589-(03) Ch. Eggers - Mémorial de la Shoah

LE TEMPS DES “INDÉSIRABLES” 49nées), fort apprécié des organisations de secours, fait en juin 1942 desremarques en ce sens au délégué du Comité de Nîmes qui vient inspecterle camp. A ses dires, une centaine de ses hommes seraient susceptiblesde regroupement familial. A part des promesses gratuites, leSSE, pourtant représenté par une assistante sociale auprès du groupe,n’aurait rien fait pour eux. 97 Dès le mois de mars 1942, Georges Picard,devant le Comité de Nîmes (et en présence de représentants de Vichy),réclame au nom de la commission des travailleurs étrangers “unerefonte complète du Service Social des Formations d’Etrangers [….] CeService devrait être composé de personnes compétentes et qualifiées,animées du seul souci du bien-être matériel, moral et social, des travailleurset de leurs familles.” 98 Son successeur comme secrétairegénéral de la Commission des Camps (transformée en 5 e direction, 3 esection de l’UGIF sud), Edgard H. Dreyfus, écrit en été 1943 à proposdu transfert de tous les vieillards des camps dans des hospices :“Le transfert doit se faire très rapidement, mais sous le contrôle duService Social des Etrangers et le seul retard qu’il pourrait y avoirserait imputable à ce service administratif dont les rouages nousparaissent très souvent un peu rouillés.” 99Il n’y a pas lieu ici de porter un jugement sur le SSE par-delà cescitations. La bonne volonté et l’idéalisme de ceux qui l’ont animé nesont pas en cause. Il apparaît néanmoins comme un exemple typiquede la démarche de Vichy qui vise à faire des “bons camps”. C’est l’acceptationdes centres spéciaux pour des groupes définis, d’étrangers oud’autres, qui distingue fondamentalement sa démarche de celle desorganisations groupées au sein du comité de Nîmes. Certes, ses centresétaient des lieux plus supportables que Gurs ou Rivesaltes. Le régimey était plus libéral, on était mieux logé et généralement mieux nourri.Mais on y était privé de sa liberté de mouvement, et sans papiers, cequi rendait quasiment impossible toute tentative d’évasion. LesCentres du Service Social des Etrangers ont été un outil d’exclusion etde ségrégation, au même titre que les camps et les GTE, ce qui est clairementavéré au moment des déportations.Les Centres de résidence assignéeAu moins une trentaine de lieux d’internement dans la zone sudportaient l’appellation de “Centres de résidence assignée”. Si la créationde lieux de ce type semble avoir pris son essor fin 1941 et atteintson apogée en 1943, leur origine remonte néanmoins à la fin 1940. Laloi du 4 octobre 1940 qui marque l’intégration des camps dans le projetde la “Révolution Nationale” menace les Juifs étrangers, en plus del’internement dans un camp, d’une deuxième mesure qui vise leurexclusion.