589-(03) Ch. Eggers - Mémorial de la Shoah

LE TEMPS DES “INDÉSIRABLES” 53leur fonction. Dans la mesure où les autorités considèrent les transféréscomme des internés, on est obligé de mentionner ces lieux dans lecadre d’une vue globale du système, d’autant plus que des personnesont été déportées à partir de certains d’entre eux.Centres des organisations d’assistanceNous ne pouvons pas entrer ici dans la discussion sur le bien-fondédes choix des organisations d’assistance engagées dans les camps etqui ont joué jusqu’au bout le jeu du légalisme et de la coopération avecles autorités. Retenons seulement qu’une fois les organisations engagéesau sein du système, leur départ des camps aurait sans aucundoute causé la mort quasi-immédiate de centaines d’internés. Cela arendu leur retrait impossible. Dans le cadre de cette démarche, certainesorganisations ont été amenées à des arrangements avec lesautorités qui avaient pour but de sortir des internés des camps, sanspour autant faire une demande formelle de libération, procédure lenteet incertaine. Ainsi sont nés des lieux d’un type quelque peu bâtard, oùles organisations d’assistance se chargeaient de l’entretien matériel,alors que les autorités exerçaient un contrôle. Une première fois de telsarrangements avaient déjà eu lieu fin 1940. Il faut notamment mentionnerle camp de Brens, géré par “l’Union de Bienfaisance desŒuvres israélites d’assistance” à Toulouse, mais gardé par la préfecturede la Haute-Garonne. Par la suite, Brens avait été fermé et leshabitants, souvent envoyés par le Comité Toulousain et venus sansméfiance, avaient été transférés à Gurs et Rivesaltes. A partir de début1941 les autorités s’étaient réservé la totalité de la charge de gestiondes camps et avaient essayé de tenir compte de considérations humanitaires.Les camps-hôpitaux et Rivesaltes sont l’expression de cettedémarche qui s’est soldée par un échec.Dans un certain nombre de cas, des centres existants, gérés par uneœuvre, ont été récupérés par l’Etat. Cela avait été le cas de Brens, crééen octobre 1940 comme centre d’accueil d’une œuvre philanthropiquejuive et repris trois mois plus tard par les services du ministère del’Intérieur. Ce fut également le cas de Noé et du Récébédou. Dans lestrois cas, le fonctionnement “mixte” des centres n’a pas excédé quelquesmois, mais il existe au moins un autre exemple d’un centre qui afonctionné pendant une année sur la base d’un tel arrangement.Depuis 1940, le “Comité d’assistance aux Réfugiés” (CAR) gère à Marseilleun ancien hôtel, “Le Levant”, où il loge sous contrôle policier desréfugiées qui généralement sont en train d’entreprendre des démarchesen vue de leur émigration aux Etats-Unis. Initialement, le statutde toutes les femmes logées au Levant est celui d’“étrangère libre”.Mais en septembre 1941 le CAR met à la disposition des autorités50 places au Levant pour y loger des personnes que les autorités appel-