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VIVSuisse. Entre le Vallais et l'Italie, l'immense Mont-Rose et le Matterhorn(Mont=Cerv'm')s dont la forme extraordinaire produit une sorte de stupéfaction,dominent sur une vaste étendue de glaciers, et sur les hautespointes de la vallée de Viège. Enfin, surpassant en hauteur toutes lesautres montagnes, et entouré de ses fameuses aiguilles, le Mont-Blancapparoît avec son dôme éblouissant, isolé dans les hauteurs du ciel, et,de la position avantageuse qu'il occupe, promène ses regards dominateursjusqu'aux Apennins, aux terres basses de la Lombardie et du Piémont,aux environs de Lyon, embrasse dans sa vue immense les rochers duDauphiné, la Bourgogne, les collines de Langres, les Vosges dans touteleur étendue, la Forêt noire, les plaines de la Suabe, et les arêteshérissées des glaciers de la Suisse.C'est au revers septentrional de la chaîne du Mont-Blanc que setrouve la vallée de Chamonix, enceinte paisible entourée de belles horreurs.De nos jours elle est visitée par une foule d'étrangers; mais il n'y a guèreplus d'un demi-siècle qu'elle étoit inconnue au reste de l'Europe. Lesvoyageurs ne faisoient que contempler de loin avec effroi les MontagnesMaudites qui la défendent. Les premiers voyageurs qui osèrent pénétrerjusqu'à ces aiguilles menaçantes, entourées d'un effrayant amas de neigeset de glaces, furent deux anglais, Windham et Pockocke. Ils partirentde Genève au mois de Juin 1741, après avoir fait des préparatifs commes'il se fut agi de reconnoitre une contrée lointaine habitée par un peuplesauvage. On se munit de vivres, de chevaux, de tentes; la petite caravaneétoit, en outre, armée de toutes pièces. À Maglan on lâcha descoups de fusil pour entendre l'écho; à Sallenche Pockocke se donna ledivertissement de jouer l'Emir arabe; enfin ils arrivèrent au Prieuré sanspéril, et sans autre inconvénient que quelque fatigue. Accompagnés desindigènes, qui les avoient fort bien accueillis, ils gravirent sur le Montanvert,et eurent la satisfaction de contempler la scène admirable que présente lamer de glace.Mais l'homme qui contribua le plus à faire connoître ces contrées futle savant de Saussure. Ses voyages, ses découvertes, ses expériencesphysiques, et son ascension au Mont-Blanc en 1786, jetèrent les fondementsde cette renommée qu'a acquise la vallée de Chamonix, et qui a toujours