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BULLETIN DU CEGES - Centre for Historical Research and ...

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EditoLa politique scientifique fédérale, lepôle Documentation et le cegesDésormais, un Contrat d’administrationlie le ministre de laPolitique scientifique, PaulMagnette, et l’administration deBelspo, le SPP de la Politiquescientifique fédérale (voir le texteà l’adresse http://www.belspo.be/belspo/organisation/doc/Org/Bestuursovereenk_2_fr.pdf). Cecontrat a été signé le 7 juin 2012par le Ministre et le président deBelspo, Philippe Mettens. Y sontdéveloppés les principes et lesmesures destinés à ré<strong>for</strong>mer laPolitique scientifique fédérale, eten particulier les Établissementsscientifiques fédéraux (ESF), entre2012 et 2015. Le projet, très ambitieux,fourmille d’idées à mettre enœuvre dans un bref délai.Ce Contrat d’administration contient aussile plan d’une fusion de plusieurs ESFdestinés à être regroupés en Pôles. Il estainsi prévu dans un relatif court terme deparvenir à un pôle Art, un pôle Nature, unpôle Espace et un pôle Documentation. Seretrouveront, dans ce dernier, les Archivesgénérales du Royaume et la Bibliothèqueroyale de Belgique. L’intention est aussid’y associer ultérieurement le <strong>CEGES</strong>. Ils’agit donc ici d’une évolution de la plushaute importance pour notre institution,qui jusqu’à présent n’a pas été impliquéedans les discussions relatives à ces plans.Cette façon de procéder n’est pas siétonnante: le <strong>CEGES</strong> n’est, en soi, pasreprésenté au sein du comité de directionqui préside le SPP Politique scientifique.Cela illustre à nouveau le problème dustatut bancal du <strong>CEGES</strong>. Ce problème estdésormais aussivieux que laproblématique deBelspo et peutmême, dans uncertain sens,être considérécomme une deses conséquences.D’importantschangements sontdonc à prévoir,notammentpour le <strong>CEGES</strong>,et le Bulletin est le porte-parole indiquépour clarifier la vision de l’institution etin<strong>for</strong>mer à ce sujet ceux qui sont sensiblesà son sort.Que représente le <strong>CEGES</strong>aujourd’hui ?L’année prochaine, le <strong>CEGES</strong> aura 45ans d’existence; depuis ses origines,il a gr<strong>and</strong>i pour devenir un centred’expertise sur l’histoire des guerreset des conflits du 20 e siècle 1 . Sur leplan opérationnel, l’institution comptetrois secteurs qui, dans la pratique de1 Sur un plan thématique, trois priorités ont été mises en avant en 2011: 1) Le pays occupés/les occupants. Société,guerre et occupation(s) au 20 e siècle; 2) L’impact des conflits et des idéologies/régimes autoritaires au 20 e siècle,en Europe et en particulier en Belgique; 3) La société belge dans le contexte (post-)colonial.1


la mission de l’institution et de l’acquisscientifique et sociétal accumulé depuisprès d’un demi-siècle. En outre, il nes’agit pas uniquement de contenu, maisaussi de manière de fonctionner. Pour ledire clairement: une institution commele <strong>CEGES</strong> ne peut être crédible vis-à-visdes collègues des universités et d’autresinstitutions scientifiques dans le pays età l’étranger, que si elle peut présenterdes garanties d’autonomie scientifiqueet fonctionnelle. C’est d’ailleurs aussiune condition posée par la Commissioneuropéenne pour la participation à desprojets européens.Étant donné sa mission, le <strong>CEGES</strong> effectuesouvent des recherches sur des thèmesà <strong>for</strong>t impact sociétal et très présentsdans l’actualité. Ce fut par exemple lecas pour les recherches sur les biensjuifs spoliés, sur la participation desautorités à la persécution des Juifs, surle rôle du cinéaste Henri Storck pendantla Seconde Guerre mondiale, etc. C’estaussi manifestement le cas pour les recherchessur l’assassinat de Julien Lahaut.La dimension politique de ces étudesn’échappera à personne. Ce qui est ici enjeu, c’est la liberté de recherche et ladimen sion de critique démocratique qui yest liée. Pour ces raisons, une institutioncomme le <strong>CEGES</strong> a non seule ment besoind’une cloison étanche qui sépare ses programmesde recherche et ses projets dupouvoir exécutif, mais aussi d’une <strong>for</strong>meclaire d’autonomie fonctionnelle qui puissegarantir à long terme son indépendancescientifique.Par ailleurs, il faut en outre encore tenircompte d’autres données plus directes etplus contraignantes dans cette questiondu statut. Ainsi, le <strong>CEGES</strong> fonctionneaujourd’hui de facto comme un Serviced’Etat à gestion séparée, sans pour autantsatisfaire aux conditions prescrites par laloi du 22 mai 2003. La Cour des comptesa, à plusieurs reprises, mis l’accent surce problème qui risque à court terme demettre en danger le travail de l’institution.Comment le résoudre ? Une intégrationdans les Archives du Royaume, commeprévue dans la loi-programme de 2002,est, pour de multiples raisons, apparuecomme une piste irréalisable. Les missions,mais aussi les cultures de travail des deuxinstitutions ne sont pas compatibles.Des négociations à ce sujet ont eu lieupendant des mois il y a deux ans, et je nevois pas comment aujourd’hui on pourraitarriver à une autre conclusion. Vu que lesobstacles politiques rendent impossiblela création d’un onzième ESF, le deuxièmemeilleur choix reste la mise sur pied parune loi d’un véritable Service d’État àgestion séparée dans le giron de Belspo.Cela ne résoudra pas tout, mais au moinscela écartera le danger de l’illégalité,cela stabilisera l’institution et cela offriraune sécurité au personnel. Le ministreMagnette a exprimé le souhait de voir cesdispositions légales réalisées au plus vite.Cette consolidation du <strong>CEGES</strong> n’empêcherapas sa future intégration dans le pôleDocu mentation. Cela offrira plutôt l’avantagede la clarté. Le nouveau statut du<strong>CEGES</strong> sera l’occasion d’une <strong>for</strong>mulationplus explicite de la mission, de la manièrede fonctionner et de la relation avecBelspo. Il sera alors aussi évident quele pôle Documentation est composéde trois entités 2 , qui non seulement2 Dans le futur organigramme repris dans le Contrat d’administration, le pôle Documentation est composé desArchives générales du Royaume et de la Bibliothèque royale de Belgique, et aucune mention n’est faite du <strong>CEGES</strong>(Contrat d’administration, p. 15).3


doivent parvenir à la fusion de certainsservices d’appui, mais aussi chercher lacomplémentarité et le respect pour lasingularité de l’apport de chacun.Dans un article où le président de BelspoPhilippe Mettens développe les idées sousjacentesaux opérations de ré<strong>for</strong>me et defusion de Belspo et des ESF, il proposeque le <strong>CEGES</strong> devienne le réceptacledes activités scientifiques du pôleDocumentation 3 . Il établit à ce proposune comparaison avec le rôle que l’IRPA(Institut royal du patrimoine artistique)se verrait attribuer au sein du pôle Art.Cette proposition vaut certainementla peine d’être examinée, même si ellereste encore vague et si la comparaisonavec l’IRPA ne peut pas être transposéesur tous les plans. L’actuel <strong>CEGES</strong>constitue un <strong>Centre</strong> d’étude Histoire etSociété. Nous proposons d’ailleurs dansles nouveaux statuts d’ajouter ce titreexplicatif à l’abréviation <strong>CEGES</strong> entretempsconnue partout. Ce titre explicatifrenvoie, dans la combinaison des deuxtermes, en même temps à l’histoirerécente et au rôle sociétal de l’institution.Si le souhait est d’étendre ce champscientifique aux nombreuses autresdomaines et périodes historiques qu’un‘pilier’ scientifique du pôle Documentationpourrait compter, cela ne pourrait se faired’une manière crédible que si un transfertde moyens et de personnes était aussiréalisé. Il est aussi important d’avoirà l’esprit que la recherche scientifiquedu <strong>CEGES</strong> ne part pas des collectionsde sources des institutions gérées auniveau fédéral. Cette recherche part desquestions qui s’enracinent dans le champscientifique et sociétal qu’il couvre. Lespoints de départ ne sont donc pas lesmêmes. Le défi consistera par conséquent,dans un stade ultérieur, à examinerdans quelle mesure une extension de lamission de l’actuel <strong>CEGES</strong> peut mener àun tout cohérent dans le cadre du Pôle.La question du niveau de l’autonomiescientifique et fonctionnelle reste parailleurs toujours posée. Cela n’empêchecependant pas que nous engagions cetteréflexion avec un esprit ouvert, dansla perspective que la collaboration estnécessaire et que la somme de deux plusun demi peut peut-être bien devenir troisdans notre mathématique des scienceshumaines.Rudi Van DoorslaerDirecteur3 Voir le site de l’Académie royale de Belgique: Du système d’innovation belge à l’organisation des Établissementsscientifiques fédéraux: une indispensable évolution. À retrouver sur: http://www.academieroyale.be/cgi?usr=kyu6g6sw6q&lg=fr&pag=774&tab=87&rec=1144&frm=0&id=3957&flux=67161577.4


“IMAGES INCONNUES, HISTOIRESINSOLITES. BELGES EN GUERRE”Tel est le titre de la nouvelleexposition qui se tiendra àl’abbaye Saint-Pierre de G<strong>and</strong>.Il s’agit d’une production del’Historische Huizen Gent, encollaboration avec l’Institutd’histoire publique de l’universitéde G<strong>and</strong> et le <strong>CEGES</strong>. La mêmeéquipe est à l’origine del’exposition, remarquable àbien des égards, “Passé coloré”,élaborée à partir de récitspersonnels contrastés de laSeconde Guerre mondiale.“Images inconnues” 1 montre vingtphotos de personnes ayant un lien avecla Belgique et confrontées au cours deleur vie à la guerre ou à un conflit armé.L’exposition compte autant de curateursnous faisant découvrir ces imagesinconnues et nous en racontant l’histoire.Parmi les curateurs figurent surtout deshistoriens – dont plusieurs collaborateursdu <strong>CEGES</strong> – mais aussi des journalistes, desphotographes et même des témoins directsdes évènements.Les photos et les récits nous conduisentde la fin du 19 e siècle, avec les zouavespontificaux et les volontaires flam<strong>and</strong>sdans la guerre des Boers, à l’actuelleintervention de l’OTAN en Afghanistan, enpassant par les deux guerres mondiales, laguerre d’Espagne, les crises congolaises,les guerres de libération en Amériquecentrale, le génocide rw<strong>and</strong>ais et l’Irak.Autant de témoignages de l’implicationbelge dans les gr<strong>and</strong>s évènements dusanglant 20 e siècle.Pour le visiteur, l’exposition se présentecomme une véritable enquête visant àdécouvrir des in<strong>for</strong>mations sur l’imagevisible en gr<strong>and</strong> <strong>for</strong>mat. Ses concepteursont consciemment choisi de ne pasmontrer des photos emblématiques de laguerre. Ceci dit, il est tout à fait possibleque certains de ces clichés marquent àjamais le visiteur. Ces personnes et lesrécits qui les accompagnent paraissentextraordinaires. Pourtant, il s’agit plutôtd’histoires de gens ordinaires confrontésà des situations et à des temps sortantde l’ordinaire. Des photos apparemmentbanales – un petit groupe de femmestouristes, des civils anonymes à l’arrièred’un camion, un soldat fier de poser surune moto, des fragments de tissus quelquepart au Moyen-Orient – dissimulent lesévènements tragiques du siècle dernier.De la recherche opiniâtre d’in<strong>for</strong>mationssur la photo et ce qu’elle révèle, ainsi quesur le contexte social de l’évènement etdes personnes, il ressort presque toujoursà quel point ces gens sont normaux etproches de chacun d’entre nous. Dansce sens, cette mosaïque de photos del’exposition reflète aussi l’histoire sociale‘normale’ de la Belgique.Histoire publique1 “Images inconnues, histoires insolites. Belges en guerre”, abbaye Saint-Pierre de G<strong>and</strong>, du 16 novembre 2012 au21 avril 2013. Historische Huizen Gent, Institut d’histoire publique de l’université de G<strong>and</strong> et <strong>CEGES</strong>. Curateurs:Bruno De Wever, Martine van Asch et Rudi Van Doorslaer. Le livre associé à l’exposition paraîtra sous le mêmetitre à La Renaissance du Livre.5


changera aussi radicalementaprès la lecture de récitssituant l’image dansson contexte ou aprèsl’écoute de commentairescomplémentaires. Quenous dit cet abîme sur lavaleur de notre culture del’image aujourd’hui, surl’in<strong>for</strong>mation que nousenregistrons de la sortede façon consciente etsurtout inconsciente ?Cette exposition aide àréfléchir sur notre manièrede traiter le passé et nousindique que le maniementcritique de l’in<strong>for</strong>mation esten soi un défi quotidien.RVDEn définitive, cette exposition posesurtout des questions. Peut-on présenterla réalité de la guerre de cette manière ?Peut-on rendre tangible l’atrocité de laguerre ? Et que dire du regard sur desphotos (ou des images en mouvement) ?Il y aura presque toujours un gouffre béantentre le premier regard sur une photo etle deuxième ou le troisième. La vision6


LIÈGE DOCILEEn décembre 2012, le musée Curtiusabritera la présentation de l’expositionconsacrée à la situation des Juifs deLiège durant la Seconde Guerre mondiale.Dans le même temps, le mémorialconsacré aux victimes juives déportéesdepuis la Cité ardente sera inauguré.Ce mémorial et la future expositions’inspirent bien évidemment de lamonographie de Thierry Rozenblum, Unecité si ardente, ainsi que des recherchesdu <strong>CEGES</strong> publiées sous le titre La Belgiquedocile. L’évènement s’inscrit dans le cadredes manifestations organisées à l’occasionde la présidence belge de l’InternationalHolocaust Remembrance Organization.Un petit comité s’est créé pour porterl’initiative. Outre le <strong>CEGES</strong>, y figurentles Territoires de la Mémoire, l’universitéde Liège, les AGR, l’asbl La Mémoire deDannes-Camiers ainsi que des chercheursliégeois. Mais le projet “Liège, citédocile. Une ville face à la persécution desJuifs sous l’Occupation” est plus qu’uneexposition. D’ores et déjà, vous pouvezen découvrir d’autres facettes via le sitehttp://www.dannes-camiers.org/012/fr/Accueil.Histoire publiqueCKLE <strong>CEGES</strong> ET LE NOUVEAU MUSÉED’HISTOIRE MILITAIRE DE MONSLa mission de documentation pour le futur<strong>Centre</strong> d’interprétation d’histoire militaire(CIHM) de Mons se poursuit au <strong>CEGES</strong> (voirBulletin 44). Ce deuxième volet consiste enla récolte de témoignages de personnesayant séjourné à Mons et ses environspendant le Second Conflit mondial. Denombreuses interviews de Montois ont étéréalisées au cours de ces derniers mois etdiverses sources écrites (lettres, journauxintimes et autres documents d’archives)et audiovisuelles ont été repérées etétudiées afin d’en extraire les récitsde vie les plus représentatifs de la viemontoise sous l’Occupation. L’utilisationde ces témoignages a pour objectif derendre compte au sein du futur muséede la diversité des destins montois : viequotidienne, résistance, travail obligatoireen Allemagne, persécutions des Juifs, maisaussi enrôlement au sein de la LégionWallonie et adhésion aux idées rexistes.Ces témoignages guideront le visiteurtout au long du parcours du Musée etlui permettront d’appréhender le conflitdans sa dimension ‘humaine’. Pour rappel,le CIHM ouvrira ses portes en 2014.Pour toute in<strong>for</strong>mation sur la missionde documentation, contactez SophieSoukias (sophie.soukias@cegesoma.be ou02/556.92.26).SCS7


Histoire publiqueDans les colonies belgesaussi, les Jésuites disposaientde collèges. Ici, celui duSaint-Esprit à Usumbura(devenu Bujumbura,Burundi), en 1957.(<strong>CEGES</strong>, fonds AndréCauvin, n° 137246)EMPREINTES JÉSUITES ET SOCIÉTÉBELGE D’APRÈS GUERREEn 1998, une gr<strong>and</strong>e enquêteétait lancée parmi les anciens descollèges jésuites francophones.Elle portait sur la période 1939-1945. Quelque 400 questionnairesavaient été rentrés. Ils sontdepuis lors conservés au <strong>CEGES</strong>. Àl’automne 2012, l’expérience serarééditée avec, pour groupe cible,les rhétoriciens des années 1945à 1965.Les années 1945 à 1965 sont en effetdes années clés et ce pour de multiplesraisons. Sur le plan général, la sociétébelge sort de la guerre et va êtreconfrontée à un certain nombre d’enjeuxmajeurs, dont la question royale et laguerre scolaire, mais aussi le déclin wallonet la décolonisation. Sur le plan religieux,c’est tout un monde qui s’apprête àentrer dans lesdébats et leschangementsgénérés parVatican II. Surle plan sociétal,c’est le débutde l’américanisationdela société etla montée enpuissance de laconsommation.L’univers jésuitepropose une<strong>for</strong>mationqui s’adressemajoritairementà des jeunes issus de l’élite. À traversl’enquête précédente, il était déjàapparu combien ce monde ne pouvaitdemeurer extérieur aux gr<strong>and</strong>s enjeux etdébats de société. Qu’en est-il pour cesannées charnières de l’après-guerre ?Mais au-delà des gr<strong>and</strong>s changements,l’enquête portera également sur lefonctionnement des collèges jésuites.Quel type d’enseignement y dispensaiton? Quelles étaient les valeurs prônéeset les matières les plus valorisées ? Quelleétait la place de la discipline et le typede sanctions pratiquées ? Quel était lepoids du message religieux et commentcelui-ci était-il transmis ? L’objectif estégalement d’essayer d’approcher le vécudes jeunes qui ont fréquenté les collègesces années-là. Que lisaient-ils ? Qu’est-cequi était autorisé, recomm<strong>and</strong>é ? Qu’est-cequi était interdit ? Quels sports ces jeunespratiquaient-ils ? Allaient-ils au café ?Comment s’habillaient-ils ? Certains élèvesétaient internes. Là aussi, c’est tout uncontexte de vie que l’enquête s’ef<strong>for</strong>cerade reconstituer.Cette enquête, préparée par un petitgroupe de travail, sera lancée enpartenariat avec les associationsd’anciens des collèges d’Alost, d’Anvers,de Borgerhout, de Bruxelles, de Charleroi,de G<strong>and</strong>, de Godinne, de Liège, de Mons,de Namur, de Tournai, de Turnhout etde Verviers. Intéressé ? N’hésitez pas ànous contacter à l’adresse mail chantal.kesteloot@cegesoma.be.CK8


LE NORD-LIMBOURG ET LA SECONDEGUERRE MONDIALEHistoire publiqueLe <strong>CEGES</strong> est chargé, depuis 2011,de l’encadrement scientifiquedu projet “Soldatenlaarzen enkauwgom. Globaliseringserfgoedvan de Tweede Wereldoorlog inde Limburgse Kempen” (voirBulletin 44). Ce nom trahit lesprincipales lignes de <strong>for</strong>ce dece projet patrimonial: examinerquel fut l’impact d’un évènementmondial sur une région referméesur elle-même, rechercher quellesinnovations en découlèrent etinventorier les traces que leconflit a laissées derrière lui.personnes travaillant dans le secteurpatrimonial.Le projet désire aussi créer lui-même dessources. C’est précisément l’objectif duL’image de la Campine limbourgeoise,îlot soumis brusquement en 1940 à desinfluences étrangères, ne correspondévidemment pas tout à fait à laréalité. Depuis l’entre-deux-guerres,la région sait pertinemment bien ceque l’‘internationalisation’ signifie.L’arrivée de l’industrie charbonnière aconduit à une migration ouvrière età une présence francophone accrues.Mais une guerre mondiale, c’est toutde même encore autre chose. Unemultitude de récits, de documents etd’objets en a été le résultat. Le projetdésire dresser l’inventaire de toutesces sources et les rendre accessibles augr<strong>and</strong> public. Le <strong>CEGES</strong>, en la personnede Karel Strobbe, assume l’évaluationdes recherches existantes et la quêtede nouveaux matériaux heuristiques.Cela débouchera fin 2012 sur un guidequi peut servir d’ouvrage de référencepour les historiens locaux et lesvolet “Histoire orale”. Le <strong>CEGES</strong> s’estvolon tiers prêté au co-encadrement de cevolet. Avec les partenaires du projet (voirBul letin 44), une réflexion a été menée surles thèmes qui pouvaient être abordés dansles interviews avec les témoins oculaires.L’accent a été mis sur l’environnementquotidien, les loisirs, la culture matérielleUne chenillette blindée Brenbritannique escorte desprisonniers allem<strong>and</strong>s dansles environs de Lommel le 19septembre 1944.(© Imperial War Museum,n° B 10100)9


et l’alimentation, le contact avec lesAllem<strong>and</strong>s, les Anglais, les Russes, etc. Aucours du second semestre 2011, le <strong>CEGES</strong> apris en charge deux sessions de <strong>for</strong>mationpour bénévoles. Les futurs interviewersont fait connaissance avec l’histoire oralecomme méthode, le travail de la mémoirehumaine et l’utilisation de documents debord. Les participants ont reçu des tasde conseils relatifs aux aspects pratiquesd’une interview.“Soldatenlaarzen en kauwgom” est unprojet pilote. 2011 fut donc aussi uneannée de démarrage, de constructiond’un réseau, de prise de connaissancedu projet, en bref de ‘travail de fond’.Les fruits de ces ef<strong>for</strong>ts sont récoltés en2012. Entre-temps, environ 40 personnesont été interviewées, mais il y a bonespoir que ce nombre sera largementdépassé. Les résul tats provisoires sontsatisfaisants: des histoires inconnuesremontent à la surface, des personnesqui gardaient habituellement pourelles leurs souvenirs des années deguerre profitent de l’opportunité pourles raconter librement. La recherche desources progresse bien. Un tas de fondsd’archives jusqu’à présent inutilisés paraissentprometteurs pour les chercheurslocaux.KSLe <strong>Centre</strong> de mémoire de BastogneOn s’en souvient: le <strong>CEGES</strong> participe depuis quelque temps au processusde rénovation du Bastogne <strong>Historical</strong> Center. Le projet prend bonne <strong>for</strong>meet évolue doucement vers sa conclusion.Notre institution a été une nouvelle fois associée au projet par lesautorités locales et les différentes sociétés de muséographie qui s’ytrouvent impliquées, afin de jouer un rôle de conseiller historique et deprocéder à la validation des documents (archives, photos, journaux,…)ainsi que des textes d’accompagnement. Comme au cours de la phasepréparatoire, Alain Colignon et Chantal Kesteloot se sont attachés àcette mission.On peut espérer assister à l’inauguration du site rénové dans le courantde l’année 2013.Nous vous tiendrons de toute façon au courant.AC10


JOURNÉE HISTOIRE ORALE ENBELGIQUEPartant de la constatation qu’enBelgique, l’histoire orale ne cessede se développer et se retrouvepour ainsi dire partout, le <strong>CEGES</strong>a pris l’initiative d’organiser le 18novembre 2011 une journée d’étudeautour de cette thématique. Denos jours, l’histoire orale est utiliséecomme méthode dans le cadrede nombreux champs et/ousujets de recherche: en histoirelocale, des migrations, (post-)colo niale, dans l’étude du patrimoineimmatériel, en histoire desmouvements sociaux ou du genre,en histoire publique, mais aussidans l’enseignement et dans d’autresdisciplines scientifiques.Cependant, on ne peut pas considérer qu’il s’agit d’un domaine oud’un champ bien structuré: l’histoireorale en Belgique est, dansune large mesure, fragmentée, avecpour conséquence un manqued’échange d’in<strong>for</strong>mation et d’expertise. Cette journée d’étude sevoulait donc avant tout une journéede rencontre et d’exploration.conserve plus de 1800 enregistrements,parmi lesquels 700 interviews de la sérieJours de Guerre de la RTBF, les interviewsréalisées dans le cadre des séries de la BRTsur la seconde Guerre Mondiale (notammentDe Nieuwe Orde, 1980-1989), ainsique l’importante collection d’interviewsréa lisées dans le cadre des travaux deséminaires effectués sous la direction deJacques Lory à l’UCL sur la vie quotidiennedans le Brabant wallon, le Hainaut et leNamurois entre 1940 et 1945.La journée d’étude s’est déroulée dansla salle de conférence du <strong>CEGES</strong>. Ellefut introduite par la professeure SelmaLeydesdorff, qui enseigne l’histoire oraleet la culture à l’université d’Amsterdam.Son exposé fournit un cadre théoriquegénéral. Treize chercheurs belges (dontcinq du <strong>CEGES</strong>) ont ensuite présentéles résultats de recherches et projetsconcrets menés ces dix dernières années.Les thématiques abordées furent variées:Cette photo de la journéed’étude (ici, pendant laprésentation de Jan Blevende la KU Leuven) témoignedu succès de l’initiative.Histoire publiqueEn organisant une journée d’étudeconsacrée à l’histoire orale, le <strong>CEGES</strong>revient à l’un de ces centres d’intérêtsinitiaux. L’institution a en effet joué unrôle pionnier en Belgique en matièred’histoire orale dans les années 1970.Plusieurs chercheurs de ce qui s’appelaitalors le <strong>Centre</strong> de recherches et d’étudeshistoriques de la Seconde Guerre mondiale,ont interviewé systématiquement nombrede témoins clés. Aujourd’hui, le <strong>CEGES</strong>11


du rôle de l’histoire orale dans le cadred’expositions (Bruno De Wever, del’UGent) à l’histoire sociale par le bas(Bart De Nil du FARO, Christine Machielset Florence Loriaux du CARHOP), enpassant par l’histoire des migrations(Anne Morelli de l’ULB). Des exposés plusconceptuels, comme celui de Jan Bleyende la KU Leuven (analyse de l’interviewen tant que ‘per<strong>for</strong>mance’), alternèrentavec la présentation de projets orientésvers la pratique, comme l’approche dubas vers le haut de Severine Janssende Bruxelles Nous Appartient. PeterMoorkens du <strong>CEGES</strong> a abordé les aspectsplus techniques de la mise à dispositiondes sources orales.Le succès rencontré (plus de 80 personnes)prouve que la réflexion et l’in<strong>for</strong>mationsur l’histoire orale en Belgique répondentà un besoin. Le public, très hétérogène,était composé de chercheurs, de travailleursimpliqués dans la préservation dupatrimoine et de personnes issues dumonde des médias. Malgré la gr<strong>and</strong>ediversité des exposés, de nombreusesthématiques n’ont pu être évoquées parmanque de temps. Cette journée auradonc surtout été une première explorationde ce vaste champ, un premier pas versd’autres initiatives.etc.) et les moda lités de conservationdes sources recueillies. Les fiches ontété diffusées en néerl<strong>and</strong>ais et enfrançais jusqu’au niveau local. Lesrésultats de l’enquête devraient, entreautres, permettre de mettre à jour destendances ou des modèles dans l’examende certaines thématiques ou l’usagede certaines méthodes; ils de vraientégalement faciliter la détectiond’éventuels problèmes ou difficultés.L’enquête a rencontré un gr<strong>and</strong> succès.Au total, plus de 120 fiches ontété collationnées, et souvent ellescontenaient des in<strong>for</strong>mations détailléessur plusieurs projets.Nico Wouters a rédigé un rapport finalcom prenant un aperçu de la journéed’étude (les résultats des intervenantset un compte rendu général), unebibliographie thématique pour laBelgique ainsi qu’une analyse desrésultats de l’enquête. Ce rapport finalest disponible sur notre site. Sur basede ce rapport, le <strong>CEGES</strong> se réunira fin2012 avec d’autres partenaires pourexaminer quelles nouvelles initiativesdans le domaine de l’histoire orale sontpossibles en Belgique.NWDans le prolongement de la journéed’étude, le <strong>CEGES</strong> a diffusé une enquêteécrite (janvier – février 2012) consistantà remplir des fiches de projet. Le butétait de recenser les projets d’histoireorale au sens large réalisés ces dixdernières an nées. Le questionnement visaitentre autres à recueillir des in<strong>for</strong>mationsconcer nant la mise à disposition desrésultats, leur éventuelle communicationauprès du public (sous <strong>for</strong>me depublication, site web, exposition,12


JEUNES HISTORIENS, SÉMINAIRESPARLANT D’ICI ET D’AILLEURS...Les journées “Jeunes historiens”et les séminaires mensuelss’inscrivent désormais dans lecadre du nouveau secteur consacréà l’histoire publique. Pour le<strong>CEGES</strong>, il est en effet essentield’essayer de transmettre le pluslargement possible les résultatsdes recherches de la jeunegénération, mais aussi d’inviter enBelgique des historiens renommés,tout en offrant également unetribune à ses propres recherches.place et les rapports de <strong>for</strong>ce implicitesou explicites qu’elles génèrent dans uneréalité sociétale en plein bouleversement.Plusieurs travaux portaient également surdes groupes ou catégories restreintes :les enfants, les églises protestantes, lesévacués français.Les mémoires consacrés à la SecondeGuerre présentaient une beaucoupLa survie au quotidienau cours de la PremièreGuerre constitua le thèmecentral d’une des deuxjournées “Jeunes historiens”organisées en 2012. Ici, uneaffiche de l’Œuvre nationaledes orphelins de la guerredatant de juin 1918 appelleles Bruxellois à se montrergénéreux.(<strong>CEGES</strong>, n° 260610)Histoire publiqueLa tradition est désormais bien installée.Chaque année, le <strong>CEGES</strong> organise desjournées d’étude pour et par de jeuneshistoriens. Les thèmes de prédilectionsont choisis en fonction des mémoires demaîtrise présentés dans les universitésbelges et, bien évidemment, de leurévaluation par les promoteurs. L’objectifest néanmoins de coller aux thématiquesétudiées par le <strong>CEGES</strong>. Cette année,la tâche de sélection a été largementfacilitée par le nombre important demémoires consacrés aux deux guerresmondiales. Certes, par des hasards liésà l’heuristique, les travaux portant sur laPremière Guerre ont révélé une bien plusgr<strong>and</strong>e synergie entre les universités queceux consacrés à la Seconde. Il est eneffet apparu à quel point les questions depratiques de survie au quotidien faisaientl’objet de (nouvelles ?) recherches et d’unrenouveau méthodologique important.Il ne s’agit plus seulement d’étudier lesinstitutions en tant que telles, mais aussid’essayer de comprendre les mécanismesde leur fonctionnement, et de cerner leurplus gr<strong>and</strong>e diversité, ce qui n’a pastoujours facilité le débat. Entre la famineRuzagayura qui a touché le Rw<strong>and</strong>a en1943-44, le sort des Belges internésdans des camps japonais et la mémoirede guerre de villages italiens, il n’est eneffet pas toujours facile de trouver un filconducteur. D’autres travaux portaient surdes sujets plus classiques comme le réseauZéro, les phénomènes de dénonciationou encore l’organisation Todt. Néanmoinsles travaux relatifs à la Seconde Guerre13


Activités académiquesLA JUSTICE DE TRANSITION À L’ISSUEDES GUERRES ET DES DICTATURESLes 23 et 24 mai 2012, le <strong>CEGES</strong>co-organisait un symposiuminternational au palais d’Egmont.Cet événement scientifiquemarquait l’aboutissement duprojet “Transitional Justice afterwar <strong>and</strong> dictatorship”, initié parle professeur émérite Luc Huyseet coordonné par le <strong>CEGES</strong>. Leprojet a été financé par le serviceConsolidation de la paix du SPFAffaires Étrangères.L’un des principaux centres d’intérêt enmatière de justice de transition est desavoir comment garantir et implanterles droits de l’homme lors des périodesinstables de changement de régime oude transition politique (souvent, maispas toujours, d’une dictature à unedémocratie). Cet aspect de la justice detransition s’est particulièrement développéces quinze dernières années. De nombreuxacteurs de nature diverse – universitaires,politiciens, ONG, groupes d’intérêts –sont présents sur ce terrain. Par contre,les historiens restaient et restentencore souvent absents de ce domained’investigation. L’idée de base du projetétait dès lors d’intégrer la dimensionhistorique dans ces développements.Le projet s’est déroulé en deux gr<strong>and</strong>esphases. Au cours de la première, neufrapports relatifs à autant de payseuropéens ont été rédigés par quatorzeexperts. Ils concernent la Belgique, lesPays-Bas, l’Allemagne (de l’Ouest) et laFrance (après 1945), la Grèce, l’Espagneet le Portugal (années 1970), ainsi quela Pologne et la Hongrie (après 1989).Ces rapports fournissent une analysehistorique de chacun des cas et mettentparticulièrement l’accent sur le long termeet la mémoire collective (par exemple,l’impact de la justice de transition àtravers plusieurs générations). Le 11janvier 2012, ces experts ont présentéleur rapport au cours d’une conférenceacadémique qui s’est tenue au <strong>CEGES</strong>. Parailleurs, le professeur Berber Bevernagede l’Universiteit Gent a <strong>for</strong>mulé quelquesconsidérations critiques sur le rôle deshistoriens dans certaines initiatives liéesà la justice de transition, comme lescommissions de vérité et de réconciliation(CVR). Sur base de ces rapports nationaux,Luc Huyse s’est ensuite attelé à larédaction d’une synthèse comparativeet d’un projet de ‘lesson’s learned’ (quepouvons-nous ‘apprendre’ de processus etmécanismes parallèles ?).Tout ce travail a servi de préparationà la seconde phase du projet, le gr<strong>and</strong>symposium final. À cette occasion,les recherches menées sur l’Europe ontété commentées par cinq experts de lapratique de la justice de transition issusdes pays du Sud, à savoir Juan E. Méndez(ONU), Habib Nassar (International Center<strong>for</strong> Transitional Justice, New York), EugèneNindorera (représentant de l’ONU en Côted’Ivoire), Yasmin Sooka (directrice de laFoundation <strong>for</strong> Human Rights en Afriquedu Sud, ayant participé étroitement àla CVR dans ce pays) et Patrick Walsh(senior advisor de la CVR au Timor16


oriental). Mark Freeman,directeur de l’Institute<strong>for</strong> Integrated Transitions,assurait l’introduction et lesconclusions finales de cettejournée.Ce symposium fut suivi parune centaine de personnesd’horizons très divers. Ils’agissait clairement d’unpublic tout à fait différentdu ‘groupe-cible’ d’historiensatteint habituellementpar le <strong>CEGES</strong>. En effet,l’accent de ce symposiuma été davantage mis surles applications pratiquesde la justice de transition,notamment par rapport à despays et à des communautésoù ces questions se posentactuellement (par exemple dans le cadrede ce que l’on appelle le printemps arabe).Ce symposium ne clôt pas le projet. Eneffet, il est prévu que ce dernier débouchesur deux résultats concrets. Pour ce quia trait à l’aspect purement politique, LucHuyse prépare un rapport final. Celuicicomprendra aussi les commentairesdes experts issus des pays du Sud. Il seconcentrera sur l’aspect ‘leçons du passé’et comportera donc des recomm<strong>and</strong>ationspolitiques. Ce rapport sera prêt pour lafin 2012. Il sera diffusé en trois langues(anglais, français et espagnol). C’est lepersonnel du service Consolidation de lapaix qui en assumera surtout le suivi.La synthèse des aspects historiqueset scientifiques du projet sera publiéeséparément (en anglais). Cette publicationcomprendra une introduction à laproblématique, les neuf rapports nationauxet la conclusion comparative de LucHuyse. Sa parution est prévue en 2013. Laportée de cet ouvrage sera double, car nonseulement il permettra de mettre en valeurle travail scientifique fourni, mais en outreil constituera une réflexion sur le principemême de ce projet, à savoir l’intégrationd’une recherche ‘purement’ académiquedans un domaine politique comme lajustice de transition.Par l’ampleur et l’ambition de cesymposium final, mais aussi par le faitque l’institution s’est explicitementpositionnée comme centre d’expertisescientifique dans un domaine politiquecomplexe en pleine expansion, cesymposium et tout le projet auront étéà coup sûr un moment important pour le<strong>CEGES</strong>.NWVue d’ensemble de laprestigieuse salle Arenbergau palais d’Egmont, pendantle symposium consacré à lajustice de transition, les 23 et24 mai 2012.17


Activités académiquesEUROPEAN COOPERATION ON WARSTUDIESRéunion du réseau et conférenceLe 15 décembre 2011, le <strong>CEGES</strong>organisait dans sa salle deconférence une réunion interne duréseau international Eucowas, dontla coordination est assurée parnotre institution. Cette réunioninterne fut suivie, le lendemain,d’une mini-conférence intitulée“New European doctorate researchon War, Society <strong>and</strong> Conflict”. Lesorateurs étaient tous de jeunes(post-) doctorants liés auxétablissements partenaires duréseau Eucowas.Eucowas (European Cooperation on WarStudies) est un réseau international decentres de recherche et de documentationhistorique portant sur les guerres etles sociétés contemporaines en Europe.Le réseau, dont le <strong>CEGES</strong> assure lacoordination, a été lancé en décembre2010 par six membres fondateurs.En 2011, le nombre de partenairesa quasi doublé, passant à 11. Parmiles institutions ayant rejoint Eucowasen 2011 figurent le Herder Institutde Marbourg (Allemagne), l’Instituteof History <strong>and</strong> Archives de la NicolausCopernicus University de Torun (Pologne) etl’University College de Dublin (Irl<strong>and</strong>e). Laréunion du 15 décembre 2011 constituaitdonc aussi une première prise de contactavec quelques-uns des nouveaux membres.L’objectif d’Eucowas est double : d’unepart, échanger des in<strong>for</strong>mations pratiquesentre les partenaires et stimuler lescoopérations, d’autre part mettre au pointdes projets européens d’envergure. Lors dela réunion du 15 décembre 2011, on enest surtout resté aux principes généraux.Le quasi-doublement des membres en2011 a en effet obligé à une certaineréflexion sur la stratégie et l’orientationfuture d’Eucowas. Une nouvelle réunions’est tenue à Marbourg le 7 juin 2012. Leslignes directrices adoptées en décembre2011 ont été concrétisées en un certainnombre d’activités et d’initiatives pour lesannées à venir.La conférence du 16 décembre 2011 avaitété conçue de façon modeste. Il étaitnéanmoins important d’offrir à ces jeuneschercheurs une tribune où présenter leursrecherches à un public international eten débattre avec lui. Eucowas accordeune gr<strong>and</strong>e importance à l’encadrementet à l’échange de jeunes chercheurs(post-)doctorants. Pour les participants,c’était aussi l’occasion de présenter leursrésultats en anglais.Le programme de la journée était trèshétérogène et varié, ce qui fut à la foisun avantage et un inconvénient. Unecertaine attention fut accordée à laSeconde Guerre mondiale via les exposésde Koen Aerts (UGent) sur la mémoire dela collaboration en Belgique, et de JosjeDamsma (NIOD) sur les collaborateursde la NSB pendant la dernière annéed’occupation. La thématique colonialefut également abordée, et ce à travers18


les présentations de Sarah Heynssens(<strong>CEGES</strong>) sur les enfants métis belgorw<strong>and</strong>aisde Save, et de MuhametAnda Zara (NIOD) sur la propag<strong>and</strong>eindonésienne au temps de la lutte pourl’indépendance (1945-1949). Les autresexposés témoignèrent encore d’uneplus gr<strong>and</strong>e variété: Vytautas Petronis(Herder Institut) traita de l’ancien mythedu “loup de fer” en Lituanie et de soninstrumentalisation par les mouvementsnationalistes pendant l’entre-deux-guerres.Agnes Laba (Herder Institut) présentases recherches sur l’utilisation politiquede la cartographie dans la République deWeimar. Mare van den Eeden (CentralEuropean University, Budapest) développala question de l’influence de la penséehistorique sur le concept d’Europe‘centrale’, t<strong>and</strong>is que Juliette Denis(Université Lille 3) évoqua l’impact de laPremière Guerre sur la ‘soviétisation’ dela Lettonie entre les deux gr<strong>and</strong>s conflitsmondiaux.Les différentes sessions étaient encadréespar un ‘senior’ du réseau. Après lesprésentations, une large plage horairefut réservée aux commentaires et auxquestions.Comme nous l’avons souligné,l’hétérogénéité de la conférence fut unavantage et un inconvénient. Furentprésentées des recherches pointuesmanquant d’un fil conducteur clair pourles rapprocher, et en plus en anglais.En pratique, la conférence s’est doncplutôt apparentée à un atelier de travail.À l’avenir d’ailleurs, ce type d’initiatives’orientera probablement dans cettedirection : celle d’ateliers de travailinteractifs à échelle réduite, orientés versla discussion et l’encadrement de jeuneschercheurs dans le cadre européen.NWLa Lettonie dans l’entredeux-guerresfut l’objet d’unexposé lors de la journéedu 16 décembre 2011. Ici,de hautes personnalitéspolitiques et militairespassent les troupes en revueà Riga en 1934.(<strong>CEGES</strong>, n° 68301)19


Activités académiquesLe Ceges, co-organisateur de la conférenceinaugurale de l’ITF“NATIONAL POLICE AND THE HOLOCAUST”La participation des <strong>for</strong>cesde police à la persécutiondes Juifs est une questionqui fait encore débat. Lalégende d’origine de cettephoto prise le 6 juin 1942 parune agence de presse proallem<strong>and</strong>e,“Dans le quartierSaint-Paul [de Paris], les juifsportent l’insigne imposépar la préfecture de police”,veut en tout cas faire croireque la police parisienneest l’instigatrice du portde l’étoile dans la capitalefrançaise.(<strong>CEGES</strong>, n° 91070)Le 25 juin 2012, le <strong>CEGES</strong> etle professeur Dieter Pohl del’Institut für Geschichte (universitéde Klagenfurt en Autriche)organisaient la conférenceinternationale “National PoliceForces in Europe <strong>and</strong> the Holocaust1939-1945”. Cet évènement servaitde coup d’envoi à la présidencebelge de l’ITF (Task Force <strong>for</strong>International Cooperation onHolocaustEducation,Remembrance<strong>and</strong> <strong>Research</strong>).Douze expertsfournirent desprésentationssur le rôledes <strong>for</strong>ces depolice localesdans la miseen œuvre del’Holocauste.La principaleplus-value de cette conférencefut sans conteste la <strong>for</strong>tereprésentation de spécialistesd’Europe centrale et orientale.Le congrès s’est tenu au centre Lamotà Malines, en présence d’environ 140personnes. La conférence fut inauguréepar Rudi Van Doorslaer (<strong>CEGES</strong>), JanDeboutte (au nom de la présidence belgede l’ITF) et Koen Verlaeckt (secrétairegénéral du ministère flam<strong>and</strong> desAffaires étrangères). La conférence étaitintégralement financée par le ministèreflam<strong>and</strong> des Affaires étrangères, NicoWouters, au nom du <strong>CEGES</strong>, se chargeantde la coordination académique etorganisationnelle.Le gr<strong>and</strong> mérite de la conférence fut laprésence d’orateurs d’Europe centraleet orientale. Les cas suivants furenttraités: la Russie (Sergei Kudryashov),la Tchéquie (Niklas Perzi), la Pologne(Andrzej Zbikowski), la Serbie (MilanKoljanin), la Biélorussie (Leonid Rein),la Hongrie (Laszlo Csosz) et enfin diversghettos traités par Martin Dean. L’Europeoccidentale n’a pas été oubliée. TallBruttmann a évoqué le sud de la France,Guus Meershoek les Pays-Bas et BenoîtMajerus la Belgique. Lievens Saerenset Herman Van Goethem ont présentéensemble le cas emblématique d’Anvers,ajoutant quelques éléments neufs à ce quiétait déjà connu.Le rôle des policiers ‘ordinaires’ dansl’Holocauste n’a clairement pas encore faitl’objet de suffisamment de comparaisonssystématiques au niveau européen. Lesbrèves présentations en provenanced’Europe centrale et orientale ont prouvéque de nombreux résultats de recherchene sont pas encore parvenus dans notresphère linguistique académique. La plupartdes résumés et quelques présentationspowerpoint sont disponibles via le sitedu <strong>CEGES</strong>. Les pistes pour une publicationfuture sont explorées.NW20


EUROPEAN HOLOCAUST RESEARCHINFRASTRUCTURE (EHRI)Le projet prend concrètement <strong>for</strong>meActivités académiquesEHRI, qui a démarré en novembre2010, est désormais bien lancé.Ce projet, financé dans le cadre duseptième programme cadre de laCommission européenne et dontle <strong>CEGES</strong> est l’un des partenaires,a pour but de faciliter l’accès auxcollections relatives à l’Holocauste,qui sont disséminées dans demultiples dépôts d’archives enEurope. Il vise aussi par ce biaisà donner une nouvelle impulsionaux recherches internationales surl’Holocauste. D’importants ef<strong>for</strong>tsont été consacrés à l’infrastructuretechnique et de gr<strong>and</strong>s progrèsont été enregistrés en termesd’inventaire des collections utiles.Identifier les collectionsPour continuer à stimuler lacompréhension et l’étude de l’Holocauste,une des priorités d’EHRI est de faireconnaître les sources en lien avec cettethématique. Cela consiste en premierlieu à identifier les institutions quiconservent des collections en rapport avecl’Holocauste et à fournir des in<strong>for</strong>mationssur ces collections. Dans les premiers moisdu projet, fut cherchée une définitionpratique et utilisable d’une ‘source del’Holocauste’, qui offre suffisammentde marge pour couvrir un maximum dedocuments. EHRI s’appuie aussi autantque possible sur les résultats des ef<strong>for</strong>tsdu passé et cherche la collaboration avecdes projets en cours sur les archives del’Holocauste. Une liste de plus de 1500institutions conservant des documentsd’archives en rapport avec ce thème a étéétablie sur cette base. Pour l’instant, cetteliste se limite aux institutions situéesen Allemagne, dans les pays alliés del’Allemagne pendant la Seconde Guerremondiale et dans les territoires occupés.Dans l’avenir, d’autres pays seront aussirepris. La liste reste toujours sujetteà extension et révision, et est doncclairement non limitative. Le but est eneffet que la vue d’ensemble soit la pluscomplète possible.Une prochaine étape est l’identificationdes collections. La plupart des sourcesde l’Holocauste se trouvent en effetdans des institutions où sont égalementconservées des sources sur d’autrespériodes et d’autres sujets, comme parexemple les Archives nationales. Pourl’utilisateur d’EHRI, il sera cependantutile de ne retrouver sur le “virtualresearch environment” (VRE), le site quiconstitue le but final du projet, que lescollections en rapport avec l’Holocauste.Pour l’identification des collections, EHRIs’appuie aussi sur le travail passé ou surdes initiatives en cours.En juillet 2012, l’Institut für Zeitgeschichtede Munich servit de cadre à un atelierde travail consacré aux sources del’Holocauste en Ukraine. Le but était defournir un aperçu le plus complet possiblede toutes les sources présentes dans lesarchives ukrainiennes. Vu l’ampleur de la21


Devantures saccagées demagasins juifs lors demanifestations antisémites àBratislava, Slovaquie, mars1939.(<strong>CEGES</strong>, n° 70373)population juive en Ukraine à la veillede la guerre et étant donné le gr<strong>and</strong>nombre de victimes – environ un millionet demi de Juifs furent assassinés – c’estun cas important. À côté de ce typede projets pilotes,EHRI travaille à deslistes comprenantles plus importantescollections parpays, qui commecelle relative auxcentres d’archives,sont constammentcomplétées.Ces derniers mois,une partie impor tante du travail aété consacrée à l’écriture de rapportsnationaux. Ces derniers décrivent demanière très succincte pour chaque paysanalysé ce qui s’est passé pendant laSeconde Guerre mondiale, quel fut lesort de la population juive, comment lesarchives ont été structurées et quellessont les plus importantes institutionspour ce qui a trait aux recherches surl’Holocauste. C’est une tâche collectivede l’ensemble de la section de travail“Identification & Investigation”, qui, outreVeerle V<strong>and</strong>en Daelen du <strong>CEGES</strong> (qui ladirige), compte aussi des collaborateurs àJérusalem, Londres, Munich et Varsovie. Ilest aussi fait appel à des experts, généralementdes chercheurs spécialisés dansl’étude de l’Holocauste ou des archivistes,pour obtenir les meilleurs résultats. Lesrapports nationaux visent à fournir unevue d’ensemble globale, mais concise.Protection de la vie privéeEHRI accorde une attention particulièreà la protection de la vie privée. Commeon a pu le lire dans le précédent Bulletin,un atelier de travail consacré à cette problématiquea été organisé en mai 2011 aumusée juif de Prague pour tous les partenairesd’EHRI. Il en est ressorti qu’EHRIse baserait sur la législation relative à laprotection de la vie privée en vigueur auxPays-Bas.Les démarches nécessaires furent accompliespour, con<strong>for</strong>mément à la législationnéerl<strong>and</strong>aise, notifier l’existence d’EHRI.Cela se fait auprès d’un agent m<strong>and</strong>atéà cet effet de la Koninklijke Nederl<strong>and</strong>seAcademie voor Wetenschappen (KNAW).La déclaration, qui implique notammentl’établissement d’un règlement, a étémise au point en étroite collaborationavec un comité spécial chargé de laproblématique de la protection de la vieprivée mis sur pied par l’équipe dirigeanted’EHRI. Dirk Luyten, qui est responsabledu groupe de travail “Privacy, access <strong>and</strong>copyright policies” a été invité à exposerla problématique de la protection dela vie privée comme elle se pose pourEHRI à un congrès de PRACTIS (Privacyappraising Challenges to Technologies <strong>and</strong>Ethics) aux FUNDP à Namur le 24 janvier2012. Il y est apparu que les règleseuropéennes pour la protection de lavie privée ne sont pas très adaptées auxprojets de recherche internationaux. Il està espérer que la nouvelle réglementationen cours d’élaboration y apportera duchangement. Le groupe de travail suivra deprès le processus décisionnel relatif à cesnouvelles règles afin de pouvoir estimercorrectement leurs implications sur ledéveloppement futur d’EHRI.Vous pouvez suivre l’évolution d’EHRI surle site www.ehri-project.eu. Vous pouvezégalement y retrouver les différentes activitésorganisées dans le cadre du projet.HB/DL/VVD22


L’ENQUÊTE SUR L’ASSASSINAT DEJULIEN LAHAUT SE POURSUITRecherches en coursLe soir du 18 août 1950, JulienLahaut est abattu sur le seuilde sa maison à Seraing. Cetassassinat n’était pas un faitdivers. Figure de proue des communistesbelges et meneur degrèves craint dans l’importantet stratégique bassin industrielliégeois, Julien Lahaut était, pourl’extrême droite, l’incarnation de la‘cinquième colonne’, un complicede l’ennemi soviétique alors quela Guerre froide atteignait unpoint culminant. En décembre2008, le Sénat belge a dem<strong>and</strong>éque le <strong>CEGES</strong> dispose des moyensnécessaires pour réaliser unerecherche scientifique sur cetassassinat politique qui n’a jamaisété éclairci.L’attentat sur la personne de Lahaut n’apas été revendiqué. L’enquête judiciaire,longue de plusieurs années, n’a livré aucunrésultat et a été clôturée en 1972 par uneordonnance de non-lieu. En 1985, RudiVan Doorslaer et Etienne Verhoeyen,dans leur ouvrage L’assassinat de JulienLahaut, ont fait plusieurs révélationssensationnelles. Les auteurs de l’assassinatdevaient être recherchés à Hal. L’homme àla tête du comm<strong>and</strong>o, qui dans l’ouvrageest appelé “Adolphe”, était actif dans unréseau de renseignements anticommuniste.Il a, depuis, été publiquement identifiécomme l’agent d’assurances FrançoisGoossens. Les auteurs ont égalementfait une autre constatation surprenante:le nom de Goossens avait été signalépar les services de la Sûreté de l’Etatau juge d’instruction en octobre 1950.Au sujet du mobile et des éventuelscomm<strong>and</strong>itaires, les auteurs furent moinsaffirmatifs: ils nourrissaient des soupçonsqui s’orientaient, entre autres, vers lebaron Paul de Launoit, l’homme <strong>for</strong>t de laBrufina, et vers le ministre de l’Intérieur,Albert De Vleeschauwer. Ils considéraientl’assassinat comme une étape dans unetentative d’établissement d’un régime<strong>for</strong>t et même comme une tentative derétablissement de Léopold III sur le trônequ’il avait perdu le 1 er août 1950.Ces suppositions n’étaient pas sansgravité et il faut reconnaître que l’enjeude l’affaire Lahaut n’est pas négligeable.Il est aussi remarquable qu’il ait falluattendre jusqu’en mai 2011 pour qu’unerecher che scientifique sur cette questionpuisse débuter, et encore, dansdes circonstances précaires. Bien quele Sénat ait dem<strong>and</strong>é en décembre2008 au gouvernement fédéral quele <strong>CEGES</strong> bénéficie des moyensnéces saires à la réalisation de cetteenquête, aucun financement fédéraln’avait pu encore être mis à la dispositionde l’institution. Le projet a pudémarrer grâce au soutien du ministrewallon Jean-Marc Nollet et à unesouscription publique organisée parl’eurodéputée Véronique De Keyser.Dans une première phase et dansl’attente d’une disposition légalequi réglemente l’accès à certains fondsd’archives, comme celui de la SûretéLe monument JulienLahaut au cimetière deSeraing. Inauguré sous sa<strong>for</strong>me définitive en 1956,il comporte une statue del’homme politique danssa posture familière detribun et, derrière lui, unmonument plus massifsymbolisant le ‘peuple’, queLahaut paraît protéger.(Photo équipe projet Lahaut,<strong>CEGES</strong>).23


militaire, l’enquête, menée par EmmanuelGerard, Widukind De Ridder et FrançoiseMuller, s’est concentrée sur un certainnombre d’aspects, moins spectaculairesmais cependant non moins importants,de l’affaire Lahaut. Les événements du18 août ont été mis en lumière le plusclairement possible et l’enquête judiciairea été analysée. Le réseau des élitespolitiques et financières a été reconstruitet, enfin, les réactions du monde politiqueont été étudiées.Une constatation remarquable ressortde l’enquête archivistique : très peu dedocuments concernant l’affaire Lahaut ontété conservés. N’est-il pas étrange queles archives, pourtant volumineuses, deJoseph Pholien, Premier ministre, ou deLudovic Moyersoen, ministre de la Justice,ne contiennent aucun document relatifà l’assassinat ? Ce constat ne signifiepas pour autant que ces collectionsne renferment pas d’in<strong>for</strong>mationsintéressantes: l’existence d’un réseau derenseignements privé, financé par le baronde Launoit, dirigé par deux généraux etdont André Moyen était l’agent principal,est maintenant confirmée.L’original du dossier judiciaire a étédétruit. Par un heureux hasard, la copie,qui avait été réalisée par la partie civileen 1972, subsiste et est conservéeau CArCoB, l’institution chargée dela conservation des archives du Particommuniste. L’inventaire des 11000pages et, surtout, l’étude minutieuse desprocès-verbaux et de la correspondancea pris du temps mais n’a certainementpas été infructueuse. L’impression, quiressort de l’émission diffusée en 2007 parla chaîne Canvas selon laquelle le premierjuge d’instruction, René Louppe, auraitconsciemment et avec un certain méprisnégligé certaines in<strong>for</strong>mations, est sansfondement. De même, André Moyen a étéà plusieurs reprises dans le collimateurdu juge d’instruction. En revanche, desquestions se posent sur le rôle de certainsenquêteurs.Ce que la police judiciaire a recherchésans succès en 1961, à savoir le rapportd’André Moyen sur les activités de sonréseau de renseignements en août1950, les chercheurs du <strong>CEGES</strong> ont pu leretrouver… dans les papiers de l’ancienministre Albert De Vleeschauwer. “Nousrapportons ainsi, écrit Moyen le 31 août1950, sans commentaire les propos quise tiennent dans le milieu que noustenons pour responsable de l’exécution deLahaut: il s’agit en tout cas d’un groupeapolitique et même antipolitique, patrioteet désintéressé, qui avait cru d’abordn’entrer en lice qu’après l’occupationsoviétique. C’est une sorte de synarchiequi a ses gens jusqu’aux enceintes les plusfermées et, pour le cas Lahaut, jusquedans les enquêteurs”. À peine dix joursauparavant, De Vleeschauwer, craignantdes représailles, était emmené en sécuritéen France par Moyen…La première phase de cette enquête aété fructueuse. Les assertions de Moyen,deux semaines à peine après l’assassinat,soulèvent beaucoup de questionsintrigantes. Elles appellent, sans aucundoute, à continuer la recherche.Depuis lors, le ministre de tutelle du<strong>CEGES</strong>, Paul Magnette, a annoncé que laPolitique scientifique fédérale financera laseconde phase de l’enquête sur l’assassinatde Lahaut. La recherche pourra doncêtre poursuivie à partir de l’automne 2012.EG24


COMMÉMORER LA GUERRE. L’ÉTAT BELGEET LA MÉMOIRE DES DEUX CONFLITSMONDIAUX, 1914-2014Recherches en coursL’année 2014 marquera le coupd’envoi des commémorations ducentenaire de la Première Guerremondiale. Alors qu’une vaguesans précédent de cérémonies,d’expositions et de publicationss’annonce, il apparaît nécessairede s’interroger sur les acteurs qui,depuis plus d’un siècle, ont portédans l’espace public le souvenirdes deux guerres mondiales. Plusspécifiquement, le rôle joué (ounon) par l’État dans ce processuscommémoratif sera au cœur del’analyse, afin d’éclairer commentle passé fut mobilisé dans un paysqui semble avoir peu à peu perdude sa signification.Deux fois occupée au 20e siècle,deux fois libérée, la Belgique s’estavérée incapable de maintenir dansla durée une mémoire commune,où les différentes parties du payss’accorderaient sur qui étaientles victimes et les héros des deuxguerres mondiales. Si les deuxoccupations ont été suivies d’unepériode d’exaltation patriotique,les anciennes fractures, notammentlinguistiques, traversant le champpolitique belge sont à chaquefois réapparues, plus béantesencore. Un consensus mémoriel n’ajamais tenu plus d’une décennieaprès chaque libération, et se faitactuellement encore attendre. Enexplorant l’espace public du souvenir,cette recherche interroge la manière dontce conflit de mémoire a pu prospérer desannées 1920 jusqu’à aujourd’hui. Dansune perspective comparant l’héritage desdeux conflits mondiaux, elle analyse, plusprécisément, le rôle de l’État dans cet’échec’ d’une mémoire belge de la guerre.Au cours des deux après-guerres, l’Étatbelge s’avère un acteur incontournable dela gestion de l’héritage des occupations.Son action se traduit tant par la punitionjudiciaire des ‘traîtres’ que par l’octroide statuts et avantages aux ‘héros‘ et‘martyrs’. L’hypothèse qui est investiguéedans ce projet mené par Bruno Benvindoest que les autorités publiques neUne vieille dame fleurit latombe du Soldat inconnu,à Bruxelles, en septembre1938. En Belgique, lacommémoration futlongtemps une affaire‘d’en bas’ d’où l’État étaitremarquablement absent.(<strong>CEGES</strong>, n° 38625)25


peuvent – ou ne veulent – dépasser cesinterventions d’ordre individuel, et nedéveloppent dès lors pas de politiquecommémorative centralisée. Le ‘système’belge de régulation – à savoir la tendanceétatique à déléguer des oppositionsconsidérées comme insolubles – paraîttrouver ici une nouvelle illustration : sides recherches pionnières ont pu montrercomment ce processus de délégation àdes corps intermédiaires se mettait enplace dans le domaine socio-économique,tout semble indiquer qu’il s’appliquaitavec autant de <strong>for</strong>ce aux matièresculturelles, et en premier lieu à lacommémoration.En Belgique, le souvenir public des deuxguerres mondiales est en effet largementab<strong>and</strong>onné aux collectivités locales, maisplus encore aux communautés mémorielles(associations d’anciens combattants,de déportés, de prisonniers politiques,etc.). Ces divers groupes sociaux issusde la guerre, eux-mêmes profondémentdivisés idéologiquement, érigent chacunleurs propres lieux de mémoire. Unpaysage commémoratif particulièrementfragmenté émerge, où chaque milieu demémoire peut certes s’exprimer autourde ‘ses’ monuments, mais où aucunne parvient à se faire véritablemententendre au-delà. Cette fragmentationn’empêche nullement ces milieux demémoire antagonistes, chacun convaincude leur bon droit, de tenter d’obtenir unereconnaissance nationale – symboliqueou matérielle – pour ‘leur’ monument.Ces processus de négociation entrecommunautés mémorielles et instancespubliques sont ici étudiés au plus près,au même titre que les – très rares– initiatives que prend l’État belgeau 20e siècle pour créer des muséeset lieux de mémoire nationaux, quidépasseraient les clivages partisans.Ce projet s’inscrit dans le prolongementdes recherches sur la mémoire de laSeconde Guerre mondiale menées au<strong>CEGES</strong> depuis plusieurs années. Il procèdetoutefois à un double déplacement. Lechamp des investigations est, d’une part,élargi sur le plan chronologique : encomparant explicitement la mémoire desdeux conflits mondiaux, les mutationssur le long terme que connaît la gestiondu passé de guerre pourront faire l’objetd’une analyse approfondie. L’attentionporte, d’autre part, sur les acteurs dusouvenir, plutôt que sur les seulesreprésentations sociales auxquelles selimitent trop souvent les études sur lamémoire collective. En se centrant surle rôle des autorités étatiques et surles interactions de ces dernières avecles témoins comme avec les historienstoujours plus appelés à servir d’experts,on verra comment la mémoire a pu,au 20e siècle, être érigée en catégoried’action publique.BB26


Recherches en coursWalter Ganshof van derMeersch joua, commeauditeur général près laCour militaire, un rôlecentral dans la répressiondes collaborations enBelgique après la SecondeGuerre mondiale.(<strong>CEGES</strong>, n° 31601)HISTOIRE SOCIOPOLITIQUE DE LAJUSTICE EN BELGIQUEMélanie Bost et Lawrence VanHaecke achèveront bientôt leurthèse de doctorat respective,menées dans le cadre duprogramme fédéral de recherchesPAI “Justice et Société, histoiresociopolitique de la justice enBelgique (1795-2005)”, dont le<strong>CEGES</strong> est partenaire. L’une explorele rôle de la magistrature belgelors de la première occupationallem<strong>and</strong>e, l’autre la répression descollaborations après la SecondeGuerre mondiale.À l’occasion de ce Bulletin, les deuxchercheurs ont souhaité évoquer quelquesunesdes nombreuses perspectives offertespar une discipline relativement neuve dansl’historiographie belge – l’histoire de lajustice – et son intérêt pour l’étude desguerres et des occupations militaires.Retour aux sources de lalégislation pénaleLe travail de Lawrence Van Haecke portesur la répression des collaborations,un champ d’étude déjà largementdébroussaillé par d’éminents historienset sociologues. La somme de recherchesconsacrées à cette thématique est jusqu’iciprincipalement axée sur l’analyse de lacollaboration, le bilan et l’impact à longterme du processus répressif. Reprenant lefil de cette histoire à rebours, le doctoranta choisi d’approfondir l’analyse du cadrelégal de la répression et sa longue genèse.À mi-chemin entre histoire du droitet histoire politique, il explore lematériel juridique à disposition de lajustice militaire pour sanctionner lescollaborations. Soit principalement lesarticles du Code pénal réprimant lescrimes et délits contre la sûreté extérieurede l’État ainsi que les dispositionsrelatives aux droits politiques et civilset à la nationalité, tels qu’adaptés par legouvernement Pierlot à Londres en 1942 etpar les gouvernements qui se sont succédédans l‘immédiat après-guerre.Les relations droit-politique ensituation de criseEn ancrant sa démarche sur un retouraux sources du droit, Lawrence Van28


Haecke explore un domaine encoremajoritairement réservé aux juristes. Ill’enrichit des ressources méthodologiquestraditionnelles de l’historien –contextualisation et mise en perspectivetemporelle – et d’archives quasimentinédites, comme celles du ministrePierlot – cabinet ministériel, papierspersonnels – et les Instructions Générales,les archives de l’Auditorat général. Cetteapproche lui permet de démonter le travaildu législateur et d’identifier les facteursd’évolution des éléments de droit pénalrelatifs à la répression étatique.S’appuyant sur certaines idées de lathéorie du ‘sentier de dépendance’, ledoctorant explore l’évolution pénale desarticles du Code concerné durant l’entredeux-guerres,voire de la Première Guerremondiale. Il prend aussi en compte lesproblèmes du déroulement de la répressiondes collaborations, comme la pression quivient de la réalité sociale et politique dela collaboration. Ce sont des questionsqui influencent largement les décisionspolitiques d’après guerre.procédés qui augmentent la certitude dela répression. Le recours généralisé à lajustice militaire pour ce type d’infractionsest déjà décrété en 1934 et indirectementrenouvelé en mars 1940. Le gouvernementPierlot, en fait, ne contrevient pas auxvues du Parlement belge.L’apport de ces deux démarches – histoiredu droit et ‘sentier de dépendance’ - àl’histoire politique de la guerre estde mettre en lumière la stratégie dugouvernement de Londres. Dans uncontexte d’instabilité institutionnelle, legouvernement prévient les contestationsde sa propre légitimité en inscrivant sonaction dans le droit fil des modificationsde la législation réalisées en temps depaix. Le recours au patrimoine juridique dupassé fonde ainsi la légitimité du systèmerépressif élaboré en temps de guerre.Des magistrats en guerre: lerôle sous-évalué d’un acteurinfluentL’observation du matériel juridique surce temps long permet le constat suivant.Le travail du gouvernement Pierlot,souvent critiqué par les spécialistes de larépression pour son inefficacité, est enréalité peu innovant. Ses développementsà Londres s’inscrivent parfaitementdans la ligne des travaux juridiques desannées trente, façonnés par la crisede l’État démocratique. Durant cettepériode, le droit pénal fait l’objet d’uneattention particulière. L’État conçoitses instruments de défense face auxéléments déstabilisants: accentuation dela sévérité des peines, suppression du dolspécial et recours étendu au dol général,Joseph de Haene. Conseillerde cassation. Durantl’occupation, ce hautmagistrat rédige souspseudonyme une sériede pamphlets intitulésLes lettres d’un provincial,qui dénoncent à la foisla protection illusoireque confère aux occupésle droit conventionnelde l’occupation et lajurisprudence trop docile àson goût de la cour suprême.Diffusées sous le manteau,les Lettres connaissent ungr<strong>and</strong> succès.(Fonds Cour de cassation,Palais de justice de Bruxelles)29


Dans sa thèse consacrée à l’action età l’attitude des magistrats belgespendant la première occupationallem<strong>and</strong>e, en 1914-1918, Mélanie Bostsouligne elle aussi le poids du droit dansla société belge. Son point de départ estcependant différent: ce ne sont pas lesacteurs politiques à travers leur fonctionde législateurs qui <strong>for</strong>ment l’objet deson étude, mais plutôt certains desprofessionnels qui manipulent le droit, enl’occurrence les magistrats. La doctorantes’attache à souligner l’importance durôle joué par la magistrature en zoneoccupée pour l’ensemble de la sociétécivile, au-delà de la gestion de situationsindividuelles.Malgré son potentiel, le champ judiciaireest encore sous-exploré par les historiensde l’Occupation. L’accès aux sourcesjudiciaires contemporaines, très protégé,mais sans doute plus encore la réserveconsubstantielle au métier de magistratexpliquent que cet acteur pourtant siimportant soit jusqu’ici resté dans l’ombrede l’historiographie de l’Occupation, voired’ailleurs de l’histoire de la justice engénéral.Cerner le vécu de ces professionnels dudroit, traditionnellement peu enclins àcommenter des événements contemporainsou leurs propres décisions judiciaires,n’est pas un exercice aisé. Par ailleurs, onpeut se dem<strong>and</strong>er quelle fut la marge demanœuvre d’un pouvoir judiciaire dontl’action est circonscrite par l’application dela loi et le respect des procédures.En 1914-1918, la période de guerre placele pouvoir judiciaire dans une positiond’influence exceptionnelle.C’est en effet le seul des trois pouvoirsnationaux à poursuivre officiellementl’exercice de ses fonctions. Principalsoutien de l’État, il incarne donc à lui seulla souveraineté et l’autorité nationale.Par ailleurs, en la longue absencedu pouvoir législatif légitime,frappé d’incapacité temporaire, lajurisprudence comme source du droitgagne en importance. Les magistratssont sollicités pour répondre auxcarences de la législation – la situationd’occupation militaire est alors inéditeen Belgique – et trancher les questionsles plus importantes. Enfin, ils <strong>for</strong>mentles interprètes autorisés du droit del’Occupation, discipline récente du droitinternational qui revêt une importancecapitale dans les relations occupantoccupésen 1914-1918. Le retentissementdes décisions judiciaires est donc plusgr<strong>and</strong> qu’il ne l’est en temps de paix.Son statut fait aussi du magistrat unacteur particulièrement intéressant àétudier dans un contexte d’occupationennemie. Son indépendance, à la foisinstitutionnelle et fonctionnelle, lemet en effet a priori dans une relationrelativement préservée face au pouvoiroccupant. Dans la pratique, cependant,les ingérences furent multiples; le pouvoirjudiciaire dut à la fois se défendre desempiètements du pouvoir occupant,mais aussi des pressions et des critiquesde la société civile belge. La thèse deMélanie Bost met à jour les stratégies dela magistrature pour traverser la premièrecrise majeure de son histoire, depuisl’indépendance du pays.MB/LVH30


UN NOUVEAU PAI: JUSTICE AND POPULATIONSLe <strong>CEGES</strong> fut l’un des partenairesdu Pôle d’attraction interuniver sitairedirigé par Xavier Rousseaux(CHDJ-UCL) “Justice et société.Histoire sociopolitique de la justiceen Belgique (1795-2005)” qui apris fin en mars 2012. Pour la phasesuivante – la septième – du programmePAI, l’équipe de recherche,élargie à plusieurs nou veaux partenaires,a fait la proposition de travaillersur “Justice et Popu lations”.Le projet fut favorable ment évaluéde sorte que le ré seau sur l’histoirede la justice peut poursuivre sesre cherches. Le <strong>CEGES</strong> se focaliserasur les ré percussions de la PremièreGuerre mondiale, sur la résistanceet la magistrature pendant laSecon de Guerre mondiale ainsi quesur la justice coloniale.Alors que le PAI “Histoire sociopolitiquede la justice en Belgique” privilégiait unangle d’approche institutionnel, “Justice<strong>and</strong> Populations” se concentrera davantagesur l’impact du système juridique sur lapopulation ou, plus précisément, sur desgrou pes spécifiques de la population quiont été définis comme problématiques parle système judiciaire. Au total, quatorzeuniversités et institutions de recherchebelges et internationales collaborent à cePAI. Le caractère interdisciplinaire est plusprononcé grâce à l’apport de crimi nologueset de spécialistes des sciences administratives.Justice et guerre, justice etcolonieLe <strong>CEGES</strong> approfondira deux thèmesparticuliers du module de travail “Justice,Crisis <strong>and</strong> (At-) Risk Populations”: d’unepart, les guerres et occupations et leursrépercussions, et d’autre part, la justicecoloniale. En ce qui concerne les guerres,le <strong>CEGES</strong> se concentrera sur les conséquencesjuridiques de la Première Guerre mondiale(et notamment sur l’amnistie), et,par ailleurs, sur un aspect spécifique del’his toire de l’Occupation de la SecondeGuerre mondiale, le rapport entre la magistratureet la résistance. En outre, le <strong>CEGES</strong>se penchera sur la justice coloniale quidéfinissait et visait des groupes spécifiquesde la population.Le <strong>CEGES</strong> participera à l’élaboration d’unprojet d’infrastructure de recherche enDi gital Humanities (sciences humainesnumé riques), sur base de statistiques etde sources sur la justice belge qui ontété rendues accessibles sous une <strong>for</strong>menumérique dans le cadre du PAI. Danschaque module de travail, une collaboration structurelle sera mise en placeentre les différents partenaires. Pour laPre mière Guerre mondiale, les contactsseront surtout étroits avec le professeurStanislas Horvat (École royale militaire)et pour l’histoire coloniale, avec laprofesseure Nathalie Tousignant (Facultésuniversitaires Saint-Louis). Pour le<strong>CEGES</strong>, deux chercheurs et un doctoranttravailleront sur le projet.Enfin, les actes du colloque “Justice inWartime <strong>and</strong> Revolutions”, organisé enseptembre 2011, seront prochainementpubliés dans la série PAI éditée par lesArchives générales du Royaume. Voustrouverez de plus amples détails à cepropos sur le site du <strong>CEGES</strong>.DL/RVDLe professeur XavierRousseaux (UCL-CHDJ),coordinateur du PAI“Histoire sociopolitique dela justice en Belgique (1795-2005)”, lors de l’ouverture ducolloque “Justice in Wartime<strong>and</strong> Revolutions : Europe,1795-1950” le 21 septembre2011.Recherches en cours31


Recherches en coursFEMMES ET ENFANTS, PRISMES DEL’HISTOIRE COLONIALE AU <strong>CEGES</strong>Depuis 2000, le <strong>CEGES</strong> intègrel’histoire coloniale dans sesobjectifs de recherche. En effet,comme le souligne l’historienneCatherine Coquery-Vidrovitch 1 , laculture européenne résulte “detous les héritages qui se sontmêlés dans un passé complexe etcosmopolite où le fait coloniala joué et continue de jouer sonrôle”.Les deux projets d’histoirecoloniale du <strong>CEGES</strong> participent dece renouveau de la prise en comptede la question coloniale dans lessociétés occidentales. Le premier,mené par Sarah Heynssens etconsacré aux “Enfants métis deSave”, s’inscrit dans le débatactuel sur la place des ancienscolonisés dans la société belge,en lien avec le statut qui leurétait conféré pendant la périodecoloniale. Le second, dirigé parAnne Cornet et centré sur leprofil et les activités des femmesoccidentales au Congo belge,s’ef<strong>for</strong>ce de sortir du débat malposé sur les bienfaits ou méfaitsde la colonisation, en illustrant lacomplexité des sociétés coloniales.Les enfants de SaveLes sociétés coloniales belges secaractérisaient par une structure <strong>for</strong>tementségrégationniste. Noirs et blancs vivaientstrictement séparés et étaient soumisà des règles et des lois distinctes.Néanmoins, les contacts sexuels entre lesdeux groupes ont donné naissance à ungroupe de personnes d’origine mixte. Dufait de leur hybridité raciale, ces métis setrouvaient dans une position intermédiairedans la société coloniale, et ce tant sur leplan administratif et juridique que social.Afin de faire face à cette positionproblématique, les jeunes métis étaienthébergés, sur ordre des autorités, dansdes foyers et des missions qui leuroffraient une éducation belge. Selon lesautorités coloniales, ces métis, du fait deleur origine européenne, méritaient unemeilleure éducation et <strong>for</strong>mation que lesenfants africains. Les enfants de la régiondes gr<strong>and</strong>s Lacs (Kivu, Burundi, Rw<strong>and</strong>a)étaient hébergés dans une maison pour‘mulâtres’ à Save (Rw<strong>and</strong>a). Celle-ci étaitdirigée par la Congrégation des sœursmissionnaires de Notre-Dame d’Afrique (lesSœurs blanches).En vertu de la même logique qui plaçait lesenfants pendant la période coloniale dansdes centres d’hébergement, ceux-ci furent,au moment de l’indépendance, transférésen Belgique à l’initiative de la directricedu foyer de Save, sœur Lutgardis. Grâceau soutien financier du gouvernementbelge et à l’appui de l’association desChristelijke Middenst<strong>and</strong>s en Burgervrouwen(CMBV), sœur Lutgardis réussit à transférer1 Enjeux politiques de l’histoire coloniale, Marseille, 2009, p. 9.32


Classe à Save, années 1950.(Archives Antoine Delvaux)quelque 300 métis en Belgique, où desfamilles d’accueil et adoptives assurèrentl’éducation (chrétienne) de ces enfants.Combien d’enfants ont été évacués, pourquels motifs et par qui, telles sont lesquestions centrales qui ont été à la basede ce projet de recherche.Le cas des ‘enfants de Save’ susciteégalement des questions plus complexesrelatives à la politique biologique de l’Étatcolonial et à la position que ces enfantsd’origine mixte y occupaient. Les enfantsd’origine raciale mixte représentaientun défi pour la base idéologique del’entreprise coloniale qui reposait sur lasupériorité inhérente de la ‘race’ blanchesur la ‘race’ noire. La manière dont lesinstances coloniales d’une part et lapopulation africaine d’autre part se sontcomportés face à ce défi est éclairantequant à la manière dont ces deux groupespercevaient les concepts de race, de genre,d’éducation, de famille et de maternité.Ce qui est frappant, c’est que la positiondes métis n’est pas nécessairementdevenue moins ambiguë dans la Belgiquepostcoloniale. Arrivés dans l’ex-métropole,les métis de Save n’étaient plus des blancsou des muzungu’s comme ils l’étaient enAfrique, mais étaient souvent qualifiésde “noirs” ou “d’étrangers”. Leur histoireoffre dès lors non seulement un aperçu desmécanismes sous-jacents de la dominationoccidentale sur la population africaine,mais montre également comment le passécolonial a été appréhendé dans la Belgiquepostcoloniale.Les résultats de ce projet de recherche,qui a pris fin en avril 2012, font l’objetd’un article intitulé Decolonisation <strong>and</strong>Adoption: <strong>for</strong>ced migration of mixed racechildren from colonial Rw<strong>and</strong>a <strong>and</strong> Burundito Belgium between 1958 <strong>and</strong> 1961 quiparaîtra en novembre 2012 dans la Revued’histoire de l’enfance irrégulière (n° 14).En outre, ces recherches sont à la based’une exposition organisée en partenariatavec les Historische Huizen Gent, dontl’ouverture est prévue en juin 2013. Ellesera accompagnée d’un livre catalogue quiparaîtra à la Renaissance du Livre (versionfrançaise) et au Davidsfonds (versionnéerl<strong>and</strong>aise).Femmes en colonieCe projet aborde l’histoire colonialesous l’angle du genre. Il s’ef<strong>for</strong>ce demesurer le poids des femmes européennesdans la société coloniale, tant dansla vie quotidienne que sur le plan desorientations politiques. Deux axes derecherche ont été privilégiés.33


Lucienne Harvey Meurisse,au travail dans la coloniecomme scripte et secrétairedu cinéaste belge AndréCauvin, pour le film depropag<strong>and</strong>e Congo, entre1942 et 1943.(<strong>CEGES</strong>, fonds AndréCauvin, n° 142009)Le premier consiste en un portraitcollectif des Européennes actives auCongo au service de l’État colonial, dessociétés missionnaires ou privées, et desassociations caritatives. Le second scrutele rôle spécifique que les Occidentales ontpu jouer dans la colonie, du fait de leurprésence et de celle de leurs enfants, maisaussi et surtout par les activités qu’ellesont déployées sur le terrain à destinationdes Européens et des Africains.Les femmes occidentales:concurrentes des Évolués ?L’examen approfondi des profils etfonctions des femmes agents de l’État anotamment permis de relever une <strong>for</strong>me derivalité entre elles et les Évolués. En effet,alors que les fonctionnaires masculinseuropéens occupaient systématiquementdes postes supérieurs à ceux des agentsafricains dans la hiérarchie administrative,il semble que les Occidentales et les clercsafricains se soient fréquemment retrouvésen situation de concurrence, sur le plansalarial et au niveau des responsabilitésou de la confidentialité des tâches.L’État colonial engagea <strong>for</strong>t peu defemmes fonctionnaires à part entière;par contre, il recourutfréquemment à des agentstemporaires engagées surplace (filles ou épousesde fonctionnaires oude colons, femmes seretrouvant veuves avantla fin du contrat de leurconjoint, divorcées,célibataires ayantsigné un contrat avecune société privée ou missionnaire, etdont le contrat avait été interrompuen Afrique). Ces Occidentales avaientun profil et un statut différents desfemmes fonctionnaires: engagées à duréedéterminée, non soumises à l’exigenced’une <strong>for</strong>mation coloniale, elles touchaientdes salaires beaucoup plus modestes, etne bénéficiaient pas de la prise en chargede leurs frais de voyage de retour, pas plusque de leurs congés sur place. Il s’agissaitdonc d’une main-d’œuvre bon marché,dont le contrat pouvait être rompu sansindemnité ni préavis.De ce fait, ces femmes se trouvaient ensituation de remplacer des clercs africains.En outre, dans un système colonial basésur la ségrégation, et donc enclin àprovoquer suspicion et contestation dupouvoir colonial, ces Européennes offraientun avantage incomparable: elles étaientblanches, et donc considérées commepartie prenante du pouvoir colonial. Onpouvait leur confier sans risque des postesdans des secteurs sensibles, comme lacensure ou la sûreté. Elles remplacèrentdes Congolais lors d’épisodes où le pouvoircolonial se sentait en danger (guerresmondiales, émeutes de 1959, moisprécédant l’indépendance). Inversement,pendant la crise économique, leur légersurcoût entraîna leur licenciement auprofit de clercs congolais.Les femmes européennes se retrouvèrentdonc à mi-chemin entre les fonctionnairesmasculins et les clercs africains, freinantl’accès de ces derniers à des postesadministratifs que le Congo indépendantallait néanmoins devoir prendre en chargepar la suite.ACor/SH34


LE TEMPS DES OCCUPATIONS. LA POLITIQUED'OCCUPATION EN EUROPE OCCIDENTALE,ENTRE DROIT ET VIOLENCES (1914-1949) ?Recherches en coursCe projet de doctorat ambitionnede réaliser une histoirecomparative des occupationsen Europe occidentale durant lapremière moitié du 20e siècle ets’inscrit dans le courant actuelde l’histoire (des histoires)transnationale(s) des conflits. Laquestion centrale réside dans lacapacité (ou dans l’impuissance)d’un occupant à discipliner unepopulation occupée. L’accentthématique est mis sur la politiquerépressive, avec une attentionparticulière sur les politiquesde représailles et d’otages. Ons’interrogera également sur lesmoyens leur ayant été consacrés etsur la manière dont l’occupant estde la sorte entré en conflit avec ledroit international (de la guerre)et les principes d’un État de droit.En matière d’historiographie, la PremièreGuerre mondiale est restée longtemps dansl’ombre de la Seconde. Ce n’est plus lecas et, désormais, les conflits mondiauxsont considérés comme des champs derecherche des plus fructueux pour lesanalyses comparatives. En outre, l’histoiredes occupations a été trop longtempsappréhendée selon une perspectivenationale. Cette recherche a pour ambitiond’élaborer une analyse transnationale surle long terme. Vu que le comportementd’un occupant est modulé par les (ré)actions des opposants ainsi que par lapratique du droit international et du droitde la guerre, la politique de répressionconstitue une excellente problématiquepour une approche transnationale. Lescas envisagés sont les suivants: (a) LaBelgique et le Luxembourg durant laPremière Guerre mondiale, de concert avecl’occupation du nord de la France durantla ‘guerre de position’; (b) les pays duRhin et de la Sarre durant l’entre-deuxguerresainsi que l’annexion des ‘Cantonsde l’Est’; (c) la Belgique, les Pays-Bas,le Luxembourg et la France pendant laSeconde Guerre mondiale; (d) le rôle de laBelgique au sein de la zone d’occupationfrançaise dans l’Allemagne d’après guerre.Le premier volet de ce projet consiste àétablir un état des lieux de l’histoire desoccupations en Europe occidentale (1914-1949) et, à partir de là, à définir destypologies d’occupation opératoires. Laprincipale caractéristique d’une occupationest son caractère provisoire. Cet élémentest souligné tant par la littératurescientifique – où le maintien ou la pertede souveraineté comme élément distinctifest utilisé pour les typologies d’occupation– que par le droit de la guerre. Pour mettrel’accent sur cet aspect, le droit de laguerre considère d’ailleurs comme crucialque les remaniements opérés à l’intérieurde l’ordre existant d’un territoire occupérestent minimes; en outre, l’occupantest perçu par ce droit comme un simpleadministrateur. La pratique montrecependant qu’il existe toujours des zonesgrises. Et ce sont ces zones grises qui sontles plus intéressantes pour la recherche.35


Le bourgmestre deBruxelles Joseph Van deMeulebroeck (en avantplan)et le secrétairegénéral du ministère dela Santé publique et duRavitaillement RaymondDelhaye reçoivent le généralallem<strong>and</strong> comm<strong>and</strong>ant lestroupes devant Bruxellesdans la cour intérieure del’Hôtel de Ville le 18 mai1940, soit le lendemain de lareddition de la ville.(<strong>CEGES</strong>, n° 33339)Les mesuresd’ordre del’occupantsont icicentrales.Le terme‘mesuresd’ordre’ estun conceptgénéralcomprenanttant lesactionsrépressives(violences à l’égard des personnes oudes biens matériels) que les actionsnormatives/idéologiques (par lesquelleson veut influencer l’image individuelle etsociétale de la population).Le deuxième volet s’appuie sur des sourcesprimaires relatives à la politique dereprésailles et d’otages. Cette politiqueest considérée comme l’expression de laradicalisation du conflit et fonctionnecomme une mise à l’épreuve de l’État dedroit.Dans un troisième volet, les deux premiersse verront entrecroisés afin de poser troisconglomérats de questions interpellant lerécit historique sur le long terme.1. Comment un occupant impose-t-ill’autorité ? Comment organise-t-ille maintien de l’ordre ? Commentl’assure-t-il – dans le cas d’un conflitarmé – par rapport à la légitimité (ou àl’illégitimité) d’une opposition armée aurégime d’occupation ?2. Quelle est l’influence du droitinternational (de la guerre), plusspécifiquement par rapport à laréalisation et l’application concrète dela ‘nécessité militaire’ ? Ce motif utilisépar les occupants jusqu’à aujourd’huia-t-il été décrit de manière claire et,par conséquent, s’est-on entendu surune définition spécifique ciblée, à savoirla modification par la contrainte d’unecertaine pratique en s’adressant auxagents qui disposent de l’autorité pourcontrôler les agissements subversifs ?3. Quels sont les changements demotivations derrière les occupationsau cours de ce demi-siècle ? Vu sur lelong terme, une logique de conquêtedynastique semble se distinguer d’unelogique ré<strong>for</strong>matrice propre au 20 e siècle(occuper pour ré<strong>for</strong>mer dans un senspolitico-institutionnel et économique).Les motivations de l’occupation sontellesréductibles à l’antagonisme‘occuper pour posséder’ ou, au contraire,‘occuper pour ré<strong>for</strong>mer’ ? Dans quellemesure cette opposition reflète-t-elleun ordre mondial changeant et desnotions de sécurité modifiées ? Ce qui,depuis la seconde moitié du 19e siècle,est mis de plus en plus explicitement àl’avant-plan comme marque d’étalonnagede l’humanisation dans la conduite dela guerre, c’est, semble-t-il, la lignede partage entre une opposition arméelégitime et illégitime, parallèlementavec les méthodes et les instrumentsde combat autorisés. La question quise pose est la suivante : que nous ditl’histoire des occupations en Europeoccidentale pendant la première moitiédu 20e siècle sur les occupations depuisla seconde moitié de ce siècle jusqu’ànos jours ?La recherche, menée par LaurencePetrone, a commencé le 1 er octobre 2012.LP36


BOSNIE ET BASTOGNE, DEUX REGARDSNOUVEAUX SUR L'HISTOIRE ET LAMÉMOIRE DE LA GUERRERecherches en coursLes recherches menées au <strong>CEGES</strong>en cette année 2012 par deuxuniversitaires désireux de bénéficierdu cadre scientifique de notreinstitution pour approfondir leurréflexion sont non seulement passionnantes,mais en outre ellesprésentent d’intéressantes similitudes.Tant l’étude de la doctoranteen théorie de l’art et des médiasYasmina Gavran kapetanovic-Redzic sur les politiques mémoriellesen Bosnie-Herzégovinecomparées au cas belge que cellede l’historien chevronné belgePeter Schrijvers sur le siège deBastogne soulignent en effet lepoids des représentations collectivessur la ou plutôt les mémoiresde la guerre. Mais alors qu’en Belgiqueet aux États-Unis, cettemémoire orientée du dernierconflit mondial a peu à peu tendanceà s’estomper, laissant espérerune reconstruction plus objectivedu passé de guerre, en Bosnieelle est sans cesse alimentée à desfins partisanes et est susceptibled’exacerber les tensions, commelors de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie entre 1992 et 1996.Politiques mémorielles etidentitaires en Bosnie-Herzégovineà l’aune du cas belgeCette étude, menée dans le cadre duprogramme doctoral interdisciplinaire del’Université des arts de Belgrade avec lesupport du <strong>CEGES</strong>, a pour but de mettre enplace une plate<strong>for</strong>me permettant la lectureet l’analyse des commémorations, à traversles <strong>for</strong>mes d’arts publics et visuels.La présente recherche examine lesmécanismes selon lesquels les divisionsidéologiques et autres, qui existaient àl’heure de la Seconde Guerre mondialesur le territoire actuel de la Belgiqueet de la Bosnie-Herzégovine, ontpersisté dans d’autres cadres sociopolitiques.Ces divisions, qui fonctionnentaujourd’hui sous des <strong>for</strong>mes légèrementdifférentes, permettent la conservationde délimitations identitaires etterritoriales différenciées. Les identitésmultiples opérant simultanément dansun espace géographique, ainsi qu’uncontexte social et politique commun,impliquent nécessairement des politiquesmémorielles et identitaires compétitives.Tout en soulignant les similitudes et lesdifférences entre les deux pays, nousessayons d’examiner ces questions depuisune perspective belge et bosnienne.En Belgique, ces politiques mémorielleset identitaires se traduisent par desfractures économiques et linguistiquesainsi que par des tensions politiques. EnBosnie-Herzégovine, elles sont du domainedes identités nationales/ethniques,confessionnelles et, présupposées,linguistiques. L’organisation fédérale despouvoirs politiques représente un pointcommun important entre les deux cas.37


l’espace public (arts visuels,mémoriaux, commémorations etautres gardiens de la mémoirecollective con<strong>for</strong>mes aux‘valeurs’ collectives en placeet marginaux) et les discourspolitiques qui contribuentde manière sous-jacente à la<strong>for</strong>mation de ces pratiques.Mostar (Bosnie-Herzégovine), 1944. Àgauche, un hôtel, à droite,un bain turc. Les rues sontremplies de soldats croateset italiens, ainsi que demembres de la jeunesseoustachie.(<strong>CEGES</strong>, n° 64812)Mais ce qui différencie <strong>for</strong>tement les deuxcontextes, ce sont les <strong>for</strong>mes extrêmes deviolence que le conflit a prises en Bosnie-Herzégovine au début des années nonanteavec l’indépendance bosnienne.La désintégration progressive de laYougoslavie et le processus d’indépendancequi l’a accompagnée ont permis le retouren <strong>for</strong>ce des fractures idéologiques quiexistaient entre 1941-1945 sur le territoireyougoslave. Les villages, hameaux et villesqui furent les scènes de crimes de guerrecontre des civils pendant la Secondeguerre mondiale, tels que Foca, Višegrad,Prijedor, Srebrenica ou Nevesinje, ont vécuà nouveau des crimes contre l’humanitécommis de façon systématique à l’encontrede ses habitants et des prisonniers deguerre. L’échelle et le degré des crimescommis entre 1992 et 1996 en Bosnie-Herzégovine ne peuvent être examinéssans prendre en compte les crimesperpétrés entre 1941 et 1945, ainsi queles cadres collectifs qui permettaient etpermettent toujours la commémoration deces mêmes crimes dans le contexte actuel.Dans cette perspective, la recherche seconcentre sur ce qui peut être considérécomme l’incarnation la plus visible deces pratiques mémorielles opposées:L’analyse se porte ainsisur l’enchevêtrement descommémorations du début dusiège de Sarajevo (6 avril 1992-29 février 1996) et de la libération deSarajevo par les partisans de Tito (6 avril1945) qui prennent place au mois d’avril etde mai de chaque année. En arrière-plan setrouve la question de la réhabilitation descollaborateurs nazis et fascistes en Serbieet en Bosnie-Herzégovine. Le contreexemplede l’histoire belge permet deporter un regard neuf sur cette questiontrès actuelle dans les Balkans.Bastogne revisité:une bataille américaineemblématique pourvue d’unenouvelle approcheReposant sur de nouveaux documentsmilitaires tirés des archives américaineset sur des sources civiles belges souventnégligées, ce projet, appuyé par le <strong>CEGES</strong>et soutenu financièrement par l’Universityof New South Wales de Sidney, en Australie,a pour but de déboucher sur un ouvrageen anglais à paraître chez Yale UniversityPress, sortant de la vision classique de labataille des Ardennes rép<strong>and</strong>ue dans lepublic anglo-saxon.Le siège de Bastogne a une significationemblématique dans la mémoire publiqueaméricaine de la Seconde Guerre mondiale.38


Pourtant, dans la littérature anglosaxonne,il a rarement été examinéde façon exhaustive et critique, del’intérieur et pour lui-même. La plupartdes chapitres ou des livres sur Bastognese concentrent presque exclusivementsur le siège jusqu’au moment où lestroupes de Patton parviennent finalementà rompre l’encerclement allem<strong>and</strong> par lesud. Ils continuent donc à suivre l’exemplede S.L.A. Marshall dans son traitementclassique du sujet, Bastogne: The Story ofthe First Eight Days, publié dès 1946. Ceprojet désire poser un regard nouveau surces huit premiers jours, en mettant aussil’accent sur les troupes afro-américaineset d’autres troupes non aéroportéessouvent négligées, présentes dans la villeassiégée. Dans le même temps, cependant,il accorde au moins autant d’attentionà la façon dont la bataille se dérouledans les semaines qui suivent l’arrivée dePatton, une phase cruciale de la bataillequi a suscité peu d’attention. Durant cessemaines, la bataille se trans<strong>for</strong>me en uneguerre d’usure qui <strong>for</strong>ce l’armée américaineà engager des troupes inexpérimentéeset des réservistes subissant des pertesextrêmement lourdes.les ‘dommages collatéraux’ et les ‘tirsamis’. C’est particulièrement le cas pource qui a trait à la guerre aérienne alliéedévastatrice dans la zone de Bastogne.De manière plus générale, ce projet apour objectif de montrer que l’écriture den’importe quelle bataille historique peut etdevrait être enrichie et rendue beaucoupplus multidimensionnelle par l’intégration,dans le récit, des sources localesdisponibles. Il a pour but de présenterun tableau plus ‘global’ de cette batailleemblématique que ce que l’on peut trouverdans les histoires anglo-américainesclassiques du siège. Il espère, en ce sens,créer un modèle d’écriture de l’histoiredes batailles en d’autres lieux et d’autrestemps, que ce soit les combats pour Ypresdans les Fl<strong>and</strong>res, le siège de Khe Sanh auVietnam ou l’assaut sur Fallujah en Irak.YR/PS/FMPlus fondamentalement, jamais dansl’historiographie anglo-américaine, laperspective belge n’a occupé une placeimportante. Ce projet vise à démontrer queles historiens populaires de la SecondeGuerre mondiale occultent trop facilementla présence de civils dans la bataille. Peutêtreagissent-ils de la sorte pour garderintacte l’image d’une guerre propre. Ouparce qu’ils ignorent l’existence d’autressources que les documents américainset/ou qu’ils sont incapables de les lire.L’utilisation de sources belges prometd’ouvrir la voie à une discussion sur dessujets potentiellement controversés commeLe lieutenant général comteEdwin von Rothkirchund Trach, comm<strong>and</strong>antgénéral du 53 e Corpsd’armée allem<strong>and</strong>, dirigeaitles troupes allem<strong>and</strong>esencerclant Bastogne. Faitprisonnier à Bitburg le 7mars 1945, il est montré iciavec un officier américain.(<strong>CEGES</strong>, n° 206433)39


PublicationsDERNIER NUMÉRO DES CHTP,PREMIERS NUMÉROS DE LANOUVELLE RBHCEn décembre 2011 est parule dernier numéro des Cahiersd’histoire du temps présent. Sixmois plus tard sortait le premiernuméro de la nouvelle Revue belged’histoire contemporaine. Celancement s’est accompagné dela présentation d’un nouveau siteweb: www.journalbelgianhistory.be. C’est le début d’une nouvelleexpérience et un nouveau défi pourle <strong>CEGES</strong>: assurer une meilleurevisibilité et une plus gr<strong>and</strong>eattractivité à l’histoire de laBelgique contemporaine.Le 24e et dernier numéro des CHTPest un numéro thématique consacré aux“professionnels du droit”. Il estintroduit par Dirk Luyten et XavierRousseaux, deux promoteurs duPôle d’attraction interuniversitaire“Histoire sociopolitique de lajustice en Belgique”. Sept jeuneschercheurs, pour la plupart associésà ce projet, ont relevé le défi etprésentent une contribution quimet en évidence l’exercice de lajustice au sens large du terme.Il y est en effet question nonseulement des magistrats, desgendarmes et des policiers, maisaussi du personnel chargé de lasurveillance, de l’éducation et dureclassement des internés. Certainesde ces fonctions ont profondémentévolué au fil du temps, conduisantà l’engagement progressif dans la voiede la professionnalisation, t<strong>and</strong>is qued’autres métiers voyaient le jour. Sur leplan chronologique, le 20e siècle estprivilégié; l’essentiel de l’attention estmême plus spécifiquement, mais pasexclusivement, porté sur les guerreset les sorties de guerre. Avec ce derniernuméro, une aventure s’achève, maisce n’est évidemment pas la fin del’histoire…En 1996, les Cahiers d’Histoire du Tempsprésent avaient vu le jour. Ils faisaientsuite aux Cahiers de la Seconde Guerremondiale. À l’époque, ce changements’insérait dans l’évolution de l’institution:le <strong>Centre</strong> de la Seconde Guerre mondialechangeait de nom, devenant le <strong>Centre</strong>d’Études et de Documentation Guerre etSociétés contemporaines, marquant ainsila volonté de l’institution de s’inscriredans une plus large perspective sociétaleet chronologique. Seize ans plus tard,c’est un nouveau changement qui touchel’ensemble de l’histoire contemporaine.En effet, les deux principales revues ontdécidé d’unir leurs <strong>for</strong>ces sous la bannièrede la nouvelle Revue belge d’Histoirecontemporaine. Créée en 1969 par feu JanD’Hondt, la RBHC était jusqu’à présentéeéditée par la Jan Dhondt Stichting. Lanouvelle Revue sera désormais éditéepar le <strong>CEGES</strong>. Les deux rédactions ontuni leurs <strong>for</strong>ces. C’est un trio composéde Bruno De Wever (Universiteit Gent),de Nico Wouters (<strong>CEGES</strong>) et de ChantalKesteloot (<strong>CEGES</strong>) qui est à la têtede la nouvelle revue. Au sein de la40


édaction, <strong>for</strong>te d’une quarantaine demembres, se trouvent des représentantsde toutes les universités belges ainsique des chercheurs spécialisés dansl’histoire contemporaine de la Belgique.Cette rédaction conduira les destinéesde la nouvelle revue pendant les quatreprochaines années.La nouvelle revue, qui bénéficie d’unclassement international de niveau A1,comprendra quatre numéros par an, dontun numéro double. C’est dans ce numéroque les lecteurs retrouveront des rubriquesissues des deux anciennes revues: lesrubriques “Doctorat”, “Débat” ainsi queles recensions. La rubrique ’Doctorat” seveut le reflet le plus large possible à lafois des recherches portant sur l’histoirede la Belgique contemporaine maisaussi des recherches menées dans lessections d’histoire contemporaine desuniversités belges. Dès lors, elle invitebien évidemment tous les jeunes docteursen histoire contemporaine à envoyerun compte rendu de leur thèse, maisaussi tous ceux qui ont à leur actif unethèse de doctorat portant sur l’histoirecontemporaine de la Belgique quelle quesoit leur discipline, ainsi que tous lesdocteurs concernés dans les universitésétrangères. Comme les anciens CHTP, lanouvelle RBHC accordera également untrès gr<strong>and</strong> intérêt à l’image considéréecomme un véritable support éditorial.L’objectif de la nouvelle revue estégalement de rencontrer le gr<strong>and</strong> défide l’internationalisation de la recherche.Chaque année, la revue comprendra unnuméro intégralement rédigé en anglais.Ce numéro permettra également de fairele point sur les gr<strong>and</strong>es tendances enmatière de recherches et de publications.Bref, une véritable vitrine pour noscontemporanéistes. Qui dit nouvelleRevue dit également nouveau site…À l’adresse www.journalbelgianhistory.be, vous trouverez toutes les actualitésliées à la revue mais égalementl’intégralité des anciens numérostant des CHTP que de la RBHC. Vousy trouverez également les consigneséditoriales pour l’ensemble des rubriques.N’hésitez pas à ajouter ce site dans vosfavoris !D’ores et déjà, le premier numérode la nouvelle RBHC est paru.Au sommaire de ce numéro,vous trouverez quatre articlesqui constituent autantde reflets des recherchesactuelles en histoire deBelgique.L’historien coréen DongkyuShin nous propose unarticle consacré à la‘grève sauvage’ à l’usineMichelin de Leeuw-Saint-Pierre en 1970. Ily est question de luttesociale et de travailleursimmigrés, de conditionsde travail et de pratiquessyndicales. L’histoiresociale est égalementprésente dans l’articlede Carmen Van Praet consacré àl’entreprise Reitz. Implantée à Merksemà partir de janvier 1941, l’usine quifabrique des uni<strong>for</strong>mes pour l’arméeallem<strong>and</strong>e, fonctionne avec un personnelpresque exclusi vement fémininmajoritairement recruté sur base de sessympathies nationales socialistes. Àtravers le portrait de cet entrepreneuratypique, c’est un pan particulier del’histoire de l’Occupation qui est mis enévidence.41


L’article de Tessa Lobbes porte sur l’apportde Leopold Flam dans le renouveaude l’enseignement de l’histoire. Entant qu’inspecteur de l’enseignementofficiel, Flam a eu à cœur d’insuffler uneautre dynamique centrée sur le présentcomme vecteur de compréhension dupassé.Enfin, la quatrième contributionprésentée par Anne-Sophie Gijs a traità la personnalité de Patrice Lumumbadurant la seconde moitié des années1950. Comment celui-ci était-il perçupar les autorités belges tant au Congoqu’en métropole et par le microcosme desgr<strong>and</strong>es entreprises ? Et surtout commenta-t-il progressivement été appréhendécomme une menace derrière laquellese profilait le spectre du communismeinternational ?donnons d’ores et déjà rendez-vous à lafin de l’année pour notre tout premiernuméro en langue anglaise, un nouveaudéfi pour la rédaction et une belle vitrineen perspective pour l’historiographie de laBelgique contemporaine.Intéressé(e) ? Vous pouvez soit souscrireun abonnement annuel, soit acquérir unnuméro en particulier. Rendez-vous à lapage http://www.journalbelgianhistory.be/fr ou envoyer un mail à la rédaction jbhadmin@cegesoma.be.CKDernières nouvelles: Le numéro 2-3de la RBHC vient de paraître. Il s’agitd’un numéro thématiqueconsacré à la mémoire de laSeconde Guerre mondiale.Les diverses contributionséclairent cette questionsur base des recherchesles plus récentes. Cettelivraison nous offreégalement un éclairage surles commémorations ducentenaire de la PremièreGuerre (à travers larubrique Débat), unaperçu des thèsesrécentes consacrées àl’histoire de la Belgiquecontemporaine etun important voletRecensions. Parailleurs, nous vous42


VILLE EN GUERRE.LA WALLONIE SOUS L'OCCUPATION,1940-1945PublicationsAprès Bruxelles et Anvers,c’est donc la Wallonie qui faitl’objet d’un volume dans la séried’ouvrages photographiquesVilles en guerre. Comme sesprédécesseurs, l’album vise àoffrir une synthèse originale del’Occupation, en confrontant plusde 220 clichés avec les différentstravaux existant sur le sujet. Ilprésente cependant la particularitéde se pencher sur le paysageurbain de toute une région,ce qui pour la Wallonie revientpratiquement à évoquer la vie dela moitié de ses habitants en cettepériode de guerre.En effet, pas moins de 124 communesd’avant les fusions, regroupant à l’époqueprès de 1.500.000 habitants, ont étéretenues pour servir de base à l’étude.Ces localités se répartissent en troisgr<strong>and</strong>s ensembles: les gr<strong>and</strong>es villes, soitCharleroi, Liège, Mons, Namur, Tournai(+ Kain) et Verviers ; 80 communesindustrielles d’au moins 5.000 habitants,comprenant celles situées en périphériede ces gr<strong>and</strong>es villes, mais aussi cellesdu <strong>Centre</strong> ainsi que Mouscron et deuxlocalités voisines ; enfin, 37 petits centresrégionaux d’au moins 2.000 habitants.Chaque type de ville est évoqué, maintesillustrations photographiques à l’appui,dans chacune des cinq gr<strong>and</strong>es partiesqui composent l’ouvrage. Celles-ciont successivement trait à l’invasion,à l’étude des rapports de <strong>for</strong>ce entrepouvoirs et contre-pouvoirs (occupant,notables, collaboration et résistance), àla vie quotidienne (travail, lutte conte lapénurie, culture et loisirs), à la montéede la violence (affrontementsbelgo-allem<strong>and</strong>s et entreWallons, bombardements),enfin aux libérations(septembre 1944, contreoffensivedes Ardennes).Première synthèse del’histoire de la Wallonie(urbaine) sous l’Occupation,l’ouvrage met l’accent, parle texte et par l’image, surla lourdeur des contraintes,le poids des tensions et lasomme des malheurs dutemps, en particulier dansles banlieues ouvrières. Maisil souligne aussi, notamment grâce à denombreux clichés réalisés en dehors de lapropag<strong>and</strong>e officielle pro-allem<strong>and</strong>e pardes photographes wallons, la volonté descitadins, souvent couronnée de succès, depréserver leur cadre de vie traditionnel.L’ouvrage, <strong>for</strong>t de 179 pages et de 223illustrations, est édité par La Renaissancedu Livre. Il est en vente au <strong>CEGES</strong> au prixde 15 euros (frais de port non compris) aulieu de 20 euros en librairie.FM43


PublicationsLA BELGIQUE ET LE DROITINTERNATIONAL DE LA GUERREAboutissement d’un projetde recherche mené au <strong>CEGES</strong>,l’ouvrage de Rik Verwaest, VanDen Haag tot Genève: België enhet internationale oorlogsrecht(1874-1950), raconte l’histoiredu rapport entre la Belgique etle droit de la guerre de 1874 ànos jours. Ce livre accessible àtous traite de l’application par laBelgique du droit de la guerre aucours d’épisodes connus et moinsconnus du passé de guerre belge:la guerre de la jungle en Afrique,la politique de terreur pendantl’occupation du bassin de la Ruhr,les prisonniers allem<strong>and</strong>s dans labataille du charbon…La Belgique joua un rôle unique dansle développement du droit de la guerrecontemporain. Comme petit pays neutre,il s’opposa fermement à la ‘guerre totale’.Les Belges militèrent pour une guerreréglementée, où les droits individuelsétaient plus importants que le droit duplus <strong>for</strong>t. Lorsque plus tard, ils durent,contre leur gré, mener eux-mêmesdes guerres, ces principes éthiques seheurtèrent souvent à la dure réalité desconflits.Le livre est le résultat d’un projet derecherche mené par l’auteur au <strong>CEGES</strong>de 2007 à 2009. La publication a puvoir le jour grâce à l’appui du pôled’attraction interuniversitaire JustHis“Histoire politique de la justice enBelgique”. Il s’agit du deuxième ouvragede la série “Justice et Société”.L’étude, publiée en 2011 par La Charteà Bruges, se compose de 299 pages.Elle peut être comm<strong>and</strong>ée au <strong>CEGES</strong>au prix de 69 euros, frais de portcompris (au lieu de 74 euros enlibrairie).DLToutes les publications peuvent être comm<strong>and</strong>ées au <strong>CEGES</strong> par courriel(lieve.maes@cegesoma.be) ou par téléphone (00 32 (0) 2 556 92 07).44


LES ANCIENS CHTPet de nombreuses autres publications à un prixdérisoire !PublicationsLa fin des CHTP et le déstockagedes réserves de livres lié auxopérations de déménagement etde réaménagement des collectionsopéré en 2012 permettent aujourd’huid’offrir pour un prix modiquepresque tous les anciens numérosdes CHTP et plusieurs publications.Ainsi, à l’exception des numéros 4 et 7,épuisés, tous les numéros des CHTPpeuvent désormais être acquis pour5 euros (frais d’envoi non compris).Pour les comm<strong>and</strong>er, il suffit de prendrecontact avec le secrétaire de rédactionde la nouvelle Revue belge d’histoirecontemporaine, Willem Erauw (willem.erauw@cegesoma.be ou 00 32 (0)2 55692 27). L’article “Les CHTP-BEG en ligne”,présent dans la sous-rubrique RBHC denotre site www.cegesoma.be (rubrique“Publications”), permet de disposerd’un aperçu complet de leur contenu.Nous attirons cependant l’attentionsur les riches numéros à thème queconstituent le n° 3 (412 p.) consacréau nationalisme, le n° 8 (457 p.) voué à“Jeunesse et société”, le n° 18 (277 p.)intitulé “Une nouvelle façon de vivre ?Les années 1970” et le n° 24 (247 p.)nommé “Les professionnels du droit”.Enfin, notons encore le volumineux n° 15(501 p.) composé d’articles réalisés parles membres de l’équipe scientifique du<strong>CEGES</strong> en hommage au premier directeurde la revue et ex-directeur du <strong>Centre</strong>alors récemment admis à la retraite, JoséGotovitch.Par ailleurs, diverses publications peuventêtre acquises pour une somme dérisoire.Il en va ainsi pour le magnifique album deAnne Cornet et Florence Gillet, Congo-Belgique 1955-1965. Entre propag<strong>and</strong>eet réalité, Bruxelles, La Renaissance duLivre/<strong>CEGES</strong>, 2010, vendu désormais auprix de 10 euros (frais de portnon compris), au lieu de 35euros. Fort de 156 pages et richede 245 illustrations, cet ouvrageaborde la période de transitiondu Congo colonial vers un Congoindépendant à travers uneanalyse critique de la productionphotographique entre 1955 et1965. Exploitant la photographiede propag<strong>and</strong>e, les albums defamille, les fonds missionnaireset de gr<strong>and</strong>es sociétés, maisaussi les collections des agencesde presse s’adressant aux Européens etproduits par eux, l’étude appréhende lecliché photographique comme une sourceà part entière et non comme une simpleillustration.Plusieurs autres publications sont à votredisposition pour 5 euros, et parfois même2,5 euros (+ frais de port). Leur liste setrouve sur le site du <strong>CEGES</strong> (article “Unesérie d’ouvrages disponibles à bas prix”).Ces ouvrages peuvent être comm<strong>and</strong>és parcourriel (lieve.maes@cegesoma.be) ou partéléphone (00 32 (0)2 556 92 07).FM45


DocumentationUN NOUVEAU DÉPÔT POUR LESCOLLECTIONS <strong>DU</strong> <strong>CEGES</strong>Conséquences pour la consultation des documentsLe nouveau dépôt Belgrade,avant le transfert descollections.Depuis le 29 mai 2012, le <strong>CEGES</strong>dispose d’un second dépôt, quilui permet de doubler sa capacitéde stockage. Sa mise en serviceautorise le <strong>Centre</strong> à envisageravec sérénité l’entreposage descollections pour les années à venir.Elle oblige par contre à établir unenouvelle procédure de consultationpour les documents qui y sontconservés.Le dépôt du <strong>CEGES</strong> installé dans les cavesdu square de l’Aviation étant saturé,l’institution a obtenu de pouvoir disposeren sus du rez-de-chaussée d’un bâtimentsitué rue de Belgrade à Forest. Que laRégie des bâtiments soit ici remerciéepour la trans<strong>for</strong>mation de cet espace enun dépôt d’archives moderne, notammentpourvu d’un système de climatisationdestiné à assurer une conservationoptimale des documents.Il a été décidé de baptiser ce lieudépôt Belgradeet d’y stocker lespériodiques, lesannuaires, lescoupures de presse,les photos, lesaffiches, le matérield’exposition, lesdocuments sonores etaudiovisuels, quelquesgros fonds d’archiveset, à l’avenir, les fondsd’archives volumineux. Ne resteront doncplus entreposés au dépôt Aviation que lesouvrages et la plupart des fonds d’archives.Contrairement aux documents conservésau square de l’Aviation, ceux entreposésau dépôt Belgrade, repérables dansle catalogue en ligne Pallas par lamention “dépôt Belgrade”, ne peuventêtre consultés dans l’heure qui suit leurcomm<strong>and</strong>e (au dépôt Aviation). Leurconsultation ne peut en effet s’effectuerqu’à partir du lundi et du jeudi matin,après réservation. Cette dernière se fait viaun bon de comm<strong>and</strong>e manuscrit disponibleau dépôt Aviation ou via un <strong>for</strong>mulaireélectronique accessible sur Pallas (encliquant sur “sur réservation” dans lesdescriptions concernées) ou sur le sitecegesoma.be. Les modalités pratiques decette réservation sont développées sur le<strong>for</strong>mulaire électronique, ainsi que dansun article intitulé “Comment consulterles documents du <strong>CEGES</strong> ?” présent sur lesite (section “In<strong>for</strong>mations pratiques”,page “Salle de lecture”). Ce dernier articlefournit en outre de plus larges explicationssur la manière d’accéder aux documents du<strong>CEGES</strong>.Il va cependant de soi que le personnelde la salle de lecture se fera un plaisir derépondre à toutes les questions que vousvous posez à propos du nouveau systèmemis en place.FM46


LES INTELLECTUELS CATHOLIQUESet bien d'autres thèmes présents dans les acquisitionsrécentes des archivesLes acquisitions ont trait auxdeux guerres mondiales etsurtout à l’après-1945.En ce qui concerne 1914-1918, signalonsla correspondance de René Gennart,officier de l’armée belge, surtout intéressanteparce que ses lettres permettentde comparer l’état d’esprit des soldats surle front de l’Yser à celui des mobilisés de1940 et des prisonniers de guerre pendantla Seconde Guerre mondiale (AA 2301).La Seconde Guerre mondiale et l’Occupationpèsent plus lourd sur le plan desacquisitions. Jean-Pierre et PhilippeLesigne, les neveux et héritiers de PierreDaye, ont versé la seconde et dernièrepartie de ses archives, dont notammentla version complète de ses mémoires,ses publications et ses albums photos.Intellectuel issu de la gr<strong>and</strong>e bourgeoisieet ancien m<strong>and</strong>ataire de Rex, Daye devientsous l’Occupation commissaire général auxSports avant de s’exiler en Argentine après1944. Ce fonds est dès lors indispensablepour étudier un type particulier d’intellectuelscatholiques de la première moitiédu 20 e siècle (AA 627).La fille de l’homme politique socialisteliégeois Georges Truffaut (1901-1942)a, quant à elle, fait don des archives‘londoniennes’ de son père. Avant d’êtreemporté par un accident, Truffaut jouaitun rôle de premier plan dans le conflit quiopposait royalistes et démocrates parmiles militaires et les hommes politiquess’étant exilés en Gr<strong>and</strong>e-Bretagne en1940 (AA 2297). Mentionnons encoreun fonds de taille modeste (deuxregistres), qui jette une lumièrecrue sur le quotidien de l’occupationallem<strong>and</strong>e: il s’agit de notificationsauprès de la Bahnhofskomm<strong>and</strong>anturII/8 (Schaerbeek ?) d’incidents surles chemins de fer belges impliquantdes militaires ou des transportsallem<strong>and</strong>s entre avril et décembre 1943(AA 2304).Les acquisitions les plus volumineusesconcernent l’après-guerre. Elles traitentautant des retombées de l’Occupationque d’aspects spécifiquement contemporainsde cette période. De feu MichelV<strong>and</strong>erborght, ancien président du Frontde l’indépendance et du musée de laRésis tance, nous est parvenue une partieimportante de ses archives personnelles.Ces archives sont incontournables pourquiconque s’intéresse au fonctionnementde ces organisations au niveau nationalet international dans l’après-guerre et cejusqu’à très récemment. Il y est questiondes milieux résistants et donc aussi del’an tifascisme et du communisme (AA2295).À l’autre bout du spectre idéologique setrouve le petit monde très particulier desanciens de la Légion Wallonie ou, selonleur terminologie, des ‘Bourguignons’.Les archives d’après guerre d’André B.fournissent des documents à leur sujet(AA 2302). Les questions de mémoire etde commémoration se trouvent au cœurdes documents versés par le ComitéPierre Daye (à gaucheà l’avant-plan en nœudpapillon), en compagniede plusieurs personnalitéspolitico-littérairesgénéralement catholiquesde la Belgique francophone(entre autres, Paul Werrie,Pierre Bourgeois, YvanLenain et, à l’extrêmedroite de la photo, PierreNothomb) et de la France(Georges Bernanos, à l’avantplan,à côté de Nothomb),19 mars 1927.(Photo <strong>CEGES</strong>)Documentation47


national belge du souvenir (dont notreancien directeur Jean Vanwelkenhuyzenfut l’un des membres) et son présidentJ.-P. Schellekens. Les documents ont étéproduits dans le cadre d’unevaste enquête lancée en 2006/7 auprèsde toutes les communes de Belgi que.Celle-ci concerne les traces (plaques,monuments, etc.) en rapport avec laSeconde Guerre mondiale. Le gr<strong>and</strong>nombre de réponses reçues permet uneanalyse quantitative d’un certain nombred’éléments (AA 2294).Sur le plan de l’histoire socio-économiquede notre pays dans la période qui suit leplan Marshall, nous sont parvenus unesérie de rapports et de procès-verbaux desréunions du conseil d’administration etdu conseil des délégués de la Fédérationdes entreprises de Belgique (FEB), entre1950 et 1957 (AA 2276). Par ailleurs,Daniël Peymans a fait don de ses archivesdocumentaires particulièrement richesconcernant le paysage fractionné del’ex trême gauche en Belgique dansles années soixante et septante. Lesbrochures, feuillets, tracts et autres documentsfournissent une image vivante desdébats idéologiques de ces années, quinous paraissent parfois aujourd’huiirréels. Les documents concernent lePC-La Voix du peuple (Grippa), le PCmarxiste-léniniste, l’Action communiste,l’Union des communistes marxistesléninistesde Belgique, Amada et d’autresgroupuscules (AA 2269). Si l’on y ajoutela documentation provenant de groupesd’extrême gauche belge versée précédemmentpar Charles van den Berg, nousdisposons donc désormais d’une collectionde plusieurs mètres linéaires sur ce sujet.Par l’intermédiaire de l’ancien responsableJ.-F. Lecocq, nous avons reçu lesarchives particulièrement étoffées del’Université de la paix sur la <strong>for</strong>mationdes objecteurs de conscience. Ce fondsest donc un ‘must’ pour toute personnesouhaitant travailler sur les objecteursde conscience, le pacifisme et l’éducationsociale après 1960 (AA 2310). Rappelonspar ailleurs que ces questions sont aussiabondamment traitées dans les archivesde Jean Van Lierde. Sur le plan purementpolitique enfin, nous avons reçu de la collectionStengers une importante collectionde tracts et de petits journaux de circonstancequi offrent un aperçu fidèle desélections nationales et communales àBruxelles entre 1975 et 1985 (AA 2278).À côté de ces fonds d’archives privés,méritent également être signalées plusieursacquisitions dans la série “Journauxpersonnels et manuscrits”. Différentsaspects de notre 20 e siècle turbulents ysont en effet abordés. Ainsi, le “Journal,1914-1915” de Raymond D’henin a traità la Première Guerre mondiale dans larégion de Menin (AB 2578). Les premierscontacts belgo-soviétiques font l’objetde “La Belgique et le Russie maximaliste(1917-1921)”, un recueil de rapports, decorrespon dance, de télégrammes et d’articlesde presse constitué en 1935 par leservice d’archives du ministère des Affairesétrangères (AB 2582). L’expérience VanZeel<strong>and</strong> est analysée en 1936 par CamilleGutt dans “Un an de gouvernement VanZeel<strong>and</strong>” (AB 2576). La campagne des18 jours est décrite avec ardeur dans“Campagne de mai 1940. 1er Régimentde Guides, 7e escadron (autos blindées).Extraits du journal de campagne” du Lt.Jack Defize (AB 2586). Le même thèmeest traité dans “Les combats de l’Escaut20-23 mai 1940” de Philippe Michiels (AB2599). Le travail volontaire en Allemagneest abordé dans le journal personnel48


de Jos De Groof évoquant la période8/1940-11/1940 (AB 2593). Enfin, lacollection s’est également accrue d’écritsrelatifs au Congo (belge). Mentionnonsnotam ment “Les journées troublées del’Indépendance à Jadotville (Katanga)Juillet 1960” par Jules de Schrevel (AB2592) et “Défense de la femme africaineet promotion rurale. 53 années de travailau Katanga” de Marceline Lonhienne (AB2589).Les derniers mois ont donc été de nouveautrès fructueux sur le plan des acquisitionsd’archives qui vont bien au-delà de laSeconde Guerre mondiale.DMLES DOSSIERS JUDICIAIRES DESDIRIGEANTS NAZIS EN BELGIQUEConsultables au <strong>CEGES</strong>Il y a quelque soixante ans, leconseil de guerre de Bruxellesjugeait les principaux responsablesallem<strong>and</strong>s en Belgique occupée.Les volumineux dossiers <strong>for</strong>mésau cours des différentes enquêtesjudiciaires menées en vue de cesprocès ont été inventoriés et sontaujourd’hui accessibles sous <strong>for</strong>menumérique dans la salle de lecturedu <strong>CEGES</strong>.Les près de 7.000 descriptions donnantaccès à 36.500 prises de vue se rapportentà Alex<strong>and</strong>er von Falkenhausen, gouverneurmilitaire de la Belgique et du Nordde la France, à Eggert Reeder, chef del’administration militaire sur le mêmeterritoire, à Karl Constantin Canaris, chefde la Sipo-SD dans le même ressort, àGeorge Franz Bertram et à Bernhardt vonClaer, Oberfeldkomm<strong>and</strong>anten successifs àLiège, ainsi qu’à Theodor Moskopf, chef del’Ersatzkomm<strong>and</strong>o Wallonien der Waffen-SS.Les documents ont principalement traità l’activité de la Militärverwaltung et dela Sipo-SD, aux rapports entre ces deuxstructures, aux mesures de représailleset aux otages, au travail obligatoire,à la déportation des Juifs, au camp deBreendonk, à la Sicherheitshaft (détentionpréventive) et à la verschärfte Vernehmung(interrogatoire ‘ren<strong>for</strong>cé’)...L’importante opération d’inventorisation etde digitalisation a pu être réalisée grâceaux moyens fournis dans le cadre de lapremière phase du plan de numérisationdu patrimoine des établissementsscientifiques fédéraux. Les cinqinventaires, au sein desquels peut s’opérerune recherche plein texte, sont, commeles images associées aux descriptionsqu’ils contiennent, consultables via unordinateur de la salle de lecture du <strong>CEGES</strong>.La législation relative à la protection dela vie privée ne permet cependant pas deplacer les documents en ligne. Il est parcontre possible de recevoir les inventairesproduits selon le st<strong>and</strong>ard EAD, moyennantl’envoi d’un courriel motivé à Gerd DeCoster (gerd.decoster@cegesoma.be) ouà Dirk Martin (dirk.martin@cegesoma.be).GDC49


DocumentationBELGIAN WAR PRESSLa presse de guerre belge accessible en <strong>for</strong>mat numériqueÀ partir du mois de décembre2012, la presse cl<strong>and</strong>estine etcensurée des deux guerres mondialessera accessible en <strong>for</strong>matnumérique. À bien des égards, ils’agit là d’un progrès considérablepour la recherche scientifique. Maisle gr<strong>and</strong> public pourra, lui aussi,faire connaissance de manièreconviviale avec l’une des sourcesles plus marquantes des deuxconflits mondiaux.Les occupations de 1914-1918 et 1940-1944 mettent un terme au régime depresse libéral qui caractérisait la Belgiquedepuis la révolution de 1830. À la place,un système de censure et de contrôleest établi: publier légalement impliquedésormais de se soumettre à la censure.Se développe par ailleurs une pressecl<strong>and</strong>estine ou illicite qui échappe à lacensure, s’oppose à l’occupant et constitueainsi une <strong>for</strong>me de résistance. Les deuxphénomènes coexistent durant la Premièreet la Seconde Guerre mondiale. Le <strong>CEGES</strong>a digitalisé la presse cl<strong>and</strong>estine etcensurée des deux conflits mondiauxgrâce à un financement obtenu dans lecadre du programme de digitalisation descollections des institutions scientifiquesfédérales du SPP Politique scientifique.L’objectif était de numériser la pressede guerre conservée sur papier ou surmicrofilm dans les centres de conservationbelges. Il ne s’agit donc pas seulementdes collections du <strong>CEGES</strong>, mais aussi decelles d’autres centres de conservation,dépendant du niveau fédéral mais aussides communautés, des communes, desprovinces ou encore d’organisationsprivées. Tous les titres et numéros ont étérassemblés et numérisés. De cette manière,un catalogue actualisé a en même tempspu être réalisé.Le <strong>CEGES</strong> a développé une interface spécifiquequi permet non seulement parcourir(digitalement) les journaux, mais aussi deprocéder à des recherches par mots-clés.Les journaux numérisés ont en effet été‘ocrisés’. Il faut toutefois noter que lesrésultats d’une telle recherche ne sontpas à 100 % fiables, en particulier pour lapresse cl<strong>and</strong>estine. La qualité du journaloriginal, les polices de caractères trèsdifférentes – parfois même les textes sontmanuscrits – laissaient en effet par foistrop à désirer. L’interface est intégrée ausite internet ‘Belgian War Press’, qui revientd’ailleurs largement sur la signification dela presse de guerre. Pour des raisons dedroits d’auteur, seule la presse cl<strong>and</strong>estineest accessible en ligne. La presse censuréepeut, elle, être consultée dans la salle delecture du <strong>CEGES</strong>.La presse de guerre: unesource précieuseLes historiens professionnels sont depuislongtemps convaincus de la gr<strong>and</strong>eimportance de la presse censurée etsurtout de la presse cl<strong>and</strong>estine pourl’étude de la guerre et de l’Occupation.Non seulement la presse cl<strong>and</strong>estine rendcompte de certains événements (parexemple, les grèves), mais en outre elle estun moyen de se profiler idéologiquement50


et de préparer l’après-guerre. Cette sources’avère également utile pour reconstituerune partie de ‘l’opinion publique’, et cemême si ce concept n’est pas sans posercertains problèmes. La presse censurées’avère, elle aussi, des plus utiles pourla recherche historique. La collaborationy est amplement documentée, c’est unesource de premier ordre pour l’étude de lapropag<strong>and</strong>e et elle s’avère aussi utile pourla connaissance de la vie quotidienne.Des in<strong>for</strong>mations sur le ravitaillement ycôtoient en effet les cours de la bourse.Pour l’historien professionnel, la valeurajoutée de la numérisation réside surtoutdans la facilité d’utilisation. Les pressescensurée et cl<strong>and</strong>estine sont dorénavantrassemblées dans un fonds unique, si bienque visiter une à une les diverses institutionsqui gèrent les collections devientsuperflu. Même pour la presse cen surée,un seul déplacement – à la salle de lecturedu <strong>CEGES</strong> – suffit désormais. L’interfacespécifique facilite la recherche et l’OCRest un progrès pourceux qui recherchentune personne ouun événementparticulier.Mais c’est surtoutpour un public denon-spécialistes quecette numérisationconstitue une avancéesignificative.La presse est eneffet une sourceprécieuse pour celuiqui veut se familiariser avec divers aspectsde l’histoire de l’Occupation: même sousla censure, un journal fournit des in<strong>for</strong>mationssur un large éventail de phénomènespolitiques, économiques et de société.Pour la presse cl<strong>and</strong>estine, s’ajoute encorel’ancrage local : nombre de ces feuillessont liées à un lieu et se révèlent dès lorsune source essentielle pour les historienslocaux.DLPage de couverture du n° 21(novembre 1942) du journalcl<strong>and</strong>estin L’Insoumis.(<strong>CEGES</strong>)Journée d'étude conscrée à la presse de guerreÀ l’occasion de la mise en ligne de la presse cl<strong>and</strong>estine des Première et SecondeGuerres mondiales, le <strong>CEGES</strong> organise le vendredi 14 décembre une journéed’étude sur la presse de guerre. La matinée sera consacrée à la présentation du siteweb spécialement conçu pour héberger les collections numérisées. Cette séanceest prioritairement destinée à la presse, aux institutions partenaires du projet età tous les utilisateurs potentiels du nouveau site web. Des terminaux seront mis àdisposition pour découvrir ce nouveau site.L’après-midi sera consacrée à une réflexion sur la presse de guerre. Elle seraintroduite par un exposé général sur l’utilisation de la presse en temps de conflit.Dans les interventions qui suivront, deux axes de réflexion seront privilégiés : d’unepart, la presse cl<strong>and</strong>estine comme instrument d’étude de thématiques variées, etd’autre part, la presse cl<strong>and</strong>estine comme outil d’histoire sociale. Le programmecomplet de la journée sera disponible sous peu sur notre site.CK51


DocumentationL’ESPACE COLONIAL,UNE NOUVELLE OUVERTURE POURLA BIBLIOTHÈQUE <strong>DU</strong> <strong>CEGES</strong> ?En 1996-1997, notre institutionchangeait à la fois d’intitulé(l’imprononçable CREHSGM semuait en suave <strong>CEGES</strong>) et demission: son champ d’investigations’étendait désormais auxconflits du ‘court 20ème siècle’(la période 1914-1991). Danscette optique, l’histoire descolonies européennes d’Afriqueet d’Asie devait y trouver naturellementsa part, depuis labien oubliée ‘guerre du Rif’(1921-1926) jusqu’aux guerresd’Indochine/Vietnam et d’Algérieen passant par celles d’Angola,du Mozambique ou par lesconvulsions du Congo belge, etc.,etc., …Petit problème: le <strong>Centre</strong>, au départ,ne devait s’intéresser qu’aux seulsimpacts du dernier conflit mondialsur notre société civile (prise dansson sens large) et, éventuellement,sur celles des pays immédiatementvoisins. Dans cette optique, faut-ille dire, la problématique colonialen’occupait qu’une place congrue, pourne pas dire anecdotique: on étaitencore bien loin, en 1967-1970, d’uneapproche scientifique des matières‘postcoloniales’.Un quart de siècle plus tard, l’air dutemps soufflant décidément dans cettedirection, la petite équipe attachée àenrichir la bibliothèque s’est ef<strong>for</strong>céede pallier les manques patents dans cesmatières et elle y est partiellement arrivéegrâce à une attention soutenue à ceniveau, mais également suite à quelquesbonnes <strong>for</strong>tunes provenant de généreuxdonateurs.Ces ef<strong>for</strong>ts doivent être poursuivis: àl’heure présente, quoique augmentéesen de notables proportions par rapportà la collection de base, nos collectionslivresques relatives à l’espace colonialcorrespondent à une honnête moyennepour une institution attachée à étudierl’histoire contemporaine. À titre indicatif,le <strong>CEGES</strong> dispose présentement de 784titres d’ouvrages relatifs au Congo/Zaïre,tant en français et en néerl<strong>and</strong>ais qu’enanglais. Nous sommes mieux pourvus pource qui est des revues et bulletins coloniauxconcernant notre ancienne colonie, certes,mais cela peut toujours sembler à bondroit très chichement mesuré, si on n’apas à l’esprit que ces documents, queces études s’intéressent pour l’essentielau Congo dans ses rapports, directsou indirects, avec les deux conflitsmondiaux ou avec les troubles liés à ladécolonisation.Il faut toutefois faire remarquer que,jusqu’il y a peu, d’autres colonieseuropéennes d’Afrique, pourtantimportantes par leur position géopolitique,étaient <strong>for</strong>t peu présentesdans notre bibliothèque ou n’étaient52


envisagées que sur le plan militarostratégiquestricto sensu. Il en allaitainsi, par exemple, pour la Libye italienne,qui pour être souvent évoquée,ne l’était qu’à travers le prisme de lacampagne d’Afrique du Nord de 1940-1943. Quant au Mozam bique et à l’Angola,possessions portu gaises très présentesdans l’actualité guerrière des années1960-1970 (et clous du cercueil du régimesalazariste !), elles brillaient par leurabsence.L’introduction très récente d’unensemble livresque important offertpar le professeur Jean-Luc Vellut estvenu corriger cette situation. Grâce àson obligeance, nous avons pu inscriredans nos collections non seulement lescontributions majeures d’Angelo delDuca sur l’éphémère empire d’Afriqueorientaleitalienne ou sur la Libyefasciste (Gli italiani in Africa Orientale,1986; Le guerre coloniali del fascismo,1991; L’Africa nella coscienza degliitaliani, 1992) mais aussi différentesrecherches sur l’‘empire lusitanien’, tantd’un point de vue scientifique (A.H. DeOliveira Marques, Histoire du Portugalet de son empire colonial, 1998) ques’inscrivant dans une vision militantetiers-mondiste et ‘progressiste’ (BelgischeKapitaalsbelangen in Portugalen zijn Kolonies, 1973). Qui mieuxest, par l’intermédiaire du professeurVellut, nous avons aussi pu disposerde plusieurs dizaines de titres se rattachantà la ‘littérature coloniale’ desannées 1920-1950 (romans, récitsde voyages, témoignages,…), trèsintéressants pour saisir ‘sur le vif’la situation socio-économique despopulations d’Afrique centrale à traversle regard de l’écrivain ou, sinon, pourpercevoir la mentalité du colonisateur.Le travail se poursuit donc, et espéronsque nous ferons encore sur notre routed’aussi heureuses rencontres.AColLa patrie (fasciste) appelleles Italiens aux armes pourla guerre d’Éthiopie, dessinde A. Beltrame pour LaDomenica del Corriere,22.09.1935. Couverture dulivre édité par Angelo delBoca, Le guerre coloniali delfascismo, Rome/Bari, 1991.53


Documentation<strong>DU</strong> NEUF DANS LA SECTION IMAGESET SONSL’année académique qui vientde s’écouler fut l’occasionpour le <strong>CEGES</strong> d’enrichir sesarchives photographiques et decompléter sa collection d’affiches.L’ef<strong>for</strong>t en vue d’améliorer encorel’accessibilité aux documentsde la section a par ailleurs étémaintenu. Petit bilan du travaileffectué…Dans la perspective des commémorationsdu centenaire du début de la PremièreGuerre mondiale en 2014, le <strong>CEGES</strong> alancé en septembre 2011 un gr<strong>and</strong> appelen vue de recueillir des photos détenuespar des particuliers. Ce projet a permisde compléter les nombreux fonds sur laPremière Guerre mondiale déjà en notrepossession. Parmi beaucoup d’autres,notons le fonds Gustave Duchesne avecplus de 300 photos prises pendant lepériple des autocanons de Brest à Zbarrazet Gladki Zborow, 145 photos de la famillePonchau sur l’armée belge, la collectionLouis Chantrenne sur le front en Fl<strong>and</strong>reet enfin le très riche fonds de la familleGreindl.Une salle à l’hôpitald’Hoogstade pendant laPremière Guerre mondiale.(<strong>CEGES</strong>, fonds FamilleGreindl, n° 531775)54


Du côté des affiches, un échange a étéréalisé avec un collectionneur allem<strong>and</strong>,Monsieur Hill, qui possède plusieursmilliers d’affiches portant sur lescinquante dernières années de l’histoireeuropéenne et plus particulièrementde l’Allemagne. Son objectif étaitnon seulement d’acquérir de nouveauxdocuments, mais également de faireconnaître sa propre collection viale réseau des institutions et centresd’archives avec lesquels il collabore.Des doubles de notre collectiond’affiches ont donc été échangéscontre des doubles de la sienne. Notrechoix s’est orienté plus particulièrementsur les thématiques suivantes :la vie culturelle, sociale et politique enAllemagne avant et après la chute dumur, la construction européenne, laguerre froide. 300 affiches ont ainsi étéacquises.sur les émissions de radio Bruxellesenregistrées par l’occupant pendant laSeconde Guerre mondiale. En échanged’un soutien scientifique et logistiqueà ses recherches, elle nous aide à enrichirl’inventaire existant.L’in<strong>for</strong>matisation ducatalogue des interviewssur la vie quotidienneen Belgique durantl’Occupation, enregistréesentre 1984 et 1998 dansle cadre d’une enquêtemenée par le professeurLory et ses étudiants, aégalement été réalisée.L’accès à ce millier detémoignages en est donc facilité.FG xxxMonsieur Hill dansson dépôt d’affiches enAllemagne.(<strong>CEGES</strong>)En termes d’accessibilité aux documentsde la section, le travail d’encodage deslégendes des photos s’est poursuivi en2011. Ont ainsi été traités les États-Unis, la Hongrie et l’Afrique du Nord.Notre bénévole, Gilbert Waeyenbergh,a clôturé l’inventori sation desphotographies de l’agence de presse Siphoconsacrées au front de l’Est. Elles sontactuellement en cours de numérisationet progressivement intégrées dans notrecatalogue in<strong>for</strong>matisé Pallas. Notrecollection d’affiches connaît elle aussiune visibilité de plus en plus importantequi conduit à un intérêt gr<strong>and</strong>issant denos lecteurs pour ce type de documents.Du côté des archives sonores, CélineRase, aspirante du FNRS aux Facultésuniversitaires Notre-Dame de la Paix àNamur, travaille depuis octobre 2011,dans le cadre de sa thèse de doctorat,55


BénévolesSTAGIAIRES ET BÉNÉVOLES ENNOMBRE CROISSANTDepuis plusieurs années, l’équipedes bénévoles croit et se rajeunit.Cette tendance est encoreren<strong>for</strong>cée par la multiplicationdes stagiaires. Au total, les unset les autres sont vingt à avoirœuvré au <strong>CEGES</strong> depuis l’été 2011.Cette évolution témoigne durenom dont jouit de plus de plusnotre institution dans les écolessupérieures et universités, et cetant à l’étranger qu’en Belgique.Sept stagiaires, issus du pays, mais aussides Pays-Bas et de France, sont venusse <strong>for</strong>mer cette année au <strong>CEGES</strong>. Ainsi,deux étudiants en archivistique de laVUB, Thomas Laureys et Margaux Tailler,ont choisi le <strong>CEGES</strong> pour y œuvrer à leurtravail de fin d’études. Le premier a établiun plan de calamités pour l’institution,alors que la seconde s’est consacrée àl’établissement d’une structure détailléepour la collection des tracts.Par ailleurs, Sebastian Rondo, étudianten histoire de l’ULB, a classé, dansle cadre d’un stage d’une dizaine dejours, les archives d’Arm<strong>and</strong> Dutry et deClémentine Dutry-Soinne relatives à laprésence belge en Gr<strong>and</strong>e-Bretagne en1940-1945 (AA 2277).En outre, Meryem Badry, étudiantebibliothécaire-documentaliste de la HauteEcole Paul-Henri Spaak de Bruxelles, a, du23 janvier au 2 mars 2012, attribué desmots-clés à environ 350 ouvrages. Du 7mai au 6 juillet 2012, Myriam Plauchu,étudiante en Métiers du livre et dupatrimoine de l’université Pierre MendèsFrance de Grenoble, a, quant à elle,intégré dans le catalogue en ligne Pallas,deux collections d’ouvrages relatives àla résistance et à la déportation héritéesde particuliers. Elle a aussi développéune réflexion écrite sur la politiqued’acquisition de la bibliothèque du <strong>CEGES</strong>entre 1970 et 1983.Enfin, deux étudiantes en histoire,Heleen Ridder, de la RijksuniversiteitGroningen, et Isabeau Delaey,dans le cadre de l’Instituut voorPublieksgeschiedenis de l’UniversiteitGent, se sont mises à la disposition dessecteurs Activités académiques et Histoirepublique, la première du 3 octobre 2011au 20 janvier 2012, et la seconde ennovembre et décembre 2011.Par ailleurs, treize bénévoles ont offertleurs services au <strong>CEGES</strong> depuis l’été 2011.Parmi ces derniers, quatre anciens ontpoursuivi les tâches entamées parfoisdepuis plusieurs années. Ainsi, GilbertWaeyenbergh a continué à classer lesclichés du fonds de l’agence de presseSipho. Il a terminé la mise en ordre desphotos du front de l’Est et a entamécelles relatives à la Gr<strong>and</strong>e-Bretagne.Ces dernières offrent la particularité deconcerner surtout les années 1930.Mania Kozyreff n’a, quant à elle, decesse de classer et d’indexer dans Pallas,les centaines de coupures de presse quiaboutissent chaque année à l’institution.56


Enfin, Pierre Brolet continue à contrôlerdes inventaires et à mettre de l’ordredans des fonds d’archives, t<strong>and</strong>is queBruno Picard s’est attelé à la descriptiondétaillée du contenu des émissions Joursde guerre radio (1990-1995), dont le<strong>CEGES</strong> possède la collection complète.Cette équipe d’anciens s’est vue ren<strong>for</strong>céeà partir de la fin 2010 par l’arrivéede l’officier de la police fédérale à laretraite Christian Vanneste. Ce derniera réalisé les inventaires des documentsde l’asbl Les Anciens Combattants del’INR (AA 2214) et des archives partiellesde l’Armée secrète de Blankenberge(AA 2251). Il travaille désormais àl’établissement d’une liste précise despièces à conviction rassemblées aulendemain de la guerre par la justice belgeau sujet du secrétaire général du ministèrede l’Agriculture Emiel De Winter, (AA1314/712, 735, 743-766).Les jeunes bénévoles offrent aussi uneaide précieuse à l’institution. Ainsi,l’historien Romain Rol<strong>and</strong> a achevé leclassement du fonds Emilie Horotte-Legros(AA 2213), traitant de la résistanceet de la déportation dans la régionliégeoise, avant de quitter le <strong>Centre</strong> enoctobre 2011. Le licencié en sciencesde la culture Nico Theunissen, présententre juin et novembre 2011, a d’abordréalisé un inventaire précis des cassettesaudio contenant les interviews des plusde 1.100 témoins rencontrés entre 1984et 1988 dans le cadre des séminairesmenés à l’UCL sur la vie quotidiennedans le Brabant wallon, le Namurois et leHainaut. Il a ensuite classé un dossier derecherche concernant les conservatoiresde musique (AA 1878), les archives dusecrétariat de la fraternelle de l’Arméesecrète de Merksem-Deuzeld-Schoten(AA 2173), un fonds relatif aux scouts àMalines (AA 1925), et enfin les archivesCinq des treize bénévolesdu <strong>CEGES</strong> actifs en 2011-2012: de gauche à droite,Gilbert Waeyenbergh, ManiaKozyreff, Tatiana Sîrbu, NicoTheunissen et Pierre Brolet.57


de la Fédération nationale des invalidesde Liège (AA 1942). Revenu au <strong>CEGES</strong> enjuin 2012, il inventorie désormais le fondsGustaaf Debelder relatif aux CRAB (AA2319). De son côté, le (futur) historienRazvan Nedelcu est sur le point d’acheverl’établissement d’une liste détaillée desarchives microfilmées en notre possessiondu gr<strong>and</strong> diplomate belge Fern<strong>and</strong>Vanlangenhove (mic 207).En outre, à partir de septembre 2011,Antoine Burgard, détenteur depuisjuin 2012 d’une maîtrise en histoire del’université de Lyon II sur l’accueil desorphelins de la Shoah et le travail socialjuif en France et en Belgique, s’est luiaussi consacré au classement d’archives.Il a d’abord achevé l’inventaire des papiersEmile Clersy traitant du syndicalisme deguerre (AA 608 et 1512), avant de selancer dans l’inventorisation du fondsde la famille Orfinger traitant de laparticipation des Juifs à la résistance(AA 2080). Il apporte aussi son aide auprogramme EHRI.Par ailleurs, Tatiana Sîrbu, historienned’origine moldave ayant défendu enjuin 2012 une thèse de doctorat surles Tsiganes de Bessarabie entre 1812et 1956, offre depuis la fin mai 2012ses compétences en russe. Elle a ainsitraduit en français un inventaire consacréaux archives relatives aux prisonniersde guerre et aux internés politiques del’URSS conservées à Moscou (BA 36.522).Elle s’occupe désormais d’octroyer desmots-clés aux centaines d’ouvragesen russe de la bibliothèque. Signalonsencore que l’étudiant en histoireStanley Kollasch a classé en juillet2012 le fonds Pierre Nothomb relatif àla neutralité du pays en 1939-1940 (AA2196).De plus, la jeune étudiante allem<strong>and</strong>eMarieke Speller, présente au <strong>CEGES</strong>entre septembre 2011 et août 2012,a poursuivi le travail de bénévolatentamé par l’Aktion SühnezeichenFriedensdienste en nos murs depuisavril 2009. Elle a notamment continuéà classer le volumineux fonds relatif auFront de l’indépendance (AA 2127) et àenquêter sur les réfugiés allem<strong>and</strong>s enBelgique dans les années 1930. Elle aaussi organisé le 6 juillet 2012 au <strong>CEGES</strong>un séminaire sur la littérature des exilésallem<strong>and</strong>s. Sa compatriote Jule Wittgrefelui a succédé à partir du 16 septembre2012.Enfin, depuis le 1er août 2012, un autregermanophone, l’autrichien MartinBangratz, œuvre comme bénévole dansl’institution. Cet étudiant en économieinternationale et administration dutravail, section marketing, de l’universitéd’Innsbrück effectue en effet son servicecivil au <strong>CEGES</strong>. Il a commencé parparticiper au classement des archiveset sera dans un proche avenir appeléà prendre part au développement denos outils de communication en ligneainsi qu’à l’organisation d’évènementsinternationaux.FM58


Les AmisUne asbl toujours aussi dynamiqueUn an déjà s’est écoulé depuis la publication des dernières nouvelles de l’asbl …Cette année aura été celle d’un renouvellement partiel du conseil d’administration del’asbl. José Gotovitch, ancien directeur du <strong>CEGES</strong> et Etienne Verhoeyen, il y a quelquesannées encore, président de l’asbl, ont décidé de se retirer. Tous deux restent néanmoinsmembres et nous profitons de ces quelques lignes pour chaleureusement les remercier !Par ailleurs, le conseil d’administration s’étoffe avec l’arrivée de Jacques Drouart etd’Alvin De Coninck.La présentation, dans lecadre de l’asbl, des premiersrésultats de l’enquêtescientifique orchestrée parle <strong>CEGES</strong> sur l’assassinatde Julien Lahaut a, commele montre cette photo,rencontré un vif succès.Jacques Drouart, ingénieur industriel à la retraite, a travaillé pendantplus de 10 ans comme bénévole pour le secteur Documentation du <strong>CEGES</strong>.Depuis 1998, il est membre de l’asbl et a d’ailleurs déjà occupé un m<strong>and</strong>atd’administrateur il y a quelques années …Alvin De Coninck, instructeur retraité du VDAB, est actif dans un mouvementpour la paix et membre de l’ACER (les Amis des Combattants en Espagnerépublicaine). Depuis le début des années 2000, il est membre de l’asbl ets’intéresse aux développements dans les deux Allemagne d’après guerre.Qu’y a-t-il eu au programme de cette année ?Le 24 janvier 2012, Laurence van Ypersele et Emmanuel Debruyneprésentaient leur ouvrage Je serai fusillé demain. Les dernières lettresdes patriotes belges et français fusillés par l’occupant, 1914-1918, untémoignage exceptionnel de l’homme face à la mort ainsi qu’un éclairage trèsparticulier sur les conceptions religieuses, civiques et familiales de l’époque.Le 9 mars 2012, un premier bilan des recherches sur l’assassinat de Julien Lahaut avaitlieu (présentation par Emmanuel Gerard, Widukind De Ridder et Françoise Muller).Le débat s’est déroulé en présence de Véronique De Keyser, Etienne Verhoeyen et RudiVan Doorslaer. Il a rassemblé la presse et un large public.Le président de l’asbl,Jacques Wynants, présenteles auteurs de l’ouvrage Jeserai fusillé demain devantun parterre une fois de plusbien garni.Le 14 mai 2012, Jos Rathé est venu présenter son ouvrage De Duitsers kwamenniet. De lotgevallen van de joodse patiënten in de Geelse Kolonie (1940-1945). Ila expliqué de façon pertinente et détaillée pourquoi les patients psychiatriques juifs59


de la colonie de Geel ne furent jamais emmenés et comment la plupart d’entre euxsurvécurent à cette période.Au début de l’année 2013, nous aurons la chance d’accueillir le journaliste AndréDartevelle, qui viendra nous parler de ses recherches sur la résistance à Watermael-Boits<strong>for</strong>t à l’occasion de la sortie de son livre sur le sujet.Nous aurons également l’opportunité de découvrir le nouveau musée de Malines,dénommé Kazerne Dossin, Mémorial, Musée et <strong>Centre</strong> de Documentation sur l’Holocausteet les Droits de l’Homme.Pour davantage d’in<strong>for</strong>mations sur l’asbl, vous pouvez contacter sa secrétaire générale,Isabelle Ponteville (02.556.92.09), ou consulter la rubrique ‘Les Amis du Ceges’ sur lesite www.cegesoma.be.IPDernières nouvellesSéminaires – Automne 2012: Aperçu du programmeMercredi 21 novembre, 14h30:Laurent Thiery (Université Lille 3): La répression: un élément central de la stratégiepolitique d’occupation dans les départements du Nord-Pas-de-CalaisMercredi 5 décembre, 14h30:Ugur Ümit Üngör (Universiteit Utrecht/NIOD): Onteigening en vernietiging: genocideen de confiscatie van Armeens bezit in 1915Mercredi 19 décembre, 14h30:Tatiana Sîrbu (ULB): La politique des “villages tsiganes” en Bessarabie sous troisadministrations : tsariste, roumaine et soviétique: 1812-1956Les séminaires se déroulent dans la salle de conférence du <strong>CEGES</strong>, à l’adresse suivante:square de l’Aviation, 29 à 1070 Bruxelles. L’accès est gratuit, mais il est dem<strong>and</strong>é des’inscrire à l’avance en téléphonant au 02/556.92.11 ou en envoyant un courriel àcegesoma@cegesoma.be.Quelques rapports sur le site du <strong>CEGES</strong>En octobre-décembre 2012, le <strong>CEGES</strong> présentera quelques nouveaux rapports: lerapport final (en français, en anglais et en espagnol) du projet “Transitional Justice.Learning from European Experiences” écrit par Luc Huyse; le rapport final “Histoireorale en Belgique” (en néerl<strong>and</strong>ais) rédigé par Nico Wouters; et le rapport final“The Liberation <strong>and</strong> the End of Belgium (1944-47)” écrit par Nico Wouters et MartinConway (le rapport du premier ‘atelier de travail académique’ du <strong>CEGES</strong>). Tous cesrapports pourront être chargés gratuitement en tant que documents pdf sur le sitedu <strong>CEGES</strong>.60


Exp. <strong>CEGES</strong> - Square de l’Aviation 29 - 1070 Bruxelles ISSN 0772 - 120 XBelgique - BelgiëP.B. - P.P.1070 Bruxelles 7BC 11568

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