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589-(03) Ch. Eggers - Mémorial de la Shoah

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LE TEMPS DES “INDÉSIRABLES” 37GTE sont en fait <strong>de</strong>ux formes du même phénomène, l’internement. Enoctobre 1941, <strong>de</strong>vant le Comité <strong>de</strong> Nîmes, Georges Picard porte encoreun jugement mitigé.« Certes bien, sous <strong>de</strong> nombreux rapports, le travailleur étrangerest dans une situation nettement privilégiée, quand on compare cettesituation avec celle <strong>de</strong> l’interné. Mais le travailleur étranger n’en restepas moins un transp<strong>la</strong>nté, un déraciné, un instable, un homme exerçantun emploi pour lequel il est fort peu qualifié 75 .»Deux mois plus tard, son jugement se fait nettement plus sévère.« Dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> travailleurs étrangers, onretrouve les mêmes problèmes que dans les Centres d’hébergement,nourriture insuffisante, situation vestimentaire <strong>la</strong>mentable, manque<strong>de</strong> médicaments, etc. 76 »Au printemps 1942 enfin, les nombreux contacts qu’il a eus entretempsavec <strong>de</strong>s incorporés et <strong>de</strong>s délégués <strong>de</strong>s différentes œuvres ontmodifié son avis.« Les travailleurs étrangers en provenance <strong>de</strong>s camps d’internéscivils sont unanimes à trouver que leur sort est un peu mieux à certainségards…, mais ils se considèrent tous, à bon droit semble-t-il,comme <strong>de</strong>s condamnés aux travaux forcés. 77 »Jules Jefroykin, qui représente à ce moment-là le JOINT à Marseille,porte en avril 1942 un jugement simi<strong>la</strong>ire, quand il écrit quedans les GTE « …les conditions matérielles d’existence sont sinon plusmauvaises, du moins en aucune façon meilleures que celles <strong>de</strong>s centresd’hébergement. 78 »Le D r Silberstein, du bureau du CAR à Montauban, après avoirvisité en mai et juin 1942 bon nombre <strong>de</strong> GTE du sud-ouest, note que<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s hommes qu’il a vus ont l’aspect typique <strong>de</strong>s sous-alimentés.Dans toutes les unités inspectées il a rencontré <strong>de</strong>s casd’œdèmes <strong>de</strong> carence. 79Plus encore que les camps dits “d’hébergement”, les GTE ont étéconçus et fonctionnent comme un système. Ce<strong>la</strong> se manifeste surtoutpar les transferts fréquents et par <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong>s groupes quichangent fréquemment <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> stationnement. Des individus peuventcirculer à l’intérieur du système, mais il leur est extrêmement difficiled’en sortir. Ce caractère <strong>de</strong> système n’empêche pas que les conditionsd’existence varient énormément d’une unité à l’autre, et souventmême au sein d’un même GTE, en fonction du statut individuel du travailleur.Soulignons au passage que ces différences <strong>de</strong> statut et <strong>de</strong>conditions ne sont pas le résultat d’un p<strong>la</strong>n initial. Elles semblent plutôtavoir été provoquées par les incohérences <strong>de</strong>s ordres en provenance<strong>de</strong>s instances centrales. <strong>Ch</strong>aque responsable sur le terrain peut et doit

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