S'exprimer à l'écrit en allemand - Icem

PRATIQUES DE CLASSECollège, 3 e , 4 eS’exprimer à l’écriten allemandContrairement à ce qu’on a pu croire dans les années 70, ilne suffit pas de dire aux élèves « Exprimez-vous ! » pour qu’ilss’expriment. L’idée d’écrire en toute liberté est parfois terriblementangoissante.Danièle Arvati développe l’idée qu’en partant de contraintesstrictes, les adolescents, ne craignant pas de trop s’engager,osent écrire. Ils découvrent dans le plaisir la possibilité d’uneexpression véritable pour enfin se l’approprier. Autre élémentimportant : la langue étrangère sert de paravent. L’allemandn’étant pas leur langue maternelle, ils ont moins l’impressionde se mettre à nu, même s’ils écrivent des choses trèsintimes.J’enseigne l’allemand en collège depuisun bon nombre d’années. La façon detravailler a varié au fil du temps mais,avec le recul, je m’aperçois que danscette palette d’objectifs et d’activitésproposés aux élèves, au travers desmodes et des influences diverses, j’aitoujours conservé la pratique del’auto-correction et de l’expressionlibre. La prise en charge de son apprentissagepar l’élève lui-même fait partiemaintenant des évidences pédagogiques.Wenn ich 16 wäre, würde ich die Schule verlassen.Wenn ich die Schule verlassen könnte, würde ich eine Arbeit suchen.Wenn ich arbeiten könnte, würde ich einen Wagen kaufen.Wenn ich einen Wagen hätte, würde ich eine Reise machen.EINE REISE ? ABER WOHIN ?Richard, 3 e A, 1997.Si j’avais 16 ans, je quitterais l’école.Si je pouvais quitter l’école, je chercherais du travail.Si je pouvais travailler, j’achèterais une voiture.Si j’avais une voiture, je ferais un voyage.Un voyage ? mais où ?Qu’en est-ilde la productiond’écrits ?Quel sens lui donner ?La réflexion de Michèle Hérouly (1)m’a aidée à avancer dans ce domaine,à savoir pourquoi j’y prends tant deplaisir et pourquoi les élèves, après unepériode de résistance plus ou moinslongue, manifestent en général un grandintérêt.J’adhère à l’idée de Yves Bertrand (2)qui pense que les exercices d’assimilationne sont pas très efficaces, ils nousprennent beaucoup de temps et d’énergieet n’engendrent souvent quedéception et découragement.A partir d’unestructure donnée...Je propose donc régulièrement à mesélèves d’écrire un texte à partir d’unestructure donnée. Cette pratique n’avraiment rien de très novateur mais ellen’est pourtant pas très répandue. Peutêtrepourrions-nous essayer de savoirpourquoi tant de frilosité de la part desenseignants. Cette contrainte rassureles élèves, si bien cadrés d’habitudequ’ils n’osent pas écrire, et peut-êtreaussi leur professeur qui, d’une certainefaçon, a ainsi l’impression de faireun vrai travail. Au départ, les deux ontbesoin de ce leurre pour faire le pas.8Le professeur a aussi besoin d’une justificationlui permettant de ne pas culpabiliser.En effet, ce type de travail semet en place de façon très lente, chacuns’y engage avec ses résistances et celanous renvoie à la réalité de la classe.Dans un enseignement frontal on a uneapparence d’ordre, car les élèves adoptentl’attitude attendue par l’enseignantou, dans la plupart des cas, savent bienfaire semblant... la paix est le plus précieuxdes biens.J’ai constaté dans les classes dusecond cycle, que l’expression personnelletraduisait de plus en plusde problèmes très importants de lavie intérieure, du sens de la vie, del’amour et de la mort.Lorsqu’on a devant soi un grandadolescent ou un jeune adulte, onest bien obligé de se demander cequ’on a de plus fondamental à l’aiderà découvrir pour être heureux.Roger Favry (Montauban - 82)Quand on leur propose une activitéd’écriture, la situation est la même,mais ceux qui ne font rien n’ont pas leparavent de l’apparence et on le voit.Là, le professeur peut essayer d’apporterune aide, de rassurer ou dans le piredes cas, c’est lui qui fait semblant de nepas voir. Ce n’est pas vraiment facile !Cependant, dès que l’on accepte degérer tous ces paramètres, se met enplace une dynamique riche et l’état dedisponibilité du professeur laisse unespace de liberté aux élèves.Le Nouvel ÉducateurAvril 98

PRATIQUES DE CLASSE«Du»Ich träume von einer Welt,wo du immer mit mir bist.Ich träume voir einer Welt,wo du mit mir lachst.Ich träume von einer Welt,wo du weißt,daß ich dich liebe.Ich träume von einer Welt,wo du mich auch liebst.Aber wir sind in einer Welt,wo du kaum weißt,daß ich existiere.Magali, 3 e A, 1997.Vers une autrerelation à l’écritLes plus intéressés s’y lancent tout desuite et motivent les plus réticents enleur montrant les résultats obtenus. Iln’est pas grave que certains prennentmodèle sur le voisin pour oser écrire.Ils arriveront un jour à le faire seuls.Le fait de donner une consigne d’écritureassez stricte à chacun permet d’obtenirun petit texte intéressant et parnature différent des essais ou rédactionshabituels. Le jeu avec les motsengendre le plaisir.Les résultats obtenus sont très divers.Au départ, le cas le plus courant estcelui de l’élève qui, conforme aux habitudescontractées à l’école, se met enrègle avec la consigne.La tâche de l’enseignant est alors deprivilégier dans le texte ce qui luisemble relever de l’expression la plusauthentique et d’en faire prendreconscience à l’élève.Si, dans un premier temps, celui-cipréfère en rester à une expression quine l’engage pas trop, tant pis, ce serasans doute pour une autre fois.ToiJe rêve d’un monde,où tu es toujours avec moi.Je rêve d’un monde,où tu ris avec moi.Je rêve d’un monde,où tu sais que je t’aime.Je rêve d’un monde,où tu m’aimes aussi.Mais nous nous trouvons dans unmonde,où tu sais à peineque j’existe.Ich liebe einen Jungenlch liebe einen Jungen,J’aime un garçon,der sehr schön ist.qui est très beau.Wenn ich ihn sehe,Quand je le vois,bin ich den Tränen nah.je suis au bord des larmes.Wenn er in ein anderes Mädchen verliebt wäre, S’il était amoureux d’une autre fillewürde ich jede Nacht und jeden Tag weinen. je pleurerais nuit et jour.Leider ist er nicht in mich verliebt. Malheureusement il n’est pasSeine blauen Augenamoureux de moi.verbrennen mich.Ses yeux bleus me brûlent.Ich liebe diesen Jungen so sehr.J’aime tellement ce garçon.Er ist mein Leben.Il est ma vie.Wenn er traurig ist,Quand il est triste,bin ich auch traurig.je suis triste aussi.Wenn er glücklich ist,Quand il est heureux,bin ich auch glücklich.je suis heureuse aussi.Wenn die Nacht angekrochen kommt, Quand la nuit tombe,träume ich von ihm.je rêve de lui.Seine Augen sind so blauSes yeux sont aussi bleus,wie das Wasser des Flusses.que l’eau de la rivière.Sein Herz ist so seltenSon cœur est aussi rarewie der rote Sand der Wüste.que le sable rouge du désert.ich liebe einen Jungen.J’aime ce garçon.Pauline, 3 e A, 1997.Des exemplesRichard, un élève aux difficultésimmenses, attendait en 3 e que l’annéese termine pour quitter le collège. Ilsavait si peu d’allemand qu’il écrivaitune langue approximative dont j’avaispeu à peu appris à deviner le sens. Cejour-là, il a écrit un texte que j’ai réécriten allemand avec lui et qu’il a ensuiterecopié. Nous avons vu ensemblecombien ce qu’il avait écrit correspondaità ses motivations profondes. Toutétait en désordre. Je lui ai demandéd’organiser ses phrases (voir poème page8). Il était ravi. A la suite de ce travail,il a coordonné l’impression du journaldans la salle informatique et a passé desheures à taper et mettre en page lestextes de ses camarades.Des autres élèves, plus à l’aise en allemand– des filles en particulier – j’aiobtenu une série de poèmes d’amour,certains restant près de la consigne commecelui de Magali, certains s’en libéranttout à fait comme celui de Paulinequi écrivait ses poésies en allemand dansson carnet de poèmes personnels. Je penseaussi à cette autre élève me demandant: « Madame, est-ce que je peux enécrire un autre ? » Vous devinez ma satisfaction.J’avais ces élèves depuis quatre ans et,sans oublier les moments où j’étaiscontente de les voir apprendre de l’allemandtout simplement, j’ai senti cettefois qu’ils s’étaient vraiment appropriéla langue, qu’elle les aidait dansleur démarche de développement personnel.Notre travail avait trouvé unvrai sens.Danièle Arvati03290 Dompierre-sur-Besbre(1) Intervention de Michèle Hérouly au congrèsfranco-allemand de Tours. « Être créatif en travaillantavec un manuel ». Novembre 1996.(2) Article de Yves Bertrand « Des exercices, pourquoifaire ? » paru dans les Nouveaux Cahiersd’Allemand n° 4, Nancy 1992.9Le Nouvel ÉducateurAvril 98