La chimie et la mer92LA SURVEILLANCE EN MERDans une exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong>,comme dans une exploitation pétrolière, l’infrastructuremise en place doit être accompagnée de tout un systèmede surveillance. L’usage de capteurs, de systèmes dedétection et de régulation doit permettre de contrôler etd’assurer le bon fonctionnement <strong>des</strong> engins, <strong>des</strong> conduites,<strong>des</strong> pompes… De fait, il est indispensable de prévenirtout risque industriel pouvant avoir <strong>des</strong> conséquencesdramatiques (accidents du personnel, catastropheécologique à court ou à long terme). Les dépensessubstantielles liées à un tel système de surveillancepèseront donc de manière notable dans le chiffrage d’uneexploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>.est conditionné par <strong>des</strong> résultatsd’essais sur un pilote detraitement – qu’il reste encoreà réaliser.2.2.3. Étude économique [4]Financer les exploitationsdans un contexte mondialLes étu<strong>des</strong> Gemonod se sontdéroulées dans un contexteoù l’intervention de l’Étatfrançais dans les domaineshautement stratégiquesétait habituelle. C’est ainsique les coûts de développement,incluant la constructiononéreuse du pilote, étaientpris en charge par celui-ci. Sil’investissement important del’État a permis de fonder <strong>des</strong>politiques à long terme danscertaines filières telles que lenucléaire ou l’aéronautique, ilest maintenant inimaginablequ’un tel soutien interviennepour un investissement minier.D’ailleurs, les conditions de laconcurrence au niveau européenne le permettraient sansdoute pas. En conséquence,d’une part cet investissementpèsera sur la rentabilité; d’autre part, et surtout,le risque sera entièrementassumé par <strong>des</strong> investisseursprivés, ce qui implique que lamarge bénéficiaire dégagéedevra être sensiblement plussubstantielle afin de justifierl’exploitation.De plus, ces étu<strong>des</strong> de coûtsavaient été effectuées dansle contexte économique<strong>des</strong> gran<strong>des</strong> puissances del’époque, à savoir l’Europe,les États-Unis et le Japon.Par exemple, en France, ilétait prévu de transporterles <strong>nodules</strong> par minéraliersjusqu’en métropole, car onconsidérait au moment del’étude que l’énergie nucléaireapporterait un avantagefinancier pour l’économie duprocédé. Mais, dès le début<strong>des</strong> années 1980, les premierséléments de la montée enpuissance de pays émergentstels que la Chine, l’Inde et leBrésil étaient perceptibles,et à l’heure actuelle, il estvraisemblable que l’exploitationsoit assurée, totalementou partiellement, par cespays très consommateurs demétaux et qui suivent <strong>des</strong> politiquesénergétiques différentes(charbon, hydraulique...).Estimations <strong>des</strong> coûtsd’exploitation : investissementet fonctionnementLa justesse <strong>des</strong> hypothèsesfaites il y a vingt ans estincontestée. Aujourd’hui, ladifficulté est de les actualisersans étude technologiquenouvelle, et en tenant comptede nouveaux facteurs tels quel’impact environnemental.Pour simplifier le problème,on peut obtenir une évaluationcrédible en se basant sur unindice global. L’indice choisiest le Producer Price Index <strong>des</strong>États-Unis, et particulièrementle Total Manufacturing Industries,lequel a progressé d’environ50 % entre 1988 et 2007,
mais de manière hétérogène :ainsi les métaux primaires ontaugmenté de 70 % mais leséquipements électriques de18 % seulement. On retiendraune augmentation de 50 %qui apparaît assez conservatoire(Figure 18) 6 .L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>est-elle rentable ? Analysesur les matières premièresLes <strong>nodules</strong> sont-ils une sourcede métaux rentable ? Rappelonsla production annuellede métaux sur 1,5 millions detonnes de <strong>nodules</strong> ramassés :manganèse (382 000 tonnes),nickel (19 700 tonnes), cuivre(17 800 tonnes) et cobalt(3 500 tonnes).L’étude Gemonod avait établi<strong>des</strong> projections à quinzeans sur le cours <strong>des</strong> métaux(Figure 20), projections quisemblent être relativementen accord avec la situationconstatée actuellement. Ceciest en grande partie dû à uneprise en compte de la fortecroissance <strong>des</strong> grands paysémergents : la Chine, l’Inde etle Brésil. Analyse pour chaquemétal…Le manganèseLe manganèse est le métal leplus abondamment extrait <strong>des</strong><strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong>.Investissement(M$)Ramassage Transport Traitement Total450 + 90 7 300 654 1 404+ 90Charge 8 (M$/an) 48 26 53 127Coûts operatoires(M$/an)Coût total M$/an(%)Par tonne denodule ($/t)81 48 233 362129(27 %)La production mondiale de cemétal, 7 en 8 2005, avait atteint11,8 millions de tonnes 9 (dont40 % par la Chine) – chiffreproposé par les étu<strong>des</strong>Gemonod – et, de manièreintéressante, 60 % de cemanganèse correspond à duferrosilicomanganèse, formequi serait issue <strong>des</strong> <strong>nodules</strong>.Son cours moyen sur 2005-2006, qui s’élève à 0,85 $ kg,est même supérieur auxestimations de Gemonod, quiétaient à 0,65 $/kg.74(15 %)Figure 18286(58 %)489326Coûts d’exploitation : ramassagetransport-traitement.L’exploitation <strong>des</strong> <strong>nodules</strong> <strong>polymétalliques</strong> : utopie ou réalités ?6. Évidemment certains coûtspeuvent augmenter beaucoup pluspour <strong>des</strong> raisons conjoncturelles :ainsi le coût journalier <strong>des</strong>plateformes de forage aénormément augmenté cesdernières années puisqu’il atteintactuellement 500 000 $/ jour, soitcinq fois plus qu’il y a quelquesannées !7. Coût du pilote.8. Les hypothèses du financementsont 50 % sur fonds propres, 50 %sur emprunts à 7,5 %.9. Source : Institut internationaldu manganèse. Cette productioncorrespond à 34 millions detonnes de minerai.93