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Energie effet de serre - Canalblog

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Énergieet développementsans augmentation<strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong>Plaidoyer en faveur <strong>de</strong> la filière énergétique“Huile végétale pure”« Ils ne savaient pas que c’étaitimpossible, alors ils l’ont fait »Mark TwainYves LUBRANIÉCKINancy – FRANCEnovembre 2004


L’AUTEURLa triple expérience <strong>de</strong> l’auteur <strong>de</strong> ces lignes explique la passion qui l’anime <strong>de</strong>puis1989 pour la filière énergétique “huile végétale pure” :■ dans sa jeunesse, il a été conducteur <strong>de</strong> poids lourds pendant quelques années. Il amême conduit <strong>de</strong>s engins <strong>de</strong> chantier. Cela lui a permis <strong>de</strong> connaître le fonctionnementd’un moteur diesel et, surtout, il a appris par le vécu ce qu’il est possible <strong>de</strong> faire ounon avec un moteur diesel.■ il milite <strong>de</strong>puis 1988 dans une association <strong>de</strong> coopération <strong>de</strong> terrain dont l’objetsocial est d’apporter une ai<strong>de</strong> concrète au développement global <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux villages d’Afrique<strong>de</strong> l’Ouest. De ce fait, il sait ce que ses partenaires africains pourraient faire ounon avec un moteur diesel fonctionnant avec <strong>de</strong> l’huile végétale produite sur place. Ilconnaît concrètement l’état <strong>de</strong> décrépitu<strong>de</strong> économique <strong>de</strong> l’Afrique.■ il travaille <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> vingt ans dans une collectivité locale <strong>de</strong> l’Est <strong>de</strong> la France.Il sait donc parfaitement ce que les élus peuvent faire ou non avec la filière “huilevégétale pure”. Il sait également ce que les élus locaux peuvent dire à ce sujet aux élusnationaux s’ils comprennent enfin l’importance capitale <strong>de</strong> ce dossier.Par ailleurs, il est le grand-père <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux plus beaux petits-enfants dumon<strong>de</strong> et il aimerait bien leur laisser une planète vivable…Cliché LeferÉnergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 4


ÉNERGIE ET DÉVELOPPEMENTSANS AUGMENTATIONDE L’EFFET DE SERRELes grands déséquilibresAVERTISSEMENT : ce document a été écrit par un Français à <strong>de</strong>stination, dans unpremier temps, du grand public et <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs français, mais, comme vous le comprendrezvite, l’argumentaire qu’il contient vise l’humanité et le village mondial.Si vous n’êtes pas Français, il vous appartient donc <strong>de</strong> l’adapter à votre proprepays…La planète va mal et le dire est enfoncer une porte ouverte.On parle <strong>de</strong> nombreux périls. Ils nous guettent, nous et, surtout, nos enfants.Les <strong>de</strong>ux plus importants sont l’augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> et le sousdéveloppement.On sait. On connaît l’existence <strong>de</strong> ces menaces, mais rien <strong>de</strong> vraiment efficacen’est fait à une échelle significative. On parle, on cherche dans les laboratoires eton se concerte dans les assemblées internationales. Les grands <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> serencontrent et arrêtent <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> conduite que personne ne respecte. On meten place <strong>de</strong>s incitations économiques, mais elles tar<strong>de</strong>nt beaucoup à produireleurs <strong>effet</strong>s dans le grand public qui <strong>de</strong>meure inconscient.On va droit dans le mur.Pourtant, <strong>de</strong>s solutions techniques très accessibles existent. Elles sont susceptibles<strong>de</strong> tout changer. Elles ne sont pas mises en œuvre car les tenants du mon<strong>de</strong>énergétique préfèrent nous précipiter tous dans le chaos plutôt que <strong>de</strong> perdreleur pouvoir colossal et leur monnaie.Nous prétendons pourtant qu’ils peuvent à la fois préserver lemon<strong>de</strong> et gar<strong>de</strong>r leur argent et leur pouvoir.Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 6


Le présent document n’est pas<strong>de</strong>stiné à apporter <strong>de</strong>s élémentsnouveaux dans le débatinépuisable sur l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong>ou sur le développementdurable et il s’interdit touteapproche polémique. Quandil frise le mouvement d’humeur,c’est malheureusement eu égard à <strong>de</strong>sfaits avérés et connus <strong>de</strong> tous et sans aucuna priori catégoriel, ni économique, ni politique.Il n’a pas d’autre ambition que d’êtreune contribution à une prise <strong>de</strong> conscience,<strong>de</strong>venue <strong>de</strong> plus en plus nécessaire, du périlqui menace les générations futures.Une contribution qui en appelle beaucoupd’autres. La nôtre a le mérite <strong>de</strong> proposerune solution, sans doute partielle, mais simple,saine et efficace.Un état <strong>de</strong>s lieuxalarmantPartons du double constat indiscutable :1 - Les végétaux ont fixé, par photosynthèse,d’énormes quantités <strong>de</strong> carbone pendant<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions d’années,pour faire les trois combustibles fossiles quesont le charbon, le pétrole et le gaz. Or,<strong>de</strong>puis environ 150 ans, l’activité humaineengendre le rejet <strong>de</strong> ce carbone dans l’atmosphèreoù il fabrique le dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carboned’aujourd’hui (CO 2 ). Par commodité <strong>de</strong>langage, nous parlerons <strong>de</strong> “rejet <strong>de</strong> CO 2 ”ou <strong>de</strong> “rejet <strong>de</strong> carbone fossile”. Ainsi, pourdonner une idée <strong>de</strong>s quantités concernées,selon M. Christian France-Lanord, directeur<strong>de</strong> recherche au CNRS français1, lesrejets <strong>de</strong> CO 2 par les volcans au cours d’uneannée se situent entre 275 et 415 millions<strong>de</strong> tonnes.Selon le Carbon Dioxi<strong>de</strong> Information AnalysisCenter (CDIAC)2, qui est le centre d'analyse<strong>de</strong>s données sur les changements climatiquesdu Département américain <strong>de</strong>l'énergie (USDOE), les rejets d'originehumaine (on dit “anthropiques”) <strong>de</strong> CO 2vont <strong>de</strong> 22 milliards <strong>de</strong> tonnes en 1989 à24 milliards <strong>de</strong> tonnes en 2000 (alors qu'ilsse situaient à moins <strong>de</strong> 6 milliards <strong>de</strong> tonnesen 1950 et à moins <strong>de</strong> 15 milliards <strong>de</strong>tonnes en 1970)…Parallèlement, les mécanismes naturels serégulent d’eux-mêmes et absorbent davantage<strong>de</strong> carbone mais proportionnellementbeaucoup moins que ce qui est rejeté.Si rien n’est fait, d’ici un siècle ou <strong>de</strong>ux aumaximum, nous aboutirons à un taux <strong>de</strong>gaz carbonique atmosphérique équivalentà ce qu’il était, il y a 40 millions d’annéeset en augmentation continue (on parle <strong>de</strong>parts par million en volume (ppmv) l’atmosphèreterrestre comptait environ 500 ppmv<strong>de</strong> CO 2 il y a 40 millions d’années, elle encomptait 280 aux alentours <strong>de</strong> 1850, elleen compte environ 360 aujourd’hui et elleen comptera environ 500 en 2100 ou 2150).La différence entre le lointain passé et lapério<strong>de</strong> actuelle et future est que les évolutionsse faisaient sur <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliersvoire sur <strong>de</strong>s millions d’années. Maintenant,l’évolution dont nous parlons se faitsur 250 ou 300 ans.Cela ne pose sûrement pas les problèmesd’adaptation dans les mêmes termes…2 - Le déséquilibre Nord / Sud <strong>de</strong>vient insupportable.Par exemple, la totalité <strong>de</strong>s échangescommerciaux internationaux <strong>de</strong> l’Afriquereprésentaient 9 % du commercemondial à la fin <strong>de</strong>s années 60. Aujourd’hui,alors que <strong>de</strong>s gisements <strong>de</strong> pétrole conséquentsy ont été découverts et que l’Afriquedu Sud est au niveau économique d’unpays développé, le même commerce internationalne représente plus que 2% (avec25,4 millions <strong>de</strong> séropositifs3). Autre exempleencore plus précis : selon la Banque mondiale4,le Produit intérieur brut (PIB) parhabitant <strong>de</strong> la République <strong>de</strong> Guinée représentait,en 1999, le 1/65e <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s États-Unis, le 1/50e <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la France… La1 Centre <strong>de</strong> Recherche Pétrographique et Géochimique <strong>de</strong> Nancy – 15, rue Notre Dame <strong>de</strong>s Pauvres BP 20 -54501 Vandœuvre cé<strong>de</strong>x France2 http://cdiac.esd.ornl.gov/in<strong>de</strong>x.html puis “FAQ”3 http://www.unaids.org4 http://www.worldbank.orgÉnergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 7


Guinée est pourtant un paysdont le sous-sol regorge <strong>de</strong>matières premières, où il ya <strong>de</strong> l’eau et d’excellentes terresfertiles. Que dire <strong>de</strong> payscomme l’Éthiopie, le Mali, leNiger… Ainsi, selon le PNUD(Programme <strong>de</strong>s NationsUnies pour le Développement5), le revenu<strong>de</strong>s 5 % <strong>de</strong>s personnes les plus riches <strong>de</strong>la planète représente 114 fois le revenu<strong>de</strong>s 5% <strong>de</strong>s personnes les plus pauvres (pourillustrer, si on ramène cela à <strong>de</strong>s chiffresfrançais arrondis, c’est comme si l’on comparaitun smicard, quelqu’un qui a le salaireminimum, (1 150 euros bruts/mois) avecquelqu’un qui gagnerait 131 600 eurosbruts/mois…).À l’évi<strong>de</strong>nce, cette dynamique, en voie d’aggravation,met l’humanité dans une configuration<strong>de</strong> danger global et commun qu’ellen’a jamais rencontrée. On ne pourra pascontinuer longtemps à mettre impunément<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions d’individusdans une situation où ils n’ontrien à perdre en face <strong>de</strong> populationsriches et vieillissantes, gavées <strong>de</strong> tout.Ce double phénomène a une double cause:d’une part, la facilité que nous connaissons,<strong>de</strong>puis au moins 150 ans, pour nous procurer<strong>de</strong> l’énergie fossile. Le charbond’abord, puis le pétrole et, enfin, le gaznaturel ont permis à l’homme du Nord <strong>de</strong>s’installer dans le progrès et le confort tandisque le déséquilibre se faisait <strong>de</strong> plusen plus criant avec le Sud. D’autre part, ce<strong>de</strong>rnier n’a jamais eu l’accès aussi facile quele Nord à ces sources d’énergie. Finalement,il s’avère que cette facilité d’accèspour le Nord a été un poison délicieux quinous menace tous aujourd’hui.Bien sûr, nous ne ferons pas le chemin à l’envers,mais nous pouvons tout <strong>de</strong> même commencerà agir sur la part anthropique <strong>de</strong>cette gigantesque pollution et travailler àun rééquilibrage Nord / Sud sans lequel l’humanitén’aura pas <strong>de</strong> futur. Le Groupementintergouvernemental <strong>de</strong>s experts en climatologie(GIEC) a été mis en place conjointementpar l’Organisation météorologiquemondiale (OMM) et le Programme <strong>de</strong>sNations unies pour l’environnement (PNUE)pour évaluer l’information scientifique,technique et socio-économique se rapportantà la compréhension du risque lié auxchangements climatiques induits parl’homme6. Dans les scénarios les plus récentsqu’il a publiés, il relève l’importance <strong>de</strong>sliens mutuels existant entre la qualité <strong>de</strong>l’environnement et les choix <strong>de</strong> développement.En clair, cela signifie que, dansl’état actuel <strong>de</strong>s techniques, le développementa pour corollaire l’augmentation <strong>de</strong>srejets <strong>de</strong> carbone fossile…Seule solution : mettre en œuvreun outil <strong>de</strong> développement quin’engendre pas <strong>de</strong> rejet <strong>de</strong> carbonefossile.On peut se dire : “c’est une utopie”. Malheureusement,le mon<strong>de</strong> tel qu’il est et surtouttel qu’il évolue, est en train <strong>de</strong> s’engagerdans une mauvaise passe et, si utopieil y a, elle est surtout du côté <strong>de</strong> ceux quipensent que l’on peut poursuivre dans ladirection qu’il a prise sans que la catastrophene soit au bout du chemin.Peu <strong>de</strong> temps avant sa mort, René Dumont7a délivré un message nous avertissant ensubstance, qu’avant la fin du XXIe siècle, laTerre serait dans une situation inextricable.Or, ceux qui vivront la fin du XXIe siècle nesont pas <strong>de</strong>s extra-terrestres, compte tenu<strong>de</strong> l’allongement <strong>de</strong> l’espérance <strong>de</strong> vie dansles pays riches, ce sont nos arrière-petitsenfants,nos petits-enfants, voire nos enfantspour les plus jeunes d’entre nous.En parlant d’utopie, l’humanité avance surtoutgrâce aux rêves utopistes. Couvrir laplanète <strong>de</strong> fils électriques ou téléphoniques,<strong>de</strong> rails <strong>de</strong> chemins <strong>de</strong> fer ou <strong>de</strong> routes,ouvrir la route <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s, développer l’Aéropostale…N’était-ce pas, au départ, <strong>de</strong>srêves utopistes ?5 http://www.undp.org6 Ex : http://www.ipcc.ch/ ou http://www.manicore.com/7 Sociologue et agronome français, auteur <strong>de</strong> nombreux ouvrages <strong>de</strong> référence dont un, <strong>de</strong> 1973, intitulé“L’utopie ou la mort”Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 8


De l’or, oui !Mais noir,très noir…À cause <strong>de</strong> son physique avenant,le pétrole a pris en unsiècle une place prépondérante dans la satisfaction<strong>de</strong>s besoins énergétiques mondiaux:il est facile d’accès et contient, sous uneforme liqui<strong>de</strong> et concentrée, un fort pouvoircalorifique. Cette forme, facile à manipuler,à transporter et à stocker est un exempleunique parmi les sources d’énergieactuelles. Les autres : la force hydraulique,l’éolien, le nucléaire, etc. présentent<strong>de</strong> grosses rigidités d’utilisation, <strong>de</strong>s sujétionsqui font, par exemple, qu’elles sontgéographiquement fixes: s’il n’y a pas d’eau,on ne peut pas faire <strong>de</strong> barrage, on ne peutpas refroidir <strong>de</strong> centrale nucléaire ; s’il n’ya pas <strong>de</strong> vent, on ne peut pas faire tournerd’éolienne… Le pétrole, lui est totalementmobile. Pour l’utiliser, il n’est pasnécessaire <strong>de</strong> le transformer d’abord en électricité.Très pratique, il peut même êtremis carrément dans le réservoir du véhiculequ’il alimente en énergie. C’est la souplessetotale.À côté <strong>de</strong> ses qualités énergétiques, il esten outre une matière première très difficileà remplacer pour la chimie. Avec <strong>de</strong>sapplications qui le ren<strong>de</strong>nt pratiquementindispensable, sauf à voir s’envoler <strong>de</strong> façonspectaculaire les coûts <strong>de</strong>s matières qu’ilpermet <strong>de</strong> produire (quand il est possible <strong>de</strong>les produire différemment, ce qui n’est pastoujours le cas).S’il ne nous plaçait pas <strong>de</strong>vant ce problèmeimmense du rejet massif <strong>de</strong> CO 2 d’originefossile dans l’atmosphère et s’il n’était pasaussi polluant par ailleurs, le pétrole resterait,et <strong>de</strong> loin, la source d’énergie la mieuxà même d’apporter progrès, confort et sécurité.C’est justement parce qu’il a tantd’atouts mais aussi parce qu’il n’est pas uniformémentréparti autour <strong>de</strong> la planète, qu’ilest aujourd’hui à l’origine <strong>de</strong>s pollutionsles plus graves et <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s atteintesmassives aux droits <strong>de</strong> l’homme. Si onexcepte l’Amérique du Nord et l’Europe, presquepartout où le pétrole coule à flot, lepeuple est tenu sous le joug <strong>de</strong> pouvoirscorrompus et déshumanisés, encouragés parles pays riches qui craignent pour la sécurité<strong>de</strong> leurs approvisionnements. Ils n’hésitentpas à sacrifier la dignité et la liberté<strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> millions d’individus surcet autel gluant et puant. Dès lors, il ne fautpas s’étonner d’être parfois obligé d’allerjusqu’à la guerre pour chasser tel ou teldictateur afin d’assurer la pérennité <strong>de</strong>sapprovisionnements. Ça s’est déjà vu…En fait, à côté <strong>de</strong> ses qualités exceptionnelles,le pétrole présente tellement d’inconvénientstellement graves qu’il <strong>de</strong>vient<strong>de</strong> plus en plus urgent <strong>de</strong> lui trouver unealternative. C’est d’ailleurs d’autant plusurgent que beaucoup <strong>de</strong> spécialistes sontà peu près d’accord pour nous dire qu’il reste,à <strong>de</strong>s conditions économiques acceptables,environ 50 ans <strong>de</strong> ce précieux liqui<strong>de</strong><strong>de</strong>vant nous8. Après cela, nous serons dansl’impasse et tout ce qui se présente à l’horizond’aujourd’hui est loin <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong>smêmes avantages et <strong>de</strong> la même souplesseque l’or noir. Il y a bien la possibilité <strong>de</strong>fabriquer du combustible liqui<strong>de</strong> à partirdu charbon ou bien <strong>de</strong> développer l’utilisationdu gaz naturel dans les véhicules, carles réserves <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux combustibles secomptent encore en siècles, mais ce seronttoujours <strong>de</strong>s combustibles fossiles…Par exemple, dans le domaine du transport– qui est une <strong>de</strong>s plus grosses sourcesanthropiques <strong>de</strong> gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> – sion parle <strong>de</strong> l’hydrogène comme carburant,il y aura beaucoup <strong>de</strong> milliards <strong>de</strong> tonnessupplémentaires <strong>de</strong> CO 2 rejetées dans l’atmosphèreavant que l’on n’ait trouvé effectivementle moyen <strong>de</strong> le produire à bon marché,<strong>de</strong> le transporter et <strong>de</strong> le stocker <strong>de</strong>façon accessible pour le grand public. Etcela ne concerne que les pays riches carles pays pauvres n’ont pas accès à la tech-8 Ex. : M. Pierre-René Bauquis retraité <strong>de</strong> Total-Fina-Elf in “Un point <strong>de</strong> vue sur les besoins et les approvisionnementsen énergie à l’horizon 2050” - octobre 2002 - non publié. Voir surtout : http://www.peakoil.net/Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 9


nologie nécessaire. Pour lemoment, pour le fabriquer,il faut davantage d’énergieque ce que l’on utiliseraitdirectement pour un résultatcomparable dans lestransports. À tel point que lesprojets actuels sont <strong>de</strong> se servir<strong>de</strong> l’énergie nucléaire pour fabriquer l’hydrogènecar il faut beaucoup d’électricité…Si on parle <strong>de</strong> véhicules électriques ou <strong>de</strong>voitures à air comprimé, ce sont <strong>de</strong> bellestechnologies qui sortent la pollution <strong>de</strong>s villes.Mais, d’une part, leurs performancessont bien éloignées <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s véhiculesbrûlant du pétrole ou <strong>de</strong> l’huile végétale(sauf l’excellente solution du dieselélectrique) et, d’autre part, il faut bien comprendre,qu’en les utilisant, on ne fait quedéplacer géographiquement le problème caril est nécessaire, soit <strong>de</strong> comprimer l’air, soit<strong>de</strong> fabriquer l’électricité quelque part et,pour ce faire, il faut bien utiliser une autresource d’énergie. Évi<strong>de</strong>mment, si on utiliseun moteur fonctionnant à l’huile végétalepour comprimer l’air ou pour chargerles batteries, c’est différent…Une solution simpleet efficacePour ces différentes raisons, nous souhaitonsattirer ici l’attention du lecteur sur unesolution pour résoudre, au moins partiellement,cette difficulté complexe. Ce n’estni une simple idée ni un projet. C’est uneréalité actuelle qui n’attend que <strong>de</strong>s décisionspolitiques. Un peu partout dans lemon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s véhicules ont déjà parcouru,en cumulé, <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> kilomètres sansennui avec ce carburant.Il s’agit <strong>de</strong> recourir massivement àune alternative au pétrole qui estl’huile végétale brute. “Brute” voulantdire ici : “non transformée”.On parle aussi d’huile végétale“pure”.Elle concerne tout ce qui utilise aujourd’huidu fioul ou du gazole (voire du kérosène)car elle présente tous les avantages quenous venons d’attribuer au pétrole sans lesinconvénients. Elle permet <strong>de</strong> faire toutce qu’on peut faire avec un brûleur fioulou un moteur diesel. Notamment, <strong>de</strong> transporterles personnes et le fret (sur terrecomme sur l’eau, voire dans les airs avec <strong>de</strong>saéronefs à hélice et pourquoi pas à réaction– ce <strong>de</strong>rnier point restant toutefois àétudier), <strong>de</strong> produire <strong>de</strong> l’électricité décentralisée,etc. sans augmenter le taux <strong>de</strong>CO 2 d’origine fossile dans l’atmosphère, sansfumée noire ou presque, sans soufre, avectrès peu d’hydrocarbures imbrûlés, avecmoins d’oxy<strong>de</strong> d’azote… On peut l’utiliserpour le chauffage sans difficulté9. Elle revêtmême plusieurs avantages supplémentaires(entre autres) par rapport au pétrole : elleest beaucoup plus difficilement inflammableet, en cas <strong>de</strong> dispersion dans la nature,elle est infiniment moins polluante car totalementbiodégradable. Elle ne sent pas mauvaisà froid et, quand un moteur tourne àl’huile végétale, cela sent l’huile chau<strong>de</strong>ou le bifteck frites ce qui est à compareravec l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s camions actuels…Le plus important est que l’utilisationd’un combustible végétal, n’entraîne pasd’augmentation du taux <strong>de</strong> gaz carboniquedans l’atmosphère. Tout simplementparce que la quantité <strong>de</strong> carbone rejetée lors<strong>de</strong> la combustion équivaut à ce qui a étéabsorbé par la plante pendant l’année <strong>de</strong>maturation et que la même quantité <strong>de</strong> carbonesera fixée par la nouvelle plante pourproduire la prochaine récolte. Il n’y a doncplus rejet d’un carbone fixé <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s mil-9 Cf. par exemple : pour les recherches <strong>de</strong> matériels (ex : chaudières), montage et évaluation technico-économique<strong>de</strong> projets “huile végétale pure” et <strong>de</strong> solutions techniques “FT & SD” (Fair tra<strong>de</strong> and sustainable<strong>de</strong>velopment) : M. Maurice Henri, OilPlanet@free.fr. Voir aussi : Est Républicain 13 février 2003 “Des fritesqui réchauffent” in p. région.Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 10


lions d’années, comme c’estle cas pour les trois combustiblesfossiles, mais passageà un cycle annuel du carbone.L’huile végétale est utilisabledès maintenant dans certainsmoteurs diesels sans qu’il soitbesoin <strong>de</strong> les modifier. Il s’agit <strong>de</strong>s moteursà injection indirecte et à préchambre <strong>de</strong>combustion alimentés par une pompe àinjection <strong>de</strong> marque Bosch. Avec cesmoteurs, on peut utiliser – parfois moyennant<strong>de</strong> petites transformations – jusqu’à100 % d’huile sans problème10 et 11. SelonM. Plassard, cofondateur <strong>de</strong> l’IFHVP (cfinfra), cette filière concernerait 10 millions<strong>de</strong> véhicules et, en consacrant à la cultured’oléagineux l’équivalent <strong>de</strong> la surfaceassignée à la jachère par la Politiqueagricole commune (PAC) <strong>de</strong> Bruxelles(1 200 000 Ha), on pourrait faire tournerun million <strong>de</strong> véhicules par an.À côté <strong>de</strong> cela, il y a une autre filière, sansdoute plus prometteuse, mais qui reste à développerindustriellement bien qu’elle soit techniquementparfaitement au point. Il s’agit dumoteur spécifique inventé par Ludwig Elsbetten Allemagne. À défaut <strong>de</strong> voir cette merveilletechnologique fabriquée en gran<strong>de</strong> série, nousn’avons pas d’autre choix, pour le moment,que <strong>de</strong> nous contenter <strong>de</strong> moteurs diesels classiquestransformés, en Allemagne, par lesfils <strong>de</strong> Ludwig Elsbett. Ils sont installés à Thalmässingen Bavière. En Allemagne, l’usage<strong>de</strong> l’huile végétale brute comme carburant estd’ores et déjà autorisé12.Que l’on parle <strong>de</strong>s technologies expliquéespar MM. Plassard, Lesueur ou Lambert (entreautres) ou <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Ludwig Elsbett (cf.notes 9, 10, 11 et 12) ; qu’elles concernentle parc existant ou bien, qu’enfin, ellespénètrent le milieu <strong>de</strong>s constructeurs automobiles– si hermétique jusqu’ici – et semettent à envahir les véhicules neufs, cequ’il convient d’exposer ici c’est l’intérêt<strong>de</strong> voir ces techniques diffusées le plusvite possible et le plus largement possible.Il s’agit d’obtenir <strong>de</strong>s <strong>effet</strong>s positifsimportants, à la fois sur l’amélioration dutaux <strong>de</strong> carbone atmosphérique et sur ledéveloppement <strong>de</strong>s pays pauvres.Tout d’abord, il convient <strong>de</strong> distinguer trèsnettement l’huile végétale pure <strong>de</strong> l’esterméthylique d’huile végétale (EMHV) quiest un carburant diesel fabriqué à partird’huile végétale (on pourrait parler d’huilevégétale modifiée). Sans nous étendre surcette question qui n’en est plus une, <strong>de</strong> nombreuxscientifiques ont déjà expliqué quel’écobilan total <strong>de</strong> la production d’ester montrequ’elle ne permet qu’une économie limitée<strong>de</strong> rejet <strong>de</strong> gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> par rapportà l’utilisation <strong>de</strong> pétrole pur13.Outre son caractère marqué d’alibi politique,(l’ester a l’apparence d’un vrai carburantvert, mais, comme il est cher à fabriquer,on ne l’utilisera jamais pur, maistoujours en mélange avec beaucoup <strong>de</strong>pétrole), l’intérêt <strong>de</strong> cette filière rési<strong>de</strong> surtoutdans la possibilité <strong>de</strong> l’utiliser dès àprésent dans tous les moteurs diesel, récentsou non, sans avoir à les modifier.10 Toutes informations utiles auprès <strong>de</strong> M. Thomas Plassard. Il est l’auteur d’une plaquette remarquable surle sujet, disponible au prix <strong>de</strong> 5 euros à l’adresse : Mas Rouchet 48400 Florac ou à l’adresse électroniquetomtourne@caramail.com voir aussi http://www.roulemafleur.free.fr/11 Voir aussi : Institut français <strong>de</strong>s huiles végétales pures (IFHVP) Maison départementale <strong>de</strong> l’agriculture,271 rue <strong>de</strong> Péchabout, F-47000 Agen (tel. : 00 335 53 95 65 58 - GSM : 00 336 20 03 84 63)http://institut.hvp.free.fr, mels à institut.hvp@free.fr ou fre<strong>de</strong>ric.perrin@alinto.com.Voir également http://www.oliomobile.org12 Elsbett Technologie GmbH Weißenburger Straße 15 D-91177 Thalmässing Germany Telefon +49(0)917377940- Fax: +49 (0) 9173 779 42 - eMail info@elsbett.com - http://www.elsbett.com/ (cf. article <strong>de</strong> Scienceet Vie <strong>de</strong> juin 1989 <strong>de</strong> Marc Mennessier “Le tour <strong>de</strong> la terre avec un hectare et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> colza” et surtoutle tiré à part <strong>de</strong> la France Agricole (non daté mais datant à peu près <strong>de</strong> la même époque) intitulé “Lechallenge <strong>de</strong>s huiles végétales” (6 cité Paradis 75010 Paris Tél. : 01 40 22 79 00)13 Cf. par exemple : la position du Bureau européen <strong>de</strong> l’environnement in : http://www.eeb.org/ (Biofuelsnot as green as they sound (21st May 2002) in “Publication/EEB-POSITION-PAPER-ON-BIOFUELS-FINAL-21-May.pdf”Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 11


Sur un plan technique, c’estassez facile à comprendre :pour fabriquer l’ester, il fautajouter au process <strong>de</strong> production<strong>de</strong> l’huile végétale (donton vient <strong>de</strong> voir qu’elle estdéjà en elle-même un combustibleà part entière) toutun procédé coûteux en énergie consistantà chauffer (dépense d’énergie) l’huile(dépense d’énergie pour la produire) souspression (dépense d’énergie) en présenced’un alcool (dépense d’énergie pour le produire).Toute cette énergie supplémentairevient, soit du pétrole, ce qui rejette ducarbone fossile, soit d’une partie <strong>de</strong> l’huileréservée à cette fin, ce qui est coûteux.De plus, il faut savoir quoi faire du coproduitnon voulu que sont les 10 % <strong>de</strong> glycérineque l’on a séparés <strong>de</strong> l’huile d’originepar cette opération.Sur un plan économique, les installationsnécessaires à la fabrication <strong>de</strong> l’ester nes’amortissent pas quand elles sont trop petites.Il y a donc tendance à une concentration<strong>de</strong> la fabrication dans <strong>de</strong> grosses unités.Cela a pour corollaire <strong>de</strong> gros besoins<strong>de</strong> transport pour la collecte puis pour ladistribution du produit fini. C’est diamétralementl’inverse <strong>de</strong> l’huile pure dont laproduction peut être décentralisée à l’extrême.Cela veut dire aussi que, pour l’ester,il faut <strong>de</strong>s installations et <strong>de</strong>s moyenscoûteux encore hors <strong>de</strong> portée <strong>de</strong>s pays pauvres.Ce n’est donc en aucun cas sur l’esterméthylique d’huile végétale que l’on peutfon<strong>de</strong>r un espoir <strong>de</strong> développement.Sur un plan atmosphérique, la filière huilepure, quant à elle, tendrait à une économie<strong>de</strong> rejet <strong>de</strong> carbone fossile sans communemesure avec celle engendrée par lafilière ester puisque toute ou partie <strong>de</strong>l’énergie motrice nécessaire à la chaîne <strong>de</strong>culture (tracteur, transport, etc.) peut êtrefournie par l’huile végétale produite surplace grâce à une presse entraînée par lemême type <strong>de</strong> moteurs. Pour qu’elle soit utilisable,il suffit <strong>de</strong> la laisser décanter puis<strong>de</strong> la filtrer. Sur cette comparaison entrel’huile brute et l’ester, on consultera avecprofit les travaux <strong>de</strong> M. Jacques Lambert,agronome, Doct, Chambre d’agriculture etConseil général Haute-Gar-ADVA (marqueGazuile), membre cofondateur <strong>de</strong> l’Institutfrançais <strong>de</strong>s huiles végétales pures IFHVPprécité14. Il faut également consulter sur cepoint l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> septembre 2002 du cabinetPricewaterhouse Coopers commandéepar l’Agence pour la maîtrise <strong>de</strong> l’énergie(ADEME) et la Direction <strong>de</strong>s ressources énergétiqueset minérales (DIREM). Elle estconsacrée à une comparaison <strong>de</strong>s bilansénergétiques et <strong>de</strong>s gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong>générés par la production <strong>de</strong>s différents biocarburantsen France. Au passage, on n’oublierapas <strong>de</strong> faire remarquer que, pour produireun litre <strong>de</strong> gazole, on utilise largementplus d’un litre <strong>de</strong> pétrole si l’on ajoute l’extraction,le transport et le raffinage…Pour ce qui concerne les gaz autres que leCO 2 et dans le domaine qui nous intéresse,nous n’oublions pas non plus que la culture<strong>de</strong>s oléagineux engendre un rejet <strong>de</strong>gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> (notamment d’oxy<strong>de</strong>nitreux (ou protoxy<strong>de</strong> d’azote) N 2 O qui estplus actif (mais plus rare) que le CO 2 quantà l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong>, et qui est produit quandon utilise un engrais chimique). Il s’agitd’un cycle naturel qui d’ailleurs fait actuellementl’objet d’une recherche <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>sculturales susceptibles <strong>de</strong> réduire les émissions<strong>de</strong> façon significative (cf. note 16).C’est d’autant plus important que l’huilevégétale n’a pas encore supplanté le pétroledans la fabrication <strong>de</strong>s engrais azotés quiest grosse consommatrice d’énergie...On ne peut pas non plus passer sous silenceles “biolubrifiants”, lubrifiants fabriqués àpartir <strong>de</strong> l’huile végétale. Ils présentent<strong>de</strong> nombreux avantages : biodégrabilité,économie <strong>de</strong> pétrole, non-pollution…1514 Voir notamment, son rapport “L’huile végétale carburant Gazuile, Étu<strong>de</strong>s techniques et économiques,énergie et environnement”15 Voir notamment http://www.prolea.com/ et la note <strong>de</strong> M. Christophe Hévin <strong>de</strong> l’ADEME “Huiles végétaleset industrie, le contexte” (ADEME-AGRICE / BOUSENS / 5 juin 2003)Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 12


Un autre bénéfice <strong>de</strong> cestechnologies (huile pure ouester) est à prendre en considérationcar il est important :le pressage <strong>de</strong> l’oléagineuxengendre la coproduction <strong>de</strong>tourteaux à valoriser séparément<strong>de</strong> façon tout à faitécologique :■ soit comme aliment pour le bétail avecun triple intérêt en termes : a - d’économie<strong>de</strong> transport (économie d’énergies caron a moins besoin d’en faire venir du boutdu mon<strong>de</strong>), b - d’indépendance nationalepour les approvisionnements en protéinesvégétales et c - <strong>de</strong> traçabilité agricole (utilisationou non d’OGM),■ soit comme engrais écologique en remplacementd’engrais chimiques dont la productionest gourman<strong>de</strong> en énergie,■ soit comme combustible soli<strong>de</strong> et, pource <strong>de</strong>rnier point, on voit l’intérêt pour leszones ari<strong>de</strong>s où se pose le problème particulier<strong>de</strong> la raréfaction du bois <strong>de</strong> chauffagepour la cuisson <strong>de</strong>s aliments…Il faut ici tordre le cou à l’argument selonlequel cultiver <strong>de</strong>s plantes pour faire <strong>de</strong>l’énergie porte atteinte à l’environnementpar l’utilisation <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces <strong>de</strong> terre(uniformisation <strong>de</strong>s paysages) et par l’utilisationintensive d’intrants chimiques. C’estsans fon<strong>de</strong>ment car, selon les régions, onpeut cultiver <strong>de</strong>s oléagineux différents quientretiennent justement une plus gran<strong>de</strong>variété <strong>de</strong>s paysages. Sinon, dans le pire <strong>de</strong>scas, ce n’est ni plus ni moins agréableque les immenses parcelles consacréesaujourd’hui au maïs ou aux céréales et ladifférence est, qu’ici, on préserve la planète…Pour ce qui concerne l’utilisation <strong>de</strong>sintrants chimiques, le fait <strong>de</strong> commencerune nouvelle politique peut (et doit) justementêtre une occasion unique <strong>de</strong> formuler<strong>de</strong>s exigences quant au strict respect<strong>de</strong>s normes en la matière avant que<strong>de</strong> mauvaises habitu<strong>de</strong>s ne s’installent. Parexemple, on pourrait d’emblée faire appelau concept <strong>de</strong> l'agriculture durable, à celui<strong>de</strong> l'agriculture raisonnée ou à celui <strong>de</strong> l'agricultureintégrée16 (cf résumé page 3). Ainsi,la pratique <strong>de</strong>s assolements <strong>de</strong>vrait permettre<strong>de</strong> diminuer le recours aux intrants chimiquesmême en culture intensive. Cela doitêtre l’objet d’une attention toute particulièrecar, comme il vient d’être dit, c’est l’utilisation<strong>de</strong>s engrais qui engendre le rejetd’oxy<strong>de</strong> nitreux pendant la culture.Dans la mesure où l’on se trouve dans un casunique <strong>de</strong> déclenchement <strong>de</strong> l’ensemble d’unprocess nouveau, c’est aussi le moment oujamais <strong>de</strong> l’engager selon <strong>de</strong>s critères éthiques.Par exemple, si on envisage le commerceinternational <strong>de</strong> ces produits énergétiques,il faut, dès le départ, s’inspirer, etau plus haut niveau planétaire, <strong>de</strong> ce quise fait dans le concept du “commerce équitable”qui garantit traçabilité (donc transparence)et juste rémunération du producteur17.Si on laisse s’installer <strong>de</strong>s marchéscaptifs et <strong>de</strong>s rentes <strong>de</strong> situation, il sera pratiquementimpossible <strong>de</strong> rétablir les équilibresultérieurement. Et les errements dommageablesque nous connaissons pour lepétrole étendront très vite leurs <strong>effet</strong>s surle nouvel ordre énergétique à instaurer.Ce <strong>de</strong>rnier point est particulièrement importantpour l’ensemble car, bien que la Francesoit le premier producteur européen d’oléagineux18,il ne faut surtout pas raisonnerdans un cadre franco-français ou mêmeeuropéen, voire entre les seuls pays richesconsommateurs <strong>de</strong> cette énergie. Il fautd’emblée raisonner à l’échelle d’un cadreglobal mondialisé tout à fait novateur. C’estce que l’on cherche à faire <strong>de</strong>puis Rio 92sans y parvenir faute d’un dénominateurcommun.Ce dénominateur commun pourl’après-Rio 92 doit être justementl’utilisation <strong>de</strong> l’huile végétalebrute comme combustible.16 Ex : http://www.agrisalon.com/06-actu/article-9899.php,http://www.farre.org/(Chercher aussi : strategy\agriculture\conference\docs\agri27f.01)17 Cf. http://www.fairtra<strong>de</strong>.org.uk/18 Cf.http://paris.apca.chambagri.fr/apca/<strong>de</strong>fault.htmÉnergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 13


Pour nous, Européens, l’argumentle plus fort en faveur <strong>de</strong>ce schéma <strong>de</strong>vrait être tiréd’une double difficulté àlaquelle nous <strong>de</strong>vons faireface :1 - la fin <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>sgisements <strong>de</strong> la Mer du Nordarrive à grands pas et nécessitera la recherched’une nouvelle source endogène d’énergie,mais laquelle ?2 - l’entrée <strong>de</strong> 10 nouveaux membres dansl'Union et leur adhésion à la Politique agricolecommune. Ceci peut toutefois s’avérerêtre une bonne opportunité d’accroissement<strong>de</strong>s surfaces consacrées, en Europe, à laculture d’oléagineux. De toute façon, noussommes confrontés à la nécessité d’une redéfinition<strong>de</strong> nos sources externes d’énergie.Aujourd’hui, la seule source d’approvisionnementexterne concerne les combustiblesfossiles avec <strong>de</strong>s origines peu diversifiéeset surtout <strong>de</strong>s pays qui subissent tous lesinconvénients <strong>de</strong>s pays richement dotésen matière première.À partir du moment où les sources d’approvisionnementsont géographiquementlargement diversifiées, il n’y a plus vraiment<strong>de</strong> problème d’indépendance énergétique,même pour les États qui n’ont pas <strong>de</strong> terrecar, sauf l’hypothèse d’un blocus physique,ils pourront toujours trouver <strong>de</strong> l’huile quelquepart. Les pressions <strong>de</strong> cette nature vontdonc s’estomper petit à petit et les relationsgéopolitiques vont s’en trouver modifiéesen profon<strong>de</strong>ur et définitivement. Il ne seraplus possible <strong>de</strong> revenir en arrière.Par ailleurs, ce qui permet la corruption tousazimuts dans le système énergétique d’aujourd’hui,c’est la présence <strong>de</strong> nombreuxpoints <strong>de</strong> passage obligés qui sont autant<strong>de</strong> lieux <strong>de</strong> “péage”. Si la source énergétique<strong>de</strong>vient diffuse, il sera plus difficile<strong>de</strong> placer <strong>de</strong>s caisses enregistreuses sur letrajet car il y aura toujours moyen <strong>de</strong> lescontourner. Ainsi, petit à petit, ne subsisterontsur les circuits d’approvisionnementque les professionnels susceptibles d’apporterun service vrai, une valeur ajoutée.Par cette redistribution <strong>de</strong>s cartes énergétiques,nous obtiendrons, à moyen terme,un apaisement généralisé du système parcequ’il y a concomitance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux avantagesmajeurs : 1 - contrairement à ce qui peutvenir à l’esprit immédiatement, cela n’estpas contraire aux intérêts <strong>de</strong>s pétrolierscar ils sont les mieux placés, sur un plantechnique, pour mettre en œuvre cetteréforme. Une bonne partie <strong>de</strong> la mécaniquequ’ils utilisent aujourd’hui pour lepétrole, ils peuvent l’utiliser <strong>de</strong>main pourl’huile végétale. Celle qui est utilisableseulement par l’industrie pétrolière proprementdite <strong>de</strong>vra <strong>de</strong> toute façon, tôt outard, être abandonnée ou reconvertie. Lafilière huile pure est le moyen le moins traumatisantpour les pétroliers <strong>de</strong> passer dupétrole à l’après-pétrole. Ils ne <strong>de</strong>vraientdonc pas envenimer le débat…2 - Autres avantages apaisants : l’élargissementconsidérable <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> production<strong>de</strong> l’énergie <strong>de</strong>stinée aux transportset l’accroissement considérable <strong>de</strong> la productiondécentralisée <strong>de</strong> l’électricité. Cetélargissement à <strong>de</strong>s marchés nouveaux seratellement important qu’il y aura <strong>de</strong> la placepour les pétroliers convertis et pour lesgrands producteurs d’huile végétale existantmais aussi pour une kyrielle <strong>de</strong> producteurset transporteurs, stockistes et distributeursqui n’existent pas forcémentaujourd’hui. Il y a <strong>de</strong>s plantes oléagineusestrès productives, comme le palmier guinéen,qui donne jusqu’à huit fois l’équivalent<strong>de</strong> la production d’huile <strong>de</strong> notre colzaà l’hectare. M. Plassard, dans la plaquetteprécitée (cf. note 10 page 11), mentionnel’hypothèse soutenue par M. le ProfesseurErnst Schrimpff selon laquelle, il suffirait <strong>de</strong>consacrer 2,6% <strong>de</strong> la surface <strong>de</strong> la terre àla culture <strong>de</strong> palmiers pour satisfaire l’équivalent<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en énergie fossile. Certaines<strong>de</strong> ces plantes poussent dans <strong>de</strong>szones extrêmement ari<strong>de</strong>s comme la pourghère(Jatropha Curcas L.)19 qu’on pour-19 Cf. par ex : http://www.jatropha.org/ ou http://www.renewingindia.org/Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 14


ait produire dans le Sahelou bien – et c’est une provocationqui, à la réflexion,n’en est pas une – dans certainspays producteurs <strong>de</strong>pétrole et même, pourquoipas ? dans certains pays producteurs<strong>de</strong> pavot ou <strong>de</strong>coca…. Quel meilleur moyen <strong>de</strong> rendre cespays exportateurs (ou différemment exportateurs)que cette nouvelle distributiondu jeu énergétique mondial ?La seule chose qui fait marcher le mon<strong>de</strong>,c’est l’argent. Tous les bons sentiments, toutesles craintes liées à la détérioration <strong>de</strong>l’environnement ne pèsent rien. La preuveen est que, <strong>de</strong>puis Rio 92, la prise <strong>de</strong>conscience universelle est forte mais qu’estcequi a changé ? La pauvreté a-t-elle reculé? Non. Le taux <strong>de</strong> carbone atmosphériquea-t-il baissé ? Non. Le danger réel quimenace l’humanité est-il enrayé ? Non, bienau contraire…Les <strong>de</strong>ux cibles <strong>de</strong> notre action sont incontournables.Il s’agit <strong>de</strong> la diminution du rejet<strong>de</strong> carbone fossile dans l’atmosphère et dudéveloppement <strong>de</strong>s pays pauvres. Au sta<strong>de</strong>où nous en sommes, elles ne sont plus morales,elles sont <strong>de</strong>venues tout simplementvitales...Pragmatiquement, le seul moyen <strong>de</strong> marquer<strong>de</strong>s points est d’orienter la politiqueénergétique mondiale <strong>de</strong> telle façon queceux qui gagnent beaucoup d’argent endétruisant la planète gagnent beaucoupd’argent en la préservant. Si on parvient àce résultat, on verra que les choses avanceronttrès vite et dans le bon sens. Cettenouvelle donne énergétique mondiale assurerale maintien <strong>de</strong> ressources propres auxpays concernés et apportera rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>sressources à ceux qui, aujourd’hui, n’enont pas. La croissance naturelle qui en résulterane se construira pas sur le dos <strong>de</strong> notreplanète et financera cet accroissement dunombre d’attributaires <strong>de</strong> ressources économiquesnouvelles.Cet aspect purement économique est unlevier essentiel pour apporter le progrès sanspolluer davantage. Il comporte un autrevolet ayant trait au développement : ladécentralisation extrême <strong>de</strong> la productiond’électricité. Dans tous les endroits les plusreculés du globe, quel que soit le climat, dèslors que l’on peut planter un oléagineux quelqu’il soit, comme on l’a dit plus haut, onpeut le presser sur place et fabriquer localement<strong>de</strong> l’électricité avec un groupe électrogèneentraîné par un moteur fonctionnantavec cette huile (Ludwig Elsbett faitétat d’environ 2 000 oléagineux susceptiblesd’alimenter un tel dispositif à traversle mon<strong>de</strong>). À côté <strong>de</strong> cette productiond’électricité avec laquelle on peut, notamment,faire le froid ou <strong>de</strong>ssaler l’eau <strong>de</strong>mer, on pourrait aussi mentionner les pompes,les compresseurs, les engins, lescamions, les tracteurs, les véhicules <strong>de</strong>liaison, les bateaux, les navires, les locomotives,les aéronefs, tout ce qui estentraîné par un moteur à pétrole à inflammationspontanée (diesel)… Tout cela tournantà plein régime sans augmentation <strong>de</strong>srejets <strong>de</strong> CO 2 fossile ! Sans oublier les tourteauxcoproduits dont nous avons déjàparlé.MAIS, ATTENTION ! Si l’on ne veut pas quele remè<strong>de</strong> soit pire que le mal, commeil est dit par ailleurs, il est vital <strong>de</strong> canaliser,dès le départ, cette dynamique nouvelleen établissant un cahier <strong>de</strong>s chargesprécis et obligatoire s’appliquant àla filière <strong>de</strong>puis la plantation jusqu’à l’utilisateuravec transparence et traçabilité.Deux écueils menaçants sont à éviterimpérativement, sous peine <strong>de</strong> réduireà néant les efforts entrepris : l’un a traitaux métho<strong>de</strong>s culturales. Il faut empêcherl’épuisement <strong>de</strong>s sols et le rejetd’oxy<strong>de</strong> nitreux pendant la culture car ilest un puissant gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong>. L’autrea trait à l’organisation <strong>de</strong> la filièrecommerciale pour empêcher la confiscationdu système par les gran<strong>de</strong>s multinationalesqui sacrifieront tout ce queces propositions ont d’humain pour n’yvoir qu’une gigantesque source <strong>de</strong> profit.Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 15


Alors,que faire ?En France, pour passer du système<strong>de</strong>structeur actuel ausystème "utopiste" que noussuggérons, l’État doit êtremoteur. Et la France, avec l’Allemagne,et, au <strong>de</strong>là, l’Europedoivent montrer le chemin.Il est malheureusement troptard pour auditionner, à unhaut niveau politique, le DrLudwig Elsbett, qui a passé une gran<strong>de</strong>partie <strong>de</strong> sa vie à travailler sur l’huile végétaleutilisée comme carburant (il est décédéle 28 mars 2003 à près <strong>de</strong> 90 ans). Il étaitsans doute l’un <strong>de</strong>s grands spécialistes mondiaux<strong>de</strong> la question. C’est à lui que l’on doitle moteur Magic Berliet (licence MAN) quiéquipe les camions militaires françaisGazelle. Son audition aurait mis fin aux nombreusesdésinformations dont l’État est victimeau plus haut niveau <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décenniessur ce dossier. Cette désinformation apermis à l’ester <strong>de</strong> prendre la place <strong>de</strong> l’huilepure dans le développement – bien circonscrit– <strong>de</strong> ce qu’il est convenu d’appeler“les biocarburants diesels”. À défaut <strong>de</strong>cette audition qui n’a pas eu lieu, il faut,comme cela a été fait par l’université <strong>de</strong> Siegenen Allemagne, faire expertiser par uneuniversité française spécialisée dans lesmoteurs à combustion interne, le moteurhistorique Elsbett : 3 cylindres turbo, 1450cm3, 80 cv, parfaitement polycarburant aupétrole et à l’huile végétale, ren<strong>de</strong>mentporté à 40% notamment grâce à l’absence<strong>de</strong> circuit <strong>de</strong> refroidissement (ni air, ni eau,pas <strong>de</strong> joint <strong>de</strong> culasse, juste un jet d’huile<strong>de</strong> lubrification sous la jupe du piston pourassurer le refroidissement moteur et lechauffage <strong>de</strong> la cabine) extrêmement rustique,increvable, exceptionnellementadapté au travail dans les pays pauvrestrès chauds comme très froids. Ajoutons quel’écobilan <strong>de</strong> sa fabrication est nettementplus favorable que celui <strong>de</strong>s moteurs produitsactuellement. L’outil idéal pour ledéveloppement durable. Cette expérimentation<strong>de</strong>vra se faire selon les modalitéset procédures arrêtées pour les "Mécanismesdu développement propre" pour que sesrésultats soient acceptés d’emblée par leplus grand nombre <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>urs à traversle mon<strong>de</strong>20.C’est à ce moteur extraordinairequ’il faut intéresser les industriels.Ils doivent le fabriquer en trèsgran<strong>de</strong> série le plus vite possiblepour qu’il inon<strong>de</strong> le mon<strong>de</strong>.La première usine pourrait être en Franceet pourquoi pas en Lorraine, pôle d’excellenceautomobile au cœur <strong>de</strong> l’Europe ?Une fois le modèle d’usine mis au point,on pourrait aller en construire un peu partoutsur la planète. Ce serait sans doute préférableà la construction d’usines qui fabriquent100 ou 150 000 véhicules à pétrolepar an pour <strong>de</strong>s marchés neufs comme laChine. Car dans ce cas, chaque voiture vendueest une voiture supplémentaire qui semet aussitôt à recracher son carbone fossiledans l’atmosphère. Or, selon l’Encyclopédie<strong>de</strong> l’environnement atmosphérique,le conducteur moyen d’une voiture est responsablechaque année du rejet d’un poids<strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone équivalent environau poids <strong>de</strong> la voiture,21 donc une usinereprésente en gros 120 000 tonnes <strong>de</strong> rejetpar an. Si ces nouvelles voitures étaientéquipées d’un moteur Elsbett et fonctionnaientà l’huile végétale, elles n’aggraveraientpas le taux <strong>de</strong> CO 2 atmosphérique...Conformément aux règles édictées par laCommission européenne22, il faut autoriserl’utilisation <strong>de</strong> l’huile végétale brutecomme carburant et laisser l’exemple <strong>de</strong>20 Mécanismes du développement propre in http://cdm.unfccc.int/ puis "Méthodologies"21 http://www.ace.mmu.ac.uk/eae/22 Directive 2003/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 8 mai 2003 visant à promouvoir l’utilisation<strong>de</strong> biocarburants ou autres carburants renouvelables dans les transportshttp://europa.eu.int/eur-lex/fr/lif/reg/fr_register_151020.html puis “n° 32003L0030” point n° 12Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 16


la société Valenergol s’étendreet se multiplier23 (cettesociété a essayé <strong>de</strong> développerl’usage <strong>de</strong> l’huile végétalecarburant mais s’est heurtéeà un refus <strong>de</strong> l’administrationfiscale française). L’exemplaritésera importante et lespremiers résultats immédiats. Par exemple,ses dirigeants font remarquer que si l’administrationfrançaise l’avait laissé travailler<strong>de</strong>puis 5 ans, elle aurait pu mettre enservice 300 presses. Celles-ci auraient puproduire l’équivalent du contenu du navirepétrolier “Prestige” en 2 ans et <strong>de</strong>mi…Sur le plan fiscal justement, il faut trouverun compromis permettant <strong>de</strong> préserverla ressource financière étatique liée aucarburant automobile. Il n’est pas questiond’asseoir le développement <strong>de</strong> l’huilecombustiblesur une exonération totale ousur une subvention spécifique car ce seraitle meilleur moyen d’empêcher la pérennité<strong>de</strong> cette réforme. Cependant, il serait juste<strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s économies engendréespour la collectivité par l’utilisation d’un produitfrançais (au début) et d’un produitqui présente aussi l’avantage <strong>de</strong> rendre possiblele respect <strong>de</strong>s accords internationauxsouscrits par la France (notamment Kyotopour la lutte contre l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> mais aussiceux qui touchent à l’ai<strong>de</strong> au développement).Cela est justifié car le non-respect<strong>de</strong> certains accords internationaux multilatérauxse traduit par <strong>de</strong>s pénalités qui peuventêtre élevées. Pour le reste, dans lamesure où la production d’oléagineux estune production agricole, si la Politique agricolecommune (PAC) <strong>de</strong> Bruxelles prévoitune ai<strong>de</strong> pour ce type <strong>de</strong> produit, il estlogique qu’elle soit versée…1 - Il faut associer dès aujourd’hui aux discussionsles spécialistes du commerce équitableet <strong>de</strong> l’agriculture adaptée (cf résumépage3) pour empêcher l’instauration <strong>de</strong>mauvaises habitu<strong>de</strong>s.2 - Il faut associer au plus tôt les pétroliersau processus pour que leurs intérêtssoient sauvegardés et donc, qu’ils trouventun attrait à la collaboration. De toutefaçon, leur expérience technique pour toutce qui touche au transport, au stockage età la distribution est pratiquement indispensable.3 - Il faut associer au plus tôt les producteurset négociants d’huile végétale pourqu’ils apportent aussi leur technicité au système.Ces professionnels du négoce <strong>de</strong>s produitsagricoles ou agroalimentaires - avec lesreprésentants politiques français et européens- auront notamment pour tâche <strong>de</strong>faire prendre en compte par l’Organisationmondiale du commerce (OMC) la mise enplace et la spécificité <strong>de</strong> cette nouvellefilière agro-énergétique.4 - Il faut multiplier les sites pilotes enleur donnant une taille <strong>de</strong> plus en plusimportante.5 - Bien que ces premières démarchesconcernent la France, il faut concomitammententamer le processus <strong>de</strong> changementà l’échelon international. D’abord européenpuis africain puis avec les pays producteurs<strong>de</strong> pétrole puis partout…Toutefois, cela ne sera possible quesi le plus grand nombre s’appropriece dossier et le fait avancer à sonniveau. Et aussi vous-même qui venez<strong>de</strong> lire ces lignes !Si nous ne diminuons pas sérieusement etrapi<strong>de</strong>ment le recours aux énergies fossiles,dans moins d’un siècle, la vie sur terre commenceraà <strong>de</strong>venir problématique. Et,comme nous l’avons vu, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s économiesd’énergie (qu’il faut à nouveauencourager comme lors <strong>de</strong>s “chocs pétroliers”<strong>de</strong>s années 70 et 80), il n’y a pas d’autresolution à moyen terme que le remplacementd’une partie – la plus importantepossible - du pétrole par <strong>de</strong> l’huile végétalepure.23 http://valenergol.free.fr/ (y consulter notamment dans la "revue <strong>de</strong> presse" in fine l’interview du professeurSCHRIMPFF précité page 9 supra)Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 17


Si nous ne rééquilibrons pasun tant soit peu le Sud et leNord, l’organisation économique<strong>de</strong> la planète et celle<strong>de</strong>s flux migratoires <strong>de</strong>viendrontingérables. Nous avonseu droit, dans l’Adriatique, enMéditerranée, à Gibraltar ouà Sangatte, à un minuscule échantillon <strong>de</strong>ce qui attend tous les pays riches à moyenterme. Aussi, même si on est insensible àla dimension humaine du problème – pourtantla plus importante et la plus urgenteà traiter – très égoïstement, nous <strong>de</strong>vonsprendre conscience <strong>de</strong> l’impérieuse obligationdans laquelle nous sommes, pouressayer d’éviter cela, <strong>de</strong> faire en sorte queles hommes et les femmes <strong>de</strong> cette planèteaient un avenir là où ils ont leursattaches et leur culture sinon, nous <strong>de</strong>vronsrevoir les nôtres…Quel meilleur terreau que la misèrepour toutes les immigrations clan<strong>de</strong>stineset toutes les dérives extrémistes?Quelques pistesd’expérimentationà l’échelle 1Le dossier automobile est, sans nul doute,le moyen le plus compliqué d’entrer danscette voie <strong>de</strong> changement parce qu’il estau centre <strong>de</strong> nombreux débats politiques,techniques, sociaux et économiques. Entout cas, rien ne se fera dans ce domainetant qu’il n’existera pas sur le marché unelignée <strong>de</strong> moteurs construits selon lesprincipes du trois-cylindres historiqueElsbett (cf. page 16) déclinée du plus rustique,pour le mon<strong>de</strong> rural, au plus sophistiqué,pour le mon<strong>de</strong> urbain. On doitévi<strong>de</strong>mment le regretter car les transportssont une <strong>de</strong>s sources les plus importantes<strong>de</strong> gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> en même tempsque l’un <strong>de</strong>s meilleurs outils <strong>de</strong> développement,mais c’est un fait.Cependant, pour commencer rapi<strong>de</strong>mentà changer les choses en profon<strong>de</strong>ur, onpeut, dès à présent agir à <strong>de</strong>ux niveaux,un niveau micro et un niveau macro,avec <strong>de</strong>s dispositifs simples dans le principeet indéfiniment reproductibles oudéclinables tout autour <strong>de</strong> la planète.Leur mise en œuvre, comme l’ensembledu problème décrit dans la présente note,ne dépend que <strong>de</strong> l’existence ou non d’unevolonté <strong>de</strong> faire : volonté économiqueet volonté politique. Comme nous l’avonsdit, les moyens techniques à mettre enaction existent déjà.Par souci <strong>de</strong> sécurité, dans les raisonnementsqui suivent, tous les chiffres positifssont pris à leur minimum et tous les chiffresnégatifs à leur maximum.Une expérience <strong>de</strong> niveau macroDepuis quelques années, la France connaîtun fleurissement d’expériences d’installations<strong>de</strong> parcs éoliens24. Cependant, pourqu’une éolienne fonctionne, il faut du vent.24 Au 23 avril 2004 : un peu plus <strong>de</strong> 500 machines pour environ 260 MW installés pour la France - sourcehttp://www.suivi-eolien.com/ (contre environ 12 000 MW en Allemagne).Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 18


Une année compte 8766 heures.Sur cette année, enmoyenne, disons qu’enFrance, un tel site reçoit 2000 à 4 000 heures <strong>de</strong> ventsuffisant et reste inactif,faute <strong>de</strong> vent, pendant 4 500à 6 500 heures. Si l’on adjointà l’éolienne un moteur diesel <strong>de</strong> même puissancefonctionnant, par exemple, à l’huile<strong>de</strong> palme ou <strong>de</strong> pourghère et qui se meten route quand l’éolienne s’arrête, on assurecontinuellement la production d’une électricitéverte tout au long <strong>de</strong> l’année.Pour simplifier le raisonnement dans l’immédiat,on ne prendra l’exemple que <strong>de</strong>ces <strong>de</strong>ux oléagineux africains très productifs(cf. infra) mais on pourrait aussi parlerd’arachi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> coton ou <strong>de</strong> quantité d’autresoléagineux. (Si l’on alimente un moteurElsbett, il s’adaptera automatiquement àtous les types d’huiles. Si l’on alimente unmoteur elsbettisé ou modifié, il faudra sansdoute revoir les réglages à chaque changement<strong>de</strong> type d’huile).Si l’on raisonne sur un site d’un millier <strong>de</strong>kilowatts (1 mégawatt (MW)) consommant<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 250 litres/heure pendant 6 000heures, le besoin en huile est <strong>de</strong> un millioncinq cent mille litres (1 500 000 l) surl’année, soit environ 1 380 tonnes d’huilepar installation d’un mégawatt (si l’on ditqu’un litre d’huile pèse 920 grammes). Sil’on dissémine 1 000 installations <strong>de</strong> ce typesur le territoire, on importe un million troiscent quatre vingt mille tonnes (1 380 000 t)d’huile par an <strong>de</strong> pays qui sont aujourd’huisans ressources et, en France, on remplacelargement une centrale nucléaire <strong>de</strong> 900MW.Rappelons que la totalité <strong>de</strong> la filière, <strong>de</strong>A à Z, peut fonctionner à l’huile végétalepure : culture, trituration, éventuel traitementou raffinage, stockage, transport parroute, fer ou eau. Arbitrairement, disons quecela représente 50 % <strong>de</strong> besoin en huile supplémentaire.C'est beaucoup, mais d'un boutà l’autre <strong>de</strong> cette chaîne, <strong>de</strong> la culture à lacentrale électrique : zéro-rejet <strong>de</strong> gaz à <strong>effet</strong><strong>de</strong> <strong>serre</strong>…Ainsi, par une même opération, on luttecontre l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> sans remettre en causele niveau <strong>de</strong> production d’électricité et onai<strong>de</strong> un pays pauvre à mener un développementpropre (dans les <strong>de</strong>ux sens duterme).Quant aux terres à utiliser, pour produire1 380 000 + 50 % = 2 070 000 tonnes d’huile<strong>de</strong> palme, il faut moins <strong>de</strong> 650 000 hectares25<strong>de</strong> palmiers guinéens (elaeis guineensisjacq.)26 et, comme nous avons dit quenous restions dans le cadre d’une agricultureadaptée (cf résumé page 3) et du commerceéquitable, il n’est pas question <strong>de</strong> détourner<strong>de</strong>s terres exploitées aujourd’hui pour <strong>de</strong>scultures vivrières traditionnelles. C’est surtoutsur ce type <strong>de</strong> projets que doivent intervenirin limine les organisations qui traitent<strong>de</strong> commerce équitable et d’agriculture.Prenons l’exemple <strong>de</strong> la République <strong>de</strong> Guinée27,qui est sans doute assez significatif<strong>de</strong> ce que l’on peut trouver dans bien<strong>de</strong>s pays d’Afrique. Une étu<strong>de</strong> réalisée enjuillet 2003 par la FAO et l’Institut <strong>de</strong> rechercheagronomique <strong>de</strong> Guinée pour le Ministèreguinéen <strong>de</strong> l’agriculture et <strong>de</strong> l’élevage28donne <strong>de</strong>s éléments chiffrés trèsintéressants aux termes <strong>de</strong>squels le sol“ayant vocation” à recevoir, entre autres,du palmier guinéen représente une superficie<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2 950 000 ha, notammenten Guinée forestière.Quant aux terres à affecter à cette production,la décision appartient aux seuls Guinéens,aux investisseurs et autres financeurs,mais notons que, sur <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliersd’hectares en Haute Guinée jusqu’enGuinée forestière, chaque année, la broussebrûle. Cela se traduit par une disparitiondu couvert végétal et le lavage <strong>de</strong> l’humusà chaque saison <strong>de</strong>s pluies. Les terres ne sontplus que <strong>de</strong> la latérite avec <strong>de</strong>s termitièrespar millions. En conséquence, la sécheresseest en train <strong>de</strong> s’installer.25 Pour avoir une idée <strong>de</strong> la portée <strong>de</strong>s chiffres cités ici, à titre <strong>de</strong> comparaison, le massif forestier <strong>de</strong> larégion lorraine c’est environ 870 000 ha et le massif forestier français environ 15 millions…26 Voir par exemple : http://twd.free.fr/moambe/Fiches_techniques/huile_palme.htm27 L’auteur <strong>de</strong> ces lignes milite <strong>de</strong>puis 15 ans dans une association <strong>de</strong> développement en Guinée :http://www.akgn.org/28 http://www.fao.org/ag/agl/agll/landuse/docs/guinea.docÉnergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 19


En plantant un oléagineuxadapté à la région (la pourghèreest toute indiquée)pour reconstituer un peud’humus et pour restaurer uncouvert végétal, on apportera,à moyen terme, unesolution à ce problème terrible.Ainsi, en Guinée, sur ces terres désoléeson valoriserait, sans gêner personne,les milliers d’hectares dont ce projet abesoin. Nous ne ferions alors que redonnerla vie à cette région en perdition, neserait-ce qu’en y créant toute une activiténouvelle apporteuse d’emplois.Ajoutons que celle-ci est traversée par lavoie ferrée Conakry/Kankan, inutilisée<strong>de</strong>puis 1987, qui pourrait faire l’objet d’unprojet <strong>de</strong> coopération pour une remise enétat. En utilisant <strong>de</strong>s locomotives dieselsfonctionnant à l’huile locale on donneraitun coup <strong>de</strong> fouet considérable à toute l’économiedu pays et l’on aurait ainsi le moyen<strong>de</strong> drainer vers le port <strong>de</strong> Conakry toutel’huile produite par les huileries le long <strong>de</strong>la voie.À elle seule, la Guinée forestière offre unecapacité <strong>de</strong> plantation importante <strong>de</strong> palmiersguinéens. Aujourd’hui, un <strong>de</strong> ses handicapsrési<strong>de</strong> dans son éloignement <strong>de</strong> lacapitale et dans l’insuffisance <strong>de</strong> voies <strong>de</strong>communication jusqu’à Kankan. Encouragerle développement d’une importante cultured’oléagineux motivera la mo<strong>de</strong>rnisation<strong>de</strong> la route Nzérékoré/Kankan voire,à terme, le prolongement <strong>de</strong> la voie ferréeprécitée.Quant au coût <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> cettefilière en France, on ne le connaît pas encorecar le prix <strong>de</strong> l’huile n’existe pas aujourd’huipuisque ce circuit n’existe pas.Les huiles industrielles ont d’autres spécificitéset d’autres débouchés qui conditionnentun certain prix, les huiles alimentaireségalement.Dans le domaine <strong>de</strong> l’énergie, cela n’ajamais été fait sur une gran<strong>de</strong> échelle,donc, il n’y a pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, donc, iln’y a pas d’offre.Si bien que le prix reste à définir en fonction<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> transportet en fonction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, mais il <strong>de</strong>vraêtre pondéré par <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s publiques caril présentera une gran<strong>de</strong> utilité collective“ici et là-bas” qui justifiera un système <strong>de</strong>subventionnement qui n’a pas à concernerles huiles industrielles ou alimentaires.Cette idée d’un mariage entre différentessources d’énergie renouvelable et un développementd’échanges entre le “Nord et leSud”, peut se décliner à différents niveaux.Par exemple : La plupart <strong>de</strong>s maires <strong>de</strong>communes moyennes en France (et pas seulementen France…) est confrontée à lanécessité d’implanter ou <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser unsystème <strong>de</strong> transport en commun.Dans les zones qui s’y prêtent, les offreurs<strong>de</strong> système <strong>de</strong> transport pourraient proposersur le marché un module <strong>de</strong> productiond’énergie, déclinable en différentes tailleset alimenté, comme dit précé<strong>de</strong>mment,par <strong>de</strong>ux sources renouvelables conjointes :la première peut être le vent, la secon<strong>de</strong>est l’huile végétale.Sur un site unique, proche du dépôt <strong>de</strong> véhicules<strong>de</strong> transport en commun, on met enœuvre une éolienne <strong>de</strong> taille adaptée aubesoin du réseau <strong>de</strong> transport qui est relayée,quand il n’y a pas <strong>de</strong> vent, par un groupeélectrogène entraîné par un moteur dieselfonctionnant à l’huile végétale brute.Dans un cas comme dans l’autre, il y a zérorejet<strong>de</strong> gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> au cours du fonctionnement.Les véhicules <strong>de</strong> transport en commun sontsoit à air comprimé, soit électriques. Dansle premier cas, ils sont rechargés en airpar <strong>de</strong>s compresseurs fonctionnant grâceà l’électricité fournie par le module, dansle cas <strong>de</strong> véhicules électriques, ils sont alimentés,soit par un réseau <strong>de</strong> fils, soit par<strong>de</strong>s batteries rechargées grâce à l’électricitéfournie par le module.Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 20


Tout cela fait appel à <strong>de</strong>stechnologies aujourd’hui bienmaîtrisées et existant sur lemarché. La gran<strong>de</strong> nouveauté<strong>de</strong> cette idée vient <strong>de</strong> la façon<strong>de</strong> les agencer en un ensemblecohérent.Le résultat serait double :premièrement, globalement, le système nerejette aucun gaz à <strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong>, ce quidonne à la collectivité cliente vocation àpercevoir toutes les subventions et autresai<strong>de</strong>s attachées à cela. Deuxièmement, dansla ville, le fonctionnement du réseau <strong>de</strong>transport n’engendre aucun rejet polluant.La même idée <strong>de</strong> module énergétique pourles systèmes <strong>de</strong> transport urbain, peut êtredéclinée en l’adaptant aux réseaux d’éclairageurbain, aux gran<strong>de</strong>s infrastructurescomme les installations sportives, les usines<strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s eaux, etc. C’est peutêtreencore plus facile… Dans le secteurprivé, les applications sont à l’évi<strong>de</strong>nceencore plus variées et encore plus nombreuses(ex. : alimentation <strong>de</strong> telle usine, <strong>de</strong>telle industrie, <strong>de</strong> telle installation touristique…).Une expérience <strong>de</strong> niveau microCela a déjà été fait en plusieurs endroitsen Afrique et en Asie à l’échelle d’un villageou <strong>de</strong> quelques villages.L’expérience dont il est question ici est encours <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> financements etconcerne la République <strong>de</strong> Guinée. Elleconsiste à mettre en place, dans un village<strong>de</strong> Haute Guinée, un engin diesel d’unetrentaine ou d’une quarantaine <strong>de</strong> chevauxconsommant <strong>de</strong> l’huile <strong>de</strong> palme ou <strong>de</strong> l’huile<strong>de</strong> pourghère produite sur place (consommationmaximale : 8 l/heure soit pour20h/jour = 160 litres/jour = 58 400 l/an).La pourghère est utilisée comme haie vive.Elle produit 1 000 à 1 200 litres / ha / an(souvent davantage en fonction <strong>de</strong>s conditions)d’une huile avec laquelle les femmesafricaines font aujourd’hui du savon.Précisons que la pourghère se contente <strong>de</strong>conditions très spartiates c’est-à-dire qu’onpeut complanter <strong>de</strong>s terres actuellementinutilisées. Le palmier guinéen quant à lui,produit au moins 3500 litres à l’hectare (parfois<strong>de</strong>ux fois plus en fonction <strong>de</strong>s conditionscar il est l’oléagineux le plus productifau mon<strong>de</strong>) et il est, en même temps unpuits <strong>de</strong> carbone qui absorbe plusieurs tonnes<strong>de</strong> carbone à l’hectare / an pendanttoute la durée <strong>de</strong> sa croissance ; après, onle coupe, on valorise le bois et on recommenceavec <strong>de</strong> jeunes plants. Un cycle<strong>de</strong>vrait durer <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 25 ans.Il faudrait donc une petite cinquantained’hectares <strong>de</strong> pourghère ou environ 15 hectares<strong>de</strong> palmiers guinéens pour assurer l’autonomieénergétique basique d’une souspréfectured’environ 7 000 habitants commeKoumana (Préfecture <strong>de</strong> Kouroussa en HauteGuinée).Cet engin, un gros motoculteur ou un petittracteur, sera muni <strong>de</strong>s outils adéquats pourai<strong>de</strong>r à la culture sur trois hectares <strong>de</strong> jardinsmaraîchers cultivés par les femmes dansle cadre d’une action <strong>de</strong> coopérationconduite par une petite ONG <strong>de</strong> NancyFrance.Il pourra tracter une remorque et sera pourvud’une prise <strong>de</strong> force qui lui permettra <strong>de</strong> fairefonctionner tour à tour :1. La pompe mobile <strong>de</strong>stinée à remplir leschâteaux d’eau <strong>de</strong>s jardins maraîchers,2. La presse nécessaire à la fabrication <strong>de</strong>l’huile-carburant à partir <strong>de</strong>s graines <strong>de</strong>palme et <strong>de</strong> pourghère produites au village(cela nécessite l’utilisation <strong>de</strong> 5 à 8%<strong>de</strong> la récolte),3. Chaque soir, un générateur <strong>de</strong> courant quifournira, en basse consommation, l’éclairage<strong>de</strong>s rues, le centre <strong>de</strong> santé (y comprisle réfrigérateur <strong>de</strong>s vaccins), l’écoleet le collège, le bâtiment administratif(sous-préfecture et commune). De façonpayante, il pourra également alimenter lescommerces et même les particuliers qui lesouhaiteront.4. Une fraise pour la plantation <strong>de</strong>s arbres.5. La motopompe pourra aussi être mobi-Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 21


lisée sur tel ou tel puits duvillage en cas d’incendie carKoumana, le lieu <strong>de</strong> la premièreexpérience, est un village<strong>de</strong> cases traditionnellesà toit <strong>de</strong> chaume.Outre l’utilisation d’un combustible100% végétal, le fait<strong>de</strong> consommer l’huile locale présente un tripleavantage <strong>de</strong> taille :■ Elle assure l’autosuffisance énergétiquedu village. Pas <strong>de</strong> pétrole à acheter !■ Comme on l’a vu, le pressage <strong>de</strong>s grainesengendre la coproduction <strong>de</strong> tourteaux(ce qui reste <strong>de</strong> la graine quand on a exprimél’huile) qui peuvent être utilisés soit commeengrais naturel, soit comme combustiblepour la cuisine en remplacement du bois.La pourghère fournit plus <strong>de</strong> 400 kg <strong>de</strong> tourteauxpar hectare et le palmier guinéen environ15 tonnes <strong>de</strong> tourteaux par hectare.■ La production ou la collecte <strong>de</strong>s fruitsoléagineux constituera une petite source <strong>de</strong>revenus nouveaux pour les propriétaires <strong>de</strong>spalmiers à huile du village et pour les femmesqui ramasseront les graines <strong>de</strong> pourghère.Le coût global <strong>de</strong> l’investissement (avantétu<strong>de</strong> sérieuse) <strong>de</strong>vrait se situer entre20 000 et 25 000 euros.Si ce projet trouve sa place, par exemple,dans le programme <strong>de</strong> l’État guinéen intitulé“Programme d’électrification ruraledécentralisée”, une partie du financement(30 %) doit venir d’un investisseur privé àtrouver, 15 à 20% <strong>de</strong> subventions financentles étu<strong>de</strong>s préalables et 50 à 60 % <strong>de</strong>prêts peuvent être obtenus auprès <strong>de</strong> l’Étatguinéen via la banque BICIGUI et le Créditrural <strong>de</strong> Guinée (il s’agit d’argent apportéessentiellement par la Banque mondiale).Il peut également faire l’objet d’une recherched’autres financements <strong>de</strong> type Programmed’appui aux collectivités villageoises<strong>de</strong> l’État guinéen (PACV), systèmes <strong>de</strong>coopération française, canadienne, alleman<strong>de</strong>…Banque mondiale, programmes <strong>de</strong>sNations Unies pour le développement oupour l’environnement, Petits projets dans lecadre <strong>de</strong>s Mécanismes pour un développementpropre <strong>de</strong>s Nations Unies (cf. note20)…Mutatis mutandis, le même projetavec les mêmes financements peutêtre implanté partout dans lemon<strong>de</strong> pauvre. De quoi changervraiment le cours <strong>de</strong>s choses.Il faut juste le vouloir…Énergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 22


AppelEn lisant ces lignes jusqu’iciet en parcourant la presse<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s mois, vous avezpeut-être pris conscience dufait que quelque chose estpourri en notre royaume. Labranche qui nous supporte nerésistera plus longtemps auxcoups <strong>de</strong> scie que, génération après génération,nous lui donnons avec beaucoup<strong>de</strong> constance et d’inconscience.Alors, qui que vous soyez, il vous revientpersonnellement <strong>de</strong> vous approprier ce dossier.Il est le vôtre. Il est celui <strong>de</strong> vos enfantsou <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> vos voisins. Vous pouvez,vous <strong>de</strong>vez prendre une initiativequelconque, à votre échelle, pour le faireavancer :■ Si vous êtes responsable politique, àquelque niveau que ce soit, faites travaillersur ce dossier la structure que vous dirigezpour que les propositions concrètes <strong>de</strong>terrain voient le jour au plus tôt. Prescrivezimmédiatement le démarrage <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>snécessaires.■ Si vous êtes dirigeant d’une collectivitélocale, faites étudier dès aujourd’huila possibilité <strong>de</strong> remplacer une partie ducombustible fossile que vous consommezpour le transport ou pour le chauffage par<strong>de</strong> l’huile végétale brute.■ Si vous êtes chef d’entreprise, étudieztout <strong>de</strong> suite la faisabilité <strong>de</strong> faire fonctionnerà l’huile végétale tout ce qui consommeun combustible fossile. Grâce aux incitationsfiscales ou financières déjà mises enœuvre par votre pays ou par l’Union Européenne(c’est encore insuffisant), cela n’estpeut-être pas si coûteux qu’il y paraît d’emblée.■ Si vous êtes journaliste, vérifiez toutce qui vient d’être dit et répan<strong>de</strong>z la bonneparole urbi et orbi. Le rôle <strong>de</strong>s médias estirremplaçable dans la mobilisation <strong>de</strong> tous.■ Si vous êtes artiste ou organisateur<strong>de</strong> spectacles, pourquoi ne pas organiser<strong>de</strong>s concerts comme cela a été fait pour d’autresgran<strong>de</strong>s causes comme l’Éthiopie, le Sidaou les Restos du Cœur ? Ici, il ne s’agitpas, a priori, <strong>de</strong> ramener <strong>de</strong> l’argent mais<strong>de</strong> mobiliser le plus grand nombre sur cettevoie salvatrice. Il faut déclencher un mouvementplanétaire d’opinion, surtout chezles jeunes.■ Si vous êtes un sponsor ou un coureurautomobile, travaillez à l’engagementd’un véhicule elsbettisé (moto, voiture oucamion ou les trois) dans un grand raid typeParis-Dakar dès la prochaine saison.■ Si vous êtes un investisseur, réorientezvos placements vers la production, lenégoce ou le transport <strong>de</strong> l’huile végétalepure ou <strong>de</strong>s systèmes énergétiques fonctionnantà l’huile végétale. Intéressez-vous autrois-cylindres historique <strong>de</strong> Ludwig Elsbett.Vous gagnerez <strong>de</strong> plus en plus d’euros chaquejour ! Tout ce qu’on vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> c’estune éthique.■ MAIS, À VOUS TOUS : surtout, ne vouslaissez pas manipuler ! Multipliez vos sourcesd’information sur la question. Vérifiezleset recoupez-les ! Commencez donc parle présent document. Nous n’avons plus droità l’erreur…D’abord, au fond <strong>de</strong> vous-même, en votrequalité <strong>de</strong> citoyen(ne) responsable<strong>de</strong>man<strong>de</strong>z-vous : “Existe-t-il une autresolution aussi efficace et aussi rapi<strong>de</strong>pour régler ces <strong>de</strong>ux problèmes ?”Nancy, le 10 novembre 2004Yves Lubraniéckiylubra@yahoo.frÉnergie et développement sans augmentation <strong>de</strong> l’<strong>effet</strong> <strong>de</strong> <strong>serre</strong> - 10 novembre 2004 Page 23

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