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Le scénario pédagogi<strong>que</strong> qui suit a pour ambition de permettre aux élèves d’entrer de plainpied et avec <strong>un</strong> bonheur (re)trouvé dans la lecture littéraire.Il s’agit de construire <strong>un</strong>e démarche de lecture littéraire induite par le texte choisi, qui a laparticularité d’être « résistant ». De nombreux travaux à notre disposition et dont rendcompte l’édition spécialisée (revues Prati<strong>que</strong>s, Repères, Enjeux, Recherches par exemple 1 ).insistent sur l’importance de travailler, tout particulièrement avec des élèves dont lerapport à la lecture est diff<strong>ici</strong>le, sur ces textes « résistants » et qui répondent trèsclairement à la définition de la littérature telle <strong>que</strong> définie par Maingueneau (Pragmati<strong>que</strong>pour le discours littéraire, D<strong>un</strong>od 1990 page 38 : « le texte littéraire soll<strong>ici</strong>te avec force lapart<strong>ici</strong>pation du lecteur dans la construction du sens : d’<strong>un</strong> côté, il est réticent, c’est-à-direcriblé de lac<strong>un</strong>es ; de l’autre, il prolifère, obligeant son lecteur à opérer <strong>un</strong> filtrage drasti<strong>que</strong>pour sélectionner l’information pertinente. La coopération du lecteur exige donc <strong>un</strong> doubletravail, d’expansion et de filtrage ».Du point de vue didacti<strong>que</strong>, choisir ces textes, c’est bien concevoir la lecture comme <strong>un</strong>eactivité de résolution de problème. Or, souvent, on offre aux élèves considérés endifficulté, des textes qui « à force d’être lisses finissent par être morts » ( C. Tauveron1999).Proposer des textes littéraires aux élèves c’est mettre à leur disposition des écrits« résistants », les plus à même de leur permettre de travailler la compréhension textuelle :ne livrant pas leur sens automati<strong>que</strong>ment, ces textes posent toujours aux lecteurs <strong>un</strong>problème de recherche et d’élucidation de sens. Par ailleurs, c’est justement par ces textes<strong>que</strong> l’enseignant pourra mener l’élève à deux prises de conscience sécurisantes (ce <strong>que</strong>certains chercheurs appellent la « sécurité lecturale » ) :• Prise de conscience <strong>que</strong> la difficulté de lecture ne lui est pas forcément imputable,mais qu’elle émane du texte et du choix de l’auteur de jouer avec lui, lecteur.• Prise de conscience <strong>que</strong> le lecteur a <strong>un</strong> rôle dans l’achèvement du texte. Le texten’existe pas sans lecteur, donc le lecteur est IMPORTANT et <strong>que</strong>stionne le texte.Ce choix de textes, qui en auc<strong>un</strong> cas ne doit être exclusif, semble donc intéressant :1. parce <strong>que</strong> les textes proposés permettent à l’élève de vagabonder dans sa mémoireaffective et culturelle, intra et extra scolaire ( le rôle de l’enseignant est donc <strong>ici</strong> demodifier le rapport à la culture des élèves et à les autoriser à faire référence à leurssavoirs sociaux même a priori loin des canons de l’école, à élargir et à modifier, en<strong>que</strong>l<strong>que</strong> sorte, leur représentation figée et négative du cours de français « lectureexpliquée »)2. parce <strong>que</strong> les textes proposés impli<strong>que</strong>nt des interprétations diverses qu’il s’agira deconfronter, dont il va falloir déterminer les lectures « plausibles » en fonction demises en lien argumentées d’indices textuels (le rôle de l’enseignant est <strong>ici</strong> defavoriser le retour métacognitif pour guider les élèves sur le chemin du « commentcomprendre »).3. parce <strong>que</strong> les textes proposés impli<strong>que</strong>nt de considérer la lecture comme <strong>un</strong>e activité,voire <strong>un</strong> plaisir partageables, où « le dire sur le lire » est <strong>un</strong> moment crucial dans ledéveloppement des compétences de compréhension textuelle. C’est d’ailleurs <strong>un</strong>eactivité où <strong>un</strong>e première lecture magistrale a toute sa place, du fait même del’objectif visé.1 Voir bibliographie en fin de scénario


4. parce <strong>que</strong> la culture n’est pas <strong>un</strong> préalable à la compréhension : c’est au travers del’acte de lecture et du dire sur le lire <strong>que</strong> la compétence culturelle se construit.5. parce <strong>que</strong>, stratégi<strong>que</strong>ment, la difficulté de l’élève est déportée vers la difficulté dutexte.Et cela dans le cadre d’<strong>un</strong>e démarche de FORMATION et non pas de « formatage » del’individu, c’est à dire dans <strong>un</strong> équilibre recherché entre le respect du texte et lareconnaissance du lecteur comme sujet interprétant.LE SCENARIOLa logeuse Roald Dahl in Mieux vaut en rire, Gallimard Je<strong>un</strong>esse, 1999Objectifsdela sé<strong>que</strong>nce• Mettre en lien les informations nécessaires à lacompréhension : repérer les personnages caractériser les personnages identifier les ruptures dans l’énonciation mettre en lien <strong>un</strong> faisceau d’indices• repérer et expli<strong>que</strong>r les intentionnalités de l’auteur (distinguer« ce qui est dit » et « ce <strong>que</strong> cela signifie »)AnalysedelanouvelleCette nouvelle fait partie de la catégorie des textes qui proposentdélibérément au lecteur <strong>un</strong>e compréhension erronée. Tout au long dutexte, l’auteur prati<strong>que</strong> la rétention d’information, propose <strong>un</strong>e séried’indices ambigus, dévoilés progressivement. Le début du texteconduit le lecteur sur <strong>un</strong>e fausse piste, la fin du texte regroupebrutalement le faisceau d’indices qui va l’obliger à <strong>un</strong>e nouvellecompréhension.Comment l’auteur s’y prend-il pour « camoufler » la lecturefantastico - pol<strong>ici</strong>ère ? (je catégorise ainsi cette nouvelle, car ellepeut être lue comme l’histoire d’<strong>un</strong>e tueuse en série, mais aussi comme<strong>un</strong> récit fantasti<strong>que</strong> : « le fantasti<strong>que</strong>, c’est l’hésitation éprouvée par<strong>un</strong> être qui connaît les lois naturelles, face à <strong>un</strong> événement enapparence surnaturel » Todorov in Introduction à la littératurefantasti<strong>que</strong>, éditions du Seuil 1970)• <strong>un</strong> ancrage réaliste : scène de la vie quotidienne depersonnages ordinaires : <strong>un</strong> je<strong>un</strong>e homme trouve du travail etcherche à se loger dans la ville où se trouve son employeur. Une


dame seule, d’<strong>un</strong> certain âge, loue des chambres.• Une description de la logeuse par la présentation expl<strong>ici</strong>ted’attributs rassurants et correspondant aux stéréotypes dupersonnage• La mise en scène d’<strong>un</strong> personnage peu fiable : la logeuse donnetrois informations qu’elle contredit ensuite ( la raison de lasignature du livre d’hôte ; le nombre d’occupants dans lamaison, les études de Mulholland)• la construction du récit :o informations importantes données à la fin du texteo titre loin des canons des histoires pol<strong>ici</strong>ères.


1- comprendre le texte• faire <strong>un</strong>e lecture magistrale du texte (lecture neutre), lesélèves ont chac<strong>un</strong> le texte.(si les élèves sont en mesure de lelire, ils le liront seuls).• Demander aux élèves d’imaginer ce qui pourrait se passer dansla suite de l’histoire ( à l’écrit)o Lecture des suites et premier débat interprétatif.Il s’agit <strong>ici</strong> de demander systémati<strong>que</strong>ment aux élèves d’argumenterleur choix : <strong>que</strong>ls éléments du texte leur ont permis d’imaginer telleou telle suite ?DéroulementSi la lecture pol<strong>ici</strong>ère n’a pas émergé :o Faire relire à partir de « Billy se mit à boire son thé ». Par<strong>un</strong> <strong>que</strong>stionnement relatif à cette fin de texte, il s’agira defaire prendre conscience <strong>que</strong> c’est <strong>un</strong> faisceau d’indicesqui permet de redéfinir la compréhension du texte. qu’apprend-on concernant les deux anciens locataires ? quand la logeuse parle de l’âge et du physi<strong>que</strong> de ses ancienslocataires, à <strong>que</strong>l temps sont les verbes qu’elle utilise ? (donnerles numéros des lignes concernées) qu’apprend-on concernant les animaux de la logeuse ? Quesait-elle très bien faire avec les « morts »? <strong>que</strong>lle est la raison pour la<strong>que</strong>lle la logeuse veut <strong>que</strong> lelocataire inscrive bien son nom sur le registre ? pourquoi Billy ne désire t-il pas reprendre de thé ?Quand la lecture fantastico - pol<strong>ici</strong>ère se manifeste :• Faire émerger le faisceau d’indices permettant d’étayercette lecture (en même temps, prise de conscience <strong>que</strong>la lecture est <strong>un</strong> va-et-vient permanent dans le texte.Souvent, sans même recourir au texte, les élèvesreprennent des éléments stockés en mémoire mais quin’avaient pas <strong>un</strong>e position dominante) : <strong>que</strong>ls indicesl’auteur a-t-il semés tout au long du texte ?o Au début du texte, Billy semble hypnotisé parl’écriteauo Billy se sent poussé par <strong>un</strong> invincible désir depénétrer à l’intérieur de la maisono Le prix de la location est étrangement baso Il n’y a pas d’autres locataireso Les yeux bleus de la logeuse parcourent le corpsde Billy de la tête au pied puis en sens inverseo La logeuse a <strong>un</strong>e odeur bizarre, peut-être decouloirs d’hôpitalo Billy se souvient d’avoir vu le nom des 2 autres


locataires dans le journal, en 1 ère pageLe moment – clef est celui où l’on apprend <strong>que</strong> les deux autreslocataires sont dans la maison, ensemble, au 4 ème étage.L’indice fort est aussi celui du thé au goût d’amandes amères.A la fin de la discussion sur ce texte, <strong>un</strong> « sens comm<strong>un</strong> » doit faireconsensus : la logeuse est <strong>un</strong> être diaboli<strong>que</strong> qui empoisonne seslocataires et qui les empaille.En revanche, des zones d’interprétation restent ouvertes et cha<strong>que</strong>élève pourra remplir les « blancs » du texte en fonction de sespropres filtres :• Pourquoi Billy ne réagit-il pas quand il apprend <strong>que</strong> lesdeux autres locataires sont dans la maison et quand lalogeuse en parle au passé ?• Cette logeuse possède t-elle certains pouvoirs (épisodede l’écriteau) ou tout simplement, Billy, angoissé par sonnouvel emploi, s’est-il senti attiré par <strong>un</strong> lieu douillet etrassurant mais ne veut pas s’avouer cette « faiblesse »?2- Comprendre les stratégies de « brouillage » de l’auteur• La description du lieu : relever (surligner) les indicesDu lieu accueillant……au lieu du crime- « le basset allemand dormait »- « <strong>un</strong> perro<strong>que</strong>t dans sa cage »- « des animaux dans <strong>un</strong> endroit pareil, c’est plutôt bon signe »- « cette demeure d’aspect si rassurant »- « ils sont ensemble au 4 ème étage »- lieu où on conserve les morts• La description de la logeuse : relever(surligner) lesindicesDe la dame charmante……à l’être diaboli<strong>que</strong>-« son sourire était encourageant et chaleureux »- « <strong>un</strong>e voix étonnamment aimable »- « elle était d’<strong>un</strong>e gentillesse à faire rêver »


- « mon cher enfant »- « cher petit monsieur »- « comme c’est agréable et douillet, n’est-ce pas ? »- insiste pour <strong>que</strong> Billy vienne boire <strong>un</strong>e tasse de thé- révèle la présence des 2 autres locataires- révèle qu’elle a vu leurs corps de près- on apprend qu’elle empaille elle-même « tous ses petits chéris »o La mémoire défaillante de BillyRépondre aux 3 <strong>que</strong>stions :A <strong>que</strong>l moment Billy aurait-il pu se sortir du piège ? (quand il sesouvient de l’étudiant d’Eton qui faisait à pied le tour du pays de galleset alors soudain…)Quelle est, alors, la stratégie de la logeuse ? (elle lui coupe la parole,le contredit et l’invite à boire son thé) pourquoi R. Dahl écrit-il ce passage ? <strong>que</strong>lle réaction veut-il dulecteur ?(c’est à la fin de la lecture <strong>que</strong> l’on prend conscience de l’importancede ce moment pour le personnage. L’auteur nous offre <strong>un</strong> frisson aposteriori : Billy a failli s’en sortir…)o Les mensonges de la logeuseLa logeuse ment 3 fois. Relever ses mensonges3- Conclusions :apprendre à comprendre• Comment se fait-il qu’on se laisse piéger ?• Quels indices nous permettent finalement de choisir lalecture pol<strong>ici</strong>ère ?• Quelle conclusion peut-on tirer sur comprendre <strong>un</strong>texte ?(nos représentations changent au fur et à mesure de lalecture, il faut trouver le moment où ça bascule, la lecturen’est pas forcément linéaire, on peut relire pour faire lelien entre des informations… )• Quelle est donc l’intention de l’auteur ?Il veut jouer avec le lecteur. Il considère le lecteur comme <strong>un</strong>compagnon de jeu. Il s’amuse à le piéger pour <strong>que</strong> le frisson finalsoit « géant ».PropositionscomplémentairesIl est très intéressant de faire réaliser des écrits de « travail »sur le texte pour favoriser chez l’élève la prise de conscience de sa lecturequi serviront de supports pour le moment capital du débat sur le


texte :- écrire <strong>un</strong> résumé du texte- faire la B.D. du texte- répondre à <strong>un</strong> <strong>que</strong>stionnaire (qui n’élucide pas l’impl<strong>ici</strong>te dutexte), et répondre à ce même <strong>que</strong>stionnaire APRES le débatsur le texte (réviser sa réponse)- donner son avis sur <strong>un</strong> passage sélectionné par l’enseignant(pour notre nouvelle, de « <strong>un</strong>e minute » à « d’<strong>un</strong> hôpital » parexemple)- faire des relevés de mots, de phrases, etc., qui semblent apriori sans signification mais qui permettront dans ladiscussion , de saisir pourquoi le groupe a fait <strong>un</strong>e erreurd’interprétation- écrire d’<strong>un</strong> autre point de vue : pour notre nouvelle, onpourrait, par exemple, faire écrire <strong>que</strong>lles sont les pensées dela logeuse- rédiger <strong>un</strong> carnet d’écriture : ce <strong>que</strong> j’ai cru comprendre, ce<strong>que</strong> je ne comprends pas, ce qui me surprend…)- discussion à partir de plusieurs résumés fournis parl’enseignant- écriture d’<strong>un</strong> argumentaire en faveur d’<strong>un</strong> interprétationRéférences bibliographi<strong>que</strong>s :J. GIASSON, les textes littéraires à l’école, G. Morin 2000C. TAUVERON (dir.), comprendre et interpréter le littéraire à l’école, INRP 2001Prati<strong>que</strong>s n° 76, l’interprétation des textes, 1992Repères n 0 19, comprendre et interpréter les textes, 1999Enjeux n 0 46, comprendre-interpréter les textes littéraires, 1999Quel<strong>que</strong>s textes résistants :- la plupart des nouvelles de Roald Dahl- quand Angèle fut seule… de P. Mérigeau, in Polar- le plat du chien de Chabrol in-

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