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LE MONT-BLANC VU DE SALLENCHE.Pour l'étranger déjà familiarisé avec la vue des hautes montagnes, etdont l'œil a souvent mesuré avec admirationces sommets indomptablesD'où l'aigle et le tonnerre arrivent jusqu'à nous,le Mont-Blanc, vu de Sallenche, est encore un spectacle unique etincomparable. 1 Les regards ne peuvent se détacher de cette scène majestueuse;ils se fixent incessamment sur ces déserts sublimes dont le Créateura élevé la brillante nudité si loin au-dessus de la nature vivante.Mais rien n'est si admirable que le lever et le coucher du soleil dansce noble paysage. Le matin, la montagne, enveloppée de légères vapeurs,paroît quelquefois se confondre avec l'air, et l'on n'en discerne les contoursqu'à la faveur des coups de lumière qui les effleurent. Le soir, ces vastesplages de neige et de glace éternelles, brillent encore long-temps de laplus belle teinte de pourpre, quand tous les autres objets se couvrent déjàdes ombres de la nuit'.La position de Sallenche est de toute beauté; la végétation y estadmirable et d'une singulière richesse; j'ai vu réunis le chêne et lechâtaignier, le noyer et le sapin, le hêtre et le cerisier. Tous ces arbresétoient d'une taille et d'une vigueur étonnantes; j'ai vu même un tronc dechâtaignier, dont la circonférence approche de celle de ses fameux frèresdu Mont-Etna. Sallenche est une petite ville qui compte de 1500 à 2000habitants; elle est traversée par un torrent du même nom, qui offre unpeu plus haut des sites fort sauvages. Le carrillon passe pour un des plusbeaux du pays.1. La vue qui est sous les yeux du lecteur, n'ayant pour objet que le Mont-Blanc proprement dit, neprésente qu'une partie de la chaîne qui se rattache à lui. Immédiatement au-dessous du sommet, on distinguera ledôme du Goûté, et un peu plus bas l'aiguille de ce nom. La première cime à gauche n'a pas de nom, la secondeest le Mont-Blanc du Tâcul, et la troisième l'aiguille du Midi. À droite du Mont-Blanc se fait remarquer l'aiguillede Bionassai; la montagne couverte de pâturages qui se trouve au pied du Mont-Blanc est le Prarion; on distingueencore le clocher de Saint-Gervais. Si l'on veut découvrir dans toute leur étendue le Mont-Blanc et les aiguillesqui l'entourent, il faut monter à PJanajoux, plateau élevé, du côté des montagnes de l'Enduran. C'est une marched'une heure et demie ou deux heures; mais la vue magnifique dont on jouit de cette hauteur dédommage des1fatiguevS de ce petit voyage.6.