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Hypercalcémie (avec le traitement)

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44Item 319Hypercalcémie(<strong>avec</strong> <strong>le</strong> <strong>traitement</strong>)Objectifs pédagogiquesENCDevant une hypercalcémie, argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s hypothèses diagnostiques etjustifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents.Identifier <strong>le</strong>s situations d'urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.COFERConnaître la définition biologique d’une hypercalcémie et connaître <strong>le</strong>s signescliniques d’hypercalcémie.Connaître <strong>le</strong>s complications des hypercalcémies majeures et connaître <strong>le</strong>s principesdu <strong>traitement</strong> d’urgence d’une hypercalcémie.Connaître <strong>le</strong> bilan paraclinique à effectuer devant une hypercalcémie (démarchediagnostique et thérapeutique).Connaître <strong>le</strong>s étiologies des hypercalcémies.Connaître <strong>le</strong>s manifestations cliniques et radiologiques de l’hyperparathyroïdie(HPTH), savoir la diagnostiquer et connaître ses principes de <strong>traitement</strong>.DÉFINITION BIOLOGIQUE D’UNE HYPERCALCÉMIELe calcium sérique est régulé de manière étroite, sa va<strong>le</strong>ur est très stab<strong>le</strong> et estcomprise entre 2,2 à 2,6 μmol/L (selon <strong>le</strong>s normes de chaque laboratoire).Deux formes de calcium existent dans <strong>le</strong> sang :– <strong>le</strong> calcium total : fortement comp<strong>le</strong>xé aux protéines pour 40 %, son tauxest influencé par :


– des dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s pseudochirurgica<strong>le</strong>s et vomissements,– des troub<strong>le</strong>s du rythme et de la conduction cardiaque.Signes biologiques associésCe sont :– une calcémie généra<strong>le</strong>ment > 3,5 μmol/L ;– une déshydratation extracellulaire (hyperprotidémie, élévation del’hématocrite) ;– une alcalose métabolique (à l’exception de l’insuffisance réna<strong>le</strong> chroniqueou de l’hyperparathyroïdie) ;– une hypochlorémie et une hypokaliémie.Hospitalisation immédiateLe <strong>traitement</strong> d’urgence s’impose (<strong>le</strong> second dosage de confirmation ne retarderaaucunement celui-ci). Il comporte <strong>le</strong>s mesures suivantes :– arrêt des <strong>traitement</strong>s potentialisateurs :• digitaliques,• alcalins,• calcium et vitamine D,• diurétiques et hypokaliémiants ;– perfusion intraveineuse pour équilibration hydroé<strong>le</strong>ctrolytique :• sérum salé isotonique NaCl 9 ‰, 3 à 6 litres/24h (adapté à ladéshydratation et en surveillant étroitement la diurèse),• utilisation concomitante de furosémide à la dose de 40 à 60 mg/j, quis’effectue après réhydratation et en l’absence de protéinesmonoclona<strong>le</strong>s urinaires (risque de tubulopathie). Son utilisationprésente un intérêt surtout s’il existe une insuffisance réna<strong>le</strong>fonctionnel<strong>le</strong> ou une insuffisance cardiaque associée ;– blocage de la résorption osseuse par :• calcitonine 5 unités/kg/jour en 3 injections (IV, IM ou SC) ou enperfusion continue dans <strong>le</strong>s 24 premières heures, puis en adaptant ladose à la va<strong>le</strong>ur de la calcémie. L’effet est rapide en quelques heures,mais la tolérance est souvent médiocre,• première administration IV immédiate d’un bisphosphonate(pamidronate, zolédronate, clodronate). La dose est adaptée à lafonction réna<strong>le</strong> et à la calcémie. L’action est plus <strong>le</strong>nte que cel<strong>le</strong> de lacalcitonine mais plus durab<strong>le</strong>.Si <strong>le</strong> pronostic vital est engagé, peuvent être utilisés en unité de soins intensifs :


– un volume de perfusion supérieur à 6 l/24h <strong>avec</strong> monitorage de la fonctioncardiaque ;– furosémide à forte dose ;– éventuel<strong>le</strong>ment, épuration extraréna<strong>le</strong> (dialyse péritonéa<strong>le</strong> ou hémodialyse).BILAN PARACLINIQUE À EFFECTUER DEVANT UNEHYPERCALCÉMIEDes examens complémentaires simp<strong>le</strong>s sont nécessaires :– bilan phosphocalcique sanguin et urinaire (calcémie, phosphorémie,phosphatases alcalines, calciurie, phosphaturie, créatininurie des 24 h) ;– hémogramme et plaquettes ;– VS, CRP ;– bilan é<strong>le</strong>ctrolytique et créatininémie ;– é<strong>le</strong>ctrophorèse des protides sériques, immunoé<strong>le</strong>ctrophorèse des protidesurinaires ;– parathormone et 25 0H D3 ;– radiographie de thorax ;– ECG, surtout si hypercalcémie majeure ou <strong>traitement</strong> potentialisateur.Ce bilan de base oriente vers <strong>le</strong>s deux étiologies <strong>le</strong>s plus fréquentes, hypercalcémiemaligne et l’hyperparathyroïdie, et fournira <strong>le</strong>s éléments d’orientation indispensab<strong>le</strong>spour <strong>le</strong>s étiologies plus rares.Les examens d’imagerie, radiographies osseuses et scintigraphie osseuse, serontdiscutés en fonction des points d’appel cliniques.ÉTIOLOGIE DES HYPERCALCÉMIESLorsque l’hypercalcémie est symptomatique et sévère, l’enquête étiologique ne doitpas retarder la mise en route du <strong>traitement</strong>. L’enquête étiologique débute parl’interrogatoire et l’examen clinique :– recherche de prise médicamenteuse, d’antécédent de néoplasie, d’altérationde l’état général, de dou<strong>le</strong>ur osseuse, etc. ;– palpation des seins et des aires ganglionnaires, recherche d’organomégalie,recherche de foyers douloureux osseux, etc.Affections néoplasiques (50 %)Métastases osseusesL’hypercalcémie est souvent symptomatique en raison de sa rapidité d’installation.


20 % des patients ayant des métastases osseuses ont une hypercalcémie.L’hypercalcémie est révélatrice de la tumeur métastatique (rare) ou apparaît au coursde l’évolution d’une néoplasie connue : essentiel<strong>le</strong>ment cancers mammaires (30 %),pulmonaires (30 %), et rénaux, etc. (cf. chapitre 23).Myélome osseuxLors du myélome, l’hypercalcémie est présente dans environ 30 % des cas et estsouvent aggravée par une atteinte réna<strong>le</strong> myélomateuse (cf. chapitre 24).Autres hémopathies (plus rares)Lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens, et autres hémopathies essentiel<strong>le</strong>menten acutisation.Hypercalcémie humora<strong>le</strong> maligneL’hypercalcémie est liée à l’existence d’une tumeur maligne libérant un facteurhypercalcémiant dans la circulation généra<strong>le</strong>. Il s’agit d’une hormone peptidique, laPTH rp (PTH related peptide) apparentée à la PTH et ayant la même activitébiologique. Ce syndrome survient <strong>le</strong> plus souvent en l’absence de métastaseostéolytique. Le cancer est <strong>le</strong> plus souvent pulmonaire, oesophagien, utérin, cutanéou glandulaire (rein, vessie, ovaire).Hyperparathyroïdie primitive (40 %)L’hyperparathyroïdie primitive est une sécrétion de parathormone PTH inadaptée à lava<strong>le</strong>ur de la calcémie.Il existe alors une augmentation de l’absorption intestina<strong>le</strong> du calcium, uneaugmentation de la réabsorption tubulaire réna<strong>le</strong> du calcium, une diminution de laréabsorption tubulaire réna<strong>le</strong> du phosphore et une augmentation de la résorptionosseuse.Le profil biologique associe typiquement :– hypercalcémie fluctuante, souvent modérée mais évoluant depuis plusieursmois ou années ;– hypercalciurie moins importante que ne <strong>le</strong> voudrait la calcémie ;– hypophosphorémie (dans 2/3 des cas) ;– diminution du taux de réabsorption du phosphore ;– acidose métabolique <strong>avec</strong> hyperchlorémie ;– PTH augmentée (dans 90 % des cas) ou bien un taux de PTH inappropriéen regard de la va<strong>le</strong>ur de la calcémie.


Manifestations cliniquesLe plus souvent, il n’y a aucune manifestation clinique (hypercalcémie de découvertefortuite).Manifestations osseusesCes formes osseuses sont rares actuel<strong>le</strong>ment en raison de la découverte fréquentede l’hypercalcémie sur un ionogramme sanguin :– dou<strong>le</strong>ur osseuse mécanique dans <strong>le</strong>s zones portantes (bassin, rachislombaire) ;– fracture osseuse spontanée (cols fémoraux) ;– ostéite fibrokystique de Von Recklinghausen (tuméfactions, déformationsosseuses des tibias, des avant-bras ou des mâchoires, résorption de l’osalvéolaire <strong>avec</strong> chute des dents).Les signes radiologiques ne s’observent que dans <strong>le</strong>s formes anciennes :– cortica<strong>le</strong>s amincies et festonnées, résorption sous-périostée des phalanges,– érosion des houppes phalangiennes (aspect sucé),– aspect granu<strong>le</strong>ux du crâne, résorption de l’os alvéolaire,– tumeurs osseuses lytiques soufflantes (rares, appelées tumeurs brunes) etgéodes ovalaires dessiminées (ostéite fibrokystique).L’ostéodensitométrie est uti<strong>le</strong> pour évaluer <strong>le</strong> retentissement osseux del’hyperparathyroïdie en sites osseux trabéculaires (rachis lombaire et fémur) et ensite cortical (radius).Manifestations extra-osseusesCe sont <strong>le</strong>s suivantes :– lithiase réna<strong>le</strong> bilatéra<strong>le</strong> <strong>avec</strong> néphrocalcinose ;– ulcère gastro-duodénal ;– pancréatite calcifiante aiguë ;– hypertension artériel<strong>le</strong> ;– chondrocalcinose articulaire ;– manifestations de l’hypercalcémie chronique.Étiologie de l’hyperparathyroïdie primitiveL’incidence annuel<strong>le</strong> de la maladie est d’environ 30 cas pour 100 000 personnes,<strong>avec</strong> une prédominace féminine (sex-ratio femmes/hommes de 2 à 3) et un âgemoyen de 60 ans lors du diagnostic.L’hyperparathyroïdie primitive est liée à :


– un adénome parathyroïdien (90 % des cas), <strong>le</strong> plus souvent unique et delocalisation cervica<strong>le</strong> mais parfois multip<strong>le</strong> et ectopique (notammentmédiastinal). Dans de très rares cas, l’adénome peut s’intégrer dans uneneuro-endocrinopathie multip<strong>le</strong> (NEM). Il s’agit de la NEM de type 1(hyperparathyroïdie, tumeur hypophysaire, tumeur du pancréas, detransmission autosomique dominante) ou de la NEM de type 2A (carcinomemédullaire de la thyroïde, hyperparathyroïdie, phéochromocytome) ;– une hyperplasie diffuse des 4 glandes parathyroïdiennes (environ 10 à 15 %des cas) ;– un carcinome parathyroïdien (< 5%).Comment mettre en évidence l’adénome ou l’hyperplasie ?Les examens localisant l’adénome ou identifiant l’hyperplasie sont nécessaires pourguider la décision chirurgica<strong>le</strong>. Il s’agit de :– l’échographie cervica<strong>le</strong> (sensibilité 50 % en fonction de l’opérateur, de lalocalisation et du volume ; spécificité 93 %) ;– la scintigraphie au MIBI (1-méthoxy isobuty<strong>le</strong> isonitri<strong>le</strong>) qui fixe de façonassez spécifique <strong>le</strong> tissu parathyroïdien mais dont la sensibilité est de 79 %,particulièrement intéressante pour <strong>le</strong>s localisations ectopiques ;– l’IRM cervica<strong>le</strong> diffici<strong>le</strong> d’interprétation, uti<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s localisationsectopiques ;– <strong>le</strong> scanner cervical en coupes fines (spécificité 90 %, sensibilité 30 %).Deux examens concordants (habituel<strong>le</strong>ment échographie et scintigraphie au MIBI)sont nécessaires au chirurgien.TraitementLe <strong>traitement</strong> repose essentiel<strong>le</strong>ment sur la chirurgie. En l’absence de chirurgie, <strong>le</strong>slésions osseuses s’aggravent.CHIRURGIEIl s’agit classiquement d’une cervicotomie exploratrice <strong>avec</strong> contrô<strong>le</strong> des 4 glandes.Toutefois, la concordance de l’échographie et de la scintigraphie en faveur d’unadénome autorise l’exploration de la seu<strong>le</strong> glande suspecte et son exérèse sousanesthésie loca<strong>le</strong>.En cas d’hyperplasie, la cervicotomie permet une exérèse subtota<strong>le</strong> (3 glandesparathyroïdiennes sur 4).Au décours immédiat de l’intervention chirurgica<strong>le</strong>, il est absolument nécessaire decontrô<strong>le</strong>r la normalisation de la calcémie. Parfois une hypocalcémie survient qui peutêtre symptomatique et dont la durée est variab<strong>le</strong>.


ABSTENTION CHIRURGICALEChez <strong>le</strong> sujet très âgé ou ayant une contre-indication chirurgica<strong>le</strong>, ou lorsquel’hyperparathyroïdie est asymptomatique et sans retentissement osseux (masseosseuse norma<strong>le</strong> au rachis lombaire, au fémur et au radius distal), une simp<strong>le</strong>surveillance peut être instituée. Cette surveillance repose sur <strong>le</strong> dosage de lacalcémie tous <strong>le</strong>s 6 mois et sur l’ostéodensitométrie aux trois sites tous <strong>le</strong>s ans.TRAITEMENT PAR BISPHOSPHONATESSi la chirurgie n’est pas réalisab<strong>le</strong>, un <strong>traitement</strong> par bisphosphonate peut abaisser lacalcémie et prévenir la perte osseuse.Diagnostic différentiel de l’hyperparathyroïdie primitive– Hyperparathyroïdie secondaire à une hypocalcémie chronique(ostéomalacie par carence en vitamine D, insuffisance réna<strong>le</strong> chronique). Laréponse parathyroïdienne est alors physiologique <strong>avec</strong> augmentation devolume des 4 glandes.– Hyperparathyroïdie tertiaire : si el<strong>le</strong> n’est pas traitée, l’hyperplasiesecondaire des parathyroïdes peut « s’autonomiser » <strong>avec</strong> constitution d’unadénome.– Hypercalcémie humora<strong>le</strong> maligne (sécrétion de PTHrp : profil biologiqueidentique mais PTH effondrée, cf. supra).Autres étiologies (< 10 %)MédicamenteusesDevant une hypercalcémie, il faut regarder systématiquement la liste desmédicaments reçus : intoxication par la vitamine D (hypervitaminose D), rétinoïdesutilisés en dermatologie (hypervitaminose A), prise de lithium (action directe sur <strong>le</strong>sparathyroïdes) ou de diurétiques thiazidiques.GranulomatosesIl s’agit de la production extraréna<strong>le</strong> par <strong>le</strong> granulome de 1,25 dihydroxyvitamine D3,non soumise à une régulation physiologique et observée au cours de la sarcoïdose(hypercalcémie <strong>avec</strong> normophosphorémie) (cf. chapitre 21), de la tuberculose, de lalèpre, de l’histoplasmose, de la bérylliose, etc.


Syndrome du lait et des alcalinsDevenu rarissime depuis l’avènement des inhibiteurs de la pompe à protons, ilrésultait du <strong>traitement</strong> massif de l’ulcère gastroduodénal par des sels alcalins decalcium ou par du lait, responsab<strong>le</strong>s, dans la forme chronique, du syndrome deBurnett et de certaines formes aigues d’hypercalcémie (syndrome de Coppe).Hypercalcémies d’immobilisationIl s’agit d’une hypercalcémie et, plus souvent, d’une hypercalciurie survenant lors descomas prolongés ou chez <strong>le</strong>s patients paraplégiques. El<strong>le</strong> est souvent aggravée parla nutrition parentéra<strong>le</strong> exclusive. Cette hypercalcémie est résolutive à laverticalisation. En cas d’impossibilité de verticalisation, on peut utiliser un <strong>traitement</strong>par bisphosphonates.Hypercalcémies endocriniennes (en dehors de l’hyperparathyroïdieprimitive, cf. supra)– Neuroendocrinopathies multip<strong>le</strong>s.– Hyperthyroïdie, surtout chez <strong>le</strong> malade âgé.– Insuffisance surrénalienne aiguë.– Phéochromocytome isolé ou acromégalie.Insuffisance réna<strong>le</strong> chroniqueL’insuffisance réna<strong>le</strong> chronique peut être responsab<strong>le</strong> d’hypercalcémie par :– hyperparathyroïdie tertiaire,– utilisation de carbonate de calcium à forte dose, comme chélateur duphosphore,– erreur de bain de dialyse (rare actuel<strong>le</strong>ment).Points clés• L’hypercalcémie est définie par un calcium total supérieur à 2,6 μmol/L.• L’hypercalcémie majeure (> 3,5 μmol/L) peut engager <strong>le</strong> pronostic vital et doit être traitéeen urgence (réhydratation, calcitonine et bisphosphonate).• La présentation clinique de l’hypercalcémie est très trompeuse et polymorphe.• Toute hypercalcémie (même de découverte fortuite) doit être explorée.• Les deux grandes causes d’hypercalcémies sont <strong>le</strong>s affections malignes (métastases etmyélome) et l’hyperparathyroïdie primitive.• Le <strong>traitement</strong> de l’hyperparathyroïdie primitive est chirurgical.

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