589-(03) Ch. Eggers - Mémorial de la Shoah

32 LE MONDE JUIFle groupe. Les deux administrations doivent donner leur accord, et unefois l’ordre de mission obtenu, le travailleur doit le faire viser à sonarrivée par la gendarmerie ou le commissariat. 61 Bref, si congés et permissionsexistent, il est extrêmement difficile d’obtenir toutes lespièces nécessaires pour pouvoir partir. Et une fois qu’on les a obtenues,il faut de l’argent pour voyager et se nourrir.Une circulaire du vice-président du conseil, l’amiral Darlan,ordonne le 6 juillet 1941 la libération immédiate des GTE de tous lesanciens combattants engagés volontaires dans l’armée française ou lesarmées alliées. Ils doivent seulement produire un contrat de travailpour être libérés. 62 Une circulaire interministérielle du 28 novembre1941 règle d’une façon générale les modalités de libération des GTE.Dorénavant peuvent être libérés :1. Les anciens engagés volontaires, s’ils ont servi pendant au moinstrois mois dans l’armée française ou l’une des armées alliées, et s’ilsont participé à des combats.2. Les travailleurs étrangers ayant servi au moins pendant un andans un CTE ou dans un GTE, “s’ils ont donné toute satisfaction”.3. Les travailleurs ayant servi moins d’un an, mais ayant desattaches françaises (femme française, enfants déclarés français).Ceux-ci doivent formuler une demande auprès du ministère de l’Intérieur,direction de la police, 9 e bureau.4. Les travailleurs étrangers qui demandent à être employés dansl’entreprise ou l’exploitation agricole d’un membre de leur famille, etceux qui ont un contrat de fermage ou de métayage.5. Les travailleurs “qui semblent avoir été incorporés à tort” [sic !].Ceux-ci peuvent faire une demande de recours en révision auprès de laCommission d’incorporation. 63Pour pouvoir être libérés, les travailleurs doivent produire uncontrat de travail d’une durée d’au moins un an (six mois pour lesanciens combattants), visé par les offices du Travail du lieud’embauche. En outre, ils doivent obtenir une autorisation de résidencedu préfet du département de leur nouveau lieu de travail. Saufpour les hommes qui ont des attaches françaises, c’est la commissiond’incorporation qui accorde ou refuse les demandes de libération. Lechef du groupe doit joindre son avis à toute demande, ce qui donne enfait un droit de veto aux commandants. Souvent leur avis est défavorable,ce qui voue la demande de libération à l’échec. Les commandantstiennent généralement à garder autant d’hommes que possible dansles groupes, car eux-mêmes sont jugés par leurs supérieurs sur le travailaccompli par leurs hommes.L’obligation de fournir une autorisation de résidence de la préfecturereprésente un obstacle supplémentaire. Pour les Juifs elle est dif-