589-(03) Ch. Eggers - Mémorial de la Shoah

LE TEMPS DES “INDÉSIRABLES” 45à Langlade (Gard) sont déclarés inaptes et transférés à Argelès. Leshommes essayent donc à tout prix d’éviter la réforme définitive, qui lesrejette en principe dans les camps. Ils essaient de travailler aussi longtempsque possible, de “tenir le coup”, sans égard pour leur état desanté. Ce cercle vicieux semble avoir entraîné plusieurs décès. D’autrepart, les chefs de groupe ne veulent pas garder des bouches inutiles etles renvoient sous des prétextes divers d’un groupe à l’autre. Bref, dansles deux domaines la situation est intenable pour les intéressés etvexants pour les responsables bien intentionnés, et l’on attend du SSEqu’il apporte des solutions.Le décret du 22 février 1941, qui traite par ailleurs du régime disciplinairedans les GTE et que nous avons déjà mentionné, fixe lesmodalités de l’assistance financière aux familles. Le texte accorde auxfamilles des travailleurs étrangers les mêmes allocations familialesqu’aux familles françaises – si elles ne sont pas internées.“Art.1 er – Les étrangers placés dans un groupe de formationd’étrangers en exécution de la loi du 27 septembre 1940 pourront bénéficierde l’assistance à la famille prévue par le décret du 29 juillet 1939,relatif à la famille et la natalité française, à condition que leursfamilles résident en France.Seront exclus du bénéfice de cette assistance les étrangers dont lesfamilles se trouvent dans un centre d’hébergement géré par le Secrétariatd’Etat à l’Intérieur.” 90Ces dispositions sont précisées par un décret du 31 mai 1941, quiinstaure une “allocation de secours” pour les familles des travailleursétrangers et en fixe le montant et les modalités de versement. 91 C’estce dernier qui nous intéresse ici. D’après ce texte, l’aide financières’élève à 7 F par jour pour l’épouse et à 4 F 50 pour chaque enfant, lesascendants à la charge du travailleur ou, à titre d’exception, d’autresmembres de la famille. L’attribution de ce maigre pécule exclut touteautre forme de soutien, en particulier l’allocation aux réfugiés et lesallocations militaires. Toute tentative de fraude, mais également toute“indiscipline” et le “changement de résidence sans autorisation” sontsanctionnés par l’internement. Le Service Social des Etrangers estchargé de l’application des dispositions. C’est l’article 4 de ce texte quisera lourd de conséquences.“Au secours en espèce pourra être substitué un secours en naturepar l’hébergement dans un centre d’accueil. Ces centres seront organiséspar le Secrétariat d’Etat au Travail et fonctionneront selon lesmêmes règles que les groupements de travailleurs étrangers.”Le SSE peut donc décider d’envoyer tout demandeur dans descentres spéciaux qu’il crée à cet effet. Un arrêté du 18 juillet 1941 définitles modalités d’application de ces dispositions. Des commissions