589-(03) Ch. Eggers - Mémorial de la Shoah

58 LE MONDE JUIFles transferts d’internés du Vernet. Du camp des Milles, on a plusieursfois, par mesure de punition, envoyé des internés à la prison d’Aix-en-Provence. La prison de Castres (Tarn) a servi de lieu de détention pourinternés en instance d’extradition vers la zone occupée. Ainsi, en août1942, Franz Dahlem et Heinrich Rau, futurs dirigeants de la RDA,ainsi que d’autres communistes allemands auparavant internés auVernet sont livrés à la Gestapo, après avoir passé dix mois à la prisonde Castres. Il y a même eu des cas où des internés ont été transférésdans un premier temps dans les camps d’Afrique du Nord, puis renvoyésà Castres pour ensuite être livrés aux Allemands. Ainsi, enoctobre 1942, deux communistes allemands, anciens du Vernet, sonttransférés du camp de Djelfa à Castres pour être envoyés en Allemagneun mois plus tard, après l’occupation de la zone sud. L’un desdeux, Kurt Granzow, sera décapité le 10 septembre 1943. Par ailleurs,la prison de Castres a également été utilisée en avril 1941 pour punirdes meneurs d’une révolte contre les transferts en Afrique du Nord aucamp de St-Sulpice-la-Pointe. 112On constate également un certain nombre de transferts dans leslieux en dehors du système à proprement parler, sans que les personnesconcernées perdent pour autant leur statut de prisonnier civil.En premier lieu il faut y citer les hôpitaux situés au voisinage des lieuxde détention. L’internement rend malade, et l’administration a quelquefoisbesoin de se décharger rapidement de grands malades dont lemaintien derrière les barbelés risque de porter atteinte à l’ordre dansle camp. C’est le camp le plus dur, celui du Vernet, qui semble avoirenvoyé ses malades dans le plus grand nombre d’hôpitaux : dansl’Ariège, les hôpitaux de Tarascon-sur-Ariège, Foix, Lavelanet,Pamiers (1941-1942), ainsi que l’hospice de St-Lizier ont accueilli plusou moins souvent des internés gravement malades du Vernet. Différentshôpitaux d’Aix-en-Provence et de Marseille ont régulièrement étéutilisés pour y envoyer des internés des Milles et des GTE de la région.Dans le département de la Haute-Garonne, l’hôpital de St-Gaudens aservi pour y hospitaliser des internés de Noé et du GTE 513 au Fauga,et l’Hôtel-Dieu de Toulouse pour des internés de Noé, du Récébédou etdu Vernet. Des femmes internées à Rieucros ont été soignées à l’hôpitalde Mende (Lozère), et celui de Pau a fréquemment accueilli desinternés de Gurs. Mais l’internement ne faisait pas seulement perdrela santé physique. Les asiles d’aliénés de Lannemezan (Haute-Garonne) et de Limoux (Aude) ont régulièrement servi pour l’hospitalisationd’internés de plusieurs camps. Laharie, qui s’appuie surl’exploitation du fichier de Gurs, indique le chiffre de 255 internésenvoyés entre 1940 et 1944 dans le seul asile de Lannemezan. 113 Supposerdes conventions entre l’administration des camps et certainshôpitaux serait pure spéculation. Est-ce que certains hôpitaux ont tenucompte des préoccupations des services des préfectures et des camps