépar les saints personnages que j'ai rencontré~ et je suisvenu auprès de ce Chaikh pour avoir son autorisation, etj'attends qu'il me la donne. » Je l'ai laissé à cet endroit;plus tard, j'ai appris qu'il etait parvenu dans la région dela mer occidentale et qu'il était allé en pèlerinage à Sayyidî'Abd As-Salâm ben ,\Ilachîch. 1\ resta dans ce pays un cer·tain temps, mais ses projets ne réussirent pas. Ses inten·tions s'étaient déjà manifestées depuis bien des années auSoùs al-Aqçâ, mais il n'avait pu obtenir leur réalisation. Ilretourna alors dans les montagnes des Ghomâra jusqu'àAl-Qoul'ia où il resta un certain temps; il quitta ensuitecet endroit pour aller jusqu'au FiguÎg où il resta quelquetemps. C'est là que je le rencontrai en l'année 1064 (1653­1654). Il me demanda mon aide dans son entreprise, mais ilne rencontra pas auprès de moi l'appui qu'il désirait. Je luiexposai clairement mon opinion, disant que je n'étais pasde ceux qui se mêlent des choses qui ne les concernent pas,ni de ceux qui avaient les moyens de lui apporter leur aidemême pour des choses moins importantes que celles qu'ilambitionnait. Quand il fut ainsi fixé à mon sujet, il manifestale regret d'avoir perdu une partie de sa vie et de sesefforts sans aucun résultat, et il ajouta: J'ai parcouru tousles pays de la terre sans trouver quelqu'un qui pleurecomme moi sur l'Islam. Par Dieu, je n'ai cependant pasmenti, mais il se peut que je me sois trompé dans ce que j'ai1. Le Nachr dit: J\;, la Rih/a dit: JJ\; ; nous avons adopté cette dernièreversion.ARcn. ~IAnoc. - XXIV. 5


<strong>ARCHIVES</strong> MAROCAI1'ŒS(Page 209,)enseigné. J'ai vu le Prophète, que Dieu lui accorde la bénédictionet le salut! et il m'a dit: « Tu es un savant, unhomme riche et un sultan. » Pour la science, j'en ai acquisce que j'ai pu; pour la fortune, je ne possède pas moins de500 dinars ou à peu près, si j'en ai besoin; quant au titreJe Sultan, je l'aurai sans doute dans l'autre monde;j'avais l'espoir de l'acquérir dans ce monde et je ne merepens pas de mon désir, maintenant que je sais que Dieune l'a pas voulu. ~lon intention est de refaire le pèlerinageet la visite des lieux saints. J'irai ensuite m'établir auprès dutombeau du Chaikh 'Abd AI-Qàdir AI-Djîlànî et j'adoreraiDieu jusqu'à ma mort. .le laissai le faqîh A1-~lisnâ\Vî dansce sentiment. Il s'éloigna de \lesrata et se rendit à Tigourarinl, où il mourut. Il pratiquait, que Dieu l'ait enSa miséricorde, la magie et l'alchimie, l'astronomie, et ilracontait lui-même quelques-uns des résultats qu'il avaitobtenus; il serait trop long de rapporter tout ce que l'ondisait de lui à ce sujet. On peut citer parmi ses belles actionsle fait suivant: « Lorsqu'il arriva à Tarâboulous, leGouverneur de cette ville, 'Othmàn Pacha, lui dit: « Demandez-moiquelque chose. » Il lui répondit: « Je désireque vous exemptiez d'impt'ts tous les Chorfà qui se trou\entJans la province, et qu'ils ne payent pas comme les autres,et que vous ayez des égards pour les voisins Ju tombeaudu Chaikh Zarroùq. ,> Le Gouverneur dénumbra tous lesChorfà habitant sa province; il en trom'a 500: il les exemptatous J'impôts et jusqu'aujourd'hui ils n'en p;l\ent auculi,Voilà, certes, une belle action. Il m'a récité ces vers surson regret d'avoir parcouru en vain tant de paysdifrérents:1\ était dans notre d


NACIIR AL-MATIIÂ:'d 6ïsubsistance était dispersée en tous pays. Celui dont la subsistance ne:vient pas à lui, doit aller la chercher. S'il est écrit que quelqu'un doitOlourir dans un pays déterminé, il ne peut pas mourir ailleurs.JI m'a récité également les vers suivants:L'époque est corrompue, comme on peut le roir, et de même sontcorrom pues les mœurs de la li n des siècles.l;n autre a récité également ce vers encore meilleur quele précédent:On dit que "époque est corrompue, mais ce 'l'est pa-s clic qui estcorrompue, ce sont les gens qui sont corrompus.En résumé ce personnage fut \ln homme extraordinaireà son époque, et il n'yen aurait pas eu d'aussi distinguésde son temps en générosité, en esprit. en intelligence eten élévation de caractère, si Dieu ne l'a\aii ~as affligé del'obsession de l'I~mirat, qui lui troublait la tète et qui l'empêchad'avoir une demeure et de se fixer dans un pays.Nous demandons à Dieu la gr:\ce et le pardl1n éternel pourtout ce qui peut nous éloigner de Lui. Telles sont, motpar mot, les paroles d'j\boù Sùlim. Quant à ce que clit lefaqlh ,\l-i\1isnùwl, qu'il a vu en songe l'Envoyé de Dieu.que Dieu lui accorde la bénédiction ct le salut, qu'jllui dit:« Tu seras Sultan », cette vision du Prophète, que Dieului accorde la bénédiction et le salut. pe:lI.hnt son sommeil.(Page 2 In.:est dans les choses croyables. alns! ljU"lil le v(.it dans le,hadiths \ériJiqucs; cl. sel"11 les décisi, ;, des 'Oulamù, Cl'qui est certain c'est qu'il a Hl dan, h \'isi"J1 d'un rêveune forJlle pareiilc ;'1 son corps, que ilieu lui aCCl)rJe labénéJictil1n ct le salut, dans le rllulltk ,les bnt.';m(~s (JU ~Icelle de son esprit dans le monde dèS L'sp:-ils. mais avec desdilll'rL'nces entre cc qu'il Cl vu et le CldpS L't !es traits duPrllp hète tels quï ls étaient.


liBAfiCHIVES <strong>MAROCAINES</strong>Ceci est en opposition avec les dires d'Ibn Siraïn et deceux qui l'ont préc~dé et qui sont d'accord avec lui, endisant que la vision du Prophète, que Dieu lui accorde labénédiction et le salut, n'est véritable que pendant le sommeilsous les traits qu'il avait dans ce monde. Le Çahîh ditau contraire que ce qu'on voit de lui, que Dieu lui accordela bénédiction et le salut! n'est pas semblable à ses traitset, même si la vision était semblable à ses traits, on nela verrait que dans une image et il est certain que l'onvoit le Prophète en songe autrement qu'il n'était pendantsa vie.AI-i\1.azâri raconte que quelqu'un vit le Prophète, queDieu lui accorde la bénédiction et le salut, et qu'il lui ordonnade tuer un personnage dont la mort n'était pas légitime.Dans ce cas c'est une vaine apparence qu'il a vue etnon pas une forme véritable, et d'après lui il est possibleque ce soit une apparition du m0nde des fantômes ou dumonde des esprits comme l'affirme également l'lmàmAboù Hamîd AI-Ghazzâlî.Le Chaikh AI-Oubbî a dit: Les fouqahâ ne sont pas d'accordau sujet de la vision du Prophète, que Dieu lui accordela bénédiction et le salut, s'il ordonne de tuer quelqu'unqu'il n'est. pas légitime de tuer. Les uns ne l'admettentabsolument pas; d'autres disent qu'il ne s'agit que d'unfantôme. Interprétez vous-même. Oubbî, à la suite d'autresquestions, dit qu'AI-Qirâfî a dit: « Les fouqahâ ne sont pasd'accord sur le fait suivant. Si le Prophète, que Dieu luiaccorde la bénédiction et le salut, dit à celui qui le voit ousonge: «Ta femme est répudiée trois fois », et que celui-cisache ne l'avoir pas répudiée trois fois, sera-toit obligé dela répudier trois fois, puisque le Prophète, que Dieu lui accordela bénédiction et le salut, dit toujours la vérité, ou bienn'y sera-t-il pas obligé? « AI-Qirâfî ajouta: « Il est évidentque les avertissements donnés par le Prophète, que Dieului accorde la bénédiction et le salut, à quelqu'un pendant


NAcnR A1.-~IATlL~:dla veille ont plus de valeur que les avertissements donnéspendant le sommeil, car il est possible, pendant le sommeil,de se tromper sur la ressemblance plus que de se trompersur la certitude de n'avoir pas divorcé. Très peu de gensd'ailleurs reçoivent de pareils avertissements. En ce qui concerneles apparitions pendant le sommeil, elles ne peuventêtre certaines qu'aux yeux des rares personnages qui connaissenttrès bien les traits du Prophète, que Dieu lui accordela bénédiction et le salut. Il faut alors se conformerà l'opinion qui l'emporte. » J'ajoute cette anecdote. On ditque tandis que le Chaikh, le Faqîh Ibn AI-Barâ, faisaitson cours à la Mosquée AI- 'Atba à Tunis, un homme vintà lui et lui dit: « J'ai vu hier le Prophète, que Dieu lui accordela bénédiction et le salut; il m'a dit:« Dis à un tel dete donner un vêtement.» Le Faqîh lui répondit: «Le Prophètem'a dit tandis que je ne dormais pas, de ne te riendonner. » L'homme s'éloigna et se rendit chez le Saint Aboû'Abdallah connu sous le nom d'AI-Maghribî, qui habitaitnon loin de la ~1.osquée. Celui-ci lui donna le vêtement. Onlui dit alors que cet homme avait menti. Le Chaikh dit:«Si j'avais vu que cet homme était sincère, je lui auraisdonnéune fortune.» Telles sont les paroles d'AI-Oubbî. Il en est demême relativement au songe du personnage dont nousécrivons la biographie. Les paroles du Prophète, que Dieului accorde la bénédiction et le salut: « Tu seras savant,riche et sultan », se sont réalisées pour la science et la fortune,mais pour la question concernant le titre de sultan,c'est lui-même qui a fait l'interprétation à ce sujet.(Page 2 11.)La cause en est, soit dans l'absence de précision de sesvisions de fantôme comme on l'a expliqué précédemment,soit au fait de suivre ses aspirations plutôt que la réalité.Il désirait une certaine grandeur exceptionnelle au-dessusdes autres par l'élévation de sa situation. En ce qu i concerne


70 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>le monde il a réalisé une partie de son ambition, et nes'en est pas aperçu; quant à ce qui concerne l'autre monde,Dieu seul le sait.I~VÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1064 (J,-c. 1653-1654,'Au cours de cette année mourut l'Emir de Fès SayyidîAhmad ben j\louhaml11ad AI-Hadj Ad-Dilâ'i, le 20 Rabi' al­Awwal (8 février 1654). Son frère Sayyidî 1\1ouhammad luisuccéda - que Dieu leur fasse miséricorde.AN:'\ÉE 1065 (1.-c. 1654-1655).Le ChaiM; Ahmad ben 'Alî SaXyidî 'Abd Ar-Rah11l&nben Ahmad ben '/mrô'n As-SalasÎ.Le Chaikh, le Faqîh, le savant, le traditionniste, leHâfidh, le lettré, l'éloquent Aboûl-'Abbàs Ahmad, fils duChaikh, savant parmi les lettrés et lettré parmi les savants.le Qâdî AI-Djamâ'a Aboûl-Hasan'Alî, fils du Chaikh, duFaqîh. du grammairien, Aboû Zaïd 'Abd Ar-Rahmân benAhmed ben 'Imrân As-Salasî.C'estainsi qu'il est mentionnépar le Chaikh de nos Chaikhs, le Chaikh Aboû 'AbdallahAI-\1isnâ\\"Î, et j'ai copié ce passage écrit de sa propre main.La biographie de son père Sayyidî Ali a été faite précédemment.L'lmâm AI·''{oùsî a dit au sujet du personnage dont


NACIIR AL-~L\TIL\Ni 71nous écriH)os la biographie: « C'était un des plus grands etdes meilleurs savants. » Il ajoute: « J'ai étudié sous sa directionla Koltbrâ du Chaikh As-Sanoùsî, ct son commentaire,que Dieu les récompense. Le Chaikh le vérificateurSayyidî At-Tayyib, fils du Chaikh Sayyidi l\1ahammadAl-Fasi, a dit dans sa Fahl'asa : « Parmi les élèves dupersonnagc cn question, il faut citcr Aboûl-'Abbâs Ahmad.surnornmé lIamdoùn .\I-Mizwâr. » Il mcntionne que lepersonnage dont nous écrivons la biographie mourut enl'année 1065 p6G4-1(65), Le Chaikh AI-l\lisnâwi a rapporté,ainsi que je l'~\i copié sur un texte écrit de sa mainet d'après son cousin, le Faqîh pieux ct praticant, SavyidîAhmad, fils du Faqih excellent Sayyidî Ach-Chàdhili. quecelui-ci avait raconté au sujet de son père, Sayyidî Ach­Chàdhilî, que le personnage dont nous écrivons la biographierendit visite au Chaikh Sayyidi Mouhammad benAboù Bakr Ad-Dilâï. qui lui témoigna les plus grands t'gardset accueillit favorablement sa venue. Pendant son séjourchez Sidi l\louhalllmad, les deux Chaikhs (Dilâï et Châdhilî)et le personnage dont nous écrivons la biographie mangeaienten compagnie chaque soir. ,\ ce dernier le ChaikhAd-Dilâï envoyait ensuite d'autres plats, dans la craintequ'il ne se privàt de manger devant eux par déférence.Un certain soir il lui envoya son dîner comme d'habitude,mais cc dîner ne lui panint pas par suite d'un accident.Quelqu'un en informa le Chaikh: il appela alors le Faqîhen question et l'interrogea; celui-ci répondit qu'en efTet ilne lui était rien parvenu. Il lui dit alors: « Combien y a-t-ilde lettres dans le 1110t' ?» 1\ les compta, et le Chaikh luidonna pour chaque lettre un dinar d'or pour lui témoignersa bienveillance et en plus de l'hospitalité lJu'il lui offrait,sa reconnaissance dc sa visite,Parmi les


72 AnCIIIYES MAnOCAINESnous écrivons la biographie avec le Chaikh Sayyidî Mahammadben Aboû Bakr, il faut citer la suivante: Sayyidî'Mahammed lui dit un jour dans une réunion, tandis qu'ilétait entouré de ses enfants, de ses parents et de ses amis:« Celui d'entre vous qui a de l'affection pour moi fera uncadeau à ce Chaikh, » c'est-à-dire au personnage dont nousécrivons la biographie.(Page 2 12.)Toutes les personnes présentes lui donnèrent selon leursmoyens. Les femmes l'apprirent et chacune d'elles donnace qu'elle put : boucles d'oreilles, bracelets, et autreschoses. La nouvelle parvint au Soûq (marché) et les gensqui s'y trouvaient affluèrent en grand nombre, apportantl'un un cheval, l'autre quelque autre présent, selon leursmoyens. Les gens vinrent en grand nombre comme s'ilsétaient réunis par le crieur public ou appelés par quelqu'un.Telle est la récompense de celui qui parle des choses deDieu et en son nom. Cela se passait à la fin de la journée.Le personnage dont nous écrivons la biographie en futaffligé et dit: « J'aurais préféré que cela arrivât au débutde la journée. » Puis il retourna chez lui comblé de présents,que Dieu l'ait en Sa miséricorde. Telles sont les parolesdu Chaikh AI-Misnâwî, avec quelques modificationsnécessaires, mais qui n'ont pas changé le sens.Ce voyage fut profitable; telle était la manière de fairehabituelle des gens de Dilâ, que Dieu les agrée, avec leurshôtes et avec tout le monde. Nous avons parlé de la générositéde Sayyidî Mahammed ben Aboû Bakr dans sa biographie.Aboû Zaïd 'AbdAr-Rahmân ben 'A lî A {-Zanaqî.Le professeur Aboû Zaïd 'Abd Ar-Rahmân Az-Zanaqî"était, d'après les A{ltâ,- al-Boûstân, de ceux qui profitèrent


NACIIR AL-MATlIÂNÎde l'enseignement du Chaikh, de l'élu de Dieu, Sayyidî 'AbdAr-Rahmân AI-Fâsî. Il ajoute qu'il mourut le 7 Radjabde l'année 1065 (13 mai 1655).ÉVÉNEMENTS DE L'ANNltE 1065 (J.-c. 1654-1655).Les habitants de Fès dirigèrent une expédition contreles Beni-Zarwâl. Ils quittèrent Fâs le 9 de Dhoûl-Qa'da(10 septembre 1655) et retournèrent le 22 du même mois(23 septembre). 'AI-Abbâs, fils de Mahammad Ach-Chaikh,fils de Zaïdân ben Ahmad AI-Mançoûr, mourut; c'était ledernier-né de la famille, et avec lui la dynastie saadiennes'éteignit.ANNÉE 1066 (J.-C. 1655-1656).Le Chaikh Sayryridî Ahmad ben 'AbdAç-Çâdiq As-Sidjilmâsî.Le saint, le vertueux, Aboûl-'Abbâs Sayyidî Ahmad benAbd Aç-CâdiqAs-Sidjilmâsî, habitait Ar-Ratb; il fut enterréà AI-Batatha. Il avait reçu l'enseignement de Sayyîdi'Att At­Goumi, disciple de Sayyidî 'Abd AI- 'Azîz ben 'Abd AI-Halîm.enterré au Tafilelt, disciple de Sayyîdi Aboût-Tayyib enterréà Maïsour, disciple de Sayyidî'Abdallah AI-Khayyât enterréau Djabal Zarhoûn, disciple de Sayyidî Ahmad ben Yoûsouf6


71 ARCIIIVES MAROCAI;';ESAr-Rachîdî 1, disciple du Chaikh Zarroûq. C'est ce qui estrapporté par la Tohia et son abrégé; le personnage dontnous écrivons la biographie est très célèbre; il eut beaucoupd'adeptes, sa sainteté et ses miracles étaient notoires et bienconnus de ses compatriotes et des autres hommes.Il mourut en l'année 1066 (1665-1666).Le Sailli Sa)yidî Ahmad ben '.1 ml' A ch-Charîf.Le saint célèbre et le grand illuminé, Sayyîdi Ahmad ben'Amr Ach-Charîf, est enterré à l'intérieur de Bab al-Guîsa,l'une des portes de Fès al-Idrîsiya. Sa raouda est en face dela porte Est de la mosquée du vendredi. L'auteur du A1aqçada dit: « C'était un saint célèbre et simple d'esprit; il prévoyaitsouvent l'avenir et accomplissait beaucoup de miraclesdont les merveilles était évidentes. L'oncle de notre père,que Dieu lui fasse miséricorde, a dit: « Il naquit (le persollnagedont nous écrivons la bjogr~phie)simple d'esprit, maison ne lui connut pas de Chaikh; tous \cs habitants deFès étaient d'accord pour reconnaître sa sainteté; les gensplus particulièrement désignés pour la reconnaître en témoignaielltégalement. »(Page2f3.)Tels sont les renseignements que J al copies sur sonmanuscrit. L'auteur du Maqçad dit encore: « Il rencontra(le personnage dont nous écrivons la biographie) notreseigneur Ahmad ben 'Abdallah. C'était au temps de sajeunesse. Il lui mit les mains sur les yeux et les ouvrit l'unaprès l'autre, en écartant fortement ses paupières, indiquantainsi, que Dieu lui fasse miséricorde et nous le rendeprofitable, que sa compréhension de\'ait être large ct pro-1. Cest le plltron de Milillnllh, où il est enterré.


NACIIR AL-MATII.\NÎfonde. Un jour, pendant sa jeunesse, il lui envoya une bellelampe en verre remplie d'eau, avec une mèche, une monturede plomb dans laquelle se trouvait la mèche, et unechaîne pour suspendre la lampe 1. Il dit à celui qu'il chargeaitde l'envoyer: « Donne cette lampe à Sayyidî Ahmadben 'Abdallah.» Il voulait indiquer que Dieu disposait pourlui des lumières et des secrets et qu'il serait une lampequi éclairerait les créatures et qu'elles profiteraient de seslumières. Les choses se passaient exactement comme il lesavait prévues. » Telles sont les paroles du A1aqçad. L'auteurde cet ouvrage ajoute: «Sayyidî 'Ahmad ben 'Amr allaà la Zàouïa cIe notre seigneur l\louhammad ben'Abdallah etdemanda où était le (fIs de celui-ci. II tenait à la main un sacet demanda qu'on le donnât à Sayyidl Ahmad ben' Abdallahpour qu'il y mît de l'argent. On raconta la chose auChaikh Sayyidî l\louhammad, que Dieu lui fasse miséricorde.qui dit à son fils SaY)'idî Ahmad: « Réponds-lui: Jesuis riche et je n'ai pas besoin de ce sac.» Il voulait dire quece que Dieu lui m'ait donné de sainteté et dont il devait l'informer,valait bien davantage et était bien préférable au donqu'il voulait lui faire. J'ai entendu notre seigneur Ahmadben 'Abdallah raconter cette histoire, et il ajoutait: «C'estégalement ce que je possède moi-même aujourd'hui. »Ce récit se trouve également dans le Alaqçad. Selon ceque nous avons entendu dire par quelques-uns, le personnagedont nous écrivons la biographie donna au FaqîhSay.'-idl Mouhammad ben Mouhammad AbOlI 'Jnân j\ch­Charif un fagot de bois de palmier. Or, il est d'usage des'appuyer sur une branche de palmier comme sur unbâton.Il y avait là un symbole. Ses enfants furent chargés deprononcer la hhotba dans les mosquées de Fès et ailleurs:et le khatÎb s'appuie durant la khotba sur un bâton. /1J. " s'agit d'une lampe de mosquée, sorte de grande veilleuse en verre.


76 <strong>ARCHIVES</strong> IIlAROCAINESarriva que les enfants de Sayyidî Aboû 'Jnân comptèrentautant de hlzottâb qu'il y avait de branches de palmierdans le fagot et quand ils eurent fourni autant de hlzottâbqu'il y avait de branches de palmier, leur famille n'enproduisit pas davantage.Sayyidî Ahmad ben 'Amr est l'auteur de plusieurs mirac1es:entre autres, il entra dans une maison, car à Fâs c'étaitson habitude d'entrer dans les maisons et personne n'avaitpeur de lui, car il était faible d'esprit et irresponsable, et lesgens connaissaient sa sainteté grâce aux miracles qu'il avaitaccomplis et qui étaient célèbres.Il s'assit donc dans la maison où il était entré, sur unpetit matelas neuf. La maîtresse de la maison eut peur de levoir assis sur son matelas, pensant qu'il avait des poux etqu'il en laisserait au matelas. Il sortit à la hâte et Dieuenvoya aussitôt des poux dans cette maison. Il y en eutpartout, dan~ les tapis et dans les vêtements. La femmeréfléchit et comprit que ce malheur lui était arrivé pourles mauvaises pensées qu'elle avait eues sur le saint personnage.(Page 214.)Elle fit part de ce fait à l'un de ses proches: celui-ci allaauprès du Chaikh pour le ramener à la maison et pourlui demander pardon. Quand l'homme fut auprès delui, le personnage dont nous écrivons la biographie s'enfuitpromptement en disant et en répétant: « Ahmad ben'Amr a des poux. » L'homme ne put jamais l'atteindre, caril s'échappait dès qu'il le voyait. Il continua à le rechercherpour le prendre à l'improviste parce qu'il savait qu'il étaitla cause que la maison était pleine de poux. Or, Dieu nedevait le délivrer de ces poux que par son influence. Ilrencontra enfin Ahmad ben 'Amr un certain jour; celuicil'accueillit avec bienveillance et l'accompagna à la maison;il fit asseoir le saint sur le meilleur tapis en lui faisant


NAcnR AL-lIIATlLÎ-N! 77ses excuses. Dieu, qu'II soit exalté, éloigna alors les pouxde cette maison.Il entra un jour dans la maison de l'un de nos ancêtres,no~;-e seigneur Aboû 'Abdallah At-Tayyib,qui habitait àce moment à Râs al-Djanân, un des quartiers de Fès al­Qarawiyîn, et il se mit nappeler une vieille femme quise trouvait là, par son nom; lorsque la femme de l'aïeuldont nous venons de parler l'entendit, c'était la vertueuseSayyîda Fâtima, fille de Sayyidî Hamdoûn Ach-ChaqqoûriAI-Andaloûsî, elle lui envoya une petite esclave qui se nommaitYâqoût pour lui souhaiter la bienvenue j or cetteesclave était atteinte d'une légère maladie et quand illa vit,il lui dit et répéta à plusieurs reprises: « MalheureuseYâqoût, herbe de mort. » Il avait prononcé cette paroleprophétique au coucher du soleil et le lendemain soir n'étaitpas encore arrivé que Yâqoût était morte, selon ses prévisions.Les paroles du personnage en question avertissaientdonc la Sayyida de la mort prochaine de son esclave, pour lalui rendre moins pénible, quoique toute créature soit uneherbe mortelle.Deux mois avant que notre aïeul At-Tayyib mourût, lepersonnage dont nous écrivons la biographie lui disaittoutes les fois qu'il le rencontrait: Le temps de la moisson approchait. Il faisait tous sesefforts pour repousser celui qui le tenait et lui répétait:6 •


<strong>ARCHIVES</strong> lIIAHOCAINES« Laisse-moi. » Mais l'autre lui répétait: « Je ne te lâcheraIpa~ avant que tu ne m'aies donné l'assurance que je tedemande. » Alors le personnage dont nous écrivons labiographie répondit: « Je la garantis sur ma tète. » Et ilse frappa le front de la main. L'homme le renvoya aussitôtet dit en se réjouissant: « Il s'est porté garant de la moissonde cette année. Effectivement, il en fut comme il l'avaitdit. A Fès, sa sainteté était reconnue par tous. Il mouruten l'année 1066 (1655-1656), ne laissant pas d'enfants, et onne connaît personne ayant des liens de parenté avec sesparents ni avec ses proches; on ne sait pas davantage àquelle Tariqa il appartenait. (Son tombeau) lui a été accordépar Dieu auprès de l'un des saints de Fès, Sayyidî 'OmarI\ch-Charîf; sa Raouda est à Çari\va, quartier de Fès al­Andalous; elle est vis-à-vis de la Raouda de Sayyidî Aboû(Page 215.)IJhâlib; (Aç-Çariwl) une route seulement les sépare. CeSayyid Omar était Chérif Hosainîj il y a à Fès des gens quiappartiennent à sa famille.Le Chaikh Sayyidî 'AU AI-OlldjhollrÎ.Le Grand 1mâm, le savant célèbre Aboùl-llasan Sayyidî.\Ii .\l-Oudjhoûri AI-iüiçrî, est l'auteur d'un commentairec:oll1plet du Afollhhtaçal- de K.halil l ; c'est un des ChaikhsJu droit et du Çoulisme, c'est un guide puissant.Le Chaikh Aboû Sâlim AI-Ayyâchî a dit dans sa Fallrasa:(, Le premier Chaikh qui~m'a diplômé et dont j'ai reçul'instruction en Égypte était le Chaikh, le Faqih âgé etillustre, égal à ses ancêtres, le sceau des traditionnistes,Jont les bonnes actions sont connues, le Chaikh l\lalékite1. ,\I-OuJjhouri a rait trois commentaires de Khalil : l'un en dix, l'autreen cinq ct le troisième en dtlux volumes. - lUDJi KILlLÎf.l, t. li, p. 401.


NACHR AL-MATlLÎ.:'.-i ï!ldu Caire, ou plus exactement du monde entier, le ChailhZaÏn al-'Abidîn Aboùl-Hasan Ali AI-Oudjhourî; je l'ai rencontrédeux fois dans sa maison à l'Azbaliya au Caire etj'ai étudié sous sa direction des passages des Thoulathi.nîtde Boulhârî et une partie des 'A chariyât d'Ibn Hadjar,ainsi que les T1lOulal!zixâl d'Ibn :\Iadja, le MOl/salsal bil­Alouçâfalza', ce qu'on a dit sur la formule As-Salâl1lOli'Alaï/wlIlIl, les MOllsalsalât d'Ibn Djouza et la Fâtiha,selon la méthode du Qàdî AI-Djani; il m'enseigna le dhilrdans la matinée du dimanche 23 Chawwâl de l'année 1046et me diplôma pour tout ce qu'il avait appris de ses Chaikhsqui sont trop nombreux pour les nommer.Parmi eux, il a mentionné le Chailh 'Omar ben AI­Djanî, disciple de Djalâl As-Souyoûtî, et quelques Chaikhsde ce même SOYOLltî, comme Chihàb AI-Hidjâzi. Parmieux, il faut encore citer Badr ad-Din AI-Karkhi, disciplede Zakariyâ et du Chaikh ;\louhammad ben Ibrâhim At­Tata'î; parmi eux également, Je Chaikh ,\louhammad benAhmad Ar-Ramlî, disciple du Cbaikh al-Islàm, Zalâriyâ;le Chaikh Çâlîh AI-Boulqîni, disciple de son père Chihàbad-Dîn AI-Boulqînî, disciple du Chaikh 'Abd Ar-RahmanAI-Oudjhouri, disciple d'AI-Qastallânî; le Chaikh "'Iouhammad,\s-Sanoubri AI-MaU.!, disciple du Chaikh 'Abd,\r-Hahmàn ,\I-Oudhjouri, disciple d'AI-Qalqachandi. discipled'Ibn Badjar; le Chaikh Karim Ad-Din .\I-13armouni,le Chaikh Badr ad-Din AI-l.Jirafi, le Chaikh 'Uthmàn ,\1­Ghazzl, les trois derniers, disciples de son grand-père '.,\bdAr-Rahmùn .\I-Oudjhouri. Sa:-'yidi 'Ali .\l-Uudjhouri, nutreChailh, mourut en rannée J()(j6 : 1G55-Ify56}, dans un àgea\'


80 AHCHIVES MAHOCAIN ESLe personnage en question était né en l'année 975 (1567­158) et vécut environ 91 ans. Parmi ses ouvrages, j'ai vuson commentaire de Khalîl et son commentaire marginalde la Risâla, ainsi que l'ouvrage par lequel il commenta leHadith al·/srâ'. Il composa beaucoup d'ouvrages et eut ungrand nombre de disciples j parmi eux, deux commentateursdu Moukhtaçar de Khalîl, le Chaikh Abd AI-BâqiAz-Zourqânî et le Chaikh vertueux Aboû 'Abdallah MouhammadAl-Kharchî; on fera plus loin leurs biographies.On rapporte que le personnage dont nous écrivons la biographie,a décidé qu'il était permis d'aspirer la fumée del'herbe connue sous le nom de tabac, et il a fait un ouvrageà ce sujet. D'autre part, notre Chaikh, le savant, le pieux, levérificateur, le Hâfith, Sayyidî Mouhammad, surnomméAI-Kabîr ben Mouhammad As-Sarghînî, a rapporté d'aprèsle Chaikh puissant, ferme et vertueux, le savant, le vérificateur,Sayyidi Aboû Bakr ben Mouhammad ben AI-Khàdim(Page 216.)Ad-Dilâï qu'il avait lui-même entendu dire à l'un des compagnonsdu Chaikh Ali AI-Oudjhourî, le Chaikh AhmadAt-Tourkî, qu'il avait entendu dire par le Chaikh Ali Al­Oudjhourî dont nous faisons la biographie, qu'il était revenudans la suite sur sa décision et qu'il avait décrété qu'il étaitdéfendu de fumer. Ce qui est dit au sujet de cette questionest très long et nous ne nous y étendrons pas ici. Dieu estnotre guide.Le Chaikh Sayyidî Sa'îd Qaddoftra.Le Chaikh savant, le vérificateur, le moufti de l'Islam, leKhatîb, Sayyidî Sa'îd connu sous le nom de Qaddoûra filsd'lbrâhÎ!T!' habitait à Alger et était né à Tunis. C'était un


NAClIR AL-lIIATlL\Ni 81des Imàms les plus stricts, auteur d'un commentaire surle Soullâm, ouvrage de Logique, et d'un commentairemarginal du Char'h de la ÇOllhgrâ du Chaikh As-Sanoùsî;il fit, que Dieu lui fasse miséricorde, tous ses efforts pourrendre clair son commentaire du Soullâm, et il s'est distinguépar cet effort.II étudia, que Dieu lui fasse miséricorde, auprès de Sa'îd,AI-I\laqqarî et d'autres, Parmi ceux qui reçurent son enseignementil faut citer son fils le Chaikh Aboû'Abdallahdont on fera plus loin la biographie s'il plaît à Dieu; SayyidîAboû Mahdi 'Isâ Ath-Tha'labi étudia également auprès delui. Le personnage dont nous écrivons la biographie mourutau mois de Cha\vwâl de l'année 1066 (1655- \656).ÉVÉNK\lENTS DE L'ANNÉE 1066 (J.~C. 1655-1(50).On n'accepta plus les flous 1 à Fès, et leur cours fut rétablipar des arrangements équitables. C'est au cours decette année ou de l'année précédente que fut restauré parSayyidi Aç-Caghîr ben AI-Qâdî avec l'argent dont il avaithérité, le tombeau du saint célèbre Sayyidî Alî Aç-Cinâhdjîqui est situé entre Bàb al-Hamrâ et le Moçallâ de Fès.l, Flous, monnaie de billon dont le cours a souvent varié au Maroc: c'estune subdivision de la moùzoùna, dont il y a 40 au mithqâl. Il y a eu suc~cessivement 48, puis 2-1 flous à la moùzoùna : il y en a aujourd'hui fi.Allcn, MAnoe, - XXI\", 6


<strong>ARCHIVES</strong> ~L'nOCAI"ESANNÉE [067 (J.-C. [o5G-I657.i.Sayyidî Mouhallllllad ben AbolÎ Bahr 'Ay)"âch.Le Sayyidi vertueux, doué de la baraka, le vieillard Aboû'.\bdallah .\lohammad ben Aboû Bakr 'Ayyâch, était originairede la région de la '\Ial\\'iya. L'auteur de la Tohfaa dit: « C'était la source où venaient s'abreuver les visiteurs,qui prolitaient de sa baraka, le soutien des faibles etdes pauvres; il mourut en l'année 1(1)7 ([656-[657); il avaitreçu l'enseignement du Chaikh Aboûl-'Abbâs Ahmad ben.\louhammad connu sous le nom d'Ibn Adhfal Ad-Dar'î,enterré dans le Dra'.Un "appelait aussi Saousanî, nom d'urigine de Saousàna,\ille de l'Ifriqiya, dans laquelle s'ctablirent quelques-unsde ses ancêtres venus du Figuîg et c'est de "là qu'il avaitreçu ce surnom. Quant au surnom d'Adhfal, on en a parléprécédemment '. Le personnage dont nous écri,'ons la biographiereçut également l'enseignement d'un groupe deChaikhs. Il fut le compagnon d'un grand nombre de genspieux comme le Chaikh dont il "Vient d'être parlé et qui futson municipal maître; c'est à son enseignement qu'il doitll'ètre un Chaikh, élu de Dieu, SaYilllt, vérificateur, connaissantla loi religieuse et la science de la vérification, instruitdes secrets de la Tariqa.Sun rils le Chaikh .\boû Sâlil11, que Dieu soit satisfait delui et qu'il lui donne satisfaction, a dit que son père \'ivaitil l'époque de Sayyidi Aboû Tayyib ;\l-Maisoûri, mais qu'ilne se rencontra pas avec lui: sa mère alla avec lui, rendrevisite au Chaikh J\l-.\Iaisouri, mais le laissa ell arrière. Il1. cr. 1',


l'interrogea à son sujet, ln lui recommanda, la chargea delui faire pan'cnir ses salutations et lui ordonna de l'instruirc.Abou Sâlim ajoute: « .\lon père naquit en l'annéeoù mourut le saint, le vertueux: Sayyidî Ahmad Az-Zaroufnî1 qui lui a donné son nom et ;;, écrit de sa main la(Page 217.)date de sa naissance en l'année 981, au mois de Radjab(octobre-novembre 1573); Sayyidi .\hmad était l'un descompagnons de Sayyidi 'Abdallah .\I-Khayyât. Mon pèrese rencontra également avec Sayyidi AI-Hâdj 'Abdallahben AbolÎ Bakr AI-Filâli, l'un des disciples de Sayyidî AbouAt-Tayyib; avec Sayyidî '\louhammad AJ-Hâdj AI-GhoumâriAI-Filàli et avec SaHidi ;\louhammad ben Mùuhal11madAI-.\lilwanî; avec Sayyid .\\ouhammad ben 'fotls·.)ufAl-.\lilwanî; il y eut entre lui et tous ces personnages,des relations d'amitié, dcs conversations, des discussionsqui témoignent de sa vertu parfaite. Il a rencontré d'autrespersonnages que nous ne connaissons pas, car il n'aimaitpas, que Dieu lui fasse miséricorde, donner des renseignementssur son compte et sur les débtlts de sa vie, en dehorsde ceux qui ont pu lui échapper. La façon dont j'ai puêtre renseigné sur son amitié avec les personnages que je":cns d'énumérer ferait l'objet d'un r0..:it que je ne veux pasfaire.Son compagnon bien connu, c~l\:bre, dont la barakas"~tendit ~l lui d'une manière é"idcnk fut le (:haikh desélus de Dieu de son temps, le gui\.~~ des sanlllts de sonépoque; connu de ceux qui s'appliliuaientà la sciencc, lëlb~nédiction des grands et des fnibles, celui qui;1\


81 AHCIT!VES <strong>MAROCAINES</strong>fit reparaître ses traces qui s'étaient effacées, le Chaikh detout le Maghrib, universellement reconnu comme uniqueparmi ceux de son époque (dont l'exaltation religieuse)allait facilement jusqu'aux larmes, exempt de toute hypocrisieet dédaigneux de la célébrité, SayyidÎ Aboli Bakr benMahammad Ad-Dilâï, que Dieu nous rende profitable sonamitié etqu'il nous fasse suivre la même vie que lui. C'était,que Dieu soit satisfait de lui, l'Imâm de son époque, leflambeau brillant de son pays; il avait adopté la plusgrande partie des qualités parfaites des choses agréables;laissant de côté leurs vices apparents ou cachés. Aboû Sâ­Iim ajoute: « Notre père, que Dieu lui fasse miséricorde,a dit qu'il avait pour lui une estime et une vénérationtrès grandes, et si son nom était prononcé, il y ajoutaittoujours des louanges. Il lui fit plusieurs visites: il medit, Dieu lui fasse miséricorde, qu'il lui rendit un jourvisite en compagnie de mon grand-père maternel. LeChaikh leur dit: « Ne cessez pas de venir auprès de moi,car nous ne pouvons pas voir les saints qui sont morts etceux qui viendront dans la suite ne nous verront pas. Nous\'oulons donc que vous veniez souvent nous voir, car ainsila chaîne ne sera pas interrompue. Ces paroles sont de lapart du Chaikh, que Dieu lui fasse miséricorde, un témoi­~nage que mon père et mon grand-père sont des saints etquant à son fils, le vertueux parmi les 'Oulamâ, le savantparmi les vertueux, l'héritier des deux Tarîqas, le soleil deses coreligionnaires, le flambeau du peuple musulman, Dieua dissipé par les lumières de sa science les ténèbres del'ignorance et il a éteint par l'eau jaillissante de sa justicele feu de l'iniquité; c'était l'Imâm des 'Oulamâ, le Chef dessages, le porte-étendard de la science, celui qui opposaitson savoir à l'influence de l'ignorance, Sayyidî 1\1ahammadben Aboû Bakr, que Dieu soit satisfait d'eux etleur accordesa sollicitude. Leurs vertus resteront inscrites sur les feuilletsde l'histoire, prononcées par toutes les bouches, secrè-


i'iACIIH AL-MATHJÎ.Nitement ou publiquement. II y avait entre lui et mon pèreun lien d'affection et d'amitié très étroit. Leurs bonnesrelations étaient notoires et n'ont pas besoin d'être mentionnées;elles étaient évidentes et ne ne pouvaient être(Page 218.)contestées; la correspondance qu'ils ont échangée et lestermes de leurs lettres en témoignent, établit l'amitié quiexistait entre eux. Mon père, que Dieu lui fasse miséricorde,agissait avec lui comme avec son propre père, par son respectet sa vénération qua nd il parlait de 1ui, par l'estime qu'i1avait pour sa haute supériorité. II lui écrivit un jour unelettre où il fait de lui un très grand éloge; en vérité, cetéloge n'était pas encore suffisant pour un homme aussiconsidérable. Il lui fit, que Dieu soit satisfait de lui, uneréponse dont voici à peu près le sens, et quelques passages:«Je n'accepte pas tous les compliments que vous me faites;vous prodiguez à l'esclave des éloges qu'il est loin de mériter;il ne s'est jamais rapproché d'une telle perfection, àplus forte raison ne l'a-t-il pas atteinte. L'esclave en estheureux, car nous vous considérons comme l'un deshommes justes de cette époque, de ces hommes qui sontgénéralement mal vus à causede leur probité. II a écrit égalementà ce sujet une longue lettre, que Dieu soit satisfaitde lui; cette correspondance montre le lien puissant qui lesunissait, leur intimité et leur amitié. Que Dieu nous lesrende tous profitables. Amen. »Telles sont les paroles du Chaikh Aboû Sâlim, diminuéesde ce que nous avons retranché, et qui est emprunté auMîrâth; c'est tout à fait suffisant car nous avons donnéprécédemment la biographie du Chaikh SayyidîAboû Bakret celle de son fils Sayyidî Mahammad auxquelles on peutse reporter. Dieu est notre protecteur.On lit dans les Mouhâdarât du Chaikh Aboû 'Alî Al·Hasan ben Mas'oûd Al-Yoûsî:« Le frère vertueux, Aboû'Ab-


~Ii ARCJlJVES )\A\WCAINESdallah Mouhammad ben :'lIas 'oùd AI-Aïsà\'.rî m'a dit: « raiété un jour dans un pays du côté de Levant et j'ai passéauprès de l'excellent ~larabout.\boû 'Abdallah "louhammadben AboLi Bakr AI-'Ayyàchi. Jesuisallé lui faire une yi site etlorsqu'il sortit, il s'approcha de moi et me récita les verssuivants:J'ai abandonné ceux que j'avais l'habitude de fréquenter; cet abandon,quand il est rendu nécessaire, n'est pas une mauvaise action. :\eme blâme pas de cet aba!~don, (al' j'ai troU\-é que tout le mal \ientde la société des hommes.Le Faqî1z, Sayyidi, .\foll1zal1lmad ben A1zmadben Ibrâ1zil11 ,·1 d-Dollhhâlî.Le Faqîh Aboû 'Abdallah .\Iouhammad ben Ahmad ben­Ibràhîm ad-Doukkàli, d'une famille connue à Fès, sous lenom de Oulâd ben Ibrùhim .\J-Doukkâlî, qui compte des'Oulamâ et des hommes vertueux; le personnage dont nOLIsécrivons la biographie était lin de ceux-là, et il suppléadans leurs fonctions piusieurs qadis de son époque,I~VÉNE~IENTSDE L'.\N);LtE 106ï (J,-c. 1656'1(57).()n frappa des pièces Je monnaie (Jloûs,' carrées ditesAI-Ac1zqollbiya, et les autres /loùs n'eurent plus cours.C'est pendant cette année qu'eut lieu la surprise et le siègede la ville de Tâza commandée par AI·Koubaïti. QuelquesunsJe ses compagnons furent brûlés et les habitants de1. L'attaque contre T'lza d:lit JlrigL'c rar .\Ioùl,,," .\r-HachiJ.


:'lACIlll AL-lIIA nl.~l\i SIFas avec leurs chefs vinrent au secours de la ville, le moisde Rabî' al-aw\val (octobre-novembre 1658). Cette annéelà,il Y eut une épidémie de bronchites et des tempêtes. Onrestaura le tombeau de Sayyidî Mas'oùd Ad-Drawî, et l'ony grava des vers du Chaikh, du Hàfith, Sayyidî 'Abd Ar­Rahmàn fils de l'Imâm Sayyidî 'Abd AI-Qàdir AI-Fâsî.ANNÉE 1068 (J.-c. 1657-1(58).Le Faqîh, Sa)yidî A[ouha71l11lad ben 'Abd Ar-Rah71lânA l-Aoufî.Le Faqîh, le lettré Aboû 'Abdallah .\louhammad ben'Abd Ar-Rahman Al-Aoufi, est mentionné dans les k:;:hâr(Page 219.)al-RolLslân comme un de ceux qui reçurent l'enseignementdu Chaikh, de l'élu de Dieu, Aboù Zaïd 'Abd Ar-RahmânAI-Fâsi. Il dit que sa mort eu lieu en l'année 1068; c'est aucours de cette année que furent frappées les pièces de monnaiecarrées dite AI-Achqoubiya, à la lin de \louharram '.On avait inscrit sur ces pièces: « Dieu est vainqueur par sapuissance », et les autres monnaies disparurent. Il t0mbabeaucoup de neige à Fès et aux environs, le 3 Djoumâd;îou 5 février (1658) et Ull combat eut lieu entre .\loûlayMouhammad ben Ach-Chérîf et Chalabi à Tlemcen.1. Il a déjà été question de ces pièœs de monnaie dans le cours de l'année1067. Le mois de mouharram étant le premier mois de l'année, il e"lprobable que cet é\"C~nement "Oest produit à la lin Je IOfq et au commencementde IOIlX (octobre-novembre IfiS?I·


<strong>ARCHIVES</strong> MAROCAII'ŒSANNÉE 1069 (J.-C. 1658-(659)'Notre maître Ach-Charîj ben 'A lî Ach-CharîfA s-Sidjil11lâsî.Le Charîf élevé, le guide honnête, le Sayyid de son époque,le père des souverains considérables, notre maître AlîAs-Sidjilmâsî AI-Hasanî, était issu d'une maison noble etcélèbre, jouissant d'une gloire considérable. Il avait un trèsgrand pouvoir et une excellente conduite, il occupait unrang élevé et sa renommée était notoire.Notre Sayyid et grand-père, que Dieu lui fasse miséricorde,a dit dans le Dourr as-SanÎ : « Le premier de cesChorfà est le Sayyid Al-Hasan ben Qâsim, Je dixième ancêtrede ceux qui vivent actuellement.Le Chaikh savant, vertueux, Sayyidi lbrâhîm ibn Bilât,que Dieu lui fasse miséricorde, a mentionné dans son ouvrage,le Minsak, qu'il arriva au commencement de ladynastie des Mérinides, c'est-à-dire vers le milieu du septièmesiècle.« Aboû Mouhammad 'Abdallah ben 'AH ben Tâhir, l'undes descendants de l'aïeul dont nous avons parlé a dit quecet événement s'était produit l'année 664. Leur apparitionétait due à ce fait que les pèlerins marocains au momentdu pèlerinage allaient rendre visite aux Chérifs. Ils avaientpour chef à ce moment un habitant de Sidjilmâsa, et quandIl fit le pèlerinage il se rencontra à cet endroit 1 avecSayyidî AI-Hasan. Sidjilmâsa ne possédait à ce moment.aucun Chérif à demeure et aussi vanta-t-il le séjour de Si·djilmâsa et la vie au Maroc, jusqu'à ce qu'il l'eut décidé à sc1. Il s"agit de Yanboù' An-Nakhl, dont l'auteur parle plus loin.


NACIlR AL-IIlATIIÂNtJoindre à eux et à venir avec la caravane des pèlerins. Leshabitants de Sidjilmâsa furent heureux de le voir demeurerdans leur pays. »Telles sont les paroles contenues dans leDourr as-SantAprès avoir parlé des tombes d'Al-Baqi' t et de la tombedu Sayyid de race pure le chérif élevé, Mouhammadben 'Abdallah ben Al-Hasan ben Al-Hasan ben 'AIî benAboû Tâlib, que Dieu soit satisfait d'eux, l'un des aïeux desChérifs de notre ville de Sidjilmâsa qui l'habitèrent aux premierstemps de la dynastie l\lérinide, l'auteur du Minsahajoute : « Parmi eux il faut citer le Chaikh vertueux, lepieux ascète, le moudjâhid, celui qui a fait beaucoup d'aumônesetconstitué de nombreux habous, l'homme généreux,le chérif, le Sayyid Aboûl-Hasan 'AH ben Al-Hasan benMouhammad ben Al-Hasan Al-Hasanî, enterré dans laRaouda de sa Zâouïa qui se trouve à Sidjilmâsa. » Ici se terminece que dit le Minsak.On qit dans le Dourr as-SanÎ : « Lors de l'arrivée bénie,ils s'établirent d'abord à Sidjilmâsa; ils venaient des lieuxsaints du Hidjâz, d'un village de Yamboû 'An-Nakhl connusous le nom de Banoû Ibrâhîm. »Yanboû' est un endroit où il y a des sources, des palmiers,des cultures sur la route du pèlerinage en venantd'Égypte et dont le nom vient de l'abondance de ses fontaines(Yanabi) qui sont au nombre de 170.(Page 220.)Entre Yanboû' et Médine la noble, que le salut et labénédiction de Dieu soit sur celui qui l'habite, il y a unedistance de quatre jours. C'est dans le village des BanoûIbrâhîm que se trouvent leurs ancêtres bénis, et il y existeencore aujourd'hui quelques-uns de leurs cousins. Il y aune autre Yanboù' qui se nomme Yanboû' al-Bahr; entre1. AI-Baqi', cimetière de Médine.7


~,o AfiCIIIYES l\IAfiOCAI:'i'ESces deux villes il y a une distance d'une journée de marche.Là s'arrête le récit du Dourr as-Sanî. La généalogie dupersonnage dont nous écrivons la biographie a été mentionnéepar un grand nombre d'auteurs: soit dans la Afirdtoù quelques-uns de ses proches sont mentionnés, soitdans le Dourr as-Sanî où ('on parle de lui en prose et envers, soit dans l'Ibtilzddj, etc... Nous l'avons déjà cité dansla biographie du Mufti de Marâkech, Sayyidi AboLI 1\10uhammad'Abd ;\l-\Vâhid dans la première décade de ce siècle.Le personnage dont nous écrivons la biographie mourutle 13 de Ramadân de l'année 106


:-;ACIlIl AL-MATlI.\:-;i 91éloges en grand nombre; il vécut jusqu'à un âge très avancé,comblé d'honneurs et digne de respect, au premier rangJe ses contemporains Jans les sciences raisonnées, leurguide dans les rédactions faites d'après les textes. NotreChaikh Chihâb ad-Dîn Ahmad ben :'louhammad Al-KhafàdjîEfendi était imâm hanafite du Caire, il était égalementimam pour les autres rites, partout, même en dehors duCaire, personne ne le récusait et tout le monde reconnaissaitsa science universelle sans discussion. J'ai suivi soncours sur les Mousalsal bil-AJl!JlJaliFa JlJa al-Alollçâ/'af1awabi- Tachbîk 1, et en en parlant, il plaçait sa main sur Illonépaule. J'ai également étudié avec lui d'autres MOllsalsalâtd'Ibn Djouzî et quelques passages du Djâlllî' aç-Çaghîr deSouyoûtî, des Tlzoulâthîyât du Boukhàri, le hadith 1\ l­'Amal bi'n-Niyal~» les hadîth du Tasbîlz de Bokhàri, les'Ouchârîyat de Ibn Hadjar en entier, les 'Ouchârîyal deSouyoûtî, quelques phrases du SOlman c!'AbcHÎ Dàoud,quelques parties du Tahsîl d'Ibn I\lâlik, la Préface desgloses marginales du Khafâdjî sur AI-Baïdawî, c'est un ouvrageconsidérable et quelques-unes de ses poésies; il medonna un diplôme pour tout ce qu'il m'a fait étudier surtous ses Chaikhs et sur tous ses ouvrages, dont: le com-(Page 221.)mentaire de la Chifâ, les gloses marginales sur BaïdaJl1Î.le commentaire de la DolHTal al-GlzauJJ/lâs de Hariri, sarelation de voyage, son recueil de poésies, etc ... I\hJl1 di·J. .Ifousl1(sal bil-Mollç


ARCHIVER <strong>MAROCAINES</strong>plôme est écrit de sa main. Parmi ses Chaikhs j.J faut citerson père, disciple de Nadjm ad-Din Al-Ghaïti et le ChaikhMouhammad Ar-Ramlî, disciple de Zakâriyâ; Al-'AlqamÎ,disciple Je Souyoûtî, son oncle maternel le Chaikh AboûBakr Ach·Chinwanî et le Chaikh Yahyâ Al-Qirâtî, etc.Le Chaikh dont nous écrivons la biographie a fait ungrand voyage dans toutes les régions du monde; sa réputationse répandit dans le monde entier et il atteignit unegrande habileté dans la vérification des hadiths, telle quepersonne après lui n'a jamais pu l'égaler. Il avait de l'intelligenceet beaucoup de capacité dans toute les sciences, endroit et en philosophie. « Que Dieu nous fasse tirer de savie beaucoup d'avantages et nous rende profitables ses connaissances.Amen. »Parmi ses Chaikhs il faut citer, d'après sa relation devoyage, le savant 'Alî ben Ghânim Al-l\louqaddasî et leChaikh Ahmad Al-Ghayati, que Dieu leur fasse miséricorde.Il visita les deux villes saintes avec son père et étudiaauprès du Chaikh 'Ali ben Djârallah et de son neveu Al­'Açam. Il vint ensuite à Constantinople et étudia auprès deses Chaikhs. Il dit: «J'ai trouvé cette ville peuplée cl 'hommesexcellents et intelligents.» Il ajoute: «Ils sont morts enpeu de temps et il n'en reste plus trace.» La religion devintun amusement et un objet de moquerie. Les sultans et lesémirs en arrivèrent à l'injustice, et se mirent à mépriser les'Oulamâ et à les tuer. Lorsque je retournai une seconde foisdans cette ville après avoir reçu la charge de qâdî militaireau Caire, je vis que le désastre avait grandi et je constataila victoire de l'ignorance. J'en parlai au Vizir. Je pensaique les bons conseils étaient nécessaires ainsi qu'il est dit:Il est Vitir (l'appui du trône) et il n'a pas lui-mêmed'appui pour le soutenir. C'est comme une prosodie dont lebahr n'aurait pas d'eau 1.1. Il Y a là une série de jeux de mots arabes qui sont intraduisibles. Le


NACHR AL-MATHÂNiCes paroles furent cause de ma destitution et de mondépart de cette ville, car on y montrait une haine évidentecontre quiconque avait les habitudes des 'Oulamâ. Celui quidésirait la fonction de juge à ma place ne savait mêmé paslire la Fâtiha. Plus tard, après que Dieu m'eut protégécontre leurs ruses, j'écrivis une lettre à quelques notablescontenant ces vers:J'ai vu l'époque où les sots étaient élevés et où les gens de noblecaractère étaient abaissés.Comme la mer dans laquelle tombe un être vivant qui n'en est pasretiré, il y reste une charogne. Ou comme la balance que chaqueonce fait abaisser ct qui se relève chaque fois qu'on y met un poidsléger.Cette lettre était d'une longueur d'environ deux pages etson but évident était de prouver sa valeur à ceux qui nele connaissaient pas. Il y dit ce qui suit: « Nous avonsentendu dire par les maîtres entre les hommes et leursprédécesseurs l'avaient dit avant eux: « Le bonheur et la« prospérité dans les choses apparaissent dès leur com­« mencement. » D'après un proverbe populaire, la nuit de lafête commence la veille à l'heure de 1"Açr. D'autres proverbesdisent: « Le jour béni commence au matin; le coqest bavard au sortir de l'œuf. »Si un jeune homme atteint 20 ans et n'est an-ilJé à rien,c'est qu'il n'an-ilJera jamais à rien.(Page 222.)Ensuite il dit dans cette qaçida :La vie de l'ignorant est la honte de son époque; la hauteur del'inondation n'atteint pas le croissant de la lune; toute difficulté finitpar s'aplanir. Tout l\lohammad rencontre!Jn Aboû Djahl l .mot bahroun est un terme technique de métrique'; dans le langage courantil signifie « mer ».r. « Abou Djahl était le chef de la tribu des Beni Makhizam. Il était fils delIichàm, qui portait le surnom d'Aboùl-Hikam. C'est le Prophète qui l'avait? •


ARCIIlVES MA ROCA INESIl ajoute ensuite les vers suivants:Rien ne va bien dans une maison où le propriétaire est négligé et quine reçoit l'aide d'aucun ami.Le lion courageux se cache dans la forêt, et les chi~ns ne saventchasser gue les renards.Ensuite il dit:Parmi mes ouvrages il faut citer quarante Rasâïl et les gloses marginalesdu Tafvîl' al-(Mdî en plusieurs volumes, les Hawâchî Ar-Radîet le Djadir 1, le Chal'h ach-Chljâ, etc... ; mes vers sont groupJs dansun recueil.Il mentionne également ses Maqâmât RoCtmix)-a et lesMaqâmât qui terminent sa RiMa.Le personnage dont nous écrivons la biographie mourutselon ce qu'il est rapporté dans la Fahrasa de l'auteurd'Al-Matmah en l'année 1069 (1658-1659)'Le Chaihh Badr ad-Dîn Ach-Charîf A l-Qâdirî.-Le Sayyid, l'Imâm, le savant influent, doué de qualitésévidentes et d'un caractère élevé, le Chaikh de la Tâïfat al­Qâdiriya en Égypte, le Sayyid Sadr ad-Din MouhammadAI-Qâdirî Al-Hasanî, nommé ainsi d'après son origine et saTarîqa, habita et mourut au Caire. C'était un descendant duPôle des Pôles Mouhyî ad-Din Aboù Mouhammad 'Abd Al­Qâdir AI-Djîlânî, arrière-petit-fils d'un fils du Pôle, Sayyidi'Abd Al-'Azîz. Abou Sâlim Sayyidî 'Abdallah 'Ayyâch aparlé de lui dans sa Fahrasa; il le cite parmi les premiersappelê Aboù Djah!. Abou Djahl resta jusqu'à sa mort l'adversaire le plusacharné de MOlhammad. Il fut tué au combat de Badr par 'Abdallah. fils deMas'oild ,.. Chronique de Tabarf, trad. ZOH!lBERG. t. Il. p.511.l, Note de fauteur: II s'agit peut-être de l'ouvrage intttulê : lIâchiyat a/aCharh a/-Faraïd d'AL-DJÀDIRÎ.


NACHR AL-MATIIÀNÎ 9;)de ses Chaikhs qui se distinguèrent dans le Çoufisme et quipratiquaient cette doctrine.Quand il partit en pèlerinage au Hidjâz, il dit ce quisuit: « Parmi les Chaikhs auprès desquels je n'étudiai quele Çoufisme, le meilleur et le plus considérable est mopChaikh,celui qui est mon véritable Chaikh; honorez-le entant qu'lmàrn. Il m'a guidé vers lui et m'a attaché à lui;il est notrè exemple préféré. C'est le Chérif illustre dont lagloire remonte à sa noble origine et ses bonnes actionssont évidentes. Il était le Chaikh des Qâdirites du Caire, leSayyid Badr ad~Din ben As-Sayyid Mouhammad ben 1\s­Sayyid Mouhammad ben As-Sayyid Mouhammad ben As­Sayyid J\loûsa ben As-Sayyid Mouhammad ben As-Sayyid]\Iouhamrnad ben As-Sayyid Housain ben As-San:id 'Aliben As-Sayyid J\louha01mad Al-Ak'hal ben As-Sayyid Housâmad-Din Charchiq ben As-Sayyid 'Abd Al-'Aziz, fils denotre maître le Pôle divin Sayyidi 'Abd Al-Qâdir Al-Djîlâniben Aboû Çâlih Djenki-Doûst ben Yahyâ ben Mouhammadben Dâwoud ben Moûsâ ben'Abdallah bell MousaAl-Djaoun ben 'Abdallah AI-Mahd ben AI-Hasan Al-Mouthannâben AI-Hasan As-Sibt, fils de J'Emir des croyants'AH ben Aboû Tâlib. que Dieu soit satisfait de lui.Il suivait les préceptes de la Tariqa Qâdiriya: il me dictason Dhikr, et me revêtit de sa Khirqa 1. Il m'a donne undiplôme qu'il écrivit de sa main. Il avait reçu la Tariqa deses ascendants chez lesquels elle s'était transmise de pèreen fils depuis le Chaikh 'Abd AI·Qâdir AI-Djîlanî, qui a ditet cela est établi: « J'ai reçu de Dieu la promesse, qu'aucunde ceux qui suivront ma Tariqa n'ira dans l'enfer jusqu'aujour du jugement dernier»; il est également certain qu'il adit: « Si mon compagnon n'est pas un homme de bien,moi je suis un homme de bien. »I. I\.hirqa. Cf. Djâmi' Ouçoûl Al-Aouliyâ d'AKMA.O A~-NAQCIHBA.NOÎ.p,8"


9li<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>(Page 223.)Le sultan des 'Oulamâ 'Izz ad-Dîn ben 'Abd As-Salâm adit au sujet de ce personnage: «Nous n'avons eu connaissancepar les récits qui se transmettent successivementd'aucun miracle comparable à ceux de Sayyidî 'Abd AI­Qâdir AI-Djîlânî. »Sayyidî 'Abd AI-Qâdir étudia auprès d'Aboôl-Hasan AI­Hakkârî; le reste de la filière a été mentionné précédemmentdans la biographie de notre Chaikh AI-Oudjhoûrî.« Nous demandons à Dieu qu'il soit bien établi que noussuivons les principes de ce Chaikh et que nous soyonsdignes de l'origine que nous tirons de lui; qu'il nous metteau nombre de ceux qu'il protège dans ce monde et dansl'autre. » Telles sont les paroles du Chaikh Aboli Sâlîm etvoici la fin de sa filière citée précédemment: AI-Hakkârîétudia auprès d'At-TarsolIsi, qui reçut l'enseignementd"Abd Al-Wâhid ben 'Abd AI-'Azîz At-Tamîmî, disciple deChibli, disciple d'Aboul Qasim AI-Djounaïd, disciple d'As­Sirrî As-Saqtî, disciple de Ma'roûf AI-Qarkhî disciple de DâwoudAt-Taï, disciple d'HabîbAI-'Adjamî, disciple du Maîtredes Tâbi'în, Al-Hasan disciple de l'Imâm Ali ben AboôTâlib, inspiré par le Prophète AI-'Arabî notre seigneur etmaître Mouhammad, que le salut et la bénédiction de Dieusoient sur lui. Telle est cette chaîne.Notre Chaikh et seigneur 'Abd AI-Qâdir, que Dieu soitsatisfait de lui, a d'autres filières de la Tarîqa, indiquéesdans le Bouhdjat al-Asl'âr d'Ibn Djarir Ach-Chantoufî Al­:\liçrî et dans d'autres ouvrages, tels que la Nou{hat an­NadhirdcZaïn ad-Dîn AI-Hâchimî AI-Mourst,etc.On peutsereporter à ses ouvrages car nous ne nous y attarderons pas.Djenki-DoÔst est un mot persan 1 qui s'applique à Moûsâpère du Chaikh Sayyîdî 'Abd-AI-Qâdir d'après ce qui dit le1. Le texte dir ~ littéralement li. étranger» qui n'est pas de languearabe.


NACI1R AL-MATHÂNÎ 97Chaikh, l'Imâm Mousnad Ach-Cham (qui fait foi en Syrie)Abo()l-Hasan 'Ali ben Ahmed ben 'Abd AI-Wâhid AI-Maqdisi,en indiquant les noms de ses Chaikhs et en citantparmi eux, le Chaikh 'Abd-Ar-Razzâq, fil~ du Chaikh 'AbdAI-Qâdir. C'est ainsi également qu'il est mentionné par leChaikh Noûr ad-Din Ach-Chantoufî dans le Bouhdja etégalement dans le Raoud an-Nadhir, où il est décrit commeun homme doué de grandes qualités; les mots persans n'ontpas cessé d'être appliqués aux Charîfs dans toute l'étenduede la Perse; un grand nombre d'entre eux émigrent dans cepays et Ibn Hazm dans sa Djamharat cite plusieurs nomsanalogues.Parmi les événements qui se sont déroulés au cours decette année il faut citer les suivants:Le 21 1 , Sayyidî Mouhammad ben Mas'oûd ben Ziyân, l'undes notaires de Fès, mourut. Le 15 du mois de Mouharram(23 octobre 1657), les habitants de Fès avec leur chef,marchèrent contre les Beni Zarwâl et retournèrent vaincusaprès avoir perdu plus de cent hommes, d'après plusieursrécits. Un grand nombre de chevaux et d'armes furent enlevéspar l'ennemi.Le marabout, le Raïs Aboû Salhâm ben Gueddâr, quitta,Fès au mois de Dhoûl-hidjdja et alla rejoindre le Raïs AI­Khadir Ghailân, qui l'arrêta par trahison à Açîla, et lerelâcha ensuite. Les deux Gouverneurs de Fès, Ibn Çâlihet Ibn Çaghîr, se révoltèrent et refusèrent d'aller à Fès al­Djadîd le lundi 17 Dhoûlhidjdja (24 août ,659); ils s'entendirentpour déposer Ad-Dilâi le jeudi suivant.(Page ~24.)Le 13 Ramadân (4 juin ,659), le Sultan AI-MoudhaffarMoûlây Ar-Rachid quitta le Tâfilelt après la mort de son1. Note du texte arabe, Le manuscrit n'indique pas le mois dont ils'agit.ARen. MAROC. - XXIV. 7


98 <strong>ARCHIVES</strong> ~IAROCAINESpere, et le 22 Chawwâl (23 juillet) il arriva à To'udgha, puisà Demnat, puis à la Zâouïa al-Bakriya (Dilâ) puis à Azroû,puis à Dâr Ben Mach'âl, selon ce que j'ai trouvé rapportépar le Hâfith AI-Fâsî. Nous verrons qu'il était à Dâr BenMach'âl en l'année 1075 (1664- 1665) et que son frère MoûlâyMouhammad mourut la même année. Il prit Fès al-Djadidet Fès al-Qadim en l'année 1076 (1665-1666). Sa proclamationà Fès fut faite en l'année Ion (1666-1667). Enl'année 1079 (1668-1669), il prit la Zâouïa al-Bakriya; enl'année 1080 (1670-1671) il commença des fondations duPont du Seboû. L'année suivante 1081 (1670-1671), il s'emparade Taroudant et de tout le SoLÎs. L'année suivante, 1082(1671-1672) il mourut et tout ce que nous venons de direà son sujet, et tout ce que nous avons lu, nous en reparleronsdans la suite. En résumé il régna depuis la mort deson père en 1079 jusqu'à sa mort en 1082.Un faqîh, m'a rapporté ce qui suit d'après son père quiétait contemporain de ces événements, et tous les deux sontdignes de foi: que lorsque Moûlây Ar-Rachid arriva commehôte à la lâouïa de Dîlâ et qu'il y resta, un des membres dela Zâouïa lui enjoignit de ne pas rester et d'en sortir promptement;il lui apprit que l'on savait parmi eux que c'étaitnotre maître Ar-Rachid qui devait détruire leur Zâouïa.Ils avaient recueilli ce renseignement chez quelqu'un deces ger;Js qui prédisent ce qui est caché. Ils craignaient quel'un de leurs chefs ne le tuât à cause de cela: les gens deDilâ avaient pour les Chérifs une affection toute particulière.Moûlày Rachid quitta donc la Zâouïa. Il rencontra unecaravane, qui en sortait. Ceux qui la composaient lui demandèrentsa protection jusqu'à l'endroit où ils se dirigeaient,car on était à une époque où les vols étaient fréquents.Il accepta. Sur le chemin, les gens de la campagneles attaquèrent pour les voler. Moûlày Ar-Rachid les informaque la caravane était sous sa protection, afin qu'ils les respectent,car c'était une habitude de ses ancêtres de protéger


NACHR AL-MATIIÂNÎ 99les caravanes, etc. Ils n'en tinrent pas compte et il s'apprêtaà les combattre, aidé de ses deux seuls esclaves soudanais.Chacun de ses esclaves avait en main un fusil. Il prit lefusil de l'un deux et s'élança avec son cheval sur les voleurset blessa l'un deux d'une balle. Il rendit le fusil au premieresclave et prit l'autre fusil des mains du deuxième. Il visade la même manière et tua un autre homme. Il ne lâcha pasce fusil avant que l'autre esclave n'eût rechargé le premieravec lequel il atteignit également un autre assaillant. Ilcontinua ainsi, frappant chaque fois un nouvel ennemi sansêtre atteint lui-même, grâce à la protection de Dieu. Legros de la troupe, ne trouva son salut qrle par la fuite. Cefut le premier indice que la prescience divine avait écritqu'il devait s'emparer du gouvernement du Maghrib; il nelaissa pas partir les assaillants avant qu'ils ne lui eussentdonné les treize chevaux qui portaient les cavaliers qu'ilavait tués. Sur chaque cheval il mit un de ceux qu'il avaitchoisis pour composer sa suite et il repartit aussitôt. II sedirigea du côté de Fès al-Djadîd, et s'arrèta devant cette(Page 225.)ville. Le Gouverneur de la ville, Ad-Douraidî, l'aperçut del'une des tours de ses remparts et demanda qui il était. IIl'en informa. Celui-ci lui envoya aussitôt de l'argent, environ5 mithqâls ainsi qu'un UJasq 1 d'orge en lui faisant dired'employer l'argent pour son repas et l'orge pour nourrirses chevaux et de ne pas rester un instant de plus. Il partitpromptement pour aller auprès d'un Raïs qui se nommaitle Chaikh Al-LawatÎ; il avait des disciples et avait beaucoupde respect pour les Chorfâ. Il lui fit le meilleur acceuil.Tandis que Moûlây Ar-Rachid était chez lui, il vit unhomme avec une troupe de chevaux. de serviteurs et d'es-1. I.ell'a$q est la charge de grains qu'un chameau peUL porter. Un Il'asqvaul 60 ça'. Le ça' lui-même vaut q~,llre 1II0iUU, mesure ~quiva!ant 18 poignées.


JOOAH CHIVES <strong>MAROCAINES</strong>claves, qui chassait dans un appareil royal. Il demanda:« Quel est cet homme?» On lui répondit: « C'est un Juif deTaza nommé Ibn Mach'al. » Moûlây Ar-Rachid s'éloignapromptement et mit un couteau entre ses dents 1 puis il seprésenta ainsi au Chaikh AI-LawatÎ. Quand il le vit, celuicilui dit avec frayeur: « Me voilà, seigneur, je donneraisma vie pour vous et mes biens. » Cette manière de faire esten effet chez les gens de ce pays la preuve qu'ils prennenten considération le désir de vengeance de celui qui a étévictime d'une injustice ou d'un tort quelconque.Il lui demanda donc de lui équiper environ 500 de sesfrères les plus braves pour tuer ce Juif détesté, puisse Dieurécompenser son zèle pour la religion. Le Chaikh AI-Lav.,Tatîdit à Moûlây Ar-Rachid: «Aucun de mes frères ne resteraen arrière. Partout où tu iras, ils te suivront. » Rachid leurordonna alors de se diviser par groupes en secachant; pourle retrouver à la maison du Juif Hm Mach 'al. La maisonde ce Juif était éloignée de Taza d'environ une demi-étapeou davantage vers .l'est et dans la campagne. Moûlây Ar·Rachid preceda la troupe et demanda l'hospitalité au Juif,qui la lui accorda. Les gens qui le suivaient arrivèrent aprèsla tombée de la nuit et entourèrent la maison à une heureoù l'attention de personne ne pouvait être éveillée, et defaçon à ce que Moûlây Ar-Rachid pût les rejoindre le caséchéant. Il procéda par ruse jusqu'à ce qu'il se fut emparédu Juif qui était seul dans sa chambre; il bondit sur lui etle tua; il fit entrer subitement les hommes de sa suite, etréalisa ainsi son projet: il s'empara de la maison et en retirales grandes richesses et les tré!lors précieux qui s'y trouvaient.Il obtint ainsi ce que Dieu lui avait promis; lesétoiles de sa félicité brillèrent dans les cieux de sa fortune;la souveraineté s'est liée à lui et il a fini par la prendre après1. Coutume des Maroc.1ins lorsqu'ils veu'lent demander le secours de quelqu·un.Ce geste signifie qu'ils sont victimes d'une tnjusticeet qu'ils s'olrrent\'.u ..-mêmes en sacrifice. Ce/a s'appelle demander al-fatfia, /a rançon.


NACIIR AL-MATIIÂNi 111\qu'elle lui avait résisté. Par lui brillèrent sur le l\1aghrible bonheur et l'espérance; il a ranimé les êtres vivants detoutes espèces et les oiseaux qui étaient sur le point demourir, et tout ce qui est bien dans ce monde et qui vientde notre Seigneur généreux. Le terme de chaque être es tinscrit dans le livre de Dieu.Quelqu'un qui était bien connu chez les Beni Iznâsenm'a rapporté que le Juif dont nous avons parlé se trouvaitdans une maison forte qui lui appartenait, dans les montagnesdont les habitants étaient groupés autour de lui. MOlIlâyAr-Rachid négocia avec eux jusqu'à ce que le Juif comprîtque ceux-ci étaient décidés à le livrer. Il alla alors versMoûlây Ar-Rachid avec des présents. Mais celui-ci s'emparade lui et le tua. Il pénétra dans sa maison et en retira toutesles richesses qu'elle contenait. Allah sait mieux que nouscomment se déroula cet événement 1.ANNÉE 1070 (J.-c. 1659-1650).(Page 226.)Le Chaikh Tâdj ad-Dîn Al-Malikî.Le Qâdî Malékite de la noble ville de la Mekke, l'Imâmde son sanctuaire, le Chaikh distingué de son temps,l'Imâm de ce pays, Tâdj ad-Din AI-Malikî était, d'aprèsAboû Sâlim qui l'a connu, de ceux qu'il ne faut pas oublierde mentionner et dont il ne faut pas négliger les actes. Sont. Ce récit se trouve également dans le Kitdb .H-Istiqçâ, trad. FUMEY. C f.Archives Ma"ocaines, t. IX, pp. 4°-41.


102 <strong>ARCHIVES</strong> MAROCAIl\"ESfils Ahmad hérita de sa charge de qâdî, exèrça après luil'enseignement et la fonction d'Jmâm à l'exclusion de sesfrères, il n'était pas plus âgé qu'eux, mais il succéda à sonpère parce qu'il en était le plus digne, doué d'un bon naturel,d'un caractère droit, d'une probité é"idente, d'unegrande énergie et d'une véritable habileté,11 fut le compagnon de notre Chaikh Aboû .\lahdî, tandisque son père vivait encore. Il en tira beaucoup de profitet notre Chaikh lui témoigna beaucoup de respect à causede son père, et lui accorda les plus grands honneurs. 11étaittrèsinstruit dans les sciences et m'écrivit de sa main,que Dieu lui accorde le bonheur, des qacîdas d'après lespoésies de son père. que Dieu lui fasse miséricorde.Son père était 1'1 mùm des lettrés, le meilleur des Khatîbs,l'héritier de l'éloquence des Arabes arabisants 1. Il possédaitla Riw;Îya'! et la Dirâya: 1 dans les diverses branches dessCiences.Je l'ai vu dans sa maison à la \lckke en l'année 1064 (1653­1(54), et j'ai étudié auprès de lui une partie du Çahîh; ilm'a donné un diplôme écrit de sa main, que Dieu soit satisfaitde lui. Le plus grand de ses Chaikhs fut le ChaikhKhâlid ben Ahmad AI-Malikî et le plus célèbre de ses élèvesfut le Chaikh As-Sanhourî, que Dieu soit satisfait de lui.Notre Chaikh Tâdj ad-Dîn, que Dieu l'ait en sa miséricorde,mourut vers l'ann-ée 1070 (1659-1660). Telles sontles paroles d'Aboû Sàlim. Je ne sais pas à quelle date mourutle fils du personnage dont nous écrivons la biographie.Je Chaikh Ahmad que je mentionne en mème temps queson père de peur d'omettre plus tard sa biographie.1. Cf. ("" 1;,/1 ILUOÙN, trad. DE SUNE, t. l, p. III.2. La Riw,ha. c'est-il-dire les connaissances transmises.3, LI Dirh'a. c·est-;i·Jire les connaissances personnelles.


NACHR AL-MATHÂNI10:-1A baÎ! 'A bdallah Ada rrâq As-SoÎlsî Al-Fâsî.On raconte que le médecin habile Aboù 'Abdallah J\darrâqAs-Soûsî AI-FâsÎ se consacra à la médecine parce qu'il avaitsoigné quelques malades étrangers. sans avoir auparavantétudié cette science. C'est Dieu qui la lui avait enseignée etbeaucoup de gens en prolitèrent..l'ajoute que ses parents sont maintenant célèbres commemédecins à Fès où ils prescrivent les traitements avechabileté; d'après ce que nous avons pu saisir par ceuxd'entre eux qui sont encore en vie, leur caractère les porteà ne pas être avares de remèdes avec ceux qui ont recoursà eux; ils ne demandent aucune somme d'argent en retourct sans connaître les gens, ils leur distribuent égalementdes remèdes. Ils sont d'un caractère bienveillant, humble etgénéreux surtout pour ceux qui sont renommés par leurbonne conduite, et à plus forte raison ils sa\'ent quecesontdes gens (l'un rang élevé. Ils se méllent des r(~mèdes dangereuxou violents. ct je n'ai jamais entendu dire que quelqu'unse fût trouvé mal de leurs remèdes, à moins qu'il nefùt atteint d'lIne mal:1die inguérissable, de telte sorte que ledestin suivait son cours ct s'accomplissait.Le Faqîh. le professeur Sayyidi Ibrâhim ben ;'\touham·mad, des Aoulâd Ben Hammoù :\ch-Châ\\"Î :\s-Sa:-ifi AI­


lOi<strong>ARCHIVES</strong> MA ROCAINE~Le Sayyid Aboûl-'Abbâs Ahmad ben Aboû 'Asriya AI­Fâsî l'a mentionné dans sa relation de voyage. Il dit à sonsujet: C'était un ascète, qui ne s'occupait,que de lui-même;il était Imâm d'une mosquée à AI-Qçarj il connaissait laRisâla, la grammaire, les belles-lettres, et il était professeur;il savait très bien les sept lectures du Qorân et composales Taqâyîd fîl-Achri. Il étudia auprès du professeurSayyîdî Mouhammad AI-Bou'nanî, du professeur AboûZaïd ben AI-Qâdî, du savant Mouhammad ben J\loubàrakAs-Sidjilmâsî. Ces Chaikhs lui donnèrent un diplôme général.(Page 227.)Il mourut en l'année 1070 (1659-1660) et fut enterré àAI-Qçar, que Dieu lui fasse miséricorde.Le pl"Ofesseur Sayyidî Ahmed Al-l/addâdjî.Le Faqîh, le professeur, Aboûl-'Abbâs Ahmad AI-Haddâdjî,mourut dans cette décade, mais je ne sais pas exactementl'année de sa mort. On dit dans les A,hâr al-BollStânqu'il mourut après l'année 1060 (1650-1651) 1.La Sayyida 'A ïcha, fille de Sayyidî MOllhammadben 'Abdallah Ma'n.La Sayyida excellente, parfaite, sainte, extatique, rapprochéede Dieu, la mère d'Abdallah, 'Âïcha, était la fille denotre Sayyid Mouhammad ben 'Abdallah Ma'n, que Dieunous les rende profitables.On dit dans le Maqçad :« Elle eut pour Chaikh son frère,notre Sayyid Ahmad, que Dieu soit satisfait de lui, en1. Ce personnage est enterré à AI-Qaçr Al-Kabir.


NACHR AL-MATHÂNÎl'année 1066 (1655-1656), et ce fut la première qui reçutson enseignement. Elle tombait souvent dans une profondeextase, son hâl était puissant; il la mettait hors d'elle etla rendait insensible. Elle donna à son mari la permissionde se marier une seconde fois. Elle lui donna à choisir entrecette alternative et celle de supporter son hâl 1 , mais ellelui demanda de lui pardonner et elle dépensa toute sa fortunepersonnelle dans la voie de Dieu. Elle la partageaentre ses parents et ses proches ct n'en conserva rien. Sonmari se plaignit de cela à Sayyidî Qâsim, qui lui dit:« Quepuis-je pour elle? Elle ressemble en effet à quelqu'un dontles vêtements ont pris feu et qui cherche instinctivement às'en débarrasser. » Il voulait dire par là que l'affection(pour Dieu) consume tout ce que le cœur contient d'affectionsterrestres, de même que le véritable feu brûle tous lesvêtements qui couvrent le corps s'il les atteint; celui à quicela arrive ne peut faire autrement que de jeter ce qui estentre ses mains et de le prodiguer. Elle avait beaucoup depenchant pour la solitude, et quand elle se trouvait au milieudes autres femmes, Dieu lui envoyait le sommeil, si bienqu'elle ne pouvait prendre part à la conversation. Elle avaitune grande affection pour son frère notre Sayyid Ahmad.Elle ne pouvait se passer de le regarder. Son mari Aboù'Abdallah Sayyidî Mouhammad 'Acim AI-Andalousî étaitdans les commencements très courroucé de voir tant d'ascétismeet de détachement pour lui et pour les joies de cemonde, et voici qu'un jour il fut soudainement saisi par lehâl tomba et devint complètement insensible. On le transportaavec la permission de notre Sayyid Ahmad jusqu'à lamaison de sa femme, où on le fit entrer. Elle loua Dieu quiavait donné à son mari une part de son hâl et elle fut tranquilliséede voir son mari en cet état. Elle mourut, queDieu soit satisfait d'elle, des douleurs provoquées par la1. l/dl, dans la technique çoufiste, signilie " transport mystique ,..B


Il'!;<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>hrossesse et n'accoucha pas. Sa mort eut lieu au momentde la prière du vendredi 7 Radjab de l'année 1070 (19 mars1(,60). Elle fut enterrée le jour même dans la qoubba de sonpère. Elle était née vers l'année 1037 (1627-/628). Tel est enrésumé ce que dit le Maqçad.J~VI~NEÎ\1ENTS DE L'ANNÉE 1070 (J.-C. /659-16(0).A J'heure de l"Açr, le vendredi 2R Çafar (q nO\'embreJti5g) , correspondant au 4 novembre 1, il yeut une éclipsede soleil au /5" du Scorpion. Le Raïs Aboù 'Abdallah SayyidîMouhammad ben Mouhammad Al-Hâdj ben Sayyidî(Page 228.)Mouhammad, fils du Chaikh Sayyidî Aboû Bakr Ad-Dilâï,mourut il Fâs al-Djadîd le /'''' Rabî'ath-Thânî (16 novemtJre).Le Raïs Al-Khadir Ghaïlân vainquit la tribu, des(~heraga, et Cèux-ci entrèrent il Fès dépouillés. au milieudu mois de Djoûmâdà al-Oûlà (jam'ier-février /6(,0). LeRaïs Sa:yidî l\1ouhammad Al-Hàdj s'avança vers le Gharbjusque dans le voisinage du marabout de Sayyidî AboûSalhâm, que Dieu nous le rende profitable, au début dumois de Cha\vwâl, et le /0 de cc mois (8 juin IG(0) Çâlih,fils d'Ahmad ben Çâlih Al-Laïrinî, épousa la fille d'Ad-Douraïdi,gomerneur de Fès al-Djadîd où il se rendit indépendantaprès la mort de son Raïs, un fils d'Ibn AI-Hâdj;\d-Dilùï dont on a précédemment fait la biographie. \1emmena sa femme en âmmâriya!. Le feu prit au tombeaudu Chaikh Ibn 'Abbâd, du fait d'une bougie qui était tombée.Beaucoup de ceux qui s'emplovèrent à éteindre le feu,1. Lc totc arabe dit .J novcmbre.2. L",IIJ/lIldril-1l cst unc boitc carrée dans laquclle la fiancée est assise.Cctte boite cst transportée sur le dos d'une mule ou d'un chcval.


NAelll1 AL-MATH'\:-.-l 10.se noyèrent dans le Wâdî al-Balà'à où ils étaient allés puiserl'eau nécessaire pour lutter contre l'incendie. Le Raïs deDilâ, à l'approche de sa mort, reconstruisit ce tombeau. LesBerbères furent mis en fuite à Aboû Harîra l, ce qui commençaà ébranler la puissance de la Zâouïa de DHâ.ANNÉE 1071 (J.-C. 1060-16(1).Le Chaihh, l'/mâm San-idi Ahmad appelé F-lamdoîmAl-Abbâr.Le Chaikh, le Faqîh, l'Imâm, le savant, le "-hàtib éloquent,le Chaikh Aboûl-'Abbâs Ahmad appelé Hamdoûn,ben ~Iouhammadben Moûsâ AI-Abbâr AI-Fâsî. On dit dansla 1I1atmah : « Il est mentionné dans sa biographie commeun homme excellent, que Dieu l'ait en miséricorde. Sesancêtres appartenaient à une riche famille qui vécut constammentdans le bien-être et lui-même, dans sa premièrejeunesse, continua à marcher dans la même voie. II lit lecommerce, voyagea à travers tous les pays du monde; plustard Dieu lui enleva de pareils gouts et lui donna enéchange l'amour de la science et des livres qui en traitent.Il s'appliqua désormais à l'étude et à renseignement, où ilne tarda pas à s'illustrer, et il se consacra tout entier àl'étude du Mouhhtaçar de Khalîl et de l'AUiJ-a d'Ibn :\\alil.JJ était bien initié à la science des hadiths, ainsi qu'auxautres branches de la science, et possédait ainsi un ensemblede connaissances étendues. Il fut entouré du respectdes étudiants du ,\laghrib, qui profitèrent de ses leçonsJ. L'Oued ,\boù Harira est un affluent de l'Oued tlradar qui tombe dan~la Mardia Az-Zarga, près de Moulay Bou Salhâm, dans le Gharb.


108 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>sur le "'fOllhhtaçar et des gloses marginales qu'il fit surcet ouvrage et qui sont entre les mains des étudiants. JI acomposé également des fatwâs remarquables en grandnombre. Il fut khatîb de la mosquée AI-Andalous pendantlongtemps. Il naquit en l'année 1001 (1592- 1593) et mouruten l'année 1071 (1660-1661). »On dit que le personnage dont nous écrivons la biographie,que Dieu lui fasse miséricorde, étudia auprès de tousles érudits de son temps, tels que le Chaikh Aboù Mouhammad'Abd AI-Wàhid ben 'Achir et le faqîh Abou 'AbdallahMouhammad ben Ahmad AI-Andalousî, connu sous le nomd'Al-Djamân, Imâm de la mosquée des Chorfâ et l'auteurdes gloses marginales célèbres et qui sont entre les mainsdes étudiants, Il reçut l'enseignement du Chaikh, du fagih,du traditionniste, du Chérif Aboù Mouhammad 'Abdallahben 'AH ben Tâhir AI-HasanÎ As-Sidjlamasî, ainsi que duChaikh, de l'Imâm Aboù Zaid 'Abd Ar·Rahmân ben Mou-,hammad Al-fâsî, que Dieu lui fasse miséricorde. Nousomettons ce que nous avons déjà dit précédemment.Parmi ceux qui reçurent son enseignement sur le Mouhhtaçm"de Khalil et l'œuvre entière de Bokhâri, etc., il fautciter le Chaikh Abou Sâlim 'Abdallah 'Ayyâch, pour lequelil échvit un diplôme mentionnant toutes les matières étudiées.Un jour le Chaikh, le saint Sayyidî Qâsim AI-Khaççâcîarriva chez le personnage dont nous écrivons la biogra-(Page 22Q.)phie, qui était gravement atteint d'une maladie. Il lui dit:« Sois-moi témoin, ô Sayyidî, que je suis satisfait de ce queDieu a fait pour moi. » Le Chaikh Sayyidî Qâsim lui réponditaussitôt: « La satisfaction est un sentiment incomplet.» Le personnage dont nous écrivons la biographie étaitcouché, etil dit: « Soulevez-moi pour que je m'assoie », ceque l'on fit aussitôt. Il dit alors: « La satisfaction n'est pasun sentiment incomplet, c'est au contraire le Maqdnt le


NACHR AL-MATIL\NI 109plus élevé. » Le Chaikh Sayyidî Qâsim lui répondit: « Quediras-tu au sujet de ton corps? A qui est-il et qui en disposeuniquement?» II répondit: « C'est Dieu et c'est son bien. »Sayyidî Qâsirn répondit: « Que possèdes-tu dans le bien deDieu pour que tu puisses être satisfait ou mécontent de lafaçon dont il en dispose? Puisque tu n'en es 3ucunementle maître, tu ne dois avoir pour ton corps ni sujet de joie nisujet de peine. » Le personnage dont nous écrivons la biographieaquiesça aux paroles de Sayyiclî Qâsim.Ensuite le médecin Sayyidî JYlouhammad Adarrâq entrachez le personnage en question, qui lui dit: « Aujourd'huiest venu chez moi un homme ignorant qui m'a fait perdrele bénéfice de tout ce que j'avais appris 1. » En racontantl'incident il ajoutait: « JI ne me reste plus qu'à implorerle pardon de Dieu. » Notre Sayyid et grand-père a mentionnécette anecdote dans le Alaqçad, et je l'ai trouvéeécrite de la main de son frère Aboû 'Abdallah AI· 'Arbî. LeChaikh AI-Halabî ra transcrite dans son livre Raihân al­Qouloûb d'après notre Sayyid et grand-père. Les parolesdu Chaikh Sayyidî Qâsim étaient contraires au rite çoufiqueselon les paroles d'AI-WâsitÎ : « Fais tous tes efforts pourêtre dans l'état de satisfaction, mais ne te laisse pas infIuencer par cet état et tu seras protégé par la sensati on desa jouissance contre la réalité des choses. »AI-Halabî ajoute: Al-Qouchairî a dit à ce propos: « Sacheque les paroles prononcées par AI-WàsitÎ sont très importantes.Elles contiennent un avis implicite pour le çoufiisolé: la confiance en son état (hâl) interpose un voileentre la Divinité:! et lui. Le çoûfî qui goûte la douceur dela satisfaction et trouve dans son cœur le calme qu'elle luiprocure ne peut plus apercevoir ses obligations. Mais AI­WâsitÎ a dit aussi: « Faites attention à ne pas goûter les1. Il s'agit du médecin lui-même.2. Littéralement: « le Transformateur du monde •.8 *


110 ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>charmes de l'obéissance, car c'est un poison mortel.» Tellessont les paroles d'AI·Halâbî. J'ajoute qu'AI-Qouchaïris'étend encore longuement sur la satisfaction et dit toutd'abord que les gens de 1"Irâq et ceux du Khorasân avaientune idée différente de la satisfaction sur la question de savoirsi elle était un Izâl ou un maqâm 1. Les gens du Khorasanconsidéraient la satisfaction comme un maqâm, card'après eux c'est la perfection de la foi en Dieu; c'est-à-direque le degré auquel l'homme peut arriver dans la foi, il yarrive par la satisfaction. Quant aux habitants de l" rrâq, ilsdisent que la satisfaction est un hâl et que ce n'est pas uneémanation personnelle du croyant, mais une inspiration dela divinité comme tous les autres hâls. On peut concilierces deux opinions et dire: « Le commencement de l'état desatisfaction est une émanation personnelle du croyant etdoit par conséquent se ranger dans le domaine des niaqâmscomme on l'a vu précédemment, et l'état final de la satisfactionest un Izâl et par conséquent n'est pas une émanationpersonnelle du croyant. »Telles sont les paroles d'Al­Qouchairi. J'ajoute au suiet de cet ~ccord des deux apinionsque le Chaikh Sayyidi Qâsim a élevé le personnage dontnous écrivons la biographie de l'état initial à l'état final etc'est pourquoi il lui a dit que la satisfaction était un défautde piété, car ce qui est pris en considération, c'est l'étatfinal. C'est un défaut en effet si l'on considère que le pointde vue est court relativement à l'exactitude de la chose.Aussi rien ne s'oppose donc à ce que l'homme soumis auxobligations de la loi religieuse s'appuie sur ses dons personnelset qu'il repousse toute autre action que celle quivient de Dieu; telle est la vérité de laquelle ne s'écartent1. D'après le livre des définitions de Suhraverdi, il y a cette différenceentre les hâls et les maqâms, « que les hâls sont de purs dons de Dieu etque les maqâms sont les fruits du travail; les Mis viennent de la pure libéralitéde Dieu, les maqàms s'obtiennent à force d'efforts ,.. Le hâl exprimeaussi un état the et durable, le Maqàm un état transitoire et passager. Cf.RHIN, Marabouts el Khouan, p. 65.


NAClIIt AL-~fATfL\NIIIIque les égarés. Le personnage dont nous écrivons la biographiecomprit cette explication, que Dieu soit satisfait de(Page 230.)lui. Il avait dit au docteur qui était entré dans sa maison:« Aujourd'hui est entré chez moi un homme qui m'a faitperdre tout ce que j'avais appris 1. » Que Dieu soit satisfaitd'eux et leur accorde ses bénédictions.Vers: - Il est des gens de Dieu 2; chaque fois que je suis allé leurrendre visite je les ai trouvés l'âme pleine de bienveillance. S'ils sontensemble ils réunissent toutes les vertus, et ils tirent respectivementprofit de leurs vertus. Ils sont comme des parfums et chacun a sonparfum particulier, et l'ensemble compose un parfum violent pourcelui qui le respire. Ils échangent entre eux les coupes de la sciencedans les jardins de la piété et aucun de ceux qui boivent à ces coupesn'est altéré. Leur esprit a pris l'habitude de la controverse, on les voitse contredire et ensuite' se mettre d'accord dans la paix.Quelques Chaikhs ont préféré ne pas admettre ce derniervers.La biographie du Chaikh Sayyïdî Qâsim sera faite dansle commencement de la prochaine décade. Il était, queDieu soit satisfait de lui, de ceux qui réfléchissent sur leschoses divines et qui consacrent leurs pensées à Celui quigouverne et qui est adoré; il était de ceux qui ont attei ntle maqâm parfait; c'est ainsi que l'exprime ce beau vers:Dis aux rois de la terre de faire tous leurs efTorts, car cc royaumen'est ni un royaume à vendre ni un royaume à offrir en présent.Le Chaikh Çafî ad-DÎn Al-Qotlchachî Al-Madanî.Le Chaikh célèbre, doué d'un grand pouvoir, Çafî ad­Din Ahmad ben '\louhammad ben Yoûnous, surnolllméJ. Cest-à-dire que le Çoufiste doit se confier entitirement ù Dieu et Ile pasappeler un médecin lorsqu'il est malade_2. C'est-à-dire les Çoutistes.


112 <strong>ARCHIVES</strong> l\L\ROCAI:'IES'Abd An-Nabi AI-Qouchachî Ad-Doudjânî AI-Maqdisî al­À'ladanî, car il habitait la ville sainte de Médine, que lesmeilleures des bénédictions et le plus grand des salutssoient accordés à la place qu'elle occupe. II y possédait unezâouïa. Le Chaikh Aboû Sâlim AI- 'Ayyâchî a dit dans sarelation de voyages: « Plusieurs d'entre nous, disciplesd'AI-Qouchachî, lui donnèrent le nom corroboratif de Çafiad-Din bien que, en technique orientale, le nom corroboratifd'Ahmad soit Chihâb ad-Dîn. Je fus informé par notreChaikh AI-MolIâ Ibrahim que le Chaikh n'aimait pas cedernier surnom. Il disait que le nom d'Ahmad était le plusnoble des noms, tandis que l'on donne le surnom de Chihâbà celui qui est voué au châtiment et à la lapidation, etje crois même qu'il a dit:« C'est le nom du diable.» Il préféraitqu'on ajoutât à Ahmad le nom de Çafî ad-Dîn.Existe-t-il en effet un plus beau surnom? J'ajoute qu'il n'ya pas d'obstacle à ce qu'on dise que le surnom de Chihâbad-Din est un beau surnom, car il a le sens de lumière etfait allusion au feu lancé sur les démons qui veulent surprendreles secrets du ciel pour en faire part aux magiciensqui les communiquent à ceux dont l'intelligence est faible.Les Chihdbs servent à désigner les dards enflammés quisont employés spécialement à châtier les diables. Quantà nous qui appartenons au peuple de Mouhammad, lesChihâbs sont pour nous un bienfait. Ils T\OUS conduisent parleur lumière; grâce à eux ceux qui veulent nous trompersont exterminés. Ils sont les gardiens de la religion et lamiséricorde de tous les musulmans, ainsi que personne nel'ignore, et je demande le secours de Dieu. »L'aïeul du personnage dont nous écrivons la biographieétait Yoûnous dont nous avons déjà parlé. II réunissait lespauvres dans les mosquées et leur donnait un salaire pourqu'ils fassent des prières au Prophète (que Dieu lui accordela bénédiction et le salut) pendant cette journée; c'est pourquoiil fut appelé 'Abd An-Nabî. Il vendait à Médine des


NACIIR AL-MATJI,\Nlobjets de solde l, c'est-à-di re des marchandises dépareilléesou des objets de peu de valeur. C'est pourquoi on l'appelaitAI-Qoucbchachi. Le personnage dont nous écrivons(Page 23 1.)la biographie mourut en l'année 1071. C'est l'auteur du"Minah al-Badixa'l qui rapporte tout ce que nous venonsde dire et dans le livre intitulé An-Nouçra du Chaikh Aboû'Abdallah AI-Misnawî on ajoute quïl mourut le 9 de Dhoûl­Hidjdja (5 août 1661).Aboû Sâlim AI- 'Ayyâchî, dans sa Fahrasa, en mentionnantles chaikhs qui se sont distingués dans le çouf1sme,cite parmi eux le personnage dont nous écrivons la biographie.« Il atteignit, dit-il, dans la science de la vérificationet dans le Çoufisme un rang qui n'avait été atteint auparavantpar aucun de ceux que nous avons vus ou dont nousavons entendu parler. C'était un homme éloquent et d'unegrande fermeté de caractère, le récitateur exact. Il possédaitdes connaissances très étendues sur un grand nombre desciences; il a écrit un commentaire marginal de la Chifâet des ouvrages de théologie dogmatique oô il suit les tracesdes çouflstes qui le précédèrent. Dans le Çoufisme c'étaitl'océan que personne n'aurait pu traverser et la parole quine pourrait être prise en doute. Des gens comme lui seraientcapables d'émouvoir les cœurs des chameaux de l'Orient etde l'Occident; il n'avait pas son semblable. Il a composé uncommentaire sur les llilïam A f- 'Atâ'i)-a où il atteignit laperfection. Il est une preuve à l'appui de ce que nous avonsdit à son sujet, et quant à nous, nous ne parviendrons pasà faire le centième des éloges qu'il mérite. Celui quï parlemal de lui ne réussit pas à atteindre sa réputation, car il nepossède ni esprit ni religion, et Dieu ne lui a pas montré cc1. AI-QOllchchacha.2. Al-Mina/z J\l-/ladiya jil-:\stinid i\l-'Ali)"a, par I\\Ol!ILDI\t.\O IlE~ ',b"AR-R .... lu"\.~ AL-F~si. Cf. Nac/z,. al-Afal/ztilli, t. Il du texte.ARen. ~IARO(;, - XXIV.


lU <strong>ARCHIVES</strong> MAROCAI:'1ESqu'il a montré au personnage dont nous écrivons la biographie.Dieu ne leguide pas dans la voie droite des saints.La médisance est fréquente chez les humains. »L'eau de l'Euphrate n'est pas troublée par "urine d'un chien.« Il m'a dicté le dhikr dans sa maison de la noble ville deMédine, le matin du samedi 4 ~louharram, premier mois del'année 1065 (14 novembre 1654)' Il m'ordonna le lendemainde passer la nuit au Harâm Aclz-Clzadfl; il me donna unelecture à faire et il m'ordonna de lui dire ce que j'auraisvu durant cette nuit; il me fit ses adieux et me demandade compter sur la baraka de Dieu dans ce monde et dansl'autre. Il me recommanda aussi de copier son commentairesur les Ifikam et quelques-unes de ses Risâlât. Dieume rendit ce travail très aisé grâce à sa baraka, que Dieunous rende sa vie profitable et qu'il étende ce profit ~ tousles musulmans. »Telles sont les paroles d'Aboû Sâlim.Parmi ceux dont a été disciple le personnage dont nousécrivons la biographie, il faut citer le Chaikh AI- 'ArifAboûl­,v1awâhib Ahmad ben'Ali ben 'Abd AI-Qouddoûs AI- 'AbbâsîAch-Chanawî. Le Chaikh AI-Misnawî a dit dans sonouvrage intitulé An-Nouçra : « Il tire son nom d'originesd'une ville d'Égypte. Il vécut ensuite à Médine, et épousala fille de son Chaikh, qu'il remplaça par la suite. Le personnagedont nous écrivons la biographie avait une Zâouïadans la noble ville de Médine. C'est ce qu'a voulu dire AboûSâlim dans ces vers:Si quelquc personne d'une intclligence pcu développée a dit du malde moi, c'est une preuve que jc suis parfait.Un autre a dit:Si vous n'a,'cz pas "u le cr0i~sant,leurs proprcs JCux.croyez en cellx qui l'ont, li de1. Le lombeau du ProphèlC.


NACtlR AL-MATH\Ni 11r;Notre Sayyid et grand-père, que Dieu lui fasse miséricorde,a dit dans ce vers:Si un homme sans honle déprécie vos qualités, laisse-le et ne leblâme pas pour ses paroles. Le ciel est trop élevé pour ètre atteint parles chiens qui aboient contre lui.(Page 232.)Ces vers sont une réplique aux gens qui l'avaient insultéet qui avaient répandu le bruit qu'il avait dit que les plusnouvelles manifestations de la puissance divine sont lesplus eflicaces et qu'il a contredit le Chaikh As-Sanoûsî etd'autres également: Nous n'avons jamais rien vu de semblable,sauf dans la RiMa du Chaikh Aboû Sâlim, lorsquecelui-ci déclare énergiquement que le personnage dont nousécrivons la biographie n'a jamais prononcé ces paroles, ctqui parle de lui avec bienveillance. Il ajoute qu'il imitait lechaikh Ibn AI-'Arabî AI-Hâtimî. AI-Qouchachî a composéun livre dans le genre des Fouloûlzât. 11 a vu dans sonsommeille Chaikh AI-Hâtimî qui lui a dit: «Veux tu supprimermon ouvrage par la publication du tien?»Le matin il supprima son ouvrage pour plaire au Chaikl~AI-Hâtimî; il était de ceux qui étudiaient beaucoup l'ouvragedu Chaikh, II conseillait aux gens d'apporter une attentionparticulière aux paroles d'Ibn AI- 'Arabi AI-HàtimÎ. commeon le sait. Il a écrit des Risâlât sur les questions des troupeaux.Aboû Sâlim a dit dans sa relation de voyages:Il a traité un grand nombre de ses questions, environ 70,et parmi ses ouvrages, c'est-à-dire parmi les Risâlâl du personnage,dontnous écrivons la biographie, il y en a troisqui traitent de .Ia question des troupeaux où il confirmeles paroles de 1'1 mâm des deux villes saintes '. La plus courted'entre elles est d'une très grande précision, ct d'unc plw;grande exactitude. Telles sont les parolcs ti'J\boû S,lIim. Ces1. L'lmâm AI-f1admaïn ·.\bd AI-Malik hen 'Abdallah J\I-Djouw,,;ni .'d.Châfiï.


116 ARCHIVE8 IIIAROCAINESouvrages ont été écrits pour combattre son disciple IbrâhîmAI-Kourdi; il en sera question plus loin dans la biographie dece personnage en l'année 1101 (1689-1690). QuantàAI-Qouchachî,il com prenait remarquablement le langage çoufiste.Aboû Sâlim a dit dans sa Rihla : « Le Chaikh Aç-Çafîs'assimilait très bien les paroles du Chaikh Mahî ad-Din etdes autres vérificateurs. De plus il donnait à chacun sondroit et il reconnaissait à toute science sa valeur.» Il ajoute:«II avait une connaissance complète de la science des nomsde la Divinité, la valeur cabalistiquc des lettres et leurs secrets.Il connaissait la science des talismans astrologiqueset la nature des choses, les invocations et leurs mystères. »Son disciple Ibrâhîm AI-Kourdî a rapporté d'~près luiqu'il disait: « Nous ne désapprouvons pas tous ces savantsqui discutent au sujet de ces sciences, qui font souvent l'objetde controverses et auxquelles ils consacrent toutes leursoccupations, parce que leur science est une petite partie dela science absoluc et qu'elle ne nous regarde pas; cependant,celui qui s'en occupe n'est pas considéré comme unsavant, il n'a aucun mérite, Izâl ni maqâm: or toute sciencevéritable comprend un mérite, un Izâl ct un maqâm. »Nous avons transcrit ces paroles d'après la Rihiai al­'.ll.l-yâclziya.Le Chaikh Mouhammed Râ-'Ala1J)Î A l-lladramî.Le Chaikh loué pour ses œuvres, célèbre pour ses grandesqualités, de pure origine chérifienne, le Sayyid MouhammaclRâ 'Alawî AI-Hadramî AI-Yamanî, demeurant dans la nobleville de la Mekke. C'était un des Chorfâ célèbres de cetteville pour l'importance de son dhikr, son respect de laSounna et sa constance dans l'adoration. Tl faisait souventle voyage entre les deux villes saintes.Le Chaikh Aboû Sâlim AI- 'Ayyâchi a dit dans sa Fahrasa,après avoir signalé ce que nous venons de dire ct


NAcnR AL-MATH'\:>Ii 117l'avoir également mentionné dans un passage de la RiMaicomme le plus grand des Pôles:«Je l'ai vu dans sa maison à la l\lekke et il m'a revêtu dela Khirqa 1• .Je crois que sa Tarîqa remonte jusqu'à AboûMadyân comme celle de ses ancêtres les Had ramiYYln ~, queDieu soit satisfait d'eux; précisément Aboû 1\1adyân, queDieu soit satisfait de lui, enyoya trois khirqas dans les payasdu Yémen et l'une d'eHes à l'un desSayyids Hadramîs commel'a raconté quelqu'un qui a composé un ouvrage sur laKhirqa. Un çoufi m'a raconté qu'il avait entendu dire à un(Page 233.)de ceux que le Chaikh 'Alawî avait revêtu de la Khirqaque celui-ci lui avait dit que cette Khirqa était Madaniya.On trouve ces paroles dans la RiMal d'Aboû Sâlim et ila affirmé dans cet ouvrage que cette Khirqa remontait àAboû Madyân. Il dit au sujet du personnage dont nous écrivonsla biographie: « Il étudia auprès du Chaikh Sayyidî'Abdallah ben 'Ali, auteur du Wasat 3 Çahib ar·Rlzal, discipledu Sayyid et Chaikh Ibn 'Abdallah, compagnon deAhmad Adfal; 'disciple de son père le Pôle 'Abdallah ben Ach­Chaikh, disciple de son oncle le Pôle Aboû Bakr ben 'AbdallahAl-Aïdarous, disciple de son père 'Abdallah ben AboûBakr al-Aïdarous, disciple de son père et de son oncle leChaikh 'Omar Al-Mihdâr, tous deux fils de 'Abd Ar-RahmânAs-Saqqâf disciple de leur père 'Abd Ar-Rahman, disciplede son père 'Alawî ben Mouhammad, disciple de son pèrele Pôle, le vérificateur Mouhammed ben 'Ali connu sous le,. Khi"qa .\;? Ce mot désigne l'habit ou manteau grossier que lesfaqirs et surtout les Çoulistes portent en Orient. Dozy, DictùHlnaÏl'e desnoms de 1Jî!tements cher; les A,'abes. p. 153.2. lIadramî, nom ethnique des habitants de l'Hadramaout, pro\'Ïllce méridionalede J'Arabie.3. Le Nachr al-MathdnÎ dit: ~}I AI-Wahat. La Rihla dit: ~)I Ar­Rhat; nous avons adopté Je texte de la Rihla.


118 <strong>ARCHIVES</strong> l\fAROCAIXESnom de Mouqaddim at-Touràba " disciple du Chaikh 'AbdallahAI-Maghribî, disciple du Chaikh 'Abd Ar-RahmânAI-Mouqdâ, AI-?\laghribî, disciple du Ghaouth AI-DjâmïSayyidî Aboû l\:1adyân Chouaïb, enterré à Al-'Abbâd deTlemcen, que Dieu soit satisfait d'eux tous. Amen. Le Mouqaddimat-Touraba dont nous avons parlé précédemmentétait Mouhammad ben 'Ali ben 'Alawî ben 'Abd Allah benAhmad ben 'Aïsâ ben Mouhammad ben 'AH ben Dja'farAç-Çâdiq. Le personnage dont nous écrivons la biographiemourut le vendredi 24 de Rabi'ath-Thânî en l'année 107'(27 décembre 1660) et Aboû Sâlim a mis en vers le chronogrammede sa mort :Qotb Il'aqtihi mâtabihâ 2. La jeune gloire de la famille des 'Alawisest morte, Mouhammad l'imAm des personnages glorieux.r. Touraba, localité près de la Mekke. (YÀQOÙT, t. ''',2" partie, page 834,)2. G, . d.. ";';J ......1z;,,c'est-à-dire Le Pôle de son époque, mourut à laMckke.\00926J1005"0r14°025•!Oi'


NACHR AL-lIIATIJÂl'i 119C'était. un océan de savoir et l'on n'aurait pu trouver à son époquepersonne qui lui ressemble. Cétait le Ghaouth de la Mekke et la datede sa mort se dit: Qotb uJaqtihi mâta bihâ. Que Dieu nous fasse obtenirpar lui ce que nous espérons dans ce monde et dans l'autre et qu'ilnous protège du mal.Le personnage dont nous écrivons la biographie est issud'une famille considérable, célèbre par son influence et sasainteté depuis ses représentants les plus anciens, c'est unebranche illustre des Housaïnites, de la famille du Prophète.Leur célébrité est très étendue et les clartés de la familledu Prophète brillaient au-dessus d'eux. Ils étaient connussous le nom de Hadramîs et Yamanîs. Du Hadramaout auYémen ils sont connus comme membres de la famille deBâ 'Alawi. L'un deux se nomme AI-Aïdaroûsî et leur lignéeremonte à Djafar Aç-Çâdiq selan la Rihla du Chaikh Aboû­Sâlim. Ils habitaient ordinairement une des deux villesillustres et nobles. L'un deux restait six mois à l\h~dineet un temps égal à la Mekke. l(s ne négligeaient pas cettecoutume et des pèlerins marocains rencontrèrent quelquesunsd'entre eux et en tirèrent profit. Parmi eux il faut citerle Chaikh, le Faqîh, le Saint, le Vertueux Aboû 'AbdallahSayyidî Mohammed AI-Moudarrî' AI-Andalousî. Il leuradressa des louanges et fit à l'éloge de ces gens vertueuxune prière en vers dont voici certains passages:C'est une famille issue du Prophète, ses membres ont acquis le Qoranet sont des guides du droit chemin; ce sont des savants autrefoiscomme aujourd'hui. C'est une famille de Sanids, de gens fortunés cld'adorateurs de Dieu, de gens glorieux, une assemblée de personnagesélevés.C'est une famille comprenant des Imâms, des gens hardis, braves,qui respectent les dépôts qu'on leur conlie.Ce sont des gens qui, si les ténèbres étendent leurs Hliles, n'ont pasl'habitude de s'attarder dans le sommeil.On peut les voir debout devant les Mihrâbs face à face avec Dieu,et prosternés pendant de longues prières.


120 <strong>ARCHIVES</strong> MAIl.Or.AINESIls lisent les versets du Qoran avec attention et non pas comme desgens distraits.Ils suivent le Prophète, ses compagnons et ceux qui les suivent.Ils vont dans la direction de la route élevée pas à pas, précédés parleur grand ancêtre.Nous avons appris auprès d'un certain nombre d'enlre eux la sciencede la Bonne Voie. Taisez-vous ct écoutez.Tels sont ces vers. Ensuite il mentionne ce qui concernela Voie Çoufique. Ce passage est très long.(Suivent des remarques prosodiques sur les vers quiprecèdent.)L'élève du personnage dont nous écrivons la biographie,qui était en même temps son parent, le Chaikh 'AbdallahBâ 'Arif Al- Yamanî, imita son maître en composant unebelle qadda dont voici un passage:Le bienfait de leurs soleils toujours brillants a paru et a dissipé lesembClches des nuits perfides.Ils sont les étoiles étincelantes,de la famille de Hâchim.Descendants du (Prophète) glorieux et excellent; la couronne de renommée.Sa gloire a atteint une grande élévation et il a occupé uneplace considérable en Occident parmi les plus illustres. Il a voyagé de'llm al·Yaqn à 'Aïn al-Yaqîn et jusqu'à Haqq al-Yaqîn à travers lesmystères les plus profonds 1; il est revenu d'auprès du Seigneur, revêtude munificence, pour couvrir les pèlerins des bienfaits de sa générosité..La science de la réalité des choses corn prend des subtilités que lesplus savants eux-mêmes n'arrivent pas à saisir absolument.Si l'on pouvait énumérer les bienfaits de Dieu, on se rendrait compteque l'on a obtenu des dons magnifiques ct surprenants; autrementcela serait impossible.Quant aux racines de sa générosité, elles se développent dans lesgénérations jusqu'à 'Abd AI-Qâdir.Ses qualités apparentes révèlent ses qualités intérieures, et lesreflèten t.Cette qaçida est très longue et a plus de 45 vers. Parmi1. Ce passage a trait au voyage du Prophète dans les régions célestes surla monture nommée Bordq.


NACHR AL-MATIIÂNi 121les actions intéressantes à signaler du Chaikh 'Abdallah Bâ'Afîf, il faut citer celle-ci: Il faisait une retraite de troisjours, une autre de sept jours et une troisième de quarantejours. Pour la retraite de trois jours elle avait lieu le lundi,lejeudi, et le vendredi; il accomplissait alors les devoirs dudhikr nuit et jour. Il s'isolait dans la Zâouïa et mangeait(Page 235.)après l'heure de 1"Achâ ; il détournait ses regards de tout cequi est défendu et il ne dormait pas sans dire avant sonsommeil pour la pùreté de la retraite: « 0 généreux, ô miséricordieux», mille fois et de faire une prière au Prophète.Que Dieu lui accorde la bénédiction et le salut. Beaucoupde gens acquirent la sainteté de cette manière; quant à laretraite d'une semaine, elle consistait à jeûner, à s'isoler, àveiller, à détourner ses regards de ce monde et de ses habitants;il en était de même pendant la retraite de quarantejours.Mais le respect de la divinité est la moitié de la religionou plutôt la religion entière; ce respect, débarrassé de touteespèce de désobéissance envers Dieu, de toute oppositionaux saints et envers les musulmans, provoque une politessenon seulement dans les paroles mais dans lesgestes; le bien suprême, c'est la récitation du Qorân et lasoumission au Maître des cieux et de la terre.Telles sont les paroles du Chaikh 'Abdallah Bâ 'Anf.Aboû Sâlim a dit dans sa Ri/lia, après avoir rapportétout ce que nous venons de dire sur le personnage dontnous écrivons la biographie, que le Chaikh Bâ Afîf rapporteque le Chaikh Mohammed Bâ 'Alawî ordonnait àses disciples defaire ces retraites auxquelles est attachée unegrande baraka. Que Dieu, qu'il soit exaltç, nous les rendeprofitables et qu'il nous fasse obtenir leurs barakas. Amen.9


122 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Le Faqîh Sayyidî 'Abd A l- Wahhâb A l- Wa"îrAl-Ghassânî.Le faqîh vénérable Abou Mohammad 'Abd Al-Wahhâbben Ibrâhîm AI-Wazîr AI-Ghassânî était l'un des principaux'adels de Fès. Il a été mentionné dans les A"hâr al­BOtlslân parmi ceux qui ont reçu l'utile enseignement del'Imâm Abou Zaïd AI-FâsÎ et l'appelle le faqîh, le professeur.Il mourut le 27 de Chawwâl en l'année 1071 (25 juin1661).Sayyidî 'Abd Al-'A"î" kt-Zimrânî.Le Sayyid Aboû Mohammad 'Abd-AI-'Azîz Az-Zimrânîvécut d'une vie austère et solitaire. Il allait toujours dansles mosquées abandonnées. Il invoquait fréquemment lenom de Dieu. Il laissa ses biens et son enfant à Marrâkechet alla à Fès, où il se fixa à la Mosquée Al-Andalous pendantdix ans sans que personne ne s'aperçût de sa présence,sauf les muezzins. Sa famille pensa qu'il était mort et sonfils vint à Fès pour s'informer de lui j mais le père le vitavant d'en avoir été vu et s'enfuit en disant: « Je J'abandonneà Dieu. »Ensuite il s'en alla vers la Qala'a des Beni Hammâd oùil resta un certain temps, puis s'en alla au pays du Dra'a oùil mourut en l'année 1071 (1660-1661).


NAcnn AL-lIIATIl'\Ni 123ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1°71 (J.-c. 1660-1661).La neige tomba pendant les nuits du mercredi au jeudide Rabi' ath-Thâni (décembre 1660-janvier 1661), accompagnéede petits poissons (?) longs comme environ les deuxtiers du petit doigt; il ne tomba pas d'cau durant plus dedeux mois; des gens souhaitant la pluie, se réunissaientpour lire le Qorân et le Çahîlz du Boukhârî aux Qara­"viyin. C'était à la fin de Djoumâdâ ath-Thâniya (févriermars1661).Beaucoup de blé fut volé dans les champs par les gens desBeni Hasan et ceux qui étaient avec eux, et le prix du bléfut de 20 mithqâls le wasq 1 conformément aux mesuresemployées à notre époque.Le Raïs Aboû Salhâm ben Gaddâr mourut.ANNÉE 1072 (J.-c. 1661-1662).Le Clzaikh Sayyidî Maha11l11lad ben A h11lad Miyyâra.Le Faqih, le savant intelligent et éclairé, dont la scienceétait particulièrement solide, d'une belle conduite, uniqueparmi ses contemporains par l'excellence de ses ouvrages,par la manière aisée avec laquelle il s'exprimait et la bienveillancequ'il montrait; Aboû 'Abdallah Sayyidî Mohammadben Ahmad Miyyâ!"a, habitait Fès. Aboû Sâlim a dit à1. Le uJasq est environ une charge de chameau.


124(Page 236.)ARCIIIVESlIIAHOCAINBSson sujet dans sa Fall1'asa : « C'était un faqîh instruitdans toutes les branches de la science et quiconque recherchaitune instruction scientifique devait être de ses disciples.J'ai étudié sous sa direction plusieurs ouvrages de droit etj'ai entendu de sa propre bouche son petit commentairedu Mourchîd al-Mou'în, une grande partie de son commentairede la Lâmiyat A!{-Zaqqâq, ainsi que d'autresouvrages qu'il avait étudiés. Beaucoup d'imams célèbreslui ont adressé des éloges, entre autres l'Imàm, l'Ascète,l'homme pieux, le vérificateur Sayyidî Ahmad ben 'Alî As­Soûsi et le Chaikh Aboû 'Abdallah AI-Mouràbit Ad-Dilâï,et d'autres qui écrivent également des éloges des commen·taires du Mourchid, 'ainsi que Aboûl-'Abbâs AI-Abbâr, leChaikh Aboû Hamîd Sayyîdi AI-'Arbi AI-FâsÎ; les auteursde son temps s'inclinaient devant sa science, le plus grandnombre de ses concitoyens avaient pour lui de la considérationet tous lisaient ses ouvrages, les professeurs commeles étudiants. Ils faisaient bon accueil à tout ce qu'il avaitécrit. On en retira un important profit dans différentescontrées et sa réputation était universelle.Parmi ses ouvrages il faut citer les deux commentairesdes poésies du Chaikh Ibn 'Achir intitulée le Mourchid al­Mou"în 'alâ'd-Darourî min 'Oulôum ad-Dîn; un grand etun petit, et un commentaire de la Lâmixat du ChaikhAboû'I-Hasan Az-Zaqqâq; j'ai indiqué déjà plus haut cestrois ouvrages; il a composé également le Takmîl al-Minhâdjqui sert d'appendice aux vers du Chaikh Zaqqâq,appelé le Minlzâdj al-Mountakhab, et il en a fait le commentaire.Ses autres ouvrages sont le commentaire de laTouhfa d'1bn 'Acim sur la jurisprudence, la Naçîhat al­Moughtârîn fi Raddi 'ald dhawÎ at-Tafriqat bain al­Mouslimîn et la Zoubdat al-A outdb fî Ikhtiçdr al-Hattâb,commentaire du Moukhtaçar de Khalîl en trois volumes;


NACIIn AL-MAT1LÎ.Ni 125il commença un autre commentaire du Mouhhtaçar deKhalîl, et il arriva jusqu'aux mots ll'aqt al-mouhhtâr. Ilavait le désir ardent d'étudier les sciences avec profit, pourles enseigner et pour les approfondir.Il a laissé des notes et des Adjll'iba et des vers en grandnombre. Toutes ses œuvres sont répandues et célèbres.Les ouvrages d'une telle valeur sont rares, les gens de cetemps en ont reconnu la valeur.Le l1âfidh AI-Fâsî l'a mentionné parmi ceux qui ontreçu l'enseignement de l'oncle de son grand-père, celui quiconnaît Dieu, SayyidÎ 'Abd Ar-Rahman, dans son livre intituléA{hâr al-Boustân. JI dit ce qui suit: « C'était unChaikh du rite, dont il portait l'étendard, c'était la pleinelune qui resplendit dans le ciel. C'était le savant intelligent,auteur de Nall)â~ill, Aboù 'Abdallah Mahammed benAhmad .\Iiyyàra, dont il faut avoir lu les ouvrages ct qu'ilest nécessaire d'avoir entendu. »Le Hâfidh AI-FâsÎ l'a diplômé pour tout ce qu'il avaitétudié d'autre part. JI naquit en l'année 990 (1590-1591) etmourut après l'heure de la Douhâ, le mardi 3 Djoùmàdùath-Thàniya de l'année 1072 (24 janvier 1662). Il fut enterrédans une maison qui est devenue aujourd'hui uneRaouda réservée aux inhumations, dans le voisinage duSaint, du vertueux, Sayyidî 'Azîz, au Darb at-Tawîl, à Fàsal-Qarawiyîn; près du tombeau du personnage dont nousécrivons la biographie, on ajouta un grand espace pour lesinhumations. Cet endroit est ainsi devenu un grand cimetièreet il y a peu de temps, ses parents ont construit sontombeau qui est devenu un important sanctuaire.(Page 237.).Les Chaikhs du personnage dont nOlis écrivons la biographielui firent beaucoup d'éloges pour sa science; parmit. VaJvâ,ii: Ce sant les questions ct les r(~ponses sur la jurisprudence~onform~ment il la loi.9 1


126 <strong>ARCHIVES</strong> lIIAROCAINESeux il fautcitér Aboûl-Hasan AI-Battoû'î, qui le diplôma pource qu'il lui avait enseigné d'après ses maîtres, les ChaikhsAI-Qaççâr et Aboûn-Nou'aim Ridwân, comme le prouveson diplôme et les vers composés sur lui par le Chaikh AI­Mourâbit Ad-DilM, quand il lui écrivit au sujet de soncommentaire du Mourchid. Voici ces vers: .o homme unique sur l'arbre élevé de la gloire, toi qui es guidé parune étoile fortunée. Certes, les plus vertueux composent un collierdont tu es la perle précieuse. Tu rends toute queslion aussi limpidequ'un diamant par tes douces paroles qui sont plus exquises que desrayons de miel.Tu apparais comme la lune dans son plein lorsqu'elle monte à l'horizonet dans le ciel, et comme une étoffe chatoyante. Tu as orné d'uncollier de perles lumineuses un cou dépourvu d'ornements, et tu as étérécompensé par celui qui a reçu ce cadeau.Lè 'Alldma Saxyidî 'Alî A{-Zarho~nî.Le Chaikh, le grammairien instruit dans les sciences, le'Allâma Aboû'l-Hasan 'Ali Az-Zarhoûnî. C'était, que Dieului fasse miséricorde, un homme excellent, pieux, utileaux étudiants, un vérificateur en grammaire, en syntaxe eten prosodie, sans parler d'autres sciences qu'il connaissait;il enseignait fréquemment Al-Alfiya. Un grandnombre d"Oulamâ reçurent son enseignement. Il mourut àChefchâwan en l'année 1072 (1661-1662). Il étudia auprèsd'un grand nombre de savants de son temps, tel que leChaikh, le grammairien, l'Imâm Aboûl-Hasan 'Ali ben Az­Zoubair As-SidjilmâsÎ, mort en l'année 1035 d'après la Fa­Izarasa de l'auteur du Matmah. Parmi ceux qui reçurentl'enseignemen t du personnage en question, il faut citer leChaikh, 1'1 mâm Aboû Mouhammad 'Abd Al-Qâdir ben 'Aliben Yoûsouf AI-Fâsi. Que Dieu soit satisfait d'eux tous.


NACIIR AL-MATIlÀNi127Le Chai"h Sayyidî Ahmed Al-Malâhfî.Le Chaikh Aboù'l- 'Abbâs Ahmad ben 'Abd Ar-RahmânAI·Malâhfî, ce nom lui vient de sa profession qui consistaità confectionner des manteaux. Quelques-uns de ses ancêtres avaient déjà exercé ce métier. Il était de la tribudes Banol! Kinâna. Il avait une Zaouïa à Darb al-Hourra,située à la Tara de Fâs. 11 eut des disciples et des compagnonsqui y étudièrent les Wada'if et les Ahzâb; on cite delui de nombreux miracles. II fut l'un des Chaikhs d'Ibn'Aïchoûn qui a composé un ouvrage sur les saints de Fès.On dit-dans cet ouvrage: « Le personnage dont nous écrivonsla biographie mourut à l'heure de l'açr le mercredi23 Dhoûl-Qa'da de l'année 1072 (29 juin 1662), à l'âge d'environ70 ans, et fut enterré dans sa Zâouïa.Le Chaikh Sayyidî 'Abd Al-'A,î, A{-Zam{amî.Aboû Fâris 'Abd AI-'Azîz ben Mohammed ben Abd AI­'AzÎz Az-Zamzamî AI-Makkî Ach·Chafi'i, muezzin duMasdjid al-Harâm; c'était l'un des faqihs vertueux du riteChafiite, le Chef des muezzins de la colline Zamzam dansla noble ville de la Mekke. C'est à cause de cette fonctionque ses ancêtres reçurent le surnom de Zamzamî. Il atteignitun âge avancé, et vécut aussi longtemp's que le ChaikhDâwoud AI-Antakî, auteur de la Tadkira, ouvrage sur lamédecine comme il n'en fut jamais composé de semblablesur cette science.Ibn Tâdj a dit; « Le Chaikh 'Abd 'AI-'Azîz, c'est-à-dire lepersonnage dont nous écrivons la biographie, m'a dit quele Chaikh Dàwoud avait une situation considérable auprèsdes émirs de la Mekke. Il était présent aux cours où monpère enseignait. Celui-ci l'honorait beaucoup mais moi je


128 ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>ne l'aimais pas, je le trouvais insupportable. Je fis desreproches à mon père sur la considération et le respectqu'il lui portait en disant:(Page 238.)« Comment peux-tu honorer à ce point un tel philosophe?« Il me répondit: « 0 mon fils, c'est un des sages del'Islam et il est très influent à la Cour. On a dit autrefois:« Que vaut le sentiment d'un seul homme contre quelqu'un que« mille personnes estiment? l>Abd Al- 'AzÎz ajoute:«Ensuite je fus atteint d'une maladie qui m'empêcha certainjour d'assister au cours. Le Chaikh Dâwoud, qui étaitprésent, interrogea mon père à mon sujet, et celui-ci lui fitpart de mon état. Lorsqu'il quitta ce cours il dit à mon père:« Viens avec moi, je vais examiner ton enfant. » Il entradonc chez moi, j'étais au plus fort de ma maladie. Il m'auscultaet dit à mon père: « Il n'y a pour le moment aucuntraitement à suivre pour cet enfant, mais qu'il prenne unpeu de ce remède»; il le tira de sa poche, « qu'il en boive,ou qu'il s'en oigne, pour calmer la douleur. » Il dit cela:«Je reviendrai le voir demain à telle heure, et il s'en alla. »J'employai le remède qu'il m'avait donné et je fus soulagé:Il revint le lendemain à l'heure dite, il amena avec lui unchirurgien et dit:« Préparez la lancette pour la saignée pendantque j'examinerai quelle veine on doit ouvrir et à quelendroit on doit pratiquer la saignée. » Il ajouta: « Quandtu m'entendras dire: « Allah» à haute voix, ouvre la veineque je t'indiquerai et quand je dirai: « Allah» pour la secondefois, fais la ligature et arrête l'écoulement du sang. »L'opérateur prépara donc la lancette, fit les ligatures etattendit les ordres du Chaikh. Celui-ci baissa la tête unmoment et dit: « Allah ». Aussitôt le chirurgien pratiqua


NAClln AL-MATIlÂ:'IIi 129la saignée ct y mit fin quand le Chaikh eut dit une secondefois: « Allah ». Ensuite le Chaikh leva la tête et lui dit:« - Je t'ai tiré une certaine quantité de sang, à une certaineheure et pour un certain temps. Il ajouta que l'espacede ce temps serait de près de 80 ans. Le Chaikh .Abd Al­'Azîz se trouva mieux aussitôt et la maladie ne reparut pluspendant près de 80 ans comme le rapporte le Chaikh 'AbdAl- 'Azîz; il était encore vi vant en l'année 1065 (1654- 1655). »Aboù Sâlim a dit, après avoir rapporte tout ce que nousvenons de raconter precédemment : «Je désirais beaucoup levoir et recevoir son enseign~ent, mais il ne put me satisfaire,car il n'en avait pas le temps.li. Quand j.e retournai pour le voir clans la même intention,je constatai qu'il etait parti recevoir la bénédiction de Dieuet je ne demandai pas à quel moment avait eu lieu sa mort.Son fils le Chaikh 'Abd As-Salàm prit sa place parmi lesmuezzins de la colline de lamzi:uTI. Les membres cie sa familleaccomplissaient, dit-on, cles miracles ex.traordinairesgrâce à leur présence en cet endroit sacre.A ce sujet j'ai entendu dire par un certain nombre dej\loudjâwirîn 1 à la l\1ekke que le Chaikh 'Abd Al- 'Azîz ou linautre membre de sa famille, fut retenu certain jour par desoccupations, en dehors de la Mekke et quand approcha lemoment, il se mit en route pour atteindre la i\lasdjid al­Harâm au moment de l'appel à la prière. Ce moment arrivaqu'il était encore à Thâniya qui domine AI-Mouhaçab dansles environs de la Mekke, sur la côte de ;\linâ. C'est dansce lieu qu'il prononça l'appel à la prière; il était alors séparéde la Mosquée par une grande disiance, par des montagneset par des gorges; il était donc impossible que sa voixfût entendue dans les soûqs de la l\lekke. à plus forte raisonpar ceux qui étaient dans la mosquée. Or ceux qui étaient1. 1I\0udji\wirîn, pl. de Moudjâwir, littéralement «voisin ». Ce sont lespèlerins qui s'établissent définitivement ou pour un long lemps il 1:1 ,'vle!;!;..,ou il Médine.AReIl. MAlloe. - XXIV. !J


130 ARCIIIVES lIlAROCAINESdans la mosquée entendaient sa voix comme s'il prononçaitl'appel à la prière de l'endroit habituel. On considérace fait comme un miracle.(Page 239.)« Dans le même ordre d'idées, on raconte que le chef desmuezzins faisait un appel avant le lever de l'aurore et le prononçaitsept fois, en mettant entre chaq ue appel une pausede deux minutes; quand il avait fini son dernier appell'aube s'était levée et beaucoup de gens prétendaient que lesappels au moment où ils étaient prononcés étaiententenduspar les Abdâl 1 d'Occident et d'Orient et qu'ils se rendaientà la prière. Pour moi, j'ai souvent porté mon attention surce fait et j'ai entendu des appels qui ne formaient aucune articulation,de sorte qu'ils n'appartenaient à aucune langueetj'ai pensé que le plus souvent le cri correspondait au nomde Dieu prononcé indistinctement au commencement et enomettant Je hâ final. Je lui fis demander, tandis que j'habitaisà la Mekke pendant le Ramadân, si l'on pouvait continuerà manger après son premier appel. Il me répondit quele jeûne de celui qui mangeait pendant les trois derniersappels, était valable, mais non s'il mangeait après ces appels.Dieu, qu'il soit exalté, en sait davantage. » Telles sontles paroles d'Aboû Sâlim. Ibn At-Tâdj, auquel Aboû Sâlima emprunté en premier lieu, aura sa biographie plus loin,s'il plaît à Dieu. Parmi ceux qui ont étudié auprès du personnageen question, il faut citer le Chaikh Yâsîn, auteur degloses marginales sur l'A [flya et sur le Tac!zrî, le ChaikhYâsîn ben Ghirs ad-Din Ach-Châf'i AI-Ançârl, Aboù Mahdî'lsâ Ath-Tha'libî AI-Djafarî AI-Maghribî, etc., je ne mesouviens pas maintenant de ses Chaîkhs. Il mourut enl'année 1072.1. A bddl : Dans la hiérarchie çoulis!C, les Abdâl vont immédiatement audessousdu Qotb ou Ghouth. Il yen li 40 dont 22 occupent la Syrie et dll"lrâq. Chaque fois que l'un d'eux meurt, Dieu le remplace immédiatement.


NACIIR AL-MATII'\NiI~lLe 'Allâma Saxxidî MOllhal1lmad A I-AJanqOllchî.Le savant considérable, le voyageur illustre, Je faqîhAboû 'Abdallah Mouhammad ben Aboûch-Chitâ AI-l\1anqoûchîhabitait à Fès. Le Chaikh Aboû Sâlim 'Ayyâch luia adressé beaucoup d'éloges dans sa rihla; voici ce quïldit: « Le jour de notre arrivée dans cette ville, c'est-à-direTarabotîlous, nous avons rencontré nos compagnons deFâs en voyage de pèlerinage et parmi eux notre ami SayyidîTâhirben Ridwân AI-Khazradjî qui nous apprit une grandeperte et un terrible malheur, la mort de notre frère enDieu, notre soutien dans le passé et dans l'avenir, l'amiaffectueux et excellent, le compagnon le plus pur, le savantconsidérable, le voyageur illustre Sayyidî Mouhammad AI­Manqoûchî. Que Dieu fasse couler sur son tombeau destorrents de bénédiction et de contentement et qu'il le metteau rang de ceux qui se réjouissent d'être parvenus à le satisfaire.Sa mort eut lieu au mois de Mouharram, au commencementde l'année l072 (1661-1662), dans la grande villede Constantinople; il mourut de la peste trois jours aprèsy être arrivé. Il y avait longtemps, que Dieu lui fasse misé·ricorde, qu'il désirait y aller et qu'il espérait visiter cetteville, et ce désir atteignait chez lui la même intensité quecelle que l'on éprouve de revoir son propre pays. C'est danscette ville qu'il trouva le tombeau, et l'on m'a dit qu'unelumière étincelante brillait sur son tombeau, ce qui n'estpas impossible, puisqu'il est mort en professant la foi musulmane,atteint de la peste en pays étranger, en route pourle pèlerinage, en train d'étudier et au milieu d'un concoursd'autres circonstances très favorables. Ses amis lui construisirentun tombeau qui devint un lieu de pèlerinage.Que Dieu lui enlève tout péché et toute faute. » Telles sonten résumé les paroles d'AbOli Sâlim, qui le pleura dan~;


132 ARClIIVES" <strong>MAROCAINES</strong>une qacîda longue d'environ 180 vers qu'il écrivit de Taraboùlousà ses disciples à son retour du Hidjâz. En voiciune partie:(Page 240')Après avoir terminé la lettre que je vous ai, adressée il m'est arrivéune nouvelle que les oreilles ne peuvent pas entendre;Elle m'a fait oublier toutes mes préoccupations et a réveillé les tristessesoubliées;Elle a rallumé en mon cœur le feu qui couvait et que les larmes quej'ai versées n'ont pu éteindre;Frère de mon âme, il était mon compagnon préféré, celui dont lecœnr était avec le mien dans tous les combats;Il m'accompagnait dans toutes les circonstances, et me préférait àtous les bonheurs et à toutes les joies. C'était un ami très cher, je n'enai' pas d'aussi cher que lui, ni qui soit doué d'un caractère comme lesien;Plein de générosité et de patience, doué d'un excellent naturel, sonesprit était animé d'une parfaite sincérité.Son intelligence supérieure ne concevait aucune mauvaise pensée, ilal"lit u ne patience sans bornes pour supporter et pour pardon ner.Notre Mouh"lmmad vénéré, fils d'Aboûch-Chitâ, que Dieu étendejusqu'à lui sa miséricorde,La mort l'a pris et enlevé quand il eut complètement terminé sonrôle.Je ne plaindrai personne de sa mort autant que moi-même, car pcr­SOC1ne ne le mérite plus que moi.l Bien des fois je lui avais dit de faire attention et de se méfier desvoyages par mer.Mais son grand désir du bien l'a poussé à rechercher J'accomplissementde son déSIr. " n'a tenu aucun compte de mes bons avis.Il fut ainsi conduit à la mort sans s'en douter et les chaînes du destinl'ont enlacé.Il a traversé la Grèce et la mort l'a atteint dans une ville lointaine.Ainsi il a bu la coupe mortelle à Constantinople et il y est resté; c'estle meilleur des tombeaux.Beaucoup d'historiens ont dêcritcetteville et c'est là qu'il fut enterré.Dieu a protégé celui qui mourut dans un pays d'Europe. Il avait eudans le Gharb une noble naissance.Que!le rançon n'aurait-on pas accordée à la mort, pour qu'elle retar­J


NACIIR AL-MATH.'"lJe puis jurer que maintenant mes yeux ne goûtent plus le plaisirdu sommeil, et mon serment est sincère.Tandis qu'il vivait il était méritoire de mentionner son nom dansson pays et maintenant qu'il est mort son parfum répand une grâcebienfaisante en Orient.Il a eu le bonheur d'obtenir le plus beau martyre, frappé par la pested'une mort soudaine en terre étrangère.Il a trouvé sa tombe dans la meilleure ville musulmane après avoirtrayersé Ja mer sans retour.Les gens lui attribuent de nombreux miracles et dans la ville son tombeauest devenu un lieu de pèlerinage.Chaque année les anges divins vont faire le pèlerinage de la Mekke àsa place.Il avait abandonné son pays pour Dieu et pour le Prophète, et c'estau cours de son voyage que la mort l'a terrassé.(Page 241.)Dieu l'a sans aucun doute récompensé,


]~l ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>ment et de même tu répondais tou'jours avec esprit en t'appuyant surUI1 des textes authentiques.o Mouhammad, je ne peux pas trouver de louange qui t'élève, cartu es au-dessus de toute louange comme la pleine lune.Je t'adresse les meilleurs éloges et je te consacre prière sur prière.Que Dieu t'accorde le salut et que sa miséricorde se manifeste auxparadis du Paradis;Qu'il arrose ta tombe en pays d'Europe de la pluie de son pardon;Que le Prophète et que le LiHe de Dieu intercèdent auprès de Dieu etqu'il t'accorde le salut si tu es assailli par la crainte;Qu'il t'élève au Paradis avec les 'Oulamâ pratiquants et les Imams.Je prierai pour lui tant que je vinai et je ne l'oublierai pas pendantle pèlerinage et la 'Oumra "Ni au cours de ma visite au tombeau du Prophète et de ses compagnonsni chaque fois que je terminerai mon dhikr.Le personnage dont nous écrivons la biographie laissades enfants, parmt lesquels il faut citer le lettré, l'habile, lenoble Aboû Mouhammad 'Abd Al-Qàdir, qui a composédes vers excellents dans une langue concise; parmi ces ouvrageson peut citer ce qu'il a écrit à la louange de notreSayyid Ahmad ben 'Abdallah, que Dieu soit satisfait delui. L'auteur de cet éloge (rapporte) qu'il a vu dans uneaprès-midi une vigne couverte de feuilles vertes, et que lavue de cette verdure émeut de joie un cœur passionné:Regarde cette haute montagne étincelante de lumière, le front de notreAhmad illuminé par ses vertus est resplendissant comme elle.Il habitait avec son père, dans un quartier de Makhfiya àFès al-Andalous.(Page 242.)Ce Sayyid 'AbdAI-Qâdir n'eut pas de postérité; il existeaujourd'hui deux fils de son frère, mais aucun d'eux n'a. eu d'enfants jusqu'à présent, et il ne reste pas d'autresparents du personnage dont nous écrivons la biographie,1. 'OU11lra: YÎsite des lieux saints des environs de la Mekke.


NACIIn AL-MATIIÀNihormis ces deux-là. Il y a encore d'autres personnages dela même origine, dont l'un porte cgalement le nom deManqoûchî; ils n'ont aucun lien de parenté avec le personnagedont nous écrivons la biographie, mais ils sonttous de la tribu des Banoû Mangoûch, et Dieu en sait davantage.Le professeur Sayyidî Motl/zammad A,-Zadjalî.Le fagîh, le lettré, le professeur, le moudjaunvid l, Aboû'Abdallah Mouhammad ben Qâsim Az-Zadjalî. Les BanoùZadjali étaient des vizirs de Qortoba, d'après le Naf/z at­Tib et d'après la Djamhara d'Ibn Hazm, c'était une tribuberbère. On peut se reporter à cet ouvrage. Parmi les versde Zadjalî, on peut citer ceux qu'il a écrits à la louange du'Allâma Sayyidî Mouhammad ben Souda lorsqu'il fut nommémufti et khatÎb à Fès :o toi qui donnes les fetwâs au monde, sois toujours rempli de joie,monte dans les chaires les plus élevées et reste au rang suprême.Tu seras inséré dans le collier des hommes généreux comme uneperle. 0 homme parfait, je consens à être ton esclave;Océan de sciences, Dieu t'accorde son secours ininterrompu;Que Celui qui t'a élevé te conserve une belle vie; ô homme vertueux,ton élévation est par elle-même une louange.Sa)Tidi Mouham11lad ben Sayxidî Al-Khâdim ben AboûBakr Ad-Dilâï.Le Sayyid brave et savant, Aboû 'Abdallah Sayyidî Mouhammadben Sayyidî AI-Khâdim, fils du saint, le vertueuxSayyidî Aboû Bakr Ad-Dilâï. On a fait précédemment la1. },folldjallJuJid: qui a une belle prononcialÎon du Qorân.


136 ARCIIIVBS <strong>MAROCAINES</strong>biographie de son grand-pèrc. Entre autres anecdotes onraconte que son pèrc, Sayyidî AI-Khâdim, passa unc nuit àsouffrir et à pleurer tandis qu'il était encore enfant, à causede la morsure des puces. Sa mère s'en plaignit au ChaikhAboû Bakr qui répondit: « Les puces ne lui feront plus demal. » Dans la suite, quand Sayyîdi AI-Khâdim passait lanuit avec ses compagnons, ceux-ci souffraient de la piqûredes puces, mais lui n'en éprouvait plus aucun mal; l'onrapporte à cesujet que Sayyid Khadim disait: Sayyidî AboûBakr a prié Dieu pour que je sois délivré de la morsure despuces. Il a prié pour que Sidi Ach-Charql soit riche. Pourquoin'a-t-il pas prié Dieu également pour que je sois riche,et que ne m'a-t-illaissé avec les puces?ÉVl:


NACHR AL-MATHÂNtpar AI-Hattâb et quelques autres. Pendant la famine on amangé des cadavres et des charognes; on a massacré desenfants. Le Gouverneur de Fès, Ibn Çâlih tua quatre desenfants d'Ibn Mançoûr; c'est la famille connue encore aujourd'huisous le nom de Chorfâ AI-Mouhammadiyîn et quihabite depuis cette époque et encore maintenant dans larue des Achdâ', entre Râs al-Djanân et Djâza Ibn 'Âmir,à Fès al-Qarawiyîn. Il leur infligea ce traitement parce qu'ilpensait qu'ils lui faisaient de l'opposition. Tous ces événementsse passèrent le 28 du mois de Çafar (23 octobre 1661);(Page 243.)dans les premiers jours du mois de Ramadân (avril-mai1663), Sayyidî 'Abdallah ben Ar-Raïs Sayyidî MahammadAI-Hâdj Ad-Dilâï mit le siège devant Fès et la bloqua pendantt 0 jours. Il pilla et vola les récoltes, puis s'en retourna.J):17ANNÉE 1073 (J.-C. 1662-1663).Le Faqîh Sayyidî Mouhammad, fils du Chaikh Sayyidl'A bd A l-Karîm A l-Fakoutl.Le Chaikh, le faqîh instruit dans les sciences, le savant,intelligent Sayyidî Mouhammad, fils du savant intelligent.de l'ascète, de l'humble, connaissant les sciences positiveset les sciences mystérieuses, Sayyidî 'Abd Al-Karim benMohammed ben Abd AI-KarÎm AI-Fakoum. C'est ainsi quel'a décrit Aboû Sâlim dans sa Rihla. Il dit ensuite à sonsujet: « Parmi ceux que j'ai rencontrés à Taraboûlous se1 0


AHCHIVES <strong>MAROCAINES</strong>trouve l'humble personnage qui avait étudié les sciencespositives et occultes, que Dieu soit satisfait de lui et nous lerende profitable. Il avait atteint cette ville en faisant lepèlerinage, alors qu'il était émir d'une caravane de pèlerinsd'Alger, de Constantine etdes régions environnantes, commel'avait été son père avant lui; il était resté dans la voietracée par celui-ci par l'affabilité de son caractère. sa douceuret sa gravité qui touchaient les cœurs, les attiraient àlui; il ne devint émir du pèlerinage qu'à partir de cetteannée, car auparavant c'était son père qui était à la tête dela caravane des pèlerins, que Dieu soit satisfait de lui.Quand celui-ci mourut, son fils Mouhammad prit sa place,que Dieu l'aide et le dirige. Sa mort, que Dieu soit satisfaitde lui, eut lieu le soirdu jeudi 24de Dhoûl-Hidjdja de l'année1073 (30 juillet 1663); il mourut de la peste en martyr.J'avais pour lui, que Dieu soit satisfait de lui, un grandattachement basé sur notre respect pour sa sainteté. Je l'airencontré en faisant le pèlerinage avec lui en l'année 1064(1653-1654). Lorsque j'ai demandé à me joindre à lui età entrer dans sa Tarîqa, il m'a dit, que Dieu soit satisfait delui: « Je te dirai ce que l'Imam Ach-Châdilî a dit, que Dieusoit satisfait de lui: Les gens auront beaucoup de respectpour toi et la miséricorde qui s'étend sur moi s'étendraaussi sur toi \, Il vivait, que Dieu soit satisfait de lui, dansla solitude et la retraite, il évitait la compagnie des faiseursd'amulettes après avoir été un des principaux d'entre euxet leur avoir servi d'exemple. Il a composé à ce sujet denombreux ouvrages qui le mirent au premier rang, d'aprèsle témoignage de ses contemporains, mais Dieu le poussaà abandonner cette voie pour se consacrer entièrement à lui\' Le Nachr dit: 6,.orlr l:J\jA èlJLa RiMa dit : ~..GJ\ 0" l:J L. dl« Tu auras les mêmes obligations que moi. "


:"AClIIl AL-MATlI.\NÎde cœuret d'âme, et il voyageait dans les deux villes saintesmalgré son grand àge. Il disait, quand on lui parlait dessciences occultes: « C'est pour Dieu que je les ai étudiéeset c'est pour lui que je les ai abandonnées. » Que Dieu soitsatisfait de lui. Je me suis contenté des paroles qu'il m'aadressées, lorsque j'ai su son état d'esprit, et j'ai craint del'importuner et de lui imposer une obligation désagréable,car c'était un homme bienveillant, Dieu soit satisfait delui. Son enseignement est rapporté en entier dans la Falzal"aSade notre Chaikh Aboù l 'Aïsà Ath-Tha'libî, et nOLIsl'avons recueilli complètement par un intermédiaire ou parson intermédiaire (c'est-à-dire de l'ha'libP).Quand j'ai rencontré son fils, celui dont nous parlons, jeme suis rapproché de lui et je me suis recommandé à luid'avoir connu son père. Je m'aperçus alors qu'il avait éga­Iement entendu parler de moi, car il me dit: « C'est toidont mon père a reçu une lettre envoyée de vVàdî Ouml11Rabi' un an avantsa mort.(Page 244.)Je lui répondis affirmativement. Il me souhaita la bienvenue,me dit de bonnes paroles, prit un ton enjoué et meparla familièrement; je trouvai chez lui un grand nombred'ouvrages de son père, dontquelques-uns ecrits de sa main,que Dieu lui fasse miséricorde, il me les prêta durant sonséjour à cet endroit qui ne fut pas long. Parmi eux il fautciter son commentaire de l'OurdjO/l,at al-MaH.olldî surla conjugaison. C'est un livre où se trouvent d'excellenteschoses, de très beaux passages, il y inséra de nombreuxemprunts à d'autres livres, et ne négligea rien de ce quenécessite la clarté du commentaire en évitant ce qui en1. La RiMat dit « Aboù Ma.h,idî 'Aisà ".Le lexIe du Nachr a/-Mathdn!, citant la Rihla d'AL-AYY'\cllî, dit~\y.. Le lexte de cette rnème RiMa dil : .(:h..,l y .


110 ARClIIVES <strong>MAROCAINES</strong>aurait obscurci le sens. Il n'a passé aucune des difficultésde l'ouvrage commenté, sans en donner l'explication. Enun mot, il a composé cet ouvrage comme il devait le faire.Voici le commencement de sa préface:Dieu soit loué, lui qui a fait dépendre tes dêrintions nominalesdans leurs différents degrés, des formes verbales, et qui a rendu évi.dente la nécessité où se trouvent ces dérivations de recourir à elles pourexprimer les changements d'état au moyen des voyelles, des consonnes,des lettres faibles, des flexions et des signes accessoires de l'écriture;il a établi leur existence en donnant au signe damma le son ou, ausigne kasra le son i et au signefatha le son a. Preuve évidente de sagrandeur et de son élévation.On n'ignore pas que cet ouvrage contient depuis le commencementd'excellentes explications et des distinctionssubtiles sur les dilTérentes formes grammaticales et sur lasyntaxe. Il termina son ouvrage dans les premiers jours dumois de Çafar de l'année t048 (juin-juillet 1638), le personnagedont nous écrivons la biographie multipliait dans sesouvrages les citations et les recherches; son ouvrage estplus complet que le commentaire du très savant SayyidiMahammed AI-Mourâbit Ad-Dilâï. Je ne sais pas lequel deces deux commentaires a précédé l'autre. Parmi ses ouvrages,il faut encore citer un Dîwân à l'éloge du Prophète,que Dieu lui envoie la bénédiction et le salut, et un ouvragesur la prohibition du tabac qu'il a appelé ; Mouhaddidas-Sindn fî Nouhoûr Ikhwdn ad-Doukhdn. Cet ouvragecomprend plusieurs cahiers et contient un grand nombrede consultations d'ImâmsOn dit dans la Rihla, dont nous avons déjà parlé, que beaucoupde savants de notre époque ont traité abondammentla question du tabac, les uns le considérant comme permisct les autres comme interdit; Je plus grand nombre ét:Jitde ce dernier avis; parmi eux, le plus célèbre savant de sontemps, le Chaikh Ibrâhîm AI.Laqqânî et son Chaikh le véri-


NACHH AL-MATIIA;\i 141ficateur, Je Chaikh Sâlim As-Sanhoûrî. Parmi ceux qui concluaientque l'usagedu tabac était licite, il faut citer le ChaikhAboûl-Hasan Al-'Oudjhoûrî. Il faut lire la fin (dans laRiMat). Les 'Oulamâ se sont étendus sur; la réputation deceux qui autorisaient l'usage du tabac et c'est avec raison..J'ajoute que le Chaikh 'Alî Al-'Oudjhoûrî réfuta lui-mêmeson ouvrage sur le principe que le tabac est licite pour enrevenir à la prohibition.C'est ceque nous dit notre Chaikh, le savant, célèbreet précis,celui qui fait autorité, le Chaikh Sayyidî i\louhammad,dit Al-Kabir ben Mouhammad As-SarghînÎ AI- 'Anbarî, quil'avait recueilli du Chaikh Sayyidî Aboû Bakr ben MahammadAd-Dilâï, d'après le Chaikh Ahmad Az-Zourkî l'un desplus célèbres élèves clu Chaikh A.l-'Oudjhoûri. Celui-cirevint cie son opinion sur la permisson de fumer à l'opinionde sa prohibition. C'est ce que nous dit égalementnotre Chaikh As-Sarghînî, d'après son Chaikh, le Sayyidle meilleur digne de confiance Sayyidi Al-'Afiya d'après sonfrère, le savant éclairé, le vérifiêateur, le plus célèbre SayyidîMouhammad ben 'Abd Ar-Rahmân Aç-Çoumaï At-Tàdilî.Quand celui-ci fit le pèlerin


142 ARCIlIVES <strong>MAROCAINES</strong>son apparition, et nous demandons à Dieu que son usagesoit interdit. La preuve suffisante de la nécessité de soninterdiction, c'est que le tabac agit sur la sensibilité. C'estce que nous avons constaté en interrogeant les gens quenous avons vus s'en servir.Le Chaikh AI-'Afiya et son frère le Chaikh Mouhammadqui se trouvent tous les deux mentionnés plus haut. sontparmi les principaux 'Oulamâ dont la bonne. foi et la précisionont été appréciées. Nous ferons leur biographie, s'ilplaît à Dieu, dans un des chapitres consacrés au prochainsiècle.Le Faqîh Saxyidî 'A bdallah benMahammad Al-'Ayyâchî.Le Faqîh, le savant Aboû Mouhammed 'Abdallah benMahammad AI- 'Ayyâchî Al-Malikî. On dit dans les A.,hâral-BoÎlstan : « Az-Ziyânî AI-l\lalikî. Il mourut à J'heure de'Achâ, la nuit d'Arafa (celle qui précéde 1"Îd al-Kabîr) del'année 1073 (1662-1663). »Le personnage en question fut enterré dans le voisinagedu Saint célèbre Sayyidî Aboû Salhâm, dans la province duGharb, et l'on bâtit sur son tombeau une petite qoubba. Ona fait précédemment la biographie de son père, Émir deFès et d'autres villes, en l'année 1050 (1640-1641) et nousavons dit alors qu'il fut enterré dans le voisinage duChaikh Aboû Chîta, que Dieu nous le rende profitable. Lepersonnage dont nous écrivons la biographie est l'auteurd'une pièce de vers à l'éloge du Mourchid Al-Mou'în :Il faut, si tu veux suivre la voie droite, que tu suives la religionde ton Maitre généreuxEt que III étudies une poésie comme le Djollmmâm, qui sera tonseul aide el ton seul secours 1.1. Le texte dit ..tl-Mourchid Al-Mou'ln. Il ya là un jeu de mots sur letitre de l'ouvrage dont l'étude est conseillée.


NACIIR AL-MATHÂNi 113Tels sont les vers que son commentateur rapporte dansson grand commentaire, et il dit dans cet ouvrage que ce futle personnage dont nous écrivons la biographie qu i l'obligeaà faire un nouveau commentaire. Le nom de cet 'Ayyâchîs'écrit avec un î final; celui du Chaikh 'Abdallah Ayyâchs'écrit sans î; il appartenait à une tribu berbère connue au.Maghrib sous le nom de « Ait 'Ayyâch » et il est l'auteurd'une Rillia (relation de voyage) de plusieurs Faharasas,de pièces de vers, etc. Sa biographie sera faite en l'année 10gl(1680-1681), s'il plaît à Dieu.Le Clzaiklz 'A bd Al-Djawâd At-Tarînî.1nstruit des sciences,le Chaikh'Abd AI.Djawâd At-Tarîni.On dit dans la RiMat al-'Ayyâchiyya: Parmi les fouqahâque j'ai rencontrés à AI-Azhâr qui est si florissante, il fautciter notre Chaikh 'Abd AI-Djawâd At-Tarînî, vieillard quiégala les plus grands savants d'Al-Azhar. Son Sanad estdes plus illustres. Il connaissait un grand nombre desciences. Il m'a montré toutes ses Rasâ'il portant sur denombreuses questions dont la plupart se rattachent à lavaleurde certains hadîths. 11 en a contrôlé un grand nombreet je lui ai écrit au sujet de quelques-unes des lettres d'approbation.Il mourut, que Dieu l'ait en sa miséricorde, àl'époque où nous étions au Hidjâz, en l'année 1073 (1662­1(63).1. Çd' an·NabaJ/J1 : mesure de grains. Cf. note l, p. 136.


IHAHCHIVES <strong>MAROCAINES</strong>ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE /073 (L-C. /662-1663).Au cours de cette année il y eut une grande famine etle blé atteignit 5 dirhams char'j par çâ' an-Nabàwî,. onmangea des charognes; les morts étaient nombreux dansles rues, sans compter ceux: qui étaient à l'hôpital; lenombre des morts venant de cet hôpital, qui furent enterrés,était de 84.000 selon ce que l'on rapporte, sans compterceux qui furent enterrés d'autre part.(Page 246.)La viande se vendit au prix de 1 dirham 1/4 chari' lalivre. Le prix de la volaille était d'environ 4 dirham chari'ou même davantage. Moûlây Mahammed ben Ach-CharifAs-Sidjlamâsî arriva pendant les derniers jours de Mouharram(août-septembre 1662) et occupa la région desHayâïna. Il s'empara de leurs récoltes et le prix de ventedu blé dépassa encore celui indiqué plus haut. Leshommes mangèrent publiquement des cadavres au milieudes Çaffârîn de la mosquée de Qarawiyîn à Fès. Le quartierde Fès appelé Ad-Doûh, qui comptait 700 habitants,n'avait que 30 survivants. Les notables de Fès quittèrentla ville et se réfugièrent à Dilâ où ils demandèrent du secours.Des quartiers de la ville devinrent déserts, et leursmaisons tombèrent en ruines; leurs mosquées furent abandonnées.Moûlây J\'1ahammed ben 'Abdallah ben 'Ali benTâhir AI-Hasanî sortit de Fès pour combattre son cousinMoûlay Mohammed ben Ach-Charîf avec l'aide des Hayâïna.un jeudi du mois de Çafar (septembre-octobre 1662), et ilrevint le mardi suivant. Il y eut un tremblement de terreau milieu du mois de juin. Le Icttré Sayyîdi l\louhammadAI-l\louadhdhin mourut à Tétouan.


NAcnR AL-~ATnÂNIILiANNItE 1074 (J.-C. 1663-1664)'f,e Chaihh Say)-idî },!ouhammad ben Ahmadben Mousâhil.Le Chaikh, l'Imàm, le Mufti de Taraboûlous de Barba_rie, Aboû 'Abdallah "'louhammad ben Ahmad ben Mousâhil.Aboù SAlim a dit dans la RiMa: « Ce Chaikh, que Dieusoit satisfait de lui, est le meilleur que nous ayons connupour la conduite et le dévouement; très sincère dans sesparoles et dans ses actes; il était instruit dans les scienceset avait étudié [es différentes branches du rite. Il fut Î\Iouftipendant environ 40 ans, et il eut dans cette fonction unelouable cunduite, puis il démissionna et il resta chez luiet à la mosquée pour se consacrer à l'enseignement. JI sereposait ainsi de ses fonctions et s'adonnait à la lecture sanss'interrompre ni matin ni soir, été comme hiver. Il étudiaitquelque peu des ouvrages de droit et de grammaire, selonsa convenance, et il complétait sa lecture par des recueilsde sermons et de dhikr. Il avait beaucoup de goût pour leÇoufisme. Il fut sans conteste pour l'enseignement de cetteTariqa, le disciple de Sayyidi Mouhammad Aç-Çâ'id. Nousavons fait précédemment la biographie de Sayyidi MouhammedAç-Çâ'id en l'année 1050 (1640-1641). Voici ccqu'écrivait Aboû Sâlim à ce personnage en l'informant deson arrivée.o notre Sayyid, Mufti des musulmans, Ibn Mousâhil, source devertu préférable à toutes les autres sources,Que le salut de Dieu soit sur toi; reçois ce salut de la part de celuiqui est sous ta protection depuis bien des années.Quand les gens s'égaraient dans les ténèbres de l'ignorance, c'est talumière qui les dirigeait;AIlCII. MAnoc. - XXIV. JO


HG <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Ils obtenaienr de toi tout ce qu'iÎs voulaient, et bien souvent tu I"asaccordé sans qu'on te le demandât.Et d'autres vers encore. Il raconte dans sa Rihla desrécits merveilleux sur le personnage dont nous écrivons labiographie.Voici le premier: Il fut informé parquelques Chaikhs quelorsqu'en voyage il entendrait le Muezzin faire l'appel à laprière derrière lui, c'était un sauf-conduit jusqu'à la fin deson voyage; il rapporte également un hadith à ce sujet etAboù Sâlim ajoute: « C'est ainsi qu'il agissait, que Dieu soitsatisfait de lui, envers nous quand il nous faisait ses adieux(Page 247.)lorsque nous quittions sa maison et nous avons constaté labaraka de cette manière de faire et Dieu soit loué! »2° As-Sayyid Mouhammad ben Mousâhil m'a informé enl'année 1064 (1653-1654) dans le voyage qui précède celuici,qu'on entendit en l'année 1062 (1651-1652) un grandbruit venant de la mer, ressemblant à celui de puissantscanons, depuis l'heure de Douhâ environ jusqu'à la nuit.Il ajoute: « Nous avons pensé que les bateaux musulmanss'étaient rencontrés avec quelques bateaux chrétiens, etquand nous entendîmes ce bruit, les habitants de cc rivagel'entendirent également jusqu'à Mesrata, ainsi que les habitantsde Fazara et d'Iskandaria. On l'entendit encoredans la région de l'Ouest, chez les habitants de Djerba, deSousse et de Tunis. et tous pensèrent que l'action se passaitprès de leur pays. Un ou deux mois après, arrivèrent desbateaux de Turquie, et on nous informa que ce bruitdevait être causé par une catastrophe terrible. Dans h:senvirons d'une île turque lin rocher s'étant élevé de la mer,émergea hors de l'eau, s'éleva dans l'air et se fendit: /1 Cilsortit du feu et il fit entendre ce grondement: tandis que le


NACHR AL-MATIlÂNÎ 147feu s'en échappait. des pierres légères comme des épongestombaient sur la mer et ce phénomène dura jusqu'à lanuit. Il s'échappait de cette pente une fumée abondante etune odeur de soufre. Le plus étonnant de ce que l'onraconta, c'est que le matin suivant, dans ce pays, toutl'argent que possédaient les habitants se transforma encuivre, Dieu en sait davantage sur l'inconnu. »3° Aboû Sâlim dit:


1!8 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>(~ette ville contenait autrefois un grand nombre de sanctuaires,dont la plupart étaient ceux de Saints considérables;on n'en cannait plus aujourd'hui qu'un petit nombre, commeSayyidl Sâlilll Al-Machchât enterré à la mosquée principalesituée à l'extrémité de cette ville. Son tombeau est un lieude pèlerinage. La raison pour laquelle beaucoup de tombeauxde saints personnages enterrés dans cette ville ontdisparu, c'est que cette ville a appartenu aux Musulmans etaux Chrétiens, qui la possédèrent successivement un cert1innombre de fois.(Page 248.)Ibn Batoûta a relaté dans sa RiMa que les Chrétienss'en emparèrent sous le règne du sultan Aboû 'Inân qui laleur racheta moyennant une rançon de cinq quintaux d'orpur, et l'on compte cet acte au nombre de ses bienfaits 1. LesChrétiens s'en emparèrent également au dixième siècle.Cest aujourd'hui l'une des forteresses de l'Islam; Dieu soitloué, nous y reviendrons dans notre chapitre final, s'il plaîtà Dieu.Le ChaiMl, le Saint Sa)'Yidî Mouhammadben A boû 'AU Al-Ba"rî.On dit dans la Rihla .' « C'était un homme possédant unhâl sincère qui s'emparait de lui très souvent. On raconteà son sujet des miracles,Je l'ai vu chez lui en l'année 1065 ([654- (655). Il était àson métier de tisserand dans sa maison et tissait des étolTespour des vêtements. Il m'informa qu'il se nourrissait duprofit qu'il retiïait du travail de ses mains. Sa renomméeétait gnll1de. Il avait beaucoup de disciples et de campa-1. Récit d'luN BATOÛTA (1. IV, pp. 350-351 des Voyages d'Ibn Ba/Dû/a; traduitspar DEFRÉ.'IFRY et SANGl"I'iETTI).


NAelll1 AL-MAT""Ni 11'1gnons qui se réunissaient auprès de lui aux heures des auditionset au moment du dhikr. J'ai entendu raconter il quelquespèlerins qui lui rendirent visite dans la suite qu'illeur dit ceci: « Le Prophète, que le salut et la bénédictionde Dieu soient sur lui, lui a dit: Le feu ne touchera aUCU:lde ceux qui te ,-erront» et on prétend qu'il aurait ajouté:Celui qui t'aura vu, et ainsi de suite... » Si Al-Bakrî ;1vraiment dit cela, il n'a certainement pas menti, mais sesparoles ont besoin d'explications; leur sens est en efTet trèséloigné de l'évidence; il désigne dans ce récit ceux qui verrontle Chaikh de leurs propres yeux, mais cette règle gl'­nérale est inacceptable.L'homme pieux comme l'impie le voient, celui qui nese repent pas de ses péchés, comme l'infidèle qui a dc~doutes sur sa foi et comme l'athée également. La mortéloigne la plupart d'entre eux de la repentance indispensablepour obtenir le pardon de tous les péchés, qui es~nécessaire pour éviter l'enfer. Cependant les paroles duChaikh ne doivent pas être rejetées sans réflexion commeinadmissibles. Chacun doit faire tous ses efforts pourrencontrer les saints personnages et pour profiter de leurbaraka.Il se peut qu'il rencontre par hasard la bonne fortune etqu'il en soit heureux dans ce monde et dans l'autre.Car si les saints adorateurs de Dieu regardent quelqu'unils l'enrichissent. Cependant qu'on ne se fie pas au sen:,apparent des paroles qu'ils prononcent, avant d'être assuréd'être préservé de l'enfer en voyant l'un de ceux qui prononcentdes paroles semblables à celles que nous avonscitées précédemment. Ils s'expriment en effet de difl'érentesmanières et le sens de ce qu'ils disent n'est pas comprispar la plupart de ceux qui ne suivent pas leur Tariqa.Le sens le plus vraisemblable des paroles qui précèdenlc'est que la vision doit être interprétée relativement à laconviction de celui qui voit et à son état d'esprit et qu'il


150 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>doit se comprendre des hâl, des aouçâf et des maqâmâtélevés. Il est hors de doute que celui à qui il est accordé dese rendre compte de ces faits et ces choses d'une façon évidente,participe dans une large mesure de la nature desSaints. Il est certain qu'il boit aux sources des Purs. A cemoment il peut avoir la conviction que le feu ne le toucherapas.Tel est le sens rendu célèbre par le Pôle dans le Temps,notre maître 'Abd AI-Qâdir AI-Djîlânî, que Dieu soit satisfaitde ·Iui. Il a dit: « J'ai reçu l'engagement vis-à-vis demon maître qu'aucun de mes disciples n'irait en enfer jusqu'aujour du jugement dernier. » Cet engagement s'appliqueexclusivement à ceux qui suivent sa Tarîqa et ne(Page 249.)s'étend pas à ceux qui se vantent dans leur conversationd'être l'un de ses disciples. Si les paroles précédentes sontauthentiques dans leur évidence et leur généralité', ellesdoivent surtout s'appliquer aux Prophètes, que Dieu leuraccorde la bénédiction et le salut.Il y a un grand nombre de gens qui les ont vus de leursyeux et il n'en est pas résulté qu'ils aient marché sur leurstraces, ni qu'ils aient profité de leurs baraka. Tout maqâmobtenu par un saint est comme un héritage qu'il doit aufait d'avoir suivi la voie de ce Prophète, et tout ce qui provientd'un héritage était forcément en la possession de celuidont cet héritage provient. D'autre part, un Saint ne peutobtenir même la moindre parcelle d'un maqdm ou d'unhâl qui n'aurait pas été parfait chez celui dont il suit lavoie. Or, on sait que cette perfection ne peut être atteintepar personne. Cette explication était nécessaire.La raison pour laquelle j'ai tant insisté à ce sujet, c'estque j'ai vu beaucoup d'ignorants déçus, mais, Dieu soit1. Les Prophètes sont en effet d'une nature supérieure à celle des saints.


NAeHlI AL-lIIATn.tNiliHloué, je suis de ceux qui pensent que les Çoufistes ne sontpas des menteurs, je suis de ceux qui ont confiance dansleurs paroles, qui croient à leurs miracles et qui expliquentles choses obscures de la façon la plus satisfaisante. .Je necontredis donc pas aux paroles qu'ils ont prononcées etj'estime que ce qu'ils disent est la vérité même lorsque jen'ai pas compris; Dieu seul est notre aide.Sayyidî Ahmad ben 'Isâ At-Tarâboulotlsî.Au sujet du célèbre, du pieux, du sage Sayyidî Ahmadben 'Isâ At-Tarâboulousi, Aboû Sâlim dit dans sa Rihla:« C'était l'un des modèles de cette ville par son savoir, SKpiété, sa probité, sa bonté. Son père Sayyidî 'Isâ fut Qâdîde Tarâboulous pendant très longtemps, et quand son pèremourut, il occupa à sa place cette charge de Qâdî. Sa conduitey fut louable et il se montra très juste. Il donna ~adémission, puis il reprit cette charge, et sa renommée devinttrès grande. On lui adressa publiquement des louanges eton lui rendit beaucoup d'hommages jusqu'à sa mort quieut lieu peu de mois avant mon arrivée; les gens en furentaffectés très douloureusement, et son nom resta dans leurmémoire. Quant nous apprîmes sa mort, nous fûmes trèsaffligés de sa perte. Il était pour nous à Tarâboulous lemeilleur des amis, le meilleur consolateur dans le malheuret le plus compatissant; que Dieu l'ait en sa miséricorde,qu'il l'entoure de ses soins et soit satisfait de lui dans cemonde et dans l'autre. Ces détails sont contenus dans laRi/zia, dans le chapitre consacré à l'année 1074 (1663-1664)'


152 ARCIIIVES MAHOCAINESSayyidî Ahmad ben Mouhammad Boû Madjîb.Le Chaikh vertueux, Sayyidî Ahmad ben i\louhammaJBoû Madjîb habitait la Zâouïa du saint, du vertueuxSayyidî 'Abd As-Salàrn AI-Asmar, située dans la ville deAzlitan, à une demi-journée de marche de Misrata, où setrouve la Zàouïa du Chaikh Zarroùq, que Dieu soit satisfaitde lui. On dit dans la Rihlai al-'Ayyâchiya: Ce personnageest deceux que j'ai rencontrés à cette Zâouïa. C'étaitun illuminé inoffensif et on le trouvait le plus souvent enextase. C'était un homme excellent, qui approchait de centans et malgré cela il était sain de corps et d'esprit; il vintjusqu'au campement des pèlerins où je me trouvais; je leconnaissais grâce à notre Sayyid .Mouhammad ben MouhammadAl-Houfyàn qui m'informa avant mon arrivéedans la ville où il demeurait, d'un miracle qui s'était produitdevant lu·i sous son influence au cours d'un de sespèlerinages.(Page 250.)Ce Sayyid fit un certain nombre de fois le pèlerinage encompagnie de notre Sayyid fllouhammad AI-Hâdj, patronde Biskra dont il faisait beaucoup d'éloges. Il me dit: « S'ilvivait encore je ne. cesserais pas de faire le pèlerinage. » Jelui dis: « Tu pourrais le faire avec nous. » Il me répondit:«Je n'ai pas d'argent, et vous en avez; quand SayyidîMouhammad Al-Hâdj avait de l'argent, il le mettait encommun avec moi. » On me rapporta un certain nombrede miracles de ce Sayyid. Son Chaikh Sayyidî AhmedAch­Chérif Al-Baqqâl de Fès était l'élève de Sayyîdi Mas'oûdAd-Drawî. Je l'ai vu lors de son pèlerinage tandis qu'il passaitpar cette ville. Il dit à l\ladjîb à son retour du pèlerinage:«0 Aboû Madjîb, nous avons parlé de toi au Pro-


NACllIl. AL-]lJATIIÀ~i li,::phète, que le salut soit sur lui. - Anecdote. Le ChaikllAboû Madjîb m'a informé que lorsqu'il fit le pèlerinage, ilse tint devant le Prophète, que Dieu lui accorde la bénédictionet le salut, et il se dit en lui-même: « Je n'irai pasrendre visite à Hanna ni aux autres, car celui-ci me suffit.»Il me dit ensuite: « Je fus pris d'un évanouissement et Jevis le Prophète, que Dieu lui accorde la bénédiction et lesalut, qui me dit: « 0 Ahmad, à mon ami; l'oncle rem­« place le père. »Je me levai aussitot et j'allai seul rendrevisite à notre Sayyid Hamza. La route était dangereuse à cemoment, et je rencontrai au tombeau trois personnes dontl'une était AI-Khadir 1 , que le salut soit sur lui. -Anecdote;Il m'a raconté aussi le fait suivant, et je crois qu'il est toutà fait de bonne foi: « Le Chaikh AI-Laqqànî m'a informéque le lézard se nourrit par les yeux. Un certain jour, leChaikh Al-Laqqânî était en train de manger. Un lézard placesur le toit de la maison le regardait manger. Le Chaikhordonna de le tuer. On ouvrit ensuite l'estomac de l'animalet on y trouva une partie des légumes que le Chaikh étaiten train de manger. » Il m'a raconté toutes ces anecdotes.J'ai eu confiance en lui, et il a conclu avec moi un pacte enDieu, qu'il m'a écrit de sa propre main, que Dieu nous lerende profitable à lui comme à moi. Amin! Telles sont lesrécits du Chaikh Aboû Sâlim dans sa Rilzla.Le Chaik!l 'Oumar ben 'ri bd Al-Qâdir Al-Machl'iqî.Le Chaikh, le savant instruit dans les sciences, 'Oumar,fils du Chaikh, du savant 'Abd AI-Qâdir connu sous lenom d'AI-Machriqî. Il était d'une famille de savants. Sesancêtres dans la ville de Ghazza occupaient une situationéminente par leur savoir.'Abd AI-Haqq a dit: « Ghazza est une ville de Syrie sur1. UIl prophète.1 1


lM AHCHIVES <strong>MAROCAINES</strong>le bord de la mer; c'est la première ville du 3 e climat. On ytrouve le tombeau de Hâchim ben 'Abd Manâf. On dit dansle Qâmoûs que Ghazza est située entre la Mekke et Ta'îLLe personnage dont nous écrivons la biographie exerçaitles fonctions de Qâdî et son influence devint très grande.II appartint tout d'abord au rite chafèite, comme sesancêtres. Ensuite le Qâdî Hanéfite mourut dans la ville etil n'y eut personne pour occuper la fonction de Qâdî hanéfite.Ce fut le personnage dont nous écrivons la biographiequi fut nommé à sa place, et c'est pour cette raisonqu'il opta pour le rite hanéfite. Beaucoup de gens firent lamême option, mais il avait de meilleurs motifs que lesautres pour agir de la sorte, puisqu'il ne le fit que par(Page 25[.)nécessité. Il y a dans cette ville de Ghazza de nombreuxlieux de pèlerinages, de belles mosquées dans les faubourgsde la ville, mais la plupart sont en ruines. Cette villeétait autrefois une ville importante, dans la période antéislamique,et dans les premiers temps de l'Islam. Mais ànotre époque, elle a été complètement dévastée, et son importancea considérablement diminué. Il n'en reste quedes vestiges qui témoignent de la beauté parfaite des monumentsqui s'y élevaient. Aboû Sâlim donne tous cesdétails dans sa Rihla. Il dit ensuite au sujet du personnagedont nous écrivons la biographie: « C'était le Faqîh de laville et le descendant de ses Fouqahâ, un personnage considérable,descendant des nobles personnages de cette ville,instruit dans les différentes branches de la science, continuateurdes hommes de bien, le Chaikh 'Oumar ben 'AbdAI-Qâdîr AI-Machriqî. Je ne pouvais me passer de ses cours;il m'accorda une considération supérieure à celle que jeméritais, il m'a conquis par sa parole; nous avons eu beaucoupd'entretiens ensemble, et je lui posai de nombreusesquestions concernant les différentes branches de la science.


NACHR AL-MATIIÀNiII avait le jugement juste pour rechercher et approfondissaitla science avec exactitude. J'ai etudié auprès de lui unepartie du Çahîh de Boukhârî. Je lui ai demandé un diplômepour moi et pOlir les compagnons que j'avais amenés avecmoi. II me diplôma en effet et il écrivit mon diplôme de sapropre main. Il possédait dans la Riwâya de puissantsappuis. fi fut mon disciple dans la Tarîqa. Il étudia auprèsdu Chaikh al-Islâm Çâlih At-Tamertâchî d'après ses maîtres.Il fut également le disciple du Chaikh des Chaikhs al­Islâm Ghirs ad-Din AI-KhalîlÎ Al-Madàni et de Chihâb ad­DÎn Al-Khafâdjî Al-MiçrÎ qu'il vit à son retour de Grèce. Ilétudia auprès de lui et en reçut un diplôme, qui, selon ceque j'ai vu, est écrit de sa main. fi m'a montré son ouvrageintitulé Ad-Dourr ",al-'Ouqîyân fi Tabâ'i al-Insân. Il araconté dans ce livre comment l'homme fut créé et ce quilui arriva dans les différentes phases de son développementet ses différentes façons d'agir. fi fait à ce sujet de nombreuseset bonnes citations. J'ai écrit à sa louange une bellepoésie, dont voici un extrait:Bien des gens apprécient beaucoup l'ouvrage intitulé Ad-DolÎn' Ival­'Ollqiyan. Il est dans la nature humaine d'aimer les perles et les pierresprécieuses 1.A plus forte raison l'homme attache-t-il du prix au fil où elles sontretenues, qui se divise en trois parties 2.L'âme se porte vers l'objet désiré, et il nous sem hIe que ce livre estconforme à la vérité.Celui qui ra composé fut unique à son époque. C'était le Moufti desmusulmans, l'héritier du paradis,'Amr 3 ben 'Abd Al-Qâdir. Ses contemporains les plus illustres scsoumettaient à sa supériorité. .Par Dieu, combien sont éminentes ses "erlUs et combien elles sontprofitables aux autres membres de sa Tarîqa.J. Jeu de mots sur le titre de l'ouvrage du personnage en question. Letitre signifie en effet: « Les Perles et les Pierres precieuses :>.2. C'est-à-dire que l'ouvrage comprend trois parties.3. On remarquera que ce personnage est appele jusqu'à présent 'OU11lQ7-.C'est pour la mesure du vers que l'auteur de la RiMa ecrit ici 'Amr.


1,;(; ARCIIIVES MAnOCAINES[1 plongeait dans "océan profond pour en retirer des perles d'unevaleur inestimable, et chacune de ces perles avait une valeur impossibleà évaluer;Cependant il offrait ces perles à ceux qui les lui demandaient, parceque sa générosité était grande.(Page 252.)Il rendit très profitable ce qu'il a écrit et ce qu'il a emprunté; aucundes autres 'Oulamâ n'avait pu composer un ouvrage pareil.Le plan et l'exposé de l'ouvrage sont excellents. Ce livre est commeun jardin verdoyant,Celui qui en doute n'a qu'à en lire une partie; cela sera la meilleuredes preu ves.Il y a des règles de sagesse qu'on a beaucoup de plaisir à entendre,et qui obligeront à réfléchir plus d'un sage.Il me suffit de savoir que je suis incapable d'en comprendre toutesles beautés, bien que j'aie réfléchi à toute la métrique dont il se sert.Il sera toujours au premier rang, celui qui a composé ce livre, et sascience servira toujours de guide.Puisse Dieu le récompenser dans sa bonté, dans sa miséricorde etdans sa vertu.Telles sont en résumé les paroles contenues dans laRiMa, où l'on rapporte que le personnage dont nous écrivonsla biographie fut le disciple d'Al-'Ayyâchî et l'eut égalementparmi ses disciples.Cette manière de procéder s'appelle dans la science deshadiths, A l-Moudabbadj et RilJlâyat al-A qrân, c'est-à-direque si celui qui suit les cours d'un autre est du même âgeque celui qui enseigne et s'ils suivent les cours des mêmesChaikhs, on dit qu'ils pratiquent la RilVâyat-al Aqrân.Aboù Ach-Chaikh Al-Içbahâni a fait un ouvrage sur lesAqrân et Ad-Dâraqoutnî 1 en a fait un autre sur le !vIOll-1. Aboùl-Hasan 'Ali ben 'Oumar ben Ahmad ben Mahdi AI-Baghdâdi Ad­Dâraqoutni : ce surnom provient de « Dâr AI-Qoutn ,. nom d'un grandquartier de Baghdad où est né ce personnage en 306 (9,8-9'9), Il est morten 385 1995-g6); cf. 18N KIIALLlK.\N, t. l, p. 4'7 et Y.~QOÙT, t. Il,2' partie,page 523.


NAClln Al.-MATII"i'>1 157dabbadj. Ibn Hadjar a dit: Si le Chaikh suit les leçons deson elève, il est evident qu'ils se donnent un enseignementréciproque; faut-il appeler cela Moudabbadj.J c'est à examiner.Il semble que ce mode doit s'appliquer au cas où c'estle plus âgé qui est le disciple du plus jeune. Le mot tadbîdjdérive des deux dîbâdjs du visage. Cette image impliquel'égalité des deux parties et ne s'applique pas au cas donton s'occupe: les deux dibâdjs du visage sont les deux joues.Le 'Allâma Mouhammad Aç-ÇaghîrA 1-'Afiya A l-A ndalousî.Le Faqîh possédant une science très grande et très profondecompréhension Mohammad Aç-Çaghîr AI· 'Afîya AI­Andalousî, habitait à Fès. C'etait un Faqîh très instruitdans les différentes branches de la science, considérable,intelligent, un grammairien célèbre, l'un des notaires deFàs qui rédigeait les actes, l'un de ses savants et de sesmeilleurs vérificateurs. Notre Seigneur et grand-père a ditdans son ouvrage au sujet de ses Chaikhs : « Il rCdigeait lesactes exactement comme on les lui indiquait et il avait unetrès bonne prononciation et il nous a été très profitable.Nous avons étudié auprès de lui les OWlllllahât 1 appelésKarads (Les cahiers). Mon frère seul a étudié avec lui laDjaroumiya. »Le frère de l'aïeul dont nous venons de parler a dit: « Lepersonnage dont nous ecrivons la biographie est mort, queDieu lui fasse miséricorde, après la prière du vendredi,le 19 de 1\Iouharram de l'année 1074 (23 août 1663). Il étaitné en 1029 (lf1l9-1620) et il était imâm de la grande mosquéedu haut de Râs al-Djanân de Fès al-Qara\viyîn.I. Les Oummahdt : ce sont des ouvrages tels que ceux de Khalll, d'Ibn'Âchir ou que la Djanmmiya, la Alfiya, etc.1 1 •


ID8ARC\ll\'ES <strong>MAROCAINES</strong>ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1074 (J.-c. 1663-1664.)Il Y eut un vent violent et un tremblement de terre lanuit du jeudi 24 de Rabi" al-Awwal (26 octobre 1663). Leprix du blé à Fâs et dans les environs descendit jusqu'à1 dirham 1!4 char'i le Çâ' an-NabawÎ et la viande jusqu'à(Page 253.)environ Ij2 dirham. Les légumes augmentèrent de prix, etun chou valait plus d'une moûzoûna.Le Raïs Sayyidî Mouhammad AI-Hâdj s'établit à Azroûau mois de Çafar (septembre-octobre 1663). Les notablesde Fès allèrent auprès de lui, ainsi que le Qâdî de cetteville; ils revinrent ensuite et restèrent à Fès; le Raïs restaà Azroû jusqu'à ce que la pluie tombât. Puis le 3 Djoumâdàath-Thâniya (12 janvier 1664), les habitants de Fèsal-Qadîm se révoltèrent contre Ad-Douraïdi, raïs de Fèsal-Djadid, au sujet de l'opposition qu'il faisait au rais'\louhammad AI-Hâdj.La partie de la Tâl'a de Fès qui s'étend entre Bâb al­Hourra et Bâb al-Mahroûq fut démolie et on y planta desarbres. Le 25 de Ramadàn (24 avril 1664), il Y eut un nouveautremblement de terre qui causa de grandes ruines.Ad·Douraïdi lit une expédition contre Miknâs et le Haouz.Ses troupes firent du butin et il les accueillit au son dutambour et des ghaïtas '. Le 23 RamadAn (22 avril), lesBerbères en tuèrent un grand nombre, et c'est durantl'année précédente et pendant cette année que les Anglaiss'établirent à Tanger, d'où ils avaient expulsé les Portugaisà cause de la faiblesse où ils étaient tombés, car, à la suite1. Sorte de clarinette.


NACIlR AL-MATH"'''''d'incursions, 700 chrétiens furent tues dans un combat ct400 dans un autre. Et Dieu en sait davantage 1.ANNÉE 1075 (J.-C. 1664-1665.)Le Sultan MoMây Mahammad ben Ach.Charîj Al-'A lawÎ.Le Sultan le plus puissant, le plus glorieux, le plus brave,AboÔ 'Abdallah, Moûlây ~lahammad, fils du Sultan puissantet glorieux Abou'I-l\louloûk 1\'{oùlây Ach-Charîf As-SidjilmâsÎAl-Hasani d'une famille considérable, le drapeauéclatant et célèbre de la famille des Chorfâ de Sidjilmàsa,fils de Moûlây Al-Hasan qui y est venu du Hidjâz; c'étaitl'un des descendants de Sayyidî l\louhammed An-Nafs AzZâkiya, fils de notre seigneur 'Abdallah Al-Kâmil. Ils ontconserve jusqu'à maintenant les traits des habitants duHidjâz. Le personnage dont nous écrivons la biographieétait l'homme le plus puissant, le plus énergique, et le plusbrave, sa vigueur, son courage, son intrépidité, son pouvoirétaient considerables. On dit. dans le Dourr as-SanÎ.­« Il s'empara du pouvoir dans son pays de Sidjilmâsaavant 1050 (1640-1641) et il posséda éga!ement les r~gionsvoisines de cette ville dans le Çahrâ. Au bout d'un certainnombre d'années, il se dirigea vers Fès où il s'~tablit ensom'erain à la fin du mois de Djoumâdâ ath-Thâniya deJ'année [060 (juin 1650): mais il ne réussit pas dans sonentreprise et il retourna dans son pays, où il retrouva tout,. On sait que Tanger fut donnée en dot i. Catherine de Bragance lors dt'son mariage avec Charles Il d'Anglctcrre, Cil 16G2.


]riOAIlCIIIVES MAIIOC.\PŒSce qui était déjà en sa possession, jusqu'à sa mort quisurvint dans un combat qu'il livra à son frère, notre maîtreAr-Rachid, que Dieu lui fasse miséricorde, en l'année 1075(1665-1666). J'ai fait allusion à sa mort dans ma qacîdahistorique, en ces termes:Certainement Ach-Charîf ben Ach-Charîf, Mahammadbrave (r P 1) des monarques qui frappent avec le sabre.est le plusC'est ce que dit le Dourr as-Sanî. Nous avons mentionnéles débuts et quelques-uns des événements de la viede Moùlây Mahammad, en parlant des événements qui sesont produits à partir de l'année 1047 (1637-1638) et dansla suite.Nous mentionnerons son lieu de sépulture dans les récitsconsacrés aux événements de cette année ainsi que lesdifficultés qu'il eut avec son frère et qui amenèrent sa mort.Dieu est notre aide.Le Chaikh Soultân, Chaikh des Qourrâ'1 du Caire.Le Chaikh des Qourrâ du Caire, le prince des gens debien sans conteste, le Chaikh Soultân. Aboù Sâlim a dit1. Cltronogl-amme.J équivaut à 30..U' à 10001l à 5rIl à 4°10752. C'est-à-dire le Chaikh de l'Enseignement Qoranique.


NACHR AL-i.:.\TJL\Ni 1::1dans sa Ri/lia: «Nous lui ;l';ons rendu VIsite, ct il ~.invoqué Dieu en notre faveur. Il r avait dans son caractèreune certaine réserve ; l~ plus sauvent il ne lais


162 ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>c'est un autre personnage un peu plus ancien que lui dontla biographie sera faite à la fin de ce résumé, s'il plaît àDieu.Le Chaikh Sayvidî. Ahmad ben 'Ali Bd Qouchaïr Al­Yamanl.Le Chaikh Aboûl·'Abbâs Ahmad ben 'AH Bâ QouchaïrAI·YamanÎ. Aboû Sâlim a dit dans sa Rihla : ( Parmi ceuxque j'ai vus à la Mekke pleins du désir de savoir et d'avoirune conduite conforme aux règles de la Tarîqa, il fautque je cite mon compagnon généreux, instruit dans lessciences, le puissant Sayyid Ahmad ben 'Ali Bâ Qouchaïr,originaire du Yémen.« Sa famille est une famille de savants. Son oncle, leChaikh 'Abdallah Râ Qouchaïr était un des plus grandsfouqahâ chafeïtes de la Mekke et mon compagnon AhmadBâ Qouchaïr profita de lui dans l'étude de nombreusessciences; il le fréquenta assidÛment, épousa sa fille, restaà son service et fut auprès de lui comme son enfant. Quandnotre Chaikh Aboû Mahdi demeura dans les deux villessaintes, il le fréquenta beaucoup et en tira beaucoup deprofit. Aucun autre de mes compagnons de la Mekke n'eutà ma connaissance autant d'intimité avec lui. J'avais enlui une entière confiance, et pour lui u ne affection profonde.Je demande à Dieu qu'il me le rende profitable. J'ai(Page 255.)su qu'il est mort en l'année 1075 (1664-1665). »L'auteur ajoute: ( Quant à son oncle le Chaikh 'Abdallah,il ne me fut pas facile de le voir, car il était atteintd'une maladie au moment où je me trouvais dans sonpays; son grand âge l'affaiblissait également beaucoup. Ilne sortait plus guère et il avait cessé d'enseigner. Son neveu


NACHR AL-MATIIÀNi 163m'a informé qu'on ne trouvait plus un enseignement semblableau sien. Son enseignement était surtout basé sur laDirdya 1 et Je temps lui manquait pour la faire. On racontaitde lui des merveilles sur son enseignement du droitchafiite. Que Dieu l'accueille favorablement! »Le Saint Sayyidî A hmad ben Khadra A l-Mikndsî.Le Saint célèbre et porté à l'extase Sayyidî Ahmad benKhadra, l'un des simples d'esprit de Miknâs az-Zaïtoûn auMaghrib. C'est dans cette ville quïl fut enterré et qu'onlui a élevé un important monument avec beaucoup d'ornements.Son tombeau est un lieu de refuge très respecté.C'était un simple d'esprit porté à l'extase et il était sujetaux absences de ceux qui sont chéris de Dieu. Il accomplissaitde nombreux miracles et était célèbre par le donqu'il avait de découvrir le caché j ainsi parlent les gens deson pays, qui racontent sur lui des anecdotes extraordinaires.On raconte sur lui des merveilles. JI fut le disciplede Sayyidî Mahammad Ach-Charqî selon mes informationsj les dates concordent, si le personnage dont nousécrivons la biographie a vécu jusqu'à un âge avancé. Ona vu en effet précédemment que la mort de Sayyidî MohammedAch-Charqî eut lieu en l'année 1010 (1601-1602); celledu personnage dont nous écrivons la biographie eut lieuen l'année 1075 (1664-1665). JI Y a entre ces deux datesune période de 65 ans.r. Dirdya: Explication des mots non séparée de celle du texte.


ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>ÉVÉNEME~TS DE L'ANNÉE 1075 (J.-C. 1664-1665).l\loûlây Mahammed fit une expédition contre son frèreMoûlây Ar-Rachîd; mais Moûlây Mahammed fut mis endéroute et tué le vendredi 8 Mouharram (1 er août 1664) etentcrré à Dâr Ibn Mach'al à unc demi-étape de Tâza, ouplus à l'est de cette ville. La biographie de Moûlây;\lahammed est la première qui ait été faite dans le chapitreconsacré à cette année. Ibn Mach'al, dont la maisonportc le nom, était un Juif très riche qui exerçait unegrande autorité sur les Musulmans. Moûlây Ar-Rachîd letua par surprise et s'empara de ses immenses richesses.,\loûlây Mahammed son frère marcha contre lui pour leslui enlevcr et pour s'emparer seul du pouvoir; mais il n'yréussit pas.Au cours de cette année le prix du blé tomba à environr demi-dirham char'î environ le çâ' an-nabawî.Au mois deRabi' al-Awwal (septembre-octobre 1664) il Y eut un ventviolent, un orage et de la pluie. Le samedi 1 r Ramadân(28 mars 1665) il Y eut un tremblement de terre.Les principaux habitants de Fès ordonnèrent aux habitantsde cette ville d'acheter des chevaux et des fusils. Leshabitants de Fès, les Hayâïna, les gens de Çafroû et ceuxde Bahlîl, etc., se réunirent en dehors de Ja porte de Bâb al­Foutoûh pour se concerter et ils décidèrent de ne pasreconnaître J'autorité de Moûlây Ar-Rachid; celui-ci lesnégligea et se livra à des attaques contre Jes habitants duTafilâlt pendant neuf mois. Il alla ensuite à Tâza.(Page 256.)Les habitants de Fès, accompagnés des Hayâïna, allèrentl'attaquer le IS Chawwâl (1 er mai 166S). Ils revinrent en


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166 ARCJIIVES <strong>MAROCAINES</strong>encore. Nous ne connaissons personne parmi ses successeurs,qui ait égalé l'équité de ses jugements. Beaucoup luiont adressé des éloges et ont affi rmé que c'était un hommereligieux, plein d'humilité et de soumission. Il a étudié,auprès de son oncle maternel, le savant Ibn 'Achir,et de sescontemporains. Plusieurs savants de Fès et d'ailleurs ontétudié auprès de lui, et parmi eux il faut citer le HâfidhAboû Zaïd Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân, fils de l'Imâm Sayyidî'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî qui dit: « J'ai étudié auprès delui un commentaire entier du Qorân, laRisâla et les Hikamd'Ibn'Atâïllah, la Touhfa d'Ibn 'Acim et son commentairede Sayyidî Mahammad 1\liyyâra. et ce fut le dernier ouvragequ'il enseigna. Ceci se passait en l'année 1069 (1658­1659)' Il mourut à 9 heures du matin, le dimanche 25Dhoûl-Qa'da 1076 (28 juin 1666); il avait donné des ordrespour que l'on récitât à son enterrement ces vers extraitsduBahr al-Haradj :o mon Dieu, qui donnes la victoire,Ton humble esclave est venu jusqu'à toi.A ta porte il te supplie de lui pardonner ses péchés innombrables.Pardonne-lui et prends pitié de lui, car tu es clément et miséricordieux,Pour l'amour du dernier des Prophètes, l'Intercesseur suprême au jourde la Résurrection,Mouhammad le maitre du Kaouthar t, où il doit abreuver les croyantsau jour du jugement dernier.(Page 257.)Il avait ordonné que d'autres vers fussent inscrits sur letombeau du grand saint Sayyidi ibn Hirzihim, que Dieunous le rende profitable!o toi qui suis la route avec l'aide du Très-Haut, arrête-toi un momentpour profiter de la visite à ce saint 11. Le Kaouthar est le nom d'un fleuve ou d'un bassin du Paradis. QOR \ N,sourate CVIII.


NACHR AL-MATHÂNl 16'io mon frère, demande toujours la miséricorde de ton Seigneur, etdemande-If, ô mon frère, pour Mouhammad ben SoCldll.Terminc ta prière par unc invocation au Prophètc, le mcilleur des Envoyés!Le personnage dont nous écrivons la biographie fut enterrédans l'intérieur de la Raouda de Sayyîdi 'Ali ben Hirzihimhors de Bâb al-Foutoûh. Voici encore quelquesunsde ses vers :Le mariage est facultatif d'après ce qui est établi par notre rite et par cequi est rapporté.Ses deux piliers sont les deux conjoints et la condition est la vie commune;son objet envisage la descendance.Le paiement de la dot se fait en deux termes, comme on le sait. Deuxtémoins sont obligatoires pour l'effectuer.C'est de cette façon que le paiement est prouvé par ceux qui peuventle faire en argent corn ptant.Une clause im pliquant le renoncement à la dot entraînerait la nullitédu mariage, sauf s'il s'agit d'un homme en tutelle.En un mot, je n'ai entendu personne adresser desreproches au personnage dont nous écrivons la biographieni pour ses consultations, ni pour ses jugements; tous nosChaikhs ct tous en général, lui adressaient les plus grandséloges pour son équité, sa vertu et sa foi. Il est l'auteurd'un certain nombre d'écrits et de réponses J. Que Dieul'ait en sa miséricorde, ct nous le rende profitable! Amen!Le Cltaiklt Djamâl ad-Dîl1 Al-f-lindî Al-Madanî.Le Chaikh, l'Imâm, le modèle des vérificateurs et lechef des 'Oulamâ les meilleurs, le Chaikh Djamâl ad-DinAI-Hindi de la Tarîqa Naqachbandiya, décédéà Médine.Aboû Sâlim a dit dans sa RiMa dans le passage où il1. A des questions posées par d'autres 'Olliamâ.


188 AIICHIVES lIIAIIOCAINESmentionne les personnages qu'il a rencontrés à la Mekke :«Je me suis rencontré à la Mekke avec le Chaikh DjamàlAd-Dîn AI-Hindi dans la Madrasa ad-Dâoudiya. C'est monChaikh et mon compagnon, le Chaikh 'Ali Bahadj AI­Yamanî, qui a provoqué cette rencontre, quand je lui aidemandé qui était actuellement dans les deux villes saintesle personnage le plus vertueux parmi les Naqachbendîs.II m'indiqua le Chaikh Djamâl ad-Din et un autre personnage,mais en ajoutant que Djamàl ad-Din était supérieurà l'autre par l'adoration et l'ascétisme, et occupaitun rang aussi élevé que le sien dans la Tarîqa. Il yavait longtemps que je désirais voir quelqu'un appartenantà cette confrérie à cause de ce que j'avais vu des vertusde ses membres, de leur conviction, de leur assiduité, leslivres composés sur leur Tarîqa. Quand j'eus fait connaissancedu Chaikh Djamâl ad-Din, me trouvant chez lui unmercredi, je devins son disciple dans la Tariqa des Naqachbandiya.Ce Chaikh, c'est-à-dire le personnage dont nousécrivons la biographie, était le plus pieux des gens de sontemps, occupé de son œuvre et rempli de la crainte deDieu dans son cœur comme dans ses actes.« Pour adorer son Maitre en vivant dans les deux noblesvilles saintes il se trouvait séparé de ses biens et de safamille. Il vivait seulement en compagnie de ses disciplesoccupés à étudier la Tarîqa sous sa direction. Tout hommeintelligent pouvait lire la joie sur leur visage. Leur Tarîqaest une Tarîqa de conviction et d'effort. Celui qui la suitest rapproché de la perfection. Le bien qu'elle procure estimmense. Elle écarte l'hypocrisie et l'ambition. Mais elleexige comme les autres Tarîqas un guide savant et avisé. »(Page 258.)Il dit ensuite: « Le personnage dont nous écrivons la biographieétudia auprès du Chaikh, l'Imâm connaissantDieu, le vaillant Sayyid Adam AI-Housaïni An-Naqach-


NACIIR AL-lIIATlIÂNi Iii!)bendî habitant la noble ville de Médine, où il mourut. Sontombeau est actuellement un lieu de pèlerinage célèbre prèsde la Qoubba de l'émir des Croyants, 'Othmân ben 'Atfân.que Dieu soit satisfait de lui! Il a reçu la Tarîqa du ChaikhAhmad, fils du Chaikh 'Abd-AI-Ahad », et ainsi de suitejusqu'à la fin de la Chaîne mentionnée dans la Rihla.Il dit ensuite après de longues explications: « Celui quiexamine les termes des Naqachbandîs et les règles des Chàdhilîs,ne trouve entre ces deux confrériesaucune différence,si ce n'est dans quelques mots techniques se rapportantaux sciences positives, mais pour les sciences occultes etles étapes mystiques, il n'y aucune différence; il faitensuite un clair exposé de leur Tarîqa respective auquel onpeut se reporter.Le personnage dont nous écrivons la biographie devaitpar son propre effort et par le profit qu'il tirait des savantsqu'il fréquentait, d'être un des savants de son temps, sansavoir lu cependant beaucoup d'ouvrages çoufistes, sans jamaisles avoir approfondis. Il se contenta d'atteindre ce butpar sa conviction et ses efforts. Chez lui la sévérité l'emportait,et tous ceux qui l'ont connu l'ont considéré comme unpersonnage austère. Que Dieu, qu'Il soit glorifié et exalté,nous rende profitables ses connaissances et fasse de nousses disciples!Le personnage dont nous écrivons la biographie mourutla nuit de vendredi et fut enterré dans la matinée du 2ÔDjoumâdâ al-Oulâ de l'année 1076 (4 décembre 1665). Ilfut inhumé à AI-Bâq'î. Que Dieu soit satisfait de lui.Amen.Aboli Ibrâhîm Isltâq ben Mouhammad Djou'mân.Aboû Ibrâhîm Ishâq ben Mouhammad Djou'mân fitplusieurs fois le pèlerinage et il était rare qu'il ne le fît pas1 2


170 ARCJUVES <strong>MAROCAINES</strong>bien qu'il fût pauvre et qu'il n'eût aucun bien; mais à causede sa science et de sa sainteté les gens de son pays venaientauprès de lui en foule et lui facilitaient le voyage de la;\'1ekke. Cette bonne action est prévue par un texte de l'ImâmAch-Chafa'î 1. Il mourut le 4 du mois de Rabî'al-Awwalùe l'année 1076 (14 septembre 1665) et fut enterré à Doubaïr.Le Chaikh Saxyidî 'AU A d-Dabi',Le Chaikh, l'homme pieux, l'humble, le modèle, Aboûl­Hasan 'Ali ben Mouhammad ben 'Abd-Ar Rahmân Ad-Dabi'Ach-Chaïbânî AI·Yamanî Az-Zoubaïdî. Aboû Sâlîm a ditdans sa Fahrasa .' «Je l'ai rencontré à la Mekke tandisqu'il y passait pour le pèlerinage; il venait du Yémen. J'aiétudié auprès de lui à la Masdjid al-Harâm une partie d'El·Boukhârî et il m'a diplômé également pour ce qu'il avaitappris d'après le Chaikh Ishâq ben Sayyidî Mohammed benIbrâhîm Dja'mân, disciple de son père, et notre Chaikh l'aétudié également sans intermédiaire avec son père qui l'avaitentendu de son Chaikh 1brâhîm ben Mouhammad Dja'mân,disciple du Sayyid-Tâhir ben Housain AI·Ahdal, disciple duChaikh le Hâfidh'Abd Ar-Rahmân ben Ali Ad-Dabi' quienseigne les Iladîth au Yaman avec les Sanad mentionnésdans sa Fahrasa. Il m'a diplômé en particulier pourle Taïsîr al- Wouçoûl ild Djdmi' al-Ouçoûl dont l'auteurest son grand.père le Hâfidh 'Abd Ar-Rahmân ben Mouham-(Page 259).mad Ad-Dabi', Il m'a diplômé également pour le Çahîh de'\Iouslim d'après son Chaikh 'Ali benAhmadAI-Houchaïbarî1. C'est-à-dire que ceux qui remettent de l'argent pour lui faciliter lepèlerinage, participent jusqu'à un certain point au bénéfice de ce pèlerinage.


NACHTl AL-MATHÂNt 171avec ses lsndd et cela à la Masdjid al-Harâm, le dimanchesoir 20 Dhoûl-Hidjdja de l'année 1074 (20 juillet 1664). Ilecrivit mon diplôme de sa propre main. Il rencontra danscertaines fêtes un saint homme qui lui fit plusieurs recommandations;il lui dit entre autres chos~s : « Sois par Dieuet non par toi-même! » Il lui dit également: « Répète souvent:Prends pitié de moi, ô Dieu puissant et généreux! »Parmi les ouvrages pour lesquels il me donna égalementun diplôme il faut citer en particulier le Kitâb al-A dhkârd'An-Nawawî, le Kitâb 'lddat al-Hiçn al-llaçîn d'IbnDjazarî. Il m~a donné tous ces diplômes écrits de sa main.Ce Chaikh était l'un des compagnons de notre Chaikh al­Qouchchachî et l'un de ses meilleurs disciples. C'est lui quime l'a indiqué et il lui a écrit à mon sujet; il m'a donnéle plaisir de recevoir son enseignement après avoir .déjàreçu à son sujet les indications de notre Chaikh Aboû 1\1ahdîAth-Tha'alibî, qui suivit également son enseignement.Ce sont deux justes témoins de la grande influence de ceChaikh. Que Dieu nous le rende profitable! Ces dernièresexplicationsappuient sur les Sanad qu'Aboû Sâlim a signalésà Sayyid Ahmad ben Saîd et il y manque ce quïl a écrità Sayyidî 'Othmân AI-YoûsÎ. J'ai rapporté ici, d'après cessecondes explications, tout ce qui manquait aux premièrespour plus de clarté.Le persan nage dont nous écrivons la biographie vivaitencore dans l'année dont nous parlons actuellement et jen'ai pas pu déterminer la date de sa mort.Aboû Sâlim rencontra également le personnage dont nousécrivons la biographie à Médine, comme il le raconte danssa Rihla, et il dit à son sujet:« C'est un vertueux continuateurde ses ancêtres, un modèle qui mérite tous leséloges et d'un grand profit pour les autres, un professeurpour ceux qui enseignent, un imâm pour les traditionnistes.»Il ajoute: «C'était l'un des plus âgés parmi mes professeurs.Je le rencontrai à la Mekke en l'année 1064 (1653-1654).


172 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>J'ai été quelque peu son disciple et il m'a diplômé commeje le dis dans mon livre Iqlzfâ' al-A lhar. Je l'ai rencontréà la Mekke et à Médine également. Dieu est notre aide. »Aboû Sâlim dit encore dans sa RiMa: « Un jour nousétions en train de discuter en présence de notre ChaikhAboûl-Hasan (Ad,.-Dabî') au sujet de l'inhumation des mortsqui furent enterrés au cours des siècles dans AI.Baqî' aumême endroit, bien qu'il ne soit pas permis d'enterrer plusieursmorts dans la même tombe. Mais il me dit qu'à cetendroit-là, la terre, à cause du sel et de l'humidité qu'ellecontient, décompose très vite les cadavres, et pour peu quele corps y reste sept années, les os eux-mêmes sont consuméset il n'en reste plus trace. Il dit alors: Cette terre ressembleà celle de mon pays, la ville de Zoubaïd au Yémen.J'ai enterré plusieurs de mes enfants de mes propres mainsdans un seul tombeau, en peu de temps. Quand un autre demes enfants mourait j'allais au tombeau de son frère mortavant lui, je creusais et je n'en trouvais plus trace, j'Joplaçais le dernier mort et je l'enterrais à la place du précédent,de même pour le suivant. »Ensuite il ajouta: Il est hors de doute qu'on puisse faireune nouvelle inhumation dans un tombeau quand les ossementsdu mort précédent ont disparu.(Page 260.)L'auteur du Moukhtaçar a dit: « Le tombeau est un habous;on ne doit ni le piétiner ni le creuser tant qu'il s'ytrouve un cadavre»; il est inutile de revenir sur ce que nousavons dit sur l'absorption rapide des cadavres par la terrede Médine, ni sur ce que l'on raconte du transport de certainsmartyrs d'Ouhoud, que l'on a trouvés intacts aprèsun temps prolongé, ni des traces des talons d"Omar benAI-Khattâb, que Dieu soit satisfait de lui, à l'époque d"Omarben tAbd-AI'AzÎz. Ce sont là des miracles, contraires à cequi se passe habituellement et conformes au hadith qui


NAelll1 AL-MATHÂNÎ 173dit: «La terre ne consumera ni les corps des prophètes niceux des martyrs », ni d'autres qu'il indique. Or il n'y a passur la terre de plus illustres martyrs qu"Omar et que lesmartyrs d'Ouhoud, que Dieu soit satisfait d'eux!Telles sont les explications contenues dans la Rihla.J'ajoute que l'histoire du transfert des martyrs rapportéepar Aboû Sâlim a été racontée par Malik dans le Mouwattad'après 'Abd Ar-Rahmân ben 'Abdallah ben 'Abd Ar-Rahmânben Abou Ça'ça'a; celui-ci fut informé que l'eaucreusa le tombeau de 'Amr ben AI-Djamoûh et de 'Abdallahben 'Omar, tous deux Ançârs de la tribu de Soulaïm. Leurtombeau se trouvait à côté d'un torrent, et tous les deuxse trouvaient dans la même tombe. Ils étaient de ceux quiavaient été tués en guerre sainte à la bataille d'Ouhoud. Onouvrit leur tombeau pour les exhumer; mais on trouvaleurs corps intacts comme s'ils étaient morts la veille. L'undes deux au moment où il fut blessé porta la main à sablessure, et quand on l'enterra on la laissa dans cette position.Plus tard la main se trouvait encore sur la blessureet quand on l'en écartait elle y revenait dans sa positionpremière; or entre la journée d'Ouhoud et le jour de l'exhumationquarante-six années s'étaient écoulées. Ce récit setrouve dans le Mouwatta à la fin du chapitre sur la guerresainte d'après Yahyâ ben Yahyâ Al-Andalousî.Le Chaikh Mouhammad Al-Bâbilî A l-Miçrî.Le Chaikh, le Hâfidh, le vérificateur, l'éloquent, le savant,l'écrivain, letraditionniste, leChaikh Mouhammad ben 'Alâad-Din AI-Bâbilî AI-Miçrî; il était aveugle et demeuraitdan


lU <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>de la Foi, les Hadith al-mousalsal bil-Aouliyâ et les 'Achariyâtd'Ibn Hadjar. Il m'a diplômé pour tout ce qu'il m'aenseigné d'après tous ses Chaikhs, parmi lesquels il fautciter le Chaikh Ibrâhîm Al-Laqqânî, le Chaikh Sâlim As­Sanhoûrî, Chihâb ad-Dîn Ahmad Ach-Chiblî. Chihâb ad­Din Ahmad As-Soubki, le Chaikh Hidjâzî Ach-Charawi, leChaikh Noûr Ad-Din Az-Zayadî, etc. i il a été relié à nospremiersChaikhs par un grand nombre de leurs Chaikhs icela se passait à la Masdjid al-Harâm à la droite de la portede Bâb Ibrâhîm : c'est là qu'était sa demeure. Certains demes disciples m'ont appris qu'il retourna au Caire. C'estnotre Chaikh Aboû Mahdî qui s'établit à sa place.Le personnage dont nous écrivons la biographie mouruten l'année 1076 ou 1077 (1666-1667), selon la Fahrasade l'auteur du Matmah.Sayyidî 'A bd Al- W ârith ben Mouhammad ben Ahmadben Abd A l- W ârith Al-Yaçlotltî.(Page 261.)LeChaikhAboûl-Baqa 'Abd Al-Wârith ben Mouhammad,fils du saint Sayyidî Ahmad ben Mouhammad, fils duChaikh, de l'élu de Dieu, Sayyidî 'Abd Al-\Vârith ben'Abdallah Al-Yaçloûtî. On a déjà fait la biogra'phie de songrand-père Sayyidî Ahmad en l'année 1021 (1612-1613), eton a cité précédemment sa généalogie dans cet ouvrage etdans un ouvrage attribué à Ibn 'Aichoûn. Le personnagedont nous écrivons la biographie avait une foi profonde,il était très estimé et avait des disciples. Il possédait uneZâouïa qu'il avait bâtie près de sa maison dans la Zoqâqal-Hadjar à Fès. C'est là que ses disciples lisaient des hizbs;le matin ils étudiaient les Mouhâcharat et l'Hi{b al-Falâh,la prière de Moûlây 'Abd As-Sâlâm Ibn Mâchîch et le grand


NACIIR AL-MATH\Ni 1ï.'lHi!{b de Châdhilî; le soir ils lisaient le Hi'{b·al·Falâ1z etrépétaient deux cents fois la formule: Il n'y a pas d'autreDieu que Dieu. Il faisait des Hadms 1 qui n'avaient lieuqu'en sa présence, mais il ne prenait pas part à l'excitationgénérale et se contentait de se balancer de droite à gaucheen restant assis. Il mourut, que Dieu lui fasse miséricorde,le dimanche 3 du mois de Rabi' an-Nabawî de l'année 1076(13 septembre 1665); il fut enterré dans sa Zaouïa.Le Faqîh Saxxidî Mouhammad ben 'Abd A r-Rahmdn A 1­Qaçrî, célèbre SOltS le nom d'A{-Zâmir.Le Faqîh instruit dans la science et dans l'astronomieAboù 'Abd Allah Mouhammad ben 'Abd Ar-Rahmân AI­Qaçrî, connu sous le nom d'Az-Zâmir. Le Hâfidh AboûZaïd Al·Fâsî a dit: Je suis allé auprès de lui pour recevoirson enseignement; surma planchette était écrite cette phrase:« Nous leur avons fait entendre notre parole» de la sourateAI-Qaçaç~,et j'ai terminé avec lui l'étude ·du Qorân au coursde cette année; je l'ai appris par cœur du commencementà la fin. J'avais alors sept ans et je recommençai le Qorânen y ajoutant les Karârîs et la Djaroumiya. J'étudiai ensuitel'A !fixa, la Risâla et le MouAhtaçar et d'autres ouvragesdont je ne saurais indiquer le nombre.Parmi les personnages morts au cours de cette année,il faut citer Yahyâ ben Nlouhammad AI-Djazoûlî et leChaikh AboÔ 'Azza ben Ziyân, l'un des compagnons deSayyidî Mas'oùd Ach-Charrât.r. lIadra, littéralement « présence ", c'est-h-dire que 1.1 réunion sousl'invocation d'un Chaikh de Tariqa ou la citation du hizb et du dhikr et laprononciation répétée du nom d'Allah, provoquent la p,.élellce de ['e5pritdivin, qui détermine chez les assistants le Hdl, état d'excitation qui se termine par l'extase et la prostration. On dit aussi lamma.2. Sourate Al-Qaçaç, verset 51. Trad. Kasimirski, p.3r5.


J 76ARCHlVES lIIAROCAINESLe Saint SaXyidî Ahmad As-Sâlih.Le Saint, le vertueux Sayyidî Ahmad As-Sàlih, enterré àAI-Qoula'ia, à Fès al-Andalous, selon le résuméde l'ouvraged'Ibn 'Aichoùn. Il mourut en l'année des cinq ouqiyas etle jour de sa mort les gens avaient besoin de pluie et elletomba en abondance. Il avait pour compagnotl Sayyidî'Abdallah ben Hassoûn.L'année des cinq ouquiya est celle où les denréesatteignirent un prix très élevé à cause du siège que MoûlâyRachid avait établi devant Fès; le blé atteignit le prix de5 ouqiyas le çà'. C'est au cours de cette année que MoûlâyRachid s'empara de Fès, comme nous le dirons plus loin.Ce personnage avait un frère, le saint, le vertueux Sayyidî:v1ouhammad, qui fut enterré avec lui. Dans le registre del'oncle de mon père il est porté comme l'un des compagnonsde Sayyidî 'Abdallah ben Hassoûn, disciple de Sayyidî'Abdallah AI-Habtî, disciple de Sayyidî Abdallah AI­Ghazwânî.Voici quelques-uns de ces vers consacrés à la louange duSaint, du Savant Sayyidî Ridwân, que Dieu nous le rendeprofitable :Ridwàn, ce saint de Dieu, les plus grands saints ont témoigné de sapiété et de sa religion.(Page 262.)Réfugie-toi en lui si tu redoutes quelque malheur! Tu verras rapidementle salut avec la permission de Dieu.Ils avaient une sœur du nom d'Amîna; c'était une Sayyidavivant dans l'ascétisme; son tombeau est auprès deson frère Sayyidî Ahmad.


NACIIR AL-lIfATIIÂNi 177ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1076 (J.-C. 1675-1676).C'est au cours de cette année qu'eut lieu le siège de Fèspar le sultan Motîlây Rachîd Ach-Charîf As-Sidjilmasî AI­Basanî. Il combattit pendant trois jours et fut blessé àl'oreille par une balle. Il revint sain et sauf; Dieu soit loué.Il attaqua une autre fois, le 3 de Rabi' al-Awwal (13 octobre1665), et il y eut alors près de 70 tués ou blessés. Il s'enalla alors, car il n'était pas bien préparé pour ce siège. Ilalla ensuite dans le Rîf et attaqua 'Arrâç. Il s'empara delui au mois de Ramadân (mars-avril 1666). Dans lamatinée du mardi 28 Dhoûl-Qa'da (1 er juin 1666), MoûlâyRachîd attaqua Fès de nouveau et l'assiégea jusqu'aujeudi. Son armée resta à combattre jusqu'au lundi 3 deDhoûl-Hidjdja (6 juin). Dans la matinée, il se trouvait àFès al-Djadid. car dans la nuit il avait escaladé le rempartdu côté du l\lellâh. Le Gouverneur de Fès al-Djadîd, Ad­Douraidi, s'était enfui. Il attaqua Fès encore une fois dansla soirée. Pendant la nuit le Raïs des Lemtiyin Ibn Aç­Çaghir s'était enfui au bastion de Bab al-Guisa. Ahmad benÇâlih, Raïs de Fès al-Andalous s'enfuit également le lendemainmatin. Les habitants de Fès montèrent à Fès al­Djadîd et proclamèrent sultan notre Maître Ar-Rachid. IbnÇâlih fut arrêté avant midi dans les environs de la ville, ctla plupart de ses compagnons furent tués. Il fut emprisonnédans la maison d'Ibn Chaqra à Fès al-Djadîd. SayyidîHamdoûn AI-Mizwâr occupa la fonction de Qâdî, le jeudi(j de Dhoul-Hidjdja (9 juin). Le jeudi suivant Ibn Ç,îlih futtué, ainsi qu'Ibn Çaghîr et ses deux enfants.Moûlây Rachid partit ensuite en expédition au Gharb. Ilen chassa le Raïs AI-Khadîr Ghaïlân et ses partisans ct lespoursuivit; ceux-ci allèrentàAI-Qçar, puis à Arzi!a. ~loûlâyARCH. MAROr.. - XXIV. 1:1


178 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Ar-Rachîd, après s'être éloigné d'Al-Qçar, y retourna pourl'assiéger et il y eut pendant la nuit un tremblement deterre. D'après le narrateur, quand Aboû Çàlih et Ad-Douraïdîet leurs partisans s'aperçurent de l'inquiétude quis'était emparée des gens et que l'on parlait avec insistancede Moûlày Rachid, et que les regards se tournaient verslui, quand ils virent la révolte grandir contre eux, surtoutde la part des Chorfâ de Fès qui leur cherchaient querelleavec une arrière-pensée de trahison, Ad-Douraïdi se disputaavec Ibn Çâlih, et ils se séparèrent. Quant à leurspartisans, ils allèrent auprès de tous les Chorfà et de tous lesfaqîhs qu'ils savaient être les amis de Moûlày Ar-Rachidpour leur demander qu'ils fissent la paix entre les deuxprinces, car c'est là une des obligations des Chorfâ et desFaqîhs. Parmi eux il faut citer Sayyidî Hamdoûn AI-Miz·wàr, SayyidiMohammad Aboû 'Inân Ach-Chérîf et unautre de ses proches parents. Ils refusèrent tout d'abord dese mêler des affaires du gouvernement mais les habitantsde Fès insistèrent en leur disant qu'ils ne pouvaient demanderen cela d'autre intervention que la leur et les obligèrentà le faire. Ceux d'entre eux qui voulaient se récuserparmi ceux qu'ils avaient invités, il les poursuivaient jusqu'àce qu'ils se présentassent. Quant à celui qui faisaittraîner en longueur sa décision, on l'obligea par force àagir.(Page 263.)Quelques Chorfâ se cachèrent, car ils étaient avertis dela ruse par certains de leurs amis. Quand ils eurent réunile plus grand nombre possible de ceux qu'ils pensaientêtre les partisans du sultan, ils les envoyèrent auprès de Ad­Douraïdî à Fès al-Djadîd en médiateurs afin de rétablirl'union avec Ibn Çàlih. Quand ils se présentèrent à eux illeur fit le meilleur accueil, les fit entrer dans sa meçria etleur offrit une table garnie de mets variés cuits dans sa


NACHR AL-MATIIli.Ni 1ïUmaison, puis illeul' dit: « JI y a une semaine que je combinece souper, et vous ne sortirez de cette maison que lejour où vous passerez par la terrasse. » Ils comprirentqu'ils étaient emprisonnés, qu'il les menaçait de fairedurer longtemps leur séquestration et que la démarchequ'on leur avait fait faire auprès de lui était un piège. EnefTet, s'il les avait emprisonnés ouvertement, ils pouvaientcomptersur l'appui d'une partie de la population ou sur uneautre solution de ce genre. Quand ils se virent dans cettesituation, ils furent tous accablés; la nourriture resta devanteux et aucun d'entre eux n'y toucha. Grâce à Dieu,qu'il soit exalté, Moûlây Rachid parut et entra à Fès al­Djadîd pendant cette nuit-là. Qùant à la table, elle étaitrestée à sa place avec.la nourriture qui s'y trouvait et lesséquestrés entendirent les cris de victoire poussés par lessoldats de Moûlây Rachid de tous les côtés. Dieu dissipaainsi leurs inquiétudes. Souvent un événement angoisseles âmes, qui s'épanouissent ensuite à son dénouement.Parmi eux il y en eut qui ne sortirent pas avant d'avoirmangé à cette table, tant ils étaient remplis de joie. Il yen eut d'autres qui emportèrent une partie de cette nourritureet sortirent promptement, et il y en eut d'autres quirestèrent jusqu'à ce que le Sultan Moûlây Ar-Rachîd les yrejoignît: parmi ces derniers se trouvaient les Bou 'Inâni·yin. Le Sultan leur témoigna sa bienveillance qu'il leurcontinua dans l'avenir. Il est possible que ce soit là unedes causes de la nomination de leurs descendants auxfonctions de Qâdi par notre maître Ismâïl, à cause de ccqu'il savait de leur dévouement pour sa dynastie, ainsiqu'il avait pu s'en rendre compte. Parmi ceux auxquelsarrivèrent l'aventure que nous venons de raconter se trou"vait Sidi Mouhammad ben Ahmad Ach-Charif AI-'Irâqi 1\',Bousa'ini et nous l'avons entendu raconter par Ull fils de S,lfllle. Il cst connu que cette a\'cnture lui est arrivée à lui ctà d'autres, On la racollt'l' 3\ cc dl''' dét::tils que nous ne répe


180 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>terons pas, car ce que nous-avons dit est conforme à ce quel'on nous a raconté. Dieu est le maître du passé et del'avenir.ANNÉE 1077 (J.-c. 1666- 1667).Le Chaikh Sayyidî Qt1sim, connu sous le nomde Ibn Lalloûcha.(Page 264.)Le simple d'esprit dont on recherche les baraka, SayyidiQ~sim ben Ahmad ben 'Isâ As-Soufy~ni, connu sous lenom de Ibn Lalloucha, enterré au bord du \Vâdi Ardhoum,dans le pays d'Azghar à l'Ouest du Maroc. L'oncle denotre père, Aboû 'Abdallah Al-'Arbî, dit: « Il est mort unpeu avant le lever du soleil le 28 Radjab de l'année 1079(26 janvier 1666). Il ne s'est jamais marié et n'a pas laisséde postérité. ~ Tel est ce qui se trouve écrit de la maind'Aboû 'Abdallah, dans son Kounnâch. Sayyidî Qâsirnavait des disciples qui venaient par groupes en pèlerinageauprès de lui tous les ans. Quelqu'un m'a dit qu'il étaitdisciple de Sayyidi Mahammad Ach-Charqî et cela concordeavec les dates ainsi que nous l'avons constaté pour SidiAhmad ben Khadra. Dieu sait la vérité sur tout cela.Le Chaihh Sayyidî A t- Tayyib ben A l-Misnâwîben Mahammad ben A boû Bakr Ad-Dilâï.Le Chaikh, le plus savant, le lettré, le vertueux, le pieux,le délicat Sayyidî At-Tayyib ben Al-l\lisnawî ben Maham-


NACII" AL-MATH ..\NÎ \ 181road ben Aboù Bakr Aù-Dilâï. Les biographies de son père, deson grand-père et de son arrière-grand-père ont déjà été faites.Le personnage dont nous écrivons la biographie étaitun Imâm considérable, lettré, habile, célèbre, savant, quimettait sa science en pratique, d'une vertu parfaite; il acomposé de nombreuses poésies; il a été un membreinHuent de la Tarîqa (Djazoùliya) ct un compagnon desChaiks. Parmi ceux qu'il a rencontrés il faut citer celuiqui connaît Dieu, Sayyidî Moubammad ben 'Abdallah As­Soûsî, mort en la noble ville de la Mekke. Nous feronsplus loin sa biographie. Il en reçut un enseignement profitable.Le savant instruit dans les sciences Aboûl-'AbbâsAhmad ben Ya'qoûb AI-Oullalî a dit dans son ouvrage leMabâhith al-Anwâr, dans la biographie consacrée auChaikn Ibn 'Abdallah. Le personnage dont nous écrivonsla biographie m'a informé que lorsqu'il demanda à devenirle disciple du Chaikh (Ibn 'Abdallah) celui-ci lui dit aumoment de lui serrer la main: « Je touche ta main, à lacondition que tu adores Dieu comme si tu le voyais. » Ilajouta: « Le Chaikb, que Dieu soit satisfait de lui, neconsentait pas à me voir dans un rang inférieur. En elletle Prophète, que le salut et la bénédiction de Dieu soientsur lui, a dit: «Si tu ne le vois pas, il te voit certainement.» C'est alors l'adoration par le regard (~.)W:.~L,.J\) et si cette adoration est aussi élevée que possibiec'est qu'elle consiste dans l'espoir de la contemplation dela Divinité. Avant de devenir le disciple d'un Chaikh, il s'informaitde l'opinion qu'on avait de la solidité de ses connaissanceset des qualités de son Hâl, et il s'en tenait là, endisant: « Si je ne suis pas de ceux qui gagnent on ne mecomptera pas cependant parmi ceux qui perdent. C'est parla baraka attachée à cette résignation qu'il devenait le discipled'un Chaikh et qu'il en tirait profit. L'exactitude etla sincérité des paroles du Chaikh Ad-Dilâï apparurent pendantla maladie dont il mourut.


ARCIIIVES IIIAIIOCAINESCar après l'absence du Chaikh Ibn 'Abdallah qui voyageaen Orient, sa maladie (que Dieu, qu'il soit exalté, luifasse miséricorde!) se prolongea et son Hâl grandit, il atteignitles plus hauts degrés de l'extase et quand il priait il mon·trait des signes de l'humilité la plus grande et la foi la plusévidente; il en arriva à ne plus pouvoir entendre les appelsdu muezzin, tant il était ému en entendant prononcer lenom du Tout-Puissant.Il m'a dit qu'il avait vu le Prophète, que Dieu lui accorçleses bénédictions et le salut. Celui-ci, que Dieu lui accordesa bénédiction et le salut, lui dit: «Jé t'ai pardonné. »Pendant sa maladie il ne pouvait pas voir les gens à l'exceptionde quelques personnes qui lui convenaient. Un jour il medemanda de lui apporter des livres çoufistes conçernantles Bâls des différents Saints. Je lui apportai le Charh al·Hikam d'Ibn 'Abbâd. Ensuite je le quittai. Quand je retournai,je vis qu'il avait placé le livre à terre et il me dit:(Page 265.)« Pourquoi m'as·tu apporté ce livre? Tu vois que je nepuis pas y jeter un regard, car si je le regardais, je pourraisdéfaillir. J'ai peur de mourir. » Ce Hâl ne cessa de grandirjusqu'à sa mort. Telles sont les explications contenues dansles Mabâhith. Quant au Chaikh ben 'Abdallah, il mourutau cours de son pèlerinage après en avoir accompli seuleme.ntla première partie, en l'année 1079 (1668-1669), commecela sera indiqué s'il plaît à Dieu.Le lettré, le pieux, le Faqih, le Çoûfi, la source agréablede science Sayyidî Ahmad ben 'Abd AI-Qâdir At-Tassoutî letrouva à l'agonie et demanda à le voir, mais cela lui fut impossible.Il lui écrivit donc ces vers:o le meilleu.r de ceux qui ont reçu les plus grands éloges,Ce!ui dont les paroles ct les actions sont douces,


NACHR AL-MATHÀNl 18ilDepuis combien de temps, j'en jure par toi-même, suis je debout devantta porte,Espérant que ta vue éteindra le feu qui brûle mon âme.Quand on lui lut ces vers, il était agonisant; il composacette réponse:Béni fils du Béni vertueux, se rencontrer avec moi n'est pas difficile;Aucun hâdjib ne pouvait empêcher de te voir, ô toi qui est semblableà la pleine lune,S'il n'y avait pas des nuages amoncelés sur le ciel.Le Faqîh, le lettré, le sagace, l'intelligentSayyidî Ahmad,fils du Faqîh, du Qâdî, du savant Sayyidî Mouhammad AI­Bakrî, fils d'Ach-Châdhilî Ad-Dilâï, nous a récité deux versdu personnage dont nous écrivons la biographie; il les avaitentendu réciter à son grand-père maternel, l'lmàm, le savant,le modèle, le vérificateur Aboû 'Abdallah SayyidîMouhammad ben Ahmad Al-Misnâwî, neveu du personnagedont nous écrivons la biographie, qui les avait écritssur sa planchette (.b.}) lorsqu'il alla chez Sayyidî Ahmadà la Zâouïa AI-Bakriya pour recevoir sa bénédiction:Sayyidî Ahmad écrivit ses vers, la première fois que sonneveu se présenta à lui dans l'endroit où les enfants reçoiventl'enseignement. Voici ces deux vers:Que Dieu t'instruise, mon cher enfant, et que tu deviennes un des sa_vants du GharbDans la science du droit, des commentaires, de la théologie et danstoutes les sciences utiles et profitllbles.Sa prière fut exaucée; le Chaikh Aboû 'Abdallah AI-Misnâwîacquit une connaissance approfondie des sciencesindiquées par la prédiction de son oncle et de beaucoupd'autres. On fera plus tard sa biographie, s'il plaît à Dieu.1. MO!lll'aqqit: celui qui fixe l'heure de la prière.


18~ ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>Le Faqîh, le «Mouwaqqit » Sayyidî 'Abd AI-Qâdir'A t- Toulaït 1.Le Faqîh instruit dans les sciences, intelligent, juste,soumis à Dieu, célèbre, le Mowaqqit, l'astronome, legrand mathématicien Aboû Mouhammad 'Abd AI-Qâdir ben'Alî At-Toulaït, AI-Andalousî AI-Ançârî; sa famille à Fèsdisait descendre des Ançâr : c'était un 'Adoul de Fès et unde ses Fouqahâ célèbres par la manière dont il défendait etdont il observait la religion j des fouqahâ considérables deFès étudièrent auprès de lui, tels que le Hâfidh Sayyîdi'Abd Ar-Rahmân, fils de l'lmâm Sayyidî 'Abd AI-Qâdir Al·Fâsî. Celui-ci a dit dans un ouvrage autobiographique:« J'ai fréquenté le chaikh Aboû Mouhammad Abd AI-Qâdirben 'Alî At-Toulaït AI-Andalousî pour étudier les mathématiques,la détermination de l'heure, l'astronomie, etc. »(Page 266.)J'ai étudié avec lui la Raoudat Al-A-,hâr d'Al-Djâdirî,la Risâlat ar-Roubou' A [-Moudjayyibd 'Al-Mâridînî, laRisâlat ar-Roubou' al-Mouqtaçar du même auteur, laRisâla d'AI-Azoûrqâlî, et le Minhâdj at-Tâlib d'Ibn Al·Bannâ, etc.On cite du personnage dont nous écrivons la biographiedes formes très précises sur les différents actes judiciaire~,que l'on trouve dans certains documents rédigés par lui entant qu"Adoul; ces documents sont une preuve de sa supériorité,de ses connaissancesdans saprofession d"Adoul ainsique son équité. Les Imâms de son temps ont pris soin denoter la date de sa mort et ses plus illustres contemporainsont reconnu sa supériorité.Il a été promu aux fonctions d"Adoul à l'époque où fut,. De Tolède.


NACHR AL-MATHÂNl 18;;nommé Qâdî, le plus juste des Qâdîs, l'Imâm Aboù 'Abdallahben Soûda, et il l'a agréé. Que Dieu leur fasse à tous miséricordeet qu'il les comble de Ses dons. Amen! C'est dansle cours de cette année qu'est mort Aboûl-'Abbâs Ahmadben Moùsâ AI-Battîwî ; je n'ai trouvé aucun renseignementà son sujet.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1077 (J.-C. 1666-1667).Le Sultan Moùlây Rachîd revient d'expédition dans lespremiers jours de Rabi 'Ath-Thânî (octobre 1666). La proclamationfut écrite de Fès et fut lue devant lui avant midile samedi 18 Rabi' AI-Awwal (18 septembre 1666). Ensuiteil alla à Miknâs, au mois de Rabi' ath-Thânî, puis il marchacontre les Aït Oullal et les soumit, et il s'en retourna.Sayyidî l\lahammad AI-Hâdj vint près de l'Ouad Fès àAboù Mazoûra ; il Y eut un petit combat, et il repartit aprèstrois jours. Puis le Sultan Moûlày Rachid alla attaquerTâza le II Radjab (7 janvier 1667) et revint en Chawwâl(mars-avril). Il destitua le Raïs Al-'Aqîd de Miknâs. Le Sultanmarcha ensuite contre les Banî Zarwâl le deuxièmejour de l"A'id AI-Kabîr; il les soumit et envoya leur RaïsAch-Charîf à Fès le 2 l\loharrem 1078 (J.-C. 1668). Puis ilalla attaquer Tétouan et en Çafar (aoùt 1666), arrêta sonRaïs et l'emprisonna ainsi que ses partisans; il revint àFès dans les premiers jours de Rabî 'AI-Awlaw.1 3


ARClIIVES <strong>MAROCAINES</strong>ANNÉE 1078 (J.-C. 1667-1668).Le Chaikh, l'Imâm Zaïn Al-'Ahidîn Al-Ilousainî.Le Chaikh du Hourm de la Mekke,l'lmâm au savoir solide,à l'intelligence lumineuse et claire, l'homme intègre, d'originechérifienne, dont les traits rellètent la noblesse aussibrillante que le soleil, le Chaikh Zaïn Al-'Abidîn, fils duChaikh Mouhî ed-Dîn'Abd Al-Qâdir ben fvlouhammadAI·Housaïn At-Tabarî, que Dieu soit satisfait d'eux. AboûSâlim a dit dans sa Fahrasa : « Je l'ai rencontré chez luidans la noble ville de la Mekke, et j'ai entendu de sa boucheune partie de Boukhârî et de l\'louslim et les hadiths transmisdepuis leur origine, sans interruption 1. Il m'a diplômépour toutes les matières pour lesquelles il était diplômé luimêmeet qu'il avait étudiées auprès de tous ses Chaikhs,ùe son père élève de son grand-père, et ainsi de suite enremontant jusqu'à leur ancêtre commun, l'éminent .'\1­.\louhibb Ab-Tabari, etc.» ZaÏn Al·'Âbidin avait deux sœursqui ont délivré un diplôme au Chaikh Aboû 'Abdallah AI­.\lourâbit Ad-Dilâï, pour ce qu'il avait étudié auprès d'AboûMahdi At-Ta'âlibî. On fera plus loin la biographie de cesdeux personnages. Le Chaikh At-Ta'àlibî aétudiéauprès desdeux sœurs, la Sayyida Moubâraka et la Sayyida Zaïn Ach­Charaf, filles du savant 'Abd AI-Qâdir ben Mouhammad(Page 267.)ben ,\loukrim Al-Mouhibb At-Tabarî AI-Housaïnî. Ellesl'ont diplômé pour tout ce dont elles étaient diplômées1. ~ La..J ~ littéralement « par étreinte 'J.


N.\CHR AJ.-MATII,\NÎ 187elles-mêmes. On dônnera plus de détails à ce sujet plusloin, s'il plaît à Dieu.Le Chaikh 'Il bd As-Salâm A l-Laqqânî.Le Chaikh, le savant dans les diverses sciences, à l'intelligencepuissante, Aboùl-Faradj 'Abd As-Salâm, fils duChaikh Al-Islâm Aboù Sâlim Ibrâhîm AI-Laqqânî. Laqqânaest une ville d'Égypte.L'auteur du Matlllah a dit clans sa Fahrasa : Le personnagedont nous écrivons la biographie était de ceuxchez qui l'intelligence est manifeste; il a écrit de nombreuxouvrages, parmi lesquels un commentaire de la célèbreqacîda d'Aboùl-'Abbâs AI-Djazâïri, un commentaire de laDjaoulzara cie son père et 'C.!'autres ouvrages encore; ilmourut en 1078 (1667-166R); il avait été le disciple de sonpère, disciple lui-même d'un groupe de savants tels que leChaikh qui connaissait Dieu, Zaïn AI- 'Âbidîn ben ChamsAd-Din Aboûl-Makârim i\louhammad Al-Bakri Aç-ÇâdiqîAch-Châfa'ï, que Dieu me fasse proliter de sa bénédiction;Chams Ad-Din Mouhammad ben Chihâb ad-Din Ar­Ramlî Ach-Châfa'î; Noûr ad-Dîn 'Ali AI Maqdisi Al­Hanafî ; le Chaikh Mouhammad An-Nahrîr Al-Hanafî ;Chihâb ad-Dîn Ahmad ben Qâsim Al- 'Abbâdî Ach-Châfa'i;leChaikh Al-lslâm Mouhammad Al-Khafâdji Ach-Châfa'ï;le Chaikh Al-Islâm, le savant intelligent, le saint pleind'humilité et de compassion, affligé cie maladies et d'inlirmités;le Chaikh Aboû Bakr Ach-Chanwanî Ar-Rifâ'Î; leChaikh Mouhammacl Al-Asîlî; le Chaikh Mouhammad Al­Djabartî; le Chaikh MOiJhammad AI-Bahnasî Ach-Châfaïhabitant leHourm de laMekke; leChaikh'AbdAr-RahmânAch-Charbînî; le Chaikh Noûr ad-Dîn Az-Ziyâdi ; le ChaikhAhmacl As-Sanhoûrî AI-Mâliki; le Chaikh Taha Al-Mâ­'iU; le Chaikh Ahmad AI-Maghârî; le Chaikh Djâmi'ad-


188 A nCHlVES MAROCAI:'IIESDamirî, frère d'Aboûl-Fath Ad-DamÎrî ;ïe Chaikh Abd Al­BâqÎ AI-Baqri j le Chaikh connaissant Dieu MouhammadAI-Banoûfrî; le Chaikh Bourhân ad-Din Ibrâhîm ben 'AbdAr-Rahmân Al 'Alqamî; le Chaikh, le savant Ach-Chanchoùr1,commentateur du Tartîb; le Chaikh Çâlih AI­Balqîni j le Chaikh Aboùl-Mahâsin; le Chaikh Ahmad Az­Zourqânî; le Chaikh Ahmad AI-Balqînî ; le Chaikh l\IouhammadAt-Tourdjamânî; le Chaikh Yahyâ AI-Qarâfî,dont la biographie du père, le Chaikh Ibrâhîm, a déjà étéfaite dans le chapitre consacré à l'année 1040 (1630-1631).»Aboû Sâlim a dit : « AI-Laqqânî a hérité des sciences deson père et c'est le seul de ses disciples auquel personne nepuisse être comparé à cause de son amour pour l'isolementet de son éloignement des hommes; d'après les uns, saconduite était causée par son détachement des choses dumonde et par son ascétisme; d'après les autres, par son hésitationet par ennui; ce sont, s'il plaît à Dieu, les premiersqui ont raison. Il ne donnait son enseignement quependant trois mois, Radjab et les deux mois suivants (Cha'­bân et Ramadân). Son enseignement portait particulièrementsur les hadiths et sur ce qui s'y rattache.«J'ai appris de lui, entre autres choses, que lorsque l'âmedu croyant s'échappe de son corps, deux anges blancs,brillants, légers et doux, s'interposent entre cette âme etles deux anges noirs, même s'il s'agit d'un homme demauvaise vie, etc. »(Page 268.)Telles sont les paroles de la Rihla, qui ajoute à proposde l'isolement recherché par le personnage dont on écritla biographie que ce sentiment paraît avoir été provoquéchez lui par le détachement des choses du monde et parl'ascétisme. En elTet, d'après certains textes, ceux qui seconsacrent uniquement à l'étude approfondie des sciencespositives ont le cœur endurci. On peut consulter à ce sujet


NACIIR AL-MATII,\:"i lB!!le commencement des Rasâil al-Koubrâ du Chaikh Ibn'Abbâd.Le Chaikh Ibn'Arafa blâme dans une certaine mesureles étudiants qui recherchent la science de cette manière etil dit: « Si vous voyez un tâlib, au commencement de sesétudes, multiplier les visites aux cimetières et se consacrerspécialement à la lecture de la Risâlat A l-Qouclzaïrî, sachezqu'il n'arrivera à aucun résultat parce qu'il s'occupeà rechercher la science par des moyens qui ne lui serontpas profitables. » Les Chaikhs ont rétorqué cet argument.De plus, le savant connu de Dieu, Sayyidi 'Abd Ar-Rahmànben i\lahammad AI-Fâsî a dit: « Ce que blâme le ChaikhIbn 'Arafa, est profitable à l'âme et utile également pourl'autre vie en détachant des choses du monde, commenous l'avons dit. »En effct, la science consiste dans la crainte de Dieu, maiselle n'exclut pas les rec::herches. même si leur continuitéendurcit le cœur. - Ce sont d'excellentes réflexions.Le Faqîlz Sayyidî Abd Al-lValzlzâb Ibn Al-ImâmSayp'dî A 1-'..1 rbî Al-Fâsî.Le faqîh, le généreux, le savant instruit dans les ditTérentessciences, le lettré Aboù Mouhammad Sayyidî 'AbdAI-\Vahhâb fils de l'Imâm Sayyidi AI-'Arbi, fils de celuiqui connaît Dieu Sayyidi Yoùsouf Al-Fâsi. On a fait précédemmentla biographie de son père et de son grand-pèrc.C'était un Chaikh, un Imâm, célèbre en mathématiques.pourles partagesde successions, la détermination da l'heure.la rédaction des talismans, ctc. Entre autres œuvres remarquables,il a écrit en forme de colonnes toutes les règles dela prnsodiequi forment un coml1lcntaire de la Klza"radjiya.Le professcur, le savant AbOLI '.\bdallah Ach-Charqî benMouhammad ben .\bOLI Bakr Ad Dilâï lui a adressé au sujet1 3 *


190 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>de cet ouvrage ses éloges et lui a exprimé son admirationpar ces vers:o adorateur du généreux, ô toi qui as cultivé l'art poétique el qui '·asfait fleurir!Tu as arrosé de tesla sécheresse, et sa splendeur en a augmenté.ruisseaux (JJ..r.--) le jardin de la poésie, aprèsPuis il lui adresse d'autres vers pour l'interroger surl'heure de midi.Le soleil a-t-il passé le zénith ou non, renseigne-moi il ce sujet,Tant que ton ombre bienfaisante reste étendue sur les lettres.Le personnage dont nous écrivons la biographie a répondu,Le soleil a déjà décliné alors que vos actions bienfaisantes continuentil éclairer l'horizon du monde depuis des années.Si le soleil disparaît il l'occident, votre soleil ne s'est pas encore couchédans le ciel de la vertuS'il monte sur l'horizon du Gharb, nous ne nous soucions pas de celuiqui vient d'orient.Parmi ceux qui ont étudié auprès du personnage dontnous faisons la biographie. il faut citer le petit-fils de sononcle, le Hâfidh Abou Zaïd Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân, fils deSayyidî 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsi; il dit dans son autobiographie:« Mon cousin Aboûl-Fadl Abd AI-Wahhâb ben AI­'Arbî ben Yoûsouf(AI-Fâsî), m'a enseigné la Djarrownixa,la Klzarradjiya, l'arithmétique, le calcul du partage dessuccessions, la détermination de l'heure, les formules du talisman,et autres choses de ce genre telles que l'arpentage,et ainsi que d'autres sciences. On peut citer encore parmi(Page 269,)ses disciples, notre Sayyid et grand-père. que Dieu lui fassemiséricorde, qui a étudié avec lui une partie de la Klzai"adjiya.» Le personnage dont nous faisons la biographie


NACHR AL-MATIIÀNl Ullest mort à l'aube du vendredi de Mouharram de l'année1078 (27 juin 1667.) Que Dieu l'ait en Sa miséricorde!Le Faqîh Sayyidî 'Abd Al-A{î{ Al-Dja{oûlîLe Faqih très âgé, l'homme de bien possesseur de la baraka,Aboû Mouhammad 'Abd 'Al-Aziz ben Ahmad, Djazoûlîd'origine; c'est le nom sous lequel il est connu. Parmi ceuxque l'étude du Qorân a rapprochés de lui, se trouvent notreSayyid et grand-père, que Dieu l'ait en Sa miséricorde etson frère, Aboû Mouhammad AI-Arbî. 'Abd 'Al-Aziz mourutle 18 Radjab 1078 (2 janvier (668).\ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1078 (J.-C. 1667-(668).Parmi les événements de cette année, il faut signaler l'attaquedirigée par Moûlây Rachîd contre la Zâouïa de Dilâ,dans la matinée du jeudi 12 Dhoûl-Hidja (5 juin (668) et lanomination comme Qâdî de Fès, du savant Sayyidî Mouhammadben Ahmad AI-Fâsî, à midi, un samedi du mois deRabi' ath-Thânî (septembre-octobre 1667).


]92 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>ANNÉE 1079 (J.-C. 1668-1669).Le Chaikh qui connaît Dieu, Say-y-idî lIfouham11ladben 'A bdallah As-SoCtsî.Le Chaikh qui connaît Dieu, Sayyidî Mouhammad ben'Abdallah, était originaire du Soûs et mourut à la Mekke.Le Chaikh, le savant Ahmad ben Ya'qoûb AI-Wallâlî a écritsur lui et sur ses disciples, un ouvrage intitulé MabâhithAl-A nwâr fi Akhbâr ba'd Al-Akhyâr,. il a adressé dans celivre beaucoup d'éloges au personnage dont nous écrivonsla biographie, à cause de son détachement des biens de cemonde pour se vouer à l'adoration, dans l'abstention detout désiret de toute recherche dans sa nourriture. Il ajoute:Dans les premiers temps de son ascétisme, il lui arrivait demanger d'une nourriture sur laquelle il pouvait y avoir desdoutes; il ne le savait pas, et il fut très malade; il entenditalors une voix qui disait:« - Secouez-le, parce qu'il a mangéde la nourriture douteuse! » Il se sentit enlevé et fut secouécomme une outre de lait et il rendit tout ce qu'il avaitmangé. Il se trouva immédiatement guéri. Il partageait sontemps entre la lecture du Qorân et des prières au Prophète,que Dieu lui accorde la bénédiction et le salut, et on nel'entendait que lire et prier.1\ éprouvait des transports mystiques, qui chaque foisqu'ils se produisaient se manifestaient chez lui par desgestes. S'il pensait que les gens le voyaient, il disait à plusieursreprises:« Ce sont des pierres.» II voulait dire que lesgens étaient des pierres qui ne sont ni nuisibles, ni utiles.Cela prouve sa sincérité. Agir de façon à être vu, c'est de l'ostentation,agir en se cachant c'est faire œuvre de sociétaire;le vrai est que Dieu nous tienne éloigné de ces deux états.


NACHR AL-MATH.\NÎ 193Si Dieu préserve le Chaikh de l'intention d'être vu et dede celle de ne pas l'être, les gens se trouvent à ce momentvis-à-vis de lui comme des pierres, ainsi qu'il l'a dit, queDieu soit satisfait de lui.Il a accompli des miracles, entre autres le suivant:Un jour qu'il était en route pour le Soùs, sa caravanefut attaquée par des voleurs. Lorsque le Chaikh s'aperçutqu'ils lui en voulaient, il leur cria :« Allah !»et ils tombèrenttous. Le Chaikh continua sa route jusqu'à un village, d'où(Page2JO.)il envoya un muezzin pour crier aux voleurs: « Allah! » Ille fit et les voleurs se relevèrent. Il fit encore d'autres miracles,tels que de guérir les malades, de multiplier la nourriture,etc.Il alla à la Zàouïat AX-Bakriya et son chef Aboû 'AbdallahÀ'1ahammad AI-Hâdj lui demanda sa bénédiction, ainsique les 'Oulamâ et les lJotables de cette Zâouïa. Il alla ensuiteà Çaouma'a du Tâdla, dont les habitants lui firentbon accueil et lui témoignèrent du respect. Parmi eux, lefaqih, le grand savant. l'éclairé Aboù 'Abdallah Mouhammadben 'Abd Ar-Rahmân Aç-Çaouma'i At-Tâdilî, s'attachaà lui.Le personnage dont nous écrivons la biographie, ne prescrivaitque le repentir et l'ascétisme.Un Chérif l'interrogea souvent avec insistance pour savoi rqui était son Chaikh: il ne pouvait supporter une semblable" question que d'un Chérif à cause de sa grande vénérationpour les descendants du Prophète et il lui répondit: « Tume poses là une question importante », puis il étendit lamain, en disant: « Voici la main d"Omar ben AI-Khattâb >,et il ajouta qu'il s'appuyait directement sur le Prophète; onraconte un fait semblable sur le compte d'un grand nombrede saints. Par exemple on dit au sujet du Chaikh AboùARcn. MAI~OC, - X:l:IV.


194 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Bakr, qu'il vit dans son sommeille Prophète, que Dieu luiaccorde la bénédiction et le salut, et Aboû Bakr Aç-Çiddiqque Dieu soit satisfait de lui; le Prophète lui dit, je suiston Prophète et voilà ton Chaikh. De semblables anecdotessont souvent racontées dans les histoires des saints personnages.Soûsî disait: «.le vois que respecter Dieu Élevé consisteà obéir aux souverains qu'il a désignés, en ce qui n'est pascontraire au Chra'. » Il ajoutait: « Dieu m'a envoyé poursoulager les vivants et les morts. » Aboûl- 'Abbâs AI- Wallâlîa dit: « Cela veut dire qu'il soulageait les gens pendant leurvie et après leur mort. » D'après ceux qui ont le sens exactdes choses, cette facuIté n'est accordée qu'à quelques rarespersonnages, tels que Abou Ya'zâ, Aboû Madiân, Aboûl­'Abbâs As-Sibtî et Al-Djîlânî, que Dieu soit satisfait d'eux.Le personnage dont nous écrivons la biographie, avait unegrande affection pour les Chorfâ. Le Chaikh Al-Imâm Aboû'Abdallah Mouhammad ben Sa'j'd Al-"lourghîtî, alla unjour chez le Chaikh As-Soûsî avec un Chérif. Lorsqu'ils arrivèrentà la porte, leChaikh Ibn Sa'îd passadevant le Chérîfpour le présenter au Chaikh As-Soûsî et par affection pource dernier. En voyant cela, le Chaikh dont nous écrivonsla biographie fut irrité contre le Chaikh Ibn Sa'id parce qu'iln'avait pas fait passer le Chérif devant lui, et il lui parutque c'était un manque d'égards. Il avait l'habitude envoyant un descendant du Prophète, de se lever et d'allervers lui pour l'embrasser; il réprim:mda durement le ChaikhIbn Sâ'îd et le frappa de la main en lui disant: « Éloignetoide moi! » Celui-ci se leva en tremblant et il arriva que lalampe s'éteignit aussitôt. Le Chaikh Ibn Sa'îd se renditcompte que la baraka l'abandonnait. ainsi qu'il le rapportelui-même; il pleura de ne plus trouver aucun enthousiasmereligieux et il sortit en attendant le Chérîf qui le ramenaen pleurs au Chaikh en intercédant pour lui j le Chaikh selaissa toucher et, pour témoigner sa clémence, il le fit ap-


NACIII1 AL-MATII.\NIprocher et le frappa une autre fois et, par l'intervention deDieu, il retrouva ce que le premier coup lui avait enlevé. Labaraka du Chaikh Sa'îd devint plus considérable qu'ellcne l'avait jamais été. Le Chaikh As-SoûsÎ lui dit: « C'est(Page 2 7 1.)ainsi que je veux que tu témoignes des égards aux descendantsdu Prophète.» Puis le Chaikh Ibn Sa'id se rapprochade la lampe en jurant que personne que lui ne la rallumerait,et il l'alluma malgré son grand âge, ce qui lui procuraune baraka considérable et à partir de ce jour il témoignaau Chaikh un plus grand respect; il ne pratiqua plus l'affectionsans les égards et il n'alla plus voir le Chaikh, accompagnéd'un Chérîf, sans céder le pas à celui-ci.Voici quelques-unes de ses réflexions les plus remarquables.Il fut consulté par le Chaikh Ibn'Abd Ar-RahmânAç-Çaouma'Î sur certaines questions et entre autres à proposde la Bidâyal al-Hidâ)-a de Ghazâlî qui était restée entreses mains sans qu'il en connût le propriétaire. Un descompagnons du Chaikh lui répondit sur son ordre et soussa dictée les excellentes paroles que voici: « Quant à la Biddyatal-Hidâ)-a. emporte-la et ne la laisse à personne;quant aux feuillets, remets-les à leur propriétaire, qui estun tel et sache que l'intention que tu exprimes est sapropre intention exp"imée par toi; ce n'est pas ta proprein tent ion ma'nifestée pa l' loi-même, ni cette même intentionexprimée par lui. Ce sont là d'excellentes paroles. Quandle personnage dont nous écrivons !a biographie eut décid~de quitter le Maghrib, il ditau Chaikh Ibn Sa'id: «Jeconsidèrecomme convenable Je ne pas quitter le Maghrib sansfaire mes adieux aux Compagnons du Prophète qui s'ytrouvent. » Ce sont les sept saints du pays des Hâha que certains'Oulamâ racontent :l\·oir été trouver le Prophète, queDieu lui accorde la bén~J:ctiun I:t !-: salut, pendant sa vie et


1!I6 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>qu'il leur parla en leur langue 1. C'est à cause de cela que leChaikh Ibn Sa'îd était convaincu que ces saints étaient desÇahaba, et il disait: « Nous savons que cet homme est undes plus grands saints, et on peut se fier à ce que disent lessaints, car leur science est éclairée par la lumière divine etils ne se trompent j:l1h1ais; il ne faut pas tenir compte de.ceque disent certains savants à savoir que d'habitude on neles considère pas comme des Çahâba, car si c'était exact il yaurait de nombreuses raisons de le rapporter et cela seraittrès connu chez les historiens. » Un grand désaccord s'étaitélevé entre les descendants duChaikhAboû Ya'zâ, que Dieusoit satisfait de lui; il s'ensuivit un combat. Le Chaikh As­SoûsÎ leur conseilla la réconciliation et leur fit des exhortations.Dieu leur vint en aide à cette occasion et ils firent lapaix en passant sous silence les morts, le butin ct touteautre revendication et ils se réconcilièrentgràce à la barakadu Chaikh. Celui-ci recommandait la lecture des ouvragesde S(yar qu'il préférait aux livres des Çoufistes. Il disaitque les premiers contenaient la biographie des Çahaba,tandis que les autres racontaient la vie des saints. Il y acntre ces deux sortes d'ouvrages une grande différence. Ildisait: « Lorsqu'un professeur traite une question, il doits'arrêter pour y réfléchir et quand il en est bien pénétré, illolle Dieu, qu'il soit exalté, pour la science qu'il a approfondie;dans le cas contraire, il revient à Dieu et se recueille,et dans les deux cas il loue Dieu de telle sorte, qu'il arrive àLe louer dans toutes les circonstances.»C'est ainsi que la science est profitable, sinon elle est unmétier pour celui qui la pratique; que Dieu nous soit secourable!Un grand nombre de personnages reçurent l'enseignementdu Chaikh As-Soûsi, parmi lesquels le Chaikh, le1. Il s'agit des Ridj:il Hagràga. Cr. Salil1l J âl al-Anfris, t. III, p. 23ï.


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1!I~ARCIIlVES )IAHOC,\INESla mort; ce que nous en avons mentionné surl!t ici. Plusloin les paroles et lesrecommandations du personnage dontnous écrivons la biographie seront rapportées dans cellede ce Chaikh Aboùl·'Abbàs dans le chapitre consacré àl'année 1128 (1715-1716). Le Chaikh As-SoûsÎ est mortdans la noble ville de la Mekke, dans une maison qui luiavait été donnée par quelques commerçants après qu'il s'yfut marié. Il laissa sa femme enceinte; elle accoucha etson enfant mourut. Elle mourut ensuite elle-même. [1avait donné l'ordre qu'on la cOrlduisÎt en pèlerinage, alorsqu'il était très malade. On lui fIt faire le pèlerinage duHarâm ct la prière à 'Arafa. I[ mourut après [e premiertahalloul, en l'année 1079 (1668-1669), que Dieu soitsatisfait de lui et nous fasse profiter de sa baraka ~Le Chaikh Sayyidi A hmad ben 'Abd A r·Rahmâll benMOllhammad ben MOllhammad ben 'A bd A r-Rahmânben Djalâl At- Tlimsdni.Le Chaikh, le Faqih, le savant Aboùl-'Abbâs Ahmadben 'Abd Ar-Rahmân ben ~louhammad A[-Mourâbit benAch-Chaikh Aboù 'Abdallah ~louhammad ben .Abd Ar­Rahmân ben Djalàl, originaire de T[emcen, né à Fès, oùil vivait. Les biographies de plusieurs de ses ascendants ontdéjà été faites. L'auteur du Matma/z dit dans sa Faln'asa:« C'était, que Dieu lui fasse miséricorde, l'un des savantsles meilleurs, l'un des plus considerables et des plus pieux,très versé dans la grammaire et le droit et très instruitdans les autres sciences. Il mourut subitement, que Dieului fasse miséricorde, en l'année 1079 (1669-1670).»Il fut le disciple d'un groupe de savants parmi lesquelsil faut citer le Chaikh .:\boù Mouhammad 'Abd AI-Qâdir(Page 273.).\I-F~isÎ;l'oncle de celui-ci .\boù .Abdallah ~\ouhatnmad


N ACHR AL-~IATIIÀNi IfI!JAI-'Arbî AI-Fâsî; son oncle le Faqîh, le Mufti, le KhatîbAboùl·'Abbâs Ahmad, fils de l'Imâm Aboù 'Abdallah Mouhammadben 'Abd Ar-Rahmân ben Djalâl, mort en l'année1048 (1638-1639)'Sayyidî MoÎl~â A 1-'A djân.Le professeur, le vérit1cateur Sayyîdi Moùsâ, connusous le nom d'AI-'Adjân AI-Mâliki, eut pour disciple le savant,le pieux Sayyidî AI-'Arbî AI-Fichtâli, qui dit au sujetde ce personnage: « Il était d'un grand secours pour lestolbâ. » 1\ mourut le 18 Cha'bân (21 janvier 1669)'Say-yidî Mouhammad A c/z-Châtlbî.Le faqîh instruit dans les différentes sciences, le professeurSayyîdiMouhammad Ach-Châtibî, mourut le9Cha'bân(12 janvier 1669) et fut enterré à Bâb-al-Djîsa, près du tombeaudu professeur Sayyidi Mouhammad ben MouhammadAl-Bou'nânî.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1079 (J.-C. 1668-1669)'C'est au cours de cette année que fut prise la Zâouïa deDilâ.LeChaikh Aboù 'Ali AI·yoùsÎ dit dans ses Mouhâda,-ât:« Le Raïs Aboû 'Abdallah Mouhammad Al-Hâdj ben Mahammadben Aboù Bakr fut sultan du Maroc durant denombreuses années. Ses enfants, ses frères et ses cousinss'v enrichirent.


200 AHCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>Quand le Chérif et Sultan Rachid ben Ach-Charîf eut attaquéses troupes, il les mit en déroute à Batn ar-Roummândans les premiers jours du mois de Mouharram, au commencementdel'année J079(juin 1668). Nous nous rendîmesalors auprès de Mouhammad Al-Hâdj, car il n'avait pas puassister au combat à cause de sa faiblesse et de son grandâge. Des envoyés arrivèrent chez lui en même temps queses enfants et ses frères qui montraient une violente émotionet un profond chagrin. Quand Mouhammad Al-Hâdjs'en aperçut, il leur dit: «Qu'y-a-t-il? Si Dieu vous a dit:« C'est assez, cela doit vous suffire.» Voici une belle parole.Elle se rapporte à un hadith et elle signifie: «Si Dieu vousa dit que vous aviez possédé suffisamment de biens en cemonde, soyez satisfaits et soumis à sa volonté. »Telles sont les paroles du Chaikh Al-YoûsÎ.La prise de la Zàouïa eut lieu le lundi 8 Mouharram(18 juin 1668). Par la grâce divine pour les gens de la Zâouïa,en considération de leur destinée, de la baraka de leuraïeul et de leur respect pour les descendants du Prophète,Dieu décida que la destruction de cette Zâouïa serait l'œuvrede notre maitre Rachid, qui leur témoigna la bienveillancehabituelle aux Chorfâ. Aucune goutte de leur sangne fut répandue, et leurs femmes furent respectées; peutêtrequelques mauvais sujets ont-ils commis certains excès,mais ils furent sévèrement punis.Lorsque Moûlây Rachid eut achevé la destruction delaZâouïa il partit pour Marrâkech le 22 Çafar(J er août 1668);il s'empara de cette ville dont il tua le gouverneur 'AbdAl-Karîm surnommé Kàrroûm Al-Hàdj Ach-Cha'bânî \,ainsi qu'un grand nombre de ses parents et de ses partisans.Un mois après la mort de Karroûm, Moûlây Hachidrevint de son expédition le vendredi 27 de Rabi 'ath-ThânÎ1. D'après la Nou'{hat al-llâdl et le Kitâb al-lstiqçâ, if s'agit d'Aboù Bakrben 'Abd Al-Karim ben Aboû Bakr Ach-Cha'b:ini.


NACHR AL-MATII,\Ni 20[(4 octobre 1668). Le maître du Tafilâlt, son neveu, MoùlayMouhammad ben Mouhammad ben Ach-Chérîf, quitta sonpays avec ses partisans - et AI-Khadir Ghaïlân abandonnaAcila pour se rendre par mer à Alger. Le qâdî AI-Mizwâr,(Page 274.)et le Mufti Sayyidî Mouhammad ben Ahmad AI-Fâsifurent destitués le mercredi 29 Djoumâdâ Ath-Tâniya (4décembre[668). Sayyidî Mouhammad ben Al-Hasan AI­Madjâçî, fut nommé Qâdî le vendredi après la destitutiond'AI-I'vlizwâr. Le Faqîh Sayyidî Mouhammad AI-Bou'nâniprononça la Khotba à la mosquée de Qarawiyîn, après ladestitution de Sayyidî Mouhammad ben Ahmad AI-FâsÎ.Puis '\loûlây Rachîd partit pour les Châouïa le samedi[7 Radjab ([ 1 décembre'[668) à l'heure de l'Açr; il revintle7 de Ramadân (8 février 1669), et donna l'ordre d'expulserde Fès les membres de la Zâouïa de Dilâ; certains d'entreeux bénéficièrent de sa bienveillance et quelques-uns restèrentau tombeau de Sayyidî AH ben Hirzihim jusqu'à lafin de l'année; ensuite il leur pardonna et les fit revenirtous. Il partit ensuite pour attaquer les Aït 'Ayyâch ill'heure du Douhour le samedi 17 Dhoûl-Hidjdja (18 mai1669)'La monnaie Rachîdiya fut mise en circulation le 22 dumême mois, et le Sultan prêta aux négociants de Fès ctdes autres villes cinquante-deux quintaux (d'argent) pourun an; ils le rendirent ensuite et avec cet argent fut construitle pont du Seboû. La construction fut commencée Jesamedi q Dhoûl-Qa'da (15 avril 1669)'1 4


ÀRCHIVES <strong>MAROCAINES</strong>ANNÉE 1080 (J. -Co 1669-1670).Saxyîdi' Ahmad At-Tadjmou'tî.Le savant, levertueux,'le vérificateur Aboû'l-'AbbâsAhmadben Mouhammad At-Tadjmoû'tî Al-Filâlî. L'Imâm Aboû'Ali Al-Yousî a dit dans sa Faharasa : «J'ai étudié avec luiune partie du Maourid Adh-Dhammâ'n, une partie duMoukhtaçar de Khalîl et une partie du Qorân. C'était, queDieu l'ait en miséricorde et le comble de ses bienfaits, unvérificateur éloquent. Il mourut au Tafilâlt le 9 Dhoûl­Qa'da 1080 (30 avril). »Sayyidî Ibrâhîm ben 'Abd Al-Qâdir A,,-Zarhoûnî.Le Faqîh, secrétaire du gouvernement Rachîdî 'AlaouïHasanî, Ibrâhîm ben 'Abd Al-Qâdir Az-Zarhoûnî, mourutdans la soirée du lundi 17 Cha'ban de l'année courante30 décembre 1669)' Nous ferons plus loin la biographie deson fils Soulaïmân.La Sayyida 'A ïcha A 1-'A daJlJiya.La simple d'esprit, la sainte Sayyida 'Aicha al-'Adawiyaa un sanctuaire célèbre à Miknâsat az-Zaitoûn. Elle était,que Dieu soit satisfait d'elle, dans un perpétuel état depréoccupation, de recueillement, ct toujours abstraite etabsente dans la pensée du Prophète, que Dieu lui accordeSa bénédiction et le salut. C'est ainsi que sa renommées'étendit, que ses lumières se répandirent et qu'elle accom-


NACIlR AL-MATIIÂNI 203plit des miracles extraordinaires et évidents. Elle eut denombreux disciples; sa célébrité et son influence étaientgrandes. Elle mourut au mois de Rabî'al-Awwal de l'année1080 (juin 1669). Son tombeau est célèbre à Miknâs, où ilest un lieu de pèlerinage; c'est une belle construction quiattire les pèlerins.Sayyidî 'Abd Al-Wâhid ben Idrîs At·Tâhirî.Le vertueux savant, versé dans les différentes sciences, etsachant se servir de toutes les finesses de la langue, AboûMouhammad 'AbdAl-Wâhid, fils du Sayyid Aboùl-'Alâ IdrisAt-Tâhiri AI-Djoûtî Al-Hasanî. Le savant, le pieux SayyidlAl·'Arbî ben Ahmad Al-Fichtâlî a dit: Cet homme vertueuxétait dans une grande excitation d'esprit causée par lefait qu'il réunissait en lui seul, que Dieu l'agrée et lui fassemiséricorde, des connaissances qui sont en général répartiesentre un grand nombre.(Page 275.)Il mourut à Marrâkech le lundi 15 de RabI' ath-Thânî1080 (18 août 1669)' On le ramena à Fès dans un cercueille vendredi 6 de Djoumada ath-Thânî (20 octobre) de lamême année, et il fut enterré dans ce cercueil près du tombeaude Sayyidl Ahmad ben 'Ail As-Soûs!. C'est ce que ditSayyidî Al- 'Arbî Al-Fichtâli. Le personnage dorit nousécrivons la biographie mourut du vivant de son père etne laissa pas de postérité ainsi que cela est rapporté dansle Dottrr As-Sanî. La biographie de son père sera faitedans le chapitre relatif à l'année qui suit.


AIlCIIIVES MAROCAJ:XES(Page 275.)Saypîd A baÎt Mahdî A th- Tha'libî.Le Chaikh, l'Imàm, l'élite des gens vertueux, le plusconsidérable dans le collier des gens illustres, celui qui faitle bien la nuit et le jour, l'un des plus grands savants,Sayyidi Aboù Mahdi 'Isà ben Mouhammad Ath-Tha'libiAI-Dja'fari; c'est ainsi que le qualifie Aboû Sâlim dans saFahrasa, et il dit dans sa RiMa: « Le Chaikh ar-RiwâyaAboû Mahdi, c'est-à-dire le personnage dont nous écrivonsla biographie, m'a appris qu'un de ses principauxChaikhs avait dit qu'il y avait dans les qaçidas, surtout si onles dit avec conviction, un excellent moyen de dissiper latristesse et de réal iser le désir; elles sont pl us efficaces queles formules magiques et que les supplications, et leur effetest encore plus grand dans la solitude. On l'a expérimentéet on en a reconnu la véracité. Il est possible que par l'arrangementdes mots selon une mesure spéciale, le cœur soitréjoui en formulant des prières et des recours à Dieu et quel'espérance de la réalisation du désir en soit fortifiée. » IlaJoute: « Ce que j'ai vu de plus extraordinaire à ce sujet, setrouve dans un certain ouvrage à la suite de ces vers:En allant au pèlerinage de Sa'da,Je voyais la terre se replier et son lointàin se rapprocher.Les pudeurs de la femme dont la compagnie plaît font que J'on recommenceun conte, mème s'il n'est pas terminé.« Ibn 'Ouraïs, que Dieu lui fasse miséricorde, a dit que sil'on récitait ces vers sur une route pénible, elle était facilitéeet qu'ils dissipaient le danger dans lequel on se trom'ait,qu'ils rassasiaient si on avait faim et qu'ils désalt~raientceux qui avaient soif. Il en est ainsi parce que les lettrescontenues dans ces vers ont une vertu spéciale. Cetteqacîda


NACIIR AL-lIIATHÂNiest une des chansons arabes que nous avons entendues. Ilajoute dans le même ordre d'idées, celui qui, dans l'embarras,récite trois fois les vers suivants, se trouve soulagé:Combien de fois ai-je été assiégé par l'armée du malheur;Mon cœur se serrait sous ('influence d'une telle détresse,Que je désespérais de la voir disparaître, jusqu'au moment oü la bonté. divine ramenait la joie.I! dit encore: «Ce que l'on dit relativement aux particularitésde la disposition des lettres a été relaté également parcertains membres de la Tarîqa, à propos de l'efficacité qu'ily a dans la récitation de certains dhikr auxquels jls attribuentdes vertus spéciales qui y sont contenues particulièrement,d'autres encore et que l'on ne trouve pas ailleurs, etDieu est le plus savant. »Puis il ajoute: «J'ai trouvé dans certains livres, des vertussecrètes des plus beaux noms de Dieu, tels que: AI-KMi l,AI-GhanÎ 2, AI-Fattàh \ Ar-Razzàq 'l.(Page 276.)«Celui qui prononce continuellement ces quatre noms deDieu et qui désire quelque chose, l'obtient par la grâce deDieu. »Telles sont les paroles d'Abot! Sâlim dans sa RiMa.I! dit également dans sa Fahrasa : «Je l'ai rencontré,~'est-à-direle personnage dont nous écrivons la biographie,lors de mon premier voyage et je me suis entretenu aveclui, mais je n'ai pas reçu son enseignement. Je l'ai rencontréau Caire plusieurs années après, lors de Illon secondvoyage; j'ai reçu son enseignement et j'en ai tiré un grandpr;fit. .J'ai également étudié avec un grand nombre de sesChaikhs.1• .Il-Kilfl: « celui qui ~unit aux création~".2. i\l-Ghanî 0; « celui qui e~t riche H. cxccllcn


206 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>« J'ai étudié avec lui une partie du MouSlIad d'Ibn Hanbalet il m'a diplômé pour tout ce que j'ai étudié avec sesChaikhs; il a écrit ce diplôme de sa main.« Parmi ces Chaikhs, sans compter ceux dont j'ai été moimêmele disciple il faut citer: Sayyidî Aboûl-Hasan 'Aliben 'Abd AI-Wâhid AI·Ançârî, enterré à Alger; SayyidîSa'ïd ben Ibrâhîm Qaddoûra AI-Djazâïrî, qui avait reçul'enseignement de Sayyidi Saïd AI-Maqqarl. Il faut citerégalement le saint, le vertueux Sayyidî 'Abd Ar-Rahmânben Mouhammad AI-Hawârî, disciple du Chaikh Khâlid AI·Makki, disciple du Chaikh Sâlim As·Sanhoûrî. Le Chaikh'Abd AI- 'Aziz ben Mouhammad ben 'Abd AI'Aziz Az-ZamzamîAI-Makkî, disciple de son père, disciple lui-même deZakariyâ. Le Chaikh 'AH ben AI-Djamâl Ach-Châfa'î,enterré dans la noble Mekke : il avait été disciple du savantMouhammad ben Ahmad ben 'Abd AI-Qâdir AI-QourachiAz-Zoubaïdî Ach-Châfi'î, Imâm du Mihrâb Ach-Charîf dela Raouda très pure, que Dieu soit satisfait d'eux.« Notre Chaikh Aboû Mahdi, dont nous parlons, habitejusqu'à présent au Hidjâz et fait souvent le voyage entre la:vIekke et l\1édine; les habitants de ces deux villes ont pourlui une grande affection et un profond respect. Que Dieunous le rende prof1tab~e! Amen! » Telles sont les parolesd'Aboû Sâlim dans sa Fahrasa. Le personnage c10nt nousécrivons la biographie mourut le 24 Radjab 1080 (18 décembre1669), d'après le récit contenu dans la Fahrasadu Chaikh Sayyidî At-Tayyib AI-Fâsî.SaJTidî 'Abdallah ben Moi"tsâ A l-Matrafî.Le Faqîh, considérable et pieux, plein d'une foi profonde.le SayyiJ 'Abdallah ben Moûsâ AI-Matrafî. Sayyidi AI­'Arbî AI-Fichtâli a dit: «il mourut avant l'aube, le dimanche19 Ramadhân 1080 (12 février 1670) et il fut enterré dans


NACIlR AL-lIIATIIÂNÎ 207le sanctuaire du saint vertueux Sayyidî l\las'oûd Ad-Drâwî,(à Fès.) C'était un homme de bien qui passait sa vie àaccomplir de bonnes actions à une époque où le mal dominait.C'était un des disciples de Sayyidî Mouhammad benAboû Châma et il se rencontra avec un grand nombre degens de bien. Notre Chaikh Sayyidî Mouhammad benMoubârak nous parlait de lui dans des termes qui témoignentde sa vertu. J'ai parlé de lui avec Sayyidî MouhammadAI-Fâsî; il m'a dit: «- Sayyidî Mouhammad ben Moubârakest convaincu de la vertu de Sayyidî 'Abdallah; queDieu rait en Sa miséricorde et nous le rende profitable!»« J'ai étudié avec lui une partie du Qorân; il a invoquéDieu en ma faveur et m'a fait des recommandations. Je l'aientretenu un jour sur la façon dont je comprenais les conseils;il m'a répondu: «-Sayyidt un tel m'a dit au momentde sa mort, lorsqu'on lui disait de faire des recommandations: - je vous recommande ce qui a été recommandé auxpremiers et aux derniers: « Nous avons déjà recommandé« à ceux qui ont reçu les Écritures avant vous, ainsi qu'à« vous-mêmes, de craindre Dieu et de n'être point incr~­« dules '. » Telles sont les paroles de Sayyidî AI-'Arbî AI­Fichtâlî que nous avons rapportées d'après son manuscrit.Sa_yyidî Motlhammad ben 'A bd A r-Rahmân Al­/fannâ1lJî.(Page 277,)Le Faqîh Sayyidî Mouhammad hen 'Abd Ar-Rahmân AI­Hannâwî est mort après la prière du vendredi le 16 Ramadhàn1080 (9 février 1670). Sayyidi-AI-'Arbî AI-Fichtâlî adit:« Ce personnage fut le meilleurde ses contemporains etle plus excellent des hommes. » Il fut enterré le lendemainde sa mort.1. (,lon.\~. sourate IV, verset 130, p. 80.


208 ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>Le ChaiMz Ibrâlzîm ben Mouhammad A I-MaïmotÎnî.Le Faqîh qui remonte aux sources, l'éloquent, le traditionniste,le Chaikh Ibrâhîm ben Mouhammad AI-Maïmoûni,AI-Miçrî Ach-Chafa'ï, fut disciple de son père,Chams Ad-Din et d'un grand nombre de Chaikhs.Parmi ses ouvrages, il faut citer la Tahniyat al-Islâmsur la construction du BaH Allah Al-Harâm. Aboû Sâlima étudié auprès de lui leDjâmi 'A t- Tirmidhî, une partie duÇahîh de Bâkhârî et du Çahîh de Mouslim, la Chijâ, lesMawâhib, les Thoulat/ziyyât de Boukhârî, les 'Ouc/zal-iyyâtd'Ibn Hadjar, les Souniiïyyât du Mouwatta, laliste des Isnâd par étreinte extraits des Mousalsalat d'IbnAI-Djazarî et le Mousalsal al-A ouli)Tâ. Il l'a diplômé pourses différents Chaikhs parmi lesquels il faut citer: son pèreJe Chaikh Mouhammad AI-l\laïmoûnîj le Chaikh MouhammadAr-Ramlî, le Chaikh Ahmad As-Sanhoûrî; le frère decelui-ci, le Chaïkh Sâlim j Aboû Bakr Ach-Chanwânî; leChaikh Mouhammad AI-Khahfâdjî, père deChihâb; AhmadAch-Charbînî; Ach-Chabrâwi j Je Chaikh 'Othmân AI­Ghâzî; le Chaikh Taha 1 AI-Maïnârî et le Chaikh Noûr ad­Din Az-Ziyâdi, tous disciples de Mouhammad Badr Ad-DînAI-Ghaïtî, disciple lui-même de Zakkariyâ.Nous donnerons le complément des indications dans lerésumé final; j'ai en effet répété à cet endroit la biographiede ce personnage afin de réparer les oublis et j'ajouteraiun grand nombre de détails.1. 4.1 Terme de signification inconnue qui se trouve en tête de laXX, sourate du Qorân. C'est un des noms du Prophète, et il est prononceT'aha.


NACIIR AL-MATllÀNÎ 209ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1080 (J.-C. 1669-1670).On a commencé les fondations du pont du Seboû le 15de Djoumâdâ ath-Tâniya (10 novembre 1669)' Sa constructionfut commencée en briques. Moulay Ar-Rachid sortitpour attaquer Al-Abyadh le lundi 22 Radjab (14 décembre1669) et il revint le jeudi 8 Ramadhân (30 janvier 1670).Les enfants du frère d'AI-Abyadh moururent le lendemaindu jour où ils avaient été faits prisonniers; ils furent tuésen effet après leur arrivée à Tâza.Puis le Sultan Moûlây Ar-Rachid tomba malade et faillitmourir; il élargit alors tous les prisonniers le samedi 17(8 février). Le lendemain il fut rétabli. Le dimanche [5 deDhoûl-Qa'da (6 avril 1670), fut célébré le mariage de MoulayIsmâ'îl frère du Sultan; au mois de Chawwâl, le pontde Reçîf avait été réparé 1.Le Chérîf A boûl-'Alâ Idrîs ben Mouhammad At-TâhirîAl-Djoûtî Al-Hasanî.(Page 2.)Ce personnage est le père du Sayyid Abd Al·Wâhid mentionnéplus haut. Il est mort en l'année ci-dessus.1. La pagination du texte ya de 1 à 277 et s'arrête à la fin de l'année 1080.Une nouyelle pagination commence à partir de l'année :081.Le texte arabe se trouye de ce fait partagé en deux parties: la premièrede l'année 1001 à ('année 1080, la seconde de l'année 1081 à l'année 1199·Cette disposition est différente de celle indiquée par l'auteur dans la préfaceAllcn. MAIlOC. - XXIY. H


210 Al~C:IlI Vt,;; ~L\llOCAJNESl


NACIIR AL-MATHÂN! 211{oûna rachîdiya, alors qu'auparavant il en fallait quarantehuit;les flous carrés, achqot'tbiya, n'eurent plus cours.(Page 3.)Le lundi 3 du mois de Radjab (16 novembre 1670), notremaître Ar·Rachîd revint de son expédition dans I.e Soûs etdans les premiers jours du mois de Cha'bân (décembre)il commença la construction de la Madras:! qui est situéeaux Charrâtîn, sur l'emplacement de la maison d'Azzoûz.Tout le monde sait que cette Madrasa a été construite parMoûlây Ar-Rachid. Au milieu du mois de Cha'bân, MoùlâyAr-Rachîd ordonna de construire une qaçba dans lejardin de Ben Çalâh, ainsi que les maisons des Lamtoùnet les Dakâkîn: il donna mille mitqâls pour en construireles murs et ordonna à ses qâïds d'y bâtir des maisons: i[donna également l'ordre aux Chàràga de construire [a qaçbadu Khâmis et donna pour cela mille mitqâls. Il alla ensuite[e 4 Hamadân en pèlerinage à Say-yidî Aboû Yazâ,que Dieu nous le rende favorable!Il alla ensuite à Salé et revint à Fès le 28 de Ramadân(10 janvier 1671).Le Sultan AloûLây A r- Rachîd AL·'A lmvî.Le Sultan noble, puissant et glorieux, qui a raffermi lesbases de la religion et qui a arraché le mal jusque dans sesracines, le plus illustre desc~nJant de la maison ùu Prophète,celui qui a fait surgir la gloire évidente des Alaouites,le plus brave parmi les lions, ia pleine lune de LI nuit, lesoleil des créatures, l'ombre de Dieu SUI" l'univers ct l'ins-


212 AIl.CIIIVES IIIAROCAINEStrument de Sa générosité envers les pauvres et les faibles,Notre Maître Ar-Rachîd ben Ach-Chérif AI-Hasanî, 'AlawÎd'origine, habitait à Sidjlaml1sa.Nous avons déjà mentionné précédemment ce qui serapporte à la noble origine de ces Chorfâ et à la pureté deleur race, en parlant du père de l\loûlây Ar-Rachid et deson frère. II est lui-même au nombre de ceux qui ont accomplides actions généreuses innombrables et des bienfaitsque l'on ne saurait ni énumérer, ni détailler.Il était au nombre de nos Seigneurs les Chorfâ de Sidjlamâsa,la ville lumineuse qui atteignit, grâce aux Chorfâ,la gloire suprême et devint la capitale du fllaghrib, à laquellele nom de Tâfilâlt a été donné. Ces Chorfâ venaient dulIidjâz, comme on l'a expliqué précédemment. Notre Seigneuret aïeul, que Dieu l'ait en Sa miséricorde, a ditdans son ouvrage intitulé le DOtu-r As-Sanî :« Ce sont des Chorfâ de pure origine; ils comptent parmiles hommes de mérite, leur pouvoir égale celui des plusgrands et leur distinction celle des plus estimés. Ils se sontélevés par leur piété, tels des pleines lunes, dans le ciel dela renommée; ils brillaient au milieu desassembléesdeSayyids;ils étaient illustres en Orient et en Occident et ils portaientdéployé l'étendard de la majesté et du respect. Leurinfluence était grande, leurs ordres étaient obéis et ils occupaientun rang unique et une situation sans pareille. Leurscaractère élevé les faisait combattre le mal, respecter leursvoisins, protéger les opprimés; généreux dans leurs dons,ils se montraient comme des lions contre l'injustice etils défendaient le droit. Ils conservaient la nature généreusede leur illustre origine et la grandeur de leurs ancêtres; ilsdépassaient tous les autres Chorfâ. Ils réunissaient dans leurfamille bénie trois qualités: parmi eux se trouvaient lesplus illustres des 'Oulamâ, le plus grand nombre de saintsvertueux, et c'est chez eux que se trouvent les Souverainsde notre époque ct les Sultans t04J:-puissants. Que Dieu


conserve leurs monuments dans le bien et qu'il leur prèteSon concours.» Plus loin il ajoute: «Le plus grand Sultan,le roi le plus glorieux, le pilier inébranlable, rechercha leKhilâfa; c'est notre Maitre Aboùl-("'lakârim i\loùlây Ar-Rachid,que Dieu adoucisse le sommeil de son tombeau ctqu'JI étende à lui Son pardon et Sa miséricorde! })(Pagé! 4.)Il se manifesta d'abord dans le pays d'Angâd, puis ils'empara de Tâzâ et de ses maisons, puis du Rîf et des régionsvoisines, enfin de Fès, et il pénétra dans le Dâr elmoulkde "'iadinat al-Baïdâ (Fès al-Djadîd) la nuit du lundi3 de Dhoûl-Hidjdja à la fin de l'année 1076 (27 mai 1667): ils'y établit, puis il soumit le Maghrib entier, région par régionjusqu'à 1'0uad Noûn dans le Soùs extrême et jusqueprés de Laghouat dans le voisinage du pays de Djarîd; ilrestaura la Souveraineté au Maghrib. Un récit détaillé deses expéditions a été fait précédemment dans le chapitreconsacrée à J'année 1069 (J.-C. 1658-1659)' On peut s'y reporter:il est déjà question de ces événements auparavant,et plus loin des détails seront encore donnés année parannée suivant l'ordre que nous avons adopté.Lorsque le personnage dont nous écrivons la biographiepassa par l'endroit appelé Chott, de la Dhara, il ordonnad'y creuser un grand nombre de puits qui sont appelés aujourd'huiles puits du Sultan. C'est une œuvre qu'il a laisséeet les caravanes de pèlerins, à l'aller et au retour, y puisentde l'eau. C'est une des choses bienfaisantes qu'il a laissées,que Dieu ragrée! Il a accompli dans cette courte périodeces conquêtes importantes au profit des Musulmans malheureux,ou plus exactement au profit de tous, et elles sontdues à la conduite excellente qui lui était habituelle et qui~tait celle des plus braves et de ceux dont le courage extraordinairene recule pas devant les sabres. Dieu s'est scnide lui pour restaurer la religion qui déclinait et pour fa-


214 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>voriser les malheureux aux. prises avec l'adversité. Il seplongea dans les flots des révolutions jusqu'à ce qu'ille5eût apaisés et il lutta contre le (eu de la rébellion jusqu'Ace qu'il l'eût éteint.Par Dieu, cette intervention fut heureuse dans ses résultats!Dieu a sauvé par son moyen tout ce qu'il y avait auMaghrib de puissants et de faibles et il a enrichi les Chorfâet le peuple; Moûlây Ar-Rachid resta généreux et vertueuxpar sa conduite bénie; sa nature était d'une puretéparfaite; il ne tirait aucune vanité de son rang élevé et ilétait condescendant aux infortunés. Son caractère élevé etsa large générosité le faisaient rechercher les 'Oulamâ et lesaccueillir; il plaisantait avec eux en public et leur témoignaitde la déférence. Aussi lorsqu'il rechercha la chargedu Khilâfa, il arriva à l'obtenir en peu de temps; il laissales preuves évidentes de son zèle pour le bien des Musulmans,comme la construction de la Madrasat Ach-CharrâtÎnà Fès qu'il construisit depuis les fondations; il s'efforçade mener au mieux sa construction et de la rendreparfaite; il restaura également quatre arches qui étaienttombées du pont magnifique, tel qu'il n'en existe pas depareil au Maghrib et qu'il yen a peu de semblable dans lemonde habité; ce pont est sur le Seboû à une parasangede Fès. Le Hâfidh Al-Maqqarî dit, dans le Nafh al- Tîb,que « le pont de Cordoue a dix-sept arches, que chaquearche a cinquante empans, et que l'espace qui sépare lesarches entre elles a la même dimension. »(Page 5.)Le pont du Seboû a huit arches, plus une petite; lesgrandes arches ont la même dimension que celles du pontde Cordoue, la distance entre tes arches est égalementsemblable. Ces dimensions sont peut-être même plus considérablesque celles du pont dont parle AI-Maqqarl et dansl'ensemble il a environ la moitié du pont de Cordoue, un


NACIIR AL-MA'fIIÂNi 215peu plus ou un peu moins, Lorsque le Sultan Ar-Rachideut terminé le pont du Seboû, on y grava des vers composéspar le grand savant, le Qâdi Aboû 'Abdallah Al­Madjâçî. Voici un de ces vers:Ce passage a été créé par le Khalifa. qui est le roi de la vérité et nonun roi dans le sens métaphorique.On a protesté contre ces vers en disant que le roi de lavérité, c'est Dieu seul et personne autre. Comment peut-onl'appliquer à un autre? L'auteur dit à ce sujet: Le sens devérité peut être envisagé sous quatre points de vue différents:par réflexion, au point de vue légal, au point de vuegrammatical et selon la coutume. Par la réflexion il est évidentque la Royauté ne peut être attribuée qu'à Dieu et non àun autre; on peuten dire autant pour les trois autres pointsde vue: le plus probable c'est que dans les vers cités leterme de roi de la vérité est pris dans le sens courant,c'est-à-dire que d'après l'usage il ne s'applique qu'au Sultan.En tenant compte de ses contemporains il n'y a pas dedtlUte à ce sujet; mais en tenant compte de la manière devie ancienne, ce terme constitue une exagération! elle estautorisée en manière de louange. Dieu est le meilleurguide.Parmi les œuvre~ remarquables, les dons magnifiquesdus à sa nature bienfaisante, on peut rappeler que lorsqu'ilentrait dans une ville, il visitait les mosquées et les madrasas,et il demandait des renseignements sur les coursdes 'Oulama qui r enseignaient, sur ceux qui les suivaient;quelquefois même, dit-on, il assistait au cours de quelque'Âlim réputé. Nous avons vU dans quelques notes qu'ilavait assisté au cours du Chaikh AI- Yoûsi. II entrait luimêmedans les mosquées; il entra un jour subitement àFèsalors qu'on ne l'attendait pas et il entra aux Qarawiyyîn :c'est ainsi qu'il avait l'habitude de faire; puis il entra dansla 1\1adrasat AI-Miçbâhiya: l'Imam AI-Hasan AI-Yoûsî vint


216 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>au-devant de lui avec un autre Faqih; le sultan remit àchacun cent mitqâls. Lorsqu'il se trouvait avec les 'Oulamâde son époque, il leur conseillait de répandre la science, del'expliquer, de la fortifier, de la vérifier et de faire respecterles étudiants.Il réussit dans tout ce qu'il désirait obtenir et Dieu a,par son entremise, rendu au Maghrib la prospérité après laruine; son soleil s'éleva à l'horizon, au moment où ilchangeait et devenait obscur. La royauté du Maghrib étaitinterrompue et, grâce à Rachid, Dieu sauva le pays de saperte. Les hommes s'adonnèrent à l'étude et à l'enseignement;les centres savants qui étaient vides depuis longtemps,se remplirent.Il etait ne en 1040 (1630-1631), et il mourut, que Dieului fasse miséricorde, à Marràkech la nuit du samedi, àl'approche de l'aube, Il Dhoûl-Hidjdja de l'année 1082(2 avril 1671). La nouvelle de sa mort parvintà Fès le matindu mercredi 15 du même mois. Notre Seigneur et grandpèrea indiqué la date de sa mort dans le vers suivant:Quant à Rachid ben Ach-Chérîf leur Imâm, Dieu lui donna la sou­\'eraineté complète sur son empire 1.,Page 6.)Son frère, leSultan victorieux Moûlây Ismâ'il, fut proclaméle mercredi 15 de Dhoûl-Hidjdja (25 avril). Dès le lendemainil envoya des troupes dans les différentes régions. Un Chérif,son parent, a entendu Moûlây Ar-Rachid sur le point demourir, prononcer ces paroles: « Sois glorifié, ô Toi dontle règne est éternel : celui de ton esclave Rachid acessé. » Puis il ajouta: « Je n'ai plus qu'une seule préoccupation,c'est que j'ai pris l'argent de l'un sans aucun1. Là date en question est donnée par le chronogramme fachaba,~, qui se trouve dans le vers: fa= 1.000; chf" - ISo, bd = 2 : total 1082.


NAClIn AL-MATHÂl"i21 ïdroit et que je l'ai donné à l'autre qui ne le méritait pas. »Le Chérif lui rappela que la miséricorde de Dieu et sonpardon étaient immenses, et le Sultan mourut.JI mourut de la suite d'un choc contre un arbre alorsqu'il était à cheval. Le terme de sa vie était ainsi fixé.Louange à Celui qui est éternellement unique, à Celuiqui a envoyé au monde le plus grand malheur des tempset qui accorde à qui Il veut Son appui et Son inspiration.A boû Z aïd Sayyidî 'A bd A r-Ralzmân ben A l-Qâdî.Le savant, le professeur illustre, l'imâm de ceux qui enseignent,le Chaikh du Maghrib, le maître célèbre par saprononciation excellente et par sa mémoire, le calculateurAboû ZaÏd 'Abd Ar-Rahmân ben Aboûl-Qâsim ben Al-Qâdî.On a fait précédemment la biographie de son père AboùlQâsimdans le chapitre consacré à l'année [022 (r6r3-r6[4),ainsi que la biographie de son oncle dans l'année r040 (r630­r63 [). Ils sont connus à Fès comme appartenant à la familkd'Aboûl·'Abbâs ben AI-Qâdî, auteur de la Djadouat al­Iqtibâs de la Dourrat al-I-lidJal et d'autres ouvrages. Cettefamille appartient à la tribu des Miknâsa et on a déjà vuce qu'il a dit lui-même sur l'origine de cette famille, danssa biographie qui se trouve au chapitre consacré à l'annéer025 (r6r6-r6r7), un des descendants du personnage dontnous écrivons la biographie m'a laissé entendre que celui-ciappartenait à la descendance du Qâdî AI-MiknâsÎ, auteur desMadjâlisjîl A Izkâm, qui était lui-même Yafranî et que tousappartenaient aux Miknâsa. Les Banoû Yafran sont unedestribus berbères, comme le disent Ibn Hazm et d'autres; j'aientendu raconter par quelqu'un qui l'avait lui-même en·tendu raconter, qu'eux-mêmes s'attribuaient une origineplus élevée que les deux origines citées: mais on ne sauraity attacher d'importance en tenant compte de ce qu'ont ditf 5


218 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>leurs ancêtres eux-mêmes dans leurs ouvrages. Les BanoûAI-Qâdî sont bien connus à Fès, et ils ont des ancêtres dansla science.Le personnage dont nous écrivons la biographie habitaitsa maison à la petite place d'Ibn Razzoûq à Fès AI­Andalous; elle appartient encore à l'un de ses descendants.Plusieurs de ses ancêtres étaient versés dans la science ducalcul, de l'histoire, de l'astronomie, etc. On a fait précé- .demment leurs biographies. Aboû Zaïd, que Dieu luipardonne, était professeur et Imâm; sa prononciationétait remarquable et sa baraka avait une grande influence;il était le Chaikh AI-Djâmî de son époque pour la culturedu Qorân et unique dans la classification des Riwâyas :c'était sa spécialité; il donnait son enseignement de mémoire;son argumentation était claire et solide. Parmi sesChaikhs se trouve l'îmâm qui connaît Dieu, Aboû ZaïdSayyidî 'Abd Ar-Rahmàn ben Mahammad AI-Fâsî : ilétudia avec lui les Hadîth et il assista à un grand nombrede ses cours. D'après les A{hdr al-Bousldn, le personnagedont nous écrivons la biographie est né en l'année 999 (1590­1591) et il est mort le matin du mercredi 18 Ramadân 1082(18 janvier 1672).(Page 7.)II a imploré dans ·des vers le secours du Chaikh Aboûl­Ghâlib dont le sanctuaire se trouve à Çaghiwa, à l'intérieurde Bâb al-Foutoûh à Fès:Nous souffrons de la maladie douloureuse qui afflige notre corps,à tel point qu'elle s'empare de nous et nous possède.Nous sommes venus à votre sanctuaire qui est le remède de la maladie,car votre tombeau guérit.L'invocation de votre nom suffit à soulager. C'est votre habitude deguérir le malade du mal dont il souffre.Soulagez-nous, soulagez-nous, nous stlmmes 11. votre porte; et votrebonté et votre générosité l'ont rendue célèbre.


NAf:n" AL-J'fAnIA.NIAboù Zaïd avait une grande réputation dans la sciencedu Qorân dans tout le Maghrib, et il a laissé sur cette sciencedes notes el des ouvrages. On ne saurait énumérer ceuxqui ont reçu à ce sujet un enseignement. parmi les notableset les inconnus.Parmi ceux qui ont été ses disciples on cite: le HâfidhSayyidî 'Abd Ar-Rahmân ben AI-Imâm Sayyidî 'Abd AI­Qâdir AI-Fâsî, qui a fait avec lui une lecture complète duQorân d'après les sept Riwâya 1, puis une autre lectured'après les dix RiJvâya de Nâfi'; il étudia également avoclui la Châbibiya, les Karârîs, et le Tafdl d'Ibn Ghâzî;il lui donna un diplôme pour tout ce qu'il avait étudié aveclui. Le personnage dont nous écrivons la biographie estenterré dans le sanctuaire et contre le tombeau de Sayyidî'Ali Aç-Cinhâdjî, près la Mouçallâ de Bâb AI-Foutoûh àFès, que Dieu lui assure sa miséricorde et nous le rendeprofitable' Amen!Abott 'Abdallah Mouhammad Al-Hâdjdj Ad-Dilâï.Le Raïs Aboû' Abdallah Mouhammad AI-Hâdjdj, fils dugrand Chaikh Sayyidî Mahammad, fils du Walî connaissantDieu, Aboû Bakr Ad-DHâï. On a fait précédemmentles biographies de son père et de son grand-père. Le personnagedont nous écrivons la biographie gouverna le Maghribet les habitants de ce pays le proclamèrent en l'année1161, au commencement du mois de Rabi' Ath-Thânî(mars-avril '748). Ses parents voyaient avec déplaisir sa1. RÎlvdya. Les Riwâyas sont les sept lectures du Qorân, selon les septdialectes de Qoralch, de Hadaïl, des Ha'IVâzil, du Yémen, de Tamim, desBani Asad et des Banil-Harîth.On appelle Chouyor1kh ar-Ri)/Iâya les Chaikhs qui ont établi ces lectures.Nd/i' est l'un d'entre eux et Il eu plusieurs disciples, entre autres Warchdont la lecture est la plus courante au Maroc.


220 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>proclamation et à ce sujet, son frère, le savant SayyidîAch-Châdilî a dit:Nous sommes affligés d'une lourde parenté;De peu de profit dans la prospérité.Nous n'avons rien à en espérer dans sa bonne fortuneEt si elle est misérable, nous le sommes avec elle.(Page 8.)La parenté, c'est-à-dire les proches; la prospérité, c'estl'époque de l'abondance et si cette parenté est de peu de profitdans les temps d'abondance, à plus forte raison en tempsde famine.I! en fut en effet, ainsi et les gens de Dilâ eurent à supporterdes peines et des infortunes du fait de sa royauté,au moment où il la perdit. A ce moment le Sultan notremaître Ar-Rachid prit en mains la direction des affairesdes Musulmans, et on a vu précédemment ce qu'il arrivaentre lui et la Zâouïa du personnage dont nous écrivons labiographie. On nous a raconté que MoÔlây Ar-Rachîd, lorsqu'ilarriva devant la Zâouïa de Dilâ pour s'en emparer,rencontra SayyidîMouhammed AI-Hâdjdj qui lui dit: «Quevoulez-vous? » Il lui répondit: « La souveraineté! » Il luidit: «Elle est maintenant à sa vraie place», puis il lui rendithommage et lui fit un don d'argent. Moûlây Ar-Rachidle fit sortir de la lâouïa avec sa famille et ses gens, et lesenvoya à Tlemcen, où Sayyidî Mouhammad AI-Hadjdjmourut dans la soirée du jeudi, le 4 Mouharram 1182; ilfut enterré le lendemain près du sanctuaire du Chaikh,l'Imâm As-Sanoûsî. Il régna pendant environ quinze ans.L'Imam Aboû Ali 'AI-Yoûsî a parlé de lui dans sa Moltltadaraet a fait son éloge dans certains passages. Le tempsde son règne ne fut complètement ni une époque de paixni une époque de guerre. On a raconté les événements deson règne en détail dans les chapitres consacrés aux annéesprécédentes. Dieu est notre guide.


NAemI AL-MATlIÀNl 221ÉVÉNEMENTS DE "L'ANNÉE 1082 (J.-C. 1671-1672).Au cours de cette année, au commencement du mois deÇafar (juin-juillet 16,p), le Sultan Moùlây Ar-Rachid envoyades cavaliers faire la guerre sainte dans les environsde Tanger: il envoya également des cavaliers dans le Soùssous le commandement du Qâïd 'Abdallah A'râç; c'était lemardi 17 de Djoùmâdâ al-Oùlâ (21 septembre). Il alla luimême à Tafrata pour chasser, le lundi, avant midi: ilapprit la révolte de son neveu et rentra à Fès le samediIl Ramadân (II janvier 1672) dans la matinée. Il repartit lemême jour à 1"Açar et trouva son neveu prisonnier entreles mains de ses serviteurs à Fatrâra; il l'envoya au Tafilâlt.Moùlây Ar- Rachid alla ensuite à Marrâkech, et envoya legouverneur de cette ville, Zaïdan, à Fès le mercredi 9 deDhoùl-Qa'da, pour y chercher des troupes. Les gens duSoùs et des autres tribus soumises vinrent le rejoindre àMarrâkech, et la harka, dont les tentes étaient déjà dresséesle long du Wâdi Fès, devint sans but. l\'loùlây Ar-Rachidmourut et son frère Moùlây Ismâîl fut proclamé, commeon l'a vu précédemment. A la fin du mois de Hidjdja (avril1672), le Sultan apprit la révolte à Marrâkech de son neveu.Moùlây Ahmad Bel-Mahâriz; il se dirigea directement verscette ville.1 5 *


ARCHlVl>S MAHOCAINESANNÉE 1083 (J.-c. 1672-1673).(Page 9,)Sayyidî Qdsim A /-Khaçâcî.Le Chaikh, l'Imâm qui connaît Dieu, le prestigieux,l'océan de science en matière de Taouhid; la mine depiété, l'homme qui vivait dans la solitude et dans l'unionla plus complète avec la divinité, Aboûl-Fâdel Qâsim bel­Hâdj Qâsim AI-Khaçâcî Al-Andalousî. Son surnom de« AI·Khaçâcî » provient de Khaçâça, ville située au bordJe la mer sur le Djabal al-Qoulâi'a.Cette ville est aujourd'hui abandonnée. Ses ancêtres yhabitaient et la quittèrent ensuite. On dit que le personnagedont nous écrivons la biographie disait lui-même:« Nous sommes originaires d'Andalousie»; ces renseignementsse trouvent dans le Maqçad. J'ai entendu dire parquelqu'un du pays que plusieurs des ancêtres de SayyidîQâsim étaient connus comme de saints personnages. Parmieux on cite Sayyidî Mas'oùd AI-Khaçâci, saint célèbre, dontla qoubba est un lieu de pèlerinage dans le Rif. Il est connucomme appartenant à la famille du personnage dont nousécrivons la biographie. Sans ces renseignements on pourraitcomprendre cette famille avec les Bani Khaçâça, quisont des Arabes du Yémen, descendants de Qahtân et avecles Bani Ça'b ben Dahmàn, ainsi que cela est rapporté dansla Djamhara d'Ibn 11azm.Le Chaikh Aboû 'Abdallah AI-Mahdi ben Ahmad Al-Fâsî,dans son ouvrage A /-Jlmd', dépeint le personnage en questioncomme nous l'avons fait nous-mème et il dit:« Il étaitle plus souvent absorbé par l'idée de l'unité de Dieu et


NACIIR AL-)IATII.\NÎplongé dans la profondeur de la réalité des choses; chaquemois, il était pendant cinq jours dans un état d'absence encoreplus prononcé, à tel point qu'il ne distinguait plus leciel de la terre, ni le jour de la nuit.» Il ajoute: «L'intensitéde son état était si forte, qu'elle provoquait des accès et desdanses chez ceux qui y assistaient: ceux qui ne voyaientque les apparences, qui ne se rendaient pas compte deschoses et qui ne partageaient pas son état le blâmaient, etceux-là seuls qui savaient pouvaient le comprendre. Ilavait des sentiments élevés et une grande ambition. Lesvoies lui furent ouvertes d'abord par le grand saint, détachédes biens du monde, Sayyidî Moubârak ben 'Ababoûenterré à Bâb AI-Guîsa, puis par l'Imâm Sayyidî 'Abd Ar­Hahmân AI-Fâsî, puis par Sayyidî Mahammad ben 'Abdallah;il s'est rencontré avec des Chaikhs, tels que 'AbdallahAI-Goùmî, enterre à AI-Qoula'ia, à Fès; Abou AbdallahAd-Drâoùï; Abou 'Abdallah Hakîm; Sayyidî Mas'oûdAch-Charràt; Sayyidî 'Ali ben Dâoud, enterre en Marnisa.On a fait précédemment la biographie de tous ces personnages.L'Imâm considérable, qui connaissait Dieu, notreSeigneur Ahmad ben Mahamlnad ben 'Abdallah fut sondisciple; il lui devait sa perfection. Sayyidî Qàsim fit denombreux miracles et ceux qui veulent être complètementrenseignés à ce sujet devront lire notre ouvrage appeléA\,-Zahr A l-Bâsimfi Manâqib Ach-Chailih Sayyidî Qâsint;il comprend huit chapitres.Nous avons suffisamment parlé de ce personnage. NotreSeigneur et grand-père (que Dieu Je prenne en sa miséricorde!)dans son ouvrage sur notre Seigneur Ahmad, disciplede Sayyidî Qâsim, a consacré un chapitre particulierà celui-ci et il est très suffisant. Ceux qui veulent être renseignéspeuvent le consulter.Le personnage dont nous écrivons la biographie est né aucommencement de 1002 (1593). D'après A 1-!f11lâ', il estmort dans le milieu de la nuit du dimanche 19 Ramadân


<strong>ARCHIVES</strong> MAHOCAINESde l'année 1083, concordant avec la nuit du 29 décembre,à quatre-vingts ans environ. Il a été enterré auprèsde son chaikh Sayyidî Mahammad ben 'Abdallah, hors deBâb al-Foutoûh, à Fès; son disciple, qui connaît Dieu, Ahmad,fils de son Chaikh Sayyidî Mahammad ben 'Abdallah,lui a construit une qoubba. Nous n'avons pas dit tout ceque nous avons lu à son sujet, mais nous avons résumé enproportion du temps dont nous disposions, en tenantcompte des ouvrages que nous avons indiqués; c'est ainsique nous avons fait pour tous les personnages' sur lesquelsnous avons écrit un ouvrage particulier. Que Dieu nousdirige!ÉVÉNEMENTS DE .L'ANNÉE 1083 (J.-C. 1672-(673).Moûlây Ismâ'îl entra à Marrâkech le 7 Çafar (4 juin) aprèsavoir battu les habitants de cette ville la veille, qui était unjeudi; il transporta le corps de son frère Moûlây Ar-Rachîdà Fès et l'enterra dans le sanctuaire du Chaikh, du grandsaint Sayyidî 'Ali ben Hirzihim, que Dieu nous le rendefavorable: c'était le lundi '7 Çafar (14 juin); à la hn deRabi' al-Awwal (juillet), Moûlây Ismaïl envoya devant luiun certain nombre d'esclaves, distribua la solde et se prépara à partir en expédition dans le Çahrâ (Sahara) et dansd'autres régions. Il avait annoncé son départ pour le vendrediaprès la prière, mais les gens de Fès trahirent le qâïdde la Mahalla, Zaïdân ben 'Obaïd Al-Mâlikî AI Amirî At­Toûnsî, le jeudi au coucher du soleil, le 2 de DjoûmâdâAl-Oûlâ (26 août). - Il Y eut combat entre la Mahalla etles gens de Fès; ceux-ci s'adressèrent au neveu du Sultan,Moûlây Ahmad ben Mahâriz, qui leur écrivit et vint s'ins-


NACIUI AL-MATIIÂNitaller près de Doubdoûb (Debdoû) sur la Moulouïa: On St:mit à le proclamer dans les soûqs et dans les cam pagnes lejeudi 20 de Djoümâd:î Ath-Thàniya (13 octobre), à midi.Dans la nuit du lundi 24 du même mois (17 octobre) les enfantsdu prétendant Soulaïmân furent tués. On a parlé précédemmentde leur père. - Le meurtre fut commis à l'instigationde Sayyidî Ahmad ben Idris, des Chorfa de Dâr al­Qaïtoûn. Puis le frère de celui-ci, Sayyidî AI·Bafîd, fut tuétraîtreusement, peut-être par quelqu'un du parti des OulâdSouJaimân, peut-être par maladresse par un des serviteursdes Chorfâ. Au coucher du soleil du dimanche dernierjour de Djoûmâdâ Ath-Thâniya (12 novembre 1671), dixcavaliers allèrent trouver Moûlây Ahmad ben AI-Mahâriz àTâZ::1 après qu'il eut envoyé un courrier à Fès. Parmi euxse trouvaient les Oulâd Ad-Dhaouriyât etd'autres. Le mardi2 de Radjab (14 novembre) dans la matinée, arriva à Fèsun courrier d'AI-Khadîr Ghailân, annonçant qu'il étaitarrivé à Tétouan venant d'Alger sur plusieurs bateaux,avec les Oulâd An-Naqsîs, et qu'il y était entré. MoûlâyIsmâ'îl avec son armée se dirigea vers Tâzâ et marchacontre son neveu, après la prière du vendredi, le 5 Radjab(7 novembre).Le blé atteignit le"'prix de 40 ouqias par wasq l, et à cetteépoque cette mesure équivalait à un wasq et demi légal.Le savon atteignit le prix de 4'moûzoûnas le ratai(livre) et il n'yen avait pas; le beurre valait 3 ouqias,ainsi que l'huile. On ne mangeait que de la viande de bœuf;(Page 1 I.)personne ne put accomplir le sacrifice de l'Aïd AI-Kabîret cette fête fut semblable à l"Ai'd AI-Fitr CAïd ac-Çaghîr).Quelques personnes seulement immolèrent un veau ou unJ. Le JIlasq, littéralement « charge », est une mesure pour les grains.AI1C/l. MH10C. - XXIV. Iii


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NACIIJl AL-MATHÀNl 227possible et personne ne pouvait en parler; si quelqu'unparlait de la soumission à Moûlây Ismâ'îl, on le menacaitet on le maltraitait; on le recherchait partout, tellementqu'il ne pouvait échapper que si Dieu protégeaitsa vie. Tous les gens des confréries prétendant à une cel'·t:tine inspiration divine et ayant la réputation d'avoircette inspiration prétendaient que jamais Moùlây Ismà'î1ne rentrerait à Fès et que son règne ne s'établiraitpas. Lorsque Sayyidî Ahmad ben 'Abdallah eutquitté Fès, ceux qui le fréquentaient nous racontèrentqu'il était très préoccupé par la question de Fès, jusqu'aujour où les habitants de Fès allèrent trouver Moûlây Ismâ'î1et lui firent leur soumission. Sayyidî Ahmad s'était arrêtédans un endroit du Saïs, et on nous a rapporté qu'il étaitdans une grande joie avant que la nouvelle du rétablissementde la paix et de la tranquillité arrivât jusqu'à lui j onremarqua beaucoup la chose et peu après la nouvelle luiparvint. Il dit à quelques-uns de nos amis: « J'ai donné laclef, mais je me suis aperçu que quelques-unes de ses dentsétaient tordues; je les ai redressées et j'ai ouvert moi-mêmela porte, c'est-à-dire la porte de Fès; que celui qui peut lafermer la ferme. »(Page 12.)ANNÉE 1084 (1.- C. 1673-1674).Le semant SaJyidî Molthammad ben Ahmadben YOÛSOtlj A /- F âsî.Le Chaikh, le faqîh, le savant en de nombreuses sciences,le hâfidh, le qàdl Aboû 'Abdallah Mouhammau ben Ahmad


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>ben Yoûsouf AI-Fâsî; on a vu précédemment les biographiesde son père et de son grand-père. Le personnage dont nousl'crivons la biographie était un des savants les plus considérables.L'auteur du Afatmah, dans sa Fahrasa, dit qu'il futun des prodiges de Dieu par sa mémoire et personne nel'égalait à ce sujet, pour toutes les sciences; il Y joignait unegrande intelligence et ses comparaisons étaient remarquables.JI était de relations agréables et d'un caractère charmant;il pleurait facilement et il accueillait les petits et lesgrands avec bienveillance. Il fut pendant longtemps qàdhîde Mîknàs Az-Zaïtoûn, Sa conduite était exemplaire et leshabitants de Miknâs avaient pour lui une grande affection,comme si leurs cœurs s'en étaient imprégnés. Il demandasa retraite; elle lui fut accordée et il vint s'installer à Fèsoù il donna des consultations et fut chargé de la Khotba àla mosquée des Qarawiyîn. Il abandonna ensuite cettefonction et se consacra uniquement à l'enseignement jusqu'àsa mort, qui survint au coucher du soleil, la veille"'deJ'anniversaire de la naissance du Prophète, et il fut enterréle jour du l\loûloûd de l'année 1084. Il était né à Fès en1008 (r 599- 1600); il avait été disciple de ses oncles AboûlaId "Abd Ar-Rahmàn ben Mahammad et Aboû 'AbdallahMouhammad Al-'Arbî, du qâhdî Ibn Aboûn-Nou'aïm,d'Aboûl-Hasan ben Zoubaîr, d'Aboû Mouhamrnad Ibn'Achir. Il obtint un diplômedu Chaikh Aboû 'Abdallah Al­Qaçar. Il fut également le disciple du faqih Aboûl-Hasan'Alî ben AI-Battiouî. La biographie de celui-ci a été faiteprécédemment; il Y est appelé AI-Battiouî avec le ham'jaaprès le wdJ/!. Le personnage dont nous écrivons la biographieet l'Imâm Aboû Mouhammad 'Abd AI-Qâdir ben 'AliAI-Fâsî, étaient égaux par le savoir, par l'âge et par leurfréquentation des Chaikhs. T.ous les deux étaient illustresà leur époque. Que Dieu les pren ne en sa miséricorde etnous les rende profitables! Amen!


NACHH AL-lIfATIL-\NiLe savant Say)'idî A hmad, surnommé lIamdoûnA I,Mi{Ollâr A l-Mou{.djîni.Le faqih, le grand savant, le khatîb, le qâdî illustreAboûl·'Abb,1s Ahmad, surnommé Hamdoûn AI-MizouârAl.lvlouzdjînî, originaire de la ville connue sous le nomd'Azdjin, près d'Ouazzân; c'était un des plus célèbres 'Oulamâde Fès, Tout son temps était occupé par l'enseignement;il était remarquable en rhétorique, pour l'expositionet pour l'explication; il avait une grande précision dans sesrecherches et on avait recours à lui dans les cas difficiles.La plupart de ses écrits ont trait à la grammaire et à larhétorique. Un grand nombre des principaux 'Oulamàavaient été ses élèves, tels que Aboûl-'Abbâs Ibn El-Hâdjdj,Aboû Mouhammad 'Abd As-Salâm Djasoûs, Aboû 'AbdallahAl·l\lahdî Al-Fâsî et d'autres, Il fut qâdhî de Fès l'Idrisiteet quitta ce poste, où il fut remplacé par Aboû 'AbdallahAl-Madjacî. Tout cela se passait sous le règne de MoûlàyAr,Rachid ben Ach-Charif Al-Hasanî. Le personnage dont(Page 13.)nous écrivons la biographie est né en 1014 (1605,1606) et ilest mort en 1084 (1673-1674); il est enterré dans le sanctuairede Sayyidî 'Alî ben Hirzihim, hors de Bâb Al-Foutoûhà Fès. Il recueillit un grand nombre de sciences auprèsdes savants de Fès, tels que le très savant Aboû Mouhammad'Abd Al-Wâhid Ibn 'Achir-Aboûl·'Abbâs ben'Imrân et d'autres.Le Chaikh Aboû Sa 'id 'Othmân ben 'AU A l- YoÛsî.Le savant à la science profonde, le généreux, Aboû Sa'id'Othmân ben 'Ali AI- Yoûsî, dela tribu du Chaikh, de l'ImAm


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Abol1 Alî Al-Hasan ben Mas'oo.d AI-YoûsÎ. Celui-ci, dans sesMouhâdarât, dit qu'Aboû Sa'îd l'a célébré dans des versMon esprit s'est obscurci; sans doute Aboû 'AliA passé comme le vent lorqu'iJ pass"e sur les collines, etc.Le personnage dont nous écrivons la biographie a étéle disciple du grand savant, ;\'illustre voyageur, Sayyidî'Abdallah ben Mouhammad Ayâch, qui lui donna undiplôme reproduit dans sa Fahrasa où sont indiquésses Chaikhs et la chaîne des Chaikhs qu'il a rencontrés enOrient et en Occident: on trouve également dans cetteFahrasa un diplôme donné par Sayyidî 'Abdallah àl'Imâm Sayyidî Ahmad ben Saïd, qâdî de la Ville Blanche(Fès), et il n'y a pas une grande différence Cntre ces deuxdiplômes. Voici le texte du diplôme donné au personnagedont nous écrivons la biographie:Que Dieu dirige dans toutes les circonstances et que lapuissance divine aide à parvenir à son but notre frère enDieu, celui qui est notre ami en Son nom, qui est sincèredans ses paroles et dans ses actes, celui dont le charmefait fondre les rochers, dont le style est respecté par lesocéans de science, le savant très instruit, le vérificateur quiexplique les difficultés, celui qui recherche les lumièresde la science, qui dirige les plus nobles natures, le plus éloquentdes littérateurs de son époque par sa plume et parsa parole, supérieur à eux tous pat sa poésie et sa proserimée qui sont excellentes, celui qui s'associe à toutes lesbonnes actions et qui s'éloigne de tout mal; celui dontl'intelligence pénètre toutes les sciences; l'ascète aux sentimentsreligieux; celui qui faittous sesefforts pour accomplirtous les devoirs de la religion ct qui suit dans la mesurede ses forces la route indiquée par les Imâms qui suiventla bonne voie, Sayyidî Aboû Sa'îd 'Othmân ben 'Ali AI­Yoûsî; il sera encore dirigé par Dieu dans(toutes ses actions:


NACHR AL-MATHÂNi 231qu'II l'aide pour arriver à son but! Il est de ceux donl'amitié pour nous est ancienne; nous avons partagé nosjoies et nos peines; il s'est complèt~ment donné à nous; cequi est à lui est à nous et ce qui est à nous lui appartient.Il nous a fréquenté depuis son enfance jusqu'à sa maturité,et nous avons mélangé les entretiens sérieux et lesparoles frivoles, les conclusions exactes et les autres. Nouslui avons enseigné des sciences élevées et il nous assistedans un grand nombre de recherches.(Page 14.)Parmi les ouvrages qu'il a étudiés avec nous, sont: leÇahîh de l'Imâm Abot1 'Abdallah Mouhammad ben Ismâ'îlAI-Boukhârî (que Dieu lui soit favorable!) dans son entier età plusieurs reprises; les Chamâïl d'AI-Tirmidî; une partiedu Mouwattd; la plus grande partie du Djâmi 'Aç-Çaghîrd'As-Sayoûtî; une partie des Mawdhib al-Ladounia d'AI­Qastallanî et de la Sîra d'Aboûl-Fadhl Al- Yâ'mourî, ducommentaire de l'ouvrage de biographie (Poésies biographiques)d'AI-Manawî par AI-Irâqî, une partie de l'Aljiyad'Al-Manawî sur la technique des Hadith, et de plusieursouvrages des Hadîth; une partie de l'Alfiya d'Ibn Mâlikainsi que la moitié environ du commentaire d'AI-Mourâdîsur cet ouvrage; une partie également d'AI-Ouchmoûnîet une partie des Mahddî d'Ibn Hichâm, commentaires dumême ouvrage; la Ldmiya d'Ibn Mâlik; la Khar..radjiya.Il a étudié également à plusieurs reprises le Moukhtaçar;une partie de la Touhfa d'lhn 'Acim; la Koub,-d d'As­Sanoûsî; les Mardcid du Chaikh de nos Chaikhs SayyidîAl-'Arbî Al-Fâsî; une partie des vers d'Ibn Zakrî; leMinhâdj d'Al-Ghazzâlî; la Bidâyât Al-Hiddya et unepartie d'Al-Ihyd du même auteur; une partie du Qaoutd'Aboût-Tâlib AI-Makkî; les Hikam d'Ibn 'Atâ Allah etle Tanwîr du même auteur; les Latâïf al-Mana» et


232 ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>d'autres ouvrages de Çoufisme; il a entendu égalementnos leçons sur AI-Qazwînî et une partie du Moukhtaçarde Sa'd sur cet ouvrage, et cela plusieurs fois; il a entenduégalement nos leçons sur l'isaghoCldjî d'AI-Bouqâ'î,j surle Soullâm d'AI-Akhdarî et sur d'autres ouvrages desciences en grand nombre. JI a reçu de nous le dhikr etil nous a visité souvent. Que Dieu continue à le conduiredans la bonne voie et qu'il lui assure son aide. IInous a demandé avec bonne foi et avec la meilleure intention,dans le but de faire suite aux plus grands Sayyidset de continuer la chaîne des 'Oulamélles plus vertueux del'Islâm, de lui donner un diplôme pour tout ce que nouspossédons de science et pour toutes les certitudes que nousavons recueillies chez les Imâms, dans les difTérentessciences que nous avons étudiées dans les ouvrages ou dontnous avons entendu l'enseignement, ce que nous avonsappris et ce que nous avons lu, ce pour quoi nous avons étédiplômé, ainsi que ce qui nous a été appris personnellement,ce que nous avons trouvé dans des livres et ce que nousavons appris par des relations, par l'entrecroisement desdoigts ou par la réunion des paumes i, dans les 'Awâlî etdans les Afousalsalât, en bloc et en détail, dans toutes lesSciences: Hadîth, Fiqh et Adah, les commentaires et leÇoufisme. Nous avons accueilli sa demande et son intention,dans l'idée de manifester notre amitié pour lui et nousavons admis la sincérité de son désir et nous avons profitéde cette occasion de le satisfaire, et de bénéficier de la sincéritéde sa prière et nous avons dit: «Nous avons diplôménotre frère, le célèbre étendard de la science, pour tout ceque nous savons, par lecture ou par audition, en détail etdans l'ensemble. C'est un diplôme et une preuve d'affectionqui témoigne de ses connaissances de nos voyages, de nos1. ~b et ~~ Il s'agit de l'acte matériel par lequel la chaineçoufique se continue de Chaikh en Chaikh.


NACIIR AL-MATHÀNln:JChaikhs et du profit qu'il a tiré de ses connaissances, de cequ'il a lu et de ce qu'il a entendu Je choses remarquables etde choses courantes, dans tous les ouvrages et recueils, dansles volumes de petites dimensions et dans les ouvrages considérables,dans les notes et dans les travaux de longue haleine,dans les choses du passé et dans celles du présent,les anecdotes variées ct les événements différents: cela luiest entièrement dû et il a droit à cette preuve de considérationde l'avis des savants. Nous ajouterons ses différenteschaînes, s'il plaît à Dieu élevé. »(Page IS.)Puis, dans sa Fahrasa, A'yâch indique les chaînes etles Chaikhs; il fait également l'éloge du Yoûsî dans saRihla; cite des passages de sa correspondance et dit à ccsujet: « Parmi les choses qui vous portent à la tristesse;qui vous poussent à rechercher notre compagnie et quifont dire: « Plût à Dieu que j'eusse suivi le sentier avec« l'apôtre! Malheur à moi! Plût à Dieu que je n'eusse« pas pris Un Tel pour ami 1••• »Dieu nous a accordé un voyage favorable, tel qu'il y en apeu de semblable, par le nombre de voyageurs et par lescirconstances les meilleures, sans gens du commun et avecdes personnes agréables. On n'a entendu pendant ce voyageni cris, ni discussions et on ne trouvait personne pour vouscontredire. C'était une réunion de gens de haute conditionet de bonne éducation; il n'y avait que des gens instruits,commerçants, fouqahâ et notables de tribus. Il se trouvaitdans cette caravane environ dix mouaddins. Pendant ledernier tiers de la nuit la caravane frémissait à leur voixet au bruit de la récitation du Qorân. Nous ne faisions queréciter le Qorân et nous entretenir avec nos compagnonsdes choses de la religion. Chaque nuit nous récitions le1. QOFÂN, sourate xxv, versets 29 et 30.1 6


ARCHlVES <strong>MAROCAINES</strong>Qorân en entier dans nos tentes, outre le hizb d'usage.Telles sont les paroles d'Aboû Sâlim dans sa RiMa. - C'estune preuve de la considération dont jouissait le personnagedont nous écrivons la biographie, qui réunissait en lui ungrand nombre de sciences qui lui donnaient du prestige.Dieu par Sa grâce est notre guide.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1084 (J.-C. 1673-1674).L'eau cessa d'arriver à la Mosquée des Qarawiyîn : celas'était déjà produit auparavant et l'eau était revenue. Ledimanche, 20 de Djoûmâdâ AI-Oûlâ (2 octobre 1673), Al­Khadir Ghailân fut tué; nous avons déjà parlé de ses agissementsl'année précédente. Le 17 ou le 20 de DjoûmâdâAt-Thâniya (9 ou 12 octobre), Moùlây Ismâ'îl campa avecson armée à Ras al-Mâ; puis il entra à Fès AI-Djadîd etcessa les hostilités avec les gens de Fès, qui se sauvaientles uns après les autres. Dans la matinée du 17 Radjab28 octobre) les fouqahâ de Fès allèrent à Fès Al-Djadîdpour faire leur soumission à Moûlây Ismâïl. Leur insurrectionavait commencé dans la soirée du jeudi, 1 de DjoûmâdâAl-Oûlâ, de l'année 1083 (24 septembre 1672). LeSultan lutta contre eux pendant un an, deux mois et dixhuitjours. Le 22 de Radjab (19 décembre 1673) le Khatîbdes Qarawiyîn, Sayyidî Mouhammad AI-Bou'anânî Ach­Charif, fut destitué et remplacé par le Qâdî Aboû 'Abdallah'\louhammad ben Al-Hasan Al-Madjacî. Pendant la fête de1"Aïd Al-AQhâ le Sultan fit une expédition contre Miknâsaet revint rapidement; il confia ensuite la direction desaffaires à 'Abd Ar-Rahmân ben Mouhammad ben 'Abd AI­'Azîz AI-Maghawî et donna la place de qâïd (de Fès) àAhmad At-Tlamsânî: ils gouvernèrent la vil1li, volèrent,emprisonnèrent et expulsèrent les gens de leurs maisons·


NAemI AL-MATHÀNÎ235(Page 16.)ANNÉE 1085 (J.-c. 1674-1675).Sayyidî Mahammad Ad-Dra't, connusous le nom d'Ibn Nâçir.Le grand Imâm, le savant des Savants, le saint et célèbreami de Dieu, l'étendard des étendards, la lumière dans l'obscuritéAboù'Abdallah SayyiJî Mahammad ben Mouhammadben Ahmad ben 1\louhammad ben AI-Housaïn ben Nâçirben 'Oumar Ad-Darâ'î et également AI-Ighlanî, célèbresous le nom d'Ibn Nâçir. Le Chaikh Al-Yoûsî dit: « Il estcélèbre sous le nom d'Ibn Nâçîr, qui était celui d'un deses ancêtres, comme on l'a vu. » La biographie de son père aété faite précédemment dans le chapitre consacré à lasixièmedizainedu siècle. Le ChaikhAboù SâlimAl-'Ayyâchîa dit dans sa Fahrasa, en parlant du personnage dontnous écrivons la biographie: «Notre Chaikh, le savant universel,l'ascète rem pli d'humilité, le plus indulgent des gensde son époque et plus qu'eux pénétré de la crainte de Dieu,dirigé par Dieu dans tous ses actes et inspiré par lui dansson repos, celui dont la piété et la baraka sont égales entreelles, était, que Dieu l'agrée, ferme dans son observation dela Sounna, dans tous ses actes, même da.ns sa nourriture etdans son vêtement, dans sa manière de vivre et d'adorerDieu, imitant en cela le Chaikh AI-Mardjânî, Ibn AboûDjamra, Ibn AI-Hâdjdj et d'autres de la même importance.J'ai suivi ses cours sur un grand nombre de sciences, droitcommentaires, grammaire, traditions, Çoufisme; il n'avaitpas d'égal en langue arabe; il savait par cœur le Tashtl.­il tenait la plupart des sciences apparentes de son ChaikhSayyidî Ali ben Yoûsouf Ad-Dar'î. Sayyidî Mouhammadben Sa'îd AI-Marrâkchî lui donna un diplôme; il rencontra


236 AIlClIIVES <strong>MAROCAINES</strong>pendant son voyage en Orient, notre Chaikh Sayyidî AboûBakr As-Sidjastânî et il profita de son enseignement, maisson voyage l'empêcha de séjourner auprès de lui. Il reçutl'enseignement de la Tarîqa Çoûfiya du Chaikh 'Abdallahben HousaÏn Ad-Dar'i, disciple de Sayyidî Ahmad ben 'AH,disciple de Sayyidî Al·Ghâzî, que Dieu nous les rende profitables!Amen! J'ai reçu de lui le Dhikr et il m'a donné undiplôme pour tout ce qu'il avait lui· même appris et lu. »Telles sont les paroles d'Aboù Sâlim. Le Chaikh Aboû 'AlîAI-Yoûsî dit dans sa Fahrasa : «Le Chaikh, c'est-à·dire lepersonnage dont nous écrivons la biographie est celui quinous a donné le 'ahd et le UJird (de la Tarîqa Çoûfiya) ;nous nous rattachons à lui et tous ceux que nous citons endehors de lui; nous ne le faisons que pour en tirer profit.Il connaissait, que Dieu lui fasse miséricorde, un grandnombre de sciences, telles que le droit, la grammaire, lalogique, les commentaires, les traditions, le Çoufisme;c'était un fervent adorateur de Dieu; il vivait dans Sacrainte et dans le détachement des biens de ce monde; Dieuétait sa seule préoccupation et il suivaitexactement sa voie;il se désaltérait à la source de la Vérité. Quoiqu'il suivît tou·jours, que Dieu lui fasse miséricorde, les sciences du Çoufismeet qu'il suivît sa voie, il ne négligeait pas les sciencesapparentes qu'il enseignait; sur lesquelles il faisait desouvrages et qu'il rédigeait avec précision. Les Çoufistes etles gens 'de science tirèrent profit de lui, par la grâce deDieu et furent honorés par lui, Il avait des relations enOrient et en Occident et il fut profitable à tous, ainsi quenous l'avons indiqué dans une Qacîda en dâl lorsque nousdisons en parlant de lui:Tu as apparu dans le ciel de la bonne direction et ta bonne fOrlur:eest plus grande que celle des étoiles fortunées.Tes bienfaits se sont répandus sur le monde entier comme une pluiebienfaisante. La science n'est pas l'apanage d'un pays: on trouve dansle cimetière de Médine


NACHR AL-MATH.~Ni 237Des savants du Maghrib, de l'Orient, du Yémen, de Syrie, de KaMa etde Baghdad 1.(Page 17.)Il s'occupait activement de l'enseignement et de l'éducationreligieuse des disCiples du Çoufisme par ses paroles etpar ses actions, par la grandeur de son prestige, sa conduiteexemplaire, sa science sùre, ses vues éclairées; deplus sa science était fortement établie et lorsqu'il parlait,ses paroles se gravaient dans le cœur, et ses se rmons remplissaientde certitude les vides causés par le doute. Aprèsl'avoir rencontré, je me préparai à partir pour l'Occident;à cette époque je fréquentais les tolbâ et je ne manquaispas leurs réunions, selon l'usage, tant il y avait dans sesréunions de causeries agréables et de gaîté. Lorsqu'il mefit ses adieux, il me dit:« Évitez autant que possible la fréquentationdes hommes », et il me regarda fixement. Je n'aipas oublié ces paroles et lorsque je suis arrivé à la ZâouïatAI-Bakriya, je me suis marié et j'ai abandonné la sociétédes tolbà; le souvenir de ces plaisirs me poursuivant, je mesuis adonné aux femmes. Je suis allé une fois faire auChaikh une visite; lorsque j'ai été assis devant lui, il m'adit: « Il faut changer l'objet de tes désirs.» Il me regardaitattentivement comme s'il me disait: Tu as fait une bellechose. J'éprouvai un grand sentiment de honte. LeChaikh me raconta que son professeur Sayyidî 'Abdallahben Housaïn, que Dieu lui fasse miséricorde, disait à sesdisciples: «Si le désir de l'un de vous le pousse à boire del'eau, attendez un peu pour le satisfaire. » En effet ce désirpeut être satisfait immédiatement, mais il faut s'habituerà ne pas réaliser de suite ce qu'il désire. Je n'ai jamais oubliécette parole. Ce remède que m'a indiqué le Chaikh1. Le texte est à peu près illisible à partir du deuxième vers. Le terme traduitpar « cimetière de Médin.e " (.A!.fJ\) l'a été d'après le Moûhlt el-Moûhit.! 6 *


ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>m'a guéri de deux défauts que j'avais à cette époque, sansque je puisse nier sa compréhension et sa perspicacité àpropos des choses qu'il soupçonnait et qui avaient besoinde ce remède. Entre autres choses extraordinaires quim'arrivèrent avec lui à ce sujet, je me mis en route unjour pour aller le voir, et, lorsque j'arrivai, on me dit qu'ily avait une réunion ce matin-là, parce qu'un enfant étaitné au Chaikh, d'une Telle,fllle d'Un Tel, une des esclavesde la Zâouïa; son père en était un des principaux esclaves.Je me dis, que Dieu soit glorifié! Comment se fait-il que leChaikh ait eu des rapports avec cette esclave? elle est habouset elle ne lui appartient pas. C'était le Chaikh SayyidîAhmad ben Ibrâhîm, que Dieu lui fasse miséricorde, quiavait constitué en habous ces esclaves pour la Zâouïa ettout cela me paraissait singulier. Puis je me suis rappeléque les biens de la Zâouïa étaient également des habousconstitués par le même Chaikh. Comment peut-il se faire,me dis-je, que le Chaikh se marie avec ces esclaves, lui etses enfants, quand même on prétendrait que c'est dansl'intérêt général? Le Chaikh sait cela et il se mêle de ces(Page 18.)choses; il ne consentirait pas à entrer dans une semblablecompromission; il ne suit que la voie droite. J'ai ajoutéensuite: « Comment ont-ils pu faire le pèlerinage, lui et sesenfants, avec cet argent; il est destiné aux pauvres atlnqu'ils en profitent à la Zâouïa ; de plus ceux qui ont constituéces habous n'ont pas indiqué qu'ils fussent destinésà ceux qui voulaient faire ce pèlerinage, car ce n'est pas lapropriété de ces derniers. » Les trois questions fi 'ont paruincompréhensibles. Je n'avais pas passé à la Zâouïa uneou deux nuits, que le Chaikh m'avait répondu à ces questionsdans un seul entretien, alors que j'étais seul aveclui dans la maison. Je lui adressai des supplications selonl'usage; il plaisanta avec moi comme jamais il ne l'avait


NACHR AL-MATHÀNIfait et il se mit à me parler de son mariage et de sa vie:il me raconta toutes les faveurs que Dieu lui avait accordéespour ses mariages, pour ses enfants, et pour tous lesévénements de son existence, en matière religieuse et enmatière mondaine, puis il me donna un heureux présage,en disant: « Que Dieu t'accorde ce qu'il m'a accordé. »Ces paroles me réjouirent et je compris que c'était uneallusion à un héritage caché relatif à toutes ces choses; queDieu fasse qu'il en soit ainsi. Lorsqu'il se rendit compteque je comprenais la promesse qu'il me faisait implicitement,il me donna un signe à ce sujet et il dit: « Ceciest une espérance que j'exprime. » Il avait l'habitude des'exprimer à mots couverts et avec courtoisie, que Dieului fasse miséricorde. Puis il entra dans les questions dontj'ai parlé sans que je lui en aie parlé moi-même, et il fit allusionaux sentiments que j'avais éprouvés comme s'il causaitavec moi avec la plus grande liberté d'esprit et il medit: « J'avais emprunté à ma femme une somme d'argentdont elle avait hérité de son père; c'était un argent pur. J'enai acheté des moutons avec l'intention de faire le pèlerinageavec le produit des bénéfices que ,en tirerais. J'envoyaices moutons à Dhoubi'a, qui est un endroit au-dessusdu Dirâ'. Dieu favorisa mon entreprise, si bien queles moutons des autres se vendaient pour un certain prixet que mes moutons se vendaient chacun pour quatre dinars.Un endroit au-dessus du Dirâ', appelé AI-Khilla,était une terre très fertile et l'on disait couramment: s'il,"avait au Mahgrib deux Khillas, le blé vaudrait deux dirhamsj la source de cette terre était tarie et l'eau ne coulaitplus; ses propriétaires vinrent me trouver, en me disant:« Si tu ressuscites cette source, nous te donnerons la moitiéde la terre. »Je traitai avec eux dans ces conditions: le contratfut écrit par Sayyidî 'Ali ben Mouhammad AI-Farkli.Je me rendis à la source avec un grand nombre demembres de la confrérie, nous remuâmes la terre de la


ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>source, Dieu nous vint en aide et l'eau déborda. Je cultivaialors la terre. C'est ainsi que je me suis marié; quej'ai fait le pèlerinage et que je donne des cadeaux et desdons à quelques-unes des personnes qui viennent me visiter.C'était là une autre question que je n'avais pas envisagéeet sur laquelle il attira mon attention : deux des troisquestions me furent de ce fait expliquées clairement; ilrestait celle de l'esclave. Le Chaikh ajouta alors que leChaikh Sayyidî Ahmad ben Ibrâhîm avait constitué enhabous ces esclaves, pour servir la Zâouïa, pour qu'ilsobservassent les préceptes de leur religion et s'occupassentà des actions méritoires et il spécifia que ceux de cesesclaves qui ne se conformeraient pas à ces prescriptions,seraient vendus et ne resteraient pas à la Zâouïa. La filled'Un Tel, c'est-à-dire l'esclave dont il s'agit, ne se conformapas à la règle indiquée et se livra dans la maison à desactions mauvaises.(Page 19')D'après les conditions passées par celui qui avait constituéle habous, elle devait être vendue. Nous l'avons doncvendue aux gens de Tanasta, qui appartiennent à la fractiondes T~rnâta; ils s'en allèrent. Assez longtemps après,les acheteurs vinrent me trouver à l'improviste et me demandèrentd'annuler la vente de cette esclave: « Elle ne nousplait pas. » Mon frère AI-Housain assistait à cet entretien.En entendant ce que disaient les acheteurs de l'esclave etleur insistance auprès de moi, il dit: « Il est impossible quecette esclave rentre à la Zâouïa, mais si mon frère veut nousla racheter de son argent et qu'elle soit à lui et non auhabous, il n'y a pas d'inconvénient. » Devant l'insistancedes acheteurs, je rachetai l'esclave de mon propre argentavec J'intention de l'emmener avec moi au pèlerinage. Lapremière fois que j'eus des rapports avec elle, elle devintenceinte de l'enfant qui vient de naître. »


NACIIR AL-MATIIÂNÎ 211Lorsque le Chaikh eut terminé, les choses furent expliquéeset aucun doute ne subsista: je demeurai surpris dela façon dont le Chaikh avait groupé en un seul momenttous ces événements successifs et cela avec une grande précisionet sans aucune exagération j je compris qu'il m'avaitfait ce récit uniquement pour m'éclairer et pour dissipermes doutes, que Dieu lui fasse miséricorde et qu'il l'agrée.Sachez que le temps m'a manqué pour développer dansces notes tous les actes méritoires du Chaikh, ses qualités,sa manière d'agir, et pour m'étendre sur ses disciples: eneffet c'est là une matière ilIimitée. Telles sont les parolesdu Chaikh SayyiùÎ AI-Hasan AI- Yoùsî, que Dieu lui fassemiséricorde. Ce Chaikh a encore indiqué que le person nagedont nous écrivons la biographie a été le disciple du Chaikh'Abdallah ben Housaïn Ar-Riqqi, disciple d'Aboùl-'AbbàsAhmad ben 'Alî AI-Hâdjî, disciple d'Aboûl-Qâsim AI-GhàzÎ,disciple d'Aboûl-Hasan 'AH ben 'Abdallah AI-Sidjlamâsî,disciple du Chaikh Ahmad ben YoùsoufAr-Rachîdî, discipledu Chaikh Zarroùq, et il a donné toute la chaîne avec sesdiverses ramifications. Il serait trop long de répéter toutce qu'il a écrit à ce sujet. Les appuis du Chaikh ZarrolÎqdans la Tarîqa (le Çoufisme) sont reproduits dans un grandnombre d'ouvrages. On trouve dans les paroles du ChaikhAI-YoûsÎ l'intention de faire connaître qu'il est l'héritier deson Chaikh (Mahammad ben Nâçir), mais il ne veut pasle dire ouvertement. L'importance du personnage dontnous écrivons la biographie, que Dieu l'agrée, est tellequ'îl n'est pas possible à un homme comme nous de l'évaluerj sa sai nteté est reconnue par tous les habîtants d'Occidentet par une grande partie de ceux d'Orient. Son rangdans les sciences et le grand nombre de celles qu'il possédaitne sauraient être indiqués ici. Nous nous contenteronsde citer quelques paroles des Imâms à ce sujet.ARCH. MAROC. - XXIV. 16


212 ARC/IlVES ~(AROCAINES(Page 20.)Le Chaikh Aboûl-'Abbâs ben Ya'qoûb AI-Wallâlî a ditdans son ouvrage M abâhith A l-A nllJâr : « Il est, c'est-à-di rele personnage dont nous écrivons la biographie; un deceux sur la sainteté duquel tous les gens du Maghrib sontunanimes. Les insensés seuls le nient, tant sa science estsûre, sa piété solide. Il ne disait pas à ses disciples qu'ilétait leur Chaikh, mais qu'il était leur frère, et que leChaikh était Sayyidî AI-Ghàzî, qui était la source où avaitpuisé son proprè Chaikh. Il avait ~onstitué en habous pourla Zâouïa tout ce qu'il possédait, de telle sorte qu'il vivaitlui et ses enfants, comme la généralité des musulmans (quivenaient à la Zâouïa). Il connaissait un grand nombre desciences et avait une préférence marquée pour le Tashîld'Ibn Mâlik, qu'il étudia à plusieurs reprises.Il s'appliquait à suivre les préceptes de la Sounna danssa manière de se vêtir, de saluer et dans toutes ses actions,et un grand nombre de disciples venus d'Orient et d'Occidents'étaient groupés autour de lui; il fit deux fois lepèlerinage ; il lisait fréquemment les hadîths et il nemanquait jamais une seule rika'a des cinq prières en commun;il veillait avec grand soin à ordonner le bien et àdéfendre le mal; il ne craignait personne lorsqu'il s'agissaitdu service de Dieu et on ne le voyait jamais à la portedes grands. Il présidait à la prière dans sa mosquée etjamais il ne prononça le nom du souverain en terminantson sermon; il eut même des difficultés avec un Sultan àce sujet, à tel point que ce souverain voulut le mettre àmort, mais il put lui échapper. Plus tard, voyant que ses disciplesétaient inquiets pour lui, on raconte qu'il dit: « J'aivu comme un mur de fer qui m'entourait, que Dieu nousprotège, ne craignez donc rien pour moi. » Le Chaikh BenNâçir a laissé dans ses Rasâîl des paroles sûres et concises,écrites aisément et sans parti pris: cela indique la sincé-


NA.CIIR AL-MATIIÀNt 24'1rité de sa foi et la solidité de sa conviction: il ne faisaitaucune différence entre [es siens et les étrangers, même s'ils'agissait d'un de ses enfants. Il consentaità donner le dhikrpar correspondance à ceux qui ne pouvaient ainsi Je trouverfacilement " tant était grand son désir que les genspussent profiter de ce dhikr [e plus possible.Je lui avais écrit deux fois et mes lettres lui avaient étéremises par un Chaikh, [e savant Aboû 'Ali ben Mas'oûdAl- YoûsÎ, qui lui demanda pour chacune d'elles une invocation.Le Chaikh répondit à [a première en disant: « QueDieu t'accorde le bien dans ce monde et dans l'autre, plusce que tu peux souhaiter », et pour [a deuxième:« Que Dieuréunisse sur toi tout le bien de ce monde et de l'autre quetu mérites. » Par ces paroles, j'ai obtenu une baraka quim'a fait renoncer à toute préoccupation mondaine et meconsacrer uniquement à suivre la Sounna : Dieu m'a accordécette grâce dont je n'étais pas digne. Telles sont les parolesd'Aboûl-'Abbâs Al·Wallâlî, que Dieu lui fasse miséricorde!ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1085 (J.-C. 1674-1675).(Page 21.)Un incendie détruisit dix-sept boutiques du Soûq al-'AttârînAI-Koubrâ à Fès, du côté de la porte qui est en facede la porte de la Medrasa du même nom. Les murs desboutiques s'écroulèrent: il y eut de fortes pertes et l'on neconnaît pas la cause de cet incendie. A notre époque (duvivant de l'auteur) un incendie éclata au même endroit etun plus grand nombre de boutiques furent brûlées; la causede ce dernier incendie était qu'un individu, qui fabriquait(. Cette manière de procl'der est cOlltr


2H ARCHI VES <strong>MAROCAINES</strong>des miroirs dans une de ces boutiques, y laissa un réchaudallumé: dans cette boutique se trouvait du soufre; il tombadu soufre ou autre chose dans le réchaud, ce qui provoqual'incendie j cela se passait pendant la nuit et on ne s'enaperçut pas avant que le feu fût considérable et personnen'arriva à l'éteindre, Au mois de Radjab de cette année(octobre-novembre 1674), il Y eut des troubles à Tlemcen,dont les habitants s'étaient soulevés contre les Turcs, quiaprès avoir reçu des secours, écrasèrent les révoltés; ils firentsortir ceux d'entre eux qui étaient réfugiés au sanctuairede Sayyidî Aboû Madyan; ils en tuèrent un grand nombreet ils détruisirent la Zâouïa; puis ils expulsèrent les habitants.Par la grâce de Dieu, les descendants du Chaikh AboûBakr Ad-Dilâï avaient quitté Tlemcen avant ces événements;ils s'étaient rendus dans cette ville sur l'ordre de MoûlâyAr-Rachîd, lorsqu'il s'empara de leur Zâouïa, et son frèreMoûlây Ismâ'îl, qui lui avait succédé, leur avait donnél'ordre de revenir au Maghrib dans son empire et ils étaientrevenu"s. Quelques gens sans vergogne leur avaient faitdu tort mais un homme de bien vit en songe leur ancêtreSayyidî Aboû Bakr,qui venait visiter Sayyidi Aboû !\ladyan :celui-ci était venu au-devant de lui et l'avait rencontré prèsde son tombeau à un endroit appelé Bàb AI-;\la'art. SayyidîAboû Bakr faisait des reproches véhéments àSayyidî AboùMadyan et lui disait: Je t'ai envoyé mes enfants et tu lesas humiliés. Sayyidî Aboû Madyan s'excusait et finit parlui dire qu'il les enverrait au Chaikh Sayyidî 'Ali ben Hirzihim.Peu après parvint aux descendants de Sayyidî AboûBakr la lettre de Moûlây Ismâ'îI, leur ordonnant de revenir.Lorsqu'ils revinrent, ils s'établirent près du sanctuaire deSayyidî 'Ali ben Hirzihim. Ils restèrent à cet endroit; jusqu'aumoment où se produisirent les événements que nousraconterons dans les chapitres consacrés aux années suivantes,s'il plaît à Dieu.


NACHR AL-MATIIÂNi245La faqîh, le professeur Sayyidî A lzmadben Mouhammad A l-Marînî.Le faqîh, le professeur très instruit sur le Qorân,Sayyidî Ahmad ben Mouhammad Al-Marini, mourut le4 Çafar (30 avril 1675).Dans le courant de cette année, il y eut une bataille surrOuad Al-'Abîd avec les troupes de Moûlây Ahmad benMahâriz, dont le qâïd At-Taourî fut tué'.ANNÉE 1087 (J.- C. 1676-1677)'Le Chaikh, l'Imâm A boM-Hasan Ach-Chabrâmillisî.(Page 22.)Le Chaikh, l'Imâm, le métaphysicien, le rhétoricien, leprofesseur aveugle, Noûr ad-Din Aboûl-Hasan 'Ach AI-Chabrâmillisi; il était Égyptien. L'auteur du Matmah, danssa Fahrasa, dit qu'il appartenait aux gens graves et qu'ilavait le droit d'appréciation (Idjtihâd); c'était une mer-1. Dans le Kirdb al-Isliqçd, cette bataille est racontée avec plus de détails:elle eut lieu à Bod'Oqba, sur l'Oued AI·'Abid entre Moùlây Ismâ'il et Moû­Illy Ahmed ben Mahâriz. Ce dernier fut battu et M0l11ây Ismilîl alla l'assiégerà Marrâkech où il s'était réfugié. (f,tiqçâ, trad. FUMEY. Arch. Mar., vol. IX,p.65.


216 AIlClIIVES )IAIlOCAINESveille des merveilles de Dietl, d'une intelligence remarquableet supérieur en toutes choses; il était pénétré dela crainte de Dieu et sa conduite était excellente et conformeaux prescriptions religieuses. On raconte surlui des chosesextraordinaires. Il ne dit jamais du mal de personne. CertainsChaikhs leconsidéra~entcomme supérieur au Chaikhqui enseignait au Caire, qui était le Chaikh As-SouItân Al­Azharî. Ces deux Chaikhs n'étaient pas d'accord. Le personnagedont nous écrivons la biographie a étudié avec leChaikh Al-Laqqânî, avec le Chaikh AI-Halabi, le Chaikh'Ali AI-Oudjhoûrî, avec le Chaikh Ahmad ben Khalil As­Soubki et avec d'autres. Il est mort dans la nuit du mercrediau jeudi et a été enterré le lendemain même, le18 Chav,;wàl de l'année 1087 (5 janvier 1677), au Caire.Son tombeau se trouve auprès de celui du Chaikh KhâlidAI-\Vaqqâd AI-Azharî, vis-à-vis de celui du Chaikh ChihâbAd-Din Al-Qalyoûbî; de l'autre côté, derrière lui, se trouvele tombeau d'Al-Maïmoûni, d'Al-Kanàchî, d'Ar-Rouchaïdîet d'autres.Le Chaikh Aboû Sâlim a dit dans sa Rihla:« Notre ChaikhAboû Bakr As-Sidjistânî nous a raconté qu'il fréquentaitbeaucoup le Chaikh dont nous écrivons la biographie, àcause de l'habitude qu'ils avaient de se voir et de la grandeamitié qui les unissait; il ajoute qu'il ne l'a jamais entendumédire de personne, petit ou grand, d'un personnage importantou d'un homme sans conséquence. même de ceuxqui étaient connus pour leurs abus de pouvoir. Si quelqu'unvenait se plaindre d'eux, il secontentait de demanderà Dieu de les diriger dans la bonne voie. C'est là une nobleconduite qui ne se voit que rarement à notre époque;c'est une preuve de plus que ce Chaikh possédait dans laperfection la connaissance de Dieu ct que ses paroles etses actes étaient conformes à la crainte de Dieu. Son visageresplendissait de I"éclat que donne une conduite exemplaireet il pi)rtait le signe evident des élus de Dieu, que


NACIIR AL-MATI/ÀNi 211Dieu élevé nous place avec lui au jour de la Résurrection. »Telles sont les paroles d'Aboû Sâlim.La Sainte parfaite Sayyida Rouqiya,fille de Sayyidî Mouhammad ben 'A bdallah Ma'n,La Sayyida la Sainte parfaite et noble, fille de Ben 'Abjallah,Sayyida Rouqiya méprisait les biens de ce monde,était de bon conseil, et observait exactement la Sounna.Elle était sœur germaine de notre Seigneur Ahmad ben'Abdallah Ma'n AI-Andaloûsî, que Dieu les agrée. Elle separtageait avec son frère le service de leur Chaikh SayyidiQâsim Al-Khaçâcî et elle s'occupait des soins de la maisondu matin au soir. C'était une des merveilles de Dieu, parsa dignité et son désintéressement, par son zèle pour laTarîqa (Çoùfiya) et par sa tenue, par sa modestie et sa simplicité,par sa sobriété; elle ne tenait pas compte de la médiocritédes aliments, et de plus elle n'acceptait rien depersonne; et si son frère, notre Seigneur Ahmad lui donnaitquelque chose, elle la lui rendait avec douceur et ellelui disait: « Donne cela à qui en a plus besoin que moi.»Quelquefois son frère, à force d'insistance, arrivait à luifaire accepter ce qu'il voulait lui donner. Il disait: « Soncœur est détaché des choses de ce monde et elle suit labonne voie; son exaltation elle-même n'est pas apparente. »Après sa mort son frère fit ainsi son éloge : « Par son intervention,j'étais exaucé de Dieu. » Et il ajoutait: « Elleme disait des choses que les Chaikhs qui se considéraienteux-mêmes comme tels, ne pouvaient pas dire; ilraconta également des révélations qu'elle avait faites. Unjour, elle vit un fragment de la lumière divine, de la dimensiond'une toison, tomber du ciel dans la Zâouïa, où desgens se trouvaient réunis, qui récitaient le hizb du matin:lorsque cela arriva, ils élevèrent tous la voix simultanément.


248 ARCHlVES <strong>MAROCAINES</strong>(Page 23.)Il raconte également qu'elle lui dit qu'elle avait vu pendantla prière une lumière s'étendre sur l'endroit où elle seprosternait, chaque fois qu'elle s'inclinait j elle craignaitquece ne fût une ruse de démon. Son frère lui dit: « En effet,on doit redouter cela, » et il ajoutait en s'adressant à ceux quil'écoutaient:


NACIlR AL-MATIl,\Ni 2111terrible combat se livra à Marrâkech, au milieu de Rabi"At-Thâni (mai-juin 1676), entre le Sultan et celui de sesparents qui s'était soulevé contre lui.ANNÉE 1088 (J.-C. 1677-(678).Le saJJant Sayyidî "Alouhammad ben MouhammadAt-Tadjmou'tî.Le savant exact, le distingué, le vertueux Aboû 'AbdallahMouhammad ben Mouhammad At-Tadjmou'tî. LeChaikh Aboû 'Ali AI-Hasan ben 'Alî AI- YoûsÎ dit dans saFaharasa: « J'ai étudié avec lui la plus grande partie del'Aljiya d'Ibn Mâlik et le Qorân; il possédait une scienceexacte des difficultés grammaticales et de la lecture duQorân, que Dieu lui fasse miséricorde et le récompense. »Le personnage dont nous écrivons la biographie fut traÎtreusementassassiné en 1088 sur la Malwi'a avec desChorfâ et d'autres gens; ils venaient de l'armée de MoûlâyIsmâî'l et se rendaient au Tafilâlt.La même année, moururent le qâdi AboLÎ MouhammadAI-'Arbi ben 'Abd AI-'AzÎz AI-Filâlî et son frère Ahmad,que Dieu leur fasse miséricorde.Le jaqîh, le hâfidh Sayyidî Mouhammad ben Mouhamll1adben 'A bd A r-Rahmân Ad-DilâLLe faqih, le hâfidh Aboû' Abdallah Mouhammad benMouhammad ben 'Abd Ar-Rahmân, qui était fils du1 7


~.;o<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Chaikh qui connaissait Dieu, Sayyidi Abou Bekr Ad-Dilâï.La biographie de Sayyidî Mouhammad, père de notrepersonnage, a déjà été faite, ainsi que celle de son grandpèreSayyidî Abou Bakr. Le nom de Mouhammad est répétéici deux fois seulement, comme nous l'avons vu écrit dela main du Chaikh Aboû 'Abdallah AI-Misnawî. Plus loinon trouvera la biographie de son fils, le prédicateur trèssavant Aboû 'Abdallah Mouhammad, ce qui fait trois'\10uhammad qui se suivent.(Page 24.)Le personnage dont nous écrivons la biographie, queDieu lui fasse miséricorde, était un savant se conformantaux préceptes de la religion, un saint vertueux. Ondit que peu de temps avant de mourir, il dit aux tolbâ quirecevaient son enseignement : « Il me faudra assister teljour, à une khatma 1 que nous donnerons au cimetière desOulâd Ibn Raisoûn. Les tolbâ ne le virent plus jusqu'aujour de sa mort, qui se produisit le jour qu'il avait indiqué.Les Chorfâ Oulad Ibn Raisoûn demandèrent qu'il fût enterrédans leur cimetière, pour profiter de sa bénédiction,et les parents de Dilâï y consentirent. Ils avaient l'intentionde l'enterrer dans leur cimetière qui se trouve aux Kaghghâdin,mais ils ne purent que satisfaire le désir des Chorfâ,parce qu'ils avaient une grande vénération pour les descendantsdu Prophète et qu'ils recherchaient leur bénédiction.Au moment de l'enterrement de Sayyidî MouhammadAd-Dilâï, il n'avait pas plu depuis longtemps et lesgens demandaient la pluie; ceux qui assistaient à l'enterrementla demandaient à pieu par l'entremise du personnagedont nous écrivons la biographie lorsqu'il était(. ~,littéralement « fin ,.; s'emploie généralement pour désignerune fête qui est donnée lorsqu'un tâleb sait par cœur tout ou partie duQoràn.


NACIIH AL-MATHÀNl 251étendu sur la civière et la pluie tomba immédiatement.Deux miracles se produisirent donc à sa mort: l'un, parl'allusion qu'il avait faite par la khatma l, par laquelle ilentendait parler de la khatma, la fin de sa vie, qu'il leurindiquait ainsi; l'autre, par lequel Dieu a accordé à ses·adorateurs ce qu'ils lui avaient demandé.Le personnage dont nous écrivons la biographie, laissaun fils qui était un savant, un prédicateur éloquent, unauteur, un vérificateur et un écrivain en prose rimée. "fut Khatîb à Fès et dans d'autres villes, dans des mosquées,telles que la Madraça AI-Mouta1lJakkiliya et la mosquéedes Chorfâ. La biographie de ce personnage suivra, s'il plaîtà Dieu, dans le chapitre consacré à l'an née 1141 (1728-1729)'Le personnage dont nous écrivons la biographie mourutle matin du vendredi 24 Radjab de l'année 1088 (31 août1677), d'après ce que j'ai vu écrit de la main du ChaikhAboû 'Addallah AI-Misnawî, que Dieu lui fasse miséricorde,par sa grâce et sa générosité.Le Chaikh Sayyidî 'Abdallah AI-Bournâ1lJî.La biographie de Sayyidî 'Abdallah aurait dû précédertoutes les autres, et il mérite d'être glorifié plus que lespersonnages dont nous avons parlé.Aboû Mouhammad Abdallah, fils du Sayyid, de l'Imâméminent Aboû Mouhammad 'Abd AI-Djalil ben 'Omar AI­Bournâwî AI-Himyarî; le Maqçad dit qu'il était originairede Bourno(L C'était un Chaikh et un grand savant, un saintserviteur de Dieu dont la célébrité était grande, c'était leqotb de la Tarîqa et son Imâm, le savant qui était chargéde la diriger, et qui était enveloppé dans son drapeau. AI­Halabî dit dans le Raïhân al-Qouloîtb .' « D'après ce quenous apprend Sayyidî Aboûl-'Abbâs AI- Yamanî, son origineremonte à Himvar ben Isdjab ben Ya'rib ben Qahtân. II~


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>dit au commencement de cet ouvrage: « Il est né à Bournoû,dans le Soudan, il y a vécu et il y est enterré. »Il était, que Dieu lui fasse miséricorde, la merveille deson époque; son disciple le Chaikh, le saint célèbre, legrand savant Sayyidî Ahmad ben Mouhammad Al-YamanÎ,raconte à son sujet des choses extraordinaires, qui prouventcombien était grand son prestige et sa situation considérable.Il voyait souvent les choses cachées; la première foisque AI-YamanÎ vint le trouver, il le regarda et lui dit: «Jete connais. » Le Chaikh Sirâdj Ad-Dîn Ahmad ben AI- 'AbdAI.Hayy AI-HalabÎ, dans son ouvrage Raïhân Al-Qouloîtb(Page 25.)fîmâ lich-Chaikh 'A bdallah A l-BounwU1vî min Asrâr A l­Ghouyoûb, rapporte que le Chaikh AI-Yamanî a dit: « Lamère du Chaikh Abdallah AI-BournouwÎ. alors qu'elle étaitenceinte de lui, n'assistait à aucune fête, ni à aucune réjouissance,ni à aucune réunion contraire aux prescriptions dela loi: si par hasard elle y assistait elle était prise de douleursinternes aiguës, de trembfement et d'agitation etautres choses semblables. Lorsqu'elle le mit au monde, ilprit le sein immédiatement; il était quelquefois très surexcitéet pris de convulsions, et il refusait le sein pendantun certain temps, puis le reprenait: il était ensuite reprisde convulsions; il resta dans cet état jusqu'au moment oùil commença à parler, à l'âge ordinaire, et il raconta à samère tout ce qu'elle avait souffert, ainsi que les raisons deses souffrances. »Il vivait, que Dieu lui fasse miséricorde, dans l'état depauvreté. Un de ses compagnons lui disait: « .Je n'airien que deux moudds de millet. )) Le Chaikh lui répondit!« .Je n'en ai même pas un moudd; je n'en ai pas dutout. » Le Chaikh AI-YamanÎ dit qu'il a été dans cet elatjusqu'à sa mort; il ajoute qu'il ne tenait aucun comptedes cadeaux qui lui étaient faits; lorsqu'on les lui appor-


NACHR AL-~I,\TIIÀNitait, il semblait ne pas s'en apercevoir et qui voulaitpouvait les prendre ou en prendre une partie commesi ces objets n'étaient pas à lui. Il allait avec ses compagnonsdans un endroit désert et leur ordonnait de s'asseoirséparés les uns des autres et il se retirait tout seuljusqu'à l'heure du dhouhr; il revenait alors, réunissait sescompagnons et ils revenaient tous ensemble à leur village.Il agissait ainsi chaque jour. Il agissait humblement avecles grands et les petits, son visage était toujours avenant etil était accueillant pour les siens et pour les étrangers. Ilportait comme vêtement une seule chemise qui s'arrêtait augenou et dont les manches étaient étroites. Il était trèspatient et d'un caractère agréable. Son disciple, le ChaikhAI·Yamanî, dit qu'il ne l'a vu qu'une fois de mauvaisehumeur, parce que quelqu'un avait dit devant lui: « QueDieu détruise les Touaregs; » c'est une tribu arabe considérablequi coupe les routes. Le visage du Chaikh chan·gea et il dit à cet homme: « Ne reste pas devant moi.»Puis ses disciples intervinrent en sa faveur et il lui pardonna.Le qâJî Aboû Bakr, un des savants de son pays, avaitdit du mal de lui au Sultan: celui-ci ne voulut pas le croirejusqu'à ce qu'il arriva à le faire soupçonner le Chaikhd'ambitionner le trône et de chercher à faire révolter sessujets contre lui. Le Sultan ajouta foi à ces accusations etfit venir le Chaikh j celui-ci, en entrant chez l'Émir, seconforma aux prescriptions de la Sounna du Prophètedans sa manière de se présenter, de le saluer et de s·expri·mer. Cela influença l'Émir avantageusement. Aboû Bakrentre autres choses avait accusé le Chaikh d'infidélité et leChaik.h dit au Sultan: «Abou Bakr a dit la vérité, û Itmir,lïgnorance est une infidélité. » Le Chaikh, que Dieu lui(Page 26.)fasse miséricorde, se reconnaissait ignorant; pour ne pas1 7 *


ARCHlYES <strong>MAROCAINES</strong>risquer de se considérer lui-mème comme infaillible (1), ildisait: «J'ai derrière moi une longue traîne, sur laquellemarchent les infidèles et les croyants, et comme le dit Djounaïd;on ne peut être considéré comme soumis à la volontéde Dieu, qu'à la condition d'être comme la terre sur laquellemarchent le croyant et l'infidèle, comme les nuagesqui couvrent tout de leur ombre, comme la pluie, quiarrose celui qui la désire et celui qui ne la désire pas. ~>C'était la jalousie qui poussait Aboù Bakr à agir ainsi; ilétait en effets avant, mais les gens l'avaient abandonné pourle Bournawl, auprès duquel ils se réunissaient en grandnombre. Le Chaikh AI-Halabî dans le Raïhân A l-Qouloûba dit: La science du chaikh 'Abdallah AI-BournawÎ et saconnaissance des choses divines, visibles et cachées ont étécélébrées par celui qui possédait la science divine, AboùJ­'Abbâs AI-YamanÎ, qui nous a dit en parlant du Chaikh Al­Bournawl, que Dieu l'agrée, qu'il était un océan contenanttoutes les sciences de l'Unité de Dieu et de ses paroles, despreuves évidentes et des connaissances éclatantes du langage,et qu'il était un miracle de Dieu, dont la lumièreéblouissait, en tout ce que le Çoufisme comprend de finesseset de secrets; il possédait tout ce qui a trait à la divinité età Mouhammad, jusque dans les détails, il connaissait leschoses cachées et les pensées secrètes, les trésors de l'instinct,et les sources de tous les dons; il réunissait toutesles sciences dans son esprit et dans son cœur, et il savaitle rang et le degré de tous les ascètes, depuis ceux qui occupentle premier rang jusqu'à ceux qui occupent le dernieret ceux qui occupent un rang moyen; ceux de tousles pays et de toutes les époques qui existaient avant luil. Le text~ dit '~;lSG_ :>t} ce qui rappelle la prescription qui setrouve d~ns le verset 33 de la cinquante-troisième sourate du Qorânç- .:\ \ ~- )Ur~ !J'y .


NACIIH AL-MATIIÂNÎ 25[,et ceux qui devaient le suivre, avec leurs qualités, l'imp~rtancede leur rang et ce que Dieu leur réservait.Il fut conduit à l'école, alors qu'il était encore enfant; ilplaçait sa planchette en face de lui et ne la lisait pas; ilse contentait de la regarder une seule fois et paraissaits'endormir; en revenant à lui, après avoir lu une seulefClis ce qui était écrit sur sa planchette, il le savait parcœur, pour ne plus jamais l'oublier. C'est ainsi qu'il appritle Qorân en entier, en très peu de temps. Il reçuttoutes les sciences comme des dons de Dieu; personne nelui connut de Chaikh, ni pour les sciences positives, nipour les sciences mystiques et on ne savait pas davantagequelle voie il suivait. Son fils le Chaikh Amr, lorsqu'onlui demanda si le Chaikh 'Abdallah son père avait eu unChaikh de Tarîqa, répondit à ce propos: « Il y a des personnesqui sont préférées par Dieu: elles sont rares et nepeuvent se comparer à d'autres. »- Entre autres chosesmerveilleuses, le Chaikh AI-Bournawî possédait, outreles sciences mystiques, toutes les sciences du langage, tellesque la grammaire, le droit, la logique, les origines dudroit, la théologie dogmatique, etc.; il expliquait le Qorâncomme les plus grands 'Oulamâ; l'un d'eux ayan t entenduun de ses disciples le vanter, il se dit que cela n'étaitqu'une louange d'élève. Puis un jour que ce savant étaitavec le Chaikh dans un endroit éloigné, celui-ci le prit parla main et lui dit: « Dieu ne manifeste la sainteté de quelqu'unqu'après lui être venu en aide et lui avoir donné lascience; » et il ajouta: « Cette science ne me sert que poursuivre les ordres de Dieu et pour éviter ce qu'il a défendu.(Page 2 7.)Auparavant, je ne savais rien de cela; maIs Je puis aujourd'huirépondre, par la grâce de Dieu, à toutes les questionsqui me sont faites. '>


ARClHVES <strong>MAROCAINES</strong>Quelqu'un, en entendant le Chaikh lire l'A lfiya d'lbn­Mâlik, se dit en lui-même: «A quoi peut servir au Chaikhcette étude de la grammaire? » AI-Bournawî, répondant àsa pensée qu'il avait devinée, lui dit: « S'il n'y avait pasde fouqahâ, je ne tiendrais aucun compte de cette science»;il dit ensuite: «Le chien ne vous laisse tranquille que sivous avez en main un bâton pour le battre. » Le ChaikhAI-Halabî, dans le Raïhân A l-Qouloûb, cite ses paroles etles développe convenablement : il explique par trois réponsesce qu'avait dit le Chaikh. « S'il n'y avait pas defouqahâ, je ne tiendrais aucun compte de cette science»; lapremière de ces réponses se résume en ceci, que du momentoù les 'Oulamâ n'ont de considération que pour ceux qui,comme eux-mêmes, connaissent les sciences du langage, leChaikh a eu pitié d'eux dan~ la crainte qu'il ne leur arrivemalheur s'ils n'avaient pas pour lui assez de considération.On connaît des faits analogues à celui-ci, et ce que nousvenons de raconter peut se rapprocher de la conduite duChaikh Ibn 'Abbâd, que Dieu l'agrée, qui pour la mêmeraison, portait des vêtements luxueux.Le personnage dont nous écrivons la biographie fut tuédans une bataille livrée entre les Touaregs et les habitantsde la ville de Kanbar au Soudan, où il habitait. Il mourutmartyr dans cette affaire avec plusieurs de ses compagnons,lorsque les Touaregs attaquèrent la ville avec l'intentiond'en exterminer les habitants. Depuis cette époquel'état des Touaregs se modifia; un usurpateur soudanaiss'imposa à eux et en tua un très grand nombre; ce fut lapunition de Dieu pour venger la mort de ce saint: c'est ceque dit notre Seigneur et grand-père, que Dieu lu i fasse m i­séricorde, dans son ouvrage, Nou{l1ai al-Fikrî. 1\ est ditdans le Raïhân al-Qouloûb, d'après le Chaikh Al- Yamanî,qui l'a emprunté lui-même au Chaikh'Amr, fils du personnagedont nous écrivons la biographie, que pendanttrois jours on ne put retrouver le corps du Chaikh'Abdal-


;>IAcnn AL-MATIIÂNI 257lah AI-13ournawî, et que quelqu'un dit qu'il avait sansdoute à son service un démon qui J'avait fait échapper etd'autres choses semblables dont il aura à rendre compte àDieu. Puis son fils 'Amr le découvrit et il le montra à plusieurspersonnes qui purent en témoigner. Le corps duChaikh fut découvert jusqu'à la poitrine afin que les personnesprésentes pussent se convaincre que c'était bienlui. Son fils 'Amr avait accompagné son père au combat etson père le renvoya en lui disant d'aller tranquilliser lesfemmes.Le Chaikh mourut le lundi 16 r~abî At-Thânî, correspondantau 18 mai, de l'année 1088: il avait 63 ans. C'estce que dit son fils le Chaikh'Amr dans une lettre au ChaikhAboùl-'Abbâs AI-Yamanî, après que celui-ci fut allé auMaghrib. 1\ revint ensuite pour visiter le Chaikh AI-I3ournawî,mais ce dernier était mort; il retourna ensuite auMaghrib et s'y établit. Sa biographie sera donnée plus loin.11 est dit dans le Raïhân ai-Qotrloîtb : « Le ChaikhAboûl- 'Abbâs AI- Yamal1l nous a raconté en faisant ce portraitde Sayyidî 'Abdallah AI-BournawÎ, qu'il avait unefigure agréable rayonnant de lumière, que son teint puret clair rel1était dans sa beauté l'inspiration divine. Ilétait de haute taille, et de corpulence moyenne; ses yeux(Page 28.)étalent grands, son regard perçant; il était pour les autresplein de déférence et on le respectait : calme et mesuré, ilcraignait Dieu_ »L'auteur ajoute: Dans l'ouvrage de notre Chail;.hSayyidi Ahmad ben Moubârak As-Sidjlamâssî, il est ditque Sayyidî 'Abd AI-'Aziz ben :\Ias'oùd Charif Ad-Dabbdghparle d'un personnage qui s'appelait San-idl 'AbdallahAI-Bourna\vi avec lequel il s'était rencontré à Bâb AI­Djisa et avec lequel il lui était arrivé une :l\"enUn:"AI\(;lI_ ~L\H()C. -- ""IV. Iï


258 ARCIIIVES lIIAROCAINESmais ce personnage n'est pas le même que celui dont nousécrivons la biographie; il a seulement le même nompropre et Je même nom d'origine. En effet celui dont nousécrivons la biographie est mort en 1088 (lfJn-r678). Commeon l'a vu, d'après la lettre écrite par son {ils au Chaikh.\1·Yamanî et que l'on peut voir encore, écrite de sa main;on trouve cette date indiquée également d'après l'annéearabe et l'année julienne, dans une note de la maindu Chaikh, du savant, du probant Sayyidî AI-Mahdîben ,\hmad AI-Fâsî. La date de sa mort est universellementconnue de tous les compagnons de SayyidiAhmad 1\1- Yamanî et de tout le monde. Quant à Sayyidî'.\bJ AI-'AzîzAd-Dabbâgh, il est né après 1080 (11)69-1670),comme l'a dit notre Chaikh Ibn Moubàrak, dans l'ouvrageindiqué, en racontant l'histoire du bonnet et desbabouches, que Sayyidî AI·'Arbî AI-Fichtâlî avait laisséspar testament à 1\loûlây 'Abd Al-Azîz. On trouve aussidans l'ouvrage de notre Chaikh Ibn Moubàrak, queSayyidi 'Abdallah AI-BournawÎ, qui a été rencontré parMoûlây 'Abd AI-Azîz est mort en Il2fJ (1714-1715). Il estdonc évident qu'il s'agit de deux personnages qui portaientle même nom.Le personnage dont nous écrivons la biographie pratiquaitune discipline sévère; il surveillait étroitement sescompagnons, et les réunissait uniquement pour la gloirede Dieu.Le Chaikh I\boû'I·'Abbàs AI-\Vallâlî, dit dans sonouvrage Mabâhilh AL-A IlJVâr, d'après le Chaikh SayyidîAhmad AI- Yamanî, que l'on donnait en cadeau au Chaikh'Abdallah AI-Bournawî, des jeunes filles, qu'il épousaitpour satisfaire au désir de ceux qui les lui donnaient. Sansdoute il eut avec elles des enfants; puis il les répudiait etil les mariait, après l'expiration du temps de retrait légal,avec Ics plus pauvres des foqarà, et ses cnfants étaicnt élcvéspar ceux-ci. Ce qui indique l'int1uence qu'il avait et


NACIIIl AL-I\IATlLh iqui prouve sa perfection, c'est que jamais une femme nerefusait de se marier, quand même elle était fille d'un souverain;de même aucun homme ne refusait un semblablemariage; il ajoute: « Dans son pays, le Chaikh ne faisaitaucun commerce et ne conservait rien; tous les foqarâ quivivaient avec lui s'étaient entièrement consacrés à Dieu etn'avaient aucune préoccupation mondaine; ils ne craignaientpersonne; ils avaient l'habitude, lorsqu'ils avaientterminé le Jl}ird du mati n de se séparer et de se répandrechacun de son côté dans la forêt qui entourait la ville,(Page 29,)qu'il fit chaud ou froid, et ils y adoraient Dieu; et ils nes'occupaient ni de leur vêtement ni de leur nourriture,jusqu'à l'heure du Zawâl (midi); ils sortaient alors de laforêt comme des bêtes sauvages et ils remplissaient la mosquéepour se réunir avec le Chaikh au moment de laprière. La terre était ébranlée par leurs invocations; et ilspassaient ainsi le reste du jour et toute la nuit, jusqu'aumatin, puis ils se séparaient. Telle était leur existence,que Dieu les agrée et nous les rende profitables. »On a déjà vu un récit analogue du Chaikh AI-Halabî,d'après le Chaikh AI-YamanÎ. Cette Tarlqa est peu répandue;nous n'avons jamais entendu parler d'une Tariqaanalogue, à aucune époque ni dans aucun pays; ce quenous en avons vu dans notre .\laghrib, par le ChaikhAboûl-'Abbâs AI-Yamanl, que Dieu l'agrée, nous suffit.Nous avons entendu dire par notre Chaikh, le savant, lesaint, le pieux, Sayyidi Al-Kabir As-Sarghîni, qui letenait de Sayyidî Al-Yamanî, nous ne savons si c'est directement,ou par un intermédiaire, et nous avons entendudire également par plusieurs personr~t.:s. que le ChaikhAl- Yamani disait qu'il ne devait rien il aucun des Chaikhsdu Maghrib, morts ou vivants, si ce n'est au Chaikh Ibn'Abbâd, que Dieu ragrée. II ajoutait q'j'un jour il était allé


260 ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>au pèlerinage à son tombeau, à l'intérieur de Bâb AI-Foutoùh,à Fès, et qu'il avait obtenu de Dieu une grâce considérable.Que Dieu nous rende tous ses saints personnagesprofitables!I~VÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1088 (J .-c. r677-r(78).Le Raïs de Fès, Ali ben 'Ayâd, fut révoqué et remplacepar le qâïd Hamdoûn Ar-Roûsi comme représentant deson fils, le qâïd 'Abdallah. Cela se passait à la fin du moisde Rabi 'AJ-Awwal (juin r(77)' Moulay Ahmad ben Mahârizsortit de Marrâkech le jeudi 2 de Rabi 'Ab-Thâni (3 juillet)ct Moulây Ismàïl entra dans la ville. Une épidémie de pestecausa une grande mortalité à Tétouan et dans les BaniZiyât. Les gens de Fès souffrirent de la toux, même en été,et il souffla un grand vent qui refroidit l'atmosphère alorsque pendant l'hiver il avait fait doux; pendant le mêmeéte il tomba de grandes pluies. La même année on appritla déf:Jite des Berbères ct la fuite de Moûlây AI-Harrân deson armée, dans le Sahara, devant son frère le SultanMoûlây Ismàïl. On dit que 3.000 tireurs berbères furenttués; on tira le canon à Fès, pour célébrer cette victoire.Le qâïd 'Abdallah Ar-RotIsi prit possession de songouvernement de Fès et son père Hamdoùn fut nOml11'2AboûHllawârith. Le Sultan fit son entrée à Miknàs, etdes salves d'artillerie furent tirées à ce propos. Au milieude Chavvwàl i,novembre 1(77), lé savant, le q,îdi SayyidîMouhammad Aboù ;\lad~'ùn fut rhoqué de ses fonctionsde qâdi de Miknâs et remplacé par Sayyidi Ahmad benSaïd AI-.\loüdjlidi. Le -J. deQa'da 1,7 décembre 1(77), le qàdîSavvidi .\lduhamlll:ld !y~l-Ila'ian AI-.\ladj


l\'ACITR AL-MATHÂ;,,;! 261ses fonctions de qâdî de Fès et remplacé par Sayyidi AI­'Arbi Bourdala. San"id! Ahmad ben Hamdân fut nommékhatîb à Fès al-Djadid. Le 9 du même mois (12 décembre),la population alla au-devant du Sultan avec Sayyidî AI­Fâsî1 de la ZâouÏades Fâsiyin qui se trouve à AI-Qalqliyîn,(Page 30.)à Fès al-Qarawiyîn; \loùlây Ismâ'îJ ramenait avec lui àFès, Moùlây AI-Harrân, qui avait été arrêté au Tafilâlt. Lelendemain il partit avec lui pour Miknâs, ainsi que leschorfà qui l'accompagnaient; le Sultan le mit ensuite enliberté; il était en efTet d'un caractère doux; il ne tint pascompte de ce que son frère s'était soulevé contre lui et ladouceur de son caractère se manifesta à plusieurs reprisesdans des circonstances analogues. Il donna à Moulây AI­Harrân quelques cavaliers et lui concéda un village dans leSahara, pour y vivre; celui-ci partit peu après. Le 13 Dhoùlqada(16 décembre), Aboù 'Abdallah IVlouhammacl bel­Hasan AI-Madjacî revint à Fès et demanda au qâd! decette ville, Aboù 'Abdallah Bourdala, d'être son coadjuteurpour les fonctions de 1\louftî et de khatib; cela lui fut refusé,Sayyidî AI·'Arbi ben Naçar, khatîb de la MadrasaAI-Moutawakkiliya 2, fut révoqué et remplacé par SayyidiMouhammad AI-Mourâbit Ad-Dilâï. Aboû 'Abdallah AI­Madjacî, fit, sans nomination officielle, plusieurs cours à lamosquée des Qarawiyîn, Lors de la fête des Sacrifices,(Aïd Al-Kabir) le Sultan Moûlây Ismâ'il vint à Fès et les notablesle retinrent. Le khatib était alors le qâdi Aboù'Abdallah Bourdala. Le prix du blé avait atteint une moù-1. Le copiste a omis de mettre le nom du Fàsi dont il s'aRit. D'après lesdates cela doit être un des fils de Sayyidi 'Abd Al-Qàdir AI-Fâsi, soit Sayyidi­Mouhammad, soit Sayyidi 'Abd Ar-RahmAn, (Note dIt texte arabe.)2. Cette Madrasa est plus connue sous le nom de Roû '!ndn(va ; elle a étéfondée en 752 (1351-1352) par le Sultan mérinide Abou 'Inân Fâris Al-Moutawaldl'ald Allah.


:J62 AI1CIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>zoûna et demie le çâ'an-nabaouî 1 : et le prix des moutonss'éleva à un prix que l'on n'avait jamais connu, et la majoritédes gens demeurèrent sans pouvoir acheter le moutondu sacrifice et ne purent faire ce sacrifice que le lendemainde la fête. Ce qui est extraordinaire, c'est que la viande desmoutons du sacrifice, grasse ou non, ne cuisait pas et quetout le monde se plaignait de la dureté de cette viande ets'étonnait de ce phénomène. La peste apparut à ce moment,que Dieu nous en préserve. Amen.Le Faqîh Sayyidi Jlouhammad ben 'Ali AI-Filâlî.Le Faqîh, le professeur Qâdî de Fès AI-Djadîd, Aboû'Abdallah Mouharrimad ben 'Ali, connu sous le nom deFilâlî. Il mourut de la peste, pendant la nuit du mercredi24 de Rabi' At-Thânî 1089 (15 juin 1678). Il fut enterréen dehors de la porte Bab AI-Djîsa à Fès, près du tombeaude Sayyidi 'Abdallah At-Taoudî : il ya entre les deux tombeauxl'espace d'une autre tombe, à l'est de celle du F'ilâlî.Son tombeau est entouré d'une petite barrière.Notre maître 'Abdallah Ach-Chér~fA I-OuaHânî.Le Chérîf illustre, le Saint célèbre, Aboû Mouhammad'Abdallah ben lbrâhîm Ach-Chérif AI-Hasanî Al-Yamlahî1. Le çâ'all-naba)/Jf est une mesure équivalant il quatre poignéesmoyennes.


NACIIR AI.-MATHÂNi2(j,AI-'Alamî, fondateur de la Zâouïa d'Ouazzân dans lè paysde Maçmoûda. C'est un personnage très connu dont l'importanceest universelle: son rang est très élevé ei: il estinvoqué par tout le monde. Il eut un grand nombre de discipleset de serviteurs; son nom est répandu dans tous lespays et se répand partout. On raconte sur son compte desmiracles innombrables, et il a fait des actes mémorablesque l'on ne saurait évaluer.(Page 31.)Un grand nombre de personnes prolitèrent de la vénérationqu'elles avaient pour lui, et ces disciples furent trèsnombreux pendant sa vie et après sa mort. Son influenceest grande et sa gloire solide; son nom est partout répété etsa sainteté et sa connaissance de Dieu sont fortement établies.Sa générosité et son prestige sont évidents.Il avait été disciple, que Dieu lui fasse miséricorde, deSayyidî 'Alî ben Ahmad enterré au village d'AI-Maghaç auDjebel Çarçar; la biographie de ce personnage a été donnéeauparavant. La date exacte de sa mort est donnée dans leMoumatti 'al-Asmâ' de l'Imâm Sayyidî AI-Mahdî AI-Fâsî,qui dit qu'il est décédé à la fin de la troisième dizaine aprèsmille; c'est à tort que son oncle le Hâfidh, Sayyidî At­Tayyib AI-Fâsî, dans sa Faharasa dit qu'il est mort en 1017(1608-1609), tandis que l'auteur de l'Ibtihdâj dit, d'après soncousin le Hâfidh Sayyidî Mouhammad ben Ahmad AI-Fâsi,qu'il a rencontré Sayyidî 'Ali ben Ahmad en Rabî 'At-Thânîde l'année 1026 (avril-mai 1617), dans sa maison à çarçar.Le personnage dont nous écrivons la biographie est néen 1005 (1596-1597) et il est mort le jeudi, 2 de Cha'bânde l'année 1089 (19 septembre 1678). L'origine de ;\loûlây'Abdallah Ach-Chérîf remonte à Sayyidî Yamlah ben Machîch,frère du Qotb Universel, notre maître 'Abd As-Salâm,que Dieu nous le rende favorable. Son nom est: AboûMouhammad 'Abdallah ben Ibrâhîm, ben Moûsâ, ben AI-


261 ARCIll\'ES <strong>MAROCAINES</strong>Hasan, ben Moûsâ, ben Ibràhîm, ben 'Omar, ben Ahmad,ben 'Abd Al-Djabbâr, ben Mouhammad, ben Sayyidî Yamlah,dont nous avons parlé, qui est fils de Sayyidî Machîch,père de notre maître 'Abd As-Salâm, qu'ils nous soienttous favorables. D'après ce que l'on emprunte au faqîhsur l'historien Sayyidî Ahmad ben Yahyâ Ach-Chafchaounî.il est connu chez les gens cie Taceroût que Sayyidî Mouhammadben Yamlah, dont on a parlé, était l'ancêtre dupersonnage dont nous écrivons la biographie: il descendpar sa mère de notre Seigneur 'Abd As-Salâm ben Machîch.En résumé le charifat du Djebel 'Alem remonte à AboùBakr, grand-père de Sayyidî 'Abd As-Salâm ben Machîch,ben Aboû Bekr, ben 'Ali, ben Horma, ben 'Aïsâ, ben Sallâm,ben Mizwâr, ben 'Ali Haïdara, ben Mouhammad benIdrÎs, ben Idris, ben 'Abdallah AI-Kâmil, ben AI-HasanAI-Mouthannâ, ben Al-Hasan As-Sibt.Le Sayyid, le ChérÎf, le savant, le hâficlh, Sayyidi AI­Hasan ben 'AH ben Raïsoùn, Al-'Alami AI-I-Iasanî a dit:« Cet Aboû Bakr est la souche d'où sortent les Chorfà duDjabal Al-'Alam et de ses environs.On ne cannait pas d'autre descendant des Idrisites danscette région du Habt, sauf les Banoû 'Imrân, les OulâdAhmad Aboûl-'Aïch ben .\I-Qâsim Guennoûn et les OuladGuennoûn ben 'Aïsâ. Les Banoû 'Imrân, remontent à'Imrân, sans aucun doute; les Oulâd Guennoûn sontdans la tribu des Banî Messara où ils se trouvent pour laplupart; quelques-uns d'entre eux se trouvent dans leTHq, dans la tribu des Chouqrân. « Ce sont les OulâdQounfoud; il Y en a également dans la tribu des BeniYdir. Les Oulad Aboûl-'Aïch Ahmad ben AI-Qâsim sontétablis dans le Djabal 'Alam : une fraction à AI-Hiçn; cesont les Oulâd Al-Qammoûrî et les Oulâd Chetwân; unefraction à Taceroût, ce sont les Oulâd AI-'Asrî; il y en aaussi L1ne fraction à Tadjezart (Bani 'Aroûs). » C'est ceque dit Sayyidî AI-Hasan Ber-Raïsoun.


NAClIR AL-MATHÂNl2GS(Page 32.)Il Y a également des Oulâd AI-Qammoûri parmi les descendantsde Sayyidî Yoûnous et ce nom est commun auxdeux branches. Nous ajoutons que parmi les Banoû Aboùl­'Aïch, il y a des Oulâd Aç-Çarroukh qui habitent les BaniDjarfit (Gourfit). Nous l'avons vu écrit par des Chorfâ duDjabal AI-'Alam qui connaissent cette question, tels que lefaqih, l'homme de bien, le Saint, le Baraka Sayyidi AboùMadyân Ber-Raisoûn, ct un grand nombre de ses cousins,dignes de confiance, dont les renseignements sont de natureà inspirer la certitude.L'ancêtre des Bani 'Imrân, auxquels les ïmrâniyin fontremonter leur origine, et qui habitent dans les tribus duHabt du Djabal Al-'Alam et de ses environs, est'Imrân benYazîd, ben Khâlid, ben Çafwân, ben Yazîd, ben 'Abdallahben Idris, le constructeur de Fès, ben Idris : tel est leurgénéalogie authentique j ils descendent des Bani 'Abdallahben Idris, constructeurs de Fès, ben Idris; c'est ce que l'ontrouve écrit de la main du Chaikh AI-Qaççâr et cela a été approuvépar le savant vérificateur, le qâdî Ibn 'Abdoûn. Celase trouve également chez plusieurs notables de cette famille,tels que le faqîh, le savant Sayyidî 'Aïsâ An-Nadjdjâr AI­'Imrânî et chez d'autres de ses parents. L'auteur du Dourras-Sanî t s'est appuyé sur ces documents.Le faqîh, le savant délicat, le grammairien Aboû 'AbdallahIbn Zakoûr a dit en parlant des Chorfâ du Djabal AI­'Alam des choses qui sont en contradiction avec ce que nousvenons de dire, qu'il a empruntées à des notes sur lesquelleson ne saurait faire fond: il dit que les Bani 'Imrândescendent des Banî Mouhammad ben Idris, constructeurs1. Dourr as-Sanl. ouvrages sur les Chorfâ habitant Fès, par 'Abd As­Salâm ben At-Tayyib AI-Qâdirî. Écrit en loqo de l'Hégire (1679) il a étélithographié à Fès en 1309 (1891).1 B


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>de Fès, ben Idrîs, et il donne comme suit la généalogied"lmrân : 'Imrân ben Çafwân, ben Khâlid, ben Yahyâ,ben 'Atâ, ben Ribâh, ben Siraïn, ben AI-'Abbâs, ben AI-Hasan,ben Al-Hasan, ben Mouhammad, ben Idris, ben Idris,ben 'Abdallah, ben Hasan, ben Hasan, ben 'Ali, ben AboûTâlib.Il n'est pas douteux que cela est inexact, étant données lesdifférences que l'on y voit avec ce que nous avons dit. IbnZakour, dans l'ouvrage dont il a été question, dit que ces'Imraniyîn ont, parmi les Chorfa du Ilonn 1, le même rangque les 'Alamiyîn dont nous avons parlé. On a déjà parléd'une de leurs fractions, en parlant des Chorfâ qui habitentdans le llorm de Notre Seigneur 'Abd As-Salâm. Les 'Imranyînsont très nombreux dans la montagne et y sontrépandus dans plusieurs régions. Les Chorfâ 'Imraniyîn deFès n'appartiennent pas à cette famille; ils sont de la familledes Djoûtites, descendants d'AI-Qâsim ben Idrîs :ils sont très connus et leur origine est évidente. Que Dieunous les rende tous profitables. Amen.Lefaqîh, le professeur Sayyidî 'Abd Al-'AJ\î{ ben 'AlîAl-Fâst.Le fâqîh, le professeur, l'excellent, le baraka Abot1Mouhammad 'AbdAI·'Azîz ben 'Alî, fils de l'Imâm SayyidîYoûsouf AI-Fâsî. On a déjà vu les biographies de son pèreet de son grand-père. L'auteur de l'Ibtihâdj dit de lui:« C'était un homme possédant les signes d'un homme debien; il ne s'occupait que de ses affaires, ne faisait de tortà personne : il connaissait très bien la prononciation duJ. 1\ s'agit du Horm du Djabal al-'Alam, ou de Moôlây 'Abd As-Salam.La région inviolable qui constitue cellorm, a été établie par Moûlây AhmadAI-Mançoùr Ad-Dahabi après la batailll! du Ouadi Makhàzin.


NAClIR AL-MATIIÂNI 267Qoran conformément au petit résumé des dix lectures. Ilavait fait une etude spéciale de cette science.(Page 33.)« Il était né en 999 (1590-1591); il ne laissa pas d'enfants;·ceux qu'il avait eus, moururent jeunes. Il habita toujoursTétouan où il vecut dans le bien et agréé de Dieu. » Tel estce que dit l'Ibtihâdj. Il mourut au commencement deDjoûmâdâ AI-Oûlâ de l'année 1089 (juin-juillet 1678). Ilfut enterré à Tétouan) dans le sanctuaire de Sayyidî Talha;on lui construisit un tombeau; que Dieu le prenne en samiséricorde.Le Chaihh Al-Imâm Saxyidî Mouhammad, connu sous lenom de A/-Mourâbit Ad-Di/âi'.Le Chaikh, l'Imâm, le sceau des grammairiens, le Savantdes Savants, celui qui servait d'exemple, le Saint béni, leHâdj obéissant, le prédicateur explicite, qui occupait lepremier rang parmi les grammairiens, Aboû 'AbdallahMouhammad, connu sous le nom d'AI-Mourâbit, était filsdu Chaikh, de l'Imâm Aboû 'Abdallah Mouhammad benAboû Bakr Ad-DilM. On a vu précédemment les biographiesde son père et de son grand-père. Le personnage dont nousécrivons la biographie était l'un des plus grands savants etdes plus célèbres par son éloquence. Il était surnommé leMourâbit, à cause de sa manière très simple de se vêtir,dès les premiers temps de sa vie; il méprisait les biens dece monde, il n'aimait pas l'autorité et s'en écartait. Il avaitun profond respect pour les personnes de la maison duProphète; il les vénérait pendant leur vie et après leurmort; il a fait des vers à leur gloire, en termes trèslouangeux. - C'était un des hommes les plus connus pourleur générosité. Son prestige était grand; il pardonnait les


:!fi8 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>injures, avait des sentiments délicats, son cœur était excellent;d'une grande franchise et très déférent, il accueillaitavec bienveillance ceux qu'il connaissait et ceux qu'il neconnaissait pas, et son visage était toujours souriant. Il avaitbeaucoup de patience et supportait tous les ennuis; soncaractère était égal dans toutes les circonstances. Quant àson éloquence, l'élégance de son style en vers et en prose,elles étaient incomparables.LeChaikh Aboû 'Ali Al-Yoûsi, que Dieu le prenne en samiséricorde a dit: «Il était, c'est-à-dire le personnage dontnous écrivons la biographie, imâm dans la science de lagrammaire et possédait un grand nombre de sciences. Il aécrit un bon commentaire du Tashîl, un commentaire duBast UJa Ai-Tarîfsur les conjugaisons; il l'a appelé : FatahaL-Latif; un commentaire des Waraqât de l'Imârn Al­Haramaïn, sur les origines du droit; il a écrit également ungrand nombre d'ouvrages sur la .langue arabe, ainsi quedes sermons, où il suit les procédés employés par Ibn Noubâta.Sa composition était· excellente, en vers et en prose;de plus, sa vie était exemplaire; il fuyait le mal, et il étaitplein de dignité et de courtoisie. AI-Mourâbit Ad-Dilâïa étudié tout ce qui se trouve dans la Faharasa d'IbnGhâzî, avec l'Imâm Sayyidi Al-'Arbi ben Yoûsouf AI-Fâsi,disciple d'Aboû 'Abdallah Al-Qaççâr, disciple d'Aboû An­Nou'aïm Sayyidi Ridwân ben 'Abdallah Al-Djinouï, discipled'Aboû Mouhammad Souqqaïn, disciple de l'auteurde la Faharasa, Ibn Ghâzî. Il a étudié également ce quise trouve dans la Faharasa du Chaikh Aboûi-'Abbâs Al­Mandjoûr, disciple du traditionniste, l'ascète Sayyidi, 'AbdAI-Hâdi ben 'Abdallah ben 'Ali ben At-Tahar Al-Hasanidisciple de son père, disciple du Chaikh Al-Qaççâr, c!'Aboûl­'Abbâs Bâbâ As-Soudâni d'Aboûl·'Abbâs ben AI-Qâdi etd'autres savants. »Tout cela est rapporté dans le diplômedonné par le personnage dont nous écrivons la biographie,à l'lmâm Aboû 'Ali Al-YoûsÎ. Nous avons vu dans plusieurs


NAcnR AL:MATIIÂNÎ 2(;9notes qu'AI-Ivlourâbit a fait un commentaire de l'Alfinld'Ibn Mâlik en deux volumes. En résumé le personnagedont nous écrivons la biographie, a fait d'excellents vers etses flèches sont acérées; il compose admirablement et ilmanie son style à son gré.(Page 34.)Dans les vers qui suivent il s'adresse en l'interrogeant àson oncle, le savant SaY~'idî Ahmad AI-Hârithî ben AboùBakr Ad-DiliLo Océan de sciences de notre époque et par qui l'atmosphère quiétait trouble s'éclaircit.Ils sont nombreux, ceux qui ont profité de tes OUI'rages ; le parfumde tes paroles, lorsque tu enseignes, est pénétrant.,\u nom de celui qui t'inspire, toi qui es le recours de notre époquelorsqu'une difficulté embarrasse tout le m0nde, (dis-nous) si lorsqu'onnéglige hl, c'est à la condition que le /dm sera également retranché (lUs'il devra rester.Tu es toujours celui qui enlève le dOUle à ceux qui demandent tonappui, et tu leur apportes ton bienfaisant secours.Son oncle lui a répondu:Oui, sa régie est en elle-même comme elle était auparavant, dés sonorigine; tu as obtenu la considération sans effort.Cependant lorsqu'il y a doute sur les apparences, il faut trouver unmoyen de retrancher ce surcroit, comme par exemple dans la phrase:La beauté de Zaïnab augmente, même si elle est déjà supérieure au;;charmes d'une fiancée.Sois toujours de plus en plus considéré ct ressuscite la scieace quar.dmême elle aurait complètement disparul.1. La question pos"e dans ses vers est relati\'e à la grammaire sur l'e"1­ploi des deux locutions fil et id et sur les (as oh elles peu\'ellt êlreretranchées. La phrase citée comme exemples les coutient t'Jutes les deux:/~ //'}Il~JL...;- L"../ / )'1. \' ., 'Ir.) .).J .." "';-'"... ~. .J l,)L11 B *


270 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Le !ils du personnage dont nous écrivons la biographie, leChaikh AI-lIâfidh Aboù 'Abdallah Mouhammad, a écritsur une copie du Malla' al-lchrâq de notre Seigneur etgrand-père, que Dieu lui fasse miséricorde: « Quel excellenthomme que mon père; il était l'un de vos serviteurs etil vous a été toujours dévoué; lorsqu'il est arrivé au Sanctuairevénéré, que l'on n'approche qu'avec respect, à laJ\lekke la Noble, l'illustre lieu de rendez-vous, il a rencontréle Chaikh Al-Islâm, le modèle de tous les gens pieux,le savant des savants, le do.cteur perspicace, le professeur,l'homme de bénédiction, le pieux, l'ascète, Aboù Mahdi'Aïsâ ben i\louhammad ben Mouhammad AI-Djabarî At­Tha'alabi, qui habitait à la Mekke la Noble: ils s'entretinrentsur les Hadiths recueillis anciennement et plusrécemment et le Chaikh At'-Tha'alabi, dont les recherchesméritent la louange, dit au personnage dont nous écrivonsla biographie: « Je donne mon témoignage absolu, auxdeux faqihas illustres de la famille de Housaïn, la SayyidaMoubàraka et la Sayyida Zaïn Ach-Charaf, filles duChaikh, le savant 'Abd AI-Qâdir ben Mouhammad benYahyâ, ben Moukram ben AI-Mouhibb At-Tabari AI­Housaïnî. »Ces deux faqihas ont donné au Dilâï un diplôme pourtoutes les matières pour lesquelles elle avaient été diplôméeselles-mêmes, entre autres la chaine des Hadithsdepuis l'origine, tels qu'ils sont encore consignés aujourd'hui;le commentaire de la sourate AI-Fâtiha d'après leChaikh, le prédicateur, le savant, rempli de sciences, AbdAI-\Vàhid ben Ibrâhim AI-Haççâr AI-i\liçrîj ce diplômeétait général, elles le lui donnèrent verbalement et parécrit, en l'année 1011 (1602-1603), à la Mekke. Elles faisaientremonter les appuis (sanad) des Hadiths, jusqu'auQâdi des esprits, Chamharouch, qui a dit: « J'ai entenduraconter ces traditions par l'envoyé de Dieu, sur lui soit lesalut. »


NAClIR AL-MATld.. Ni 271(Page 35.)Le témoignage verbal et le diplôme écrit donnés au personnagedont nous écrivons la biographie, est daté dulundi 20 de Dhoù'l-Hidjdja AI-Haràm (18 septembre 1658),dans le pays d'AI-Ilarâm 1069. Il a été écrit par Qouraïch,avec l'autorisation de ses deux sœurs la Sayyida Moubàrabet la Sayyida Zaïn Ach-Charaf; je l'ai copié d'après letexte écrit de sa main', dit le fils du personnage dont nousécrivons la biographie.Il ajoute: «Je n'ai jamais vu mon père se réjouir du diplômed'un savant comme de celui qui lui a été donné parles deux Chaikhas de la famille d'Hosaïn ; et il disait: Je nesais de quoi je dois me réjouir davantage, de ce diplôme oude l'existence de ces deux savantes de la famille de Hosaïn,qui méritent que l'on soit leur disciple, d'autant plusqu'elles appartiennent à la descendance de la noble lignéed'or. » En effet, la présence de ceux qui descendent decette chaine d'or cause plus de plaisir à l'homme altéréque l'eau fraîche elle même.Le personnage dont nous écrivons la biographie a éga­Iement étudié avec son père (1\louhammad ben Abi BakrAd-Dilâï), avec le Hâfidh Aboùl-'Abbâs Ahmad ben 'Aliben Yoùsouf AI-Fâsi et avec son frère l'Imâm Aboû Mouhammad'Abd Al-Qâdir. En Orient il avait étudié avecAboûl-Hasan Ach-Chibramilsi et avec Ibrahim AI-Kourdl.Parmi les vers d'AI-Mourâbit Ad-Dilaï, on cite les suivants::'Je t'enorgueillis pas des biens de ce monde dont tu jouis, et n'en faispas état pour mépriser tes pareils.[~este soumis au Tont-Puissant, au Juste et ne t"éloigne pas de notrei\\aÎtre.1. Le texte dit : L...;\-~ au duel, « d'apres le texte écrit par elles deux.Cela doit elre ulle erreur du copiste, puisque l'on vicllt de dire que \,1ouraï~!,a :'crit cc diplôme sur l'ordre de ses sœurs; il faut lire: l~


272 <strong>ARCHIVES</strong> MAHOCAlNESPense au jour, où rien n'est utile que la foi.Cultive le bien, tu en récolteras le profit - les branches de l'arbreque tu auras cultivé fleuriront.L'homme généreux, si Dieu lui donne la vertu, est accessible et ilexcite la sympathie.Il réunit et recueille les bienfaits: il mérite les louanges et on le citeavec des éloges.L'homme vil, si le sort lui est favorable, le diable le trompe sur sapropre valeur.Il marche en se regardant lui-même; son ombre lui paraît celle d'unsouverain.Il porte la tète haute et il s'élève en se gonflant, comme de lafumée.Il se balance et marche en appuyant sur le sol orgueilleusement et iltient de la place.Il cherche à se grandir en laissant traîner ses vêtements.C'est de sa part de l'insolence qui ne produit que le mal.L'homme généreux au contraire, monte, éclatant comme la pleinelune, dans sa splendeur, sans commettre de péché.L'éloquence d'AI-Mourâbit Ad·Dilâï est bien connue,Jans ses vers et dans sa prose. Il a écrit ce qui suit à l'Émirdes 1\1 usulmans, le Chérif AI-HasanÎ(Page 36.)« Que Dieu fasse durer la Majesté Imamienne et l'illustre race des,lescendants de Hichâm; qu'il la conduise dans la voie des deux'Omar i, ct qu'il g'lfde la descendance des deux Souverains~, qu'illui donne des dons magnifiques; qu'il l'arrose de son ondée bienfai­~.ante, qu'il la protège dans le danger. De mème qu'il lui a donné lapossession de terres, sa souycraineté a occupé un rang devant lequelse sont inclinés les grands avec joie, et ils sc sont approchés d'ellea\ec des dons magnifiques. Les peuples se sont soumis à elle avec resl'l'ct:les grandes assemblées de savants ont fait son éloge. Les gens seS'Hlt réunis autour de lui aussi nombreux que les éloges eux-mêilles.Ses hienfaits se sont étendus aux villes et aux campagnes, comme siPabî'a ct .~.loudÎr s'étaient soumis à son autorité. Sa Majesté a rclevé lahampe de la royauté qui penchait, elle lui rendit la liberté comme à,. 'Omar Ibn AI-Khattùb,le dcuxième Khalife. et 'Omar ben 'Abd AI-'i\zÎz._. ,\l')''IL\~' ,\:--IZachid et ,\Ioùl:iy (smi;"1.


NACIIR AL-~IATIIÀNi 2ï~un prisonnier qui étouffait dans ses liens, par;:e qu'elle provient d'unesouche illustre; ses racines sont fortes et se, branches atteignent leciel; elle suit la noble route Hanifia dans la théorie ct dans la pratique.Elle a donné aux peuples la sécurité; chacun a occupé la place qui luiappartient, a surveillé ses paroles et a été responsable de ses actes. ­Elle était la pleine lune et les gens comme les étoiles autour d'elle. Lesétoiles sont-elles semblables à la lune? Ses bienfaits subsisteront toujoursdans les pages de l'histoire ct le tranchant de son sabre laisserades marques éternelles dans la chair ct dans l'esprit. Que le Salut soitsur vous, ct la miséricorde de Dieu f~levé ct sa bénédiction.1\ nous est venu de votre Majesté Élevée ct de votre Secrétariat Sultanien,une lettre lumineused'espérance,qui annoblit son objet, agréableà lire, tlatteuse pour celui qui la reçoit; ses termes sont d'accord avec~on sens, elle dépasse les espérances; nous l'avons lue avec la plusgrande attention et nous avons pris connaissance de son contenu avecjoie; nous y avons trouvé réunis un grand nombre de bienfaits et desraisons de nous réjouir.Cc que contient cette lettre réunit d'éternelles gloires et des exploitsvictorieux, qui groupent toutes les causes d'affection qui étaient disséminées,et unit par sa générosité tous ceux qui étaient encore séparés.Il n'est pas douteux que chacun donne selon ce qu'il contient, ilserait surprenant que le contraire se produisît. Comment celui qui estla lumière de l'époque et qui en a la charge, ne ferait-il pas le bien?Les sources de sa générosité jaillissent de ses doigts; les /leurs du pardons'ouvrent devant ses vertus et sa générosité. Ses conquêtes sontcélèbres et sa politique est meilleure que toutes les politiques; il estcomme la perle la plus grosse dans le collier de la gloire, ct comme lapleine lune entre les deux plus grallds croissants.Que Dieu fasse durer son règne et qu'il fasse entrer son fil dans lenœud des gens élevés. Et le Salut.Le personnage dont nous écrivons la biographie est néen 1021 et il est mort, que Dieu lui fasse miséricorde, lesamedi 25 Djoûmàdâ AI-Akhira 1089 (14 août 1678). Il a eteenterré dans le tombeau de sa famille qui se trouve sur lesbords du Ouadi Az-Zaitoùn, dans 1"Adwat AI-Andalous,à Fès. Que Dieu lui fasse miséricorde.AUCH. !\JAnoc. - \.\1\'.


2HARCIJ"'r:" ~!.~ROCAINESLe Chaiklz, A l-'Allâma Sayyidî Mouhoummadben Sa'îd As-Soilsî A l-"Afirghîtî.(Page 37.)Le Chaikh saint, le savant des savants, qui possède ungrand nombre de sciences et qui vérifie leur exactitude,celui qui détermine l'heure de la prière, le juste, le calculateur,le Prédicateur éloquent et délicat, Aboû 'AbdallahSayyidî Mouhammadben Saîd As-Soûsi AI-Mirghiti, auteurde la célèbre poésie sur la détermination de l'heure connuesous le nom de Al-Mouqni'.La prononciation courante indique que Mirghîti s'écritsans yâ; je l'ai vu cependant écrit « AI-Mirghitî »avec unyâ avant le râ, par le Chaikh ponctuel Sayyidî Al-FâsÎ.Le personnage dont nous écrivons la biographie, a été ledisciple du Chaikh AI-Hâfidh, l'océan de sciences AboûMouhammad 'Abdallah ben 'Ali ben Tâhar As-SidjlamâssîAI-Hasani; du Chaikh savant AI-Djanân; du ChaikhAboûl-Qâsim AI-Ghoûl AI-Fichtâlî; du Chaikh savant, quivérifie avec exactitude, Aboû Mahdi 'Aïsa ben 'Abd Ar-RahmânAs-Sidjistânî, auteur d'un commentaire marginal dela Çouglzrd; du professeur Mouhammad ben Yoûsouf At­Tamilî. Les biographies de tous ces personnages ont déjàété faites.Le savant Chaikh Aboûl-'Abbâs Al-Wallâlî dit, dans lesMaMhith Al-Anwâr, que le personnage dont nous écrivonsla biographie, a composé une poésie sur la science de ladétermination des heures, des mois et des jours. Cette poésieest appelée Al-"Afouqni',. il en a fait deux commentaires, ungrand et un petit. Par la grâce de Dieu, cet ouvrage a étébien accueilli; on en fait usage dans les villes et dans lescampagnes, à cause de la grâce attachée à la véracité de sesconseils, du profit que l'on en tire et de l'excellence de son


NAcnR AI,-MATIJÂNibut. Il a fait également, à propos de la formule magique(djaduJal) en cinq parties, dont le centre est vide, unepoésie qui a aussi été très bien accueillie. Il possédait desconnaissances dans toutes les sciences, même en médecine;mais il renonça à cette dernière science, parce qu'un jouron lui apporta à la mosquée un vase rempli d'urine. Ii dit:« La science qui doit me conduire à être la cause de l'introduction,à la mosquée, d'une chose impure, ne me convientpas. » Auparavant, les gens venaient souvent le consulter.Il avait une très grande vénération pour les personnes dela famille du Prophète et les gens se rendaient compte queses djadwal (amulettes) étaient efficaces et que sa barakaétait généralement favorable. Il était Imâm de la grandemosquée de Marrâkech et il avait l'habitude de retarder laprière de l'aube jusqu'au petit jour, disant que cela n'avaitaucun inconvénient et que la prière de l'aube pouvait sedire après le lever du soleil. On raconte que, comme on luireprochait cette manière de faire, il répondit: Le prophète,su.r lui soit le salut, m'est apparu et il m'a dit: « Tu as trèsbien fait de retarder la prière de l'aube. »Le but de ce retard est de faciliter l'accomplissement d'unacte religieux aux gens faibles et à ceux qui ont laissépasser l'heure de la prière en commun, dans les mosquéesoù l'on dit la prière de la fin de la nuit.Lorsque le Chaikh Sayyidî Mouham mad ben 'AbdallahAs-Soûsî, alla séjourner dans les deux villes saintes, lepersonnage dont nous écrivons la biographie, ainsi queses disciples, le regrettèrent ct ces derniers se plaignirent àleur Chaikh de la longueur de son absence; ils attendaienten effet avec impatience son retour au Maghrib.AI-Mirghitî composa alors une poésie dans laquelle ildemandait au Prophète de faire revenir le Chaikh Mouhammadben 'Abdallah; il savait en effet quïl ne reviendraitqu'avec sa permission: puis il ordonna à ses disciplesde réciter cette poésie, qui fut bientôt connue ;\ la Zâouïa


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>AI-Bakriya f. Depuis le temps je ne me souviens plus quede ses trois premiers vers:(Page 38.)o Envoyé de Dieu, les foqarâ se plaignent de ne plus voir le meilleurdes hommes, leur Chaikh Ibn Abdallah et ils en ont un regret extrème.o Envoyé oe Dieu, rendez-le nous, vous, l'hom me de j llstice ct le meilleurdes Prophètes 2 •AI-Mirghitî, que Dieu lui fasse miséricorde, vécut trèsâgé; il survécut de longues années au Chaikh Ibn 'Abdallahdont on vient de parler et qui mourut lui-même à un âgetrès avancé.JI resta jusqu'à la fin de sa vie 1mâm à Marrâkech, où ilétait très écouté.Il laissa un fils, le faqîh Mouhammad, qui ne lui survécutque peu de temps et qui mourut sans postérité mâle,que Dieu le prenne en sa miséricorde, ainsi que son père.Telles sont les paroles des Mabâlzitlz A l-An1Vâr.Le personnage dont nous écrivons la biographie était, àMarrâkech, Imâm de la mosquée AI-Mawâsin ; c'est ce quej'ai vu écrit de la main de l'Imâm Sayyidî AI-Mahî AI­Fâsî, que Dieu l'agrée. L'lmâm Abou 'Alî AI-Yoûsî, ditdans sa Faharasa : J'a assisté dans ma jeunesse à un de sescuurs sur l'A lfiya d'Ibn Mâlik; puis je l'ai rencontré à laZàouïa AI-Bakriya et j'ai souvent entendu son enseignement;par son intermédiaire, son Chaikh Aboû Mouhammad'Abdallah ben 'Ali ben Tâhar AI-Hasanî, est devenu monpropre Chaikh; il ajoute que cette chaine d'enseignementremonte jusqu'à Anas Ibn Mâlik, que Dieu l'agrée; il mel'a expressément dit, mais sans me donner les noms despersonnages qui composent cette chaine; ce n'est que plus1. La Zàouïa AI-Bakriya ou Z,louïa de DiU, Z,iouïa de l'f:cole Djazoùlitehndéc pax Aboù Bakr Ad-DiIM, détruite Cil 1079 (,668-1669) par MoulayAr-Rachid.2. Littéralement: « de \'OS parcils », c'cst-'l-dire Ics Prophétcs.


NACIIR AL-MATHJ\NÎ 277tard que j'ai trouvé dans sa Fahm'asa les noms de ces personnages,ainsi que ce qu'il m'avait dit. Je n'ai aucun douteque cette chaîne ne soit celle à laquelle il m'a rattaché, queDieu le prenne en sa miséricorde; j'en ai pris copie et lavoici telle qu'elle est écrite de sa propre main:« J'ai reçu l'enseignement 1 de l'Imâm AI-Hâfidh, monChaikh et mon modèle, Aboû Mouhammad 'Abdallah ben'Ali ben Tâher AI-Hasanî, disciple d'Aboûl-Abbâs 'AI­Mandjoûr, disciple d'Aboû Zaïd ben Souqqaïn, discip~e del'Imâm, le Chaikh AI-Islâlll Aboû Yahyâ Zakariyâ AI­Anqârî, disciple du Chaikh AI-Islâm Ibn Hadjar, disciplede ZaÏn AI- 'Irâqî et de Ridwân AI-Moustamlî, disciples deCharf Aboû-Tahar Ar-Rabâï, disciple à Rabâa 2, d'AboûIshâq AI-Ghacî, disciple d'Aboûl-Madjd AI-Qazwînî, discipled'Aboû Bakr AI-Maqqarî, disciple du Qâdî Aboûl­Hasan 'Ali ben Mouhammad ben Ismâ'î\ ben Aboû Zarâ'a,disciple d'Aboû Mançoûr 'Abd Ar-Rahmân ben 'AbdallahAI-Bazzâr, disciple d'Aboû Mouhammad 'Abd AI-Malik benMouhammad ben Moudjaid ben 'Abd Al-Karim AI-Bagha\vî,disciple d'Aboûl-Qâsîm 'Abdân ben Houmaid ben 'AbdânAI-Minahî, à Houbla 3, disciple d'Omar ben Sa'id benSinnân AI-Minahî, disciple de Khalf ben Tamîm, discipled'Hormoz, qu'il était allé visiter et qui lui a dit: Cette(Page 39,)main que je te donne a touché celle du Prophète, que Dieule glorifie et que sur lui soit le salut; je n'ai jamais vu desoie qui fût plus douce que la paume de sa main. » Ici setermine ce qu'écrit AI-Mirghiti.1. Le texte dit : ~\..., littéralement: « Ma main a été touchée par cellede... » Chaque Chaikh a touché la main de son maître et la chaîne formée parles mains qui se touchent, remonte jusqu'au Prophète qui a lui-même touchéde sa main celle du premier Chaikh.2. Rabâa : Forteresse de l'Yémen. {YÂQOLT, t. Il, première partie, p. 752.'3. lIoulba : Forteresse qui se troU\'e sur la montagne de Bourâa dans laprovince de Zabîd dans "Yémen. (YÂQOLT, t.lI, première partie, p. 317,)


278 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>« J'ai ~crit au Chaikh Al-Mirghîti de la Zâouïa Al-Bakriya tajoute AI-Yoûsî, pour lui demander un diplôme et il m'aenvoyé pour toutes les sciences, le dipl~me suivant:Louange à Dieu le maître de la louange et son Seigneur, Celui quidonne son appui à qui recherche la science, qui Je soutient et qui s'associeà son effort, qui lui fait suivre la bonne direction en le guidant; àCelui qui a montré la voie li. suivre et la religion de justice par son Prophètequi les a répandues par ses paroles et par ses actions. Ce ProphèteJ. dit: Que ceux qui ont été témoins, racontent à ceux qui étaientabsents; il arrive souvent que ceux qui transmettent (ce qu'ils ont vu)s'en souviennent mieux.Que la bénédiction de Dieu et son salut se répandent sur le Prophèteet sur ses descendants et qu'on leur soit universellement soumis. Etensuite:L'humble serviteur de Dieu, l'esclave de ses propres péchés, Mouhammadben Sa'id AI-Mirghîtf As-SoûsÎ, ajoute: Mon frère et mon amile Sayyid AI-Hasan ben Masâolld AI-Yollsî, m'a demandé un diplÔmepour toutes les sciences de la Chari'a. f:tant donné que sa valeur estsuffisamment établie et que sa réputation est universelle, on peut direque cela équivaut à « prendre une enflure pour de la graisse et à souffiusur des cendres! •.1\ n'y a plus aucune certitude, si la lumière du jour a besoin d'êtreéclairée.On dit dans les cas analogues au mien, qu'il vaut mieux entendre leM'ouâidî que de le voir.J'en jure par le nom de ton père, la générosité ne se rencontre quechez un homme de sentiments élevés et qui est généreux en ce monde.Mais si le sol est stérile et si les plantes sont desséchées, il faut secontenter de l'herbe sèche -et brisée.D'autre part, il m'est impossible, étant donné ma grande amitié pourlui (AI-YoûsÎ), de ne pas satisfaire son désir, selon la coutume de mesgénéreux ancêtres. J'ai donc décidé de le faire, en priant Dieu de mevenir en aide, pour mener à bien mon travail.Je délivre donc à mon frère et à mon ami Aboll 'Ali, le Sayyid AI­Hasan ben Mas'ol1d AI-Yollsf, un diplôme pOUf tout ce qu'il aétudiéavccmoi, c'est-à-dire pour ce qu'il a lu, ce qu'il a entendu, ce qu'il a utiliséet pOUf ce qu'il savait déjà, en un mot pour toutes les sciences qu'il1. C'est-à-dire perdre son tl:,lJlps. Proverbe tiré des Maqdmdt de Hariri.2. Al-Mou 'âïdi était un conteur arabe qui était très laid.


NACIIII AL-MATHÂNI 279possède. Je lui donne également un' diplôme pour toutes les sciencespour le~quelles je suis diplômé moi-même et pour toutes les connaissancesque je ne possède pas entièrement, telles que la prose rimée etla poésie, d'une façon générale. Pour éviter les longueurs, je ne m'arrêtequ'à un certain nombre d'ouvrages, ceux qui constituent la basede l'Islam, tels que le .\fouwatta, les Çahihdn (Boukhâri et Mouslim), leTirmidi, le Nisâ'ï et AboCl Dâwoud.J'ai étudié le Çahîh de Boukhârî avec des Isndds tels qu'il n'yen a pasau'monde de meilleurs, selon le Chaikh, le hâfid AI-Hasanl, Aboll Mouhammad,mon maître et le soutien de ma vie, Sayyidî 'Abdallah ben·'Ail ben Tâhar AI-Hasan! As-Sidjlamâsi, que Dieu le prenne en samiséricorde.La. moitié en viron de Boukhârî m'a été enseignée par le fils de ceChaikh, AboCl 'Abdallah Moulây 'Abd AI-Hâd! et j'ai été diplômé pourle reste par plusieurs des Chaikhs de Sayyidi 'Abdallah As-Sidjlamâs!,entre autres le Chaikh Aboli 'Abdallah Sayyid Mouhammad ben QâsimAI-Qassâr AI-Qais!, disciple d'Aboti 'Abdallah Mouhammad ben AboClI-(Page 40')Fadl' Khouroûf At-Totinsl, disciple du Qâd! des Qâdis, At-Tawll AI­Qâdir!, disciple de Chihâb Ad-Dtn, disciple de Ibn Aboûl-Madjd Ad-Oimichql,disciple d'AI-Hadjar, disciple d'Abolil-Waqt 'Abd-Al-Awwalben 'Aïsâ As-Sadjazl, disciple d'AI-Dâwoudl, disciple d'Ibn HamawiaAs-Sarkhas! l, disciple d'Ibn Matar, disciple de l'Imâm Aboû 'AbdallahMouhammad ben Ismâ'li Al-Boukhâr!, qui commence son recueil detraditions, en disant:« Au nom de Dieu clément et miséricordieux. De quelle façon semanifeste la révélation chez l'Envoyé de Dieu l, que Dieu lui accordela bénédiction et le salut, etc. »J'ai été diplômé également pour la science des Hadith, en général,pour la science du droit malékite, en général et particulièrement pourl'étude de la Moudmvlvana; de la Sahnotîniya 3 et pour les résumés de ces1. Aboo. Mahammad Abdallah ben Ahmad ben Hamawia vivait auIV·' siècle de l'Hégire.Cf. IBN KHALLIKAN, t. l, p. 385. - Biographie de Aboo.l Wagt ben Aboo.Abdallah 'Aïsa ben Chou'aib ben Ismâ'i1 As-Sadjazi.2. AL-BoUICIIÂRÎ, Lu Traditions Islamiques, trad. HouDAs et MARÇAIS,t. I. p. (.3. Sahnot2nlya; l'auteur ou plutôt AI-MirRihtî, qu'il cite, veut sans douteindiquer la dillérence entre ta Moudawwana, de Malik, rédigée par Sahnotlnet celle rédigée par Asad ben AI-Fourât. Il n'existe, du moins à notre connaissance,aucun ouvrage portant le titre de Sahnoaniya.


280 ARCIIlVES MAnOO,lNESouvrages tels que la Risâla d'Ibn Abi Zaïd AI-Qairawâni,le Farâ'î del'lmâm Ibn AI-l-Iâdjib et pour son Acil, pour le MOl/khtaçar d'Ab"ûl­Mawadda Khalîl ben Ishâq, pour les ouvrages sur la science des principes,pour les Commentaires, pour les ouvrages de Rhétorique, pourla lecture du Qorân d'après les signes qui indiquent les différentes lectureset leur prononciation, pour les ouvrages sur la vie du Prophète,que la bénédiction et le salut soient sur lui, entre autres celui d'IbnIshâq, résumé par Ibn llichâm et par AI-Kilâï et d'autres; pour l'ouvraged'Ibn Sayyid An-Nâs AI-Yamanî, pour le Raoudh Al-Anolif deSouhailî, pour le Zahm' AI-13âsim sur la vie d'AboCII-Qâsim, que labénédiction et le salut soient sur lui et pour plusieurs résumés de cetouvrage.J'ai été diplômé également pour les hadiths, conformes à l'autorité detraditions telles que les !snâds de Ahmad (Ibn Hanbal), de Chafâï, deDarimi les SOl/nna d'Ibn .rvladja, d'Ibn Habbân, d'AI-Hâkim, d'AI·,Baihaqî, d'Ibn Khouzaïma, les Maçâbîh d'AI-Baghawî et d'autres dumême genre, par exemple le Kitdb Al-i\lI1vâr As-Saniya d'Ibn Djouzaï.Ce diplôme porte également sur la science de la langue arabe, sur lesouvrages d'Ibn Mâlik, en prose et en vers; sur les ouvrages d'Ibn AI­I-1âdjib et d'Ibn Hichâm, sur la MandolÎma ::l'Ibn Mouâtî, sur les Prolégomènesd'Ibn Adjourroum et sur la Dja!{olÎliya; il a trait aussi auxouvrages en vers 'et en prose sur les successions, aux ouvrages d'arithmétiqueet de géométrie, aux ouvrages de logique, de médecine, tels quele Qânoûn et son commentaire en vers j aux ouvrages de théologiedogmatique en prose et en vers, tels que l'Irchâd, les ouvrages d'IbnZakrî, les cinq 'Aqâïd de l'Imâm As-Sanoûsî et les autres ouvrages decet auteur.J'ai été diplômé également pour les M anâsiq de Khalîl et d'AI-Haltâb;pour les ouvrages de Çoufisme, tels que la Risâla d'Aboûl Qâsim AI­Qouchaïrî, les Hikam Al-Ataïya et pour ce qu'a écrit le Chaikh ZarroCIksur cet ouvrage; pour la Ihya 'Ollloûm ad-Dîn d'AI-Ghazâli; pourle Q,lOlIt al-Qollloûb d'Aboû Tâlib AI-Makki, et pour d'autres ouvragesdont je ne parlerai pas; pour les ouvrages de sciences magiques. surles talismans de différentes sortes, et ce qui a trait à ces sciencescomme les ouvrages d'AI-Djazna'î AI-Khammâdî; les poésies de monChaikh Aboûl-Qâsim AI-Ghoûl AI-Fichtâli, des Fichtâla des Ghomâra;les poésies sur ce qui a été réuni dans les hadîths du Prophète et les ouvragesdes médecins et des savants à propos des épidémies, ainsi queles poésies du Chaikh AI-Hattâb à ce sujet; pour les ouvrage~ quitraitent des vertus spéciales des noms de Dieu et des versets du Qorân,tels que les ouvrages d'AI-Boûnî, l'ldrîsîya et les ouvrages d'Ibn Abbad,que Dieu lui fasse miséricorde, d'AI-Oudiachi et d'autres; pour mon


NACIIR AL-MATIIÀNi 281poème sur le Djadwal (talisman) en cinq parties, dont le centre estvide, qui est un résumé du Kitâb al-MardjânÎ, que Dieu l'ait en S3misfricorde, et d'autres ouvrages analogues.(Page 41.)Je donne à Al-Hasan AI-Yoûsi un diplôme pour tout ce qui est énoncédans la Faharasa du Chaikh AI-Djamâ'a, l'Imâm Aboû 'Abdallah MouhammadIbn Ghâzi et dans la Faharasa de son disciple, l'lmâm, lelecteur des hadiths, Aboû laid 'Abd Ar-Rahmân ben 'AIiSouqqaïn As­Snufyanî; dans la Faharasa de l'Imâm, le Chaikh AI-Islâm AboûDja'far ben loubair; dans la Faharasa du Chaikh de mon Chaikh, leprofesseur célèbre, Abo"ÛI-'Abbâs AI-Mandjoûr; dans la Faharasa del'Imâm AI-Mantoûri, dans la Faharasa d'Ibn AI-Qawîm; dans laFaharasa d'Ibn Ya'îch; dans [a Faharasa du hâfid Aboû laîd As­Souyoûti; dans la Faharasa du Chaikh AI-Islâm Chihâb Ad-DinAhmad ben 'Ali ben Hadjar Al-Asqalanî; dans la Faharasa d'Aboû'Abdallah AI-Qaççâr et dans la Fahm'asa de mon Chaikh cultivé Aboli'Abdallah AI-Djannân Al-Andalousî; il s'est entretenu avec moi de tousces ouvrages.Il a été diplômé également par Aboû Mouhammad Al-Hasani, dont ila été parlé plus haut, le savant universellement connu Sayyidî Abda!­lah ben 'Ali ben Tâhar AI-Hasanl, que Dieu l'ait en sa miséricorde, el,sans intermédiaire par Aboû Abdallah Mouhammad AI-Djannân luimêmel •Excusez-nous si cette chaine des Chaikhs n'est pas complète; votrefrère est incapable de le faire; vous savez en effet qu'il est très âgé etque la maladie l'oblige à garder le lit. D'autre part, les troubles de notreépoque ne sont pas favorables à un semblable travail. Que Dieu nousaccorde à tous le salut et la paix dans la religion, dans ce monde etdans l'autre.Excusez-nous et accordez-nous la bienveillante intervention de vosprières. Peut-être Dieu nous accordera-t-il sa grâce bienfaisante aumoment de la mort, Il nous suffit, c'est un excellent protecteur 2,SI vous demandez quelle est la date de ma naissance, je suis né en1007 (1598-1599). Que Dieu veuille que, par sa grâce et sa générosité,je termine ma vie dans le bien. Amen. Amen. Amen. 1\ est le maitredes mondes.Ce diplôme a été écrit à la fin de Rabi' 'at-Thâni de l'année 1083(juillet-ao"Ût 1672). Que Dieu nous fasse profiter de tout ce que le1. Djannân était un des Chaikhs de Mouhammad AI-Mirghitî As-Soûsî.~. QOR1N, sourate Ill, verset 167, Trad. KAZ'''''RSKI, p. 60.1 9


282 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>monde peut contenir de bien et nous protège contre ses erreurs. Jeconfirme tout ce que j'ai déclaré dans ce diplôme en faveur de celui àqui il est donné.L'Esclave de Dieu, prisonnier de ses péchés. MOUHAMMAD BEN SA'ÎDAL-MIRGIIÎTÎ As-Sousî. Que Dieu lui accorde sa grâce. Amen.«Ce personnage est mort, que Dieu le prenne en sa miséricorde,dans la nuit du samedi 16 Rabi' At-Thânî del'année 1089 (7 juin 1678), que Dieu Élevé le prenne en samiséricorde. » Telles sont les paroles du Chaikh Al- Yoûsîdans sa Faharasa.On a dit précédemment que le personnage dont nousécrivons la biographie était né en 1007 (1598-1599); il adonc vécu quatre-vingt-trois ans 1.On a dit également que, parmi ses ouvrages. il avait faitune poésie sur la détermination de l'heure, intitulée Al­Mouqni'; il a fait en outre, un grand et un petit commentairede cet ouvrage.Nous avons trouvé dans plusieurs notes, qu'il avait faitun ouvrage intitulé: Al-lchârât An-Nacîha li-man talaba.\ 1- l-VilâXa bi an-Nixat aç-Çaliha, « La bonne directionpour celui qui recherche la sainteté avec bonne foi ».Que Dieu l'agrée et nous fasse profiter de lui et de tousses saints. Amen.(Page 42.)Le Professeur Saxyidî Mouhammad ben Abdallah ben'AH ben Tdhar As-Sidjlamâsî Al-Hasanî.Le faqîh, le professeur, Aboû Abdallah Mouhammadfils du Savant à la science considérable, Aboû Mouhammad'Abdallah ben Ali ben Tâhar As-Sidjlamâsî AI-Hasanî.1. D'après les dates de sa naissance et de sa mort, il semble qu'il n'a vécuque quatre-vingt-deux ans.


NACIIR AL-MATHÂNt 283On a vu précédemment la biographie de son père et cellede son frère Sayyidî 'Abd Al-Hâdi.Le personnage dont nous écrivons la biographie a étéélève de son père et d'autres savants; il a eu lui-même ungrand nombre de disciples.Le hâfid Aboû Zaid AI-Fâsi dit qu'il l'a rencontré aucours où l'on enseignait trois des lectures du Qorân; celled'après Aboû Djâfar AI-Madanî, celle d'après Ya'qoûb Al­Hadramî, et celle d'après Khalf ben Hichâm AI-Bazzâr,conformément à la DOlH-ra et au Tahbir d'Ibn AI-Djazarî.« J'ai étudié avec lui, dit-il, la Dourra en entier, enla lisant moi-même, et il m'a donné un diplôme pour toutce que j'ai étudié avec lui: c'était en Radjab 1°70 (marsavril1660). ~Sayyidî AI-Hasan AI-Yoûsî, dans ses Mouhâdardt, aprèsavoir dit que Sayyidî Mouhammad As-Sidjlamâssî était unWalî Çdiih, rapporte l'anecdote suivante, qu'il a racontée:Personne ne s'est moqué, dit-il, de mes parents lesChorfâ de Sidjlamâssa, comme un homme qui était venudans le pays en prétendant qu'il était un saint: on le crut.Il promettait aux gens de les transporter à la Mekke etde leur faire faire le pèlerinage en un clin d'œil. Il trompason monde pendant longtemps avec cette promesse. Unjour, un certain nombre de Chorfâ décidèrent de le démasquer.Il s'assirent à peu de distance de lui et l'un d'entreeux s'approcha du personnage; il tenait dans sa main cinquantemithqâls et il lui dit: «0 Monseigneur, cela me fatiguede faire les prières, je vous demande de m'en dispenser», et il répandit les cinquante mithqâls devant lui.L'autre s'apprêtait à les prendre, mais les Chorfâ quiétaient assis à quelque distance s'approchèrent à ce moment;ils le battirent et le chassèrent.Longtemps après, un de ces Chorrâ partit dans la directiondu Maghrib: cn passant auprès d'une source, il reCOll-


28.J <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>nut cet homme qui remplissait d'eau une outre: c'était unJuif, connu comme appartenant aux Juifs de la région.Nous demandons à Dieu de nous défendre. Ce Juif s'étaitmoqué des Chorfâ en cherchant à les tromper et à les empêcherd'accomplir leurs devoirs religieux. Quelques-unsd'entre eux crurent à sa promesse, et cessèrent d'accomplirleurs obligations. C'est ainsi que les créatures sont induitesen erreur et que des gens abusent du nom de Dieu pourse dire privilégiés. Ils seront punis; que Dieu nous mette àl'abri de la perte de notre foi, comme cela est arrivé àl'homme à l'outre. Qu'il nous accorde toujours le salut etqu'il nous entretienne par sa grâce et par sa générositédans la foi qu'il nous a donnée.Houdjdjat al-Islam Abou Hâmid AI-Ghazzâlî a dit, queDieu l'agrée: On dit que les péchés engendrent les péchéset que leur punition est une fin impie: que Dieu nous enprotège.Sans doute telle est la punition de celui qui prétend indûmentà la sainteté et à la faculté d'accomplir des miracles.Le faqîh Sayyidî Al-'A rbî A bot1 'Inân Ach-Charif.Le faqîh le savant Aboû 'Abdallah Mouhammad AI-'Arbiben Mouhammad Aboû 'Inân Ach-Charîf. On a vu précédemmentla biographie de son grand-père et on verra plusloin celle de son père.(Page 43.)Le personnage dont nous écrivons la biographie était unfaqîh délicat j il profita des leçons du Chaikh Abou Mouhammad'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî; il était Imâm et Khatîb àla mosquée des Andalous et faisait un cours à la mosquéedes Qarawiyîn, puis il fut nommé Qâdi à Tâza. Il mourutde la peste en 1089 (1678,1679),


NACIIR AL-MATIIÂNILe faqîh Al-BarakaSayyidî Aç-ÇaghÎ1' ben A l-Qâdî.Le faqîh AI-Baraka, le saint, l''âdel agréé et intègre,Sayyidî Aç-Çaghîr ben AI-Qâdî, appartenait à la familleconnue à Fès sous le nom des Banî AI-Qâdî. On a vuprécédemment leur généalogie, qui remonte à Ibn Abîl­'Afiya.Il comptait, que Dieu lui fasse miséricorde parmi lesmeilleurs jouqahâ et parmi les 'adoul de Fès les plusestimés pour leur piété; il occupait un rang élevé et il étaitréputé pour sa véracité et sa conscience.Il fut pendant longtemps Imâm de la mosquée connueà Fès sous le nom de Djâmâ 'AI-Hoût, dans l"Adwat AI­Qarawiyîn. Puis il voulut renoncer à ses fonctions d'Imâm,à cause des obligations qu'elles imposent, mais les gens duquartier ne voulurent pas le laisser partir avant qu'il eûtlui-même trouvé quelqu'un qu'il considérât comme capablede le remplacer auprès d'eux, de façon à le satisfaire luimême.Il ne voulut pas prendre cette responsabilité etoffrit de donner quarante mithqâls à celui qui voudrait leremplacer; c'était ce qu'il avait économisé depuis qu'ilétait Imâm à cette mosquée.Il agissait ainsi d'une part pour ne pas prendre de responsabilitéen acceptant l'obligation de désigner son remplaçant,et d'autre part pour conserver l'avantage d'avoirexercé l'Imamat, pour le seul mérite de servir le Dieu trèsHaut.Cette anecdote rappelle celle que l'on raconte sur leChaikh, l'Imâm savant, connu de Dieu, Sayyidî Aboù'Abdallah ben 'Abbâd, que Dieu l'agrée.Ce Chaikh avait recommandé par testament de prendreaprès sa mort le contenu d'une boîte qu'il conservait soigneusement,pour en acheter une propriété qui serait1 9 *


286 <strong>ARCHIVES</strong> MAnOCAINESconstituée en Habous.en faveur de la grande mosquée desQarawiyîn à Fès.On exécuta sa volonté: l'argent qui était dans la boîtefut compté et l'on s'aperçut que la somme correspondait àla totalité des appointements qu'il avait reçus, depuis qu'ilexerçait les fonctions d'Imâm et de Khatîb à la mosquéedes Qarawiyîn.On raconte que la propriété ainsi achetée, était le Ham·mâm d'AI-Qalâ. Ce Hammâm avait cela de remarquablequ'il était surtout fréquenté par les personnes atteintes dela maladie appelée Habb al-Afrandj t qui est une des maladiesles plus graves. Ceux qui s'y lavent avec la convictionqu'ils seront guéris, trouvent effectivement la guérison.Cc qui est curieux, c'est que l'on n'a jamais entendudire que les gens bien portants qui se lavaient à ce Hammâmaient gagné la maladie. Il en fut ainsi pendant delongues années, à tel point que personne ne redoutait plusde se laver dans ce Hammâm. C'est là une preuve de labaraka de l'Imâm Ben 'Abbâd, que Dieu l'agrée. Il n'est pasdouteux qu'il était un des plus considérables parmi ceuxqui connaissent Dieu, parmi ceux dont les bienfaits sontinnombrables et dont les pareils sont rares, en Orient et enOccident. Nous avons recherché sa bénédiction en parlantde lui, afin d'être de ceux qui sont admis à bénéficier de saprotection. Que Dieu nous fasse profiter de sa baraka.Amen.Sayyidî Moulzammad ben 'Abdallah A l-Bakrf.Aboû 'Abdallah Mouhammad ben 'Abdallah AI-Bakrîétait un savant; il était Khatîb de la mosquée AI-Hamra à.: C'est un des nombreux noms donnés au Maroc à la syphilis.


NACIIR AL-MATIIÀNiFès AI-Djadîd. Il est mort le samedi 12 Djoumâdâ AI-Oulà1089. La même année est mort le qâdî des Fichtâla, Aboù(Page 44.). Abdallah Mouhammad ben Qâsim AI-Ghoûl, le Qâdi deChafchaoun, Aboû Mahadi 'Aïsa ben Ali Ach-Charîf et lefaqîh Sayyidî Yoûsouf, fils de l'Imâm qui fait foi, SayyidîAl-'Arbi, fils de l'Imâm Sayyidî Yoûsouf AI-Fâsîj on a vuprécédemment la biographie de l'Imâm, son père! que Dieunous fasse profiter de leur bénédiction. Amin.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1089 (J.-C. 1678-1679).Une épidémie de peste se manifesta, d'abord avec peud'intensité; puis elle fit des ravages à Fès AI-Djadîd, dontla Madrasa, après avoir été dévastée par la maladie, futfermée le 8 Rabi' AI-Awwal (30 avril 1678).Cette année, le grand savant Sayyidî Mouhammad bel­Hasan AI-Madjacî, fut nommé Moilftî et Imâm à la mosquéedes Qarawiyîn à Fès.La peste dévasta Miknâs et AI-Qaçr. Une garde composéed"Abids (garde noire) fut placée aux gués du Seboû et desautres rivières, pour empêcher les gens de venir à Fès et àMiknâs et de s'approcher des personnes de l'entourage duSultan.Le I4 Rabi' AI-Awwal (6 mai), les troupes quittèrent Fès,où la peste sévit ensuite. Le lendemain, le Sultan donnal'ordre de brûler tout ce qui se trouvait au Soûq AI-Khamîs ;ce qui fut fait. Les gens qui habitaient cet endroit s'en-.fuirent. Après la sortie des troupes (de Fès) la route de;\iiknâs fut interdite par ordre du Sultan. Les 'Abîds tuaient


288 <strong>ARCHIVES</strong> MAROc:AI:'


NACHn AL-MATIIÀNi 28i)(Page 45.)Le Sultan fit proclamer la harka par crieur public etannoncer le paiement de la solde et la sortie des tentes. A lafin du Ramadân (octobre-novembre), la peste avait diminuéd'intensité et il ne mourait plus qu'une dizaine de personnespar jour. Le 6 Chawwâl (21 novembre), l'armée quitta Fès,se dirigeant vers les Berbères. La peste augmenta à l'vliknâs;il Y mourait cinquante personnes par jour et à Marrâkechle nombre des décès atteignit deux mille par jour, puis ildiminua. A la fin du mois de Dhoûl-Hidjdjâ (janvier·fé.vrier 1679), mourut le jeune Sayyidî Aboû Madyân, fils duChaikh Sayyidî Mouhammad, fils de l'Imâm Sayyidî 'AbdAI.Qâdir AI-Fâsî ; il avait environ dix-sept ans.La peste fit un nombre incalculable de victimes à Madghara,au TafilâIt et au Touat. Le 21 du même mois (6 février)une rencontre eut lieu entre l'armée du Sultan et lesA'it-Atta. Il mourut dans ce combat quatre cents soldats deFès, entre autres le Qâïd de la MahaIla, Moûsâ ben Ahmadben Yoûsouf; on ne lui connaît pas d'autre nom.La succession des choses est dans la main de Dieu.ANNÉE logo (J.-C. 1679-1680).L'Imâm Sayyidî Mouhammad A l-Bakri Al-Miçrî.L'Imâm vertueux, dont la valeur est absolue, SayyidîMouhammad AI-Bakrî Aç-Ciddîqî AI-Miçrî.Cette famille est illustre au Caire et l'on sait qu'elle acomme origine Notre Seigneur Aboû Bakr Aç-Ciddîq, queDieu l'agrée.Ancn. aIAHOC. -%XIV.


290 A HL: IlIV E,; <strong>MAROCAINES</strong>Voici sa généalogie:Mouhammad Zain AI- 'Âbidin - ben Mouhammad AboûBakr - ben Aboûl-Makârim Zain AI-'Âbidîn - benMouhammad - ben Aboûl-Hasan Tadj Al- 'Arifîn - benMouhammad Aboûl-Baqâ Djalâl ad-Din - ben MouhammadDjamâl ad-Din - ben Abd Ar-Rahmân Wadjî ad­Din - ben Ahmad - ben Mouhammad - ben AhmadbenMouhammad - ben 'Aoud - ben 'Abd AI-Khâliq ­ben 'Abd AI-Moun'im - ben Yahyâ - ben Al-Hasan ­ben Moûsâ - ben Yahyâ .- ben Ya'qoûb - ben Nadjim- ben Aisa - ben Cha'bân - ben Aïsâ - ben Dâwoud- ben Mouhammad - ben Noûh - ben Talha - ben'Abdallah -'ben Abd Ar-Rahmân - ben Aboû Bakr Aç­Ciddîq, que Dieu l'agrée. Cette généalogie est donnée par leChaikh Ibrâhîm ben 'Amir Al-'Obaïdî AI-Mâliki, discipledu personnage dont nous écrivons la biographie, dans sonouvrage intitulé 'Oumdat At-Tahdqîq.fi Bachdïr Al Aç­Ciddîq et par le faqîh excellent Al-Hasan ben 'Ali AI- 'Agmî,habitant la Mekke : elle a été copiée d'après son registre,par l'oncle de notre père: celui·ci ajoute que l"Oubaïdi acertifié l'origine de son Chaikh dans l'ouvrage dont il vientd'être parlé. Il cite de lui des miracles et des actes extraordinaires: il ajoute que ce Chaikh a écrit un Dîwdn sur leschoses cachées de la Tariqa, des Rasait sur l'Unité de Dieuet sur l'Unité du Tout-Puissant.Il avait dit auparavant que la chaîne de Tarîqa du personnagedont nous écrivons la biographie, se suivait parson père et par son grand-père, et ainsi de suite jusqu'àAI-Hasan, son treizième aïeul, puis qu'elle se poursuivaitensuite jusqu'à Aboûl·Hasan Ach-Châdhilî. Que Dieu lesagrée tous.


NACHR AL-MATIIÂNl291L'Imdm, le Chaikh Aboû Sâlim A 1-'AXyâchî.(Page 46.)L'Imâm excellent dont les qualités sont connues, le plusgrand savant, le vérificateur expérimenté, qui possède ungrand nombre de sciences et dont la vérification est claireet aisée à comprendre, l'homme aux connaissances étendueset dont la fréquentation était agréable, le voyageurerrant, le narrateur éloquent, Aboû Sâlim 'Abdallah, filsdu Chaikh Aboû 'Abdallah Mouhammad ben Aboû BakrAl.'Ayyâchî. On a vu précédemment la biographie de sonpère. Le Chaikh Aboû 'Abdallah AI-MisnawÎ, dit dans sonouvrage intitulé Djouhd A l-Moûqil A l-Qacîr fi Noup'atA l-Chaikh Sayyidî 'A bd A l-Qddir : « Le nom d'AI·'Ayyâchî, vient de Ait-'Ayyâch, tribu berbère; ce pays estlimitrophe du Sahara, du côté de Sidjlamâssa et, dans leurlangage, les gens de ce pays disent en parlant de l'un d'eux,« un tel Aaïâch! ». Nous avons encore connu ce personnagependant une vingtaine d'années; il est mort de lapeste dans la matinée du vendredi 18 Dhoûl-Qa'da 1090(21 décembre 1679); il était âgé de cinquante-trois ans etquelques mois; il était né, en effet, ainsi qu'il l'a écrit luimême,dans la nuit du jeudi, dernier jour du Cha'bân 1037(4 mai 1628).Le récit de ces voyages est très profitable, c'est uncsource agréable, dont les bienfaits sont nombreux; c'estun ouvrage d'une valeur considérable, une réunion dcconnaissances variées qui dépassent tout ce que l'on peutimaginer: il rend aisées les choses les plus ardues et saforme est agréable. On peut le comparer au récit desvoyages du savant consciencieux Aboû 'Abdallah Mouham-1. Tandis qu'en arabe on dit: un leI AI-'AFylle"'.


2!'2<strong>ARCHIVES</strong> lIIAROCAINESmad Ibn Rouchaïd AI-Fahrî, né à Ceuta, mort à Fès. Lerécit de ces voyages est intitulé : MU Al-'A ïba bi-mâDjama bi- l'aoul A I-GhîbafU-OLIdja Al-Karîma ilâ MakkaUJa- Taïba, « La valise remplie pendant l'absence du voyagebéni à la Mekke et à Médine ».Ici se terminent les paroles du Chaikh AI-MisnawÎ.Le personnage dont nous écrivons la biographie faisaitpartie des savants pratiquants, des adorateurs parfaits. Ona déjà vu dans la biographie de Sayyidî 'Othmân Al-YoùsÎce que, dans sa RiMa, Al-'Ayyâchî dit de lui-même; ilraconte qu'il récitait chaque nuit sous sa tente le Qorând'un bout à l'autre, pendant son pèlerinage, qu'il avaitsuivi les cours d'un grand nombre de Chaikhs, en Orientet en Occident et qu'il n'avait négligé l'enseignement d'aucundes Chaikhs importants de son époque, ainsi que leprouve sa Falzarasa intitulée:« Iqtifâ al-'Atar bad DhihabAh! al·'Atar ». Il a tiré un grand profit de l'enseignementde ses Chaikhs, ainsi qu'il le dit dans sa RiMa.Nous avons donné précédemment un grand nombre d'extraitsde cet ouvrage et de sa Falza1-asa.Ces ouvrages nous ont été d'un grand secours pour larédaction de nos biographies, comme on l'a déjà vu.Al-'Ayyâchî a écrit un grand nombre de lettres et il acomposé des poésies remarquables qui se trouvent pour laplupart dans sa RiMa.Voici la lettre qu'il a adressée à son Chaikh à celui quia été son guide dans la plupart des sciences qu'il a étudiées,l'Imam Sayyidî 'Abd AI-Qâdir ben 'AH ben YoùsoufAI-FâsÎ :Louange il celui que l'on invoque cn toutes choses par la louange, àcelui qui répand sa miséricorde, qui a envoyé du ciel le FOllrqân 1 à1. rOllrqân, c'est-à-dire la séparation. de ..J-.r. faraqa (séparer), c'est-àdire le livre qui indique III différence entre Je bien et le mal, entre J'Islam et


(Page 47.)NAc.nll Ar.-MATIIÂNÎson serviteur, que la bénédictilln et le salut soient sur le meilleur deceux qui se sont conformés aux ordres de Dieu et à qui le miséricordieuxa accordé ce qu'il lui avait promis. Que la bénédiction de Dieusoit sur lui, sur sa famille, sur ses serviteurs et sur son armée, troupede Dieu, qu'il dirige dans la bonne voie et sur ceux qui le suivent, lesdéfenseurs et tes gardiens de la foi.Et ensuite: La plus humble des créatures, qui redoute ses mauvaisesactions, esclave de ses erreurs, compromis par ses péchés, dit à sonmaître: « Combien de fois les circonstances m'ont été contraires; lesvoyages fatigants m'ont entraîné au loin; j'ai erré dans tous les pays etj'ai traversé des régions inconnues et dangereuses; j'ai attribué dansmon esprit toutes les vertus aux Chaikhs de l'Orient et de l'Occident,de l'Arabie et de la Perse; j'ai cherché un médecin pour me guérir dela maladie de l'ignorance; j'ai voulu qu'il fût habile, pour découdrecette ignorance et la recoudre et je n'ai trouvé que des gens qui souffraientdu mème mal que celui dont je souffre ou dont les connaissancesétaient insuffisantes pour éteindre le feu intérieur dont j'étais consumé;ils augmentaient mon mal au lieu de le guérir ou bien ils me recevaientavec indifférence, répondant à mes questions par des choses entenduesailleurs; ils ne comprenaient pas ma souffrance. Enfin la bonne fortuneest venue au-devant de moi, son étendard flottant; les temps heureuxsont arrivés avec des jours et des nuits de lumière. Mes voyages et mesdéplacements m'ont fait rencontrer cel ui qui était la Ka'ba de mes recherches,l'endroit où se trouve la réalisation du bien.C'est le descendant .d'une race vertueuse, la perle la plus rare du collierde cette famille, le médecin qui manie la science à son gré et quiguérit radicalement le mal jusque dans ses racines, le Chaikh AI-IslAm,le Sceau des Vérificateurs, la merveille des ImAms véridiques, celui quiréunit en lui les connaissances divines et humaines et qui marche surles traces des Imâms de la Tarîqa (Çoufiya). Il est prestigieux aux yeuxdes créatures et les dirige vers le bien; il connaît toutes les sciencesdans leurs origines et dans leurs branches, mieux que tous ceux qui lesont étudiées et son savoir est plus solide que le leur pour les comprendreet en profiter.Il est l'égal des Maîtres des Rites et de ceux que Dieu a comblés deses dons.Châdhilî a dit: Il est Châdhilî 1._ Malik a dit: C'est un maître dansles autres religions. Ce mot pour désigner le Qonin est assez rarement employé.1. Le texte dit J,)~ ~I je suis Chddhi/t. Il semble d'après le sens génér;J1


294 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>mon rite. - Sîbawaih et Khalîl on't dit : il n'est pas de serviteur plusfidèle. - AI-Ach'arl et AI-Fakhr ont dit: C'est de lui que nous vientnotre renommée. - Les ImAms des Hadith ontdit : C'est de nous qu'iltire sa célébrité pour les choses du passé et pour celles du présent. Lescommentateurs dis'ent qu'il marche sur leurs traces.Et tous ont dit la vérité, en ce qu'ils ont dit de lui; j'en fais le serment.N'est-ce pas 1ui qui a réuni en lu i tous ces Jmâm s et toutes leurs vertus?Il n'y a aucune raison pour en retrancher aucun; il est leur souverainau ciel et sur la terre, que Dieu le prenne en sa miséricorde. Nesavaient-ils pas qu'il était l'enfant qui devait apparaître, Aboü MouhammadAbd AI-Qâdir, descendant des Seigneurs Imâms, qui dissipent('obscurité de la tristesse, fils de Sayyidî Aboûl-Hasan 'Ali, fils de celuiqui connaît Dieu, annobli par son affection pour le Seigneur, SayyidîYoûsouf ben Mahammad ben YoÛsouf.Son origine est brillante comme le soleil de la matinée qui resplenditdepuis l'aurore.(Page 48.)Que Dieu nous rattache à la Tarîqa de ces Imâms et qu'il nous fasseentrer dans leur groupe et dans leur parti. La première fois que Dieum'a dirigé vers Sayyidî 'Abd AI-Qâdir et que je l'ai vu, j'ai compris quecela n'était pas dans un but opposé à mon désir .et que Dieu avait del'affection pour lui. Sa vue a rempli mon cœur de joie et de contentement;j'ai béni Dieu et j'ai glorifié son nom. J'ai compris qu'AI-Fâsîétait de ceux dont la vue fait glorifier le Seigneur et dont toutes lesactions sont inspirées par Dieu 1 j'ai vu que j'étais entré dans lachambre par la porte, que je m'étais attaché aux vêtemen ts d'un homm ede bien, que j'avais appliqué la flèche sur l'arc, que j'avais donné lapage à qui était capable de la lire, lebriquet à qui savait en tirer du feu.J'ai alors été attiré vers les choses él~vées en connaissance de cause,et je suis arrivé à ce que je désirais.de la phrase, qu'if faut lire


NACHR AL-MATHÂNi 295~ Que veux-tu davantage, tu as obtenu des trésors incalculables.•J'ai retroussé mes manches et j'ai ceint fortement mes vêtements;j'ai étudié avec lui ('Abd AI-Qâdir Al-Fâsî) le Soullâm (d'AI-Akhdarl)l'lsaghoûdjî d'AI-Biqaï, les Wm'aqât de l'Imâm AI-Haramaïn, quej'avais surprises en passant et que j'avais oubliées malgré moi. J'ai étépuni de cette surprise par la solitude ou je me suis trouvé après avoirrécu avec elle~.Mon maître aux connaissances étendues, me les a rappelées, lui dontla richesse est profitable. C'est là une grâce incomparable. Il n'y ad'autre force que la force de Dieu. J'ai enduré une 'véritable souffrancependant de longs mois et pendant un long temps; puis je me suis rappeléles endroits où je l'avais rencontré iAI-Fâsî), mon cœur a soupiréà ce souvenir; je suis revenu au plus vite et je suis allé sans retard auprèsdu Chaikh.J'ai trouvé l'océan de sa science tel que je l'avais laissé, ou plus immenseencore et plus profitable. J'ai assisté à un grand nombre de sesccurs sur les commentailes du Qorân, depuis le verset: « Pour les infidèles,il leur est égal que tu les avertisses ou non, ils ne croiront pas 1",jusqu'au verset: « La piété ne consiste pas 2 _, etc. sauf quelques rarespassages. J'ai suivi également ses cours sur: la Noukhba d'Ibn Hadjar;le SOllllâm pour la deuxième fois; sur la ÇOllghrâ (de Sanoûsî); sur lamoitié environ d'Ibn Zakrî; sur une grande partie du Talkhîç Al-Mi/­lâh 3. J'ai étudié aussi avec lui les Chamâïl qUe je lisais moi-même, sansparler d'un grand nombre d'autres ouvrages que nous avons étudiés;que Dieu nous les rende profitables.Puis, je me suis rendu compte, d'une façon évidente, d'un courantqui m'était opposé et que les scorpions de la calomnie faisaient leurchemin entre nous; j'ai compris que nos relations arrivaient à leurterme et que la période de notre union était passée.Celui qui possède '* Souveraineté et la Puissance, qui a le pouvoird'obliger et de contraindre, excita en moi un grand désir de voyager,quoique je fusse sur le point d'arriver à mon but.J'ai élevé vers lui mes mains suppliantes, j'ai déposé devant lui lacharge Je mes pensées en l'implorant avec humilité et je lui ai fail avecsoumission ma priêre, lui demandant de me faire donner (par SayyidÎ'Abd AI-Qâdir AI-FâsÎ) les lsnâds de ce que j'avais appris avec lui etavec d'autres et de développer, dans un diplôme éloquent, tout ce que1. QORÂN, ~ourate Il, verset 5, trad. KAZIMIRSKI, p. 2.2. - 172 - p. 25.3. Talkhfç al-Mifldh O'[BR'H1'M Az-ZAwAwÎ, mort en 857 H. (q531. Al­Miftàh est d'AI/MAD AT-TARARi, mort en 336 H. (947""948).


296 ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>j'avais étudié avec lui, ainsi qu'une autorisation ~énérale d'enseignertout ce que j'avais entendu de lui, afin de grandir mon nom et dem'ajouter au collier composé de tous les Chaikhs qu'il a étudiés etsur lesquels porte son enseignement. «II ne sera tenu compte à chacunque de ses intentions', ,.(Page 49.)Il faut s'appuyer sur une chaîne solide qUI remonte jusqu'au Prophètefidèle et sur la succession sainte des Imâms des Musulmans:mon seul but est de marcher sur leurs traces et de les imiter.Quoique je sois encore séparé d'eux et que ma place soit éloignéede celle qu'ils occupent, si je ne suis pas t'un d'eUX, l'affection que jeleur porte constitue déjà pour moi une gloire et me donne de la considération.Je prie mon Seigneur, s'il m'accorde ce que je lui demande, de complé'.erla grâce qu'Il me fera, en me donnant un document durable quipuisse tempérer les regrets de ('absence, qui soit conforme aux hesoinsde notre époque et qu'il ne témoigne d'aucun mauvais vouloir; si letemps lui permet de le faire, qu'il y indique un certain nombre d'lsllâd,pour avoir le profit de leur bénédiction; même peu de chose à ce sujetsera suffisant.Peu de chose provenant de vous suffira pour m'enrichir, mais ce quivient de vous n'est jamais peu de chose,Lorsque vos bienfaits ont commencé à paraître, je suis venu quémanderà votre porte,J'ai tendu vers vous ma main qui demandait et je ne quitterai pasvotre porte,Vous ne voudrez pas en chasser celui qui y vient toujours et qui nela quitte pas.Si celui qui demande se voit refuser une aumône, il ne mérite cerefus que s'il persiste dans son ignorance.Lorsque des gens comme vous veulent bien donner, ils donnent deleurs propres mains ce qu'ils possèdent.Vous grandissez ainsi le prestige de celui qui reçoit, même s'il estmédiocre.Votre ldjâr.,a lorsque vous l'accordez, donne du mérite à celui quin'en avait pas.Elle devient le lien qui rattache aux Imâms du passé.Elle élève, lorsqu'on la récite ou qu'on la lit, et elle donne une "aleurnouvelle.1. 80UKIIÂRÎ, vol. l, page 1.


NACHR AL-MATHÀNÎtH7Elle joint celui qui l'a reçue au collier des savants qui se succèdent,quand même il n'en ferait pas partie.Excusez-moi, Monseigneur, d'oser m'adresser ainsi à vous, que Dieuvous garde pour nous, et que le Salut soit sur notre Seigneur Mouhammadet sur ses parents.L'Imâm Sayyidî 'Abd Al-Qâdir a donné aul'Jdjâ!{a dont voici le texte :postulantLouange à Dieu; lui seul est adoré; celui qui se réfugie en lui, il luisuffit et il l'accueille; celui qui s'éloigne de lui est malheureux dans cemonde et dans l'autre. Il s'égare celui qui met son espoir en dehors deDieu et qui met une limite entre Dieu, ses propres actions et sesdevoirs. .Que la bénédiction et le salut soient sur notre Seigneur et notreMaître Mouhammad, objet de l'affection de Dieu et de sa grâce; sur safamille et sur ses serviteurs, qui jouissent particulièrement de son a f­fection et de sa sollicitude.(Page Sa.)Et ensuite: Conformément à ce que me demande mon frère en Dieu,le faqîh intelligent, vertueux et délicat, qui possède un grand nombrede sciences et qui sait les expliquer, dont la compréhension est claire,le grammairien pur, l'homme le plus savant, AboO Mouhammad 'Abdallah,fils du Sayyid humble, pieux et obéissant, la bénédiction et lavertu de son temps, Abotl 'Abdallah Sayyidî Mouhammad ben AboûBakr AI-'Ayyâcht, que Dieu lui soit en aide ainsi qu'à moi-même, qu'ilremplisse nos cœurs de l'immensité de son affection et qu'il illuminenos yeux de l'éclat de sa lumière pour nous diriger et nous guider, etqu'il nous donne la preuve irrécusable de sa sollicitude et de sa présence.Amen.J'affirme que relativement à ce qu'il a entendu et à ce qu'il a étudié,« il demande de l'eau à un nuage qui n'en contient pas, qu'il espèreapaiser sa soif avec des gouttes d'eau, qu'il cherche à constater les dimensionsd'une chose notoirement considérable et qu'il perd son tempset sa peine •.Cependant, j'accède à sa demande et je consens à le faire, pour lesatisfaire, par la crainte de voir soupçonner mes intentions et pourtirer profit de la grâce attachée à ce que j'aurai fait; je le fais surtout2 0


2!)8 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>pour témoigner ma bonne volonté, quoique je n'aie pas qualité pour tefaire et que cela ne soit pas pour moi une obligation.Dieu veuilie me le compter parmi mes bonnes actions et non parmiles mauvaises, qu'il m'entoure de la faveur de sa miséricorde et qu'ilm'accorde une place dans sa clémence et dans sa grâce.Je déclare donc, en me réfugiant en Dieu contre tout mal, que jedonne 1'1djâ~a au faqîh dont il s'agit pour toutes les sciences énuméréesplus loin, pour toutes celles qu'il a étudiées avec moi, ou que je luiai enseignées et pour toutes celles pour lesquelles j'ai été diplômé moimême,après les avoir étudiées ou entendues, pour les choses fractionnées,pour les vers et pour la prose, pour tout ce que je possède effectivement;toutes les sciences que je vais énumérer ont des règlesconnues par les gens de science,J'autorise celui à qui je délivre ce diplôme, à me citer à qui bon luisemblera et comme il le voudra, à indiquer que c'est de moi qu'iltient ce qu'il enseigne, en disant: Un tel m'a appris telle chose, ou m'aparlé de telle cha se à son gré, comme je l'ai appris moi-même de mesChaikhs, soit en étudiant avec eux, soit en recevant leurs explications.J'ai étudié les hadith avec mon Chaikh l'ImAm, l'étendard des savants,l'homme aux sentiments élevés, connu parmi les peuples,remarquable parmi les gens de son temps et unique à son époque, le,\laître complet, dont la vie est annoblie par sa conformité aux traditionsde vertus; celui qui possède les sciences agréables à Dieu, lesgrAces divines, la lumière de la connaissance de Dieu et la révélationévidente; le plus savant des gens de science, qui comprend avec certitude,le chef habile, le guide de ceux qui vont au bonheur, l'oncle demon père, mon Seigneur et mon maître, AbolÎ Zaïd 'Abd Ar-RahmAnben Mouhammad AI-Fâsî, que Dieu répande sur lui les torrents de samiséricorde et qu'il redouble pour lui l'abondance de ses dons et de sabénédiction.Il avait étudié lui-même le Çahth de BoukhAri avec son Chaikh,l'ImAm clairvoyant, le martre très docte, le traditionniste, le Chaikh AI­IslAm, la bénédiction des jours et des nuits, AbolÎ 'Abdallah ben Qâsim,de la famille d'AI-Qaïsî originaire de Grenade, surnommé AI-Qaççar.Celui-ci avait été l'élève de Djâr Allah, l'ImAm traditionniste, le voyageurunique à son époque par l'excellence de ses connaissances,Aboll 'Abdallah Mouhammad Khourotif At-TolÎnsl AI-AnçArl, discipledu Chaikh AI-Islâm AI-Kamal, AI-Tawll Al-QAdir!, disciple du Hidjâzi,disciple d'Ibn Aboul-Madjd, disciple d'AI-Hadjar, disciple d'Az­Zoubaïdî, disciple d'Abll-Waqt, disciple du Dâwoudl, disciple d'As­Sarkhasf, disciple d'AI-Farbarî.


NACHR AL-MATIIÀ,Nl 299(Page 51.)AI-Qaççâr avait étudié Boukhârl avec le Chaikh saint, l'ascète, letraditionniste le plus pieux de son époque, J'ami de Dieu Aboû-Na'!mSayyidi Ridwân ben 'Abdallah AI-Djanoul, disciple du Chaikh, l'lmâm,le savant voyageur, Sayyidl 'Abd Ar-Rahmân ben 'Ail ben Ahmad·ben Mouhammad AI-'Aciml, connu sous le nom de Souqqaïn, discipledu Qalchandî et de lakkariyâ, disciples d'Ibn Hadjar, discipled'As-Sarkhasî, disciple d'AI-Hadjar, et ainsi de suite, comme on l'avu plus haut.AI-Qaççâr avait étudié également Boukhârl avec Aboût Tayyib AI­Ghâz!, qui leur avait donné un diplôme à ce sujet. Ce dernier avaitétudié lui-même avec Zakkariyâ, conformément aux Isnâds précédemmentindiqués.Quant au Çahîh de Mouslim, mon Chaikh (AI-Fâsl) l'avait étudiélui-même avec Sayyidl Ridwân, disciple de Souqqaïn, disciple de lakkariyâ,disciple de lourkânl, disciple d'AI-Bayânl, disciple d'AI-'Asâkirl,disciple d'AI-Mouayyad, disciple d'AI-Farawl, disciple d'Abd AI­Ghaftr, disciple d'AI-Djaloftdl, disciple du Chaikh Ibrahim ben Soufyân,disciple de Mouslim ben AI-Hadjdjâdj.Il avait une transmission meilleure, par AI-Qaççâr, disciple d'AboütTayyib AI-Ghâzt, qui a reçu un diplôme de lakkariyâ, avec la chainecitée, d'après Khouroûf, disciple d'At-Tawll, disciple du savant AI-Balqini,disciple d'At-Tanoûtt, disciple d'Ibn !;>amara, disciple d'IbnMoughalra, disciple d'Ibn Nâcir, disciple d'Ibn Qaïda, disdple d'At­Djouzaqt, disciple de Makkt, disciple de Mouslim.J'ai étudié égarement les deux Çahih (de Mouslim et de Boukhârî)et un grand nombre d'ouvrages de traditions exactes et j'ai été diplômépour ces études, sauf pour le Çahîh d'AI-Boukhârl et pour quelques partiesde Mouslim dont je n'ai fait qu'entendre la lecture par notre Chaikh,l'lmâm, celui qùi connalt les principes, le métaphysicien, l'éloquent, legrammairien, le commentateur, le vieillard qui sert de lien entre lesdescendants et les ancêtres, le savant le plus complet, l'homme occupantun rang élevé, vertueux et de noble origine, le Qâdi Aboftl-QAsimben Mouhammad ben Aboftn-Na 'lm AI-Andalousl, Ghassâni d'origine,habitant Fès, disciple du savant traditionniste, le faqîh Aboûl-'AbbâsAhmad ben 'Omar ben Mouhammad Ouqit As-Soudânl Al-Timbouktî,disciple de son père, qui était lui-même disciple d'un grandnombre de Chaikhs d'Orient et d'Occident.J'ai également étudié les traditions du Prophète avec mon Chaikhinstruit et précis,' le savant incomparable, aux connaissances illimitéesdans le s sciences rationnelles et dérivées, auteur d'ouvrages célèbres et


300 ARCIllVES <strong>MAROCAINES</strong>de recherches importantes et précieuses, l'homme à la pensée choisie, àl'esprit vif et pénétrant, le cousin de mon père, Aboû Mouhammad Al­'Arbî fils du Chaikh AI-Islâm, satisfaction de Dieu parmi les créatures,l'homme aux nobles alliances, le savant parmi ceux qui savent, legrand saint, le très célèbre Aboûl-Mahâsin Yoûsouf ben MouhammadAI-Fâsî, disciple lui·même du Chaikh AI-Qaççâr.(Page 52.)rai également étudié le Çahîh de Boukhârî par auditions d'untiers, qui l'avait étudié en le lisant par lectures avec le Chaikh, lefaqîh, le hâRd, le Mouftî de Fès, Aboùl-'Abbas Ahmad ben MouhammadAI-Maqqârî At-Tlimsânî. Quant à la théologie dogmatiqueet aux principes du droit, je les ai étudiés avec mon très savantprofesseur, Aboùi-Qâsim Aboû Na'îm, disciple du docteur incontestéen sciences rationnelles et en sciences dérivèes, sceau des'üulamâ, Aboûl 'Abbas Ahmad, fils du négociant, l'Amîn Aboûl­Hasan 'Ali, fils du négociant, l'Amîn Aboû Zaïd 'Abd Ar-Rahmân AI­Mandjoûr, qui a étudié avec plusieurs Chaikhs dont il a donné lesnoms dans sa Faharasa. J'ai également étudié avec ce professeur larhétorique, par la lecture du Talkhfç al-Miftâh. rai étudié la languearabe avec mon professeur, le grammairien fin et délicat, le plus célèbrede son époque, Aboûl-Hasan 'Ali ben Zoubair, disciple du professeurAboû Zaïd 'Abd Ar-Rahmân A 'rab; je l'ai étudiée également en partie,avec le Chaikh Aboùl-Na'îm, par l'audition du Fahl al-AfoughllÎ etj'ai été diplômé pour le compliment de cette science par le professeuret par d'autres; le Chaikh Aboûn-Na'îm était disciple du Chaikh AI­Djamâ'a, l'intermédiaire entre les ancêtres et leurs descendants, leprofesseur le plus savant, Aboû 'Abdallah Mouhammad ben MadjbarAI-Mistarî, disciple du Chaikh Aboûl-'Abbâs Ahmad ben Qâsim AI-Qadoumî,etc.J'ai étudié le droit avec mon professeur l'Imâm Aboû Zaïd, dont jeviens de parler, avec Ibn Aboûl Na'îm, avec Aboûl-'Abbâs AI-Maqqarîjavec le Chaikh, le professeur, le faqîh clairvoyant et pieux, le ChaikhAI-Djamâ'a, le Hâdjdj très obéissant, Aboû Mouhammad 'Abd Al­Wâhid ibn 'Achir, AI-Andalousî, AI-Ançârî, avec le Chaikh, le faqîh, legrammairien, l'homme versé dans la science des obligations religieuses,le calculateur, le vieillard Aboû 'Abdallah Mouhammad AI-Djannân AI­Andalousî et avec un grand nombre de Chaikhs, ses professeurs, dontla liste serait trop longue à donner dans cet ouvrage. Je n'ai cité cesquelques personnages, Isndds des Çahihaïn que pour obtenir leur bénédiction.Je donne au faqîh AI-'Ayyâchî un diplôme général et absolu, et je lui


NACIHl. AL-MATHÂNt 301conseille de s'appliqtler avec soin, de prendre son temps, d'examiner lesquestions et de les étudier, lorsqu'il donnera des consultations relativesà la religion de Dieu et de ne prendre aucune décision sans s'appuyersur des textes du Chra'a, à moins de preuves évidentes; dans le cas contraire,qu'il reste inébranlable, qu'il veille à ce que ses intentions soientconformes à sa science et qu'il néglige toute ambition personnelle. Sinon, il se conduirait comme ceux qui recherchent la science par vanitéet pour pouvoir traiter les gens avec mépris; cette science qui apportel'orgueil, la vanité et le mépris des autres, n'est pas celle qui profitedans l'autre monde, et elle n'est profitable en rien. Au contraire, lascience vraiment utile est celle qui est accompagnée de la crainte deDieu et de l'obéissance à sa Souveraineté, du mépris de soi-même, dela résistance aux entraîncmen ts de ses propres désirs, au point den'admirer aucune de ses propres actions, de ne rien voir de plusméprisable que soi-même, parce que si l'on sait ce que l'on peut faire,on ignore ce que peut faire le prochain.Pour arriver à ce résultat, il faut être dégagé de toutes préoccupationsterrestres, ne pas s'occuper de choses inutiles et préférer le salutéternel à toute autre chose. C'est à ce propos que l'on a dit: « A ceuxqui me disaient: pourquoi négliges-tu des choses qui sont si profitableset qui enrichissent?» rai répondu: « Je n'ai rien à faire desbénéfices dont vous parlez, je suis de ceux qui ne se réjouissent quedu salut éternel. :.(PageS3.)Celui qui peut obtenir la science véritable ne doit pas se préoccuperde rechercher les joies de ce monde, ni les désirer ardemment, pas plusque les honneurs; ces préoccupations sont en effet contraires à lapureté de la science; elles corrompent la foi et la sincérité de la conviction.On dit à ce propos:« L'amour de l'argent et de la grandeur est le plus grand défautpour les gens de science. :.Que sont les honneurs de ce monde pour qu'on les recherche et qu'onle5 préfère à ce qu'il y a de mieux sur la terre, c'est-à-dire sa proprevie, qui est le bien le plus précieux; d'autant plus que l'on n'obtientces honneurs qu'à grand'peine, qu'ils passent rapidement et ne tardentpas à disparaître? Il n'est pas douteux que ce qui constitue les soutiensdes ambitions de ce monde ne s'écroule bientôt et que tous ses avantagesdisparaissent.L'homme intelligent ne préfère pas ce qui disparaît à ce qui subsiste.Le meilleur conseiller (le Prophète), que la bénédiction et le salut deDieu soient sur lui, a dit à Aboû Darr, que Dieu l'agrée: Je te vois2 0 *


302 ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>faible et je te souhaite ce que je me souhaite à moi-même, c'est-à-direde n'avoir pas à exercer ton autorité ne fut-ce que sur deux personneset de n'être pas chargé d'administrer les biens des orphelins.Il faut observer avec soin la pratique exacte des cinq prières prescrites,au moment de la prière en commun; cette prière en elfet, est lesoutien de la religion; c'est la clef des portes qui ouvrent la bonne voie.'Omar, que Dieu l'agrée, écrivait aux gouverneurs placés sous sesordres: Ce que je vous recommande avant tout, c'est la prière; celuiqui l'observe, met également en pratique les autres prescriptions, etcelui qui la néglige, néglige le reste encore davantage.La prière est l'acte le plus apparent de l'homme, (elle est visible)comme son visage.La première chose que l'on voit d'un homme, en effet, c'est son visage.On ne saurait négliger la prière pour lui préférer la recherche dela science, comme on le remarque aujourd'hui chez un grand nombred'étudiants: c'est là une détestatile erreur.La science est la compagne dé la bonne conduite, et, si la conduitede quelqu'un n'est pas d'accord avec sa science, il la perd: celui quin'observe pas la. prière en commun, ne se conduit pas bien.Le Chaikh Zarroûq a dit: c: Si vous arrivez trop tard pour le commencementde la prière, vous n'êtes pas excusable, parce que cela provientd'une négligence de votre part. " Que Dieu nous fasse agir conformémentà son désir et à sa volonté, qu'il éloigne de nous tout ce qui peut nousdétourner de la bonne voie, qu'il nous accorde la grâce que le jour oùnous serons admis à le contempler, soit pour nous un jour de bonheur,qu'il nous dirige dans la voie de ceux qui lui obéissent et se rapprochentde lui et qu'il nous agrée dans ce monde et dans l'autre. C'est le plusclément des cléments; il nous suffit, c'est le meilleur des protecteurs.Ainsi a parlé et a écrit l'esclave de son Dieu, humble et craintif, quimet son espérance dans la miséricorde de son Dieu Puissant, 'Abd AI­Qâdir ben 'Ali ben Yoûsouf AI-FâsÎ, que Dieu le rende vertueux, luipardonne ses péchés et qu'il excuse ses défauts.Le 15 Cha'bân de l'année 1063 (22 juillet 1653). Que Dieu glorifienotre Seigneur Mouhammad, ses parents et ses serviteurs. Et le Salul.Le personnage dont nous écrivons la biographie avaitétudié avec un grand nombre de Chaikhs d'Orient et d'Occident,du Caire, de Syrie, des deux villes saintes et deTripoli qui lui avaient donné des diplômes, entre autresle Chaikh'Ali AI-OudjhoCrri, le Chaikh Ibrâhtm Al-Mima\)-


(Page 54.)NACHR AL-MATHÂNini, le Chaikh Chihbâb Ad-Dîn AI-Khafâdjî, les Chaikhs'Abd AI-Qâdir A)-Mahallî, At-Touraînî, Az-Zamzamî, Al­Bâbili, et d'autres. Pour avoir les détails de ses Chaihks,il faut se reporter à sa Rihla et à sa Faharasa.Ce personnage (Al-'Ayyâchî) alla deux fois en Orient; àchacun de ses voyages, il y étudia toutes les sciences avecprofit et il revint satisfait '. Il séjourna dans les deux villessaintes et il enseigna à Médine la Sainte une partie deKhalîl. depuis le commencement jusqu'au chapitre del'appel à la prière. Il dit dans sa RiMa: « J'ai commencel'explication de Khalîl, dans le fond de la mosquée, du côtéde l'Ouest j je faisais mon cours après la prière de l'Açr,jusqu'au coucher du soleil; ce cours était de force moyenne jcependant on a prétendu que jamais à aucune époque il n'yen avait eu de semblable. »AI- 'Ayyâchî tomba malade à Médine, cequi l'empêcha decontinuer son cours sur Khalîl, ainsi que celui du Kitâbach-Chamâïl, qu'il avait commencé. Il dit dans sa RiMa:«Quelquesétudiantsdu Soudan que je connaissais m'avaientdemandé de leur faire un cours sur les Mouqaddimat duChaikh As-Sanousi et sur la Naqqâyat al-Djalâl, du ChaikhAs-Souyoùtî. Je n'avais jamais enseigné ces deux ouvrageset je ne les avais jamais étudiés complètement j j'en avaisseulement commencé l'étude et lu une certaine partie: j'enavais retenu suffisamment pour oser les enseigner, saufdeux sciences que je n'ai pas traitées, l'anatomie et la médecine: je me suis refusé à les enseigner quand nous ysommes arrivés j les étudiants ont insisté en disant qu'ilsse contenteraient de ce que je pourrais expliquer des parolesde l'auteur. Je leur ai dit: Dieu a dit: « Ne poursuis pointce que tu ne connais pas'!. » Je ne connais pas ces deux1. Littéralement: avec ce qui réjouit le cœur et ce qui charme les yeux.2. QoIlAN, sourate XVII, verset 38. Trad. KAZIMIRSKI, p. 223.


3040 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>sciences, je ne les ai jamais étudiées avec aucun Chaikh etl'interprétation ne suffit pas pour expliquer une science.Chaque science a sa technique particulière que ne connais·sent que ceux qui y sont maîtres; je crains de commettredes erreurs, ce que je redoute surtout dans le Honn del'Envoyé de Dieu, que le Salut de Dieu et sa bénédictionsoient sur lui, près de son tombeau et à portée de sa vueet de son entendement. La Naqqâya est un ouvrage duSouyoûtî qui traite de quatorze sciences.J'ai enseigné également la Qourtoubiya sur le droit Malikite;environ le quart de l'Alfiya, une partie du MoukJztaçaral·'Aiçam, sur le prêt.J'ai donné !;eS différents enseignements à l'endroit oùnous avions l'habitude de nous asseoir, près de la colonnequi est à la gauche de la chaire où se tiennent les mouad·dins, dans la nef la plus rapprochée de la cour de la mosguée: c'est là que nous nous tenions habituellement.En quittant Médine, j'ai écrit à mes élèves trois vers surun papier que je leur ai dit de fixer sur la colonne auprèsde laquelle j'avais l'habitude de m'asseoir, comme souvenirde moi et pour profiter de leurs invocations:o voisins de la meilleure des Créatures (le Prophète) fa.ites bénéficierde ces invocations celui qui écrit ces paroles.Si son corps esl éloigné, son cœur est auprès de vous; il est entre vosmains comme un gage qui ne sera jamais retiré.(Page 55.)Si vous craignez de m'oublier, mon écrit vous rappellera mon souvenir;laissez-le à sa place.AI·'Ayyâchî a donné son enseignement en de nombreuxpays. Nous nous sommes attardés à celui qu'il a donné àMédine la Sainte, à cause de l'importance de cette ville.Il a été fréquemment au Hidjâz et il a fait plusieurs foisle pèlerinage: la première fois en w59 (1649-[650), puis en


N"ACHR AL-MA TIIÂNi:lor;1064 (1643-1654)' Il a séjourné dans les villes saintes, puisil est allé en Syrie et s'est entretenu avec un grand nombrede personnages distingués de son temps, entre autres Sayyidî'Ahmad ben'Abdallah Ad-Dilâï et d'autres, que Dieules agrée tous et qu'il soit pour nous ce qu'il est pour lessaints qui se rapprochent le plus de lui.Sayxidî Mouhammad ben Mouhammad 'Acim Al­A ndalousî.C'était un Saint, un homme de bien d'une vertu solide etqui possédait une inspiration évidente; il suivait la bonnevoie et la vraie loi, Aboû 'Abdallah Sayyidi Mouhammad,fils de l'homme saint Aboû 'Abdallah Sayyidî Mouhammad'Acim, - c'est sous ce nom qu'il est connu, - Al-AndalousÎ;il était disciple du Chaikh Sayyidî Mahammad ben'Abdallah 1\1a'n, que Dieu l'agrée. On lit dans le Maqçad: « Il fut d'abord son disciple et il fut ensuite celui deson successeur, le Chaikh SayyidÎ Qâsim AI-Akhçâcî, queDieu l'agrée, puis du successeur de celui-ci, notre maîtreAboûl-'Abbâs, que Dieu l'agrée, jusqu'à ce qu'il mourutentre ses bras, en lùi donnant sa bénédiction. Il faisaitsouvent son éloge pendant sa vie, alors qu'il était absentet il disait de lui que c'était un saint et un fidèle observateurdes préceptes de la religion.Il était, que Dieu lui fasse miséricorde, occupé uniquementde son travail et il négligeait tout ce qui était inutile;respectueux de la loi de Dieu, observateur de la Sounna,il était possédé de l'inspiration divine et il répétait souventl'invocation à Dieu. Il était toujours poursuivi par la penséede la divinité, au point d'être dans un état d'agitationqui le faisait marcher devant lui en poussant des cris. Il estmort, que Dieu le prenne en sa miséricorde, en 10~l"(1679-1680); il a été enterré dans Je jardin achet~ par notreAllcn. MAnoc.- XXIV. 20


<strong>ARCHIVES</strong> IIfAROCAINESSeigneur Aboûl-'Abbâs pour 'enterrer ses disciples, au momentde la peste qui sévissait à cette époque: ce jardin se. trouve au-dessus des tombeaux du Chaikh Sayyidî YoûsoufAl-FâsÎ et de Sayyidî Mahammad ben 'Abdallah, queDieu les agrée tous deux. » Ici se termine le passage duMaqçad.A t- Tabîb Sa)Tidî M ouhammad Adarrâq.Le médecin très savant, l'homme d'âge, Aboû 'AbdallahMouhammad connu sous Je nom de Adarrâq. On a déjàvu précédemment les biographies de plusieurs de sesparents; il est mort dans la matinée du mercredi 7 deDhoûl-Qa'da, de l'annéeIOgo (IO décembre 1679) et il a étéenterré à 1"Açr, auprès de Sayyidî Mas'oûd AI-DrawÎ,près de la Mouçallâ de Bâb Al-Foutoûh à Fès, que Dieu leprenne en sa miséricorde. Le faqîh Aboû Mounammad'Abd As-Salâm ben Ach-ChâdhilÎ, fils de Sayyidi Mouhammadben Aboû Bakr Ad-Dilaï, est mort de la peste le3 Mouharram de la même année (14 février 1679)' Le 5 dumême mois (16 février) est mort le faqîh Al-Hasan ben 'AliAI-Djâbirî. Cette année est mort Sayyidî Mouhammad benMouhammad Fâdil; la veille de la fête (g de Mouharram= 20 février) après la prière du Douhr, le faqih Sayyidî'Ali AI-Marràkechi est mort subitement à Miknâs, à laporte de la mosquée. Le mourabit Sayyidî 'Ali ben 'AbdAI-Wârit AI-Yaçloûti est mort le 7 Djoumâdâ AI-Oûlâ(16 juin 1679); il a été enterré dans la Zâouïa de son pèreà Zouqâq al-Hadjar (à Fès). On a vu précédemment la biographiede ses ancêtres.


NACHR AI.-MATIlÂNi3\17(Page 56.)Le Chail,h Dafa 'A llah A l-'frâqî,Le Chaikh qui connaît Dieu, ferme dans sa foi, SayyidiDafa' 'Allah, fils du Chaikh qui connaît Dieu Aboù 'AbdallahMouhammad AI-'IrâkL Le AJaqçad dit: «Son appui est leChaikh célèbre qui connaît Dieu, et dont la grande véracitéest reconnue, Aboûl-'Abbâs AI-Yamanî : c'est par son intermédiaireque la science lui a été donnée et c'est à luiqu'il se rattache. »Aboûl-'Abbas était originaire de Arbidjî; disciple de sonpère qui était disciple de son oncle, le Chaikh 'Abdallah,disciple du Chaikh Habîb Allah AI- 'Adjamî : cette chaîneremonte jusqu'au Chaikh 'Abd AI-Qâdir AI-Djîlânî, queDieu l'agrée, comme le dit Sayyidî Ahmad AI-Yamanî.L'oncle de mon père rapporte qu'il a entendu dire parNotre Seigneur Ahmad Al-Yamanî et, je l'ai copié d'aprèsce qu'il a écrit de sa propre main, que AI-Halabî a dit quelorsque le Chaikh 'Abdallah AI-Bournawî voulut se séparerdu Chaikh Ahmad AI-Yamani pour l'envoyer dans le paysdu Maghrib, il lui fit comprendrepar allusion que le ChaikhDafa' 'Allah était un Chaikh caché; Al- Halabî ajoute que ceChaikh était apparent et caché, qu'il suivait la Tarîqa Qâdiriyaet qu'il appartenait à une famille chérifienne du paysdu Chaikh AI-Yamanî, connue sous le nom de 'Irakixofm;cette famille est originaire des //alVâ{in, tribu connue:c'est une famille de savants, de jurisconsultes, de Çoufistes,de grands et saints personnages, de saints vertueux, religieuxet considérés. Leur chaîne mystique remonte depuisnos jours jusqu'au plus grand Qûtb, Notre Seigneur AbdAI-Qâdir AI-Djilânî. C'était une taqi;-a 1 qui se transmettaitdans cette famille et une baraka considérable.1. Taqiya, bonnet en laine tricotée: le Chaikh de Tariqa mettait sa taqiyasur la tète de ses disciples, pour leur transmettre la baraka.


308 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Il serait mort en 1090 (1679-1680), d'après un certainnombre de notes; mais d'après le Maqçad, il est certainqu'il est mort quatre ans avec cette époque.Sayyidî A hmad At·Targuî A l-Lamtoilnî.Le Chaikh, le Saint considérable, le modèle, le grandsavant qui connaît Dieu, Aboûl-'Abbâs Ahmad, surnomméÇâdiq, fils du Chaikh, le grand saint; Aouïs ben Abd AI­Qâdir At-Targui AI-LamtoûnÎ, habitait Ag{ar, ville duSoudan, où sa Zâouïa est célèbre. Son père et lui y ontun sanctuaire considérable. Parmi ses disciples, on trouvele Chaikh, le faqih qui connaît Dieu, Aboûl-'Abbâs AI­Yamanî; celui·ci avait un grand respect pour le personnagedont nous écrivons la biographie; il en faisait le plusgrand éloge et il proclamait ses bonnes actions et ses mérites.L'oncle de mon père l'a entendu dire que sa Voie.c'est-à-dire celle du personnage dont nous écrivons la biographie,était celle des Souhrawardiyia 1; je l'ai vu écrit desa propre maIn.~otre Seigneur et grand-père ('Abd As-Sâlam AI-Qàdirî)dit dans la Now;hat Al-Fihrî: Un homme vertueux, deceux qui sont dignes de foi et dont les allégations sontsûres, avait traversé le pays des Touaregs pour se rendreau Soudan; il s'y était rencontré avec les lils du ChaikhAç-Çâdiq qui lui dirent:« Il y a au .\laghrib AI-Aqçâ, unefamille illustre qui est des nôtres, c'est celle du ChaikhAboû Bakr Ad-Dilâï. » Cet homme est de très bonne foi et1. Souhrawardi,


NAemI At-MATIIÂN! :109il est véridique; on peut faire acte de ses paroles et il n'y apas de doute qu'il n'ait dit la vérité. On peut comprendrece qu'ont dit les fils d'Aç.Çâdiq:Cette famille est des nôtres, dans le sens que les Dilâïtessont leurs proches cousins, ou que les deux familles ontune origine commune. On peut comprendre aussi qu'ils'agit seulement d'un lien par la science: ces deux famillessont en effet des maisons de science et de sainteté. Il estpossible également que ce lien provienne de ce que les deuxfamilles appartiennent aux Lamtoûna: tous les Touaregssont en effet des Lamtoûna: cela n'est pas douteux, ainsique l'ont dit les historiens, qui sont tous d'accord sur cepoint. Les Lamtoùna sont nombreux, forts et courageux. »On a déjà vu la biographie du saint qui connaît Dieu,Sayyidî Abdallah AI-Bournawî ; il était un des disciples duChaikh Dafa' Allah dont il a été parlé plus haut. Le Chaikh'Abdallah AI-Bournawî était du rite malékite.Le personnage dont nous écrivons la biographie est morten lOgo (1679- 1680), comme il est dit dans le Maqçad.Aboû Noudjda·Fâris As-Sanâsin, un des Chaikhs deSa)Tidî Ahmad Al-Yamanî.Le Chaikh, le savant, très sujet à des ravissements mystiques,l'homme aux miracles évidents et aux prodiges surprenants,Aboû Noudjda Fâris As-Sanâsin. Le Maqçad ditqueSanâsin est le nom d'un plat de son pays et que ce surnoma été donné au Chaikh, parce qu'il servait toujours ceplat à ses hôtes et pas autre chose j il était un des professeursdu Chaikh saint, le faqîh Aboûl-'Abbas AI-Yamanî,qui raconte sur son compte des faits surnaturels extraordinaires,des miracles et des anecdotes.Il rapporte que Aboû N"oudjda a dit à plusieurs reprisesqu'il n'y avait à son époque que quatre écoles Çoufistes et


,no<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>qu'il n'yen avait pas une cinquième, comme pour les quatrerites, ce sont: l'école de Ghazzâlî, celle de Moûlây 'Abd Al­Qâdir (Qâdiriya) celle de Rifâ'j (Rifâ'iya) et celle de ChâdilÎ(Châdiliya).Le Chaikh Fâris dont nous parlons, appartena~tau ritehanafite; il habitait à Arbadjî, sur le Nil; il vivait aux environsde l'année 1090 (1679-1680).Le Chaikh Aboûl·'Abbâs Al-Yamanî a àppris du personnagedont nous écrivons la biographie, le nom de Dieu, leplus Puissant des Puissants. Voici comment cela se produisit:le Chaikh Al-Yamanî alla trouver Aboû Noudjda,pour lui demander ce nom. Lorsqu'il fut arrive auprès delui, qu'il s'assit devant lui et qu'il lui parla, il fut pris decrainte et s'en retourna sans rien lui demander. Le ChaikhAboû Noudjda devina sa pensee et lui envoya un billet oùle nom du Tout-Puissant était ecrit. AI-YamanÎ sut alorsce nom et devint son disciple.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1090 (J.-C. 1679-1680).La peste augmente et il tombe de si fortes pluies que desmaisons s'écroulent à Fès et que beaucoup de personnessont tuées. Le 4 Mouharram (15 février 1679), il ya prèsde Tanger une bataille où sont tués cinquante musulmanset trois cent cinquante chrétiens: une citadelle à quatretours est prise.


NACRR AL-MATRÂNf3l!ANNÉE 1091 (J.-C. 16So-1681).(Page 58.)Le Chaikh, l'Imdm Sayyidî 'Abd AI-Qddir AI-Fdsî.Le Chaikh, l'Imâm, le modèle des créatures, l'argumentde l'Islam 1, l'océan d'assistance, celui qui sert de lien entreles descendants et les ancêtres, le vérificateur de la Religion,soutien des vrais croyants, le plus grand savant enun grand nombre de sciences et qui en possède une tellequantité qu'on ne saurait l'imaginer, refuge de ceux quivont et de ceux qui viennent, l'appui des faibles, avecl'aide du Tout Puissant, qui secourt les gens des campagneset ceux des villes, Aboù Mouhammad 'Abd Al-Qâdirben 'Ali ben Ach-Chaikh Aboùl-Mahâsin Yoùsouf AI-Fâsî.Les biographies de son père et de son grand-père. ontdéjà été faites; on y trouvera des détails sur leur illustreorigine.Son petit-fils qui était son disciple, le très savant, lesceau des vérificateurs Aboù Mouhammad At-Tayyib, filsdu Chaikh Sayyidi Mouhammad, fils du Chaikh dont nousécrivons la biographie, lorsque dans sa Faharasa il parlede son grand-père, l'appelle : le faqih, l'Imâm, le traditionniste,le gardien pe la science, le commentateur quiconnaît les origines, le disert, le grammairien, le linguistedélicat, le logicien prudent, le controverseur habile, rob·servateur, le ÇoMi, l'Unique de son époque, celui qui aréuni les sciences qui étaient dispersées, remarquable danstoutes les sciences rationnelles et acquises, l'Imâm des1. Ce qualificatif est en général réservé à "Imâm AI-Ghazzâli.


312 ARClHVES <strong>MAROCAINES</strong>Imâms, la lumière des nations, le Chaikh des Chaikhs, leplus grand maître, celui dont la science est établie sur desbases solides, et dont la naissance est illustre; le pilier del'Islam, l'étendard des 'Oulamâ, le refuge des peuples,celui que la générosité de Dieu a embelli des ornementsqu'il accorde aux saints, et dont les actions comme les intentionsse dirigent vers Dieu; le défen


NACIIR AL-lIIATIIÂNI:Haà comprendre; il arriva à réunir un grand nombre de connaissanceset il obtint rapidement des résultats considérables.Il se maria ensuite à Fès et sa réputation se répanditau loin; les voyageurs répandaient ce qui se disait de lui;les 'oulamâ et les gens considérables s'empressaient pour.recevoir son enseignement et les gens venaient de loin pourl'entendre, tant le bruit s'était répandu du profit que l'onretirait de ses cours, de l'étendue de sa baraka et de lapuissance de ses facultés, pour la compréhension, la mémoireet la précision dans les différentes sciences. Il ajoutaità tous ces dons, l'élégance de la forme et l'exactitude;il expliquait les choses les plus obscures, de telle façonqu'elles étaient corn prises par les intelligence les plus vi veset par les plus lourdes.Ses nombreuses vertus et ses actes méritoires, ont faitl'objet de beaucoup d'ouvrages.Il attachait, que Dieu l'agrée, une très grande importanceà se lever la nuit, pour faire ses prières, et à l'effortpour répandre la science; il récitait le Qorân « avant le leveret avant le coucher du soleil, et à l'entrée de la nuit 1 ».Les Chaikhs de son époque sont tous d'accord pour reconnaîtrequ'il était un océan des sciences apparentes et cachées,qu'il était en cela l'lmâm de ce temps d'ignorance.Personne ne peut le nier, sans mauvaise foi, sans partipris, par envie et par jalousie. Mais une semblable opinionn'aurait pas d'importance. - « L'eau de l'Euphrate n'estpas souillée, si un jour des chiens y urinent. »Un autre a dit: «Si un homme médiocre dit du mal demoi, c'est un témoignage que je suis sans défaut. »Un autre encore: « Si vous ne voyez pas le croissant dela lune, croyez ceux qui l'ont vu 2. »1. QORÂN, sourate XX, verset 130. Trad. KAZ 1.'11 RSK1 , page 255.2. Pour déterminer les mois de l'année lunaire, il faut voir le croissantdu premier quartier de la lune. Les Musulmans cherchent surtout il voir cecroissant pour le premier et le dernier jour du jedne de Ramadân.2 1


ARCIIIVES MAnOCAI~ESIl était, que Dieu lui fasse miséricorde, le secours des savantset des ignorants, dans toutes les difficultés des chosesreligieuses ct profanes. Les assemblées de savants se conformaientà son opinion l, et il ne craignait le blâme dequi que ce fût 2 • Il ordonnait le bien et défendait le mal;il disait la vérité; il tenait tête aux Souverains et auxgrands et il avait le don de pouvoir le faire sous une formesi agréable, qu'il arrivait à convaincre ceux qui lui résistaienttout d'abord et que les plus orgueilleux tenaientcompte de ses paroles et ~'y conformaient; les plus vaniteuxne lui résistaient pas.Imposant d'aspect, il était respectable par sa conduite.Il y avait peu d'étudiants ou de savants en Ifriqiya et auMaghrib qui ne fussent de ses disciples ou de ceux desdes membres de sa famille, ou qui ne recherchassent pas àse rattacher à lui d'une façon quelconque.Il mourut, Dieu lui fasse miséricorde et qu'il l'agrée, àl'heure du dhouhr 3 le mercredi 9 Ramadân (3 octobre 1680)et fut enterré le lendemain, conformément à sa volonté,dans sa Zâouïa, là où il donnait son enseignement.Cette Zâouïa est dans le quartier des Qalqliyin. C'étaiten l'année 1091 (1680-1681).On vint de tous les côtés à son enterrement et on fit surlui un grand nombre de poésies; que Dieu lui accorde samiséricorde et nous le rende profitable. Il n'est jamaisvenu à sa pensée, que Dieu lui fasse miséricorde, de faire(Page 60.)ni un ouvrage original, ni un commentaire, mais il a parude lui quelques Adjwîba (Réponses) à des questions quilui avaient été posées et qui sont plus profitables que de1. Littéralement, se séparaient sur son opinion.2. QOR.


NACHR AL-MATHÀNi 31!,)véritables ouvrages; « il produit tout et fait tout rentrer àlui 1 ». Il existe un grand nombre de ces Adj1piba qui sontaujourd'hui très répandues chez tout le monde. Elles formentdeux gros volumes. Il a fait également A l-A 'qîda(L'article de foi) ouvrage con nu, qui lui est attribué; un.cahier, sur les obligations religieuses et les traditions; cetouvrage est connu de tous.Il a étudié également les hadîth avec l'oncle de son père,l'Imâm qui connaît Dieu. Aboû Zaïd 'Abd Ar-Rahmân ben.\:louhammad AI-Fâsî, avec le Qâdî célèbre, Aboûl-QâsimAboûn-Na'îm Al-Ghassânî, un des plus grands Chaikns etqui possédait à fond les sciences; ses connaissancesétaient très étendues dans les sciences rationnelles; il exposaitet expliquait clairement. AI-Ghassânî est né en Ramadân952 (novembre-décembre 1545); il a étudié avec Aboûl­'Abbâs AI-Mandjoûr, avec Ibn Midjbar, avec Aboûl-'AbbâsAhmad Bâbâ As-Soûdânî, avec As-Sarrâdj, avec Al-Houmaïdîet avec d'autres. Il est mort assassiné par quelquesbandits en Dhoûl-Qa'da 1032 (août-septembre 1623). 'AbdAl-Qâdir AI-Fâsî reçut également l'enseignement de l'ImâmAl-Hâfidh Aboûl-'Abbâs Ahmad ben Mouhammad AI­Maqqarî At-Tlimsânî, et il étudia l'éloquence, les articles defoi, la lexicographie, la science biographique, le Çoufisme.et toutes les sciences, avec l'oncle de son père, Aboû Zaïd'Abd Ar-Rahmân ben Mouhammad AI-Fâsî et avec sononcle, Aboû 'Abdallah Mouhammad A!·'Arbî ben Yoûsoufben Mahammad AI-Fâsî, avec le Qâdî Ibn Aboûn-Na'îm ; ila étudié les principes, avec l'oncle de son père, Aboû Zaid'Abd Ar-Rahmân, avec son oncle Aboû 'Abdallah MouhammadAI·'Arbî, avec le Qâdî Aboûh-Na'îm et avec Aboû.\:louhammad 'Abd Al-Wâhid ben Ahmad Ibn 'Achir Al­Ançârî; il a étudié la grammaire avec Aboûl·Hasan 'Ali benZoubair As-Sidjlamâsî, avec le Qâdî Ibn Aboûn-Na'îm,1. QORÂ"I, sourate LXXXV, verset 13. Trad. KAZIMIRSKI, page 504.


1116 ARGIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>avec l'oncle de son père Aboû Zaid 'Abd Ar-Rahmân,avec son oncle Aboû 'Abdallah Mouhammad AI-'Arbi etavec son père Aboûl-Hasan 'Ali ben Yoûsouf AI-FâsÎ. Cedernier était un pratiquant; il étudia avec des Chaikhstels que AI-Houmaidi, As-Sarrâdj, AI-Qaddoûmî, IbnMidjbar et d'autres. Il se rencontra avec un grand nombrede Çoûfis et profita de leur baraka, entre autres sonpère le Chaikh Aboûl-Mahâsin Yoûsouf AI-Fâsî, le ChaikhAbou Zaid 'Abd Ar-Rahmân AI-Madjdoûb, le ChaikhAboul-Hasan 'Alî Ach-Choullî. Il est né en 960 (1552- 1553)et mort en 1030 (1620-1621). Le personnage dont nousécrivons la biographie avait étudié le droit avec sonpère Aboûl-Hasan 'Ali, avec l'oncle de celui-ci AboûZaid 'Abd Ar-Rahmân, avec son oncle Aboû 'AbdallahMouhammad Al- 'Arbi, avec le Qâdî Ibn Aboûn-Na'im,avec le Chaikh Aboûl-'Abbâs AI-Maqqarî, avec AbouMouhammad 'Abd AI-\Vâhid Ibn 'Âchir, avec le ChaikhAboû 'Abdallah Mouhammad AI-Djannân. Il se rattachedans la Voie Çoufique et pour l'explication du langagemystique, au Chaikh qui connaît Dieu, Aboû Zaid 'AbdAr-Rahmân ben Mouhammad AI-Fâsî; c'est sur lui qu'ils'appuie et c'est à la lumière de sa science qu'il demandesecours.JI parlait souvent de lui, il tirait des arguments de sesdiscours et il suivait sa direction.(Page 6[.)A la mort de ce personnage, 'Abd AI-Qâdir s'attacha auChaikh Aboû 'Abdallah Mouhammad ben 'Abdallah MouhammadMa'n AI-Andalousî, que Dieu Élevé le prenne ensa miséricorde et qu'il l'agrée. Il s'était auparavant rencontréavec une assemblée de Chaikhs Çoufistes et avaitprofité de leur bénédiction, tels que le Chaikh Aboûl-Qâsimben Zoubair AI-Miçbâhî enterré à AI-Qaçrj il est mort enMüuharram 1018 (avril-mai 1609); il avait été le compa-


NÀCIIR AL-MATIJÀNÎgnon d'Aboû Mouhammad 1 Aïsâ AI-Miçbâhî, disciple luimêmedu Chaikh AI-Ghazwânî; tels également que leChaikh Aboù 'Abdallah Mouhammad ben Moûsâ As-Sarîfî.mort en 1022 (1613-16'4), compagnon de Sayyidî Aboû­Ach-Chitâ et d'autres; le Chaikh Aboùl-Hasan 'Ali benAhmad Aç-Çarçarî, mort en 1017 (1608-1609), discipled'Aboû-Mahadî Aïsâ bel-Hasan AI-Miçbâhî; le ChaikhAboû Abdallah Mouhammad AI-Qoudjairî AI-Qaçrî, morten 1044 (1634-1635), disciple d'Aboû l\louhammad 'Abdallahben Hassoûn As-Salasî, enterré à Salé; le ChaikhAboû Zaid 'Abd Ar-Rahmân Ach·Chérif AI-Ladjaa'i, mortaprès 1040 (1630-1631); le Chaikh San'idi Djalloûl benAI-Hâdj, mort en 1037 (1627-1628). disciple de SayyidiAI-Hâdj l\louhammad Ar-Râmî At-Touâtî, enterré à BâbAI-Guisa à Fès; le Chaikh Sayyidî ~Iousain Az-Zarwili,mort le 22 Çafar 1031 (6 janvier 1622), disciple de SayyidiAhmad ben Djâma' ; le Chaikh Aboû Zaid'Abd Ar-Pahmànben Mouhammad AI-Fâsî. C'est sur ce dernier qu'il s'appuieet c'est à lui qu'il a recours; et Dieu est le plussavant. »Ici se termine ce que dit dans sa Fahamsa, Sayyidî At­Tayyib, petit-fils du personnage dont nous écrivons labiographie. J'aurais pu me passer de faire 1


:lIS<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>dire, « les gens de la Mekke en connaissent les détours» et« on ne doit entrer dans la maison de quelqu'un que par laporte ».Tout ce que Sayyidî At-Tayyib rapporte sur son grandpèreest universellement répandu; c'est très connu, cela nefait aucun doute et tout le monde l'a présent à l'esprit.Les disciples de Sayyidî 'Abd AI-Qâdir, lorsqu'ils écrivaientson nom, y ajoutaient toujours: A 1-'A 1'ifoÎl 13illahi,«Celui qui connaît Dieu»; entre autres 1e Chaikh, letrès savant vérificateur, le Qâdi Aboû 'Abdallah AI-Mad·jad. Il n'est pas douteux que la connaissance de Dieu nesoit le plus haut degré de la perfection..J'ai dit dans un de mes poèmes composé sur la famille dupersonnage dont nous écrivons la biographie et où il estdécrit:Le premier d'entre eux est le Chaikh admirable, l'étendard unique,'Abd AI-Qâdir.Le Chaikh des Chaikhs, le seul de son rang; c'est lui qui a vérifiéles sciences dans le Maghrib ent;er.La lumière a brillé dans son horizon et les secrets ont jailli de sascience.(Page 62.)Ceux qui se réunissent avec lui, l'ont mis à leur tête et tous sontd'accord pour lui témoigner du respect.Sa science est célèbre et évidente, c'est un don glorieux et divin.Il est haut par son rang et par sa valeur: la considération et leségards le grandissent encore.Son sanctuaire à Fès est illustre et ceux qui le visitent voient leursvœux exaucés.Il est des plus vénérés; c'est le refuge de ceux qui se consacrent àl'adoration.On y récite les hif(bs et les lVirds, et les gens comptent sur son assistance.Ceux qui séjournent auprès de lui, obtiennent de la considération etdu respect.Il guérit ceux qui souffrent et qui demandent son appui et ceux quis'adressent à lui avec foi.


NACIIR AL-MATHÂNÎ 31!J1\ a rendu claire la Tarîqâ Çoûfiya et en a rénové la voie évidente.1\ a facilité l'es sciences et la connaissance de Dieu et il a rendu manifestesles arguments et les preuves.Tous les Chaikhs du Maghrib sont· devenus ses disciples; il est leplus élevé de tous.On peut se rendre compte par la lecture de ces vers, del'opinion que les élèves d"Abd AI-Qâdir AI-Fâsî avaient delui. tels que notre Seigneur et grand-père, que Dieu luifasse miséricorde; celui-ci, en effet, lorsqu'il parle du personnagedont nous écrivons la biographie, l'appelle « leChaikh, l'Imâm » ou « le Chaikh AI-Djamâ'a » ou quelquechose du même genre, qui exprime son idée qu'il estsupérieur à tous.J'ai vu dans les écrits des grands personnages de sonépoque, qu~ l'on cherchait à tout prix à être son disciple,à se soumettre à son autorité et à se rattacher à lui. Chacunse réjouissait de s'approcher de lui et faisait ses louangesde son mieux.Il est courant de dire et je l'ai entendu raconter parquelqu'un qui l'avait recueilli de la bouche de mon Chaikh,l'homme le plus précis de son temps, Sayyidî Al-Kabir benMouhammad As-Sarghinî, que Dieu lui fasse miséricorde,que, sans trois personnes, la Science aurait disparu duMaghrib au onzième siècle, à cause des troubles qui se sontproduits à cette époque. Ce sont: Sayyidî Mouhammedben Nâçir, dans le Dra'a; Sayyidî Mouhammed ;ben AboliBakr à DilÎ\; Sayyidî 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî à Fès. Celaest établi par ce qui précède.Le Chaikh Aboûl·'Abbâs ben Ya'qoûb AI·Wallâlî, dansles Mabâhilh-A l-Anwâr, dit à propos du personnage dontnous écrivons la biographie: «C'était le personnage le plussavant de son époque, l'océan de sciences de son temps, leplus désintéressé des Oulama en ce qui concerne les biensde ce monde. »Malgré l'étendue de sa science et son grand prestige, il


320 ARCHlYES <strong>MAROCAINES</strong>vivait du travail de ses mains; il faisait surtout des copiesdu Çahîh de Boukhârî et les vendait pour en vivre: onrecherchait beaucoup les copies écrites de sa main, pour labaraka qui y était attachée et pour leur exactitude.Il était déjà d'un âge avancé, lorsque le Sultan MoulayAr-Rachîd monta sur le trône; il voulut lui faire un donpour lui venir en aide.(Page 63.)AI-Fâsi l'ayant appris, lui fit dire: « Dites-lui qu'il sepréoccupe d'un autre que de moi; celui qui m'a donné cequ'il me faut depuis que j'étais au berceau jusqu'à ce quema barbe fût devenue blanche, me viendra encore en aide. »Puis il raconte ce que le Chaikh As-SanoûsÎ avait dit à unsouverain de son temps qui lui offrait un don: « Que Dieuvous récompense de votre bonne intention; mais je crainsle moment où les mers de l'autre monde déborderont surmoi, et je veux être alors débarrassé des choses du mondeprésent afin de pouvoir les traverser facilement. »'Abd Al-Qadir AI-Fâsî s'occupait uniquement de ce qu'ildevait faire; il n'avait de temps que pour s'entretenir deschoses de science, ou pour donner de bons conseils. Tousceux qui l'ont fréquenté, témoignent de sa foi profonde.Il était versé dans un grand nombre de sciences; il possédaità fond les sciences rationnelles et il avait des connaissancesétendues dans les sciences dérivées.Son enseignement habituel portait sur les hadîth et surle Çoûfisme et ceux qui le recevaient tiraient profit de sonintelligence et de sa parole. Les 'Oulamâ célèbres d'Orientet d'Occident reçurent de lui des diplômes. Il n'acceptaitpas l'enseignement d'un dhihr, comme les Chaikhs ontl'habitude d'en enseigner à leurs disciples, si ce n'est avecla chaine de ce dhikr, jusqu'à son origine.


• NACIHl AL-,IJATIIÀNÎ 321On ne pouvait lui p::trler d'une science sans s'apercevoirqu'il en possédait une connaissance profonde. Il jouissaitde la considérûtion de tous et personne ne pouvait leprendre en défaut, tant sa conduite était pure, tant il évitaitde s'occuper de c~ qui ne le concernait pas et tant sascience étaitcomplète ; sa renommée en matières religieuseet scientifique était universelle en Orient et en Occident;sa nature était noble, personne n'avait recours à lui sansqu'il ne sortît au-devant de lui et sans qu'il l'écoutât avecbonté, à tel point que c'était celui qui l'avait appelé, quiprenait congé de lui le premier. Il ne cherchait pas à compliquerles choses en donnant des explications sur les hadithou sur une question relative au Çoufisme.Lorsqu'il fut atteint de la maladie dont il devait mourir,j'entrai chez lui avec un membre de la famille du Prophète,pour avoir de ses nouvelles. Nous le trouvâmes dansson lit, et après l'avoir salué nous lui demandâmes: « Commentallez-vous? » il répondit: « Bien, Dieu soit loué» ;puis il ajouta: « Je ne ressens aucune douleur, ma maladieest causée par la vieillesse, elle n'a pas de remède, et quoiqueje ne souffre pas, je trouve long le temps qu'il me faut nefaire ma prière que par signes. »Je lui pris alors la main et je trouvai qu'il avait uneforte fièvre: cependant il disait qu'il ne souffrait pas.Il dit ensuite: « Mais je dis, ô mon Dieu, faites-moivivre si la' vie est préférable pour moi, ou faites-moimourir, si ta mort est préférable pour moi. »«On peut comparer mon cas à celui qui est rapporté parAt-Tha'libî et par d'autres: Un homme avait ordonné àses esclaves de faire un certain travail; il envoyait quelqu'unpour constater ce qui avait été fait, et il récompensaitlargement ceux qui travaillaient bien, mais il punissaittrès sévèrement ceux qui étaient négligents. Un desesclaves eut peur que le maître n'envoyât constater l'état dutravail avant qu'il ne fût terminé, il se hâta et après avoirAnCI\. MAnoc. - XXIV. 21


322 ARt.:IlI VES .'I.\HOG.\INESfini sa tàche il prépara en outre lin cadeau pour sonmaître... Ce travail est comme les obligations religieuses et .le caJeau comme les prières surérogatoires. Lorsque l'envoyédu maître vint, il trouva que cct esclave avait bientravaillé et lui dit que son maître en avait connaissance et(Page 64.)que ce lui avait été promis était prêt: l'esclave joyeux serendit avec l'envoyé pour recevoir ce qu'il attendait.« Un autre esclave ne se pressait pas pour accomplir latâche et l'envoyé, lorsqu'il vint, constata dans son travailune négligence qui devait mécontenter son maître; il luiparla durement et le prévint que le maître avait connaissancede cette négligence, et il le maltraita. L'esclave luidemanda en Je suppliant par le nom de son maître, de luiaccorder un délai. L'envoyé refusa et il l'emmena pour lefaire punir.« Il en est de même de nous, que Dieu Élevé nous jetteun regard de miséricorde. »Je lui dis: «0 Monseigneur, je vous demande de m'accordervotre amitié au nom de Dieu Élevé. » Il me prit lamain et me dit: « Que Dieu nous agrée tous. ,.. Puis il setourna vers le descendant du Prophète qui m'accompagnaitet lui dit: « C'est Moûlây « un tel» j je lui dis: «C'estlui. »'Abd Al-Qâdir AI-Fâsi ajouta:« J'ai toujours recherchél'amitié des descendants du Prophète; vous êtestémoin que je n'ai jamais eu aucune prétention, et que jeme suis borné à échanger des con naissances scientifiquesavec mes compagnons. »Nous le quittâmes ensuite, en lui disant adieu. J'ai entenduraconter par quelqu'un, qu'il avait vu en songe undes ancêtres de Sayyidî 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî avec leChaikh 'Abd Ar-Rahmân AI-Madjdoûb, qui est la soyrce desvertus des Fâsiyyîn : ils causaient, avant la mort de Sayyidî'Abd AI-Qâdir, de l'endroit où il serait enterré. AI-Madjdoûb


NACllR AL-MATHÂNi 323disait: « Il faut l'enterrer ici, à l'endroit où il faisait sescours », en montrant un endroit de sa Zâouïa; et c'est làqu'il fut enterré. Son tombeau est encore aujourd'hui unendroit de pèlerinage pour les gens de Fès j que Dieu nousfasse profiter de son affection et de celle de ses pareils. Icise terminent les paroles du Chaikh Ahmad ben Ya'qoûb(AI- Wallâlî).Parmi ceux qui ont reçu l'enseignement du personnagedont nous écrivons la biographie et qui ont reçu de lui undiplôme, ou qui ont simplement suivi ses cours, on cite:l'Imâm Aboû 'Ali Al-Hasan Al-Yoûsî; il appelle Sayyidî'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî «mon Chaikh» et il le compte parmises Chaikhs dans sa Faharasa; il dit: Parmi eux (parmimes chaikhs) l'Imâm des peuples, le guide, le plus grandsavant Çoûfi, le Chaikh Al-Djamâ'a de son temps dans laville Idrisite de Fès, Aboû Mouhammed 'Abd AI-Qâdir ben'Ali Al·Fâsî; je l'ai rencontré dans sa Zâouïa et j'ai eu aveclui de nombreux entretiens sur des choses importantes etj'ai formé avec lui des liens d'amitié fraternelle, au nom deDieu Élevé.Je lui ai demandé un diplôme pour toutes les sciences etil me ra accordé. AI- Yoûsî a donné le texte de ce diplôme,qui est trop long pour être rapporté ici; il a été écrit en1081 (1670-1671). Ce diplôme est général à tout ce que AI­YoûsÎ avait recueilli de l'enseignement d"Abd AI-Qâdir AI­Fâsî et d'autres professeurs; il a trait également à toutesles sciences énumérées dans les Fahamsa d'AI-Qaççâr etd'Al-Mandjoûr; il avait été diplômé pour ces sciences parSayyidî 'Abd Ar-Rahmân, oncle du père de Sayyidî 'Abd AI­Qâdir Al-Fâsî, par son oncle Sayyidî AI- 'Arbî, disciple d'Al­Qaççâr; etpour toutes les sciences pour lesquelles ils avaienteux-mêmes tous les deux été diplÔmés par leur Chaikhcommun, Ibn Aboûn-Na'îm, disciple d'AI-Mandjoûr, ainsique pour toutes les sciences pour lesquelles il avait obtenu


ARCIIIVES lIIAROCAINESun diplôme. A la fin des Mouhâdarât le Chaikh AI- Yoûsîappelle également Sayyidî 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî « monChaikh ». .On trouve dans quelques ouvrages que le Chaikh Al­Hasan Al-YoûsÎ n'avait pas été disciple du personnage dontnous écrivons la biographie; cela signifie qu'il n'avait pasreçu son enseignement de la manière habituelle, en s'asseyantdans le cercle avec les autres élèves et en suivantrégulièrement ses cours. Je n'ai jamais entendu dire qu'ilse [lit conformé à cet usage, et le Chaikh AI-YoûsÎ lui-mêmene parle de rien de semblable en énumérant dans sa Faharasales diverses sciences étudiées par lui.(Page 65.)D'autre part, il est exact qu'il a étudié avec AI-Fâsî,dans des entretiens fréquents et qu'il a été diplômé par lui,comme Al-Yoûsî le déclare lui-même dans sa Faharasa.Dans les notes du Hâfid Aboû Zaid, fils du personnagedont nous écrivons la biographie, il est dit que dans la nuitdu lundi 3 de Qa'da (2 mars 1672), on entendit une voixqui paraissait réciter, sortant du tombeau du personnagedont nous écrivons la biographie; c'était après la prière del'A'châ; cette voix fut entendue par environ quarante personnes;elle avait déjà été entendue vers le deuxième jourdu mois précédent. Que Dieu nous le rende profitable.Amin.Cette anecdote rappelle celle rapportée par le HâfidAboûNoua'im AI-Içbahânî dans les Isnâds de son ouvrage lellaliya d'après 'Abdallah Ibn 'Abbâs, que Dieu les agrée,dans la biographie d'Aboûl-Djouza', que Dieu les agrée. Ildit: Un compagnon du Prophète, sur lui soient la bénédictionet le salut, avait planté une tente sur un tombeau,sans le savoir, lorsqu'il entendit une voix qui récitait la


NACIIR AL-MATIIÂNÎ 1\25sourate: « Béni soit celui dans la main de qui est l'Empiref, etc. », jusqu'à la fin.I! alla trouver le Prophète, que la bénédiction et le salutsoient sur lui, et il lui dit: 0 Envoyé de Dieu, j'ai plantéune tente sur une tombe, sans savoir que c'était une tombeet j'ai entendu quelqu'un réciter la sourate: « Béni soitcelui, etc. », jusqu'à la fin.L'Envoyé de Dieu, sur lui soit le salut, lui dit: Cettesourate est celle qui défend et qui sauve de la souffrancedu tombeau. Aboû-Noua'ïm ajoute: Cette anecdote rapportéepar Aboûl-Djouza', est extraordinaire; je ne l'ai pasécrite d'après une transmission ininterrompue, mais seulementd'après ce que raconte Yahyâ ben 'Oumar d'aprèsson père. I! y a un grand nombre de hadîth certains, etd'autres, sur les vertus de cette sourate.AI-Djalâl As-Souyoûtî dit dans ses notes marginales duMouwatta: On sait que cette sourate protège dans le tombeauet également au jour de la résurrection; elle écarte lespeines et elle ouvre le paradis. Sans doute, comme le Chaikhdont nous écrivons la biographie aimait à réciter le Qorân,ainsi que nous l'avons dit, Dieu lui a permis cette récitationdans son tombeau; que Dieu nous rende ce Chaikhprofitable.Voici un exemple des éloges donnés dans sa Rihla parle Chaikh Aboû Sâlim Al-'Ayyâchî, au personnage dontnous écrivons la biographie: après avoir parlé de sa visiteaux tombeaux des Chaikhs Aboûl-'AbbâsAI-Moursî, YâqoûtAl-'Archî, Aboû 'Imrân ibn AI.Hâdjib, à Alexandrie, ilajoute: Je suis allé visiter le chaikh AI-Moursî et lorsqueje me suis trouvé en sa présence et que je l'ai eu salué, j'aicommencé par implorer Dieu en ma faveur, en celle demes compagnons et de mes Chaikhs.J. QORÀN, sourate LXVII, verset 7. Traduction KAZIMIRSI(I, p. 468.


326 ARCUIVES <strong>MAROCAINES</strong>Lorsque j'ai prié en faveur de mon Chaikh Aboû Mouhammad'Abd AI-Qâdir AI-Fâsi, que Dieu l'agrée, il m'estarrivé une chose qui ne m'était jamais arrivée auparavantet je (us pris d'une émotion telle que Dieu seul peut enjuger, à tel point qu'il me sembla que mon Chaikh AboûMouhammad était lui-même présent, j'ai compris d'aprèscela, que ce Chaikh suivait la voie du Chaikh Al-Moursî,qu'il marchait sur ses traces et qu'il avait hérité de sascience.Pour qui connait le Chaikh Al-Moursî, qui peut se rendrecompte de la valeur de ses écrits et de ses actions et pourqui a connu la vie du Chaikh 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî, ceque je viens de dire est incontestable. Ici se terminent les(Page 66.)paroles d'Aboû Sâlim. Ce qui vient d'être dit sur le personnagedont nous écrivons la biographie, est connu detous.La mort du Chaikh 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî causa un deuilgénéral et elle fut considérée à Fès et partout comme unecalamité. On écrivit sur sa mort des poésies; entre autresla suivante, composée par son fils Sayyidi Mahammad:On dit qu'il est mort, ce grand savant, comme meurt tout le monde.Par ta vie, c'est ainsi que parlerait un sot.Jamais la mort d'un grand savant ne peut être comparée à celle d'unhomme quelconque; sa mort équivaut à celle d'un grand nombred'hommes.Il était le refuge de ceux qui cherchaient son aide, la forteresse imprenablede la Religion de Dieu.Il obéissait à la volonté de Dieu, et celui qui obéit à la volonté deDieu est un objet de respect et de considération.(mâm prestigieux, désintéressé, humble et généreux, sa bonté, sascience et sa piété étaient évidentes.Mes yeux doivent verser des pleurs suffisants à arroser les terres del'Orient et de l'Occident.Le chagrin de sa mort ne nous a-t-il pas tous atteints? La Religionelle-même en a été attristée.


NACHR AL-MATHÀ.Ni 327L'Islam a été en deuil le jour où il nous a quittés, Les hommes ensont restés frappés de stupeur et leurs larmes coulaient.La Science disait: «Où est son parei! pour me posséder et qui pourrame connaître aussi complètement? Dis à ceux qui n'élèvent pas lesavant au rang qu'il mérite: Par Dieu, je n'ai jamais vu personne aussidépourvu de raison que vous.•Et c'est la vérité; des assemblées se dispersèrent lorsqu'ilmourut et les principes d'un grand nombre de sciencesfurent perdus, ainsi que leurs ramifications.Son enseignement consistait surtout dans l'explicationdes textes, dans les Çahîhaïn (Hadîth de Boukhârî et deMouslim), dans les Chamâïl, dans la Risdla d'Ibn AboûZaid et dans la Ihyâ d'Al-Ghazzâlî. Il donnait aussi desconsultations. Il n'a jamais terminé l'enseignement duMoukhtaçar de Khalîl et il n'est parvenu qu'au paragrapheAs-Sah1lJ l,Aboû 'Ali Al-Yoûsî, pour faire ses condoléances auxdeux fils du personnage dont nous écrivons la biographie,les deux Imâms Sayyidî Aboû 'Abdallah Mahammad etSayyidî Aboû Zaid 'Abd Ar-Rahmân, composa les vers sui·vants :C'est une telle calamité que si la terre en ressentait les effets, lesfleuves cesseraient de couler et l'herbe de pousser.Et que si le firmament en était éprouvé, le soleil ne se lèverait pluset la lune ne se coucherait pas.On trouvera plus loin, s'il plaît à Dieu, le texte de cettepoésie de condoléances, dans la biographie du Chaikh AboûZaid, que Dieu nous rende profitable tous ces saints personnages.Amin.1. Sur l'oubli d'une ou de plusieurs prosternations dans la Prière. Cha·pitre d'As-Salât, la Prière, le 2' chapitre du Moukfltaçar.


328 <strong>ARCHIVES</strong> lIIAROCAINESLe Chaikh Sayyidî Al-Housain Ibn Naçar Ad-Dam'î.Le faqîh, le Savant, le Çoûfî, le saint ascète Aboû MouhammadAI-Housain ben Mouhammed ben Naçar Ad­Dara'î AI-Ighlanî, est le frère germain du Chaikh Aboû'Abdallah dont il a été parlé.Le Chaikh AI-Housain, que Dieu lui fasse miséricorde,était savant dans un grand nombre de sciences qu'il possédaitcomplètement. Détaché des biens de ce monde, c'étaitun personnage vertueux, voué à l'adoration de Dieu. Ils'instruisit auprès de plusieurs Chaikhs dont il a donné lesnoms dans sa Faharasa, entre autres, son frère le Chaikhle plus savant, le saint, Aboû 'Abdallah Mahamrnad. Il alu avec lui six fois entièrement le Moukhtaçar de Khalîl,cinq fois le Taslzîl d'Ibn Mâlik, et d'autres ouvrages.(Page 67.)Parmi ses professeurs se trouvaient également le ChaikhAboûl·Hasan ben Djabboûr AI-Firkalî, avec lequel il aétudié un ouvrage sur la Théologie dogmatique, la gram·maire et les traditions; le Chaikh Aboû 'Abdallah Mouhammedben Sa'id As-Soûsî AI.Mirghiti, auteur du Mouqni',. il a étudié avec lui la Raouda, sur la déterminationde l'heure, le Moukhtaçar de Khalîl, le Çahîh de Boukhârî,le Mouwatta, les mathématiques dans la Mouniyaet dans d'autres ouvrages, ainsi que d'autres sciences.Il a suivi, sans doute à la mosquée d'AI-Azhar au Caireles cours du Chaikh Soultân AI-Miçrî et du Chaikh Az­Za'tarî. lia reçu l'enseignement du Çoûfisme et de la Tariqapar plusieurs Chaikhs,entre autres par Je Chaikh 'Abdallah.ben Housain et le Chaikh Sayyidî Ahmad ben IbrAhim quiavaient été aussi les Chaikhs de son frère. On a déjà vu lesbiographies de la plupart de ces personnages. Il a eu éga-


NACIIR AJ.-l'tIATIIÂNÎll2!1lement comme Chaikhs d'autres savants, tels que le Bâbiliet 'Abd AI-Mâ 'ti AI-Mâlik AI-Miçrî.A l'époque où il avait l'intention de s'établir à Ighlan, ilsalua un matin Sayyidî Ahmad ben Ibrâhîm. Le personnagedont nous écrivons la biographie dit dans sa Faharasa:Il me regarda, se mit à sourire et me dit: « Si vousavez l'intention de vous établir à Ighlan pour y chercher laScience, je vous autorise à le faire. »J'étais profondément triste à l'idée de me séparer de mesChaikhs et je ne me consolais pas de quitter leur voisinageet leur pays: d'autre part, je comprenais que je m'établiraisà Ighlan, d'après ce que m'avait dit Sayyidî Ahmadben Ibrâhîm. Celui-ci ajouta: Votre frère Sayyidî Mouhammadne pourra sous aucun prétexte s'établir à cet endroit.Je convins avec un de mes amis d'aller visiter le tombeaudu Qotb Sayyidî 'Abdallah, l'année même où il mourut, etde lui demander son intervention pour voir le Prophète,sur lui soient la bénédiction et le salut. Après avoir visitétrois fois ce tombeau, mon ami vit le Prophète et je ne levis pas; je me rendis chez Sayyidî Ahmad ben Ibrâhîm,que Dieu l'agrée, je l'informai de ce qui nous était arrivéà mon ami et à moi et je lui dis: Peut-être ne suis-je pasmusulman?- Ne dites pas cela, me répondit-il, mais retournezau tombeau du Chaikh et demandez-lui ce que vousvoulez obtenir. C'est ce que je fis et jè vis le Prophète, quela gloire et le salut soient sur lui; c'était à l'extrémité dupays du Maghrib, à Tamgrout; je l'accompagnai jusqu'àIghlan, près de la mosquée d'Ait Sayyidî 'Ali; là il disparuten me disant: «Attends-moi jusqu'à ce que je revienne. >.>Puis je me réveillai. Alors je me décidai à aller m'établirà Ighlan et à quitter mon frère et mon Chaikh en obéissantà la double indication du Chaikh Sayyidî Ahmad benIbrâhim, que Dieu le prenne en sa miséricorde, et durêve pendant lequel j'étais allé avec le Prophète, deTamgrout à Ighlan. Il ajouta: Ensuite le Chaikh, mon2 2


:130 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>frère, m'envoya en 1053 (1643-1644) faire un pèlerinageaux Saints de Marrâkech et à ceux d'Aghmat j en l'année1054 (1644-1645) il m'envoya en pèlerinage au tombeau duSaint personnage Sayyidî Abot1 Yazza, et en l'année 1063(1652-1653) il m'envoya au tombeau du Prophète.Sayyidî Housain ben Naçar dit que pendant ce pèlerinage,il ne souffrit jamais ni de la faim ni de la soif. Lespèlerins et leurs chefs étaient, dit-il, étonnés de la facilitéde notre voyage. Nos parents nous accompagnèrent jus-(Page 68.)qu'à un endroit appelé AI-Madâdik et lorsqu'ils nousfirent leurs adieux, le souvenir de mon frère me causa unchagrin insurmontable que j'exprimai en ces vers:Nous sommes arrivés à l'Oued de Madâdik j le chagrin me bouleversect me fait changer de couleur.- Je dis: l'amertume de la séparation se répand en moi, mais monaffection pour le Prophète est plus forte et plus douce que tout aumonde.- Réjouissons-nous d'être dignes de nous rendre auprès de lui, celaécarte de nous toute tristesse.- Réjouissons-nous, nous avons obtenu le bonheur que nous souhaitions,en nous dirigeant vers celui que nous aimons et qui est rapprochéde Dieu.Il ajouta encore: «Nous ne sommes entrés dans aucuneville, sans y être accueillis par ses Saints et par tous seshabitants; ils nous ont hébergés et ils nous ont nourris.Nous ne nous sommes arrêtés dans aucun désert sans ytrouver des nappes d'eau profondes, par la grâce de Dieuet par la bénédiction des Chaikhs. »Un des amis de mon frère, qui était avec nous, voulutaller visiter à Biskra, un saint personnage appelé SayyidîMouhammad ben Abot1 'Ali, il me demanda de l'accompagner;je ne voulus pas le lui refuser. Nous allâmes le


NACHR AL-MATHÂNl3.'JIvisiter et mon compagnon lui demanda de lui assurer lasécurité de la route. Je vis après cela en songe, le professeurSahidî Ahmad ben Ibrâhîm, qui me dit: «Tu as glissé,mon enfant, et tu as péché: lorsqu'on a bu à une sourceil faut s'y tenir; il ne faut pas en troubler l'eau: commentpourrait-on en souhaiter une autre ? Penses-tu que tun'aies pas éprouvé de difficultés, ni supporté de priv~tions(pendant ton voyage)? Par Dieu, tu dormais dans uneposition fatigante et je venais te soulager. Veux-tu voirSayyidî


332 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>après t'être levé?» Sayyidî Ahmad ben Ibrâhîm disait que(Page 69.)Sayyidî Ahmad ben 'AH ben Dawoud, Chaikh du ChaikhSayyidî 'Abdallah ben Housain, avait dit: « Le sommeild'une année vaut un quart de moudd de son» (n'a aucunevaleur).Ici se termine ce que dit dans sa Faharasa le personnagedont nous écrivons la biographie; j'en ai retranchéune grande partie, en en donnant seulement la substance.Cette Falzarasa est écrite dans un style très élégant, et ellecontient, sous une forme séduisante, des règles excellentes.C'est un privilège de la lumière éclatante qui émane dessaints personnages; leur science est comme une pluie bienfaisante.On trouve dans les paroles du Chaikh dont nous écrivonsla biographie, des choses instructives; entre autresque les Chaikhs n'aiment pas que leurs disciples en écoutentun autre; qu'ils ont pour leurs élèves une grande sollicitude;qu'ils sont eux-mêmes l'objet de la sollicitudedivine, au point que Dieu leur envoie des secours dont ilsne se doutent pas, et qu'ils prennent soin d'eux pendantleurs voyages dans les pays éloignés.C'est là une preuve de la plus grande sollicitude et de laplus grande sainteté.Que Dieu nous accorde leur amitié, qu'il nous fasse profiterde leur bénédiction et qu'il nous fasse profiter deleurs vertus. Amin.Lefaqîh Sayyidî 'Abdallah, fils duchaikh SayyidîMouhammed ben Naçar Ad-Dara'î.Le faqîh, le grammairien, lesavant, le pratiquant, l'ascète,celui qui craint Dieu, Aboù Mouhammad 'Abdallah, fils du


NACHR AL-lIfATHÂNi 333Chaikh Aboû 'Abdallah Mouhammad ben Naçar Ad-Dara'î.On a vu précédemment les biographies de son père et desmembres de sa famille.Dans les Mouhâdardi de l'Imâm Aboû 'AH Al-Hasan Al­Yoûsî, on lit: Lorsque j'ai écrit une poésie en dâl pour féliciteret congratuler sur son retour de la Mekke, son père,c'est-à-dire le père du personnage dont nous écrivons labiographie, son fils, le faqîhpratiquant et vertueux, AboûMouhammad 'Abdallah ben Mouhammad, la lui remit et ilressortit de chez lui en me disant: « Le Chaikh vous faitdire, que Dieu fasse de vous la source qui arrosera l'Orientet l'Occident et le soleil qui les éclairera. »Le personnage dont nous écrivons la biographie, fut disciplede son père, le Chaikh Aboû 'Abdallah Mouhammad.puis d'Aboû Sâlim Al-A'yachî, qu'il fréquenta constammentet qui lui donna un diplôme.Il grandit entouré de soins; il était respectueux et religieux.Il mourut de la peste pendant le mois de Rabi' aI­Awwal 1091 (avril 1680).Que Dieu nous le rende profitable.Le jaqîh Sayyidî Mouhammad Al-A 'yachî.Le Chaikh, le faqîh, Aboû 'Abdallah Mouhammad benMouhammad ben 'Abd Al-Djabbâr Al-A'yachtLe Chaikh Aboû Abdallah Mouhammad ben AI-HâfidhAboû Zaïd Al-Fâsî dit dans sa Faharasa :J'ai suivi ses cours sur le commencement des deuxÇahîh, surie Mousalsal bil-Aouliyd, sur la sourate « LesRangs 1», etc. Il m'a diplômé pour tout ce qu'il m'avait enseignéet ce ,diplôme est écrit de sa main. J'ai étudié égalementavec lui, l'Alfiya d'Ibn Mâlik, le Talkhîç Al-Mifidh 2 , etc.1. QORÂN, sourate XXXVIII. Trad. KAZIMIRSKI, p. 361.2. Talkhiç al-Miflàh, de MOUHAMMED AL-QAzwiNi, mort en 759 1133R-133g).2 2 *


334 <strong>ARCHIVES</strong> IIlAROCA.INESII avait été disciple de son oncle maternel Aboû SâlimAI-A'yachî, d'Aboùl-Barakat 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî, de sonpropre père, Aboû Sa'âdat Mouhammad, ainsi que deChaikhs d'Orient dont nous donnerons les noms dans labiographie de Sayyidi Mouhammad, père du personnagedont nous écrivons la biographie. Celui-ci est mort en IOgl(1680-1681). Ceci n'est qu'un résumé succinct.Le Madjdotîh Saxyidî Ahmad As-Soufydnî,dit Al-A'djalî enterré à Zouqdq !lr-Roummdn.Le Sayyid illuminé, Aboùl- 'Abbâs Ahmad As-Soufyânî,(Page 70')dit AI-A'djalî, enterré à Zouqâq Ar-Roummân, à Fès AI­Qarawiyyîn, avait toujours la tête découverte et les piedsnus; il fit deux fois le pèlerinage de la Mekke, sans emporterde provisions; il portait le même vêtement en été eten hiver, en ville et en voyage: il avait des crises; il avaitété disciple de Sayyidî Mouhammad ben 'Atiya enterré àFès au quartier de Ramila.D'après ce que l'on raconte sur le personnage dont nousécrivons la biographie, il avait eu, dans sa jeunesse unemauvaise conduite: il était un jour avec des gens quijouaient et il jouait avec eux; ils lui gagnèrent tous sesvêtements et il cacha sa nudité avec quelques chiffons qu'iltrouva dans la rue. A ce moment, le bruit se répandit àFès,que Sayyidî ben 'Atiyavenait de mourir, et les gens serendaient nombreux dans sa maison.Le Madjdoûb y entraégalement, pour essayer d'y prendre quelque chose; il netrouva qu'un plat contenant des aliments noyés dansl'eau, il avala le contenu de ce plat, poussé par la faim.Ces aliments avaient été mangés parSayyidî ben 'Atiyaet rendus par lui: ils avaient conservé leur apparence pre-


NACHR AL-MATIIÀNl33':;mière. Lorsqu'il eut avalé ces aliments, le Madjdoûb perditconnaissance. On le trouva dans cet état, on crut qu'il étaitivre et on le transporta jusqu'à un endroit où on le laissa.Lorsqu'il se réveilla, il se trouva sanctifié et il disait:« Allah! Allah! a Celui qui ne dort pas (Dieu): hierj'étais dans l'obscurité et aujourd'hui je suis où je suis. »J'ai entendu raconter cette a necdote par plusieurs de sescompagnons. Dieu seul sait la vérité sur tout cela.Sayyidî ben 'Atiya, avait été disciple de Sayyidî Al-Hârithî,d'après ce que l'on dit et celui-ci avait été disciple deSayyidî Ahmed ben Moûsâ enterré au Soûs.Sayyidî Al-Gha{wdnî ben Mouhammad benA boil Bakr Ad-Di/d't.On a vu précédemment les biographies de son père et deson grand-père. Il est mort de la peste à Miknâs, puis aété transporté à Fès et enterré dans le cimetière de sa famille,au-dessous des Karradîn à Fès Al-Andalous.Son enterrement a eu lieu à l'heure du Douhour l, lemardi 12 Djoumâdâ 2 IOg1 (10 juillet 1680).ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE IOgl (J.-C. 1680-1681).Le manque de pluies provoqua pendant cette année unehausse considérable sur les prix des denrées. Le prix dumoudd 2 atteignit 40 ouqiyas 3; le moudd équivaut environ.. Dhouhr: 1 heure et demie après-midi.2. Moudd: Mesure de capacité qui varie selon [es localités. A Fès le mouddest d'environ 30 litres.3. Ouqiya : Il y a 10 ouqiyas au milqdl. Le mitqâl à cette époque valaitenviron 5 francs; l'ouqiya valait donc 0 fr. 50.


33fi AH CHIVES MAROC,\lNESa un çâ' 1 ct demi. La population fit de nombreusesprières pour demander la pluie.Le premier qui fut chargé de présider à cette prière futAboû 'Abdallah Bourdallâ; il fit trois invocations et il tombaune légère pluie qui était insuffisante. Vinrent ensuiteSayyidî Mouhammad AI-Boua'nânî, puis de nouveau leChaikh Bourdallâ, puis le marabout 'Abdallah Mouhammedben Mouhammad Ad-Dilâî.Le prix du blé avait monté jusqu'à 60 ouqiyas le moudd.On recommença les prières qui furent faites encore unefois par le Boûa'nânî, puis par le faqih, le saint ascèteAboû 'Abdallah Mouhammad AI-'Arbî AI-Fichtâlî; le lendemainmatin un orage éclata avec des éclairs et du tonnerre,et la pluie tomba; les Musulmans remercièrentDieu. Qu'il soit loué!De nouvelles prières pour obtenir de la pluie, furentfaites par le Chaikh célèbre, dont la baraka est considérable,Aboû Mouhammad 'Abd Al-Qâdir ben 'AH ben YoûsoufAI-Fâ3î, il était monté sur un âne, entouré par leschorfa, descendants du Prophète, qui lui apportaient leurconcours. A leur retour il tomba un peu de pluie et, le lendemainelle tomba en abondance et en quantité largementsuffisante. Le prix des denrées diminua et le prix du blédescendit jusqu'à 350uqiyas.(Page 71.)La neuvième prière eut lieu le lundi 5 Mouharram(16 février 1680). Les Chorfâ et le gouverneur de la villeétaient intervenus auprès de Sayyidî 'Abd AI-Qâdir, pourlui demander de sortir: il consentit à le faire et Dieu accordasatisfaction aux Musulmans. La nuit qui suivit lapromesse qu'il avait faite, Dieu avait déjà fait tomber lapluie depuis la prière de l'aurore jusqu'au lever du soleil.1. Le çà' du Hidjaz vaut 8 doubles poignées de grain.


NACHR AL-MATlIÂNi 337Louange à Dieu pour sa clémence et pour sa miséricorde.Le Sl,lltan envoya l'ordre à l'lmâm Sayyidî 'Abd AI­Qâdir AI-Fâsî de venir le voir à Miknâs. A cause de songrand âge et de sa faiblesse, on lui fit faire le voyage dansune litière. Il partit le mercredi et le lendemain dansl'après-midi, il se rencontra avec le Sultan au sanctuaire deSayyidî 'Abd Ar-Rahmân AI-Madjdoûb, que Dieu nous lerende profitable.Le Sultan le logea dans sa maison neuve à la Qaçba et,pour lui témoigner sa joie de le voir et lui faire honneur, ilmit'en liberté tous les prisonniers de son Empire. Sayyidî'Abd AI-Qâdir prit congé du Sultan le samedi 3 Rabi' al­Awwal (3 avril (680) et il arriva à Fès le lendemain. Le 20(20 avril) du même mois il commença les agrandissementsde sa Zâouïa d'AI-Qalqliyîn à Fès-Qarawiyyîn.Les descendants d"Abd Ar-Rahmân ben MouhammadAI-Fâsî étaient enterrés dans cette Zâouïa. Plus tard,Sayyidî 'Abd AI-Qâdir, petit-fils du frère (Aboûl-MahâsinYoûsouf) d"Abd Ar-Rahmân, y fut enterré avec plusieursde ses enfants, de ses disciples et un grand nombred'étrangers.Au milieu du mois de Rabi' II (mai), arriva à Fès la nou:velle de la prise d'un fort de Tanger par les Musulmans,commandés par le Qâïd d'AI-Qaçr, 'Amar ben HaddoûAI-Batto(1'î. Celui-ci conclut un armistice avec les Chrétiensau commencement du mois de Djoumada 1 er (avril-juin).En Djoumâdâ II (juin-juillet), notre maître lsmâïl alla enexpédition du côté de la Dhahara. Puis le crieur publicproclama que les personnes exemptées du service militaire,les Chorfâ, les fouqahâ, les membres des. confréries. devaientpartir pour la guerre sainte au milieu de ce mois,avec le Qâïd 'Amar ben Haddoû. Mais, huit jours aprèscette proclamation, un ordre du Sultan les exempta et t'expéditionfut abandonné.Le blé avait augmenté de prix, et au moment de la pro-ARcn. MAROC. - XXIV. 22


a38<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>c1amation de guerre sainte, on n'en trouvait plus: le çâ'valait toujours (officiellement) un dirham, mais de fait ilse vendait environ deux dirhams; cela parce que l'on avaitentendu dire que l'armée du Sultan avait été battue du côtéde Tlemcen,Un vent violent s'éleva dans l'après-midi du dimanche24 Djoumâdâ Il (22 juillet); il renversa des murs, déracinades arbres, etc.Le 3 Cha'bân (29 août), le Sultan Moûlây Ismâ'ïl rentraà Fès AI-Djadîd, de retour de son expédition, après êtrearrivé jusqu'aux portes de Tlemcen.Il ne resta même pas une heure de la nuit à Fès, et repartitimmédiatement pour son palais de Miknâs.Le 21 Cha'bân, les notables de Fès se rendirent à Miknâsavec Je fils de notre maître Ismàïl, MoûlâyMahâriz, poursupplier son père de le laisser à Fès; il devait partir pou rIe Tafilâltavec les fils de Moûlây Ar-Rachîd. Le Sultan ne leuraccorda pas ce qu'ils demandaient: il envoya à Fès son filsMoûlây Mahammad, et MoûlâyMahâriz partitpourleTafilâlt.(Page 72.)Au milieu de Ramadân (septembre-octobre), arriva à Fèsla nouvelle d'une sortie des Chrétiens de Tanger pour sebattre contre les Musulmans. Il mourut dans ce combatplus de cent de ces derniers.Le 15 Ramadân (9 octobre) dans la matinée, il y eut untremblement de terre.Le même jour, des tireurs quittèrent Fès pour aller àTanger faire la guerre sainte. Plus tard on reçut la nouvellede deux combats successifs, où moururent un grandnombre de Musulmans.A la fin de Ramadân, apparut du côté de l'Orient, unecomète qui était visible à la fin de la nuit. Elle apparut encoreà la fin du mois de Hidjdja. Elle était visible dans lasoirée et pendant une partie de la nuit.


NACIIR AL-MATIlÂNÎ3;\9(Page 72.)ANNÉE 1092 (J.-C. IG81-1682).Le Saint le plus savant, SaXyidî Al-'ArbiA l- Fichtâlî.Le faqîh le plus savant, le plus pieux, le saint le plusprofitable, sujet à des extases, d'une constante douceur,Aboû Mouhammad Sayyidî AI- 'Arbi ben Ahmad Al-Fichtâlî,était, que Dieu le prenne en sa miséricorde, un desplus grands ascètes et un des savants célèbres les plus orthodoxes,que ses extases rapprochaient le plus de Dieu.Il habitait d'abord à Zanqat Ar-Ratai (Fès) ; plus tard, enRabî' al-Awwal 1074 (octo~re-novembre 1665), il se transportaà Ras al-Djanân, pour être Imâm de la mosquée dece quartier et pour y enseigner la Risâla et d'autres ouvrages.1\ y enseignait également le Qorân aux enfants. Rasal-Djanân est un quartier de Fès AI-Qarawiyyin..La piété de ce personnage était telle, que jamais il nevoulut traverser la cour de la mosquée des Qarawiyyîn,depuis qu'elle avait été pavée en mosaïque, à cause de l'originede l'argent qui avait servi à payer ce travail; il entraitpar une autre porte. Quelqu'u~ lui ayant dit que cet argentpronnait de la dot d'une femme et qu'il était pur, il répondit:Cet argent provient en effet d'une dot, mais undoute fâcheux plane sur son origine; la femme était de lafamille d'Aa'raç, celui qui provoqua des troubles; elleépousa le Sultan Moûlây Ar-Rachid et consacra à cettemosaïque l'argent que le Sultan avait donné pour sa dot.Dans les notes écrites de sa main on trouve les préceptessuivants:o toi qui viens souvent à mon aid~, tes dons dépassent mon désir.


340 ARCHlVES <strong>MAROCAINES</strong>Il ne m'est jamais arrivé aucun souci sans que tu viennes à monsecours.Et plus loinSachez que la fréquentation des hommes est une chose d'importance,un danger considérable et un péril pour la religion, parce que cettefréquentation réveille les passions endormies: elle met au jour lesdéfauts cachés et provoque des conversations médisantes. f:vitez devous mêler de ce qui ne vous regarde pas, occupez-vous de ce qui vousrapproche de Dieu. Souvenez-vous des hadith qui conseillent l'isolement;demandez à Dieu, gloire à lui, de vous indiquer le bien et devous y faire persévérer. Amen.Ne pas se mêler de ce qui ne vous regarde pas, consiste à ne pas diredes choses inutiles et à s'occuper de ce qui rapproche du Souveraindes mondes. Si les paroles inutiles ne sont pas nuisibles sur le moment,clles le deviennent plus tard.Il ne faut pas chercher à se rapprocher de Dieu par affectation etpour que les gens le sachent, mais bien par obligation, afin qu'il soitpossible que cela devienne un état d'esprit habituel. C'est ainsi que le(Page 73.)serviteur de Dieu, lorsqu'il voue son être à la vie future, la vie dumonde devient peu de chose pour lui et il n'y attache plus de prix; ilse souvient de ses péchés et de ses mauvaises actions; il méprise sonêtre et ne s'en soucie plus.Lorsque je Ille suis rendu compte que je ne vous verrais plus, j'aifermé les yeux pour ne plus voir personne.Quelqu'un demanda au Fichtâlî des renseignements surles fonctions de Qâdî.Vous me demandez, répondit-il de vous renseigner sur les fonctionsde Qâdi, voici ce que j'en pense : C'est une préoccupation pour l'esprit,un poison mortel dans la poitrine, une chaine au cou, un hameçondans la gorge: tel est ce que j'en pense et vous savez qu'il est encorepréférable d'éloigner les inconvénients d'une chose que d'en rechercherles avantages.Fichtâlî avait été disciple du Chaikh le plus savant, dusaint qui est un conseiller sincère, Sayyidî Mouhammadben i\louhammad ibn Naçar Ad-Draa'î, du Chaikh des


NACHR AL-MATHÂNiChaikhs, l'ImâmSayyidî 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsi, de l'hommele plus savant de son temps, Sayyidî AI-Hasan ben Mas­'oûd AI-YoûsÎ, comme je l'ai vu, écrit de sa propremain.Il a eu un grand nombre de disciples, entre autres,Notre Seigneur et grand-père (Sayyidî 'Abd As-Salâm AI­Qâdirî) que Dieu le prenne en sa miséricorde. C'était aucommencement de ses études.Parmi les lettres de persannage don t nous écrivans labiographie à mon Chaikh, Sayyidî Mahammad ben MouhammadIbn Naçar, dont il a été parlé, il s'en trouve uneoù il lui dit:Vous qui êtes ma vie, et le remède de mon cœur blessé, Aboù 'AbdallahSayyidî Mahammad Ibn Naçar, que Dieu rende par votre entremise,la religion victorieuse et que, grâce à vous, la parole du Prophète, surlui la bénédiction et le salut, soit vénérée. De la part de l'esclave vil etmisérable de Dieu Élevé, du pauvre malheureux qui n'a ni force nipuissance, dans le présent et dans l'avenir, AI·'Arbî ben Ahmad AI­Fichtâll, que Dieu le conduise, que son intelligence soit éclairée par laconnaissance qu'il a de Lui et que son' cœur soit ouvert dans la directionde sa Voie,qu'i1 lui accorde ce qu'il accorde aux êtres parfaits, qu'illui ferme toutes les portes, sauf celle de Dieu, qu'il lui donne une perspicacitételle, qu'intellectuellement et matériellement, il ne voie queDieu.e Seigneur accorde-nous ta miséricorde et assure-nous la droituredans notre conduite 1. '1>e 0 notre Seigneur, nous sommes coupables et, si tu ne nous pardonnespas, si tu n'as pas pitié de nous, nous sommes perdus '. '1>o Monseigneur, que Dieu soit loué, lui qui nous a accordé la faveurde l'Islam et qui nous a compris dans le peuple de Mouhammad, quela plus grande gloire et le salut soient sur lui, qui nous a fait entrerdans notre Voie, dont, Dieu soit loué; les bienfaits nous sont apparus,bienfaits qne vous renouvelez sans cesse, Monseigneur, pour votreserviteur; celui-ci reçoit souvent de vous la bonne parole de la VoieÇoufique et vous l'en entretenez, à tel point qu'il a pu arriver à ce serviteurde croire qu'il avait atteint un degré de sainteté dont il est encore1. QORÂN, sourate XVIII, verset g. Trad. KAZlIlIRSI:J, p. 231.2. QORÂN, sourate VII, verset 22. Trad. KAZUlIRSl:I, p. Ilg.


,142 ARCIIIVES ;\IAROCAINESbien éloigné; il craint de commettre des erreurs; Il n'Y a de force ni degrandeur qu'en Dieu.Il y a quelque temps, j'ai été pris de scrupules vains et exagérés.Dieu m'en a guéri.J'ai quelquefois négligé la récitation du wird, vaincu par le sommeil;j'lli vu les conséquences de cette négligence dans ma vie terrestre, quedoivent-elles être dans ma vie religieuse! J'ai rêvé que j'avais fait mesprières sans être en· état de pureté, puis je me suis rendu compte quej'avais fait mes ablutions.Ici se termine le passage de cette lettre.(Page 74.)Le Chaikh Ibn Naçar, que Dieu l'agrée, lui répondit cequi suit:Que le Salut soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu et sabénédiction. Et ensuite: que Dieu vous soutienne dans cette vie et dansl'autre, par la parole immuable. Craignez Dieu et vous serez récompensé.Ne négligez pas de lire les ouvrages des Çoufistes; en effet,cette lecture guérit des maux les plus graves. Celui qui s'assimile auxgens d'une espèce, appartient à cette espèce. Itcrit par Mahammad IbnNaçar. Que Dieu soit aycc lui.Le personnage dont nous écrivons la biographie, queDieu le prenne en sa miséricorde, était pauvre; lorsqu'ilavait besoin d'argent pour vivre, il allait à son bureaud"adel à Fès AI-Qarawiyyîn.Qùand il avait gagné ce qui lui était nécessaire, il envoyaitles clients qui avaient recours à lui, à son confrèrele plus voisin, en disant: Celui-là n'a encore fait aucunacte et n'a encore rien gagné aujourd'hui, tandis que j'aidéjà moi-même gagné ce dont j'avais besoin.On cite de nombreux faits sur la manière dont il exerçaitses fonctions d"adel,. par exemple, un jour qu'il étaitdans son bureau, il entendit des maçons qui damaient laterrasse d'une maison et qui se balançaient en suivant lacadence de leurs pilons et qui chantaient à haute voix selon


NACIIR AL-MATIIÂNtleur coutume. Le personnage dont nous écrivons la biographiefut pris du hâl (excitation mystique) en entendantces chants j lorsqu'il s'en aperçut, il demanda à quelqu'unqui passait, de fermer son bureau, ce qu'il fit. Son hâlaugmenta et il se mit à danser en cadence, jusqu'à ce queson hâll'eùt quitté et qu'il eOt repris ses sens.Mon Chaikh, Aboû 'Abdallah Mahammad, dit Al-Kabir,As-Sarghfni, m'a raconté à son cours, que le personnagedont nous écrivons la biographie, alla un jour avec plusieurspersonnes, pour l'établissement d'un acte d'hypothèque.Lorsque les intéressés déclarèrent les conditions de cettehypothèque, il y vit une irrégularité et leur indiqua la vraiemarche à suivre. L'un des intéressés lui répondit violemmentet l'accusa de vouloir le tromper. Fichtâlî ne se fâchapas j il baissa la tête et resta silencieux jusqu'à ce quel'autre fût fatigué de l'insulter; il dit alors: Ne finironsnouspas, pour retourner à nos affaires? C'est là une preuveque toutes ses actions étaient inspirées par Dieu.Un autre jour, il se présenta devant lui un homme quivoulait vendre sa maison; cet homme dit à l'acheteur, qu'ily avait dans cette maison, quelques petites punaises, enemployant le diminutif du mot punaise et en faisant de lamain un geste multiple, pour appuyer son dire. En rédigeantl'acte de vente, Fichtâlî écrivit:Le vendeur a déclaré qu'il y a dans la maison des punaises et en ledéclarant il a fait de la main un geste diminutif. C'est ainsi que les déclarationsdoivent être recueillies.Dans une autre occasion, les tolbâ qui suivaient son cours,s'étaient réunis autour de lui, pour l'entendre: lorsqu'ils'assit pour commencer à parler, il fut pris du hâl et semit à frapper dans ses mains en récitant des vers à lalouange du Prophète, jusqu'à ce qu'il ne sût plus ce qu'ilfaisait. Tous les tolbâ s'en allèrent, sauf un, qui était le


3H ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>lecteur de son cours etqui resta jusqu'à ce qu'il revÎntà lui.Le Chaikh lui dit: «Où soIlt les tolbâ? - IIi sont partis, ô(Page 75.)Monseigneur, lui répondit-il, et ils se sont séparés. - Pourquoi,lui dit le Chaikh, n'êtes-vous pas parti avec eux?­Entre les mains de qui vous aurais-je laissé, ô Monseigneur,dans l'état où vous étiez?- A partir d'aujourd'hui, lui dit leChaikh, vous nesuivrez plus les cours de personne; occupezvousd'enseigner afin que les gens tirent profit de vous. »On m'a dit que ce tâleb qui était resté avec le Chaikh,était le grammairien très savant Sayyidî 'Abd Ar-Rahmànben 'Imrân. Il enseignait principalement la grammaire, etil était miraculeux dans cet enseignement. En résumé, lepersonnage dont nous écrivons la biographie était, parmiles hommes de son temps, un des plus remarquables parsa science, par sa conduite et par sa piété. Il était célèbrepour toutes ses qualités, et il possédait des connaissancessolides dans les sciences Çoufistes. Il est m6rt, que Dieu lepren ne en sa miséricorde, le II Djoûmâdâ 1e. de l'année1092 (20 mai 1681). Il a été enterré près de Sayyidî 'AliHamamoûch, au-dessous de la Mouçallâ de Bâb AI-Foutoûh.une des portes de Fès, que Dieu la remplisse de ses dons etqu'il l'agrée. Amen.Sayyidi 'A lî ben 'A bd A r·Rahmân Ad·DaraJvi.Ali ben 'Abd Ar-Rahmân Ad-Darawî, habitait le Tadlâet il y est enterré; son tombeau est un sanctuaire dontparle Sayyidî Ahmad (AI-Wallâlî) dans les Mabâhith Al­Anwâr; il raconte sur lui des choses admirables.


NACllR AL-MATIIÂNI 345ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1092 (J.-C. 1681-1682).Le 5 du mois de Rabi' AI-Awwal (25 mars 1681) de cetteannée, est mort le faqîh, le professeur Sayyidî Mouhammadben Moubârak AI-Maghrawî; il fut enterré dans le cimetièredes Chorfa At-Tâhiriyoûn aux Kagghâdîn (les papetiers),à Fès AI-Andalous.En Rabi' II (avril-mai), est mort Sayyidî MouhammadAI-Ma'tî ben 'Abd AI-Khâliq Ach-Charqî.Le II Djoûmâdâ 1 er (29 mai) est mortSayyidî Ahmad AI­Mahmoûdî, le jour même de la mort de Sayyidî AI-ArbîAI-Fichtâlî.Le 3 Cha'bân (28 août), est mort le faqîh Sayyidî AI-''Arbî ben 'Ali As-Saqqât.Le 1 er de Ramadân (14 septembre) est mort le faqîh célèbre,Sayyidî Ahmad ben Hamdân At-Tlimsânî Ad-Dilâï.Il tomba de grandes pluies. Le Sultan ordonna une expédition,lorsque l'on sut que le prétendant dans le Soûs.Moûlây Ahmad ben Mahriz, s'était emparé de nombreuxterritoires et que son influence augmentait.Le 8 Rabi' 1 er (21 mars), une troupe de tireurs quitta Fès.Le 15 Rabi' II (4 mai), le Sultan entra à Fès al-Djadîd; ilalla ensuite mettre le siège devant la Ma'moura, que l'onappelle la Mahdiya, parce qu'elle a été fondée sous lerègne du Mahdî Ach-Chi'i 1, par un de ses gouverneurs.La ville fut prise de vive force, à l'heure de la prière duvendredi 13 Rabi' II (2 mai).Les uns disent qu'elle a été prise après combat, d'autresl, AI-Mahdi Ach-Chi'j, Il s'agit de Mouhammad Ibn Toûmart. MouhammadAI-QAdirî, l'auteur du Nachr al-Mathdnl, considérait Ibn Toumartcomme un imposteur et un hérétique; c'est pourquoi il l'appelle Ach-Chi'l,c'est-à-dire en dehors des quatre rites orthodoxes.Cf. LIt'chives <strong>Marocaine</strong>s, t. XXI, p. 268. Nachr al-Mathdnl, p. 123.2 3


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>disent sans combat; ce qui paraît certain, c'est que laville a été prise parce que les conduits qui y amenaientl'eau avaient été coupés. Il n'est mort aucun Musulman,et les Chrétiens qui se trouvaient dans la ville ont été pris.Les vivres continuaient à être chers, et la peste duraittoujours; que Dieu nous accorde le salut. Le 4 Chawwâl(17 octobre), le faqih Sayyidî Mouhammad bou 'Inân, Charif,fut nommé par le Sultan, Mouftî des Qarawiyyîn.Lorsqu'il vint à Fès, il eut une discussion avec le QâdîAboû 'Abdallah Bourdallâ à propos de la prière dans la(Page 76.)mosquée des Qarawiyyîn. Bourdallâ prétendait que Boû'lnân n'était investi que des fonctions de Mouftî.La discussion eut lieu dans le bureau du Mouftî, et leQâdî finit par lui demander de lui laisser faire la prièrejusqu'à nouvel ordre.ANNÉE IOg3 (J .-C. 1682).Saxxidî 'A ntar A l-Khoultî.Ce personnage, qui était un pauvre d'esprit, a manifestédes vertus miraculeuses; il av.ait la réputation de révélerles choses cachées, et il jouissait d'un grand prestige dansle peuple de Fès.On raconte qu'on l'avait vu copulante asinam ; quelqu'unqui était présent, lui ayant dit :« Que faites-vous, ômon Seigneur? » il répondit: «Je répare une barque. »Quelque temps après vinrent à Fès des gens qui racon·tèrent que, se trouvant sur mer dans une barque en mau-


NAcnll AL-MATHÂNi 317vais état, ils se sentaient perdus, lorsqu'ils demandèrent lesecours de Sayyidî 'Antar, qu'ils connaissaient. Dieu leurvint en aide pour la réparation de la barque j on dit mêmeque l'un d'eux aurait vu Sayyidî 'Antar lui-même qui laréparait. Dieu les sauva par sa grâce. Son acte dans sonapparence était une mauvaise action; dans l'intention, uneaction excellente. Gloire à Dieu qui connaît tous les secrets.Sayyidî 'Antar mourut le 16 Cha'bân 1093 (20 août 1682);il est enterré près de Sayyidî Aboû Ghâlib, à Çariwa, à FèsAI-Andalous. Son tombeau est recouvert d'une qoubbacarrée, en tuiles vertes. Il est séparé de Sayyidî Aboû Ghâlibpar le chemin qui conduit à Sayyidî Ibn 'Abbâd. Que Dieules agrée tous.Le Walî Çâlih, Sayyidî Mouhammad ben 'Alî A l-Baqqâl..Le saint personnage Aboû 'Abdallah Mouhammad ben"Ali AI-Baqqâl, enterré à AI-Harâyâq, entre les tribus desAghçawa et des Akhmâs, dans les montagnes du Habt auMaghrib extrême, avait été disciple du Chaikh Aboû 'AbdallahMouhammad AI-Moudjaoul, disciple d'Aboû 'AbdallahMouhammad AI-Hâdj, enterré à Fès et qui avait étémis à mort par l'Émir de cette ville; Mouhammad AIlIâdjétait disciple de Sayyidî Aboûch-Chitâ, enterré àAmargoû, en Fichtâla, disciple du Chaikh AI-Ghazwânî,que Dieu les agrée tous.Sayyidî Ahmad ben Mouhammad ben A {-HasanA {-Ziyâtî.C'était un pauvre d'esprit j il est mort à l'heure de l"açar(entre 3 et 1- heures de l'après-midi) le 9 Radjab (14 juillet1682) et a été enterré dans le tombeau d'AI-Manqoûchî.


318 ARCIIJVES <strong>MAROCAINES</strong>Sayyidî 'Abdallah ben Ibrâhîm, connu sous le nomd'A l-Qallif{.Le Sayyid ben 'Abdallah ben Ibrâhîm ben Hilâl, connusous le nom de Qalliz, appartenait à la Tarîqa de SayyidîAhmad ben'Amroû, enterré à l'intérieur de Bâb Al-Guisa,une des portes de Fès. L'oncle de mon père, dit que ce perosonnage est mort le 26 Ramadân (28 septembre 1682) etqu'il est enterré dans sa maison située au-dessus du moulinà llenna 1 qui se trouve à Zoqâq al-Hadjar, à Fès Al-Qarawiyyin.Cette maison devint une Zâou'ia consacrée àSayyidî Qâsim ben Rahmoûn, lorsqu'il y fut enterré et ony fit ~es constructions et des embellissements 2.On trouvera plus loin la biographie d'Aboûl-Qâsim dansles environs de l'année 1150 (1737-1738). Le personnagedont nous écrivons la biographie est mort à 80 ansenviron.Il lui arriva une aventure avec notre seigneur Ahmad ben'Abdallah.Que Dieu nous fasse profiter de tous les saints.1. llenna, le henné. On sait que la feuille de cette plante est employéepar les femmes indigènes pour colorer en un jaune rougeâtre leurs mains etleurs pieds. A Fès, particulièrement, elles s'en servent également, non paspour teindre, mais pour nettoyer leur chevelure. Pour être utilisée, la feuilledu henné, desséchée, est réduite en poudre à l'aide de moulins spéciaux.2. Sayyidî Qâsim ben Rahmoûn, mort en 1149 (1736-1737), fut enterrédans une maison du Derb Minâ, quartier des Naddjârîn à Fès. Plus tard,ses héritiers achetèrent la maison voisine, où était enterré Sayyidi AI-Qalliz.Les deux maisons furent démolies et une Zâouïa consacrée il Sayyidi Qâsimfut construite sur leur emplacement. - Cr. Nach,. al-Mathdnl, douzièmesiècle, et Salwat al-An/ds, t. l, p. 100.


NACIIR AL-MATIIÂNi349ÉVÉNEMENTS DE L'ANNltE IOg3 (J.-c. 1682).(Page 77')Dans le courant de cette année, le Sultan fit sortir lesJuifs de Miknâs, pour leur construire des habitations horsde la ville; ils vidèrent leurs maisons: le Sultan envoya lesgens du Tafilâlt qui étaient à Fès, pour les habiter. Ceux-cisortirent de Fès et allèrent habiter les maisons de Ni iknâsen payant un loyer. Cette installation leur déplut.La nouvelle arriva que les Chrétiens s'étaient emparés deCherchell, près d'Alger: les gens d'Alger marchèrent contreeux et les chassèrent. Il mourut environ 700 Musulmans;que Dieu leur accorde sa miséricorde et qu'il les agrée.Une comète apparut à l'Orient.ANNEE log4 (J.-c. 1682-1683).Le grand savant SaJTidî Ahmad Al-Madjlidî.Le grand savant incomparable, le Qâdî célèbre, le vérifIcateurdélicat et parfait, Sa)'yidî Ahmad ben Sa'îd AI-Madjlidî, Qâdî de Fès AI-Djadîd, était un des plus grands docteurset un des Chaikhs les plus notables de l'Islam.JI avait reçu un diplôme du Chaikh Aboû Sâlim AI­'Ayyâchi, qui cite son nom dans la Fahrasa, où il indiqueles noms de ses Chaikhs; on a déjà vu qu'il en avait été demême pour le Chaikh Sayyidî 'Othmân AI-YoùsÎ. Aboù2 3 *


350 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Sâlim fait en ces termes le portrait du personnage dont nousfaisons la biographie :C'est mon frère en Dieu, que j'aime en son nom; il est sincère dansses paroles et dans ses actions: la douceur de son caractère est capabled'amollir les rochers. Les océans de science n'osent pas contredire cequ'il écrit. Il est savant parmi les plus savants, ses vérifications sontclaires, et les fonctions de Qâdî ont été honorées lorsque la volonté deDieu l'a appelé à les remplir. Sayyidi Ahmad ben Sa'id est un bienheureuxdirigé par Dieu. Que Dieu veuille que nos relations avec lui noussoient profitables et qu'il nous vienne en aide dans l'accomplissementdes devoirs qu'il nous a imposés vis-à-vis de lui.Il est de ceux qui attachent à ces devoirs une grande importance etqui 'cherchent à arriver au plus haut degré de la sagesse. Il fait tous sesefforts pour rendre clair ce qu'il dit à ce sujet et il pousse très loin sesinvestigations sur les preuves qui lui sont fournies par ses lectures.Il est de bonne foi, son caractère est excellent, il met la plus grandeardeur à obtenir de bons résultats et à en faire profiter les autres. Sagrande passion pour les sciences le conduit à la félicité, il reste humblelorsqu'il s'instruit et lorsqu'il enseigne. Il fait tous ses efforts pour êtrejuste et pour respecter les droits d'autrui; il se consolide par la sincéritéde son cœur dans sa dignité et dans sa foi religieuse. Son amourproprene l'empêche pas d'accepter l'enseignement de moins savantsque lui; il sait en effet, qu'une des conditions de la science, est queles plus élevés la recherchent chez les plus humbles.Il a demandé à l'humble serviteur, au malheureux et auchétifque jesuis, de lui donner un diplôme pour la science qu'il possède, soit parses lectures, soit par ses études, soit par ses déductions personnelles,soit par ce qu'il a recueilli chez d'autres; pour les sciences - pour lesquelles il est déjà diplômé, pour tout ce qu'il a acquis, ce qu'il atrouvé dans les livres, pour son application, pour ses attaches diverses,pour son vêtement (c'est-à-dire pour la kharqa çoufique qu'il a reçue deson Ch~ikh), pour les MOl/salsalât 1 de toutes les provenances, pour lesouvrages de toutes sortes sur les règles çoufiques; pour toutes lessciences: hadith, droit, littérature, commentaires, çoufisme, les principeset leurs dérivés, toutes les sciences musulmanes, les étllis quirapprochent de la connaissance de Dieu.J, MOl/salsa/dt, de J-.,L.., enchainer ; I~ mot mousalsal, au pluriel mousalsalât,s'applique à la chaine non interrompue des traditions depuis leProphète jusqu'à nos jours.


NAClln AL-MATIlÀNl3lil(Page 78.)Devant son insistance et l'intensité de son désir, j'ai accepté de lefaire, souhaitant, dans ma modestie, d'en être digne. Je lui ai répondufa"orablement à cause de mon amitié pour lui et de la conviction quej'ai de la pureté de ses intentions, et j'ai profité de cette occasion qui.m'est offerte de bénéficier de la sincérité de ses prières; j'ai répondu àson appel et j'ai accepté de faire ce qu'il me demandait, je J'ai fait aprèsm'être réfugié dans l'espérance d'une invocation favorable et j'ai dit:~ Je donne un diplôme à ce Sayyid, étendard illustre, pour tout ce queje possède moi-même de sciences apprises ou entendues, séparément etdans leur ensemble, pour celles pour lesquelles je suis diplômé et pourcelles que j'ai étudiées dans des ouvrages; pour les voyages, sur lerang de Chaikh, sur ses avantages, sur ce que j'ai étudié moi-même etsur ce que les Chaikhs m'ont enseigné, sur les sciences spéciales et surles sciences courantes, sur tous les ouvrages et les recueils, sur l'histoire,la rédaction, les anecdotes et sur les différentes manières de présenterles choses, sur les créations, tout cela conformément aux exemplesfournis par les auteurs, dans l'ordre qui convient et avec les appuisqui seront exposés dans la suite, s'il plaît à Dieu Élevé. »Ici se termine la citation relative au personnage dontnous écrivons la biographie. Aboû Sâlim indique ensuiteles appuis qu'il ya grand profit à connaître: on peut lesconsulter. Nous avons donné les noms des principauxd'entre eux dans la biographie de ce dernier, Dieu est lemeilleur des guides.Le personnage dont nous écrivons la biographie, avaiteu comme disciples plusieurs Chaikhs éminents, dont leChaikh, l'Jmâm Al-Hasan ben Mas'oûd AI-YoûsÎ; il ditdans sa Faharasa : J'ai assisté au cours de ce Chaikh surKhalil et j'ai étudié avec lui l'usage de l'astrolabe, unepartie de la Habbâkiya 1 et une partie du Qalçadî. Il faisaitdes cours fréquents sur le Moukhtaçm' de Khalîl; ilcitait de mémoire des passages d'ouvrages de droit, il possédaità fond les ouvrages de biographie et avait de vastes1. Aboùl·'Abbâs Ahmad AI-Habb,)k est mort à Fès en 867 ('462-1463).


352 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>connaissances dans les dix sciences; il exerçait avec unegrande intégrité les fonctions de Qâdî.AI-Madjlidî a écrit des ouvrages remarquables, entreautres un commentaire du Moukhtaçar de Khalil qu'il aintitulé Oumm al-Hawâchî; il l'a fait avec le plus grandsoin. Dans ce commentaire, il commence, pour chaquephrase de l'auteur, par expliquer comment illa comprendlui-même; puis il cite les textes des Imâms qui s'y rapportent;enfin il rappelle les explications donnécs par lescommentateurs antérieurs.Il a écrit également un résumé du Mi'yâr, dans un fortvolumc, ainsi que d'autres ouvrages.Que Dicu Élevé lui accorde sa miséricorde, qu'il l'agréeet qu'il nous fasse profiter de sa baraka. Amcn.Le Chaikh Sayyidî A hmad ben Ahmadben A boûl-Mahâsin A l-Fâsî.Le Chaikh Aboûl·'Abbâs Ahmad, fils du Chaikh Al-l-IâlidhAboûl-'Abbâs Ahmad fils d'Aboûl-Mahâsin AI-Fâsî,était un grand Chaikh, dont on rechcrchait la baraka.Un sanctuaire est construit sur son tombeau à AI-QaçrAl- Kabîr, dans sa Zâouïa, dans le quartier des Qattânîn.Il est dit dans l'Ibtihâdj qu'il est né en Radjab de l'année1021 (août-septembre 1612), après la mort de son père etqu'il habite encore AI-Qaçr; qu'il appartient à l'ÉcoleÇoufiste, qu'il faisait habituellement des distributions denourriture et que ses actions étaient conformes à la piété.Fin de la citation de l'Ibtihâdj. Il a été disci pic de soncousin,lc Chaikh Aboû 'Abdallah Mouhammed bcn Aboû'Asriya ben 'Alî, fils du Chaikh Aboûl-Mahâsin.(Page 79,)Parmi les élégies faites sur le personnage dont nous écri-


NAelll1 AL-MATILÎ.Nivons la biographie, les vers suivants ont été composés parle Qâdî Aboû 'Abdallah l\louhammad ben Itrâl1îm, dont ilsera parlèplus loin, dans l'année 1117 (170S-170G)'.Les yeux ont versé des larmes abondantes et les regrets sont devenusplus profonds encore.Les cœurs ont exprimé en vers leur chagrin et ceux qui l'aimaientont perdu le sentiment.Ils ont été brisés par la force des sanglots et ils ont été écrasés sousleur douleur.L'acier a coupé son tronc, alors que les yeux étaient réjouis par labeauté de son feuillage.Partout une tristesse profonde s'estrépandue; la lune qui éclairait lessavants a disparu de l'horizon.Apogée des vertus, Ahmad descendant d'une race illustre, dont lagloire se manifeste depuis longtemps.Pilier des grâces, à la piété glorieuse, réunion de toutes les vertus,ascète sincère.Son rang est élevé i il pénétrait les cœurs comme une nourrituredivine; il avait le don des sciences et y joignait un caractère agréable.Montagne de piété, vertueux refuge des gens vertueux. Son intelligenceélevée était une aide pour autrui.Il a obtenu des grâces telles que l'on n'en voit pas de semblables, etqui ne peuvent se dénombrer que dans les ouvrages où elles sont réunies;Recherchez avec persistance à obtenir son wird, "ous en retirerezdes bienfaits qui augmenteront votre attachement pour lui.Persévérez dans vos visites à son tombeau. Dieu vous accordera unehaute récompense et votre esprit profitera des secrets de son tombeau,etc.Que Dieu nous fasse profiter de lui. Amen.Sayyidî 'A bd A 1- Wdhid ben 'AU ben YOtÎsouj Al-Fdsî.L"Adel agréé, le faqîh le meilleur et le plus pur, leprestigieux 'Abd AI-Wâhid, fils du Chaikh Aboûl-Hasan1. Il n'est question de ce personnage au chapitre de l'année indiquée, nidans le texte Iithographié,ni dans le texte manuscrit du douzième siècle duNachr al-Mathdnl.Anr.lI. MAnoe. - XXIV. ?3


3H AfiCIIIVES MAfiOCAINRc;'AH, fils du Chaikh Aboûl-~'lahàsinAI-Fâsî, était de ceuxqui sont charGés de recucil!ir les témoignages; les gensallaient le trouv~r pour leurs a!iaires et se servaient de luipour leur commerce et leurs affaires de famille.L'Ibtihâdj t dit: Aboû Mouhammad 'Abd AI-Wâhidben 'Ali, poussa ses études aussi loin qu'il put, et obtintles fonctions d"Adel; il était très versé dans la science derédiger les actes; il faisait son possible pour les écrireavec toute la correction nécessaire, de façon à ce qu'ilsfussent irréprochables. Il était né en 1028 (1618-1619); il aplusieurs enfants, que Dieu les conduise dans le bien. Ilhabite Fès. Ici ce termine le passage de l'Ibtihâdj.Dans des notes laissées par l'auteur de cet ouvrage il estdit: Mon oncle Sayyidî 'Abd AI-Wâhid est mort dans letroisième tiers de la nuit du mardi 19 Çafar 1094 (17 février1683) : il a été enterré le lendemain; que Dieu le prenneen sa miséricorde.Le faqîh Sayyidt Ahmad ben 'Aïsâ Adam.Le Chaikh AI·Hâfidh, le prédicateur, le Chérif, le QâdîAboûl-Makârim Ahmad ben Mouhammad ben 'Aïsa Adamenterré à Ribât AI·Fath, près de Salé, est mort en 1094(Page 80.)(1682-1683). L'auteur du Minah Al-Badiya 2, dit qu'il aentendu, faite par lui, l'explication des lladîth Al-Mousalsalbi-A lvaliya (les traditions du Prophète avec leur chaîneininterrompue depuis l'origine) et les Hadith des Çahihaïn(AI-Boukhârî et Mouslim) et qu'il l'a diplômé pour cesétudes et pour les sciences qu'il a étudiées et entendues;1.lblihddj al-Qouloûb, d"Ann AR-RAIIMÀII AL-FÂsi, mort en 1096 (1684-(685).2. Minah a l-Badya, ouvrage de Mouhammad ben 'Abd Ar-Rahmân ben'Abd AI-Qâdir AI-FâsÎ, mort en 1134 (1721-1722).


NACI1R AL-MATIIÂNi 3&5qu'il lui a accordé l'hospitalité dans ce monde et dansl'autre, qu'il a pressé sa main contre la sienne et entrelacéses doigts avec les siens et qu'il lui a donné le "Vêtement 1et le chapelet.Il a été disciple de plusieurs Chaikhs de Fès, tels' quel'Imâm Aboûl-Baraka 'Abd AI-Qâdir AI·F~st, Jtboi'id-DiyâMahammad ben Ahmad Mi'âra, Aboul-Baqâ AI-J\t>Mr, etd'autres. Il est allé à Alger, où il a été disciple du SavantSa'id ben Ibrâhim At-Toûnsl An-Nadjdjâr, qui' habitaitAlger et qui était con nu sous le nom de Qaddoûra.Sayyidt 'A lî ben Sa'id A l-Lamboftcht.Ce personnage est mort en 1094 (1682-1683) et j) est enterrédans sa maison du quartier des Chammaiy,rn à FèsAI-Qarawiyyin.ÉVENEMENTS DE L'ANNÉE1094 (168:.H683).La pluie a été retardée et le blé a atteint le prix d'undirham le çâ'. La population a fait des prières pour demanderla pluie; elles ont été dirigées par Sayyidi MouhammadCharif Boû 'Inâni et faites hors de la porte deBâb AI-GuÎsa.D'autres prières ont été faites sous la direeÜ0n. du QâdîBourdallâ, hors de Bâb AI-Foutoûh. On a fait encore d'autresprières à la Mouçallâ de l'Oued Fès. Il est tombé un1. Il s'agit de la khirqa, le vêtement symbolique des Çoufis.


356 <strong>ARCHIVES</strong> MAROCAINE.Speu de pluie, d'abord, puis elle est tombée pendant troisJours.Le fils du Sultan, le savant Aboû 'Abdallah, notre SeigneurMouhammad, adistribué de la nourriture à la Zâouïade Sayyidî 'Abd AI-Qâdir AI-Fâsî, dans le but d'obtenir dela pluie; mais la pluie a cessé de tomberet onen avait encorebesoin. On a fait de nouvelles prières sous la direction deSayyidî Mouhammad, fils du savant Sayyidî AI-Mourâbît,à Bâb AI-Foutoùh : c'était le 3 Rabi' II (1 er avril 1683).Le blé avait atteint le prix d'un dirham et demi le çâ' an·NabaWÎ. Le Qâdî a dirigé de nouvelles prières à Bâb AI~Guîsa; mais la pluie a cessé complètement de tomber, leprix des denrée a augmenté et il y a eu une grande misère,à tel point qu'un grand nombre de personnes ont quitté laville; mais les autorités les ont fait revenir de suite, les ontmaltraitées et mises en prison.Le 19 du même mois (17 avril), le Sultan entra dans leSoùs; la nouvelle se répandit, d'une bataille où une grandepartie de l'armée aurait péri. On disait que Moùlây Ahmadben Mahâriz, s'était fortifié dans Taroudant.Au milieu de Djoumâdâ 2 (mai-juin) une autre bataillefut livrée dans le Soùs entre le Sultan et le même MoùlâyAhmad. Il y eut un grand nombre de morts et de blessés.Le prix du blé diminua d'un tiers.La lutte continuait autour de Taroudant; on comptequ'il mourut dix-sept cents hommes de l'arméedu Sultan:c'est-à-dire que ce nombre fut transporté sur des civières,sans compter ceux qui furent transportés sur des nattesou sur des planches.A la fin du mois de Cha'bân (juillet), le Chérif 'Abd AI­Wâhid AI-Boù 'Inânî fut nommé prédicateuraux Qarawiyyînà la place du faqîh, le professeur Sayyidî AI- 'Arbî ben'Abd As-Salâm ben Ibrâhîm Ad-Doukkâlî, qui remplissaitces fonctions depuis que le Chérif Boù 'Inânî était Qâdî deFès AI-Djadîd, c'est-à-dire depuis la mort de Sayyidî


NACIIR AL-lIIATIIÂNi 357(Page 81.)Ahmad ben Sa'îd. Au milieu de Ramadân (août-septembre),arriva la nouvelle de la réconciliation de l'Amîr,notre Seigneur Ismâ'il, avec Moûlây Ahmad ben Mahâriz.Le 7 Chawwâl (29 septembre), Aboû 'Abdallah Bourdallâ,fut nommé Qâdî de Fès et prédicateur aux Qarawiyyîn, Lanouvelle arriva que le Sultan Ottoman s'était emparé dedix-huit villes des Chrétiens, dont il avait tué environsoixante-dix mille, et qu'il s'avançait dans leur territoire.Moûlây Ismâ'il revint d'expédition et entra à Miknâs levendredi 22 Qa'da (r2 novembre). Les notables de Fès allèrentpour le saluer le mardi, mais il refusa de les recevoir.Il tomba de grandes pluies pendant les mois de Hidjdja(novembre-décembre r683) et de Mouharram (décembrer682-janvier r683). Un grand nombre de personnes quihabitaient sur les bords de l'Ouargha furent noyées; larivière déborda et les emporta. Il mourut près de six millepersonnes.ANNÉE 1095 (J.-C. 1683-1684).Le savant, le Ha/dm, Sayyidî Mouhammad ben SoulaimânA r-Roudânî.Le Hakim de l'Islam, un des grands savants, instruitdans les diverses sciences, le voyageur, Sayyidî Mouhammadben Soulaimân Ar-Roudânî, tire son nom de Roudâna,que l'on appelle généralement Taroudant; c'est lacapitale de l'Extrême-Sotîs '.1. Le Maroc presque entier était appelé Soûs; il Y avait le soas AI-Adnll,c'est-à-dire le SOliS le plus proche, qui, d'après certains auteurs, compre-


358 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Il quitta son pays pour fuir ses parents et se sauva dansle Drâ


NACIIR AI.-MATIIÂNt 3,,9qu'il ne pouvait en être autrement et que dans ce cas, lalaine était impure; il posa à ce sujet une question à Sayyidî(Page 82.).AH Al-Oudjhourî, Chaikh Malikite du Caire.Celui-ci lui répondit que, même si c~ qu'il affirmait étaitprouvé, cette laine ne devait pas être considérée commeimpure, pour deux raisons: l'une basée sur la Sounna,l'autre sur l'affection pour le Prophète 1.Roudânî rétorqua l'argument en disant que la raisonétablie sur la Sounna ne constituait pas une obligation,ainsi que le constate AI-Hattâb; quant à la raison baséesur l'affection pour le Prophète, personne, dit-il n'en ajarhais parlé, et il n'y a pas à en tenir compte.Al-Oudjhourî répondit que le fait était universellementconnu et que cette raison basée sur l'affection pour le Prophèteavait été constatée par AI-Fakihânî 2.Roudânî riposta qu'il n'avait jamais rien vu à ce sujetdans cet auteur et il contesta à ce propos la valeur duChaikh AI-Oudjhourî et de ses disciples. Ceux-ci, à cetteépoque étaient chargés de répondre aux questions poséesau Chaikh à cause de son grand âge et de ses infirmités quil'empêchaient d'écrire.Aboû Sâlim (AI- 'Ayyâchî) a résumé ce que nous venonsde dire, sauf la réponse, dont il a reproduit le texte enentier; la voici :« On peut examiner l'opinion de Roudânî à trois pointsde vue:« 1° Du fait que lui-même ne portait pas de laine, d'unepart, et d'autre part qu'il ne supportait pas la contradiction.Al-'Ayyâchî a emprunté sa manière de voir au vérificateurdu Gharb, Sayyidî Ahmad ben 'Imrân, qu'il avaitrencontré au Caire, à savoir que la laine dont il s'agit, enJ. Parce que le Prophète portait des vêtements de laine.2. AI-Fakihini est mort en 734 Il. (1333-1334).


:\(;0 ARt:IIIVES <strong>MAROCAINES</strong>admettant qu'elle fût arrachée, la partie impure serait trèspeu de chose et que de plus cette impureté serait effacée enlavant la laine. Il est connu que la laine ne devient susceptibled'être employée pour faire des vêtements, qu'après unepréparation considérable: elle est lavée, battue, cardée, blanchie,tissée, etc.; il est connu également,que la petite partieimpure qu'elle pourrait contenir ne pourrait pas résister àtout ce travail, qu'elle ne resterait pas av~ la laine et qu'elledisparaîtrait complètement. S'il est établi que la partieimpure disparaît, il n'y a plus aucune raison pour ne pasrevêtir la laine. Si l'on épluche une partie de cette laine etque l'on examine chaque brin, on n'y trouve plus rien dela racine du poil et il ne reste plus qu'une toison pure, quiressemble à de la soie. Ceci est parfaitement exact. »Le personnage dont nous écrivons la biographie, contestecela à cause de la manie de détail de son esprit et il dit:« Nous avons acquis la certitude de l'impureté d'une chose:Or quelque chose ne peut être considéré comme pur qu'àla condition d'une conviction absolue; cette convictionn'existe pas tant qu'il existe une probabilité d'impureté, nefût-ce que pour la dimension d'une pointe d'aiguille, sur ungrand vêtement; il faut la rechercher et quand même onne trouverait rien, on ne peut pas en déduire que le vêtementtout entier est pur. Quand bien même on aurait cherchésur une partie du vêtement et que l'on n'aurait rientrouvé, il reste possible qu'une impureté subsiste sur uneautre partie du vêtement.«Nous disons: Une semblable manie de recherche de détailsur les probabilités qui viennent à l'esprit, a été étudiéedans les ouvrages de droit, qui ont décidé, qu'en la matièreuneconviction se rapprochant de la certitude était suffisante.Dans le cas contraire, toute prière deviendrait impossible.(Page 83.)« Il n'y a en effet ni eau, ni tissu, ni quoi que ce soit, que


NACHR AL-MATHÀNl 361l'on ne puisse soupçonner de contenir quelque impureté, etquand bien même une chose impure serait lavée, elle nepourrait pas être considérée comme absolument pure j lefaitdelaver,en effet, n'enlève pas la possibilité qu'il subsistedans l'objet lavé, si l'on y réfléchit, un infiniment petitd'impureté: mais la loi décide, qu'en semblable matière ilfaut se régler sur sa conviction, en se conformant à l'usagecourant et non en obéissant à de simples suggestions quine s'appuient sur aucun précédent.« Celui qui a lavé un vêtement de telle sorte qu'il peut êtreconvaincu que toutes les impuretés qui s'y trouvaient ont étéenlevées par l'eau, son vêtement est virtuellement pur, conformémentà l'usage courant adopté pour la somme d'impuretésqu'il faut enlever j le vêtement ayant été frotté etarrosé fréquemment d'eau renouvelée, il ne reste plus aucuneimpureté et l'on ne doit pas rechercher s'il peut encore yavoir un endroit impur, contrairement à l'usage et à ce quel'on peut constater d'après la couleur, le goût et l'odeur. Iln'y a pas désaccord entre les 'Oulamâ à propos de questionsde ce genre qui se présentent sous de nombreuses formes,telles que les ablutions locales, par exemple, que l'on faitsans voir l'objet de ces ablutions j on les considère commesuffisantes par conviction, et cette conviction est établiesur des indices tels que la rudesse au toucher de l'endroitlavé, de la disparition de l'impression de mou sous lesdoigts: on en déduit que l'endroit est propre. De même lefait de faire couler de l'eau sur tout le membre que l'onlave, dans les ablutions partielles, ou le passage fréquent


362 <strong>ARCHIVES</strong> IIIAROCAINESn'ait pas atteint une certaine partie, il n'y aurait pas à entenir compte.« S'arrêter à cela, rentre dans l'obsession maniaque, quiest interdite par les ·Oulamâ. Ceux-ci déclarent que cetteobsession est causée ou par un trouble de la raison, ou parl'ignorance de la Sounna.« Si la Sounna n'était pas conforme à la coutume, et àla plus grande probabilité en la matière, on ne considèreraitpas comme ignorant la Sounna, celui qui est affligé decette manie. Lorsque les fouqahâ ont décidé à propos de laprière, de la pureté, et de tout ce qui rattache à l'adorationqu'il fallait une certitude, il faut entendre cette certitudedans le sens de la plus grande probabilité; le contraire rentraitdans l'obsession maniaque qui l'emporte sur cetteprobabilité. II ne s'agit pas dans l'espèce d'une certitudeabsolue, comme en matière scientifique, telle qu'elle estindiquée par les 'Oulamâ : cette certitude absolue n'est exigéeque pour les articles de foi qui constituent la base dela religion. II faut arrêter son esprit sur les différentesbranches du droit, qui sont établies pour la plupart surl'interprétation.«En sachant ce que nous venons d'établir,c'est-à-dire quequelqu'un qui aurait vu la laine brute et qui saurait qu'ellea été arrachée, ne pourrait plus la distinguer de la soie laplus pure après le travail considérable dont elle a été l'objetet toutes les manipulations qu'elle a subies, on ne peutabsolument pas soupçonner qu'il y reste encore une impuretéquelconque.(Page 84.)« Si la conviction que l'on a à ce sujet est três forte, ense basant sur la croyance courante que la partie infime quiétait impure a disparu par le travail dont la laine a étél'objet, il n'y a plus aucune raison pour s'arrêter à recherchersa purification, et c'est ainsi que nous avons décidé de


NACHR AL-IIlATHÂNl 36illa pureté de tout ce que l'on pouvait considérer commeimpur. C'est d'autant plus évident que la laine tondue estreconnue comme pure, d'une façon unanime, quoiqu'onpuisse supposer que quelques poils arrachés restent mélangésà la laine et que tout le monde soit d'accord à ce sujet;quiconque a vu travailler des tondeurs s'en rend compte.« Cependant on néglige cette partie insignifiante qu'il estimpossible de supprimer et que l'on ne peut pas voir pourl'enlever; malgré le travail considérable qu'il faudrait fairepour distinguer l'une de l'autre, il resterait, quoi qu'onfasse, une petite partie impure.« 2 0 Si nous admettons que la laine est arrachée, que peutnous importer que les racines de cette laine ne soient pasenlevées après qu'elle a été arrachée; mais il est plus probablequ'elle a été coupée; on n'a aucun intérêt à les laisser,il semble au contraire que l'on a intérêt à les enlever pourfaciliter la fabrication.«Si, comme le dit Roudânî, ceux qui sont chargés de cetravail sont musulmans, ils rechercheront par eux-mêmesà enlever toutes les impuretés de la laine, afin qu'elles nesoient pas mélangées aux vêtements; ils n'ont aucun intérêtà les laisser et, de ce fait l'origine de cette laine est pure, àmoins qu'il ne soit absolument prouvé qu'elle n'est pas tondue,ou quelque chose d'analogue, mais combien il est difficilede le prouver.« 3 0 Si nous admettons que la laine est arrachée, et qu'ily reste encore des parties impures; si d'autre part, nous netenons pas compte de ce que nous avons dit sur la persistanceévidente de parties impures dans la laine tondue, lesdires du Chaikh AI-Oudjhourî ne s'écartent pas de l'opinionque toute impureté n'est pas enlevée et cela sur plusieurspoints, dont le premier a trait à ce que dit AI-Hattâb relativementà la différence entre l'obligation et la Sounna ;c'est là une opinion émise, mais non un principe établi,parce que des faits évidents se sont produits sous de nom·


Ail CHIVES <strong>MAROCAINES</strong>breux prétextes qui indiquent que ceux qui disent que lefait de porter de la laine est conforme à la Sounna, considèrentque c'est un devoir dont l'accomplissement ne sauraitentraîner une faute, qu'ils n'ont pas avancé cela à la légèreet que la prière et les autres actes obligatoires de la religionsont valables dans ces conditions.« Le deuxième point, prétendant que l'opinion émise parAI-Oudjhourî, que c'est par affection pour le Prophète quel'on porte de la laine, n'est pas l'opinion unanime, constitueune négation et l'affirmative l'emporte sur la négative,surtout lorsqu'il s'agit du Chaikh Al-Oudjhourî, qui est célèbrepar sa connaissance des différentes sciences du Rite,reconnue par ses pairs.« Nous n'avons jamais entendu dire que quelqu'un, ni ànotre époque, ni à une époque rapprochée ait jamais réunila connaissance d'autant d'ouvrages sur le Rite que lui; iln'est pas surprenant qu'il ait pu contrôler que l'opiniondont il s'agit était unanime, d'autant plus qu'il a cité l'auteursur lequel il s'appuie et que celui qui cite est digne defoi.« Quant au troisièmepoint,nous admettons que cette opinionne soit pas unanime; ce n'est certainement pas uneinnovation, ni un point de vue nouveau qui fasse l'objetd'une question improvisée; il s'agit là d'une habitude généraleà laquelle il est difficile d'échapper: l'usage en estrépandu partout sans que l'on puisse trouver dans le Riteune interdiction précise à son sujet. Cette habitude n'est niinterdite, ni extraordinaire, ni contestée, en admettant(Page 85.)qu'elle ne soit pas plus répandue qu'une autre: d'ailleurs ilarrive souvent qu'une chose même improvisée, soit égalementconforme au Rite.« Il n'y a pas à tenir compte des oppositions à cette manièrede faire. Roudânî aurait dû s'exprimer ainsi: c'est


NACHR AL-MATHÂNiévident, sans doute, mais cela n'est appuyé que sur desopinions restreintes.«Quiconque aétudiéattentivementles différentes branchesdu Rite Malékite et les a examinées avec soin chacune enparticulier, se rendra compte de la véracité de ce que nousavançons. Le Chaikh AI-Oudjhourî est de ceux de notreépoque que' l'on doit préférer pour les sciences du Rite etpour les conclusions qu'il en tire; cette question est unedes questions fondamentales et ce que dit Roudânî, contestele principe et les faits; on sait ce qu'elle contient de divergenceset les opinions des uns et des autres à ce sujet sontconnues.« On peut arriver à cette conclusion, que les détails de laquestion ne sont pas mentionnés dans les ouvrages de principeset que Roudânî profite de cette circonstance pourcompliquer les choses et essayer d'arriver à faire disparaîtreune coutume,« Il fait de même à propos d'autres questions qui si ellesn'ont p'lS plus d'importance, en ont une analogue. Dieuconduit dans la bonne voie. » Ici se termine la citation dutexte d'Aboû Sâlim. L'auteur,l'esclave qui a besoin de l'aidede Dieu, Mouhammad ben At-Tayyib ben 'Abd As-SalâmAI-Qâdiri AI-Hasanî, ajoute:« Ce que dit notre Seigneur Aboû Sâlim est très faible,malgré ses longueurs et ses développements; en effet il considèreà tort l'arrachement de la laine comme une supposition.Le personnage dont nous écrivons la biographie adit auparavant, qu'il est sûr que la laine est arrachée surdes moutons vivants. Comment peut-on opposer une surpositionà une certitude, à moins que cette supposition nesoit appuyée sur des textes ou sur l'expérience?« Ce que Aboû Sâlim AI- 'Ayyâchî a emprunté à SayyidiAhmad ben 'Imrân, que la laine est purifiée par le lavage,prête à discussion.« En effet. cc qui est purifié par le lavage, c'est ce qui a2 l, •


:J6G<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>été souillé, mais la laine dont il est question est elle-mêmela souillure, les racines de la laine arrachée sont entre-croiséesles unes avec les autres et c'est là l'origine même de lasouilIure ; leur enchevêtrement emp~che leur purificationpar l'eau quand même on la travaillerait beaucoup, en lavantet en frottant; cette souillure ne peut disparaître qu'encoupant la partie souillée. C'est là une question analogue àd'autres du même genre, qu'il vaut mieux négliger, à causedes difficultés insolubles qu'elle présente. D'ailleurs, il n'estpas difficile d'éviter de revêtir de la laine arrachée, et il estaisé de trouver des vêtements fabriqués avec de la lainetondue, à moins que l'on ne prétende que la laine arrachéeseule se trouve dans certaines régions, comme en Égypteet dans d'autres pays.« Mais dans notre Maghrib, les gens riches seuls g'habillentde drap et la plupart des Maghtibins n'en portentabsolument pas. Ce que l'on dit que la laine tondue contientforcément des poils arrachés est très possible; maiscela fait partie des choses auxquelles il ne faut pas s'arrt~·ter, étant donné qu'il est impossible de l'empêcher, du faitmême de la probabilité de leur présence dans toutes lestoisons tondues. Se refuser à revêtir la laine arrachée estune erreur religieuse; ce refus conduirait en effet à ne plusrevêtir de laine du tout et cela à cause d'un sentiment deprobabilité qui peut d'autant moins servir de base à unedécision juridique qu'il est nécessaire que l'on puisse sevêtir de laine; jamais aucun docteur, n'a pu dire d'après les(Page 86.)docteurs anciens que la laine ne devait pas être utiliséepour les vêtements. C'est une ancienne coutume et l'on saitque le Prophète, sur lui la bénédiction et le salut, s'habillaitde laine. Cela se rattache au premier des trois pointsdiscutés entre le Chaikh Aboû Sâlim et !e personnage dontnOLIs écrivons la biograpl:'-ie.


NACHR AL-MATIlÂNl 36.« Quant à la deuxième question, sur la possibilité qu'il'ya à ce que les racines de la laine arrachée soient coupées,c'est peu probable; si on avait l'intention de couper lesracines, on commencerait par tondre la laine; couper lesracines, constitue en effet une probabilité contradictoire àl'arrachement lui-même. Si l'on dit que l'on coupe ensuitela partie contenant toutes les racines arrachées, il est inutilede poser la question.« Dire que ce sont des Musulmans qui travaillent la laineet que tout naturellement ils doivent enlever les impuretés,est vrai, sans aucun doute, mais d'autre part ces Musulmanssont sous les ordres des infidèles et travaillent poureux; ils n'ont donc aucune initiative. Dans ces conditionsil n'y a plus de garantie de pureté et on peut conclure quecette laine est certainement impure.«Letroisième point, que ce quedit le ChaikhAI-Oudjhourîne s'écarte pas de l'opinion que toute impureté n'est pasenlevée, confirme qu'il y a là une contradiction évidente,que ce que dit le Chaikh AI-Oudjhourî d'après les auteursest suffisant et qu'il ne s'agit pas d'une innovation, maisd'une habitude déjà répandue ainsi que nous l'avons ditprécédemment.« C'est là une chose très complexe: en effet, ce que l'ondit sur le désir de supprimer I:impureté est peu de chose;le Chaikh AI-Oudjhourî ne décide pas qu'il s'agit d'unechose universellement connue, ni qu'il la considère commepréférable, mais il l'admet à cause de la nécessité qui estune condition de la mise en pratiqùe d'une doctrine appuyéesur un petit nombre d'opinions.«Dieu Élevé connaît le mieux la Vérité et nous nous enrapportons à lui.« La décision généralement adoptée est que le drap detoutes sortes et de toutes couleurs est pur, et nous rejetonsl'argument du personnage dont nous écrivons la biographiequi consiste à prétendre que le drap est fabriqué dans


368 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>la plupart des pays avec de la laine arrachée. Au contraire,d'après les renseignements que nous avons recueillis, il estfabriqué avec de la laine tondue, et un grand nombre depersonnes nous ont dit que les habitants du Maghrib vendentla laine provenant de leurs troupeaux, dans les portsdu Maghrib et dans d'autres endroits, à des Européens et àd'autres gens, qui en fabriquent le drap. Cette laine esttoujours uniquement tondue, comme on le sait. La plusgrande quantité du drap est fabriquée avec cette seule laine;c'est ce qui se passe dans la plupart des pays.« L'argument du personnage dont nous écrivons la biographie,que le drap est fabriqué avec de la laine arrachéen'implique pas que la laine soit arrachée dans tous les pays,mais simplement qu'il en est ainsi dans les pays où il avoyagé; c'est un procédé employé exceptionnellement et onne base pas une décision sur une exception.« Le drap est unh'ersellement considéré comme pur;on peut le porter sans danger, sans hésitation, ainsi quecela ressort des décisions de nos Imâms. Dieu est le guide.»A propos du hadîth « Dieu punira les puritains exagérés»on trouve dans AI-Oubbî 1 un passage qui peut se rapporterau personnage dont nous écrivons la biographie.« AI-Oubbî, dans le chapitre de la Science, rapporte queTaqî Ad-Dîn ne portait pas de drap et que le chaikh, le faqîhAbou Mouhammad AI-Mardjânî, ne faisait pas la prièreavec des vêtements de cette étoffe, parce qu'ils prétendaientque l'on assouplissait le drap avec de la graisse de porc.« On peut se reporter au texte de J'auteur. C'est là unautre danger à éviter: on peut y arriver en lavant le drap,quand même l'étoffe devrait être parfois abîmée par le lavage.Dieu est le plus savant. »1. MOUIlAM'lAD AL-Ounnî, mort en 82] ou 828 H. (1423-1425), a laissé unouvrage intitulé: /kmdt A t-l"mât, commentaire de MouslÎIlI. Le passage citése trouve dans le 1. VII de cet ouvrage, p. 106, Imp. Sa':ida au Caire. Premièreédition 1328 H. (1910-1911). Ouvrage imprimé par les soins de Moùlây'Abd AI-llafid, Sultan du Maroc.


NACII R AL-MATIlÀNl 369Nous nous sommes trop longtemps arrêtés sur cette question,revenons à notre sujet:Le personnage dont nous écrivons la biographie, Dieului fasse miséricorde, s'était établi à Médine la Noble, quiest la meilleure des villes, du fait de la présence du Prophète,sur lui la bénédiction et le salut. Il fuyait la Sociétédes hommes et vivait absolument isolé; il travaillait deses mains pour vivre et sortait rarement dans la journée;il provoquait dans les cœurs une crainte respectueuse; ilavait renoncé à l'enseignement à cause de la corruption destemps, du manque de croyance des hommes et de l'évidencedes agissements mauvais, tels que porter de la soie,fumer, vivre des impôts Illégaux: il craignait beaucoup lepéché. On se mit à médire de lui à tel point qu'il quittaMédine PQur aller à la Mekke.Sa crainte de Dieu était telle, que le plus souvent il nevivait que du produit de son travail. Il possédait dans laperfection certains métiers; il faisait, par exemple des broderiesremarquables et des bijoux délicats, il reliait deslivres, fabriquait des chaussures. Quand il habitait Marrâkech,il ne se reposait que le jeudi et il mettait en ventetrois ouvrages faits par lui; il réparait également les pendules.Aboû Salim raconte cela et il ajoute:Parmi ses inventions délicates, ses fins travaux et lesproduits de sa fertile imagination, il faut citer un instrumentoù se trouvent réunis tous les avantages de la sciencede l'observation de l'heure et de l'astronomie. On n'en avaitjamais vu de semblable et personne n'en avait inventé depareil; il l'avait conçu par sa seule intelligence et l'avaithabilement fabriqué.Cet instrument se compose d'une boule brillante recouverted'un vernis blanc mélangé avec de J'huile de lin: elleAltell. MAROC. - XXIV. 24


370 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>paraît plus blanche qu'une perle par son éclat, et elle estpartagée par des traits circulaires.Une autre boule creuse, en deux parties, se place surelle; sur cette deuxième boule étaient tracés en creux lessignes du zodiaque, et d'autres indications. Cette bouleétait ronde, comme l'autre et peinte en couleur verte.Ces deux boules forment un ensemble remarquable àvoir et d'un enseignement profond; elles remplacent tousles instruments d'astronomie pour la recherche de l'heureet leur usage est aisé.Leur maniement se comprend facilement; les cerclesqui y sont tracés en sens opposés sont très visibles, et cetinstrument est utilisable dans tous les pays, parce que l'ony trouve toutes les longitudes et toutes les latitudes.En résumé, il est impossible d'en faire une descriptionexacte; celui-là seul qui l'a vu de ses propres yeux, peut encomprendre l'utilité et la valeur. Al-'Ayyâchî, après avoirparlé de ce globe, ajoute que Roudânî a fait un traité sur lamanière d'en faire usage: on l'a reproduità un autre endroit.Roudânî a étudié la science de l'astronomie sous toutesses formes, ainsi que toutes les sciences qui s'y rapportent,telles que les mathématiques et d'autres; mais il évitaitde s'occuper de la prévision des évènements futurs àcause de ses croyances religieuses, que Dieu l'agrée.Il me disait que le savoir dont se réjouissait un tel, c'est·à·dire Ibn Tâdj, et qui consistait à connaître les accidentsde l'atmosphère, tels que les éclipses de lune et de soleil,la pluie, les orages et les choses de ce genre, était facile àacquérir, mais que la certitude en cette matière était im·(Page 88.)possible à obtenir et gue ceux qui s'en occupaient perdaientleur temps; il ajoutait que raconter aux ignorants deschoses qui semblent laisser croire que l'on sait l'avenir, estblâmé par le Chra'a.


NACHR AL-MATIIÀNÎIl a fait sur l'observation de l'heure, une poésie plus importanteque la Raouda (1). Cette poésie est composéed'après ses propres observations; il n'y cite aucun des auteursantérieurs à lui et on n'en a pas fait de commentaire.Si nous avions pu lire cette poésie, nous en aurions in·diqué toute la valeur. En résumé, Roudânî est une desmerveilles des temps. Que Dieu élevé le prenne en sa miséricorde,qu'il l'agrée et qu'il nous fasse profiter de lui.Sayyidî Ahmad ben 'Oumal' As-Salawî.Aboûl-'Abbâs Ahmad ben 'Oumar As-Salawi, dit Aboûl­'Abbâs AI-Fâsi, était respectueux de la loi; il donnait l'enseignementaux enfants et il était nâdir du sanctuaire deSayyidî AI-Hâdj Ibn 'Achir. Il ajoute : mon Chaikh,l'Imâm Sayyidî Ahmad At- Tasoutî, disait que Salawî étaitvenu le trouver un jour, en revenant d'un pèlerinage au·près du Chaikh Aboû Yaza et qu'il l'avait informé que leChaikh lui avait parlé alors qu'il était éveillé, et lui avaitdit de le saluer de sa part, et d'autres choses encore.Salawî est mort en 1095 (1683-1684).I~VÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1095 (J.-c. 1683-1684).Tanger a été prise sans combat par les Musulmans, aucommencement du mois de Rabi' fer (février 1684). LesJ. La Raoudat at-A~hd,. d"Ann AR-RAHMAN AL-DJADÎRÎ AL-F.~si, lith. à Fèsen 1326 (19°8-1909) commentée par 'Abd Ar-Rahmân AI-Boû'aqili. - Al­Djadiri est mort en 839 (1435-1436).


372 <strong>ARCHIVES</strong> MAHOCAINESChrétiens abandonnèrent la ville après avoir détruit lesmaisons et s'enfuirent; que Dieu soit loué.Les Musulmans commencèrent la reconstruction desmurs au commencement du mois de Djoumâdâ 1 er (avrilmai1684).Il Y eut une éclipse de soleil le 27 Çafar (14 février),puisune éclipse de lune; puis il y eut un tremblement de terre tsuivi de deux autres.ANNÉE 1096 (J.-C. 1685).L'Imâm Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân ben 'Abd Al-Qâdù·Al-Fâsî.L'lmâm dont la mémoire était remarquablement ornée,le savant qui possédait un grand nombre de sciences, leprofesseur illustre Aboû Mouhammad 'Abd Ar-Rahmân,fils du Chaikh. de l'Imâm Aboû J'llouhammad 'Abd AI-QâdirAI-FâsÎ était surnommé le Soyoûtî de son temps; il possédaitun grand nombre de sciences et sa supériorité pourrédiger des poésies était incontestée. C'était un des savantsqui possèdent les textes; il en comprenait le véritable senset il les expliquait clairement; il en recherchait toutes lesfinesses et les suivait jusque dans les détails les plus délicats:il savait en tirer les interprétations les plus remarquableset il en saisissait toutes les conséquences. Il prenaitde nombreuses notes, et il recherchait tout ce quipouvait être utile et tout ce qui était intéressant. Sa dignitéet son prestige étaient considérables; à sept ans il savaitle Qoràn par cœur.


NACIIR AL-MATIIÂNi 373Il a été disciple d'un grand nombre de Chaikhs, entreautres son père, l'Imâm ; son oncle le Hâfidh Sayyidî Ahmadben 'Alî; le Prédicateur, le Mouftî, le Qâdl Aboû'Abdallah Mouhammad ben Ahmad ben Aboû'l-MahâsinAI-Fâsî; le Hâfidh, le Prédicateur Ahmad surnomméHamdoûn AI-Abbâr; le Prédicateur, le Qâdî Aboûl-'AbbâsAhmad ben Mouhammad Az-Zammoûrî; Aboûd-DiyâMayyara; Aboû 'Abdallah Ach-Charîf AI-Boû 'Inânî; leProfesseur, l'Imâm 'Abd Ar-Rahmân ben Aboû'l-QâsimIbn Soûda; Abou Mouhammad 'Abd AI-Wahhâb ben Al·'Arbî AI-Fâsî. Il a étudié les sciences mathématiques avecAboû'l-'Abbâs Ahmad ben Mouhammad AI-Qalçâdî, avecj\·10uhammad ben Ahmad Aç-Çabbâgh, avec Aboû MouhammadAbd AI-Qâdir ben 'Ali At-Toulait AI-Andalousî; les(Page 89.)biographies de ce dernier et de la plupart des Chaikhs dontnous venons de parler, ont déjà été faites précédemment.Il a été diplômé par un grand nombre de Chaik.hsd'Orient, tels Zain al-'Abidîn et son frère Aboûl-Hasan ;par Aboûl-Mahadî Ath-Thaïibî; par Yâsin ben Ghars Ad­Dîn Ach-Châfa'Î j par IbrâhÎm AI-Khiyârî ; par 'Omar ben'Abd AI-Qâdir AI-Machriqî j par Khair ad-Din AI-Hanafî;par Ibn Hidjâzî j par Ibn AI-Ghadn (ou Ghadr) j par Al·l\Iaimoûnî et par AI-Bâbilî. Les biographies de ces personnagesont été faites précédemment. Il s'est rencontré avecun grand nombre de gens de bien et avec des saints; ilétait supérieur à ses contemporains par le charme de sonaccueil et par son équité. Il était très formel et ne cédaitjamais lorsqu'il avait raison, même devant un grand nombrede contradicteurs. Il ne penchait jamais en faveur dequelqu'un dont l'opinion était douteuse, même s'il s'agissaitd'un des siens.Il était unique pour ses connaissances des choses extraordinaireset pour leur recherche.


3UARCIJIVES <strong>MAROCAINES</strong>. Il possédait par ses lectures un savoir très étendu et sascience était solidement établie et de grande envergure.Dans son ouvrage Al-Ouqnoûm, il a traité d'environ centcinquante sciences, ou davantage, qu'il a réunies et résuméesd'une façon très utile. Il a réuni également un grandnombre de faits de son temps, et de l'époque qui le précédaitimmédiatement dans un autre ouvrage, l'lbtihâdj al·Qouloûb, où il raconte des événements remarquables etmerveilleux. Il y montre avec certitude et sous la forme lameilleure, la vérité et le droit chemin, dans un ordre parfaitet sûr. C'est un fort volume contenant un grand nombrede matières scientifiques; il l'a terminé par un appendiceoù sont indiquées les différentes familles chérifiennes deFès. On y trouve également les chaînes mystiques dessaints personnages et les chaînes d'enseignement des 'Oulamâ.Lorsque son frère, le savant Sayyidî Mahammad,que Dieu l'agrée, se rendit compte qu'une agitation allait seproduire au sujet de ce que disait Sayyidî 'Abd Ar-Rahmânà propos des Chorfâ, il supprima le cahier OLI il en étaitquestion et supprima dans l'ouvrage tout ce qui avait traitaux Chorfâ. Il y avait en effet une certaine confusion dansce passage et l'auteur avait émis des idées personnelles surdes questions demeurées obscures ct, ces idées étaient encontradiction avec celles généralement admises. SayyidîMouhammad avait mis en circulation quelques copies decet ouvrage où se trouvait ce qui a trait aux Chorfâ, tel quel'auteur l'avait écrit: je n'ai pas vu la copie où cette partieétait supprimée, je n'ai vu que l'original et une copie où setrouvait la table de l'ouvrage relative aux biographies desChorfâ écrites de la main de l'auteur. J'ai vu ensuite cesbiographies dans l'ouvrage lui-même et de la main de l'auteurégalement. Il a réuni dans cet ouvrage et dans l'Ouqnoûmdont on a parlé plus haut, la plupart des Chorfâ deFès et il a indiqué leurs rangs. Ce travail a été reproduiten un grand nombre de copies et a été répandu. Le scan-


NACIIR AL-MATJlÂNi 375claie de cette publication n'a été évité que par la mort del'auteur.Il est mauvais qu'un ouvrage semblable paraisse duvivant de son auteur; on en a eu de nombreuses preuves;les envieux en effet excitent contre lui et cherchent à luicauser des ennuis, à attaquer sa réputation et à le faireaccuser de corruption, d'innovation, ou de pis encore. Que(Page go.)Dieu extermine la race des envieux; qu'il détruise les gensinjustes qui s'attaquent à autrui.En résumé, cet ouvrage est un livre dont on peut tirergrand profit, il est solidement conçu et ce serait une œuvreparfaite, s'il n'y était traité certaines questions qui ne sontpas conformes au Chra'a et dont la conception ne sauraitêtre approuvée, et s'il ne s'y trouvait certaines erreurs.Aboûl-Hasan Az-Zaqqâq avait cité dans sa Lâmiya unevingtaine de points dont la jurisprudence est établie par lesqadis de Fès; Sayyidi 'Abd Ar-Rahmân AI-Fâsî y a ajoutédans sa poésie en radja{ (1), trois cents autres points.Cela compose un ouvrage très important. Puis il en a faitun commentaire, mais les matières n'y sont pas classéesdans l'ordre voulu. A notre époque, un autre commentaireen a été fait par le faqih unique de son temps, le plus justeQadi actuel, Aboûl-Qâsim fils du Chaikh, du grand savant,du vérificateur célèbre d'un grand nombre de sciences,Aboû 'Othmân, Sayyidî Sa'id Al- 'AmÎrî At-Tâdilî. C'est uncommentaire remarquable, ,à la fois précis et complet.Les jurisconsultes se servent fréquemment du texte etdes commentaires de cet ouvrage et ils en tirent un profitincontestable., Le personnage dont nous écrivons la biographie, a égaIementécrit le A{hâr Al-Boustân fî Manâqib Ach-ChaiklzJ. Radja~ : mètre composé du pied moustafilorm répété six fois par deuxhémistiches; trois fois par hémistiche.


376 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Sayvidî 'A bd A r-Rahmân(AI-Madjdoùb), cet ouvrage estle parallèle de l'lbtihâdj al-Qouloûb dont on a parlé; il afait le commentaire des Marâcid, ouvrage de l'oncle deson pèr~, un ouvrage sur les vertus de l'homme qui connaîtDieu, Sayyidî Mouhammad ben 'Abdallah (Ma'n AI­Andalousî), un autre ouvrage intitulé Miftâh ach-Chifâen deux volumes: c'est le dernier qu'il ait écrit.Il a laissé en outre un commentaire du Tâli' Al-Mouchriq,sur la logique; le Bâhir fi lkhtiçâr al-lchbâ 1Van Nadhâ'ir;mille vers sous le titre de Ghâïat A l- lVatar sur lascience de la biographie; la Lam'a, sur les sept lecturesdu Qoran ; le Qotb ad-Dânî sur l'art d'exposer de plusieursfaçons le sens d'une même chose, et le commentaire de cetouvrage; il a mis en vers la Çoughrâ (de Sanoûsî) ainsique la Mouqaddima. Il a écrit sur les Açlain (d'Ibn AI­Hâdjib) sur les Mouçtalah al-Hadîth (expressions techniquesdes hadîth); sur le partage des successions, le calculet les controverses; sur la prosodie, la politique, l'astronomie,la magie, les amulettes, le sens secret des lettres, lagéométrie, la recherche de l'heure; sur l'usage de l'astrolabeet du quart de cercle et sur d'autres sciences curieuses,ainsi que sur la conservation des connaissances délicateset spéciales.En résumé, il a laissé un grand nombre d'ouvrages.Celui qui en a fait les commentaires, déclare qu'il en aécrit plus de quarante j il surpassait tous les savants de sontemps par la quantité de textes qu'il avait dans la m~moireet par l'étendue de ses connaissances: ses contemporainsen témoignent j un grand nombre d'entre eux ont été sesdisciples.Pour leur adresser ses condoléances à la mort de leurpère, le savant Abou 'Ali AI-Hasan AI- Yoûsî a écrit ce quisuit à Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân et à son frère Aboû AbdallahSayyidî l\lahammad : « Aux deux pleines lunes brillantes,aux deux mers profondes, aux deux perles su-


NACHR AL-MATHÂNi 377perbes, aux deux montagnes élevées, aux deuxImâms(Page 9 I.)honorés et vertueux, Aboû Zaid 'Abd Ar-Rahmân et Aboû'Abdallah Sayyidî Mahammad, fils de l'Imâm Élevé, del'Élu dans les temps, notre chaikh Aboû i\louhammadSayyidî 'Abd Al-Qâdîr ben 'Ali Al-Fâsî, que Dieu répandesa miséricorde sur son tombeau. Salut à nos Seigneurs,que Dieu leur accorde sa grâce et sa bénédiction, ainsiqu'à tous ceux qui font partie de leur société parfumée etdélicate et qui appartiennent aux branches de leur arbrebéni et élevé; à tous ceux qui font partie de leur Zaouïabienfaisante, aux membres de la confrérie qui l'habitent,à ceux qui les aiment, à ceux qui y viennent en pèlerinage;que Dieu les sanctifie tous et qu'il nous assure àtous, par sa générosité et sa clémence, la résurrection avecle peuple du plus compatissant (le Prophète).Et ensuite: Nous demandons à Dieu Élevé de nous consoleret de nous accorder ainsi qu'à tous les Musulmans lacompensation du malheur qui vient de nous frapper par lamort du Chaikh al-Djamâ'a, la lampe de la religion, lemodèle de son temps, la bénédiction de l'univers; car cemalheur est un deuil général et c'est un événement considérable.C'est une calamité si grande, que si la terre en avait ressenti leseffets, les fleuves ne couleraient plus, et l'herbe cesserait de croltre.- Que si le firmament en avait été éprouvé, le soleil ne se lèveraitplus, et la lune ne se coucherait pas.Comment en serait-il autrement, alors que ce pilier despeuples s'est brisé, que l'édifice des nations s'est écroulé,que la lampe s'est éteinte au commencement de la nuit,que le glaive est rentré au fourreau au moment ducombat?Demandons à Dieu Élevé de nous comprendre au jour2 5


:178 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>de la résurrection dans le premier groupe des peuples éluset de nous réunir tous à lui. Amin.Prionsle Tout-Puissant de réparer grâce à vous la pertecausée par cette mort, de remplacer sa science par la vôtreet d'ouvrir les portes de la bonne voie à ceux qui voudrontsuivre votre chemin. Prions-le d'éclairer de la lumière devotre lampe ceux qui mettent leur espoir dans la religion.Avec l'aide de Dieu, celui qui a eu un Chaikh comme luine s'égarera pas, et celui qui aura pour le remplacer deshommes comme vous, ne périra pas.Par Dieu, vous faites concurrence aux étoiles les pluslointaines et vous répandez le bien par la pluie de votregénérosité. Nous demandons pour "ous et pour nous, unconducteur qui nous maintienne dans la bonne voie.La nouvelle de ce malheur m'est parvenue au retourd'une absence j j'aurais voulu venir moi-même, mais j'enai été empêché. J'ai tenu à écrire, dans l'espoir que malettre pourrait être une petite compensation, d'ailleurs insuffisanteeu égard à l'importance de ceux à qui elles'adresse.Ce qui est arrivé à votre maison est un événement prévuparmi les malheurs et les calamités; depuis ma jeunesse,je suis préoccupé de ce moment qui sépare les amis de ceuxqu'ils aiment. Que ces lignes puissent tenir lieu de ce quej'aurais voulu faire et qu'elles vous apportent mes condo·léances dans ces circonstances. Nous prions vos ParfaitesSeigneuries d'accorder à l'esclave indigne le bénéfice de vosprières à tous, dites du fond de cœur. » Ici se termine lepassage de la lettre d 'AI-YoûsÎ.Parmi ceux qui ont fait les louanges du personnage dontnous écri\"ons la biographie, le Chaikh, l'Imâm Aboû SâlimAI- 'Ayyâchî a écrit la poésie suivante:Il n'y a pas sur la surface de la terre quelqu'un qui te vaille, ô leplus agréable des hommes. Gloire à ton Créateur!


NACIIR AL-MATIIÂNI 379(Page 92.)rai connu beaucoup de gens, mais je n'ai jamais trouvé personnequi puisse se comparer à toi ou qui s'en rapproche.Ni en Orient ni en Occident je n'ai entendu parler de qui que ce soitqui ait été ton égal dans sa jeunesse,Et qui à l'âge d'homme ait fait des ouvrages semblables aux tiens, niqui ait dans l'ensemble de ses travaux, des consultations comme lestiennes.Frondaison de gloire sur un arbre majestueux dans un jardin deSainteté, ta grandeur s'est élevée.Tu as grandi dans la gloire de la noblesse et personne à notre époquene s'est élevé au-dessus de toi...Cette poésie comprend vingt vers.Le savant Abou Marwân 'Abd Al-Malik At-Tadjmoù 'atia fai t également des vers à sa louange :Que la miséricorde qui émanait de toi, ô 'Abd Ar-Rahmân, te servede miséricorde: je ne consentirais pas à faire ('éloge d'un autre que toi.1\ lui a adressé également dans une lettre, une poésiedont voici le commencement.J'envoie par cette lettre mon salut à celui dont la gloire s'élève audessus'de l'Orient et de l'Occident.Le personnage dont nous écrivons la biographie est neen 1040 (1630-1631) ; il est mort le mardi 16 Djoumâdùlde l'année 1096 (avril 1684), et il est enterré dans la Zâouïatrès connue des Fâsiyin, aux Qalqliyîn, à Fès-Qarawiyyîn.Son tombeau se trouve au pied de celui de son père, àdroite en face du Mihrâb de la mosquée: il est recouvertde planches. Que Dieu Élevé lui fasse miséricorde et qu'ill'agrée.Ce que nous avons rapporté sur plusieurs événements quenous ne connaissions pas, depuis le commencement de cetouvrage jusqu'à présent, provient de notes qu'il a laissées.Vers la fin de sa vie il avait les jambes paralysées, et il


B80 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>resta immobilisé sur son lit pendant environ six ans. Onprétend que cette infirmité avait été· causée par des pratiquesde sorcellerie. Je souhaite que par la grâce de Dieu ilne s'agisse pas là d'une influence terrestre, mais plutôt queDieu ait voulu ainsi le purifier pour lui permettre d'entrerdans la demeure divine. Et Dicu est le meilleur guide.Le Saint personnage Sayyidî Mançoûr,enterré aux HajJârîll.Le saint personnage Sayyidî Mançoùr, surnommé BoùHoufra, est enterré aux Haffârîn, à l'intérieur de Bab AI­Guisa, à Fâs AI-Qarawiyyin. Son tombeau est un endroitde pèlerinage célèbre et c'est un sanctuaire connu. Il étaitprobablement disciple de Sayyidi Qâsim AI-Lalloùcha, dontla biographie a été faite précédemment 1.Le Professeur Sayyidî A 1-'A rbî ben Ahmad Al-Fâsî.Le faqih, le professeur, qui récitait très correctementle Qorân et qui l'enseignait, Aboû Mouhammad AI­Arbi, fils du Chaikh AI-Hâfidh Aboù'l-Abbâs Ahmad ben'Ali, fils du Chaikh Aboûl-Mahâsin AI-Fâsi, était né,d'après l'lbtihâdj dans la première nuit de Ramadân del'année 1055 H. (1645). Il connaît, dit le même ouvrage, lesparties les plus importantes des principes de la science, et,jusqu'à present, il continue à s'instruire; il savait parcœur le Moukhtaçar et il récitait dans la perfection leQorân d'après ses sept lectures.r. Sayyidî Qâsim As-SoufiânÎ, connu sous Ile nom de Ibn Lallodcha, e~tmort en [077 H. (1666) Cf. p. 263 de la première partie du texte du Nach,'al-Mathdnl.


NACIIR AL-MATHÂNi 381(Page 93.)Il est mort à la fin de Radjab de l'année 1096 (juin 1684)'Nous ajoutons: La récitation du Qorân d'après ses sept lectures,constituait pour lui un mérite suffisant, et lui attiraitde nombreux éloges, comme celui qu'a fait de lui le professeurAboûl-Qâsim Ach-Châtibî, que Dieu leprenne en samiséricorde.o toi qui récites le Qorân et qui en mets les préceptes en pratique,qui l'honore, le vénère et lui manifeste ton respect à tout moment.Tes parents sont revêtus d'un vêtement de gloire, ils portent undiadème ct des bijoux; qu'ils en jouissent en tout bien.Que fera Dieu pour récompenser leur fils? Il appartient aux Élusde Dieu, purs et élevés.Le sens de ces vers est indiqué par Aboû Dâwoûd et pard'autres, d'après les hadith de Sahl ben Maâd AI-Djahanî.qui tenait de son père que l'Envoyé de Dieu, sur lui la bénédictionet le salut, a dit: Celui qui sait le Qorân et quise cond'Jit d'après ses préceptes, ses parents porteront, aujour de la résurrection, un diadème plus éclatant que lalumière du soleil. On peut juger quel profit doivent retirerde ce savoir ceux qui le possèdent eux-mêmes.AI-Bazzâr et Ibn Mâdja rapportent d'après Anas IbnMâlik, que le Prophète, sur lui la bénédiction et le salut,a dit: Dieu a des gens à lui parmi les humains. Qui, ô Prophète?lui demanda-t-on. Ceux qui savent le Qorân, répondit-il,ceux-là sont les gens de Dieu et ils lui sont particulièrementvoués. Il n'y a pas de plus grande vertu. QueDieu nous place sous leur protection. Amen.2 5 *


382 <strong>ARCHIVES</strong> lIfAROCAINESANNÉE 1097 (J ..C. 1686).Il se livra une bataille contre les habitants de Târoûdânt,les pertes s'élevèrent à six cents hommes, entre morts etblessés. Dans un autre combat, le Qaïd Az-Zaitoûnî, lePâchâ Hamdân et d'autres furent tués.ANNÉE 1098 (J.-C. 1686-87).Le jaqîh Sayyidî Mouhammad ben Mouhammad benMouhantmad ben Soulaimdn Bou 'Indn Ach-Charîf.Le savant, le hâfidh, le prédicateur éloquent, le professeurAboû Abdallâh Mouhammad ben Mouhammad benMouhammad ben Soulaimân Adl-Charîf Boû 'Inân. On avu précédemment la biographie de son père Sayyidî Mouhammadet celle de son fils Sayyidî AI·'Arbî.Le personnage dont nous écrivons la biographie étaitprédicateur à la mosquée des Andalous, puis il fut nomméImâm et Prédicateur aux Qarawiyyîn, puis Qâdî à Fâs AI­Djadîd et Prédicateur à la grande mosquée. Il avait ungrand prestige sur le peuple et sur les notables. Il était néen 1028 (1618-1619) et il est mort le vendredi 12 DjoumâdâII de l'année 1098 (1686- 1687).


NAcnn AL-MATHÂNl383Le jaqth Sayyidt Mouhammad, fils de SaxxidîSa'îd Qaddoûra.Le savant des savants, Mouftî d'Alger Aboû AbdallahMouhammad, fils du Chaikh Sayyidî Saïd Qaddoùra.On a vu précédemment la biographie de son père. LeChaikh délicat, le savant Aboû Abdallah Ibn Zâkoùr, adit, dans son ouvrage intitulé Nachr A.,hâr al-Boustân,en parlant du personnage dont nous écrivons la biographie:(Page 94,)C'est un Chaikh en droit et en hadîth; il joint à sa noblessepersonnelle celle dont il a hérité; issu d'un arbrede science, il a fait ses soutiens de la bienveillance, dela dignité et de la paix. Il est respecté à Alger comme lapupille de l'œil; il en est le seul prédicateur et le seull\louftiet il tient dans sa main le bonheur de cette ville en cemonde et dans l'autre; on s'adresse à lui dans les cas difficileset c'est à lui que l'on a recours pour les questionsinsolubles. On s'appuie sur sa documentation pour les renseignementsanciens et pour les origines des Isnâds (transmissiondes traditions du Prophète).Il s'exprime avec facilité et éloquence, et il se sert de cesqualités pour charger à bride abattue contre les innovations;sa parole est agréable et convaincante; elle amollitles cœurs les plus durs; ses propositions sont séduisanteset agréées, son langage délicat s'impose aux plus récalcitrants.Cependant il ne s'est jamais nourri au sein des belleslettres,et il n'a pas bu au matin de sa vie le nectar mélangéde miel; s'il lui avait été donné de goûter cetteboisson, et de profiter de sa chaleur pénétrante, il n'estpas douteux qu'il aurait surpassé tous les savants de


ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>l'Orient et de l'Occident et qu'il aurait été le Phénix duMaghrib.Ce sont les fonctions d'Imâm occupées par son pèreAboû 'Outhmân qui l'ont élevé au·dessus des autres savantset qui l'ont conduit lui-même aux fonctions les plusélevées et lui ont donné les qualités les plus illustres.On a tout fait pour le renverser, mais il a émané de lui des chosesaussi brillantes que les étoiles.Ce vers est d'Ibn Sahl, dans une qacîda où il fait l'élogede ceux qui ont sauvé Ceuta.Ibn Zâkour a dit entre autres choses, voici ce que je luiai écrit:Le moment approche de réaliser la promesse de Celui que nous nevoyons pas et qui a toujours gardé secrète l'époque de la réalisation.o vous qui avez réuni la science et la gloire évidentes, et qui avez reçude votre père l'expérience et la vertu.o vous qui êtes si haut, le meilleur des gens pieux, Moufti d'Alger,à l'Océan duquel les savants ont puisé la science, " etc.Ibn Zâkour ajoute: C'est le dernier de ceux qui étaientinvestis d'une fonction et qui montaient en chaire, qui m'aitdonné un diplôme à Alger. Ce diplôme est du 1 er Radjab1094 (1682-1683).Le personnage dont nous écrivons la biographie estmort en 1098; il avait ~té disciple de son père.Le faqîh Sayxidî Mouhammad, surnomméAs-Souboû Al-Fâsî.Le faqîh excellent, l'ascète Aboû' Abdallâh Mouhammad,surnommé As-Souboû, le Lion, était fils du faqîh SayyidîMouhammad portant le même surnom, fils du faqîh SayyidiMouhammad, fils du Chaikh connaissant Dieu. Aboûl­Mahâsin Sayyidî Yoûsouf Al-Fâsî. L'auteur d'Al-Ibtihâdj


NACI1R AL-MATlI.\Ni3R5dit que son père n'avait pas d'autre enfant que lui et qu'ilest encore célibataire et d'un âge avancé.(Page 95.)Il est né en 1023 (1614) et il a recherché uniquement lascience et les choses utiles. Il est morten 1098 (1686-1687).Il est le dernier de la branche issue du Chaikh Mouhammad,fils du Chaikh Aboûl-Mahâsin, que Dieu l'agrée et qu'ilnous le rende profitable.Le ChaiMl Sayyidî A [-Hasan As-Soufydnî.Le Chaikh, le saint personnage dont on recherchait labénédiction, Aboû 'Ali Sayyidî AI-Hasan As-SoufyânÎ, estenterré à 'Ain Içliten, à Fâs-Qarawiyyîn, dans sa Zâouïa.Il a laissé des,compagnons et des disciples qui racontentles miracles qu'il accomplissait, les prophéties qu'il faisait,qui disent combien son influence était favorable et sa fréquentationprofitable; il était connu de tous, des citadins etdes campagnards.. Il est mort le 15 Qa'da de l'année 1098 (1686-1687), queDieu nous le rende profitable.Le Secrétaire Sayyidî Soulaimdn A {-Zarhofmî.Le haut Secrétaire, au style élevé, qui a été au servicedes deux règnes de Moulay Ar-Rachid et de Moulay Ismà'î\;Aboûr-Rabî' Soulaimân ben Abd 'Al-Qadir Az-Zarhoûnî,était au courant des secrets de ces deux sultans. Il estreprésenté dans le Dourr as-Sanî comme un homme debien, comme le plus fidèle des secrétaires et comme trèsreligieux et il raconte des anecdotes à son sujet.Le Maqçad raconte également des incidents qui se sontAllen. M.\IlOC. - XXIV. 25


i1B6<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>produits entre Sayyidî Soulaimân et le Saint personnage,connaissant Dieu, notre Seigneur Ahmad ben 'AbdalUh,qui montrent son amitié et sa vénération pour les Saintsamis de Dieu.Il est de ceux pour lesquels Sayyidî Ahmad ben Abdallâhavait de la considération et son heureuse influence se manifestalorsque le Sultan fit arrêter Abd 'AI-Wâhid, neveudu personnage dont nous écrivons la biographie. Dieu lepréserva de tout accident grâce à l'amitié du Chaikh Ahmad; que Dieu nous le rende profitable.Le faqîh Aboîtl-Qâsim ben Mouhammad ben Ibrdhîm,Le faqîh Aboûl-Qâsim ben Mouhammad ben Ibrâhîmétait suppléant des Qâdîs de Fès. Il est enterré près dutombeau de l'Imâm Ibn Ghâzî, aux Kaghghâdîn, à Fès­Andalous; que Dieu Élevé le prenne dans sa miséricorde.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE IOg8 (J ..c. 1685-1686).Prise de Târoûdânt de force sur ses habitants. A la finde R-adjab, est mort le Qâdî de Marrâkech, Aboû AbdallâhMouhammad AI-Hachtoûkî. Au commencement du moisde Cha'abân, le Sultan fit proclamer, par crieur public,l'interdiction de déposer les livres sur le sol.C'est là un excellent témoignage de respect.


NACU)l. !L-MATUÂ.NÎANNÉE 1099 (J.-C. 1686-87).Le Naqîb Sayyidî 'A bd-A l-Qâdir Ibn 'A bd AllâhAl-Djoîtti AI-EJasanÎ.Le naqib des Chorfà du Maghrib à son époque, l'unique


388 ARGIIlVIŒ <strong>MAROCAINES</strong>Cependant, la coutumeavait prévalu, à certaines époques,de confier les fonctions de naqîb à un descendant du Prophète,dans l'idée qu'il serait plus profitable pour les Chorfâqu'un autre et qu'il défendrait avec plus d'énergie la puretéde la famille; mais si les qualités nécessaires ne se trouventpas chez un Chérif, il est préférable de choisir un naqîb endehors de la famille du Prophète.En résumé, le rôle du naqîb est de défendre les descendantsdu Prophète, contre les mauvais propos et de protégerles tiers contre les malheurs qui leur arriveraient(s'ils se prétendaient Chorfà), conformement aux parolesdu Prophète, sur lui soit le salut, d'après ce que rapportentles ouvrages de traditions. Les six ouvrages de traditions etd'autres, sont d'accord sur le sens des paroles du Prophète,sur lui la bénédiction et le salut: « Quiconque prétend descendred'un autre que de son père, ou chercher à se rattacherà une autre famille que celle à laquelle il appartient, sera mauditde Dieu, des anges et du monde entier: Dieu ne tiendracompte d'aucune de ses bonnes actions. »Le Prophète a dit également: « Quiconque connaît sonpère et prétend descendre d'un autre que lui, le Paradis luiest interdit. C'est un hadith rapporté par Sa'd Ibn AbîWaqqâç. Aboû Houraira rapporte le hadîth suivant: «Nereniez pas le nom de votre père: quiconque le renie faitacte d'infidélité.» Le sens de renier son origine, est de s'endétacher par vanité, pour se rattacher à une origine étrangère.Aboû Darr, que Dieu l'agrée, a entendu le Prophètedire: « Quiconque prétend descendre d'un autre père quele sien, alors qu'il le connaît, fait acte d'infidélité. et quir:onqueprétend à ce qui ne lui appartient pas, n'est pas desnôtres, et il n'a qu'à choisir sa place en enfer. »Tous les auteurs sont d'accord sur la transmission deces hadîths.Dans la page du chapitre de l'affranchissement où il


NACIJR AL-MATIIÂNi 389parle de l'Asnân al-Ibil, Mouslim dit: ., Quiconque prétendà un autre père que le sien, ou veut se rattacher à uneautre famille que la sienne, sera maudit de Dieu, des angeset du monde entier; Dieu ne tiendra aucun compte de sesbonnes actions au jour de la résurrection. » Dans le chapitredu serment, .Mouslim rapporte le hadith d'AboûDarr, qui a entendu l'Envoyé de Dieu, sur lui la bénédictionet le salut, qui disait: «Quiconque prétend descendred'un autre père que le sien, s'il le connaît, fait acte d'infi·délité, et quiconque prétend à ce qui ne lui appartient pas"n'est pas des nôtres et il n'a qu'à choisir sa place en enfer. »Nous disons: Celui qui émet des prétentions menson·gères à une origine chérifienne s'expose à toutes ces calamités,s'il agit en connaissance de cause, ainsi que le prouventles termes des hadîlhs, qui ont été recueillis et qu'il connaît.(Page 97.)Le sens absolu de ces hadîths l'emporte sur leur sens relatif,ainsi que cela est établi chez les 'Oulamâ qui font loien matière de principes. Les calamités dont il s'agit se produisentpour deux raisons: la première, causée par la prétentionà un autre père que le sien j la seconde causée par la recherched'une chose qui ne nous appartient pas. L'explicationde ces paroles, prétention à unautre père que le sien, estqu'elle contient une injure, un mensonge, une désobéissanceet un mépris du respect pour le Prophète, sur lui la bénédictionet le salut, du fait de prétendre à tort au Chérifat.Cela mérite une correction douloureuse, mais n'entraînepas l'infidélité.Nos 'Oulamâ ont dit: Il faut s'entendre et la responsabi.lité incombe à ceux qui autorisent la chose. AI-Qourtoubîdit: Celui qui est responsable est celui qui autorise l'infi·délité ou quelque chose qui lui ressemble, car cette manièrede faire remonte au temps de l'infidélité.


ARC11T\"ES MAROC.UNESA~-OubbÎ : ~ Examinons le cas de quelqu'un qui seserait attribué un autre père que le sien, par nécessité,comme un voyageur, par exemple, qui, pris de peur, diraitqu'if est le' fils d'un tel, c'est-à-dire d'un homme considérablepar sa sainteté ou pour toute autre raison: if semblequ'il ne serait pas atteint par la malédiction, coritraire~ment à ce qui se passerait s'il s'était attribué un père quine soit pas le sien, pour en tirer vanite ou profit; cerui-Iàserait évidemment sous le coup de la malédiction dont ils'agit. »« Quant à celui qui prétend à une chose qui ne lui appartientpas, quelle qu'elle soit, que la chose appartienne effectivementà un tiers ou non, AI-Oubbi dit également: Ilen est de même pour quelqu'un qui prétend à une sciencequ'il ne possède pas et qui ambitionne une fonction dontil n'est pas digne. Toutes ces actions sont considérées parles Chaikhs comme des fautes. Ici se termine ce que ditAI-Oubbi. Nous disons: Tous ces hadiths sont très clairs,el1 cc sel1s que quiconque sait que ses ancêtres appartiennentà la famille du Prophète doit soutenir cetteprétention et ne doit pas y renoncer par humilité; ce seraituh péché, à moÎl1s qu'il n'ait des doutes. »JI Y a à ce sujet trois points à examiner:La certitude de l'origine, où des doutes à son sujet, oudes probabilités qu'elle n'est pas chérifienne: les deux: der~niers points créent à l'intéressé l'obligation de renoncer àses prétentions.Le premier point, c'est-à-dire la certitude de l'origine,demande des explications:Si llorigine considérée comme certaine est prouvée pardes preuves évidentes ou par des présomptions, l'intéressédoit continuer à se dire Chérif; en effet, les décisions légalessont basées avant tout sur la certitude, mais la plupart sontétablies sur des présomptions.


NACRA AI.-MATHÂNI 3!1lLe sens de certitude, ici, est celui d'une chose qui estcertaine conformément au Chra'a, c'est-à-dire d'après lacommune renommée et non une conviction que l'on s'estfaite à soi-même et qui ne saurait être prise en considération.En effet les décisions du Chra'a sont différentes decelles du raisonnement; lorsqu'une chose est annulée par'le CI1ra'a c'est comme si elle l'était effectivement. La présomptionest une preuve inférieure à la commune renommée.L'origine peut être établie par la commune renommée,par la notoriété et par des documents inattaquables, surlesquels on peut baser une décision. S'il y manque quelquechose, comme par exemple l'avération de la signature d'un'Adel, et que, étant donné le temps éloigné où le documenta été écrit, il n'y ait plus personne pour connaître cettesignature et son paraphe, le document la'isse planer undoute sur l'origine de celui qui le possède et on s'en rapporteà des indices qui peuvent être en sa faveur, commes'il n'y avait pas de différence entre ces documents et sesdires, à la condition que ces documents ne portent traceni d'effaçage, ni de rature, ni de grattage; on agit ainsi, à(Page 98.)plus forte raison, s'il y a des indices favorables hors de cesdocuments, comme par exemple si leurs possesseurs avaientun ancêtre illustre à la date des documents; cela ajouteraà la certitude, par des notes, des incidents d'héritages et deschoses vraisemblables; il est nécessaire que les indices sesuivent d'une façon évidente depuis cette époque jusqu'aumoment présent. Une autre preuve peut être établie sur lefait qu'un Imâm a parlé de cette famille dans des notes oudans des ouvrages. Les documents ne seront pas considéréscomme en contradiction avec la notoriété si l'intéressé aperdu le fil de sa descendance par une circonstance fortuite,comme par exemple s'il a changé de résidence ou


ARCIlIVES <strong>MAROCAINES</strong>quelque chose d'analogue et qu'il ait quitté l'endroit où ilétait connu pour un endroit où il ne l'était pas.Les Gocuments qui établissent le témoignage de l'originechérifienne sont pour la plupart établis sur des témoignagesde commune renommée, et ils sont valables pour établirl'origine ainsi que cela est dit en son lieu. Dans la Tabcirad'Ibn Farhoûn on lit que le témoignage verbal se divise entrois genres.Le premier établi sur la notoriété universelle, qui suffit àcréeria certitude, comme par exemple, que la Mekke existe.Le deuxième, basé sur un bruit très répandu j il est suffisantpour établir une probabilité forte, qui se rapprochede la certitude: c'est une preuve usuelle et courante pourles origines de quelqu'un: par exemple, si l'on dit Malik,f1ls d'Anas.Ces deux genres de preuves sont suffisants pour établirune certitude absolue.Le troisième genre est le témoignage auditif spécial 1 il ades règles qui sont énoncées dans les ouvrages de droit j ilconstitue une opinion, mais sans notoriété et on ne sauraiten tirer une certitude.Ibn AI-Hâdjîb a dit: « Ce que l'on entend dire généralementet qui constitue une véritable notoriété est, d'aprèsIbn AI-Qâsim, une preuve supérieure à un témoignagerecueilli; par exemple que Nâfâ'a est l'affranchi de Ibn'Oumar et que 'Abd Ar-Rahmân est fils d'AI-Qâsim,quand même on n'en aurait aucune preuve personnelle.On a demandé à Ibn Al-Qâsim si quelqu'un ne connaissantpas son père et ne sachant pas qu'il était son fils,pouvait témoigner qu'il était Ibn Al-Qâsim, rien que parla commune renommée, il répondit: oui, il peut l'affirmeret la descendance sera établie. »1. ~~YI LWI ii ~ ~ Iittéralement:« témoignage d'auditiontechnique ~.


NACHR AL-MATHÂNI 311:!Ibn 'Abd As-Salâm dit que ce genre de commune renomméesuffisante pour la connaissance est généralementadmise; cependant certaines personnes considèrent cettepreuve comme insuffisante et la repoussent.Ce qui ressort des dires des savants et de leurs décisionsgénérales sur ces différents points, est que la communerenommée rentre dans la catégorie de la voix publique. Onsait que la voix publique n'est pas suffisante pour établir lacertitude sur toutes les questions, mais qu'elle ne l'est qu'àla condition que le bruit qu'elle rapporte soit consistant. Icise termine l'extrait du commentaire d'Ibn AI-Hâdjib d'aprèsson texte. Le Toudiha exprime une opinion conforme.Nous disons: C'est là une complication nouvelle dans lanotoriété de l'origine j il en résulte qu'il est impossible defournir sur l'origine des renseignements d'une précisionabsolue j il est impossible, par exemple de trouver un témoignageétablissant d'une façon absolue que le sperme del'homme a pénétré dans la femme. Cela mérite d'être examiné.Les savants s'en rapportent, dans ce cas, aux indices descirconstances et les placent dans la catégorie des chosescertaines. Si les indices sont nombreux, cela i!11plique lacertitude, comme par exemple, la chasteté des mères defamille, leur bonne conduite et leur piété : cela suffit àécarter le doute et établir l'évidence.(Page 99,)Les généalogistes rangent les indices dans les preuves dusixième ordre 1.1. D'après le Moustaçfâ de l'Imâm AI.-GHAZZÂÛ, t. l, p, 44, les preuves sedivisent en six ordres: ("les Au'a/iyât (les vérités évidentes et palpables);2' les Mouchdhadât el-Bâtina les preuves intérieures); 3" Les Mahsoasât adh­Dhdhira (les choses visibles); 4-les Tadjrlbdt (les choses expérimentées); S'lesMoutau'dtirdt (les choses certaines par commune renommée); 6' les Wahamiyat(les preuves hypothétiques), Les indices sont rangés par les généalogistesda ns cette dernière catégorie..2 6


<strong>ARCHIVES</strong> M,\fiOCAINESAboû Hâmid AI-Ghazzâlî dit dans le Moustaçfâ ,'« Il n'estpas douteux que nous savons des choses qui ne tombentpas sous les sens. Si nous savons que quelqu'un (littéralement:qu'un autre que nous), aime quelqu'un ou le hait, lecraint ou se fâche contre lui ou lui témoigne du respect,ces sentiments sont dans le cœur de celui qui aime ou quihait, et il n'yen a pas de preuves palpables, mais on peutles supposer d'après des indices dont un seul ne serait passuffisant pour constituer une preuve, mais qui peut constituerun soupçon qui n'est pas suffisant pour créer autrechose qu'une très légère probabilité. Si un second et un troi·sième indice viennent se joindre au premier, en les prenantséparément ils ne constituent qu'une preuve insuffisante,qui n'est complètement établie que s'ils sont tous réunis.De même chaque catégorie de preuves établies par la communerenommée ne peut donner que des probabilités et lacertitude n'est établie que par leur ensemble. »Ici se termine ce qué dit AI-Ghazzâli à la fin du chapitresur le témoignage par commune renommée. Il ajoute:« Lorsque ces indices sont nombreux et réunis, cela constituecomme une chose établie par commune renommée:chaque signe qui apporte un témoignage, augmente laprobabilité, comme les dires rapportés par chacun surlui-même, la certitude est la résultante de leur réunion.Cette réunion établit la certitude et la décision. Un seulsigne ne suffit pas. Tel est le sixième des degrés qui serventà atteindre la certitude. Les cinq autres ont été donnésdans notre Mouqaddima; ce sont: les Awwaliyât, les Mahsoûsât,la Mouchâhada al-Bâti na, les Tadjrîbât et les Moutawâtirât.» (Fin de la citation de Ghanâlî.)On trouve les choses semblables ou analogues dans leBourhân de l'Imâm AI-Haramain 1; s'il en est ainsi la,. L'lmâm Al-Haramain 'ABIJ AL-MALIK llEN 'ABIJALUH AL-DJOliANÎ, morten 478 H., a laissé entre autres ouvrages: AI·BourlzJn fi Ouçoûl Al-Fiqh.


certitude sur certaines généalogies est faite par la réunionde ces dilfér~ntes preuves et il n'y a aucune difficulté; ilen est de même pour quelques fractions spéciales, dont lenom est généralement connu en Orient et en Occident: cerang est le plus élevé parmi les Chorfâ. Sois glorifié, leplus Savant et le plus Sage 1Les trois degrés (de témoignages auditifs) se retrouventtous dans les gtnéalogies chérifiennes et tous les trois sontvalables légalement. On peut y ajouter un quatrième degré,qui est un témoignage, mais qui ne remplit pas toutes lesconditions prescrites; il peut servir à compléter une autrepreuve, tel que les dahîrs des souverains, les concessionsde pensions annuelles et autres choses semblables. Il y amême un cinquième degré: si quelqu'un est désigné avec letitre de Chérif dans un acte d'achat ou de commerce ouquelque chose d'analogue, même si cette désignation neconstitue pas l'objet du témoignage pour lequel l'acte estétabli, contrairement à ce que dit Ibn 'Arafa.En résumé, ce cinquième degré constitue un indice, quipeut être suffisant pour établir l'origine, mais à la conditionqu'il y ait des actes analogues pour le père et le grandpèrede l'intéressé, et qu'il n'y ait rien de prouvé sur leurcompte qui détruise sa prétention. La prétention est encoreplus coupable si elle est inventée et basee sur des dires, surtoutsI l'intéressé en est lui-même l'inventeur.Tout cela entraîne les calamités auxquelles sont exposésceux qui prétendent faussement à la qualité de Chérif jelles ont été indiquées dans les textes déjà cités: de semblablesprétentions méritent une punition douloureuse etune confusion publique qui châtie son auteur de sa conduiteet l'empêche à jamais de retomber dans une erreurpareille. Celui dont l'origine est établie, a le devoir de COI1-(Page 100.)tinuer à la maintenir, quand même il n'aurait en main


3% <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>que la preuve de l'origine de ses parents, à la conditionqu'il n'ait pas connaissance qu'elle ait jamais été contestée.•Celui qui connait Dieu, le savant, le modèle, le vérificateurSayyidî Ahmad Zarroûq 1, que Dieu nous fasse profiterde lui, a dit: « Celui qui a hérité de quelque chose de sespères, doit le conserver par respect, même s'il n'en connaîtpas l'origine certaine, conformément au hadith qui dit:Renier le moins du monde son origine est une infidélité,et les gens sont crus relativement à leur origine, si l'on n'apas de preuves du contraire. »Le sens de ce passage se trouve expliqué dans le commentairede la Waghlîsiya 2 10rsqu'il parle des vertus des descendantsdu Prophète et qu'il dit: Les gens sont crus relativementà leur origine, tant que leurs dires ne sont pas contreditspar une certitude. C'est ce que dit Zarroûq dans leDjâmi' ,commentairede la Waghlîsiya. Ce que ditAt-Tatâ'î,que les gens sont crus relativement à leur origine, sauf ence qui concerne l'origine chérifienne, n'est généralementpas admis, d'après le Chaikh 'AIî AI-Oudjhoûrî. Quant auhadith cité par Sayyidî Zarroûq, que nier son origine lemoins du monde constitue une infidélité, je ne l'ai pastrouvé sous cette forme; voici ce que j'ai vu d'après la traditionrapportée par 'Amr ben Choua'ïb d'après son pèreetle grand-père de celui-ci: le Prophète, sur lui la bénédictionet le salut, a dit: Quiconque prétend à une origine qui nelui est pas attribuée fait acte d'infidélité à Dieu. AI-l\'loundirî,dans les A ousât, fait la même citation d'après Tabarânî.Il faut en semblable matière examiner les droits de ceux àqui on attribue une origine chérifienne et de ceux qui se l'at-1. Aboûl-Abbâs Ahmad ben Ahmad ben Mouhammad ben 'lsA AI-BournousiAI-Fâsi, célèbre sous le nom de ZARROÙQ, mort en Ifriqiya en 899 H. Naflal-Ibtihddj, p. 71.2. AL- WAGHLÎSIYA ou MOUQADDAMA de \VAGHL!sî ('Abd Ar-Rahmân benAhmad AI-Bidjàî), enterré dans la tribu des Bidjâïa, mort en 786 H.Narl Al­Ibtihddj, p. 142 •


NACHR-AL-lIIATHÀN 1 3!17tribuent eux-mêmes, dont les prétentions ne présentent aucunmensonge et que l'on ne peut rétorquer qu'à l'aide depreuves contraires: si leurs prétentions sont mensongères,ils vont eux-mêmes au-devant des calamités ainsi que l'adit le Prophète, sur lui la bénédiction, et le salut commel'ont rapporté At-Tirmidî, AI-Bahaqî, At-Tabarânî, IbnHibbân dans son Çahîlz et AI-Hâkim. Il a dit, et il n'y a àce propos aucun doute: Six espèces d'individus sont mauditspar Dieu, car tout Prophète est exaucé; ce sont ceuxqui ajoutent au Livre de Dieu, ceux qui nient la puissancede Dieu, ceux qui exercent arbitrairement le pouvoir, quiélèvent ceux que Dieu a abaissés et qui abaissent ceux queDieu a élevés, ceux qui autorisent ce que Dieu a défendu,ceux qui rendent légitime pour leur descendance ce qui luiest interdit par Dieu t; ceux qui abandonnent ma loi.Un hadîth cité par Aboû Sa'îd AI-Koudrî et qui remontejusqu'au Prophète par Aboû Noua'im et par d'autres, dit:La malédiction de Dieu est terrible pour qui me portepréjudice dans ma famille. AI-Manawî, dans son commentairede Djâmi 'aç-ÇaglzÎ1", dit: Quel que soit le tort causé,tel qu'insulter ou injurier des membres de cette famille,ou contester leur origine. chercher à diminuer leurs privilègesou à exclure certains d'entre eux. La famille comprendles descendants, les proches, ceux de la même souche etdes branches rapprochées. Lorsque l'Imâm, l'argument, leMouftî de son temps, Aboûl-Qâsim ben Khadjoû eut refuséà plusieurs familles du Habt de reconnaître leur originechérifienne, le personnage dont nous écrivons la biographierencontra un de ceux qui appartenaient à u ne de ces familleset il refusa également de lui reconnaître cette origine ens'appuyant sur ce qu'avait dit Sayyidî Aboûl-Qâsim.Aboû 'Abdallah Mouhammad ben Hasan AI-Madjâcî, lesavant des savants, qadi de Moûlây Ismâ'îl (à Fès). le rétor-1. C'est·à·dire qui se donnent une origine chérilienne qu'ils n'ont pas.2 6 ..


AOCnIVES <strong>MAROCAINES</strong>qua et voici le résumé de ce qu'il dit: « Le très documenté{Page /o/.~;) bn Khatdoûn, qui a ·étudié oette question, ne tient aucuncompte de ceux qui nient aux 'Oubaidiyîn la qualité ,deChorfâ, ni de tout ce que l'on a dit sur leur compte pendantplusieu'fsgénérations. D'après les principes légaux, ,ce quiprouve l'emporte sur ce qui nie: l'erreur Ici se termine la citatiofl duChaikh A,I·Madjâet. Mais il resteà examiner .ce qu'il a déduit des paroles d'Ibn Khaldoûn, ùpropos des 'Oubaïdiyîn : leurs prétentions diffèrent et ilsfont remonter leur origine tantÔt à unancètre, tantôtùancêtre. Ibn Hazm a signalé cela d(!ins sa Djam.hara et ila dit : C'est manifeste; et il le démontre clairement : ils'y faut reporter.On voit dans l'Iktifd de Souyoûtî, d'après le Qâdî AboûBakr AI·Bâqilânî, que Al-Qoddâh, ancêtre des 'Oubaidiyîn,qui s'intitulait Al-Mahdi, était mage. Un d'eux, Al'-Azizr. C'est-à-dire qu'il vaut mieux considérer mille infidèles comme musulmansque de risquer de considérer un seul musulman comme infidèle.2. Nous traduisons ainsi ~ (mataghaba) qui ne se trouve dans aucundictionnaire non plus que sa racine ~ (ghataba). On trouve dans leQorân, sourate « les Appartements,. ~ F: 0.YJ « ne médisezpas les uns des autres,.. Sourate 49, verset 12. Traduction KASIMIFSKI;P·4 2 4·3. QORÂ", Sourate 33, verset 5. Traduction KoIoSIMIRSKI, p. 337.


NACl1R AL-MATlIÀNtben AI-'Mou 'izz, monta en chaire au commencement deson règne et y trouva un papier où étaient écrits ces vers:Nous avons entendu parlerd'une origine qui n'est pas admise et quiest lue en chaire à la mosquée.Si vous êtes véridiques dans vos prétentions, indiquez-nous celuiqui vient avant votre quatrième ancêtre.Si vous voulez vérifier ce que nous disons, donnez-nous votre propreorigine, comme l'a fait At-Tâ'i t.Commencez par laisser de cÔté vos origines et contentez-vous vis-lvisde nous d'une origine ordinaire.La descendance des BanÎ Hâchim n'est pas à la portée de ceux qui yprétendent indûment.AI-Qâbisî ajoute: 'Oubaidallah et ses fils ont fait mettreà mort plus de quatre mille oulama, auxquels ils défendaientde dire la formule: Que Dieu soit satisfait d'eux,en prononçant les noms des compagnons du Prophète etqui préférèrent mourir.Une autre fois, AI- 'Azlz trouva sur la chaire un papier oùse trouvaient les vers suivants:Nous nous soumettons à l'injustice et à la violence, mais non à l'infidélitéet à la folie.Si vous avez la science des choses cachées, dites-nous qui a écrit cepapier.Les 'Oubaidiyîn prétendaient en effet à la connaissancedes choses cachées.Ar-Rou'ainP a dit: Les 'Oulamâ de Qairawouân ontdéclaré à l'unanimité que les Banï 'Oubaid étaient des Mal.AT-TA'î(Aboû Bakr Abd Al- Karim ben AI-Moutâi' Al-f'ildil ben AI-MouqtadirAI-IIàchimi AI-'Abbâsi,le sixième émir des Abbasides. Il avait abdiq u"en faveur d'un de ses cousins, Aboûl-'Abbâs Ahmad ben lshâq. DIYÀRBAKiRi,Tarikh Al-Khamls, t. Il, p. 354.1. ROUA 'AiN'. L'Imàm Ar-Rou'nini, Mouhammad ben Saïd ben Mouhammadben Othmân AI-Andalousi AI-Fâsî, mort en 779 H., a laissé un grand nombred'ouvrages, entre autres un résumé d'Ibn Rouchd. Naïl a!-Ibbtihddj, p. 278.


400 <strong>ARCHIVES</strong> l'tIAnOCAINESnichéens; il faut se reporter à ce que dit As-Souyoûthî;ce serait trop long à rapporter.(Page /02.)Il est étonnant qu'Ibn Khaldoûn considère leur exclusionde la descendance du Prophète comme une chosesans consistance et qu'il s'appuie sur la durée de leurdynastie, sur l'obéissance que leur témoignaient les chiiteset sur la lettre d'AI-Mou'tadid à Ibn Aghlab, à proposd"Abdallah : cela se trouve au commencement de ses Prolégomènes,mais cela ne constitue pas une preuve. Ce quiécarte les 'Oubaidiyîn de l'origine à laquelle ils prétendaientse trouve dans leur généalogie, qui seule pouvait faire autoritéen la matière. L'opinion émise à ce propos par IbnKhaldoûn n'est pas digne de lui.Le but du Chaikh, le Qâdî Aboû Abdallah AI-Madjâcî,est d'établir qu'il ne faut pas s'arrêter aux médisances plusou moins répandues, s'il existe des preuves suffisantes del'origine, car ce qui prouve l'emporte sur ce qui nie.Tout ce que nous avons dit relativement au bien-fondéd'une descendance, est bien établi; lorsqu'il y a preuvedans les deux sens, il y a doute, car le doute provient dedeux affirmations contraires et d'une valeur égale; à plusforte raison's'il n'y a pas de preuves favorables: dans cecas, l'intéressé n'a qu'à s'en remettre à Dieu.Le Qâdî Ibn As-Sakkâk, dans son ouvrage Naçh MoulotÎkal-Islâm, a dit: Il incombe à celui qui a un doutesur l'authenticité de son origine chérifienne etqui n'a pas depreuves absolues, mais de simples probabilités contradictoires,de renoncer à ses prétentions, de crainte qu'il nesoit pas effectivement Chérif et qu'il attire lui-même sur satête la malédiction et la colère divines - Dieu nous enpréserve.-Quelle force aurait-il au jour de la résurrection, en trouvantcomme contradicteur le meilleur des humains (le


NACIIR AL-MATHÂNi 401Prophète), Fâtima Az-Zahrâ, AI-Hasan et AI-Housain, sureux soit le salut, et que chacun d'eux lui dise: Tu as violéun sanctuaire, tu t'es imposé à ma descendance, tu nem'appartiens pas. A mon sens, c'est là un péché plus grandque tous les péchés; en effet, c'est une violation de la chosela plus vénérée, telle qu'il n'yen a pas de plus sacrée. Maisil incombe à celui qui a un doute, de se dire: Si je suis effectivementde la famille du Prophète, tant mieux, et si jene suis pas reconnu comme tel, cela n'a aucune importance;il me suffit que Dieu et le Prophète me reconnaissentcomme tel; en résumé il devra renoncer à la publicitéau nom de Dieu. Si quelqu'un renonce à quelque chose enson nom, Dieu le récompensera par quelque chose de préférable.Si l'intéressé n'est pas effectivement Chérif, quellesera sa honte devant tous ces témoins et que gagnera-t-il àla publicité sur la terre, parmi des gens sans importance,dont un le croira et mille ne le ..roiront pas, à tel pointque des gens de rang inférieur seront dans une situationpréférabl~ à la sienne et que la plupart le traiteront sanstenir compte de ses prétentions. Son but est d'obtenir durespect et de la considération, il sera au contrai re abaissé etméprisé et entendra des allusions blessantes. C'est là unepunition immédiate terrible et un danger pour l'avenir. JIest donc préférable de toutes les façons de renoncer à desprétentions mal fondées; si l'on craint de s'exposer à lamalédiction qui menace ceux qui renoncent à leur originechérifienne, il faut se dire que cette crainte serait admissiblesi les preuves en faveur de cette origine chérifienneétaient suffisantes et que, dans ce cas. personne ne conseilleraitla renonciation à cette origine, au contraire; c'est eneffet le poids le plus lourd qui l'emporte et la certitude estabsolue avec le poids le plus lourd, mais il s'agit du cas oùles preuves sont faibles et qu'elles ne permettent que desdoutes, des soupçons ou des probabilités et pas autrechose-:dans cc cas il vaut mieux s'abstenir.ARcn. ~L\noc. -XXIV.


ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>Réfl{~chissez à ces bons conseils, que Dieu accorde samiséricorde à celui qui les a donnés; il en sera récompensédans ce monde et dans l'autre. Ici se termine la citationd'Ibn As-Sakkâk. Ce seraient d'excellents conseils, si quelques-unsd'entre eux n'étaient pas en contradiction avec cequi a été cité des paroles du Chaikh Zarroûq, qui a dit :Celui,qui a reçu un héritage de ses ancêtres, doit le conserver(Page 103.)par respect, même s'il n'en retrouve pas l'origine sûre, etc.,jusqu'à la fin de ce que nous avons cité précédemment.Si le désir de passer pour Chérif a pour but de mépriserautrui ou quelque chose de semblable, c'est un péché sansconteste, même pour celui qui est convaincu de son originechérifienne, parce que c'est de l'orgueil : c'est donc unpéché et cela procède du mauvais esprit.D'après les hadîth le Prophète a dit: II y a trois chosesqui datent d'avant l'Islam et auxquelles mon peuple nerenoncera pas, ce sont: l'orgueil de la race, la médisancevis-à-vis des gens de bien et les lamentations; il a ditaussi : N'entrera pas au paradis celui qui a dans le cœurle poids d'un grain de moutarde d'orgueil. On trouve égalementdans plusieurs hadith, que le Prophète a dit: Lesorgueilleux ressusciteront le jour du jugement dernier, sousla forme de petites fourmis ayant l'apparence humaine; lahonte tombera sur eux de tous côtés et ils seront précipitésdans un cachot de l'enfer qui s'appelle boûlas bafloûm nârA l-Inâr l,Les gens de l'enfer les abreuveront de l'humeur qui sortdes corps des réprouvés.1. « L'auteur emploie le mot Boûlas sans en expliquer le sens; il a étédonné par InN AL-ATIlÎn dans la Nihdya et par ;\L-DJALÂLAs-SoUyoùTÎ, dansson résumé appelé Dourr an-Na/hl,.. 1\ dit: C'est un cachot dans l'enfer. Lemot BaJlorîm n'est pas expliqué et je n'en ai pas trouvé l'origine. »(Nole ducopiste.}


NACIIR AI.-MATlIÂNiAbdallah ben Ahmad, dans le Zmvâïd a!{-Zouhd, dit,d'apr~s Aboû Houraira qui l'a entendu dire par le Prophète,sur lui [a bénédiction et le salut : Les oppresseurs et lesorgueilleux auront la forme de petites fourmis; on les piétinera,tant ils seront abaissés par Dieu, et cela jusqu'à ceque Dieu ait rendu son jugement; puis ils seront précipitésdans le Nâr Al-Inâr. On demanda au Prophète ce que signifiaientces mots, Nâr AI-Inar? Il répondit: C'est l'essencemême de l'enfer.Tous ces Izadîth sont cités dans les Boudoûr as-Sdfirade SouyoûtÎ, avec l'indication de leur origine.Il est encore plus grave de dire couramment que lesChorfâ voient tous leurs péchés pardonnés, quoique celaait été affirmé quelquefois. C'est d'ailleurs exact à la conditionque rien ne s'y oppose. Le Chaikh Aboû 'Abdallâh AI­Qaççâr a di(:« Quelques-uns disent que Dieu ne punitpas lesChorfâ s'il se rend compte qu'ils mettent en lui leur espritet qu'ils le craignent; dans ce cas, c'est exact; mais si unChérif a la conviction absolue qu'il ne sera pas puni, quoiqu'il fasse, cela constitue une innovation qui est contraireaux préceptes des gens de la Sounna. Si l'on dit qu'il y a desapparences qu'il doit en être ainsi, on répondra qu'il y aplus que des apparences, mais à la condition que les Chorfâaient vécu dans la crainte de Dieu. Ceux qui mettent leurespoir dans des innovations vont jusqu'à dire que Dieune punit pas les croyants: les gens de la Sounna réfutentcette croyance. Ce sont les pires ennemis des Chorfâ quileur prêtent cette immunité; il faut leur dire, conformémentau verset du Qorân : Dieu portera sa peine au double l,et que cette apparence d'immunité n'est pas applicable àr. Il s'agit du verset 30 de la sourate XXIII: 0 femmes du Prophète, sil'une d'entre vous se rend coupable de la turpitude (l'adultère) Dieu porlerasa peine au double; cela est facile à Dieu, - QORÂN, traduction KAZIMIRS"',p. 34" c'est-à-dire que les Chorfâ qui se conduisent mal, seront doublementpunis.


tOI.ARCIlIVES <strong>MAROCAINES</strong>tous les Chorfâ indistinctement, comme certains le prétendent.Croire à cette immunité pour les Chorfâ ou pourd'autres, constitue une nouveauté, tandis que les gerts de laSounna sont soumis à la volonté de Dieu. » Ici se terminela citation d'AI-Qaççâr.Son disciple, le Chaikh, le savant qui connaît Dieu,Sayyidi 'Abd Ar-Rahmân ben Mouhammad AI-Fâsî, queDieu l'agrée, a écrit à ce sujet ce qui suit:« Considérez ce que dit AI-Qaççàr, que cette immunités'applique à ceux qui craignent Dieu: cela prouve qu'il nes'agit pas d'une mesure prise en faveur de personnes particulièrementdésignées, et que personne ne peut prétendreappartenir à cette catégorie, si ce n'est à la condition demourir dans la foi: mais cela rentre dans l'inconnu.(Page 104.)Il appartient à chacun d'obtenir les faveurs de Dieu enlui témoignant sa foi au moment de mourir, mais celarentre dans les choses inconnues, qui ne sont sûres pourpersonne, à moins de comprendre les textes, car celui quirègle sa conduite sur la vérité n'a pas à se préoccuper d'unepromesse et on comprend ainsi la prière de Sayyidî 'AbdAs-Salâm ben Machîch : Rattache-moi à mon origine.Tout corps en effet est soumis aux conditions de la religion,mais le jugement est inconnu, de même que la valeurque Dieu attribuera à la soumission, aux prières ct à l'hu~milité. Tout dépend de ce que Dieu connaîtra de la foi dechacun à ses derniers moments.L'opinion de quelques-uns ne peut pas créer en cela unecertitude, ni pour soi-même, ni pour les autres. NotreChaikh Aboûl-Hasan a dit: Ces choses sont cachées pOlirnous, afin de nous maintenir dans l'espérance ct dans lacrainte. C'est là le secret de ('adoration, qui crée le sentimentde ne mettre son espoir qu'en Dieu : cela fortiliel'espérance et la foi en lui seul et non cn toute autre chose.


NAcnn AL-MATHÂNt 405Il faut en être convaincu. » Ici se termine la citation deSayyidî Abd Ar-Rahmân; ce qu'il dit est parfait pour celuique Dieu dirige dans la voie de la félicité.Si l'on prétend que cela est en opposition avec ce qui aété dit précédemment sur la certitude absolue de l'origine,d'après les indices et les autres preuves, nous disons: Il n'ya pas contradiction! en effet ce qui a été dit à propos de )aconviction établie par les apparences et de la certitude quedonne l'étude de l'origine par les indices et les autres preuves,suppose également la conviction que des empêchementspeuvent subvenir, qui détruisent la valeur de l'origine, telleque l'infidélité, que Dieu nous en préserve. Cela est évidentet n'est pas contredit par ce qui précède, sur la certitude del'origine. Il s'agit en effet pour cette certitude de quelqu'unà qui aucun empêchement n'est opposé et qui est certainementmort dans l'Islam. Tout cela augmente la crainte dela terrible malédiction (causée par l'infidélité) et confirmequ'il ne faut chercher d'appui qu'en Dieu Élevé et en laprotection du Prophète, sur lui la bénédiction et le salut.Cette malédiction est la calamité que doivent redouter leplus, non seulement les Chorfâ, mais quiconque a atteintle rang de savant ou de saint et même tout Musulman; ilne convient en etfetà personne d'affirmer qu'il est sûrd'être absolument Musulman, dans la crainte de tomberdans l'infidélité; c'est cette crainte qui fait la plus grandeterreur des ascètes et de ceux qui se consacrent à l'adorationet qui dirige les actions et la manière d'être des mu­~ulmans, conformément à leurs devoirs et à leurs obligations,sans se préoccuper de leur destinée: quelle que soitl'opinion que chacun peut avoir de lui-même, il doit conservercette crainte de tomber dans l'infidélité. « Et quidonc se croira à l'abri de la punition de Dieu, excepté lepeuple voué à la perdition 1? » Si nous ne craignions les1. QORAN, sourate VII. verset 97.


ARCIIlVES <strong>MAROCAINES</strong>longueurs, nous rapporterions à ce propos des anecdotesconcernant de grands personnages.Nous avons eu de nombreux savants en généalogie, quiont accepté le plus souvent la notoriété publique commepreuve, lorsqu'il s'agit de personnes notoirement connues;il n'est pas douteux que cette preuve soit généralementabsolue. Que Dieu récompense l'Imâm pieux, le vérificateurSayyidî Ahmad ben 'Ali As-SoûsÎ AI-Boû Sa'îdî, pourson ouvrage Badl al-Mollnâçaha 1, dans lequel il dit:(Page 105.)« (1 ne nous reste plus que notre grand amour pour lareligion qui nous aide à lutter contre notre époque où labonne voie n'est plus indiquée, et dans la crainte que lesâmes ne trouvent plus de nourriture, que l'impiété ne débordesur le monde et que les savants et les Chorfâ euxmêmesne se préoccupent plus de la vie future. »Pour plus de renseignements à ce sujet, il faut lire leBadl al-Moundçaha.L'Imâm Aboû Hâmid Al-Ghazzâli, dit dans l'Ihiyd enparlant de l'orgueil de la noblesse de race et des ancêtres:« Quiconque ne conforme pas sa conduite à celle de sesancêtres et qui espère être sauvé par leur influence, fait acted'irréligion; il ne doit pas compter sur l'efficacité de leurintervention, parce que Dieu ne leur permettra pas d'interveniren sa faveur; il est en effet comme celui qui boiraitdu poison en se fiant à la science médicale de son père.C'est un acte irréligieux et dangereux, qui est sans remède:il faut l'éviter avec soin. »Le Walî élevé. Sayyidî Yahyâ ben 'AlIâl, en faisant1. Ahmad ben 'Ali As-Soûsî est mort en 1°46 H. (1636). Cf. Archi"es<strong>Marocaine</strong>s, t. XxI. Nachr al-Mathdnf; trad., p. 171.2. Sayyidi Yahyà ben 'Allal AI-'Oumarî AI-Kholtî, mort en 945 (153H). cf.Archives <strong>Marocaine</strong>s, t. XIX, Dauuhat an-Ndchir; trad. GRAULLE, p. 240.


NACUR AL-MATIIÂNt 407remonterson origine à Notre Seigneur 'Oumar ben AI-Khattâb,que Dieu l'agrée, a écrit de sa propre main: Il incombeà quiconque prétend être Chérif, comme descendant de notreProphète Mouhammad, que Dieu le glorifie et le salue,de louer Dieu glorieux et élevé, qui lui a accordé cetteorigine j il ne doit être ni orgueilleux, ni dur vis-à-vis d'autrui,ne pas faire de tort à son prochain, obéir à la loi deDieu dans ses relations avec les hommes j il doit vivre dansl'humilité, dans la piété et mépriser les biens de ce monde:c'est ainsi, en effet que se conduisaient les compagnons duProphète, que Dieu les agrée, et c'est de cette façon qu'ilsétaient meilleurs que les autres hommes; il incombe à leursdescendants d'agir comme eux.Quiconque est de la descendance d"Oumar et ne l'imitepas dans son mépris des biens de ce monde et dans sa piété,doit craindre qu'au jour de la résurrection, 'Oumar lui-mêmene soit son accusateur; à plus forte raison s'il a fait du tortà son prochain. Il en est de même pour les descendants detous les compagnons du Prophète, que Dieu les agrée. »(Fin des paroles de Sayyidî Yahyâ.)Tout ce qui vient d'être dit a été amené par les devoirsimposés au naqîb des Chorfâ dans ses recherches et pourdéfinir ses obligations. Celui qui lira avec soin ce que nousavons dit oubliera toutes ses prétentions et il ne lui resteraque l'espoir en la miséricorde de Dieu.Celui qui est investi d'une fonction, est responsabledevant Dieu de tout ce qui la concerne j cela est imposé parla nécessité même.On nous a dit que le personnage dont nous écrivons la'biographie, que Dieu l'agrée, était digne de remplir lesfonctions de naqîb, tant par sa connaissance du Chra'a queMoumattï al-Asmâ" texte arabe lith. à Fês; 13.3 H, - p. '46.-Sayyidi Yahyâ.qui est enterré à Fès avait un ermitage dans l'Azghar (Reni Hasen\. Son fils.Sayyidî Gueddâr, est enterré dans la même tribu.


108 <strong>ARCHIVES</strong> lIIAROCAINESpar celle des traditions qui doivent servir d'exemples, queDieu les maintienne.C'était en elfet, l'un des savants les plus nobles et l'undes jurisconsultes les plus judicieux; il était généreux etjouissait d'un grand prestige. Il s'habillait simplement etne montait pas de bêtes de prix; il avait une belle apparence;il était silencieux et digne dans ses manières. Il est mort,que Dieu le prenne en sa miséricorde, en IOg8 (1686-87).Tout revient à Dieu.Le Savant, le Chaikh 'Abd Al-Bâqî A{'-Zourqâni.Le grand faqîh, le savant célèbre, le métaphysicienremarquable, le Chaikh Abd AI.Bâqi fils du Chaikh YoûsaufAz-ZourqânîAI-Miçrî, est l'auteur du grand Commentairedu Moukhtaçar de Khalîl, qui est adopté par tous, enOrient et en Occident et dont tous ont tiré profit, ceux quiétaient proches, comme ceux qui étaient éloignés. Il a faitégalement un commentaire du Commentaire d'AI-Laqqanî(Page 106.)sur l'introduction du Moukhtaçar de Khalîl. JI était aiméde Dieu, il avait une renommée pure et un grand prestige;il jouissait de la vénération de tous et tout le monde avaitrecours à lui, que Dieu le prenne en sa miséricorde.Le faqîh Aboû 'A bdallâh ben Mouha11lmad, surnomméA t- Tarâboulousî.Le faqîh Aboû Abd Allâh fils du savant Chaikh SayyidîMouhammad surnommé At-Tarâboulousî, de Tarâboulousdu Maghrib (Tripoli de Barbarie), fut nommé Mouftî enremplacement d'Ibn Masâhil; il occupa dignement ces fonc-


NACIIR AL-lIIATIIÂNÎi09tians et y prouva de hautes facultés. Il fut nommé ensuiteprofesseur, prédicateur et imâm des cinq prières à la grandemosquée. On a vu précédemment la biographie de sonpère, dans l'année 1056 (1646-47) j que Dieu les prenne ensa miséricorde.ANNÉE 1100 (J.-c. 1688-(689)L'illuminé Sayyidî A hmad ben Yahyâ A /-Bâdisî.Le simple d'esprit, l'illuminé Sayyîdi Ahmad ben YahyâAl-Bâdisî était connu sous le nom de Aboû Kammoûsa(l'homme à la bourse '). C'était un simple d'esprit sans responsabilité;il fit des miracles. Son surnom provenait dece qu'il avait une bourse d'argent contenant cent mitqâlsRachîdia (de Moulây Ar-Rachid) qu'il portait toujours surson épaule. On évitait avec soin de lui causer un dommagequelconque, parce qu'on savait qu'il se vengeait immédiatement.Un voleur arriva à le surprendre et lui vola sa bourse;mais il s'en aperçut. Le voleur voulut la lui rendre; maisSayyidî Ahmad refusa et lui dit : Puisque tu l'as prise,garde-la. Ce qui est fait est fait. Le voleur resta inquiet desparoles du personnage dont nous écrivons la biographie;il emporta le sac chez lui et avisa son père de ce qui s'étaitpassé.Celui-ci s'attrista de cet incident et le voleur devint luimêmede plus en plus triste. Il sortit de chez lui et comme1. La kammousa n'est pas à proprement parler une bourse, c'cst une partied'un mouchoir, d'un turban, ou d'un pan de vêtement, dans laquelle onlie de l'argent ou autre chose.2 7


HO ARCIIl VES <strong>MAROCAINES</strong>il connaissait le chef de la police, il alla avec lui dans uneécurie où il mettait ses chevaux; il avait l'habitude d'y entreravec lui. Le chef de la police le tua immédiatement etl'enterra dans l'écurie. Cela se passa le jour même du vol;il n'y a de force ni de puissance qu'en Dieu. Tel était ledestin qui lui était réservé, sans aucun doute; il en arrivaainsi afin que l'inviolabilité des amis de Dieu soit évidente.Le Prophète, sur lui la bénédiction et le salut, a dit, d'aprèsles paroles de Dieu lui-même: Quiconque fait du tort à unde mes amis, je lui déclare la guerre. C'est dans les hadîlhrapportés par AI-Boukhârî et d'autres.On raconte que Sayyidî Ahmad parlait durement auSultan chaque fois qu'il le voyait, mais sans le désignerpar son nom; il disait des choses très violentes. Le Sultanavait l'habitude de le respecter.Le Sultan alla un jour en pèlerinage à Sayyidî 'Ali benHirzihim et ordonna de fermer le sanctuaire pour y resterseul à prier; il avait laÎssé dehors le personnage dont nousécrivons la biographie, puis il le trouva devant lui dans lesanctuaire; il comprit que c'était là un miracle du saintpersonnage, et il lui dit: Je sais que tu es un mourâbîl,mais tu es le plus mal élevé des marabouts.Le personnage dont nous écrivons la biographie estmort le 4 Mouharram (29 octobre 1688) et fut enterré dansle sanctuaire de Sayyidî AI-Khayyât au quartier de Doul)(les grands arbres), à Fès, et une foule considérable assistaà son enterrement.(Page 107,)La Sayyida Fâtima, fille d'A hmadsurnommé llamdoûn Ach-Chaqqoûri.La Sayyida sainte Fâtima, fille d'Aboûl-'Abbâs Ahmadsurnommé Hamdoûn Ach-Chaqqoûrî AI·Andalousî. Les


NACIUl AL-lIIATIIÂNlBanoû Ach-Chaqqoûrî sont connus à Fès: ils sont aujourd'huiéteints. Chaqqoûra et une ville d'Andalousie, quid'après l'auteur du Raoudh al-Mi'târ, est dans la provincede Djayyân (Jaen). Il pousse sur la montagne voisine de cetteville, des roses au parfum très violent et du nard grec.La sainte dont nous écrivons la biographie était unegrande adoratrice de la divinité, et elle occupe un rang élevédans le bien et dans la religion.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1100 (L-C. 1688-1689)Le 5 de Djoumâdâ al-Oûlâ (25 février 1689) le SultanMoulay Ismâ'îl invita les 'Oulamâ de Fès pour célébrer laconclusion de la lecture des commentaires du Qorân chezle Qâdî très savant, Sayyidî Mouhammad AI-Madjâcî; ilss'y rendirent et le Sultan leur distribua de l'argent et leurfit servir des plats nombreux et variés.Ce fut une des plus belles réceptions et une des manifestationsles plus brillantes du Sultan; que Dieu l'en récompenseetqu'i1I'agrée. A la fin de Chawwâl, le Sultan ordonnade mettre le siège devant Larache et les Musulmans entourèrenllaville. Dieu en accorda la conquête en 1101 (168~)­1690), comme on le verra plus loin.L'auteur, Mouhammad ben At-Tayyib AI-Qâdirî Al­Hasanî, que Dieu lui soit favorable dans ce monde et dansl'autre ajoute:Nous avons terminé les biographies des personnages dontla date de la mort a pu être retrouvée, pendant l'année 1100.Nous terminerons par les biographies de ceux dont la datede la mort n'a pas été retrouvée; nous le ferons avec l'aidede Dieu; c'est le meilleur des guides.


412 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>COMPLÉMENT DE L'ANNÉE 1100 (J.-C. 1688-1689)Biographie des personnagesdont la date de la mort n'apas été retrouvée.Le Chaikh 'AH ben Soultân AI-HaralJJî Al-Hanajî.Le Chaikh, l'Imâm, le Hâfid, le professeur, letraditionniste Aboûl-Hasan 'Ali ben Soultân ben Mouhammad AI­Harawî AI-Hanan, est l'auteur du remarquable commentairedes Chamâïl de Tirmidi. L'auteur dit à la fin de cecommentaire qui'i i'a terminé avec l'aide de Dieu le 15 Cha'·bân 1008 (3 mars 1600). Il a fait également un commentairedu commentaire de la Noukhba d'Ibn Hadjar, que j'ai vu.Ces deux ouvrages suffisent à établir sa réputation. Lepersonnage n'est pas le Chaikh Soultân mort en 1075(1664-1665), et dont la biographie a étéfaite précédem ment;c'est certainement un autre.Le Chaikh, l'Imâm Sayyidî 'A bd A r-Ra'oùf Al-ManâuJt.Le Chaikh, le grand 1mâm, le Hâfidh, le traditionnistecélèbre, le savant perspicace, 'Abd Ar-Ra'oûf AI-Manâwî f,avait lu avec profit un grand nombre d'ouvrages; c'étaitun des 'Oulamâ de science religieuse, le sceau de ceux quipossèdent la science et le droit d'interprétation.Il a fait deux commentaires du Djâmi' aç-Çaghîr del'Imam Djalâl ad-Din As-SoyoOtî. Le plus important comprendquatre forts volumes j l'autre comprend deux volu-1. Note du copiste: Al·Manâwi est né en 952 (154-5): on dit qu'il a composéplus de cent ouvrages. Sa biographie très développée se trouve dans laKhouldçai al-Athâr.


NACtlR AL-MATtlÀNi 413mes. Il a composé un ouvrage intitulé Tabaqât al-'Oulamâ,.il a commenté les commentaires de la Nou"hbad'Ibn Hadjar; il a fait un commentaire remarquable desChamdïl de Tirmidî, qui est supérieur à tous les commentairesde cetouvrage: j'ai vu tous ces ouvrages,saufles Tabaqâtet je les ai tous lus et appréciés; il a fait égalemelltun ouvrage intitulé Tabaqât aç-Çoufiya, avec un appen-(Page 108.)dice~ Le Hâfidh AI-MaqqarÎ dit dans le Fath al-Moula'âl :Je l'ai rencontré (Sayyidî Abd Ar-Ra'oûf) au Caire et je l'aivisité dans sa maison. .Quoique je le cite ici, j'ai trouvé la date de sa mort; ilest mort en 1030 (1620-1621), que Dieu nous fasse à tousmiséricorde t.Chihâb Ad·Din Ach-Chaihh A hmad ben 'AU A l-Fichî.Chihâb Ad-Din Ach-Chaikh Ahmad ben 'AH AI-Fîchi,a,d'après le Kifâyat Al-Mouhtâdj, fréquenté assidûmentSanhoûrî jusqu'à ce qu'il ait appris un grand nombre desciences; il a étudié les hadith et d'autres sciences avec 'AbdAl-Hagq As-Sanbâtî.Il a, d'après ce que dit As-Sakhâwî, enseigné le droit etd'autres sciences, et il était humble et modeste.On ajoute qu'il était suppléant du Qâdî au Caire et qu'iltémoigna dans l'exercice de ses fonctions d'un savoirétendu: les Malikites lui demandaient des consultationsjuridiques et plusieurs notables savants furent ses disciples.Lorsque dans son expédition Soulaïm ben 'Othmân s'emr.Note du copiste: L'auteur dit qu'AI-ManâwÎ est mort en 1030 (1620­1621). D'apl'ès les Khou!dçat a!-,tlhâr, iJ est mort le jeudi 23 Çafar 1031(7 janvier 162~). (Khou/âçat a/-At/Id,. fi A'ydt! a/-Qanl a/-flâdl 'Achar' deMOllIL\MMAlJ AL-MoUIIIRIli, mort en If Il (1699'17°0).2 7 *


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>para du Caire, il le transporta avec les autres principauxnotables, dans le pays des « Roum », où il mourut.Il a laissé également des notes sur le Taoudih de Khalil ;AI-Oudjhoûri a été son disciple. (Fin de la citation).Le personnage dont nous écrivons la biographie n'estpas l'auteur des notes sur le Gharîb Al-Mouwattd, dont labiographie a été faite dans l'année 1052 (1642) et ce n'estaucun de ces deux personnages qui est l'auteur d'un ap~pendice du Moukhtaçar de Khalîl. Le nom de cet auteurest Yoûsouf.Le Chaikh Khair ad-Din A r-Ramlî.Le Chaikh Khair Ad-Din Ar-RamB AI-Hanafî AI-Azharîest cité par Aboû Sâlim (AI-'Ayyâchî) dans sa Rihla. Il étaitimâm et mouftÎ du rite hanafite, et les gens de ce rite leconsultaient. Il alla au Caire et revint à Ramla s'adonnerà l'enseignement. Il n'occupa jamais aucune fonction. Ildonna en Syrie des consultations qui étaient considéréescomme définitives; il les donnait sans honoraires. Il connaissaità fond le rite hanafite. Il était à la fois richeet pieux.n planta lui·même plus de cent mille arbres, qui produisirenttous des fruits et les gens en mangèrent: c'est là unechose très remarquable. Il a construit à Ramla plus demille maisons, et personne n'avait plus de propriétés quelui dans la région.Avant lui, il n'y avait à Ramla que peu d'arbres fruitiers;lorsqu'il fit des plantations, d'autres l'imitèrent etc'est aujourd'hui un des pays qui produisent le plus de fruits.Aboû Sâlim a dit: «Quelqu'un qui est digne de foi, m'adit que les revenus journaliers de ses propriétés s'élevaientà plus de cent guirch 1; il ne conservait rien de ses revenus1. Le gui"ch vaut 40 paras, et il y a 3 paras au franc.. Le guirch représentaitdonc. environ 13 fr. 33.


::-IACIIR AL-MATHÂNl • 415et il donnait pour l'amour de Dieu tout ce qui dépassait sesdépenses personnelles.» Il vivait encore en 1074 (1663­1664), que Dieu lui fasse miséricorde '.Le Chaikh Mouhammad Aç-Çdlihî.L'éloge du Chaikh délicat Mouhammad Aç-Çâlihî a étéfait par Chihâb AI-Khafâdjt dans sa RiMa: il dit qu'ilétait Hilâlî et Châmî ; il a fait sur lui une poésie élogieuse.Il termine les éloges qu'il fait de lui, en disant: J'ai luun chapitre de son DîUJdn qu'il a appelé Çadh al-Hamdmfi Madh Khair al-Andm: Le Roucoulement du pigeonpour célébrer la louange du meilleur des hommes (le Prophète).AI-Khafâdjî fait longuement son éloge, que Dieu lesprenne en sa miséricorde 2 !Le Chaikh Hasan AI-Bot1rainî.Le Chaikh Hasan ben Mouhammad AI-Boûrainî Ach­Châmî est un des Chaikhs dont parle égaJementAch-Chihâb(AI-Khafâdjî) dans sa RiMa et dont il fait un grand éloge cnvers et en prose. Il a dit: « Entre autres choses remarquablesde sa part, on cite le fait suivant: on J'avait interrogésur ce passage de la llamt.iya (à propos du Prophète):C'est le plus éclatant des soleils, le monde a acquis la convictionqu'il est le soleil élevé et lumineux.Lorsqu'arrive la matinée, sa propre lumière efface son ombre et on,ait que le matin l'ombre est visible.J. Note du copiste: D'après la Khollldçat al-Atlldr, où se trouve sa biographie,Ar-Ramlî est né au commencement de Ramadan 993 (septembre1585), et il est mort à la tin de Ramadân 1081 (janvier-février 1671).3. Note du copiste: D'après la J


416<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>(Page lOg.)On dirait qu'une nuée blanche est à son service pour couvrirarmée de son ombre.sonIl répondit en citant les différentes interprétations sansvaleur de ces vers j interprétations qui peuvent se résumerainsi: le mot doufafâ s'écrit avec deuxfâ et le mot adhallas'écrit avec un 4hd avec un jambage (et un point 1;),et autres choses sans valeur, qui sont établies sur ceque le mot acjhalla est écrit avec un dâd if Adhalla, etqu'il a le sens de perte, de s'égarer, sortir de la bonne voieen parlant des infidèles; que le mot doufafd' 4-~~ a le sensd'armée ou de groupe d'anges. Ils ont erré, dit AI-Boûrainî,dans ses différents sens. A mon avis, ajoute-t-il, ils se sonttous trompés et voici comment il faut lire ce vers:Corn me si une nuée blanche avait été mise à sa disposition depuisque son ombre avait été projetée sur la terre 1.Le sens de ce vers est que la nuée a couvert le Prophèteafin que son ombre ne fût pas projetée sur le sol et a ainsirecueilli son ombre comme un dépôt pour la protéger ducontact du sol; c'est là un sens excellent que comprendronttous ceux qui ont le sens de la délicatesse desvers.Les paroles de Boûrainî : « pour couvrir de son ombre»jusqu'à la fin de l'hémistiche, ont deux sens: l'un, depuisque l'ombre du Prophète se répand sur la terre, et l'autre,que la terre tout entière est sous sa protection, parce qu'il1. Texte d'après les commentateurs:~~JJI & 0'- .:.JJ;I ~ .. ~~rI ~.lwJI 0~Texte du même vers d'après AJ-BouraÎni :.WJJI ",U; 0'-.:.JJ;\ ~ -\' ~~y.-l ~4l...,;Jl 0~


NACIIR AL-MATHÂNIreprésente la protection divine: j'ai fait unce dernier vers.4t7quatrain surL'ombre de Mouhammad ne s'est jamais étendue sur la terre: c'estun miracle qui est certain, dit-on.C'est une chose extraordinaire et combien extraordinaire et les gens(c'est-à-dire les Musulmans) disent tous qu'ils sont sous sa protection.Dans un poème en iâ attribué à l'Imâm As-Soubkî, danslequel il célèbre les miracles accomplis par le Prophète, surlui la bénédiction et le salut, on lit:Le miséricordieux a caché ton ombre, pour qu'on ne la voie pas projetéesur la terre, et elle s'est repliée miraculeusement.Tes pas ont laissé des traces sur les pierres, et ils n'en ont pas laissésur le sable du plateau de la Mekke.Le commentateur de cette poésie dit: On dit que l'ombrpdu Prophète ne se projetait pas sur la terre, car sa lumièreétait spirituelle.Personne n'a jamais vu son ombre projetée sur la terre: c'est unesprit et un esprit ne saurait avoir d'ombre.La lumière n'a pas d'ombre, pas plus que les esprits,comme par exemple les anges; en effet ils sont des êtres depure lumière.Sans doute, c'est pour cela que le Prophète resta ignorant,afin que l'ombre de sa main n'apparût pas s'ilécrivait le nom de Dieu, dont on connaît les vertus. Sansdoute également, on ne voit pas son ombre parce qu'il estabrité par une nuée. Dieu l'a probablement honoré de cettenuée afin d'empêcher que son ombre fût projetée sur le solet qu'on la piétinât. On dit que quelques Juifs marchaientsur l'ombre des Musulmans en signe de mépris, et Dieu apréservé l'ombre du Prophète d'une semblable insulte. Ondit encore d'autres choses de ce genre.Quant au fait que le Prophète, sur lui la bénédiction etAllcn. MAROI:. - XXIV. 27


ARcmvES <strong>MAROCAINES</strong>le salut, laissait la trace de ses' pas sur la pierre et ne la laissaitpas sur le sable, c'est une allusion à ce qui se passalorsqu'il se dirigeait vers la caverne de Thour avec AboûBakr Aç-Çiddîq, que Dieu l'agrée; le Prophète lui dit:0#( Pose ton pied où j'ai posé le mien, puisque le sable negarde pas sa trace: Dieu voulait cacher sa trace aux poly-(Page IIO.)théistes qui le cherchaient; il rendit la pierre tendre pourque sa trace y restât afin que les pierres ne fussent pasconsidérées comme rebelles au Prophète et qu'elles eussentune marque qui les protégeât de l'enfer


lUIbn Ma'rotif Al-Falakî.Ibn Ma'roûf, surnomméTaqt ad-DînAI-Fafard,. ~t:tit g~~mètre j il a l'aissé des ouvrages d'astronomie et dtg fr3Vauxde géométrie.Mouhammad A l-Halabt.Le savant délicat, Mouhammad ben Ibrahtm Al-HaJabîconnu sous le nom d'Ibn AI-Hanbalî.Chihâb a fait de lui un grand éloge et a dit qu'il a faitun grand nombre d'ouvrages, qui sont une gloire pour laville (le Caire) et qui forment un collier que portent surleur poitrine tous les gens de bien. .Il a fait de très belles poésies, dont les vers suivants:Nous avions entendu faire le tableau de vos per(ecfrOI1~r, J!ll!}U~ noussommes réjouis de ce que nous avons entendu er ttla. I«lœ a re'Vivifiés.Nous nous aimions avant de vous avoir vu; souvent ramitié estcausée par ('ouïe avant de l'être par la vue.Parmi ses sages paroles on cite les suivantesOn ne recherche que les origines illustres.Ne confondez pas leg choses de ce monde avec celles de rau(r~.N'épousez pas une esclave, si vous êtes déjà marié avec une femmelibre.Combien est ignoble le chien qui hurle, quand même il s'élèveraitdans le ciel jusqu'à la constallation du Bootés.La santé est un capital dont le revenu est la bonne conduite; s'entretenirde choses édifiantes est comme un savon, c'est l'e savon qui enlèveles souillures de la nature humaine. Parmi les choses dont on. peutse repentir, les interrogations sont de celles qui donnent le plus de regrets.


420 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Le Chaikh Khadir A l-Moûcilî.Khadir AI-Moûcilî a fait un commentaire des Chawâhidal-Kachchâj. Chihâb a dit: Je l'ai eu en ma possession; jel'ai lu et j'y ai vu des choses qui m'ont prouvé que lascience de l'auteur était considérable, et ses vues étendues;il était disciple de mon père pour qui il avait la plusgrande considération t.Le Chaihh 'Amr ben 'Abd Al-Wahhâb Al'Aradî.D'après Chihâb, parmi les meilleurs ouvrages de cechaikh, se trouve un commentaire de la Chifâ: je suis cndésaccord avec lui sur plusieurs points et j'ai indiqué cesdifférences dans mon propre commentaire: il a fait desouvrages en vers et en prose,entre autres celui sur le commentairede la Kâflya 2 du Djâmî, auquel il a ajouté uneglose remarquable:Par Dieu, quel excellent Imâm : quel éclat sa science élevée donne àses vertus 1Les paroles du Djâmi ont charmé nos oreilles réjouies, comme s'ilnous avait versé du vin de sa propre main.Il a fait aussi des vers adressés à son Chaikh Mouhammadben AI-Hanbalî, sur le même commentaire:Il existe un commentaire de la Kâfiya sur la grammaire; il est soigneusementrevu, il l'explique clairement: il est attribué au Djâmi.(page Ill.)Son sens apparaît en le lisant, de même que la joie du vin se manifestaitlorsqu'il était versé de la main du Djâmi.1. Nute du copiste: Le Chaikh Khadir i\l·,'loùcili est mort cn 1007 (1598­,599) ; sa biographie se trouve dans la KllOuldçat .'\l-Athdr.2. Kâflya, pièce de vers en /id r.


NACHR AL-MATIlÂNi 421Il a fait d'autres vers sur notre ami le Chaikh 'AbdallahAd-Danoûchrî.Par Dieu, ce commentaire réjouit mon cœur, comme une perle oucomme une colline fleurie.Mon oreille a été dans la joie en entendant sa lecture et il n'est pasdouteux que cette ivresse ne soit causée par le Djâmi.Telles sont les paroles de Chihâb.Le Sayyid, le Chérif Sayyidî Mouhammad,jils duNaqîb, le Chérîf A l-Hâchimî A l-Halabî.C'était un Sayyid, dont la matière mortelle était pétrieavec l'eau du prophétisme et de la révélation; c'était commeun arbre planté dans le terrain de la vertu èt de la générosité: il a fait de bonnes actions qui étaient comme debeaux fru its agréables et il s'est étendu avant d'avoir atteinttout son développement; il a fait un grand nombre de mi·racles merveilleux d'une évidence absolue; il m'a accordéla faveur de sa générosité et de sa largesse, et j'ai fait enson honneur le vers suivant:Un Hâchimi comme toi ne peut être loué que par des paroles glorieuses'.Le Qddî Mouhibb Ad-Din Al-Himawi.Il habitait la Syrie: il a fait un commentaire des Cha­1vâhid al- Tafsîr. Chihâb a dit: j'ai vu cet ouvrage, maisJ. Ces paroles sont évidemment empruntées à un texte dont l'auteur aoublié dedter l'origine: Mouhammad ben At-Tayyib AI-Qâdiri n'a pas puen ellet, se rencontrer avec AI-Halabi, qui vivait plus d'un siècle avant lui.


ARC"IV~S <strong>MAROCAINES</strong>jl ne m'a .l'as &alisfait; il a;àute : Voici quelques-uns desvers d'AI-Himawî sur la Syrie:NQUS f ll.lJlluu.es venus et l'avons saluée dans la soirée: les tourterellesont roucoulé en nous souhaitant la bienvenue.Et tes sl}UCireli nQUS ont accueillis; nous avons été b.ien reçus etfètés.C'est un paradis plein de charmes; on y voit des beautés aux grandsyeux noirs l et des jeunes geng éternellement jeunes 2.C'est un jardin arrosé par des sources, qui coulent en formant desrivières et des étangs.Le ,trèssallant Chaikh [snufil Ach-Chinwdnî.Savant dans toutes les sciences, il possédait toutes lesconnaissances de son temps, sans restriction. C'était leSibawaih 3 deson époque; il était semblable à Châfi' pendantsa vie; c'était un présent d"Outârid', le point le plusélevé du firmament de la gloire: il était chaste et d'uneconduite irréprochable; détaché des biens de ce monde etadorant Dieu, Aboû Bekr Ismâ'îJ ben Ahmad Ach-Chinwâni,AJ·Wafâï d'origine, n'employait pas une seconde deson temps à autre chose qu'à des choses utiles: c'est ainsique, dans sa Rihla, s'exprime sur son compte Chihâb Al­Khafâdji. son neveu et son disciple. Il ajoute: Il a reçul'enseignement de mon père, puis du savant Ibn Qâsim etdeChams Ar-Ramlî; il a obtenu après eux la première placedans les sciences et il a donné les preuves de l'efficacité deson enseignement et de sa valeur d'auteur. J'ai suivi sonenseignement et j'ai profité de sa science et de ses bénédic·tions.1. QORÂI!, sourate LVI, verset 22. Traduction K,lZIMIRSli:l, p. 443.t. QORÂN, sourate LVI, verset 17. Traduction KAZlhIlRSKI, p. 443.3. SIBA.WÜH. céj,ébre grammairien, considéré comme le créateur {je la syntaxearabe, mOol'f eu J6J H. (777-778)4. 'Outirid. la planète Mercure, considérée comme un astre de bon augure.


NACIIR AL-MATHÂNl 42.3Parmi ses principaux ouvrages, on trouve un commentairede l'Aoudah' de Ibn Hichâm qui est lui-même uncommentaire de l'A [flya d'Ibn Mâlik, en plusieurs volumes.Lorsque le Sultan du Maghrib, Aboûl 'Abbâs AI-MançoûrAch-Charîf, entendit parler de cet ouvrage, il envoya àsonauteur un cadeau magnifique et lui en demanda une copie.Voici la lettre qu'il lui écrivit à ce sujet:De la part du serviteur de Dieu, de celui qui combat dans sa Voie,l'Imâm vkta.ieux par la grâce de Dieu, le Ch:uÎf AI-Hasat1Î, Amir desMusulmans, que Dieu accorde son aide bienfaisante à leur cause, qu'ildonne la victoire âleurs soldats.(Page 112.)Au savant vertueux dont l'enseignement flotte comme un étendardau-dessus de tous, dont l'ouvrage est le premier; en effet, ce qui avaitété éclairci par d'autres, l'est par lui, plus complètement encore, et ileKplique ce qui était obscur, d'une façon claire et évidente; à l'hommeexcellent, intelligent, consciencieux, universel, dont la science est encoreenseignée dans toutes les chaires et dont l'enseignement, les méthodeset les textes sont encore employés partout.Que le salut et la miséricorde de Dieu soient sur vous, ainsi que sabénédiction, et ensuite:Soit loué Dieu, qui a appris le langage à ceux qui ne parlaient pas,qui a délié par l'éloquence ce qui était attaché, qui a appliqué la syn­"taxe à la langue arabe, qui l'a dirigée vers son but, dans une formeélégante et facile et qui a établi des règles excellentes qui se suivent lesunes après les autres, sans que celles qui doivent suivre empiètent surcelles qui doivent précéder.Salut et bénédiction sur notre Seigneur et Maître Mouhammad queDieu a envoyé pour être la cause du bonheur, qui a brisé les têtes despolythéistes et qui les a détruits: Dieu a récompensé les compagnonsdu Prophète par cette victoire, et il a manifesté sa satisfaction auxmembres de sa famille, à ses confidents semblables à des lunes brillantes,dont les noms répandent li ne odeur agréable et dont l'essenceest un charme et une joie; à ses saints compagnons qui ont brisé lesanneaux de la chaîne de l'ignorance qui est restée morcelée par laforce de leur bravoure.3. Aoudah. Cet ouvrage d'Ibn Hichâm AI-Ançârî est connu sous le nomde At-Taoudlh. VAN DICK, Iqtifâ' Al-Qanoû" p. 303.


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Demandez à Dieu en faveur de mon trône élevé le Ahmadî, le Mançoûri,le Hasanî, un triomphe éclatant, pour qu'il cueille par la victoireIcs fleurs encore fermées 1. Qu'un bonheur toujours renouvelé continuecomme jusqu'ici à accompagner ses projets, aussi longtemps queles éclairs brilleront dans les nuages. Nous vous écrivons de Marrâkech,que Dieu la protège.Demandez les grâces divines cn faveur de notre famille qui descenddu Prophète, généreusc et souveraine; que ccs grâces l'accompagnentpas à pas de leur félicité; demandez pour nous la protection divine,qu'elle soit durable et qu'elle n'abandonne pas notre empire élevé; quecette protection de Dieu soit pour nous comme une pluie abondantequi tombe des nuages. En effet, l'excellence de votre rang et de votreconduite vous rapprochent de moi sur ce trône élevé.Vous êtes de ceux qui ont absorbé toute la quintessence du parfumdu musc Je plus pénétrant, de ceux qui ont porté au plus haut pointde la perfection les études qui apportent la lumière et dont les bienfaitsse sont répandus en faisant éclore la meilleure compréhension, commela pluie qui tombe fait éclore les fleurs aux couleurs variées: votrelivrc est composé comme il devait l'être; et cette composition en augmenteencore la valeur.L'auteur ajoute: J'ai vu un des ouvrages du personnagedont nous écrivons la biographie, c'est un commentairede la MOllqaddima du Chaikh Zakkariyâ, sur les parolesBismillahi, etc,J'ai vu également de lui une glose marginale sur le commentaired'A l-Adjaroûmiya d'AI-Azzarî. Ces ouvragesprouvent la science considérable de leur auteur: ils sontemployés couramment à Fès et dans les autres villes duMaghrib.Lorsque Chihâb, neveu de Chinwânî, apprit la mort deson oncle, il écrivit les vers suivants:Que Dieu accorde sa miséricorde à celui qui était unique en sontemps et qui pratiquait toutes les vertus.C'cst tout ce que je trouve à dire pour mes condoléances, et personnene valait mon oncle.1. i'_LS' .:..L,.a>j pour ouvrir les boulons Cllcore fermés, c'est-à-direpour ouvrir à l'Islam les pays des itlfidèle~.


NACIIR AL-MATIIÂNI 425(Page 113.)Je n'ai pas trouve l'indication de la date de la mort dece personnage: cependant, dans sa petite glose marginaledu commentaire d'Al-Adjaroûmiya, il dit qu'il a terminécet ouvrage en 1015 1 (1606).Le Chaikh 'Ald ad-Dîn Ibn 'Abd Al-Bâqî.C'est l'auteur de l'ouvrage Tirâ{ al-ManqoÎlchji Mahdsinal-Houboûs. On lit dans Chihâb : .l'ai lu cet ouvrage:c'est un exposé clair, sous une forme agréable;l'auteur y donne des explications précises, il faut le consulter;mais il doit appartenir à une catégorie de savantsantérieure à ceux de notre époque.Le Chaikh Ismâ'îl A {-Zoubaidî Al-'Alawî.Ismâïl ben Ibrâhîm Az-Zoubaidî Ach-Châfaî Al-'Alaouîetait descendant d'AI-Yamanî, le commentateur du Kachchâf;il a fait un commentaire du Djâmï aç-Çaghîr et duLoqtat al-'Adjlân~.Le Chaikh 'Abdallâh A d-DanoClChirî.Le Chaikh, le grammairien, l'Imâm verificateur 'Abd­Allâh Ad-Danoûchirî, a fait une étude remarquable sur lagrammaire et des vers également excellents.Le Chaikh YâsÎn AI-Himcî a fait une glose marginale du1. Note du copiste: D'après la Khoulâçat al-Athdr, le Chaikh Ismaïl Ach­Chinwânî est mort le dimanche 3 de Dholli-Hidjdja 1019 {I6 février 161 Il.2. Note du copiste: D'après la KhouU1ça, le Chaikh Ismâ'îl, né en 1004(1595-1596), est mort en 1097 (1685-1686). •2 8


AllCHIVES <strong>MAROCAINES</strong>Taçrîh d'AI-Agharî OÙ il cite des passages de l'ouvrage dupersonnage dont nous écrivons la biographie. Chihâb ad­Din AI-Khafâdjî, dit que ce personnage appartenait à unefamille de savants du Caire: Il réunit en lui tous les enseignementsécrits et verbaux, dit-il, et il occupe le plus hautdegré de la gloire.Ces ouvrages sont comme des colliers précieux que toutle monde recherche et ses expressions charment les oreillesen y faisant pénétrer leur douceur; il s'est élevé à mesurequ'elles s'élevaient elles-mêmes et il a tenu ce qu'ilavait promis. Il faisait des vers sans effort et il y mélangeaitJe sérieux et le plaisant. Ses vertus l'avaient portési haut que les étoiles jalousaient son élévation: pouvaientellesse comparer à lui? - Et plus loin: JI y avait, ditChihâb, une grande amitié entre nous; cette amitié étaitsincère; elle n'avait pas besoin de liens. Souvent il m'entretenaitde choses agréables et il m'envoyait des cadeaux avecdes lettres. C'est une perle précieuse dans un coffret fermé,un secret discrètement caché au fond du cœur. Quand ilavait fait un ouvrage, il m'en faisait la lecture et il me faisaitprofiter de ses vers inimitables, dont voici quelques-uns:Je vois en Ègypte des gens avares; il faut les ignorer on les mépriser.Il dit également dans le même sens:Je dis: Ils se sont en vain préparés pour la lutte: laissez-moi, laissez-moimanger dn pain et du froml1ge.Il a fait également des vers sur .Moùsâ, le Qâdî du Caire.Lorsque la ville du Caire la Protégée était gouvernée par un m'litrequi s'appelait Pharaon, il y avait également Moïse (Mousa).Aujourd'hui, pour notre mauvaise fortune, nous avons mille Pharaonset pas un seul Moïse.(Page 114.)Danoùchiri ajoute: A propos de Pharaon, il Y a un hadith


NAOl'III. "'L-MATBÂNt 427relatif aux entretiens secrets de Moïse avec Dieu, d'après lequelMoïse a dit: 0 mon Dieu, pourquoi supportes-tu Pharaonqui est un infidèle ~ Dieu lui a répondu: parce qu'ilest facilement abordable et je lui tiens compte de cela.Chihâb dit de son côté:1/ Y a au Caire un homme injuste qui viole la loi el qui a pris J'habitudede nous juger contrairement à la justice.S'il est semblable à Pharaon, pourquoi n'est-il pas comme lui d'unabord facile?JI ajoute que le personnage dont nous écrivons la biographie a fait un grand nombre de vers.Le Chaihh Ch'abân ben Mousâhll At- Tarâboulousî.Il savait des anecdotes historiques curieuses, et avait desnotions d'astronomie. Le Chaikh Aboû Sâlilll 'Abdallâhben Mouhammad A'ayâch dit dans sa RiMa:« Entre autres choses, il m'a appris que, en 982 (1554­1555) les Turcs entrèrent à Tunis et s'emparèrent du HalqAI-Wâdî (la Goulette) qui était entre les mains des Chrétiens.Voici ce qu'il m'a raconté: J'ai entendu dire par plusieurspersonnes que notre maître 'Abd AI·Malik, celui dela grande bataille (de l'Oued AI-Makhâzin 984) (1578) étaitavec les Turcs lors de leur entrée à Tunis et qu'il y déployaune grande bravoure; il était venu leur demander leur aidecontre son neveu Mouhammad.Plus tard, les Turcs lui donnèrent des troupes à cause dela vaillance qu'il avait montrée, et il arriva avec son neveuce que l'on sait. 'Abd Al-Malik a donc commencé avec laguerre sainte et a terminé sa vie en la faisant 1.Aboû SAlim ajoute: Le Chaikh Cha'bân m'a appris1. Le Sultan Aboù Marwân 'Abd Al-Malik As-Sa'di est mort en 1578, pendantla bataille de l'Oued AI-Makhilzin contre les Portugais.


428 ARCHIYE~ <strong>MAROCAINES</strong>entre autres choses que l'ennem i (les Espagnols) s'était emparéde Tripoli le 16 Mouharram de l'année 916 (25 avril1510) et qu'il en fut chassé en 958 (1551).C'est Daghoût-Pâchâ qui en chassa l'ennemi; il était àDjerba et Mourâd-Pâchâ était à Mislâta 1.Daghoût reste à Tripoli jusqu'à sa mort. Son tombeau,qui est un monument considérable, est encore aujourd'huiun lieu de pèlerinage. Voici comment les choses se passèr~nt:Un certain nombre de vaisseaux des Musulmansétaient venus de Constantinople au secours de ceux quiassiégeaient Halq AI·Wâdî (la Goulette). Les gens du Sahelleur demandèrent leur aide contre les Chrétiens, maisceux des vaisseaux répondirent qu'ils n'avaient pas d'ordresdu Sultan. Le Bâchâ Mourâd leur dit alors: aidez-nous àchasser les Chrétiens et si le Sultan punit quelqu'un, c'estmoi qu'il punira. - Les Musulmans assiégèrent alors Tripolipar mer et par terre et s'en emparèrent.Mourâd Bâchâ alla avec ceux des vaisseaux, trouver leSultan et lui dit: Si ce qui a été fait est une faute, c'estmoi qu'il faut punir.Le Sultan leur témoigna à tous sa satisfaction et les récompensa.L'occupation de Tripoli par les Chrétiens est une histoiretrès curieuse : les habitants de Tripoli étaient très richeset nullement instruits dans l'art de la guerre. Un vaisseaudes Chrétiens, chargé de marchandises, arriva dans le port.(Page 11 5.)Un négociant de Tripoli acheta toutes les marchandiseset les paya au comptant; un autre négociant invita à dîner1. Mislâta. Localité de Tripolitaine à l'Est de Tripoli. Cf. Voyages d'IbnBatoutah, trad. DEFRtMERY et SANGUINETTI, t. J, page 26. « Nous dépassâmesMesldtah, MesrâtalJ et KoçourSort.» J.,..JJ ~\~J ~)L.. tj J ~J'::"f·


NACHR AL-MATIIÂNÎ 429'les gens du bateau et leur servit des mets vanes et choisis:lorsque l'on apporta les plats, l'hôte prit une pierre précieuse,la réduisit en poudre, et en saupoudra lesaliments;les Chrétiens restèrent frappés de surprise. A la fin du repas,on apporta une pastèque; mais on ne trouva de couteaupour la couper, ni chez l'hôte ni chez ses voisins: il fallutaller jusqu'à un marché voisin, pour en trouver un.Lorsque les Chrétiens rentrèrent dans leur pays, leursouverain les interrogea sur le pays dont ils venaient. Ilsrépondirent qu'ils n'avaient jamais vu un pays aussi riche,ni aussi dépourvu d'armes pour se défendre, et ils lui racontèrentles deux histoires précédentes.Le souverain monta sur ses vaisseaux et s'empara de laville en une nuit, sans coup férir; il l'occupa ct, seuls de seshabitants échappèrent ceux qui sautèrent par-dessus lesmurs. Les Musulmans allèrent s'établir à Tadjoùrâ, auDjebal Ghariân et à Mislâta. La ville resta entre les mainsdes Chrétiens, jusqu'à la date des événements que l'on vientde raconter.Le Chaikh Mouraî' AI-Hanbali dit, dans son ouvrageNow{hat A n-Nâdirîn, en parlant du Sultan Soulaim (SélîmIl) fils du Sultan Suleimân, qu'il monta sur le trôneen 974 (1565- 1566) et que, sous son règne, les Musulmanss'emparèrent du Halq AI-Wadî (la Goulette) dans ce paysde Tunis du Maghrib, et que cette ville avait été prise auparavantparlesChrétiensdu fait des compétitions des BaniHafç entre eux qui avaient les uns et les autres demandél'appui det> nations européennes ce qui avait provoquéleurdésir de s'emparer des terres des Musulmans; ils l'occupèrent,e~ en relevèrent les fortifications de telle sorte que lesMusulmans désespérèrent de pouvoir la reprendre et rest0­rent sous l'autorité des Européens, qui s'emparèrent duroyaume de Tunis, en tuèrent les hommes et réduisirentles femmes ct les enfants en captivité. Lorsque le Sultan Sou2 8 *


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>laim tut informé de cela, il env.oya deux cents vaisseauxchargés de soldats, de canons et de matériel de guerre etconfia le commandement de cette expédition à Sinnân Pâchâet à 'Ali Pâchâ. Cette expédition est une des plus célè·bres de celles des Bani 'Othmân; elle mériterait une narrationdétaillée.Dieu a donné la victoireaux Musulmans, après qu'ils eurenttué dix mille ennemis dans un combat long etacharné.Ce qui est remarquable, c'est que les Européens avaientconstruit des fortifications très fortes et une citadelle inexpugnable.lIsavaient mis quarante-trois ans à les construire,ct les Musulmans mirent quarante·trois jours à les prendre.Celasepassaiteng81 (L573-1574).(Page 116.)Le vizir détruisit t.nsuite les fortificati,ons et la cicadelle,et n'en laissa aucune trace.La nouvelle parvint au Sultan Soulai.m, alors qu'il songeaità reconquérir l'Andalousie; mais il n'en eut pas letemps, que Dieu lui fasse miséricorde.Telles sont les paroles d'AbOlÎl SAlim dans sa Rihla.Ces événements sont en dehors de notre sujet, mais nousen avons parlé à cause de l'intérêt qu'ils présentent etparce que l'on peut ajouter foi à ce que rapporte le ChaikhCha'bân ben Mousâhîl. Dieu est le plus savant et tout remonteà lui.Réfléchissez, que Dieu nous pren ne en sa miséricorde,aux conséquences de l'hospitalité accordée à ces infidèles,les gens les plus misérables, le rebut de l'ordure, le produitdu péché et, qui avait été otTerte à des gens qui ne la méritaientpas: il en résulta la destruction de la ville et de seshabitants.Si celui qui les a reçus avait gardé son diamant et l'argentqu'il a dépensé pour les réunir, tout cela aurait été


NACHR AL-MATJlÂNl 131évrté; s'il avait dépensé cet argent dans l'intérêt des musulmans,il aurait eu le bénéfice de sa bonne action; mais personnene peut empêcher la destinée de s'accomplir. Toutrevient à Dieu.Le Chaik!z A hoûl-Hasan A n-Najâtî,Il était originaire de Tunis et il est mort à Yanbôû, il avaitété Amir de la Caravane des pèlerins de. Tunis. La Rilzlat al­'Ayydchiya, rapporte d'après le Qadi de Jérusalem, Aboù'Abdallâh Mouhammad An-Nafâtî, frère du personnagedont nous écrivons la biographie, que celui-ci arriva un jourd'été avec la caravane, à un puits près deTripoli. Lacaravaneétait nombreuse et il n'y avait absolument pas d'eau dansle puits. Quelqu'un alla prévenir Nafâti, qui était dans satente: il s'attrista beaucoup, au point de se trouver mal etde perdre le sentiment. Lorsqu'il revint à lui, il fit proclamerpar crieur public l'ordre aux gens de la caravane derester à cet endroit et d'aller puiser de l'eau. Celui qui l'avaitaverti lui dit: Avez-vous perdu la tête? - Il l'éloigna etdit à ses serviteurs de proclamer l'ordre qu'il avait donné.L'informateur se cacha tout honteux. Les gens allèrent aupuits et le trouvèrent plein d'eau à déborder. Toute la caravanepuisa de J'eau, et l'eau ne diminua pas. Celui quiJ'avait prévenu qu'il n'y avait pas d'eau, voyant cela, allal'informer qu'il y en avait à présent; il lui dit: Lorsquevous m'avez informé qu'il n'y avait pas d'eau et que je mesuis trouvé mal, j'ai vu en songe le Prophète, sur lui labénédiction et le salut, qui m'a dit: Ordonne aux gens derester, et j'ai compris que Dieu allait venir à notre aide.Aboû Sâlim ajoute: Son frère m'a appris plusieurs anecdotesde ce genre, relatives à ses voyages.Il est mort à la Qariya de Yan boû', où débarquent les pèlerins,et son tombeau est encore visible; il est recouvert d'u Ile


432 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>petite construction. Telles sont en abregé les paroles d'AboûSâlim.Le Chaikh Ahmad ben 'Abd Ar-Rahîm,chargédela Zâouïadu Chaikh Zarroûq.Aboùl-'Abbâs Ahmad ben 'Abd Ar-Rahîm ben Ahmadétait chargé de la Zâouïa du grand Chaikh Sayyidî AhmadZarroûq, que Dieu l'agrée. Aboû Sâlim a dit: « Il m'a renseignésur les obligations de la confrérie de Sayyidî AhmadZarroûq, d'après Sayyidî Mouhammad ben Ghaliyoûn; ila vécu près de cent ans ou même davantage.(Page II 7')Il habitait au Qaçr Ahmad, à deux parasanges de laZâouïa du Chaikh Zarroûq; il avait reçu l'enseignementd'un serviteur du Chaikh qui était son compagnon le plusintime, Sayyidî Aboû Zâma, dont son Chaikh Sayyidî Zarroûqa dit en plaisantant:«a Boû Zâma, ô gorge de pigeon,je te promets le salut pour le jour de la résurrection.»C'était la meilleure prédiction qu'il pût lui faire, surtoutfaite par celui dont les promesses étaient le plus dignes defoi. On sait que les plaisanteries des amis de Dieu sont descertitudes. »Le faqîh Sayyidî 'Alî ben A{â{a.Il appartenait à la Zâouïa du Chaikh Zarroûq. AboûSalim a dit: « Il n'avait pas son égal dans cette Zâouïa pourses connaissances dans plusieurs branches du droit: il yavait été Qâdî, puis il fut destitué. »


NACHII AL-MATHÂNi433Le Sayyid Abou Tourkiya.C'était un homme qui ne prenait aucun souci de son existencematérielle, un illuminé; il vivait seul au bord de lamer et il n'était visité que par des gens de bien. Aboû Sâlimle cite parmi les gens qu'il a connus.Le ChaiMl Ibrâhîm Al-Maimoûnî 1.Le Chaikh Ibrâhîm ben Mouhammad ben 'Isâ AI-Maimoûnîétait un faqîh en sciences rationnelles, un traditionnisteéloquent: il habitait au Caire, près de la mosquéed'Al-Azhar. Aboû Sâlirn étudia avec lui une partie duBoukhâri, du Djâmi' de Tirmidhî, une partie de Mouslim,de la Chifâ, des MaUJâhib, des Thoulâthixât de Boukhâri,des 'Ouchâriyât d'Ibn Hadjar, des Thoullâtj-ât du lI/al/­waHa '1, et il reçut de lui un diplôme pour tout ce qu'illui avait enseigné.Aboù Sâlim rapporte que le père du personnage dontnous écrivons la biographie était un des savants les pluspratiquants; son fils le vit en songe et lui demanda dansquel état il se trouvait; il lui répondit: Se trouver en présencede Dieu est grave; sortir convenablement de cetteprésence e~t plus grave encore, Grâce à Dieu, j'en suissorti comme il fallait.Aboû Sâlim ajoute que lorsque, en 1039 (1629-1630), une,partie de la mosquée du Bait al-I-Iarâm s'écroula, cet accidentfit l'objet des conversations de tout le monde et que1. Une biographie de ce personnage a déjà été faite dans l'année IORo(1669-1670). page 276 du texte, dont la pagination s'arrête à cette page pourreprendre avec le nn 1 pour l'année 1081.2. Les Thoulàthiyât sont les hàdiths parvenus par l'intermédiaIre de troisisndds; les Thoundiyât ceux parvenus par l'intermédiaire de deux isndd.',les 'Ouchddydt ceux parvenus par l'intermédiaire de dix isnâds, etc.Allcn. MAROC. - XXIV. 28


43l<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>le personnage dont nous écrivons la biographie fit un ounagequ'il intitula: Tahniydl A hl Isldm fi Bind BailAlldh al-llardm (Félicitations aux musulmans pour lareconstruction de Bait Allâh al-Harâm). Il a étudié danscet ouvrage ce qu'il était nécessaire de dire à ce sujet et ila mis beaucoup de choses profitables. Aboû Sâlim dit qu'ila fait de cet ouvrage un grand éloge, entre autres ces vers:Par Dieu, ce jardin de sciences a produit de la sagesse et a embauméde son parfum la maison sacrée de Dieu,Réjouissez vos yeux de sa vue, cueillez les fruits de ses arbres, et respirezles fleurs qui y sont ouvertes.Il a réuni tous les motifs de louanges, parce qu'il a réuni toutes lesperles qui étaient dispersées,Il ajoute: Au moment où j'allais quitter AI-Maimoûnî,un de ses proches parents écrivit sur un papier: Il n'y ad'autre divinité que Dieu, et j'écrivis ensuite: Mouhammadest l'Envoyé de Dieu. Maimoûnî sépara avec des ciseauxce que nous avions écrit chacun, en laissant les deuxmorceaux à peine attachés, puis il me dit de prendre un desbouts, tandis qu'il prenait lui-même l'autre bout et nouspartageâmes le papier. Il me dit: Conserve avec soin cepapier et je garderai l'autre. Lorsque le nom de Dieu et(Page 118.)celui de son Ami sont séparés, ils se rejoIgnent toujours,par la grâce de Dieu. «Nous avons dit plus haut que le personnagedont nous écrivons la biographie est mort en 1080(1670-1671), et c'est par erreur qu'il est cité ici; mais cettedeuxième biographie est plus importante que la première.Le Chaikh 'A lî Aç-Çottfî A l-Micrî.Il étudiait particulièrement les vertus secrètes des diffé·rents noms de Dieu. Aboû Sâlim a dit: « il m'a inter-


NACIIR AL-MATIIÀNi 485roge a ce sujet et je lui ai répondu: 0 Chaikh, la Tarîqades Chaikhs Châdhilites n'autorise pas à tirer des avantagesde la récitation des noms de Dieu, ni dans ce mondeni dans l'autre, alors même que ces avantages existeraient.Considérer Dieu comme suffisant, est préférable à rechercherles vertus de ses différents noms.Le pèlerinage n'est pas une obligation pour vous, SIvous êtes pauvre et si vous n'avez pas les moyens de lefaire t.On trouve dans les principes du droit, que personnen'est dans l'obligation de faire ce qu'il ne peut pas. Il reconnutla justesse de ce que je lui disais, mais il ne putrenoncer à sa manière de faire. Plus tard Dieu lui accordala grâce de faire le pèlerinage.» Aboù Sâlim ajoute: «Voiciune chose curieuse, le Chaikh 'AH m'a raconté qu'un deceux qui recherchent les vertus des noms de Dieu, lui aappris qu'il se servait du verset du Trône, Ayat al- KoursPet qu'il en faisait usage conformément à la science desvertus des différents noms de Dieu. Un esprit vint le trouveret lui dit: Je t'apporterai chaque jour mille charîfîs3d'or, à condition que tu les dépenseras entièrement et qu'iln'en restera pas chez toi le soir un seul dirham. LeChaikh lui répondit: Cela m 'est impossible; c'est là unechose qui ne peut pas se cacher et je crains d'être inquiétési les gens au pouvoir viennent à l'apprendre! Si tu pouvaisme donner chaque jour un chadji, deux, ou mêmedix, cela me suffirait. L'esprit répondit: Il ne peut êtrequestion que de mille charî.fis et à la condition que je t'aiJ. On doit comprendre d'après cela, que Je Chaikh 'Ali cherchait il s'enrichirau moyen de la récitation de certains noms de Dieu, répétés dans uncertain ordre, afin de pouvoir faire te pèlerinage de la Mekke.2. Ce verset est le deux cent cinquante-sixième de la Sourate II. Al-Baqara« La Vache. ~ Il est récité comme prière et on le porte même au bras enguise d'amulette. (QOR.:'N, traduction KAZIMIRSKI, p. 38, note 2.)3. Charifl. D'après les Relations de.Jucques Albert, 1634, le charri e~tune « monnaie d'or qui se fabrique en Egypte et qui avait cours à Marseillepour ivres la sols à 27 lines le marc d'argent ,..


436 ARCIIIVES <strong>MAROCAINES</strong>indiquée; sinon, non. Ils discutèrent un certain tempssans arriver à s'entendre et ils se séparèrent sans avoir puse mettre d'accord. Celui qui racontait cette histoire terminaiten disant, qu'à partir de ce moment, il renonça àrechercher les vertus de ce verset du Qoràn. »J'ajoute: il n'est pas douteux que c'est là une ruse desdémons; ils ont en efTet des ruses pour tromper les hommes,à cause de la haine qui existe entre les deux races. Je croisbien que si celui qui raconte cette histoire avait accepté lespropositions de l'esprit, celui-ci n'aurait pas accompli sapromesse; il aurait entraîné le Chaikh à commettre quelquemauvaise action et l'aurait ensuite abandonné après l'avoirfait agir contrairement aux principes de sa religion.Aboû Sàlim a dit: «C'est là une preuve de la folie de ceuxqui recherchent avec passion les biens de ce monde. Dieua garanti à chacun ce qui lui était nécessaire en proportionde son état et il sait ce qu'il faut à chacun s'il est soumis àsa volonté: Si Dieu versait à pleines mains ses dons surles hommes, ils deviendraient insolents sur la terre; il lesleur donne dans la mesure qu'il lui plaît!. » Si Dieu donnaità quelqu'un plus que ne comporte son état, il en feraitun mauvais usage. Ne voyez-vous pas qu'un hommequi arriverait à un état semblable à celui d'un souverain,ne saurait pas le supporter: cela serait en efTet au-dessusde ses forces. Si l'homme se contentait de la situation queDieu lui a faite, Dieu saurait ce dont il a besoin; mais ilcherche à changer d'état, dans l'idée que cela sera préférableet il va contre la volonté divine.(Page 119,)« Par le verset du Qoràn qui vient d'être cité, Dieu indiqueque ridée que s'était faite le Chaikh 'Ali, que la pos-1. QOHi'l, sourate "L11. \-er,;et 2 tj. Trad_ hAZlIllIlSl{I, p_ 396.


NACHR AL-MATHÂI':i 437session de beaucoup d'argent conviendrait à son état, étaitune erreur de son esprit et de son raisonnement, parcequ'il ne pouvait pas supporter cet argent: il a été protégépar Dieu dont la grâce l'a empêché d'accepter ce qui luiétait offert et qui aurait été pour lui une cause de perdition.Il a vu, grâce à Dieu, avec la lumière de la raison etde la sagesse; il a compris que cet argent ne lui convenaitpas, parce qu'il lui parviendrait contrairement aux prévisionsde la sagesse divine. »Telles sont les paroles d'Aboù Sâlim, qui sont excellentes.Que Dieu lui en tienne compte par sa miséricordeet sa grâce.L"A mîr du llidjd{, le C/zarîf Zaid ben Mou/zsin,L"Amîr du Hidjâz, le Charif des gens de bien et le plusvertueux des Chorfâ, l'appui des gens considérables, grandparmi les Amîrs, Zaid ben Mouhsin, Sultan de la Mekke,la maison sacrée de Dieu, voisine du sanctuaire d'Ibrâhîm,sur lui la bénédiction et le salut.Le Chaikh Aboû Sâlim a dit dans sa RiMa:« Nous étionsdans la maison d'un de nos Chaikhs, lorsque l'Amîr de laMekke, le Charif Zaid passa dans sa litière. Il avait grandair et était accompagné d'un grand nombre de Chorfâ etde gardes j sa tête était protégée par un grand parasol desoie, semblable au toit d'une tente: ce parasol était porté parun cavalier qui marchait à côté de lui et il s'avançait sousson ombre. Les gens le saluaient à droite et à gauche.« Le peuple criait: Que Dieu t'assiste, ô Zaid j les notableslui disaient: Que le salut soit sur toi; il rendait à chacunson salut, aux humbles comme aux grands et il ne négligeaitpersonne; il saluait de la ~te tous ceux qui le saluaient,tant sa modestie était grande. Tout le monde disait du biende lui et vantait sa conduite, sa bonne foi, sa bonne admi-


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>nistration. Le titre d'Amîr était depuis de longues annéesdans sa famille, celle des Aboû Noumâ : il était du ritehanafite et suivait exactement les prescriptions des 'OulamâSunnites. Il empêcha les Chorfâ cie maltraiter ces'Outamâ et les obligea à se conformer à la Sounna. Ondisait de lui que c'était un saint parce que ses vœuxétaient toujours exaucés, tant étaient grancle sa piété et sonhumilité.«Ses gouverneurs s'emparaient souvent injustement clesbiens cie leurs administrés, mais son humanité était tellequ'il ne voulait pas les mettre à mort. Il se contentait d'exilerles Chorfâ qui se révoltaient contre lui; ceux qui persistaie~tdans leur révolte ne trouvaient pas de partisans;ils dépensaient iuutilement tout ce qu'ils possédaient etfinissaient par revenir humiliés. » Telles sont en résumétes paroles d'Aboû Sâlim.Le Chaikh Yâsîn ben Mouhammad Ghirs od-DînA l-Khalîlî.C'était le Chaikh, l'Imàm, le savant en un grand nombrede sciences, le prédicateur dans la Ville Sainte, que les meilleursdes saluts et des bénédictions soient accordés à Celuiqui y est enterré.(Page 120.)Il était un des prédicateurs du temple sacré et un de sesImâms, l'un des professeurs qui y enseignaient. Il avait étéélevé par les soins de son oncle, dont la biographie 'a étéfaite dans l'année 1058 (1648). Il est allé du vivant de cetoncle en Égypte et en Syrie; il a fait un commentaire del'Aljiya de 1"Irâqî; c'est un ouvrage de bibliographies: ila fait ce commentaire avec soin, et un appendice auxLatâïj, en deux gros volumes. Il a fait également le Kitâb


NA.CHR AL-MATHÂNt 4:19At·Tadkira. II a enseigné à Médine le Çahîh de Boukhâriet l'Ihiyat 'Ouloum ad-Dîn (d'AI·Ghazzâlî). Il a été le disciplede son oncle, du Chaikh AI-Bâbilî et d'autres savants.D'après la Faharasa d'Aboû 'Abdallah Tayyîb AI-Fâsî,il est mort entre 1074 et 1078 (1663-64 à 1668.69). L'auteurde la RiMa a longuement parlé de lui 1.Le Chaikh Ibrâhîm A l-Khiyârî A l-Miçrî.Le Chaikh à l'enseignement profItable, à l'intelligencelumineuse, Ibrâhîm, fils du Chaikh 'Abd Ar-Rahmân ben'Ali AI-Khiyârî AI-Miçrî, avait été surnommé AI-Madanî,parce qu'il habitait Médine, où il est mort. La biographiede son père a été faite ~n l'année 1056 (1646). Le ChaikhIbrâhîm était prédicateur à la mosquée du Prophète, où ilenseignait. Il est mort entre 1070 (1659-60) et 1078 (1667­68) 2. Il avait été disciple de son père. Aboû Sâlim a dit:II jouissait d'une grande facilité d'élocution; sa parole étaitfacile et il était de relations agréables. Il occupa ses fonctionssans orgueil et sa haute tenue l'imposa dès sa plusgrande jeunesse. Que Dieu lui fasse miséricorde.Le Chaikh Badr A d-Dîn Al-Hindî.C'était un Imâm exemplaire. D'après la RiMa Al-'AYXâchiya,c'était une merveille d'intelligence et de pénétrationet un vase de sciences: il les connaissait toutes et conce-1. Note du copiste: D'après la Khouldça, AI-Khalîli serait mort le samedi 2de Rabi' At-Thâni 1086 (25 juin 1675).2. Nole du copiste: D'après la Khouldça, le Chaikh Ibrâhim AI-Khiyâri estné dans la nuit du mardi 3 de Chawwàl 1037 (6 juin 1627) et il est mort lelundi 2 de Radjab 1083 (4 novembre 16731. Il est mort subitement, peut-êtrea-t-il été empoisonné. C'est à Médine la Lumineuse qu'il est mort, et il a étéenterré .1U cimetière du Baqi'.


HOARCtl1'lES <strong>MAROCAINES</strong>vait clairement les questions les plus compliquées. fl suivaitla voie des Naqchabandiya 1. Il arriva à Médine cn 1058(1648) et suivit les cours d"Abd Al-Hakim AI-Hindî; ilfait un grand éloge de ce Chaikh, qui, dit-il, a écrit uneglose marginale très importante du Baidâwi, en quatre volumes,en y mettant de nombreuses précisions, sans négligeraucun détail.Aboù Sâlim dit dans sa Rîhla : «J'ai étudié sous la directiondu Chaikh Badr Ad-Dîn, un grand nombre de scienceset il m'a donné le Dhikr de la Tarîqa Naqchabandiyaentre le coucher du soleil et l'heure de l"Achâ, dans lecimetière de Djanna entre la chaire et la tombe du Prophète.»Il ajoute : «II ne s'asseyait à l'endroit où il enseignaitdans le noble HOrtn, qu'en faisant face au tombeau (duProphète), et si quelqu'un se plaçait entre ce tombeau et lui,il le faisait passer à droite ou à gauche et il faisait asseoirses auditeurs de chaque côté du tombeau. C'était là de sapart et de celle de ses auditeurs, une preuve d'égard, de nepas tourner le dos au tombeau noble et pur.Le Chaikh Badr ad-Dîn aurait dû être appelé par ses contemporains,['[mdm Al-Hardmain, comme les Anciensavaient donné le même nom à l'Imâm Aboù'l-Mâ'âlî. Il acn eiTet enseigné et donné des consultations à Médine pendantune année de plus qu'Aboû'i-Mâ'âlî.(Page 121.)Un de ses compagnons m'a dit que le Chaikh Badr Ad­Din avait une grande réputation dans l'Inde, et que sonprestige y était supérieur à celui des autres 'Oulamâ et deschefs de ce pays. Il y avait de la famille, des maisons et de1. Naqchabandiya. Confrérie fondée à Boukhhâ vers la fin du huitiémesiècle de l"Hégire, par Pîr Khodjâ 'Abd Ad-Dio Mouhammad ben MouhammadBâhâ Ad-Oîn AI-Boukhàrl An-Naqchabandi. Cf. A. LE ClIATtLlER, Le.fConJ,-éries musulmanes du fledja:" Paris, E. Leroux, 1887, p. 129'


NACHR AL-MATHANt•grandes richesses; il avait abandonné tout cela par affec·tion pour le Prophète pur et pour vivre dans le voisinagede son tombeau. J'ai appris dernièrement qu'il avait l'intentionde retourner dans son pays, pour y revoir sa famille etses enfants. »Nous avons parlé dans l'année 1076(1665-1666) du ChaikhDjamâl Ad-Din Al-Hindi; c'est un autre personnage.HlLe Chaikh Sayyidî A hmad, connu sous le nomde Ibn A t- Tâdj.Le faqîh versé dans un grand nombre de sciences, chargéde déterminer l'heure à la mosquée du Prophète, Ahmad,connu sous le nom de Ibn At-Tâdj, avait été élevé dansl'aisance et entouré d'égards. Il avait été le disciple de sonpère et s'était livré avec passion à l'étude de l'arithmétique,de la détermination de l'heure et de l'astronomie: il se distinguadans les sciences magiques, dans l'observation desastres et dans plusieurs branches des sciences divinatoires.Il obtint grâce à cela une grande influence chez les gouverneurs.Il est l'auteur du grand ouvrage de divination (Al­Djafr al·Kabîr),. il Y a peu d'ouvrages semblables aumonde, et on dit de lui qu'il s'y trouve des noms de chosesqui n'existent pas. C'est un ouvrage considérable, contenantquarante cahiers de grand format (800 pages). Il estécrit en entier en lettres séparées les unes des autres, enferméesdans des petits carrés, chaque carré contenant quatrelettres. Telles sont les paroles d'Aboû Sâlim. Il s'est longuementétendu sur ce personnage et ce qu'il dit mérited'être examiné avec soin. En effet, ce Djaf'- contient,comme on l'a dit, des noms qui ne s'appliquent à rien: ils'y trouve également des tables astronomiques qui ne présententaucune garantie et qui induisent forcément en erreur.On prétend qu'elles sont l'œuvre de Sayyidî Aboû'l­2 9


412 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>'Abbâs As-Sibtî, mais il est incapable d'avoir fait une chosesemblable.En réalité, toutes ces sciences ne sont pas sérieuses et nesont que des mensonges et des tromperies. J'ai eu entre lesmains, il ya quelques années, des ouvrages de ce genre, elje les ai expérimentés. Grâce à Dieu, leurs erreurs m'ontapparu, et j'ai compris que ce n'étaient que des tromperies.J'ai vu également un ouvrage de Djafr que quelqu'un vendaitau marché aux livres, à Fès. il y a longtemps; celivre n'avaitaucun rapport avec ce que dit Aboû Sâlim. J'enai lu quelques pages et j'ai constaté que cela n'était passérieux, et que quiconque est raisonnable ne peut y attacheraucune importance, Dieu est le plus savant 1.Le Chaikh Hasan Al-Bourrî.Il était originaire de Bourr Al-Kabir, qui se trouve àl'extrémité du Ça'id, en Égypte, près de la frontière d'Abyssinie.Il alla au Caire, puis à Médine où il s'établit. Il yenseigna le rite Malikite, car il ne s'y trouvait alors personneconnaissant bien ce rite. Il avait un caractèreagréable et jouissait d'un grand prestige.Le Chaikh Ndfi' 'Al-Adjamî.Son:nom est célèbre parmi les 'Oulamâ persans. Il enseignaitle commentaire (du Qorân) de Baidâwî à la mosquéede la Mekke et son cours n'était suivi que par des Turcs,parce qu'il le faisait uniquement en turc et en persan. Ceuxqui le comprenaient faisaient de lui un grand éloge.1. Note du copiste: D'après la Khouldça, Ahmad ben Tâdj Ad-Dio Ad­Dimichqi est mort à la Mekke, dans le Borro, en 1081 (1640-1671).


413Le Chaikh A hmad A l-Bourrî.(Page 122).C'était le chef des prédicateurs et le plus éloquent des lettrés;il appartenait au rite hanafite: c'était un des onclesdu Bourri dont on vient de parler.C'était un des principaux 'Oulamâ du rite Hanafite; ilétait en relation avec le hdjidh AI-Maqqarî 1.Le Chaikh 'Abdalldh ben Noumouï.C'était un adorateur de Dieu, fervent et recueilli. Il étaitoriginaire de l'Yémen. C'était le meilleur disciple de SayyidîMouhammad 13â 'Alawî.Al- vVdlî Sayyidî 'Abd A r-Rahmdnben Ahmad A l-Mikndsî.L'ami de Dieu, le saint personnage, compatissant enversses semblables, 'Abd Ar-Rahmân ben Ahmad Al-MiknâsîAl-Basant, était originaire de la ville de Miknâs Az-Zaitoûnau Maghrib, Il alla ensuite s'établir en Orient oû sa réputationdevint bientÔt considérable. Il avait rencontré à FèsSayyidî Yadîr et Sayyidî Moûsâ qui est enterré dans cetteville au quartier de Djarnîz; à Al-Qaçr il avait été le disciplede Sayyidî Mouhammad Al-Qoudjairî.Il était sujet à des extases subites et les plus saints personnagestémoignaient de sa sainteté. Il alla plusieurs foisen pèlerinage et revint au Caire, d'où il alla à Alexandrie.1. Note du copiste: D'après la Khouldça, qui consacre un long chapitreau Chaikh Ahmad AI-Bourri, ce personnage est mort à Médine en 1092 (1681)et il est enterré au cimetière du Baqi'.


444 <strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Il s'y embarqua pour Constantinople où sa réputation netarda pas à se répandre et à lui attirer l'amitié des grands.Il revint ensuite à la Mekke où il s'établit dans les environsde l'année 1050 (1640-1641) et où il eut une grande réputation.Il recevait de nombreux dons et les grands personnageslui envoyaient des cadeaux; il avait à la Mekke unesituation considérable et malgré cela, il ne possédait rien:il n'avait ni vêtements de luxe, ni monture; il n'était pasmarié, n'avait pas de concubine et n'était servi que par uneesclave.On s'empressait autour de lui, à tel point qu'il n'allaitplus faire ses prières à la mosquée; ceux qui connaissentles prescriptions çoufiques, savent que cela lui était pardonné,tandis que les ignorants lui en font un reproche.Il recommandait l'étude des ouvrages du Hatîmî 1; ilétait très compatissant et son indulgence s'étendait mêmeà ceux qui exerçaient le pouvoir. Il dépensait chaque jourpour les gens de la Mekke environ 100 guirch : aux uns ildonnait deux dirhams, à d'autres dix, vingt, et davantage,sans compter ce qu'il donnait aux étrangers - il fournissaitaux Chorfâ de la Mekke leurs provisions. Quand iln'avait plus d'argent, il empruntait et quelquefois il devaitjusqu'à 250.000 (guirch), et Dieu payait pour lui. Un de sesamis, digne de foi, raconte qu'il lui disait un jour qu'ilétait criblé de dettes et qu'il ajouta: Dieu m'a promis queje ne mourrais pas sans avoir payé toutes mes dettes.Lorsque cela fut connu, on lui avança de l'argent à centpour cent et les prêteurs faisaient avec lui d'importantsbénéfices, mais il ne s'en souciait pas. On dit qu'il fut à la,i\lekke, disciple de Sayyidî 'Ali Al-Ghoumâri, disciple deSayyidî 'Abd Ar-Rahmân AI-Filâlî, disciple de Sayyidt1. Aboi'l 'Ali Mouhammad bel-Hasan bel-MoudhatIar AI-Baghdàdi, connusous le nom d'AL-HATiMi, était un savant célèbre; il est mort en 388 (ggS) ilBaghdàd. Il a laissé une Ristlla, la Hou/yat Al-Mouhdda.-a en deux volumeset plusieurs ouvrages de littérature. Wafaydt ,tl-'Avdn d'llIN KIIALLIKÂN,1. 1", p. 646 et 647,


NAl:HR AL-MATII3.NiMouhammad AI-Goûmî, du Maghrib : ces deux derniers~taient eux-mêmes disciples de Sayyidî Ahmad AI-Filâlî,disciple de Sayyidî AI-Ghâzî. Le personnage dont nousécrivons la biographie fut également disciple à Constantinoplede Sayyidî Ahmad Efendi et de Safi AI-Qachchâchî.Tous ces détails se trouvent dans la Rihla d'Aboû Sâlim,qui fait un grand éloge du Miknâsî. J'ai coupé son récit àcause de sa longueur. Dieu est le meilleur guide 1.(Page J 23.)Le Chaikh Dâl/Joud Al-Anlâqî.Le médecin très instruit, le savant des savants, le chaikhDâwoud AI-Antâqî est l'auteur du Kilâb A b- Tadhkira et duKilâb an-Now{ha. Ce sont deux ouvrages de médecine,qui prouvent l'étendue de ses connaissances, mais où leschoses de différente importance sont mélangées, surtoutdans la Tadhkira. La NOll~ha est composée avec plusd'ordre et plus de méthode.Le Chaikh Dâwoud aurait atteint le commencement duonzième siècle (seizième et dix-septième siècles J.-C.). Dansle chapitre Il de la Tadhkira, il dit qu'il est arrivé à celendroit de son ouvrage au commencement du mois deRabi' Il de l'année 976 (1568- [569); il est mort à un âgetrès avancé. On a vu plus haut dans l'année [079(1668-1669), dans la biographie du Chaikh 'Abd Al-'AzizAI-J\lakkî, son étrange aventure avec ce personnage quiétait moudden à la Mekke. Il faut s'y reporter.1. Note du copiste: Sayyidi 'Abd Ar-Rahmi'tn ben Ahmad ben Mouhammadben 'Abd Ar-Rahmân ben Ahmad AI-ldrisÎ AI-Hasani était né à Miknùsaz-Zaitoùn en 1023 (1614); il est mort le mercredi '7 Dhoùl-Qa'da 101>5(12 février lIiii). La Khouldça donne une longue biographie de ce personnage.2 9 #1


H6<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Le Chaikh Chihâb ad-Din AI-Efendi, commentateur'dela Chifd, en parlant de lui dans sa Rihla, dit ce qui suit:« C'est Dâwoud Al-Hakim, l'aveugle, qui connaît le bien.Il voyait au delà du voile qui càche l'inconnu, avec lesyeux de l'intelligence qui renseigne.Jamais l'oreille n'a entendu des paroles semblables auxsi(mnes, ni l'œil n'a vu des actions comme les siennes. S'iltâte le pouls pour rechercher la raison d'un mal subit, ildécouvre toutes les causes cachées de ce mal; il émerveillela vue et l'ouïe par ses explications et il place son doigtsur le pouls, plus habilement qu'un musicien ne touche unecorde.Son intelligence est si déliée qu'elle pénètre entre la peau et la chair.Si la vie fuit le corps, il arrive à l'y ramener de nouveau.Gloire à celui qui l'a rendu aveugle et qui a fait de sonesprit un foyer lumineux.« Leurs yeux ne sont point privés de la vue, mais leurscœurs, ensevelis dans leurs poitrines, sont aveugles f. »Il possède des éléments de toutes les sciences et sa paroleest douce par sa grande élégance.J'ai suivi ses cours sur la médecine et sur d'autres sciences,quand j'étais encore jeune, et je lui ai entendu dire deschoses dont le vent du matin pouvait être jaloux: les sonsdes instruments vibraient sous leur charme, il rendait poétiquesles choses les plus prosaïques des sciences, il cueillaitles boutons des vers et de la prose. Il disait: Si Avicennem'avait connu, il serait venu à la porte de ma maison et IbnDaniel se serait noirci les yeux avec la poussière de mon seuil.Malheureusement, il suivait les préceptes philosophiqueset il était le commensal des buveurs de vin, à cause de cela,beaucoup de gens révoquèrent en doute sa foi religieuse ctcela nuisit à sa réputation.1. QOI!.\N, sourate XXII, verset 45. Trad. KAZUlIRSIU, p. 269.


NACHR AL-MATHÂNi 441Devant les bruits répandus sur son compte, il se retira àla Mekke, où il ne tarda pas à mourir, et il alla rencontrerson Seigneur. Voici quelques-uns de ses vers que j'aientendus:Par la longueur de la distance, par l'injustice des temps, par le manquedu nécessaire, par le défaut de justice.Par l'absence de l'ami, le manque d'habitude de tout autre, letemps m'a semblé long et je n'ai trouvé personne pour me tenircompagnie.Ah 1 si seulement le vin m'était permis, pour oublier et pour chasserla tristesse de mon esprit.(Page 124.)Il a fait plusieurs ouvrages, entre autres un commentairede l'ouvrage d'Avicenne sur la Vie, la TadhkiratAI-Koubrâet Aç-Çoughrâ (la grande et la petite) sur la médecine etd'autres encore. » Telles sont les paroles de Chihâb.Ainsi qu'on vient de le dire, le personnage dont nousécrivons la biographie est mort à la Mekke. Ceux qui exer·cent la médecine dans notre Maghrib, estiment beaucoupses ouvrages la Tadhkira et la Now{ha : il est égalementl'auteur des Tabaqât al·/{oukamâ, dont il parle dans laTadhkira.On a vu plus haut, dans la biographie du Chaikh 'AbdAI·'Azîz AI-Makkî, que ce personnage disait que l'Antakîétait un philosophe. J'ai vu pour ma part, dans sa Tadli­Jïira, des choses qui méritent la désapprobation, entreautres ce qu'il dit à propos du vin. On a vu également queChihâb affirme positivement qu'il est de ceux qui s'écartentde la vraie religion. Que Dieu nous préserve d'eux 1.(. Note du copiste: D'après la Khou{âça, le Chaikh Dâoud AI-Antàqi estmort à la Mekke en 1008 (r599-r6001 et cet ouvrage donne de ce personnageune longue biographie.On n'est pas d'accord sur ses vraies convictions.Les uns le considèrent comme un croyant, les autres comme un impie.D'après IIàdjî Khalîfa dans le Ka chf ad-Dhollnoùn t. 1. p. 271, AI-Antaqî estmort en 1005 (r596-r597)'


148 AI\CIlIVE5 MARocAINESLe Chaikh YoûsouJ Al-l/âchimî Al-Khalîlî.Le faqîh très instruit, le Chaikh Yoûsouf AI-Hachîmî AI­Khalilî, était descendant d'Aboûl-Qâsim AI-Djounaid. AboûSâlim l'a rencontré dans la ville du Khalîl (Jérusalem), ill'a entendu expliquer le commencement des Çalzîlzain(Mouslim et Boukhârî) et a reçu de lui un diplôme pour sesisnâds.Le jaqîh Saxyidî Ibrâlzîm ben Clzilzâbad-Dîn Al-Manvânî.C'était un des hommes vertueux de Jérusalem, il a fréquentéle Chaikh AI-Qachchâchî, il a été Imâm de la mosquéede Khalîl (Abraham), et a été chargé du madjlis(assemblée) pour la récitation du dlzikr après les prières,ainsi que c'est l'usage dans ce pays, où il ya des madjâlisde dlzikr au lieu des madjalis d"Um. Il y a peu de mosquéesqui n'aient un madjalis de dhikr, où l'on récite le dlzik!' àhaute voix et où l'on se réunit pour chanter les louangesde Dieu, sur le mode çoufique. Ces assemblées se composenten majorité de négociants illettrés, et à cause de celal'enseignement des sciences y est peu répandu, de mêmeque dans toute la Syrie, contrairement à ce qui se passedans les autres pays. Tous ceux qui sont allés en Syrie ledisent. Telles sont les paroles d'Aboû Sâlim dans la RiMa.L'Imâm, le Chaikh A hmad ben Moulzammad Ad-Dimyâlî.Le Chaikh de l'Islam et des musulmans, l'héritier desconnaissances du Seigneur des Envoyés, le savant le plussavant, le Chaikh Ahmad ben Mouhammad Ad-Dimyâtî


NACHR AL-MATHÂNi 419AI-Bannâ était un Imâm considérable et un vérificateurremarquable. Il a étudié avec le Chaikh Noûr ad-Dîn Ach­Chabrâmilsî et j'ai vu parmi ses ouvrages, un livre sur lalecture du Qorân auquel il a donné deux noms, le premier:Ithâj Foudalâ Al-Bachar bi-Qirâat al-Qourrâ al­Arbâ 'Achar: et le second Al-Amânî wal-Masarrât fi'Ouloîtm al-Qirâat. C'est un ouvrage remarquable où il aréuni ce qu'il a lui-même constaté et ce qu'il a empruntéaux Chaikhs; il Y a mis tout ce qui peut charmer l'espritet frapper l'intelligence. C'est un volume de taillemoyenne. Dans la préface de cet ouvrage, il dit qu'il estallé à Médine la noble en 1082 (1671-1672) et qu'il y aséjourné. Que Dieu lui fasse miséricorde et nous fasse profiterde sa grâce.Le Chaikh, l'historien, Sayyidî MouhammadAl-Ishâqî AC~l-Châfi'î.Le faqîh délicat, l'historien,le Chaikh Mouhammad ben'Abd Al-Ma'tî ben Aboû'I-Fath ben Ahmad ben 'Abd Al­Ghanî ben 'Ali AI-IshâqîAch-Châfi'î, surnommé Ibn Ishâq,est l'auteur de l'ouvrage Kitâb Laiâ'if Akhbâr al-Ouwalfîman tasatTafafî Miçra min A rbâb ad-Douwal. Il était(Page 125.)vivant en 1072 (1617). Il l'a dit dans cet ouvrage, qui estun ensemble de documents utiles et curieux. Il y traite complètementce qui a trait à la dynastie ottomane qui gouverneConstantinople et l'Orient.Que Dieu lui fasse miséricorde. Amîn.Allen. MAIloe. -XXI~.


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>MoaLdy A hmad ben A bdalldh ben 'AU ben Tdhir.Le Chaikh AI-Yoûsî raconte qu'il a rencontré le faqîh,le Charif Moûlây Ahmad surnommé ben 'Ali, fils de Moulay'Abdallâh ben 'Ait ben Tâhîr et qu'il a reçu sa bénédiction,que Dieu leur fasse à tous la grâce de sa miséricorde.Aboû Sâlim a dit: Le bénéfice que j'ai retiré de cepersonnage, est une prière qu'il avait lui-même apprise deson père et que l'on récite en cas de danger. C'est le versetdu Qorân Ayat al-Qoursî t répété treize fois, jusqu'au motal-Adhîm (c'est-à-dire jusqu'àla fin du verset), dix-sept fois,jusqu'au mot Khdlidoûn '1. Il m'a indiqué une autre prièrepréservatrice, c'estla sourate Yâ Sîn 3 , en y ajoutant Bismillahi-Rahmânir-Rahîm,onze fois.Sayyidî Qdsim Al- Wa"îr Al-Ghassânî.Le médecin savant et délicat, Qâsim ben Mouhammadben Ibrâhim AI-Ghassânî, connu sous le nom d'AI-Wazîr.D'après Ar- Rachchâtî, les Ghassânîyin appartiennent à latribu arabe des Azd. Ibn Hichâm dit de son côté qu'ilstirent leur nom d'un cours d'eau à Soudd Ma'rib ouMa'rab, où les Oulâd Mâzin des Azd venaient chercher del'eau et dont ils prirent le nom. On dit également queGhassân est un cours d'eau à Mouchallal 4, près deDjouhfa 5 , et que les Oulâd Adnân de la tribu d'Azd qui ypuisaient de l'eau, en prirent le nom.•. QORAN, sourate II, Al-Baqal"a, verset 256.2. Ibidem. Dernier mot du verset 259 de la sourate II.3. Sourate XXXVI. Elle est récitée comme prière des agonisants et des mortsLe Prophète l'appelait: le cœur du Qorân.4. Ghassân est un cours d'eau qui vient du Djabal Mouchallal, près de laMekke. - Cf. YÀQOIÎT, l. III, 2· partie, p. 801.5. Djouhfa, grande qaria ruinée entre la Mekke et Médine. - YÀQOÙT,t. Il, ." partie, p. 35.


NACIJl\ AL-MATHÂNt '51Les Ghassân sont urt groupe dé Mbih ~t ~ut qUivivaient près de cette rivière prirent le nom de Ohassâhlyth.On trouVe aussi dans tbn Ishâq, que d'après uN ttlettih,Ghassan était la source des rois et Himyar celle des Arabes:ils ont eu des rois célèbres, que Rachchâtî a tous indiquéspar leurs noms, il faut se reporter à son ouvrage.Le personnage dont nous écrivons la biogtaphie ~taitpassé maître en éloquence et d'une science remarquable enmédecine. C'était un des médecins du Sultan Ahmad Al­Mançoûr le Chérif, surnommé Ad-Dahabî, un des souverainsde Marrakech et du Maghrib, et il était de ses intimes.Il a écrit des ouvrages de médecine, dont un commentairedes poésies d'Ibn 'Azran, sur les fièvres: liâdtqatA l-A{hâr fi Charh Mahiyat al-'Ouchoub wal-'buqar.111'a résumé en deux petits volumes. Il dit à ta fih de cetouvrage: Écrit pour la bibliothèque du Sultan victorieux,assisté par Dieu, Aboûl-'Abbâs Al-Mançoûr, liis de notremaître l'AmÎr des Musulmans Aboû 'Abdallâh Al-Mahdi,fils de notre maître l'Amir des musulmans Aboû 'AbdallâhAl 'Qâïm bi Amr-Illah, le Charif HasanÎ; et il ajoute: Celivre a été terminé le samedi 27 du mois de Rabi' An-Nabawîde l'année 994 (18 janvier 1586). Il existe encore aujourd'huià Fès des gens de la famille 1 de Ghassânî.L'Imâm Sayyidî A botî Bakr ben Al-l1asdnAt-Tittâfî.Le Chaikh, l'Imâm, le savant le plus savant, Aboû Bakrben AI-Hasan At-Tittâfî; c'est ainsi qu'il est dénommé par1. Le mot .hA.) rhat, employé par l'auteur, est usité au Maroc dans unsens péjoratif et méprisant; il faudrait dire alors: des gens de l'espêcede Ghassâni.


4052 f.RCJlIVES <strong>MAROCAINES</strong>le Chaikh AI- YoûsÎ dans sa Faharasa, et il ajoute: Il étaitinstruit dans les différentes sciences; c'était un hommetrès religieux et d'une grande aménité, il avait été élevé(Page 126.)dans la piété et dans l'ascétisme; son genre de vie étaitcelui des gens dévots qui n'attachent aucune importanceaux biens terrestres.Sayyidî Mouhammad ben Mouhammadben 'A lî A l-A kmCttî.Il était instruit dans plusieurs branches du droit; ilavait été disciple de son père, disciple lui-même de SayyidîAbdallah AI-Hadjdjâm, disciple de Sayyidî 'Omar AI-Khattâb;ces deux derniers sont enterrés à Zarhoûn; Sayyidî'Omar AI-Khattâb avait été disciple du Chaikh At-Tabbâ'.Que Dieu leur fasse à tous miséricorde. .Sayyidî Mouhammad ben 'Abd Al-KarîmAt-Touâtî.Il est enterré à Takroût. Aboû Sâlim a dit: C'était l'Imâmde son temps; il savait une partie du droit et de la syntaxe,et il connaissait la prosodie.Le très savant Sayyidî Yahyâ Ach-Châ1VÎ.Le Chaikh, le savant célèbre, Abou Zakariyâ Yahiâ Ach­Châwî est l'auteur d'une glose marginale de la Çoughrâde Sanoûsî; il était professeur à la mosquée d'AI-Azhar etavait une grande réputation parmi les gens du Maghrib.


NACHR AL-MATHÂNiSon influence auprès des autorités le fit nommer Qâ.dîMalikite (au Caire). Plus tard, il fut nommé Amîr des pèlerinsdu Maghrîb, et il alla deux fois en pèlerinage avec lacaravane; sa réputation grandit et le nombre de ses admirateursaugmenta, ainsi que celui de ses détracteurs. Ilétait un des meilleurs tolbâ et des plus intelligents, il possédaitune connaissance profonde de la grammaire et avaitdes notions des autres sciences; tout son temps était consacréà l'étude et à l'enseignement; mais si l'orgueil s'emparede quelqu'un, il ne le quitte qu'avec la mort. C'est ceque dit sur ce personnage Aboû Sâlîm dans sa Rihla. Jen'ai trouvé la date de sa mort que dans des notes d'aprèslesquelles il serait mort le 12 de Qa'da 1097 (30 septembre1686) "Le Saint Sayyidî Mouhammad Al- Wâlî,Il était des Bani Ouâl; son tombeau est connu et est lebut de pèlerinages, à la Qala 'Zaid, près de Fès, au Maghrîb.D'après la Touhfa, il est originaire des Bani Ouâl; il étaitdisciple de Sayyidî Aboû At-Tayyib AI-Maisoûrî, disciplelui-même de Sayyidî Abdallâh AI-Khayyât, enterré auZarhoûn, disciple de Sayyidî Ahmad ben Yoûsouf Ar-Râchidî,disciple du Chaikh Zarrot'lq. Sayyidî MouhammadAI-Wâlî a eu pour disciples ,Sayyidî Mouhammad ben 'IsâAI-Djâmaï enterré à Louata, non loin de son propre tombeau;il est parvenu jusqu'au commencement du onzièmel, Not~ du copiste,' D'après la Khoulâça, Sayyidi Yahyà Ach-Chàwi étaitné il Mihana dans le territoire d'Alger. Il est l'auteur d'un commentaire del'DI/mm al-Bardhin, d'un commentaire du Tashll, d'une glose marginale duMourâdi, d'un ouvrage sur les règles de la grammaire, d'une Ldmiya surl'analyse des Kalimat al-lkhlâç (Lâ lIdh il/d A.Udh) et leur commentaire.Il est mort le mardl 20 Rabi' al-Awwal 1096 (24 février 1684), Il mourut cnmer en allant à la Mekke et fut enterré sur le rivage; plus tard son corpsfut rapporté au Caire. La Khouldça donne de ce personnage une longuebiowaphie.


45t ARClIIVES r.(AROC.t\INESsièçle (fin du seiûènw ~ièçle): que Dieu, nous fasse profiterdo se~ yen\.1s. Amîn.Le Saint Sayyidî 'Abdallâh ben Tamtam.14 aV{l\t ~ne ZâouÏa au Toullt j c'était un hOl1.1me debien, et ge religion; il donnait l'hospitalité il, ceux qui ve ...naient l~ visiter,


NACHR AL-MATIIÂNiune preuve qu'il était aimé de Dieu. » Telles sont les parolesd'Aboû Sâlim. Il ajoute: Depuis, je ne récite la Fâtiha pourmoi ou pour quelqu'un qui me l'a demandée, qu'aprèsavoir fixé par la pensée tout ce que je souhaite.Le Mouwaqqit Sa)-yidî 'AU Ad-Dâdisî.'Ali ben Mouhammad ben Aboû'I-Qâsim ben Ibrâhimben 'Ali ben Mouhammad Ad-DâdisÎ, était un calculateur,chargé de déterminer l'heure de la prière; il est l'auteur dela poésie connue sous le nom de A 1- Yalvâqît li-MoubtaghîMa'rifat Al-Mawâqît et de son commentaire. C'est unexcellent ouvrage qu'il a terminé en 1058 (1648).Sayyidî Ach-Charqî ben Abotl Bakr Ad-Dildï.Aboû 'Abd Allâh Ach-Charqi, fils de Sayyidî Aboû BakrAd-DiiM était un professeur disert et lettré: il est l'auteurde poésies et de lettres.Sayyidî 'Abdallâh ben Ndçar, enterré à la Tala'.Le Chaikh, le saint personnage, le sublime Aboû Mouhammad'Abdallâh ben Naçar, enterre à R'hibet AI-Qandîlà la Tala' de Fès, etait disciple de Sayyidi Ahmad Ach­Châwî, que Dieu nous fasse profiter de ses vertus.Il était sujet à des extases et se préoccupait de la Sounnajusqu'à la manie. Il était recherché dans sa mise. Quelquefois,dans une de ses crises, il disait des choses incompréhensibles,et ses crises étaient souvent si fortes qu'il tombait parterre; il se relevait intact. Il a fait des miracles et des choses


456 ARCllIVES <strong>MAROCAINES</strong>extraordinaires. Dans l'ouvrage attribué à Ibn 'Aichoûn,celui-ci fait de lui le plus grand éloge.Le Saint Sayyidî 'Abd AI·Malik Al-Ghamrî.L'ami de Dieu, le saint personnage Sayyidî 'Abd AI­Malik enterré à Akdal dans le pays de Ghamrâ, à unedemi-étape de Fès, était réputé parmi les gens qui devinentl'avenir. Il a une Zâou'ia et un sanctuaire très fréquenté àAkdal. Ses descendants ont un grand prestige.La Sayyida sainte Rouqiya As-Sabahiya.Elle possédait des dons surnaturels et divins, et faisaitdes miracles évidents. Elle était muette, mais elle se faisaitcomprendre par signes, et tout ce qu'elle indiquait ainsi seréalisait. Elle est enterrée non loin de Sayyîdî Ridouân,près du Mouçallâ de Bâb AI-Foutoûh à Fès. Que Dieu luifasse miséricorde, qu'il nous fasse profiter des qualités detous les amis de Dieu et que, par sa miséricorde et sagrâce il nous accorde les mêmes vertus.CECI EST LA FIN DU PREMIER VOLUME DU« NACHR AL-MATHANÎ ».IL SERA SUIVI PAR LE DOUZIÈME SIÈCLE.


TABLE DES MATIÈRESPRÉFACE • . •ERRATA AU TOME XXI.ANNÉE 1051 (J.-C. 1641-1642)Le mourâbit, le raïs Aboû 'Abdallah Mouhammad Al-'Ayyâchi .Le faqih Sayyidi 'Ail Al-Kaghghâd . . . .La faqih 'Abd Al-Mou'min ben Mouhammad.I~e sayyida Maïrnoùna bent 'Omar . . . .EVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1051 (J.-C. 1641-1642).Pages.VVII1223ANNÉE r052 (J.-C, 1642-1643)L'lmâm Sayyidi M-'Arbî ben Yoûsouf AI-Fâsi. . . . . . . . .Le Chaikh Sayyidi Mahammad ben Ahmad ben Maharnmad ben Housaïnben Nâcir Ad-Dar'i. . . . . . . , . . . . . . . . .Le saint Sayyidî Ahmâd beR lbrâhim Ad-Dar'î. . . . . . . . .Le Chaikh vertueux Sayyidî Mouhammad ben Mouhamrnad ben 'AtiyaAs-Salawî. . . . . . . . . . . . ,Abol1 Chârna . . . . . . . . . . . .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1052 (J.-C. 1642-1643).ANNÉE 1054 (J. C. 16+~-1645)Le faqih Sayyidi Mouhammad ben 'Abd Ar-Rahmân Souqqain .39101212I313ANNÉE 1055 (J.-C. 1645-1646)Le Chaikh, le faqîh, Sayyidi Al-Hasin ben Mouhammad ben 'Ali benReisot1n AI-Hasanî. . . . . . . . . . . . . .Le faqih, le professeur Sayyidi 'Abd Al-'Azîz Az-Ziyâti. . . . . .ANNÉE 1056 (J.-C. 1646-1647)Le chérif, le savant Sayyidi Mouhammad ben 'Abd Al-Hâdi ben 'Abdallahben 'Ali' ben Tahar Al-Hasani. . . .Sayyidî 'Abd As-Salâm ben Nâcir. . . . . .Le professeur Sayyidi As-Saghîr ben Al-Mindjar . . .Sayyidi Hamdol1n, le simple d'esprit . . . . . . .Le savant, Sayyidi Mouhammad At-Tarâboulousi . . .Le Chaikh Sayyidi'Abd Ar-Rahmân Al-Khiâri Al-Qâhirî.ANNÉE 1057 (J.-c. 1647-1648)Le faqih, le savant SayyidiAhmad Ai-Zammol1ri . . . . . . .La Sayyida 'Aicha, épouse de Sayyidi Mouhammad ben 'AbdallahÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1057 (J.-C. 1647-1648l. . . .ANNÉE 1058 (J.-C. 1648-1649)Le Chaikh Ghirs ad-Din AI-Halabi. . . . . . .Autres personnages morts en 1058 (J.-e. 1648-1649)3 0•1515If>17}- 1192122242526


458 <strong>ARCHIVES</strong> :<strong>MAROCAINES</strong>ANNÉE 1059 (J.-C. 1649-1650)Le faqîh Sayyidî Mouhammad AI-Misnawî Ad-Dilâï . . . , .L'éminent Sayyidî 'Abd AI-Khâliq, frère de Sayyidî AI-Misnawî.Le faqîh Aboûl-Qâsim AI-Fichtâlî AI-Gboi\! . . . . . . . ,Le savant vertueux, Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân Ad-Darawî. , , , .Le Chaikh Abot1 'Abdallah Sayyidî Mouhammad AI-Moudjawal, de laville d'AI-Qçar AI-Kabîr. . . . . . . . . .Le Chaikh Yoùsouf ben Hidjâzî. . . . . . , .Le savant Sayyidî Abot1t-Tayyib Nouçair AI-RakrLÊVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1060 (J.-C. 1650) . . . .ANNÉE 1061 (J.-C. 1650-1651)ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE. • • • • • • • • • • • • • • • • •ANNÉE 1062 (J.-C. 1651-165:alLe Chaikh considérable Sayyidî Mouhammad Ibn 'Abdallah Ma'n A 1-Andalollsî. . . . . . . . . . . . . . . . .Le Chaikh Sayyidi Ahmad ben 'Ali' ben YoùsoufAI-l'âsîL'imâm Sayyidî 'Isâ As-SaktâliÎ • . . . .Le Chaikh Sayyidî Mouhammad Ad-Dadîsî. •Le Sayyid Mouhammad AI-Qoutri AI-Qaçrî .Le faqîh Sayyidî Mouhllmmad ben 'Abdallah.ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1062 (J.-C. 1651-1652).ANNÉE 1063 (J.-C. 165:l.-I(53)L'ImAm Sayyidî Mouhllrnmad Ach-Chér.if AI-Bou'nanîLe Chaikh Sayyidî Aboû Bakr As-Saktânî. .Le Chaikh Sayyidî Ahmad i\1-Qa.lçadî . . . . _ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1063 (J.-C. 1652.-1653). . 'ANNÉE. 1064 (J.-C. 1653-16541Le faqîh Sayyidî Mouhammad ben Ismâ'i1 AI-MÎsnawî .CVÉNEMENTS DEL'AliNÉE 1064 (J..-C. 1653-1654). . . . .ANNÉE 1065 (L-C. 1654-1655)Le Chaikh Ahmad ben 'Ali SaYJfidî 'Abd Ar-RahmAn ben Ahmad be n'/mrân As-Sàlasî. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .ÉVÉNEMENTS DE L'A.NNtE 1065 (J.-C. 1654-1555). . . . . . .i\NNtE 1066 (J.-C. 1655-16561Le Chaikh Sayyidî Ahmad ben 'Abd Ac-Çâdiq As-Sidjilmâsî .Le saint Sayyidî Ahmad ben 'Amr Ach-CkarîfLe Chaikh Sayyidî 'Ali Al-Oudjhourî. . . .Le Chaikh Sayyidî Sa 'id Qaddoil,ra . . . . . .ÉVÉNEMENTS DE L'A.NNÉE 1006 (1.-


nB~E J:\l'S M;\TIÈ.RI::S(59ANNÉE 106g (1658-1659)Notre maître Ach-Charîf ben 'AH Ach-Chadf As-SidjilmâslLe Chaikh Chihâb ad-Din AI-KhafâdF . . . . . .Le Chaikh Badr ad-Dîn Ach-Charif AI-Qâdiri. . . .ANNÉE 10"]0, (J.-c. 165g-1660)Le Chaikh Hdj ad-Dîn AI-Mâlikî. . . . . .Aboù 'Abdallah Adarrâq As-Soi"lsî A.I-HsÎ '. . . .Le faqîh, le professeur Sayyidi Ibrâhim AI-Qaçri .Le professeur Sayyidi Ahmad AI-Hadjdj~dii. . .La Sayyida 'Aïcha, fille de Sayyidi Mouhamlllad ben 'AbdallahMa'n .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1070 (J.-C. 1659-1660). . . .Pages.~go-94101103103104104106ANNÉE 1071 (J.-C. 1660-1661)Le Chaikh, l'imâm, Sayyidî Ahmad appelé Hamdot'J.nAI-A.bbâr.Le Chaikh Safi ad-DIn AI-Qouchachi AJ-Madani· . . . . .Le Chaikh Mouhammad Bâ-'Alawi AI-Hadrami. . .' .Le faqih Sayyidi 'Abd AI-WahMb AI-Wazîr i\I-GhassâniSayyidî 'Abd AI-'A,zîz Az-Zimrânî. . . . . . .ÉVÉNEMENTS DE L'AN.Nb: 1071 (J.-C. 1660-1661). • • •ANNÉE 1°72 (J.-C. 1661-1662)Le Chaikh Sayyidi Mahammad ben Ahmad MiyyâraLe 'AlIl1ma Sayyidî 'Alî Az-Zarh0l1ni. . . . .Le Chaikh Sayyidi Ahmed AI-Malâhfi . . . .Le Chaikh Sayyidî 'Abd AI-'Azîz Az-Zamzamî . .Le 'AlIâma Sayyidî Mouhammad AI-Manqoûchâ. .Le professeur Sayyidi Mouhammad Az-Zadjalî . .Sayyidi Mouhammad ben Sayyidi AI-Khâdim ben Aboù Bakr Ad-Dilâï .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1072 (J.-C. 1661-1662). .ANNtE 1673 (16152-1663)Le faqih Sayyidi Mouhammad, fils du Chaikh Sayyidi 'Abd Al-KarimAI-Fakour. . . . . . . . . . . . . . . ..Le faqih Sayyidi 'Abdallah ben Mahammad AI-'AyyâchiI;-e Chaikh 'Abd AI-Djawid At-Tarînî. . . . . . .EVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1073 IL-C. 1662-1663) •..•ANNÉE 1074 (J.-C. 1663-1664)Le Chaikh Sayyidî Mouhammad ben Ahmad ben Mousâhi 1 . . .Le Chaikh, le saint Sayyidî Mouhammad ben AboO 'Ali AI·Bakri .Sayyidî Ahmad ben 'Isâ At-Tarabotllousî. . . . . . .Sayyidî Ahmad ben Mouhammad BoO Madjîb . . . .Le Chaikh 'Oumar ben 'Abd AI-Qâdri AI-Machriqi . . .Le 'Allâma Mouhammad Aç-Caghir AI-'Afiya AI-AndalousîÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1074 (J.-C. 1663-1664)· . . • . .ANNÉE 1075 (J.-C. 1664-1665)Le Sultan Moulay Mahammad ben Ach-Charif AI-'Alawi . .Le Chaikh Sayyidî Ahmad ben 'Ali Ba Qom;hair AI-'Yamani .1°7III116122122123.Izl12612 7127131135135136159162


<strong>ARCHIVES</strong> <strong>MAROCAINES</strong>Le saint Sayyidî Ahmad ben Khadra AI-Miknâsi .I~VÉNEMENTS DE L'ANNÉE IOï5 (J.-C. 1664-166'))...ANNÉE 1076 (J.-C. 1665-1666)Le 'Allâma, le qâdî Sayyidî Mouhammad ben Mouhammad ben Aboûl-Qâsim ben Soûda. . . . • . . . . . . .Le Chaikh Djamâl ad-Din AI-Hindi AI-Madanî. .Aboû Ibrâhim Ishâq ben Mouhammad Djou 'mAn. . . . . . . .Le Chaikh Sayyidi 'AIi Ad-Dabi'. . . . . . . . . . . . . .Le Chaikh Mouhammad AI-Bâbilî AI-Miçrî. . . . . . . . . . .Sayyidi 'Abd AI-Wârith ben Mouhammad ben Ahmad ben 'Abd AI-Wârith AI-Yaçloûtî . . . . . . . . . . . . . . . . . .Le faqîh Sayyidî Mouhammad ben 'Abd Ar-Rahmân AI-Qaçrî, célèbresous le nom d'Az-Zâmir. . . . . . .. .Le saint Sayyidî Ahmad As-Sâlih. . . . . . . .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1076 (J.-C. 16]5-(676) . . . . . . .ANNÉE 1077 (J.-c. 1666-(667)Le Chaikh Sayyidî QAsim, connu sous le nom de Ibn LalloOcha.Le Chaikh Sayyidi At-Tayyib ben AI-Misnâwî ben Mahammad benAbou Bakr Ad-Dilâï. . . . . . . . . . . . . . . .Le faqîh, le « mouwaqqit » Sayyidî 'Abd AI-Qâdir At-Toulaït .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1077 (J.-C. 1666-1667). . . . . . . .Pages.163164'74dloANNÉE 1078 (J.-C. 1667-1668)Le Chaikh, l'Imâm Zaïn AI-'Abidin AI-Housainî ....Le Chaikh 'Abd As·Salâm AI·Laqqâni. . . . . . . . . . .Le faqih Sayyidî 'Abd AI-Wahhâb Ibn Al-Imâm Al-'Arbî AI-FâsîLe faqîh Sayyidî 'Abd AI-'Azîz AI-Djazoûlî . . . .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1078 (J.-C. 1667-1668). . . . . . . .ANNÉE 1079 (J.-C. 1668-166g)Le Chaikh qui connait Dieu, Sayyidî Mouhammad ben 'Abdallat As-Soûsî .Le Chaikh Sayyidî Ahmad ben 'Abd Ar-Rahmân ben Mouhammad benMouhammad 'Abd Ar-Rahmân ben Djalâl At-TlimsâniSayyidî Moûsâ AI-'Adjân!. . . . . . . .Sayyidî Moûsâ Ach-Châtibî . . . . . . . . .ÉVÉNEMENTS DE L'.lNNtJ!: 1079 (J.-C. 1668-166g1. . .ANNÉE 1080 (J.-C. 166g-1670)Sayyidî Ahmad At·Tadjmou'tî. . . . . . .Sayyidi Ibrahîm ben 'Abd AI-Qâdîr Az-ZarhoûnîLa Sayyida 'Aïcha AI- 'Adawiya. . . . .Sayyidi 'Abd Al-Wâhid ben Idrîs'At-Tâhirî . .Sayyidî Aboû Mafdi Ath-l'ha'libi. . . . . .Sayyidi 'Abdallah ben Moùsâ AI-Matrafî. . . .Sayyidi Mouhammad ben Abd Ar-Rahmân AI-Hannâwi .Le Chaikh Ibrâhim ben Mouhammad AI-Maïmoûni . .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNtf.: 1080 (J.-C. 166g-167o). . . . .'9~20220~202203204206207208209


TABLE DES MATIÈRES 461ANNÉE 1081 (J.-C. 1670-1671)Le Chérif Aboûl-'Alâ Idris ben Mouhammad At-Tàhiri AI-Djoûtî Al­Hasanî. . . . . . . . . . . . . .ÉVÈNEMENTS DE L'ANNiE 1081 (J.-C. 1670-1671).ANNÉE 1082 (J.-C. 1671-1672)Le Sultan Moûlây Ar-Rachid AI-'Alawi. . . .Aboft Zaïd Sayyidi Abd Ar-Rahmân ben AI-QàdîAboû 'Abdallah Mouhammad AI-Hâdjdj Ad-DilâïÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1082 (1671-1672)....ANNÉE 1083 (J.-c. 1672-16il)Sayyidi Qâsim AI-KMçâci. . . . . . . . . .ÉVÈNEMENTS DE L'ANNÉE 1083 (1672-1673). . • . . .ANNÉE 1084 (J.-c. 167)-1674)Le savant Sayyidi Mouhammad ben Ahmad ben Yoûsouf AI-Fâsî .Le ~.a~ant Sayyidî Ahmad, surnommé Hamdoftn AI-Mizwâr AI-MouzdJlIll.. . . . . . . . . . . . . . . .Le Chaikh Abot'! Sa'id 'Othmàn ben 'Alî AI-YoÛsi.ÉVÉNEIIENTS DE L'ANNÉE 1084 (J.-c. 1673-1674). . .ANNÉE 1085 (J.-C. 1674-1675)Sayyidi Mahammad Ad-Dra'i. connu sous le nom d'Ibn NâcirÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1085 (J.-C. 1674-1675). . . . . . .ANNÉE 1086 (J.·C. 1675'1676\Pages.20g21021121721 9221Le faqih, le professeur Sayyidî Ahmad ben Mouhammad AI-Marîni. 245ANNÉE 1087 (J.-C. 1676-1677)Le Chaikh, l'Imâm Aboftl-Hasan Ach-Chabrâmillisi. . . . . . . . 245La sainte parfaite Sayyida Rouqiya, fille de Sayyidî Mouhammad ben'Abdallah Ma'n. . . . . . . . . . . . . . . . . . •ANNÉE 1088 (J.-C. 1677-1678)Le savant Sayyidi Mouhammad ben Mouhammad AI-Tadjdmou'ti. 249Le faqîh, le hâfidh Sayyidî Mouhammad ben Mouhammad ben 'AbdAr-Rahmân Ad-Dilâï, . . . . . . . . 249Le Chaikh Sayyidi 'Abdallah AI-Bournâwi. . 251ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1088 (J.-C. 1677-1678). 260ANNÉE 1089 (J.-C. 1678-16791Le faqih Sayyidi Mouhammad ben 'Ali-Filâlî. . . . . . . . 262Notre maître 'Abdallah Adl-Chérif AI-OuazzânÎ. • . . . . . 262Le faqih, le professeur Sayyidi 'Abd Al- 'Aziz ben 'Ali AI-Fâsi . . 266Le Chaikh AI-Imâm Sayyidi Mouhammad, connu sous le non de AI-Mourâbit Ad-DilâL . . . . . . . . . . . , . . . . . . 2()7Le ~h~ikh AI-'AllâmaSayyidl Mouhammad ben Sa'id As-Sot'!si AI-MirghItI.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274Le professeur Sayyidi Mouhammad ben 'Abd Allah ben 'Ali ben T,ÎharAs-Sidjlâmasî AI-Hasani. . . . . . . . 282Le faqih Sayyidi AI-'Arbi Aboù Inân Ach-Charlf . 284Le faqih AI-Baraka Sayyidi .\ç-Çaghir ben AI-Q,idi. 285222227


Aill(;ln~ MÀ.ItOCAIJIlËSSayyidî Mouhammad ben 'Abdallah AI-BakrîÉVÉNEMENTS DÉ L'ANNh 1089 (167!l-1(j79). . .ANNÉE 10


TABLE DES MATIÈRES463ANNtE 1096 (J.-C. 1685)L'lmâm Sayyidî 'Abd Ar-Rahm.in ben 'Abd Al-Qâdir AI-Fâsî.Le saint personnage Sayyidî Mansol1r, enterré aux HarfilrînLe professeur Sayyidî Al-'Arbî ben Ahmad Al-Fâsî. . . . .ANNÉE 1097 (J.-C. 16861ÉVtNEMENTS DE L'ANNÉE. • • • . • . • • • • • • • • • • •ANNÉE log8 (J.-C. 1686-(687)Le faqih Sayyidi Mouhammad ben Mouhllmmad ben MOllhammad ~nSOlllaimân BOil 'Inân Ach-Charif. . . . • . • . . . .Le faqih Sayyidi Mouhammad, fils de Sayyidi Sa'id QaddOllra .Le faqih Sayyidi Mouhammad, surnommé As·Souboti Al-FAsi.Le Chaikh Sayyidi AI-Hasan As-Soufyânî. . . .Le secrétaire Sayyidi Soulaimân Az-Zarhol1ni . .Le faqih Abol1l-Qâsim Mouhammad ben IbrAhim.EVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 10gB (J.-C. 1686-(687)' . .ANNÉE 1099 (J.-C. 1687-1688)Le naqib Sayyidi 'Abd Al-Qâdir Ibn 'Abdallah AI-DjoOti Al-Hasan! .Le savant, le Chaikh 'Abd AI-Bâqi Az-Zollrkilnî.. • . . . . . .Le faqih Aboti 'Abdallah ben Mouhammad. surnommé At-Tarâboulousî.. . . . . . . . .- . . . . . . .. ... ..ANNiE 1100 (J.-C. 1688-1689)L'illuminé Sayyidi Ahmad ben Yahyâ Al-Bàdisî. . . . • . . . .La Sayyida Fâtima, fille d'Ahmad surnommée Harndotin !\ch-Chaqqol1ri.. . . . . . . . . • . • . . . . . • . .ÉVÉNEMENTS DE L'ANNÉE 1100 (J.-Co 1688-1689)' . . . . . .COMPLÉMENT DE L'ANNÉE 1100 (J .-C. 1688-1689)Biographies des personnages dont la date de la mort n'a pas été re·trouvée.Le Chaikh 'Ali ben Soultân AI-Barawi Al-Banafi. . .Le Chaikh, l'Imâm Sayyidi 'Abd Ar·Ra'oûf AI-ManâwiChihâb ad·Din Ach-Chaikh Ahmad ben 'AI! Al-Fîchî.Le Chaikb Khaïr ad-Dîn Ar-Ramlî.Le Chaikh Mouhammad Aç-Çâlihi.Le Chaikh Hasan AI·BourainîDarwich At-Talouti. .Ibn Ma'roM AI-Falaki. . .Mouhammad AI·Halabî. . .Le Chaikh Khadir AI-MouciliLe Chaikh 'Amr ben 'Abd Allhâh AI·'AradiLe Sayyid, le Chérif Sayyidi Mouhammad, fils du naqib, le chérif AI-Hâchimî AI Halabi. 0 • • • • • • • 0Le qâdi Mouhibb ad-Din Al-Himawi. 0 • •Le très savant Chaikh Ismâ'H Ach-Chirwâni.Le Chaikh ''\Iâ ad-Dîn Ibn 'Abd AI-Bâqi. .Le Chaikh Ismâïl Az-Zoubaidî AI-'Alawî. .Le Chaikh 'Abdallah Ad·Dânoûchiri. . . .Le Chaikh Cha'bân ben Mousàhil AI·Tarâboulousî.Page.37!1380380fs~38438538538638638 74084084 104 11


<strong>ARCHIVES</strong> MhROCAINESPages.Le Chaikh Aboûl-llasan An-Nafâti. . . . . . . . . . . . . . 431Le Chaikh Ahmad ben 'Abd Ar-Rahim, chargé de la Zâouïa du ChaikhZlIrroûq. . . . . . . . . .Le faqîh Sayyidî 'Ali ben 'Azâza.Le Sayyid Abol1 Tourkiya. . . . . .Le Chaikh IbrâhîlT' AI-Maimol1nL . .Le Chalkh 'AH Aç-Çoûfî AI-MicrÎ. . .L'Amîr du Hidjâz, le Chérîf Zaid ben MouhsinLe Chaikh Yâsîn ben Mouhammad Ghir~ ed-Dîn EI-Khabîli.Le Chaikh Ibrâhîm AI-Khiyârî AI-Miçrî. . . . . . . .Le..Chaikh Badr ad·Dîn Al-Hindî . . . . . . . . . .Le Chaikh Sayyidî Ahmad, connu sous le nom de Ibn At-TâdjLe Chaikh Hasan AI-Bourrî . . . .Le Chaikh Nâfi 'AI-'Adjami. . . .Le Chaikh Ahmad AI·nourri. . . . .Le Chaikh 'Abdallah ben Noumoui.. .AI-Walî Sayyidî 'Abd Ar-Rahmân ben Ahmad AI-MiknâsiLe Chaikh Dâoud AI-Antâqî. . . .. ....Le Chaikh Yoûsouf AI-Hâchimî Al-Khabilî. . . . . .Le faqih Sayyidi lbrâhîm ben Chibâb ad-Din AI-Marwânî.L'Imâm, le Chaikh Ahmad ben Mouhammad Ad-Dimyâtî .Le Chaikh, l'historien, Sayyidî Mouhammad AI-Ishâqî Ach-Châfi 'î .Moûlày Ahmad ben 'Abdllah ben 'AH ben Tàhir. , . . . .Sayyidî Qâsim AI-Wazir AI-Ghassânî. . . . . .L'lmâm Sayyidi Aboû Bakr ben Al-Hasan At-Tittâfi. . . .Sllyyidi Mouhammad ben Mouhammad ben 'Alî AI-AkrotltîSayyidî ,Mouhammad ben 'Abd A I-Karîm At-TouâtîLe très savant Sayyidî Yahyâ Ach-ChâwÎ .Le saint Sayyidi Mouhammad AI-Qala'ali. .Le saint Sayyidi 'Abdallah ben Tamtam .Le mouwaqqit Sayyidi 'AH Ad-Dâdisi. . .Sayyidi Ach-Charqî ben Aboû Bakr Ad-Dilâï .Sayyidî 'Abdallah ben Nâçar, enterré à la Tala'Le saint Sayyidi 'Abd AI-Malik Al-Ghamrî.La Sayyida sainte Rouqiyâ As-Sabahiya. .4324 32433433. 4344374384 3 94 3 944'44:l44 244344344344544844844R4494504 5045:452452452453454455455455456456


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