La durée du traitement a été établie à partir del’expérience de chercheurs chinois [Zheng etal., 1983]. Après avoir d'abord été mise aupoint aux États-Unis, c’est en Chine que latechnologie a été ultérieurement perfectionnée5 , jusqu’à ce qu'elle soit importée de laChine vers les États-Unis. À ce moment, leschercheurs chinois administraient la CPE àraison d’un total de 36 heures [Lawson,2002]. Ils avaient étudié la tolérance à l’effortde 15 patients à l’aide de séries d’épreuvesd’effort : après chaque tranche de 12 heuresde traitement, et six mois après le traitement.L'état d'un petit nombre d'entre eux s'étaitamélioré après 12 heures de CPE, alors queles progrès apparaissaient après 24 heures detraitement chez d’autres. Ils ont constaté queles effets de la CPE semblaient atteindre unplateau à 36 heures et se maintenir après sixmois [Zheng et al., 1983; Lawson, 2002]. Lespremières études américaines qui ont suiviont porté sur l’administration de la CPE à raisond’une durée totale de 36 heures. C’estpour l'adapter au mode de vie américain, quicomporte cinq jours de travail par semaine aulieu des six qui prévalent en Chine, que la duréede la CPE a été fixée à 35 heures, à raisonde cinq jours de traitement par semaine pendantsept semaines [Lawson, 2002].3.3 MÉCANISMES D'ACTIONC’est en 1953 que Kantrowitz et Kantrowitzposaient l'hypothèse que le flux sanguin coronarienpouvait être accru de 20 à 40 % parune hausse de la pression de perfusion diastolique.Toutefois, les mécanismes d’action précisde la CPE ne sont pas entièrement élucidésde nos jours [Linnemeier et al., <strong>2003</strong>a; Tartagliaet al., <strong>2003</strong>; Bonnetti et al., <strong>2003</strong>a; De-Maria, 2002; Feldman, 2002; Holmes, 2002;Beller 2002; Conti, 2002], bien que plusieursaient été postulés. Le gonflement rapide desbrassards, suivi du dégonflement, augmentela pression aortique diastolique, la pressioncoronarienne de perfusion et le débit cardiaque[Michaels et al., 2002; Katz, 1998; Cohenet al., 1973; Mueller et Ayres, 1972 ].Cette technique stimulerait, par l’augmentationdes gradients de pression transmyocardique 6 ,l'ouverture et la formation de vaisseaux collatérauxpour créer des pontages naturels autourdes coronaires sténosées. Ce processus entraîneraitla prolifération des vaisseaux myocardiquesou la restauration de la réserve coronarienne[Masuda et al., 2001; Soran et al.,1999].Cependant, les effets hémodynamiques ne sontpas des facteurs prédictifs de l’améliorationdes classes d’angor, ce qui laisse supposerque d’autres facteurs comme des modificationsneurohormonales pourraient jouer unrôle important [Stys et al., 2001]. Des recherchesrécentes semblent ainsi indiquer que lestress pariétal provoqué par l’exposition prolongéeà la CPE entraîne la libération de facteursde croissance et, par conséquent, la stimulationde l’angiogenèse dans le lit coronarien[Soran et al., 1999]. L’augmentation du fluxsanguin peut augmenter la production endothélialed’oxyde nitrique et de prostacycline,qui sont des médiateurs de vasodilatation, etaugmenter la sécrétion de VEGF (VascularEndothelial Growth Factor) ainsi qued’autres facteurs angiogéniques, et peut-êtreégalement de facteurs anti-inflammatoires[Sinvhal et al., <strong>2003</strong>; Bonetti et al., <strong>2003</strong>b;Bonetti et al., <strong>2003</strong>a; Feldman, 2002; Masudaet al., 2001; Cohn, 2001].5. Selon Zheng et ses collaborateurs [1983], 120 cliniques chinoisesutilisaient déjà avec succès cette technologie au momentoù ils préparaient leur manuscrit.6. À travers le myocarde, le muscle cardiaque.5
4 INDICATIONS, PRÉCAUTIONS ET CONTRE-INDICATIONSL’évolution récente et rapide des connaissancessur la CPE s’est accompagnée de changementsde paradigmes quant à ses indicationset à ses contre-indications.4.1 INDICATIONS CLINIQUESLa CPE est utilisée le plus souvent en modeambulatoire 7 pour traiter les patients présentantune coronaropathie (angine de poitrine)stable mais ré<strong>fr</strong>actaire au traitement médicalclassique qui ne sont pas admissibles à unerevascularisation, que ce soit par chirurgie depontage ou angioplastie [Conti, 1999; Conti,2001; Holmes, 2002; Beller, 2002; Lawson,2002; Kim et al., 2002; Bonnetti et al.,<strong>2003</strong>b; Sinvhal et al., <strong>2003</strong>]. Certains auteursestiment qu’en général, un certain nombre decritères doivent s'appliquer pour établir la présenced’une angine ré<strong>fr</strong>actaire : 1) l’ischémiedoit être objectivée à l'aide d'un électrocardiogramme,d'une technique d'imagerie ou d'étudesphysiologiques coronariennes et s’accompagnerde symptômes importants, et 2) toutes les formesde traitements classiques reconnues ontété épuisées [Kim et al., 2002; Conti, 2001].Selon Conti [2001], il est alors questiond’angine ré<strong>fr</strong>actaire chronique. On reconnaîttoutefois qu’il n’existe pas de définition ayantfait l’objet d’un consensus [Conti, 2001;Chester, 2002]. Avant de poser le diagnosticd'angine ré<strong>fr</strong>actaire, il faut que le caractèreinopportun (inappropriateness) d'une revascularisationait fait l'objet d'un consensus,d'où l'importance d'obtenir une deuxième,voire une troisième opinion sur le potentiel derevascularisation du patient [Kim et al.,2002].Pour situer d’entrée de jeu ce que cette indicationpourrait représenter au Québec, on7. Depuis 1995, la FDA reconnaît, en plus des indications detraitement ambulatoire, certaines autres indications dans uncontexte d’urgence médicale. C’est le cas du choc cardiogénique,de l’infarctus du myocarde et de l’angine instable, car les effetshémodynamiques à court terme de la CPE semblent similairesà ceux d’une contrepulsion par ballonnet intra-aortique [Aroraet al., 1999; Barsness, 2001; Lawson et al., 1992; Singh et al.,2000].peut procéder à des estimations, bien qu’il yait absence de données formelles pourl’objectiver. Ces estimations doivent toutefoisêtre considérées avec toute la prudence quis'impose. On estime qu’approximativement5 % des patients qui subissent une angiographiecoronarienne à un centre de cardiologietertiaire pourraient être considérés comme atteintsd’angine chronique ré<strong>fr</strong>actaire [Mukherjee,1999; Kim et al., 2002]. Si l’on appliquece postulat aux données québécoises, il yaurait eu 1194 personnes atteintes au Québecen 1998-1999, et ce problème pourrait affecterprès de 1400 patients en 2004 (1377) (annexe1).Pour certains des cardiologues consultés, unetelle estimation tient la route, tandis que pourun autre, elle surestime fort probablement laréalité clinique. Selon cet expert, les patientsatteints d'angine chronique ré<strong>fr</strong>actaire exigentgénéralement un suivi très lourd et sont, parconséquent, bien connus de leurs médecinstraitants. À titre d'exemple, les cardiologuesdu centre de cardiologie tertiaire où pratiquecet expert ont estimé, très sommairement,qu'une quarantaine de leurs patients seraientcandidats à cette thérapie. En rapportant cenombre au nombre total d'angiographies coronarienneseffectuées dans ce centre, on obtientune proportion de 0,7 %. L'applicationde cette proportion au nombre total d'angiographiescoronariennes pratiquées au Québecen <strong>2003</strong> donnerait un total de 190 cas.Pour conclure sur cette question, il sembleprobable qu'au cours des deux dernières années,entre 200 et 1400 patients approximativementétaient atteints annuellement d'anginechronique ré<strong>fr</strong>actaire. L'écart considérable entreles deux estimations met en lumière lemanque de données précises sur cette affection.Il apporte toutefois un éclairage sur leslimites minimales et maximales potentiellesdu nombre de patients atteints de la maladie.6