589-(03) Ch. Eggers - Mémorial de la Shoah

48 LE MONDE JUIFd’inaptes temporaires. La correspondance des œuvres d’assistance toutau long de l’année 1942 montre un SSE incapable de résoudre définitivementle problème des inaptes. Il ne montre pas plus d’efficacitédans ses efforts pour le regroupement familial, l’autre de ses tâchesprincipales. En mars 1942, Georges Picard le constate devant leComité de Nîmes.“Ce regroupement, qui correspond bien aux vues du gouvernement,a été très rarement amorcé. Des travailleurs étrangers sont inutilementséparés de leurs femmes et de leurs enfants. Deux foyers existentainsi, alors qu’un suffirait à rendre une famille heureuse.” 95Il est vrai que le SSE est mal armé pour réussir cette tâche. Sur ceplan-là, le succès s’obtient dans des batailles administratives avec lespréfectures et les administrations des GTE et des camps. Servicequelque peu “hybride”, le SSE ne fait pas le poids face à ses interlocuteursdans les administrations. Un “regroupement familial” peut avoirlieu entre époux, parents ou enfants. Il peut se faire soit par la mutationdu travailleur dans un GTE situé à proximité du domicile de safamille, soit par le transfert de celle-ci dans un centre d’accueil voisin.Un travailleur étranger qui le désire doit en faire la demande auprèsdu bureau départemental du SSE La demande doit être accompagnéed’une attestation du demandeur certifiant la possession des fondsnécessaires pour le voyage, d’une attestation établissant le lien deparenté et d’un “certificat de présence” du parent au groupe, pourlequel la mutation est demandée.Généralement le travailleur doit prouver qu’il est capable de couvrirles besoins de sa famille. A Lagrasse (Aude), GTE 318, le SSE essayede faire le nécessaire pour les hommes qui gagnent leur vie, maiséchoue régulièrement face aux refus des maires de la région d’accueillirdes nouveaux habitants dans leurs communes. Les mairies s’abritentderrière les difficultés de ravitaillement. Inversement, les efforts duSSE joints à ceux de différents commandants de GTE ne réussissentpas, malgré plusieurs mois de démarches, à obtenir la libération ducamp de Gurs des familles d’hommes qui travaillent comme détachéssous contrat individuel et qui gagnent entre 1 500 F et 2 000 F.Malgré ces difficultés, le SSE commence au printemps 1942 às’occuper d’une troisième catégorie d’internés : les vieillards. En avrilet mai 1942 il ouvre à L’Isle-Jourdain (Gers) un “Centre gratuit” pourdes internés âgés en provenance de Gurs. Pour ceux qui sont enmesure de payer, il organise les transferts de Gurs dans des hôtelsdans la Creuse et le Gers, déclarés “Centres de résidence assignée”. 96Nombreux sont les observateurs qui se montrent critiques à l’égarddu SSE On lui reproche généralement son fonctionnement inefficace etbureaucratique. Le commandant du GTE 526 à Izeste (Basses-Pyré-