Une sous-étude de MUST-EECP portant sur71 patients (soit 54 % des 132 patients admissiblesayant accepté de participer sur les 139patients inclus dans MUST-EECP) a examinéles effets de la CPE sur la qualité de vie à lafin du traitement et après 12 mois à l’aide dedeux instruments : le questionnaire SF-36 etla version cardiologique du QLI (Quality ofLife Index : indice de la qualité de vie). Comparativementaux patients soumis à la formedite inactive de CPE, les patients traités avecla forme active ont indiqué, à la fin du traitementet 12 mois après, que la restriction deleurs activités avec les membres de leurfamille et leurs amis était significativementmoindre. Par ailleurs, leur satisfaction enversdes aspects importants de leur santé et de leurfonctionnement était significativement plusélevée. Plus précisément, les améliorationssignificatives notées chez les patients soumisà la forme active (comparativement aux sujetssoumis à la forme inactive) un an après letraitement concernent trois des quatre paramètresprimaires de l’étude, soit la douleurcorporelle, le fonctionnement social ainsi quela santé et le fonctionnement cardiologiques[Arora et al., 2002].Résumé des données sur l'efficacité théoriqueLes résultats des 12 études de séries de cas combinés à ceux de l’essai comparatif randomiséMUST-EECP semblent converger et indiquer une réduction des symptômes d’angor ainsiqu'une amélioration de la tolérance à l’effort et de la perfusion myocardique chez les patientsatteints d’une angine chronique stable soumis à la CPE. Certaines indications permettent decroire que ces changements s’accompagnent d’une amélioration de la qualité de vie. Il appertgrandement possible que le nombre minimal de séances requis pour obtenir les effets escomptésse rapproche de la durée totale du traitement. Les effets de la thérapie semblent conditionnéspar la présence d’artères coronaires perméables (minimalement une), et ils semblent seprolonger dans le temps au-delà de la période active de traitement. Ces résultats, bien queconvergents et fondés notamment sur une étude d'un niveau de preuve considéré classiquementcomme élevé, se basent principalement sur des indicateurs subjectifs et ne portent quesur environ 700 patients, en très grande majorité des hommes. Ils ne permettent pas deconclure quant à l’efficacité globale de la CPE. La section subséquente, qui porte surl’efficacité pratique, permettra d’approfondir la présente évaluation. Le lecteur intéressé àprendre connaissance de la réflexion sur les limites inhérentes aux études sur l’efficacitéthéorique de la CPE est convié à consulter la section Analyse.13
5.1.2 Efficacité pratique de la CPEpour le traitement de l’anginechroniqueL'EECP Clinical Consortium a été créé en1995 pour évaluer, chez une vaste populationde patients traités dans différents milieux,l’efficacité pratique (effectiveness) et l'innocuitéde la CPE pour le traitement de l’anginechronique. La principale question à laquelleont tenté de répondre les études issues de ceconsortium est la suivante : est-il possible dereproduire en milieux hospitaliers et communautairesles résultats sur l’efficacité etl’innocuité obtenus par les études menées enmilieu universitaire ? Elles devaient ensuitevérifier si ces résultats pouvaient être généralisésaux femmes, à des personnes plus âgées,à des groupes de patients présentant un éventailplus large de maladies coronariennes et àdes contextes de pratique divers [Lawson etal., 2000b; Stys et al., 2001].Le registre IEPR (International EECP PatientRegistry) a été mis en place en 1998.Tout en ayant des objectifs similaires à ceuxdu EECP Clinical Consortium, l'IEPR vise àrelever les caractéristiques des patients traitéspar la CPE pour angor et à vérifier l’efficacitépratique et l'innocuité de ce système en coursde traitement et à plus long terme. Les critèresd’admissibilité sont simples : le patientdoit avoir été soumis à un minimum d’uneséance de CPE (une heure) et avoir signé leformulaire de consentement. Tous les milieuxof<strong>fr</strong>ant la CPE peuvent participer et y inscrireleurs patients. Des suivis par entrevue téléphoniquesont effectués systématiquement sixmois, un an, deux ans et trois ans après ladernière séance de traitement [Barsness et al.,2001; Lakshmi et al., 2002]. En août 2001,5000 patients de plus de 100 centres avaientété inscrits à l’IEPR (phase I).Le tableau 4 présente certaines des caractéristiquesdes études du EECP Clinical Consortiumet de l’IEPR.Les résultats du EECP Clinical Consortiumindiquent une amélioration de la classed’angor chez 74 à 88 % des patients [Lawsonet al., 2000b; Stys et al., 2001]. Cette améliorationserait plus marquée chez les patientsatteints d’un angor plus débilitant au départ(39,5 % des patients dont l’angor était de niveauIII ou IV selon la classification de laSCC ont eu une amélioration supérieure ouégale à deux classes) [Lawson et al., 2000b].L’efficacité de la CPE, ainsi mesurée, sembleindépendante du milieu de pratique et del’expérience du dispensateur.Elle serait aussi efficace chez l’homme quechez la femme. La durée du traitement sembleen moduler l’efficacité. Ainsi, un traitementd'une durée inférieure à 35 heures seraitassocié à une probabilité réduite de bénéfices,tandis qu’un traitement de plus de 35 heuresne semble pas lié à des bénéfices accrus comparativementau traitement de durée classique(35 heures) [Lawson et al., 2000b; Stys et al.,2001].Les résultats obtenus par les études de l'IEPRpermettent, en plus de préciser la performancegénérale du traitement par CPE, de vérifierl’efficacité de la CPE auprès de diversgroupes : les patients admissibles à la revascularisationversus ceux qui ne le sont pas[Barsness et al., 2001], les patients qui encourentun risque cardiovasculaire élevé [Lawsonet al., 2001], les patients dont l'augmentationdiastolique (AD) est élevée pendant la CPEversus ceux dont l'AD 19 est plus basse [Michaelset al., 2001; Lakshmi et al., 2002], etenfin, les patients âgés de 80 ans et plus versusles personnes de moins de 80 ans [Linnemeieret al., <strong>2003</strong>a]. Une étude additionnellea comparé les caractéristiques de départet l'évolution de l'état de santé à un an de patientsatteints d’une angine chronique stableet admissibles à l’angioplastie, mais issus dedeux cohortes : celle suivie par l'IEPR, et uneautre suivie par un registre du National HeartLung and Blood Institute (NHLBI) consacréaux patients ayant subi une angioplastieélective [Holubkov et al., 2002].1419. L’augmentation diastolique (AD) correspond à l’augmentationde la pression artérielle diastolique au moment du gonflementdes brassards.