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La French Touch et la situation du jazz en France - vandoren

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<strong>La</strong> <strong>Fr<strong>en</strong>ch</strong> <strong>Touch</strong><strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>situation</strong><strong>du</strong> <strong>jazz</strong><strong>en</strong> <strong>France</strong>Vando<strong>jazz</strong>56 rue Lepic - Paris. Le <strong>jazz</strong> n’y est pas qu’une lég<strong>en</strong>de.


actualitéséditoAUTOUR DE MIDI ... ET DE MINUIT !AUTOUR DE MIDIOU COMMENTMARIER LESSENSATIONS…Dans un cadre convivial <strong>et</strong> cosy, Jean Louis <strong>et</strong> Yves propos<strong>en</strong>tune cuisine simple <strong>et</strong> traditionnelle qui s’appuie sur des pro<strong>du</strong>itsde qualité. Cep<strong>en</strong>dant, tout <strong>en</strong> conservant c<strong>et</strong>teoptique de qualité à <strong>la</strong>quelle ils sont attachés, ils s’ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tdésormais vers le génie culinaire <strong>et</strong> privilégi<strong>en</strong>t ainsi des associationsde saveurs subtiles <strong>et</strong> originales. Après un dînersavoureux <strong>et</strong> raffiné, vous pouvez desc<strong>en</strong>dre pr<strong>en</strong>dre unverre au club. Dans une ambiance tamisée, deux caves voûtées,une côté bar, une côté scène, au charme singulierrésonn<strong>en</strong>t <strong>et</strong> swingu<strong>en</strong>t au rythme des artistes les plus tal<strong>en</strong>tueuxde <strong>la</strong> capitale.LA VANDOJAM’JEAN LOUISET YVES,UN DUO DEPASSIONNÉSÉTONNANT…Yves, ingénieur <strong>en</strong> bâtim<strong>en</strong>t <strong>et</strong> travaux publics àl’origine <strong>et</strong> Jean Louis, maître des fourneaux d’ unbistrot dans le 11 e se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t il y a 5 ans. Tousles deux passionnés de <strong>jazz</strong> <strong>et</strong> fins gourm<strong>et</strong>s décid<strong>en</strong>tde s’associer, mê<strong>la</strong>nt leurs affinités complém<strong>en</strong>tairesdans le proj<strong>et</strong> d’un club de <strong>jazz</strong> restaurant.Autour de midi ouvre ses portes <strong>en</strong> janvier2000. Mais parallèlem<strong>en</strong>t au restaurant, les deuxcomplices se r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t aussi dans <strong>la</strong> fanfare qu’ilsont montée, moy<strong>en</strong> de partager des bons mom<strong>en</strong>ts<strong>et</strong> leur amour de <strong>la</strong> musique. C<strong>et</strong> <strong>en</strong>semble de25 musici<strong>en</strong>s réguliers aborde un répertoire assez<strong>la</strong>rge (<strong>jazz</strong>, rythm’& blues, funk …) <strong>et</strong> comm<strong>en</strong>ce àfaire parler de lui. Mais dans le cadre d’une association,il ouvre aussi ses portes aux personnes ayantun p<strong>et</strong>it bagage musical <strong>et</strong> une solide motivation,notamm<strong>en</strong>t pour assister aux répétitions qui sedéroulerai<strong>en</strong>t le lundi.AUTOUR DE MINUIT,11 RUE LEPIC 75018 PARISENTRÉE GRATUITEA partir <strong>du</strong> 2 octobre Vandor<strong>en</strong> organise une jam session tous les premiers jeudis <strong>du</strong> mois pour donner l’occasionaux jeunes tal<strong>en</strong>ts de se pro<strong>du</strong>ire <strong>et</strong> de s’exprimer devant le public parisi<strong>en</strong>. Pour rester dans son quartier, à <strong>la</strong> fois bohème<strong>et</strong> très vivant, Vandor<strong>en</strong> a choisi " autour de minuit " pour ces soirées. Très sympathique, le nouveau club de <strong>jazz</strong> de<strong>la</strong> rue Lepic nous perm<strong>et</strong> de réunir dans de bonnes conditions une rythmique de qualité qui sera associée au départ ausax de Michael Cher<strong>et</strong>. Ce dernier se chargera d’orchestrer les manifestations, d’informer le public <strong>et</strong> les "souff<strong>la</strong>nts"invités <strong>et</strong> de débusquer les dons les plus cachés. On r<strong>et</strong>rouvera une ambiance ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>jazz</strong> mais déclinée sur différ<strong>en</strong>tscourants (bop, hard bop, <strong>et</strong> autres …), le but étant bi<strong>en</strong> sûr de réunir au delà de toute frontière.PARANNE-SOPHIE VAN DORENVando<strong>jazz</strong> … Vandoquoi ? si sivous avez bi<strong>en</strong> lu, Vandor<strong>en</strong>se marie l’instant d’une lectureswinguistique avec leDjaaazzzz dans un magazineau souffle nouveau.En eff<strong>et</strong>, Vandor<strong>en</strong>, bi<strong>en</strong>tôtc<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire (comme le <strong>jazz</strong> …),n’a pas oublié les courants deson temps. En forgeant saréputation sur une image dequalité <strong>et</strong> de régu<strong>la</strong>rité tout<strong>en</strong> étant à l’écoute des musici<strong>en</strong>s,Vandor<strong>en</strong> est dev<strong>en</strong>uréfér<strong>en</strong>ce, tant sur le p<strong>la</strong>n <strong>du</strong>matériel que dans uneoptique plus artistique. Ainsi,alors que notre maison a su secréer un espace légitime <strong>et</strong>reconnu dans <strong>la</strong> noble sphèrede <strong>la</strong> musique c<strong>la</strong>ssique, elleaccompagnait aussi (certes plusdiscrètem<strong>en</strong>t) le swing <strong>et</strong> lebop dans les clubs <strong>et</strong> les caves.À <strong>la</strong> fois <strong>la</strong>ngage à part <strong>en</strong>tière<strong>et</strong> style de vie atypique <strong>et</strong>attachant, le <strong>jazz</strong> est tropriche pour se résumer <strong>et</strong> se<strong>la</strong>isser dompter <strong>en</strong> quelquesarticles, cep<strong>en</strong>dant, à traversces modestes pages, nousavons voulu vous faire partagernotre passion <strong>et</strong> approcherpeut-être une desfac<strong>et</strong>tes de c<strong>et</strong>te étrange pulsationqui nous anime.


histoire de ...JAZZCHRONIQUEPAR LOUIS TAINTURIERFRANÇAIS ?Le Jazz français, <strong>en</strong> <strong>France</strong>, par ailleurs, ...Il est presque aussi difficile deparler <strong>du</strong> <strong>jazz</strong> que d’<strong>en</strong> jouer,c’est vous dire. <strong>La</strong> musiquede <strong>jazz</strong> est l’une des plus exigeantesqui existe : Avoir quelque chose à dire,surtout <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> cœur <strong>et</strong> <strong>du</strong> v<strong>en</strong>tre, le direbi<strong>en</strong> <strong>et</strong> l’énoncer c<strong>la</strong>irem<strong>en</strong>t, sans oublier d’<strong>en</strong>avoir les moy<strong>en</strong>s… Ça finit quand même parfaire beaucoup. Mais qu’est-ce donc que ledjâââZz, <strong>et</strong> qui plus est un <strong>jazz</strong> qui se voudraitfrançais ? ( Bon d’ accord, on peut aussi parler del’europé<strong>en</strong>, mais là vous cherchez d’emblée lescomplications ! )On aura sans doute remarqué le nombre conséqu<strong>en</strong>tde saxophonistes américains cités par lesmusici<strong>en</strong>s français interviewés dans ce premiernuméro : Charlie Parker, Stan G<strong>et</strong>z, Phil Woods,Michael Brecker, David Sanborn, Maceo Parker,K<strong>en</strong>ny Garr<strong>et</strong>t, excusez <strong>du</strong> peu …Le <strong>jazz</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> java on connaît, mais le <strong>jazz</strong> <strong>et</strong> le c<strong>la</strong>ssiquealors ? J’ ai revu récemm<strong>en</strong>t avec émotion<strong>et</strong> pour <strong>la</strong> première fois depuis longtemps monami William Stre<strong>et</strong>, <strong>en</strong>fin pour nous à Bordeaux,c’était Bill. Il avait <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité peu commune àl’époque d’étudier non seulem<strong>en</strong>t le c<strong>la</strong>ssique auconservatoire au plus haut niveau avec Jean-Marie Londeix, mais aussi de v<strong>en</strong>ir s’<strong>en</strong>canailler lesoir dans les boîtes de <strong>jazz</strong>. Il ne lui a pas fallulongtemps pour transformer avec bonheur notrequint<strong>et</strong>te <strong>en</strong> sext<strong>et</strong>.Francis Bourrec était aussi de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, avantd’être un des tout premiers à faire le grand sautpour <strong>la</strong> Berklee. Chez Jimmy, le seul <strong>en</strong>droit oùl’on pouvait jouer tous les soirs sans prév<strong>en</strong>ir,nous l’avions surnommé "le saxo bleu", de <strong>la</strong> couleurde son ténor. Il était alors à fond dans <strong>la</strong>Bec TénorT 75musique de Trane, faisantpreuve d’une énergie peucommune, pas vraim<strong>en</strong>t leg<strong>en</strong>re à s’<strong>en</strong> <strong>la</strong>isser compter,toujours dedans dès le début<strong>du</strong> morceau, emplissantavec précision son espaced’un torr<strong>en</strong>t de notes, <strong>et</strong> pasn’importe lesquelles. Je mesuis vite dit que si maint<strong>en</strong>antil fal<strong>la</strong>it se m<strong>et</strong>tre àmonter des gammes <strong>et</strong> <strong>en</strong>plus les desc<strong>en</strong>dre, j’al<strong>la</strong>ispas tarder à rev<strong>en</strong>dre lebiniou. Comme disaitDexter : " Tu survis ou tu tecasses ! " Bordeaux n’étaitcertes pas New York, maisle niveau comm<strong>en</strong>çaitsérieusem<strong>en</strong>t à changer depalier. C’est marrant, àchaque fois que je revois unfilm avec Lino V<strong>en</strong>tura, il mefait p<strong>en</strong>ser à Francis…Quelque chose dans leregard.Nous sommes allés avec Bill au Grand-Théâtrepour écouter <strong>la</strong> musique de Christian <strong>La</strong>uba surle film mu<strong>et</strong> de Frank Capra : " Bessie àBroadway ". Un peu plus tard <strong>et</strong> juste avant <strong>la</strong>paël<strong>la</strong> gallo-romaine, j’ai ressorti le bari <strong>et</strong> on ajoué " Line For Lyons " de Gerry, Bill p<strong>la</strong>quantcomme qui rigole les accords sur le vieux Pleyeldésaccordé de ma grand-mère. Et valsez les étiqu<strong>et</strong>tes! (<strong>La</strong>uba, égalem<strong>en</strong>t auteur d’un" Concerto for Stan G<strong>et</strong>z "… pour baryton.Cherchez pas l’erreur, Stan au big horn ça peutfaire très mal, Gerry doit <strong>en</strong>core s’<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>ir dece jour d’Octobre 57 où ils ont joué à " Tu mepasserais ton bari si je te file le ténor ? " )Je lui ai fait <strong>en</strong>fin découvrir Alex Golino, un rar<strong>et</strong>énor comme on <strong>en</strong> fait peu, à <strong>la</strong> sonorité chaleureuse<strong>et</strong> détimbrée à souhait, dans une mouvancepost-bop mâtinée de West-(Sud-Ouest)Coast, <strong>et</strong> doté d’un phrasé à <strong>en</strong> faire pâlir plusd’un, y compris de l’autre côté de l’At<strong>la</strong>ntique.Mais là où ça se complique un peu, c’est qu’il aélu domicile à Burdiga<strong>la</strong> depuis quelques années,nonobstant ses origines gréco-itali<strong>en</strong>nes, <strong>en</strong> passantpar Boston histoire de pr<strong>en</strong>dre le temps deg<strong>la</strong>ner quelques infos auprès de GeorgeGarzone. Enfin pour faire simple, un franco-américano-europé<strong>en</strong>quoi.On a un peu refait notre jeunesse avec Bill, <strong>et</strong> ons’est souv<strong>en</strong>u de ces cafés-rhums qu’on pr<strong>en</strong>ait<strong>en</strong>semble au comptoir <strong>du</strong> bar pas loin, histoire dese donner le courage de jouer. C’est alors que jem’étais tout naturellem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong><strong>du</strong> compte que lechemin vers les paradis d’artifice était plus facileà trouver qu’ on ne pouvait le supposer. (Dexterdoit <strong>en</strong> rigoler de là-haut, mais après un concertil m’avait demandé, mais alors vraim<strong>en</strong>t très trèsl<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t : " Dooon’t… yooou… haaave…sooome… coooke ?… " Moi je vou<strong>la</strong>is bi<strong>en</strong> allerlui dénicher un coca, mais c’est que les g<strong>la</strong>çonsavai<strong>en</strong>t fon<strong>du</strong> depuis longtemps ! )Et vous jouez toujours avec le groupe ? B<strong>en</strong> euh…C’est à dire qu’on joue plus tellem<strong>en</strong>t, Bill, à partcomme ça de temps <strong>en</strong> temps chacun de son côté,pas vraim<strong>en</strong>t seuls mais <strong>en</strong>fin... Beaucoup de clubsont fermé tu sais depuis le siècle dernier. D’autresont vu le jour c’est un fait, mais il faut bi<strong>en</strong> dire queles amateurs n’ont plus trop leur p<strong>la</strong>ce dans lesprogrammations, ce qui n’empêche pas pourautant les pros de galérer sérieux <strong>jazz</strong>istiquem<strong>en</strong>t


MERCI LOUIS ...Très généreux dans sa façon d’aborder le monde <strong>et</strong> <strong>la</strong> musique (il joue de nombreux instrum<strong>en</strong>ts), LouisTainturier est un homme qui dévore <strong>la</strong> vie à travers de nombreuses passions. Tout <strong>en</strong> m<strong>en</strong>ant une carrièrede médecin, il a su équilibrer son temps <strong>en</strong>tre les deux piliers de sa vie : le <strong>jazz</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> littérature. Il ad’ailleurs consacré sa thèse à l’écrivain Boris Vian, qu’il aime citer comme référ<strong>en</strong>ce ou même commeexemple. En eff<strong>et</strong>, tant fasciné par l’œuvre que par le personnage, il se p<strong>la</strong>ît à suivre les traces de l’hommequi a su "donner une dim<strong>en</strong>sion humaine au surréalisme" <strong>en</strong> ré-intro<strong>du</strong>isant le roman dans c<strong>et</strong> univers.Et ce sont notamm<strong>en</strong>t les acc<strong>en</strong>ts oniriques d’un tel <strong>la</strong>ngage poétique qui sé<strong>du</strong>is<strong>en</strong>t notre passionné.Comme pour <strong>la</strong> littérature, dans le <strong>jazz</strong>, Louis se <strong>la</strong>isse guider par ses coups de cœur. Le plus profond s<strong>en</strong>omme Stan G<strong>et</strong>z. Un peu comme une révé<strong>la</strong>tion qui lui aurait "parlé" par sa musique, le grand musici<strong>en</strong><strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>t chez Louis une sorte de "résonance affective" qui habite désormais son inconsci<strong>en</strong>t. C’est à cepassionné <strong>du</strong> <strong>jazz</strong>, le <strong>jazz</strong> qui dit quelque chose avec son âme, loin de tous les clichés, que Vando<strong>jazz</strong> a vouludonner <strong>la</strong> parole. En eff<strong>et</strong>, on ne peut parler d’une musique qui se vit, "se joue avec son âme" qu’avec lesacc<strong>en</strong>ts de <strong>la</strong> passion.... quelque part n’importe où, <strong>et</strong> tout.par<strong>la</strong>nt, tout <strong>en</strong> courant le cach<strong>et</strong>on, dans le g<strong>en</strong>r<strong>et</strong>out v<strong>en</strong>ant, musiques <strong>du</strong> monde <strong>et</strong> tutti quanti .(Ce<strong>la</strong> dit <strong>en</strong> passant, les dits-amateurs ont pas maldonné <strong>en</strong> leur temps, they paid their <strong>du</strong>es commedirait Abbey Lincoln, <strong>en</strong> ouvrant l’air de ri<strong>en</strong>, <strong>en</strong><strong>France</strong> <strong>et</strong> à leur façon, <strong>la</strong> voie aux jeunes néo-pros.On peut seulem<strong>en</strong>t regr<strong>et</strong>ter qu’un fossé se soitcreusé par <strong>la</strong> suite <strong>en</strong>tre les deux. Non, je disais çapour l’ambiance, mais bon... )Mais pourquoi donc se demander si par hasard iln’existerait pas des fois un <strong>jazz</strong> français voireeuropé<strong>en</strong>, si ce n’ est pour satisfaire à l’ in<strong>la</strong>ssable<strong>et</strong> persistante manie <strong>du</strong> rangem<strong>en</strong>t (bi<strong>en</strong> françaisecelle-là, soit dit <strong>en</strong> passant) ?John-Fitzgerald avait dit un jour qu’il était berlinois,Daniel Cohn- ( j’ai pas dit Conn, ça sonne pas vraim<strong>en</strong>tpareil ! ) B<strong>en</strong>dit qu’on était tous des juifs allemands.Bon alors dans <strong>la</strong> foulée, pourquoi neserions-nous pas tous des souffleurs améfricains ?Ca me rappelle un thème de Car<strong>la</strong> Bley, joué <strong>en</strong>Trio avec Andy Sheppard au ténor <strong>et</strong> prés<strong>en</strong>télors d’un concert <strong>en</strong> Allemagne par SteveSwallow, <strong>en</strong> français dans le texte : " Les trois<strong>la</strong>gons, d’après H<strong>en</strong>ri Matisse. " ( lui-même auteurd’un p<strong>et</strong>it recueil illustré, auquel il avait donné l<strong>en</strong>om de… " <strong>jazz</strong> ", ça ne s’ inv<strong>en</strong>te pas ! )Ce qui est sûr, c’est que nos grands frères de làbas<strong>et</strong> pas des moindres ne s’<strong>en</strong> sont jamaiscachés : Ils se s<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t tellem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> Europe<strong>et</strong> tout particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>France</strong>, <strong>en</strong> y étantreconnus comme il se doit <strong>en</strong> tant que musici<strong>en</strong>s<strong>et</strong> artistes à part <strong>en</strong>tière. (Il faut voir c<strong>et</strong>te vidéode " Halle that Jazz " lors d’ un hommage à Bird <strong>en</strong>89, avec Dizzy, Stan, Phil, Jackie <strong>et</strong> les autres, <strong>et</strong>dans <strong>la</strong>quelle Dizz raconte <strong>en</strong> vieux gosse émerveillécomm<strong>en</strong>t these two altos n’<strong>en</strong> finissai<strong>en</strong>t pasde jouer comme des fous sur Cherokee ). Parcontre, les ricains se sont toujours r<strong>et</strong>rouvés d’accordsur une chose : <strong>La</strong> Grosse Pomme, c’est<strong>en</strong>core là où les choses se pass<strong>en</strong>t. Et Paf !Excusez-moi un instant, mais Lester arrête pasdepuis un mom<strong>en</strong>t de me ba<strong>la</strong>ncer g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tson coude dans les côtes, il aurait quelque choseà dire que ça m’ étonnerait pas : Okay <strong>la</strong>dies fr<strong>en</strong>chies,c’est bi<strong>en</strong> beau tout ça, mais vous pourriezpas plutôt me chanter une chanson ?Ti<strong>en</strong>s justem<strong>en</strong>t, les chansons c’est pas ce quimanque de par chez nous, on les ramasse mêmeà <strong>la</strong> pelle, comme les feuilles de Prévert <strong>et</strong>Cosma. (Faudrait un jour arrêter avec AutumnLeaves…) Une autre, au hasard : " You mustbelieve in spring ", superbe thème de MichelLegrand, hésitant <strong>en</strong>tre deux demi-tons (<strong>et</strong>ba<strong>la</strong>ncé comme c’est pas permis par Bill Evans auSteinway, sans oublier Phil Woods, Johnny Griffin<strong>et</strong> tant d’autres.), avait initialem<strong>en</strong>t pour nom" <strong>La</strong> chanson de Max<strong>en</strong>ce " à <strong>la</strong> blonde Dee Dee(Delphine-D<strong>en</strong>euve), dans les Demoiselles deRochefort.Le 8 Mars 1991, pour le Festival Banlieues Bleuesà Saint-D<strong>en</strong>is, celui à qui le Prez s’était un soiradressé <strong>en</strong> l’appe<strong>la</strong>nt Blue eyes a pour une dernièrefois trouvé <strong>la</strong> force de chanter, presquesans improviser, une de nos plus jolies chansonsfrançaises : "Que reste-t’ il de nos amours ?", <strong>en</strong>pr<strong>en</strong>ant bi<strong>en</strong> le soin de respecter <strong>la</strong> compositionde Tr<strong>en</strong><strong>et</strong>, avec sa belle ouverture <strong>en</strong> majeur à <strong>la</strong>fin de l’ intro, <strong>en</strong> <strong>du</strong>o avec le fidèle K<strong>en</strong>ny Barronau piano. Quelques jours plus tôt au Montmartrede Cop<strong>en</strong>hague, il nous livrait déjà une émouvanteinterprétation de " people time ", ce thèmemagnifique de B<strong>en</strong>ny Carter, qui vi<strong>en</strong>t à son tourde pr<strong>en</strong>dre son <strong>en</strong>vol pour le pays des Anges quiswingu<strong>en</strong>t (à coup sûr <strong>en</strong> première, ayant un jourconfié à Phil Woods le secr<strong>et</strong> de sa longévité :" Always travel first c<strong>la</strong>ss ! " ).Ce soir-là, pas très loin à vol d’oiseau, dans l’obscurité<strong>et</strong> le sil<strong>en</strong>ce <strong>du</strong> premier étage d’unimmeuble vide de <strong>la</strong> rue Lepic, de fines p<strong>et</strong>ites<strong>la</strong>mes de roseau sagem<strong>en</strong>t rangées dans leursboîtes <strong>en</strong> bois blond se sont mises à frissonner <strong>en</strong><strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant le murmure <strong>du</strong> sound dans le lointain.Elles savai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> qu’elles n’aurai<strong>en</strong>t désormaisplus <strong>la</strong> moindre chance d’ être élues d’ une mainexperte pour avoir l’ imm<strong>en</strong>se privilège de vibrerau souffle de celui à qui Lester lui-même avait dit :" You’re my singer "." Nous irons tous au paradis ", c’est pas Pepperqui va me contredire, lui qui l’a gravem<strong>en</strong>t chanté,sous le bagu<strong>et</strong>te de V<strong>la</strong>dimir <strong>et</strong> <strong>en</strong> compagnied’un certain Jean-Louis Chautemps, dont j’avaisperçu <strong>la</strong> voix dans <strong>la</strong> radio comme étant celle deMaurice Baqu<strong>et</strong> ( ! ), ce qui peut à <strong>la</strong> réflexion seconcevoir. Que ne donnerai<strong>en</strong>t nombre d<strong>et</strong>énors pour sonner, ne serait-ce qu’une seulefois, comme un violoncelle.Je ne sais pas trop ce que vous <strong>en</strong> p<strong>en</strong>sez, mais ilparaîtrait que le <strong>jazz</strong> serait mort depuis pas malde temps… D’abord, c’est même pas vrai ! Et<strong>en</strong>suite je le trouve on ne peut plus Alive andWell, que ce soit partout <strong>en</strong> <strong>France</strong>, in Europe,mais surtout dans le monde <strong>en</strong>tier.C’est <strong>en</strong>core loin l’Amérique ? Pas vraim<strong>en</strong>t non,vous êtes même arrivés depuis déjà pas mal d<strong>et</strong>emps. Mais pour ceux qui éprouverai<strong>en</strong>t commeune légère t<strong>en</strong>dance à contredire, vous pouveztoujours essayer de lui tourner carrém<strong>en</strong>t le dos.De toute façon, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant Straight Ahead, vousne pouvez pas vous tromper !


It’here!and it’s amaingLA NOUVELLE ANCHEVANDOREN ZZoffre une grande aisanced’émission ainsi qu’uneremarquable longévité. Elle perm<strong>et</strong>d’obt<strong>en</strong>ir un son que l’on n’avait pas<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>du</strong> depuis “TRANE <strong>et</strong> BIRD”.Essayez <strong>la</strong> <strong>et</strong> vous ne jurerez plusque par elle. <strong>La</strong> nouvelle anche ZZ…il n’y a pas de jaZZ sansFranck Cata<strong>la</strong>no, nominé aux“Grammy Awards” (Delmark records)


fr<strong>en</strong>ch touch6lesdoigtsde <strong>la</strong>mainPARCOURS DUJAZZ EN FRANCE.6 ENTRETIENSDE SAXOPHONISTESDE DIVERS HORIZONS.OLIVIER TEMIME, ÉRIC BARRET,JEAN-CHRISTOPHE BÉNEY,MICHAEL CHERRET, SYLVAIN CATHALAET PIERRICK PEDRON,COMME 6 DOIGTS D’UNE MAINQUI NOUS OFFRECETTE FRENCH TOUCHQUE LE MONDE NOUS ENVIE !


OlivierTemime


fr<strong>en</strong>ch touch INTERVIEW PAR ANNE-SOPHIE VAN DORENVotre premier album, sorti <strong>en</strong> mars dernier s’appelle" saï saï saï ", pourquoi ce nom ?Depuis 1999 je vais beaucoup <strong>en</strong> Afrique & <strong>en</strong> Wollof(<strong>la</strong>ngue de l'Afrique de l’Ouest, Sénégal, Mali), un saï-saïc’est un homme de <strong>la</strong> rue un peu colporteur (principalem<strong>en</strong>tde bijoux), un peu arnaqueur , une sorte de "mauvaisgarçon" aux yeux des filles… Et un jour un jeune dont jem’occupais souv<strong>en</strong>t tout <strong>en</strong> le taquinant, me dit "toi t’es pasun saï-saï, t’es un double saï-saï, t’es un saï saï saï …" c’est de là que vi<strong>en</strong>tle nom de l’album, comme un clin d’œil à c<strong>et</strong> ami mais aussi une façonde marquer mon empreinte sur le disque, de le r<strong>en</strong>dre plus personnel.Que p<strong>en</strong>sez-vous de <strong>la</strong> culture <strong>jazz</strong>istique française ?Tout d’abord c’est très riche. J’ai beaucoup voyagé à travers le mond<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t dans les pays de l’Est, <strong>en</strong> Chine, à New York … Et c’est vraiqu’à Paris il se dégage quelque chose que l’on trouve nulle part ailleurs,c’est incroyable… Déjà, pr<strong>en</strong>ons <strong>la</strong> rue des Lombards, le fait qu’il y ait5 clubs dans <strong>la</strong> même rue (le Suns<strong>et</strong>, le Sunside, le Baiser Salé, le P<strong>et</strong>itOpportun & le Duc) qui sont tous à quelques mètres les uns des autres,ça crée un univers à part … Un musici<strong>en</strong> de passage à Paris, qu’il vi<strong>en</strong>nede n’importe où, sait très bi<strong>en</strong> qu’à minuit - une heure <strong>du</strong> matin, ilpeut aller dans <strong>la</strong> rue des Lombards <strong>et</strong> faire le tour des clubs. Il va forcém<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>contrer d’autres musici<strong>en</strong>s, ou pouvoir faire le bœuf. A maconnaissance c’est quelque chose qui n’existe pas ailleurs … En plus,c’est une id<strong>en</strong>tité europé<strong>en</strong>ne mé<strong>la</strong>ngée à <strong>la</strong> culture américaine, car ilne faut pas oublier que c’est elle qui constitue les fondations de <strong>la</strong> culture<strong>jazz</strong>istique à Paris. On peut parler d’une certaine dynamique ; ellecomporte de nombreuses passerelles <strong>et</strong> n’est <strong>en</strong> aucun cas fermée auniveau de l’esthétique. On r<strong>et</strong>rouve plein de pro<strong>du</strong>its, de courants différ<strong>en</strong>tssans être sectaire. Ainsi, ri<strong>en</strong> n’est impossible, ri<strong>en</strong> n’est fermé(je joue très bi<strong>en</strong> avec des musici<strong>en</strong>s africains ou des Dj technos), c’estune ville qui perm<strong>et</strong> les r<strong>en</strong>contres <strong>et</strong> les échanges. Beaucoup de musici<strong>en</strong>svi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de partout ne serait-ce que pour traîner un mois car ilssav<strong>en</strong>t qu’il y a un très bon niveau musical <strong>et</strong> qu’<strong>en</strong> plus, on n’est pasfermé aux autres, on les invite à jouer. Quand on vi<strong>en</strong>t tous les soirs <strong>et</strong>que l’on témoigne d’une véritable <strong>en</strong>vie de jouer, on fait très rapidem<strong>en</strong>t"partie de <strong>la</strong> famille" (on est respecté <strong>et</strong> accepté par les aînés) <strong>et</strong>l’accessibilité aux clubs devi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> plus facile.Ce sont une vie <strong>et</strong> une ville sans mauvais côtés ?Evidemm<strong>en</strong>t il y a des mauvais côtés : l’ému<strong>la</strong>tion, les jalousies, l’agressivitéque l’on peut r<strong>en</strong>contrer de temps <strong>en</strong> temps, mais ce sont desexcès <strong>du</strong>s à <strong>la</strong> nuit, ça n’a ri<strong>en</strong> à voir avec Paris ou le <strong>jazz</strong> ; ce sont deschoses qui exist<strong>en</strong>t partout dans le monde. Mais pour moi c’est un<strong>et</strong>rès bonne école parce que ça m’a <strong>en</strong><strong>du</strong>rci <strong>et</strong> m’a appris vraim<strong>en</strong>t àsavoir ce que je vou<strong>la</strong>is faire de ma vie <strong>et</strong> notamm<strong>en</strong>t au contact de“Elle sont terriblesles anches”Anches Ténor 3 1/2Anches Ténor 4SAÏ SAÏ SAÏCD ELA 621041 DAM 2455musici<strong>en</strong>s comme les frères Belmondo, Eric Le<strong>la</strong>nne,Georges Brown, A<strong>la</strong>in Jean Marie. Car ce sont des g<strong>en</strong>squi n’ont jamais été "carriéristes" dans le s<strong>en</strong>s de toutsacrifier pour leur carrière mais qui p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t que leJazz c’était avant tout une manière de vivre. Ce qui faitque l’on reste simple, on se considère plus comme desartisans que comme des artistes. Il n’y a pas de différ<strong>en</strong>cede c<strong>la</strong>sse <strong>en</strong>tre un musici<strong>en</strong> de <strong>jazz</strong> <strong>et</strong> un serveur,c’est un côté que j’aime beaucoup. Quand on part de l’histoiredes grands <strong>jazz</strong>m<strong>en</strong>, on sait que Charlie Parker faisait <strong>la</strong> plongequand il avait besoin d’arg<strong>en</strong>t. Dès le départ, le <strong>jazz</strong>, on sait que c<strong>en</strong>’est pas pour faire de l’arg<strong>en</strong>t. Contrairem<strong>en</strong>t à beaucoup dejeunes qui rest<strong>en</strong>t attachés à une certaine image d’une vie de représ<strong>en</strong>tation,d’arg<strong>en</strong>t <strong>et</strong> de célébrité, si on t<strong>en</strong>d vers le <strong>jazz</strong>, c’est pourd’autres valeurs, des valeurs humaines, un imaginaire, un vécu <strong>du</strong><strong>jazz</strong>, une manière de vivre … Personnellem<strong>en</strong>t je ne suis pas richemais je suis libre dans l’absolu. sans être forcém<strong>en</strong>t révolté contre lesystème (ce qui ne sert à ri<strong>en</strong>), je fais ce que j’aime faire, sansconcession … En fait quand on est musici<strong>en</strong> de <strong>jazz</strong>, on est intègre.Quel est votre rapport avec <strong>la</strong> culture américaine ?Il y a une musique qu’on appelle "musique improvisée europé<strong>en</strong>ne" quipr<strong>en</strong>d ses influ<strong>en</strong>ces aussi bi<strong>en</strong> dans le <strong>jazz</strong> américain que dans pleind’autres musiques (c<strong>la</strong>ssique, folklorique …). En ce qui me concerne,je me situe dans un courant qui a très longtemps écouté <strong>du</strong> <strong>jazz</strong> américainmais aussi autre chose : musiques africaine, improvisée europé<strong>en</strong>ne,c<strong>la</strong>ssique ou contemporaine. Pour moi, <strong>la</strong> priorité dans le <strong>jazz</strong>,c’est <strong>la</strong> "danse", le swing <strong>en</strong> temps que groove, <strong>la</strong> pulsation rythmiquequi quelque part fait bouger mon corps <strong>et</strong> me perm<strong>et</strong> de "déguster" <strong>la</strong>musique, c’est mon critère.Quelle est l’histoire de votre instrum<strong>en</strong>t ?J’avais une vingtaine d’années… Un ami qui ti<strong>en</strong>t un magasin demusique m’appelle car il avait une personne qui v<strong>en</strong>dait un vieux cloususceptible de m’intéresser. Il me l’amène <strong>et</strong> je le souffle. Comme ildatait de 1930, c’était une vraie "charrue" (les clés étai<strong>en</strong>t grippées … )mais j’avais f<strong>la</strong>shé sur le son. Sans nouvelles de lui, je le re<strong>la</strong>nce <strong>et</strong> <strong>en</strong>fait il se trouve que le v<strong>en</strong>deur avait changé d’avis <strong>et</strong> était parti sans <strong>la</strong>isserde traces … J’étais dégoûté … 15 jours plus tard, à 200 km de làdans une école de musique, un ami me dit qu’il a un élève qui a un vieuxsax gris, <strong>et</strong> c’était le même... Et <strong>en</strong> fait c<strong>et</strong> étudiant l’avait trouvé dansune brocante au fond d’un sac p<strong>la</strong>stique… Finalem<strong>en</strong>t je l’ai ach<strong>et</strong>é <strong>et</strong>depuis je n’arrête pas de faire des modifications dessus… Ça fait desannées que je joue avec, je m’y suis fait, il me p<strong>la</strong>ît c’est tout.Pourquoi jouez-vous Vandor<strong>en</strong> ?Au début je jouais une autre marque puis j’ai r<strong>en</strong>contré Jean Paul (Gauvin)qui m’a fait essayer Vandor<strong>en</strong>, <strong>et</strong> c’est vrai que les anches sont super…d’abord elles <strong>du</strong>r<strong>en</strong>t longtemps <strong>et</strong> <strong>en</strong> plus elles me perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t de fairemon propre grain de son. Par ailleurs, j’ai beaucoup de sympathie pourl’équipe, je vais rue Lepic, j’essaie des becs, c’est comme un <strong>la</strong>boratoired’essai, c’est très important pour un musici<strong>en</strong>. Je peux aussi faire calibrermes anches <strong>et</strong> satisfaire ainsi mes besoins, c’est très pratique.CDs disponibles à l’Espace Partitions Vandor<strong>en</strong>


ÉricBarr<strong>et</strong>


fr<strong>en</strong>ch touch INTERVIEW PAR ANNE-SOPHIE VAN DORENfr<strong>en</strong>ch touchComm<strong>en</strong>t aborde-t-on l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>du</strong> <strong>jazz</strong> ?Si l’on revi<strong>en</strong>t aux origines de <strong>la</strong> musique, on a toujourscomm<strong>en</strong>cé à jouer avant de faire avancer les choses, c<strong>en</strong>’est que par <strong>la</strong> suite que l’on s’attache à é<strong>la</strong>borer différ<strong>en</strong>testhéories. Or aujourd’hui on suit <strong>la</strong> démarche inverse,c’est à dire comm<strong>en</strong>cer par <strong>la</strong> théorie, ce qui est dommageablepour <strong>la</strong> spontanéité <strong>et</strong> <strong>la</strong> liberté de <strong>la</strong> musique. Enréalité, on ne r<strong>en</strong>tre dans un appr<strong>en</strong>tissage efficace, donton profite vraim<strong>en</strong>t, qu’après avoir joué …Je voudrais aussi rev<strong>en</strong>ir sur le terme " d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ", " transmission "serait plus adapté. On ne cherche pas à r<strong>en</strong>dre les g<strong>en</strong>s dép<strong>en</strong>dantsmais plutôt à leur donner les moy<strong>en</strong>s de s’exprimer par eux mêmes. Ilne s’agit pas de les installer dans un moule <strong>en</strong> leur distribuant un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tfigé voire sclérosé. On a affaire à des êtres humains, paress<strong>en</strong>ce tous différ<strong>en</strong>ts qui ne vont pas réagir de <strong>la</strong> même façon <strong>et</strong>notamm<strong>en</strong>t dans l’improvisation. C’est pourquoi c<strong>et</strong>te transmissionest <strong>en</strong> réalité interactive <strong>et</strong> requiert à <strong>la</strong> fois un investissem<strong>en</strong>t total del’élève <strong>et</strong> une adaptation voire une remise <strong>en</strong> question continuelle de<strong>la</strong> part <strong>du</strong> professeur. On pourrait d’ailleurs plutôt qualifier ce dernierde " guide " (moins répressif dans sa représ<strong>en</strong>tation). Ce n’est pas un<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t passif mais un chemin à deux.Que p<strong>en</strong>sez-vous de travailler les relevés ?Je suis assez hostile au fait de travailler des relevés quin’ont pas été faits par soi même.Pourquoi ?A mon avis les livres de relevés n’ont pas grand intérêtcar c’est <strong>la</strong> facilité, voire une certaine forme de passivité.En eff<strong>et</strong> ce<strong>la</strong> se lit comme une partition mais ilmanque l’interprétation qui reste néanmoins fondam<strong>en</strong>tale. En réalitéje p<strong>en</strong>se qu’il faut d’abord écouter, passer par une phase d’imitation,c’est à dire rejouer le relevé avant de l’analyser.LINKAGEMARGE 26 - 2001 TERRONÈSA quel âge vaut-il mieux comm<strong>en</strong>cer le <strong>jazz</strong> ?Je dirais que l’adolesc<strong>en</strong>ce, c’est pas mal. Plus tôt, c’est difficile d’am<strong>en</strong>erde jeunes <strong>en</strong>fants à <strong>la</strong> pratique de l’improvisation. Leur personnalitéfuture n’est pas <strong>en</strong>core assez affirmée, assez n<strong>et</strong>te pour qu’on puissevraim<strong>en</strong>t les responsabiliser, les r<strong>en</strong>voyer à eux mêmes. Ce n’est pasévid<strong>en</strong>t. L’adolesc<strong>en</strong>ce est plus propice, car si l’<strong>en</strong>fant est <strong>en</strong>core unpeu trop brouillon, l’a<strong>du</strong>lte va chercher à tout intellectualiser, rationaliser,ce qui va tuer toute création. Le drame de l’a<strong>du</strong>lte c’est de seposer mille questions avant de jouer une note…Comm<strong>en</strong>t peut-on <strong>en</strong>seigner quelque chose qui se fondeess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur l’improvisation ? <strong>et</strong> <strong>en</strong> tant qu’autodidacte,comm<strong>en</strong>t expliquez vous c<strong>et</strong>te contradiction ?C’est un fait que d’être autodidacte m’a un peu freiné au début, j’aitâtonné <strong>et</strong> per<strong>du</strong> <strong>du</strong> temps <strong>et</strong> c’est vrai que je suis <strong>en</strong> quelque sortedev<strong>en</strong>u le professeur que moi même je cherchais… Mais pour rev<strong>en</strong>irsur c<strong>et</strong>te idée que " l’improvisation ne pourrait pas s’<strong>en</strong>seigner car elleperdrait sa spontanéité ", c’est un peu une image d’Epinal. C’est unemusique qui existe déjà depuis un siècle <strong>et</strong> qui s’appuie sur des théoriesqu’il convi<strong>en</strong>t néanmoins d’expliquer au préa<strong>la</strong>ble pour que lesg<strong>en</strong>s puiss<strong>en</strong>t voler de leurs propres ailes. Je p<strong>en</strong>se qu’il y a quelquechose de très important, c’est d’appr<strong>en</strong>dre le <strong>la</strong>ngage c’est à dire compr<strong>en</strong>drecomm<strong>en</strong>t <strong>et</strong> avec quels moy<strong>en</strong>s les musici<strong>en</strong>s s’exprim<strong>en</strong>t. Orce<strong>la</strong> passe par une analyse, une interprétation des relevés des improvisations<strong>et</strong> pour ce<strong>la</strong> il faut avoir un minimum de connaissances.Comm<strong>en</strong>t gérez vous l’aspect un peu rébellion des " ados <strong>en</strong>crise " ?C’est vrai que parfois ils me détest<strong>en</strong>t au bout d’un an (rires)… Mais<strong>en</strong> réalité c’est une période qui peut être très fertile car les ados sont<strong>en</strong>tiers, ils peuv<strong>en</strong>t tout rej<strong>et</strong>er <strong>en</strong> bloc ou s’investir à corps per<strong>du</strong> dans<strong>la</strong> musique.<strong>La</strong> transmission <strong>du</strong> <strong>jazz</strong> se limite-t-elle au simple <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tmusical ?L’intérêt de c<strong>et</strong>te musique c’est <strong>la</strong> r<strong>en</strong>contre avec des g<strong>en</strong>s <strong>et</strong> <strong>la</strong> prisede risques. C’est comme ça que c<strong>et</strong>te musique a évolué ; par des cheminsde traverse <strong>et</strong> par ext<strong>en</strong>sion, ce<strong>la</strong> se répercute dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.Mais de là à dire que c’est une "philosophie" de <strong>la</strong> vie c’est peutêtreun peu exagéré …“Je transm<strong>et</strong>sma musique”Anches Ténor Java 3 1/2CDs disponibles à l’Espace Partitions Vandor<strong>en</strong>


“Jean-ChristopheBéney


fr<strong>en</strong>ch touchPROPOSPAR ANNE-SOPHIE VAN DORENfr<strong>en</strong>ch touchMes débutsJ’ai comm<strong>en</strong>cé ma carrière de musici<strong>en</strong> il y a une p<strong>et</strong>ite dizaine d’annéesmaint<strong>en</strong>ant. Je suis r<strong>en</strong>tré au CNSM <strong>en</strong> 1993 <strong>et</strong> au même mom<strong>en</strong>tFrançois Jeanneau, Patrice Caratini, Philippe Maté <strong>et</strong> Andy Emler ontmonté leur proj<strong>et</strong> <strong>du</strong> POM <strong>et</strong> m’ont <strong>en</strong>gagé. Assez vite j’ai comm<strong>en</strong>cé àtravailler avec c<strong>et</strong> orchestre mais aussi avec plusieurs p<strong>et</strong>ites formationscomme le quart<strong>et</strong> <strong>du</strong> pianiste <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Coq par exemple.J’ai toujours écrit des morceaux donc j’ai toujours eu aussiun quart<strong>et</strong> à moi, plus ou moins actif selon les périodes.Pourquoi un quart<strong>et</strong> ? pour moi c’est <strong>la</strong> formule idéale quime perm<strong>et</strong> d’exprimer ma musique. Pour l’instant c’est ça,plus tard on verra… Depuis mes débuts j’ai participé à unedizaine de disques, dont deux sous mon nom. Le premier,un live au Duc des Lombards, est sorti <strong>en</strong> 1998, <strong>et</strong> lesecond sur le <strong>la</strong>bel canadi<strong>en</strong> Eff<strong>en</strong>di Records <strong>en</strong> 2002. A<strong>la</strong>inBédard <strong>et</strong> Carole Therri<strong>en</strong> d’Eff<strong>en</strong>di font un gros travail au Canada pourle <strong>jazz</strong>. Ce sont de vrais activistes <strong>du</strong> <strong>jazz</strong>. En quatre ans ils ont réussi àsortir plus de tr<strong>en</strong>te disques, ce qui est un exploit pour un p<strong>et</strong>it <strong>la</strong>bel quidémarre. Ils sont maint<strong>en</strong>ant distribués dans de nombreux pays, dont <strong>la</strong><strong>France</strong>, même si paradoxalem<strong>en</strong>t c’est dans ce dernier qu’ils r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>tle plus de difficultés à se développer.Le Jazz <strong>en</strong> <strong>France</strong> aujourd’hui<strong>La</strong> vie <strong>du</strong> <strong>jazz</strong> <strong>en</strong> <strong>France</strong> est très int<strong>en</strong>se aujourd’hui. Il existe beaucoupde clubs, de festivals, de <strong>la</strong>bels… Le paysage <strong>jazz</strong>istique est très riche.Nous avons beaucoup de chance à ce niveau-là. L’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t luiaussi s’est organisé depuis dix ou vingt ans. Ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong> à beaucoup dejeunes de trouver des structures solides pour appr<strong>en</strong>dre c<strong>et</strong>temusique. Cep<strong>en</strong>dant, <strong>et</strong> c’est une des conséqu<strong>en</strong>ces, il y a aujourd’huisaturation. Il y a de plus <strong>en</strong> plus de musici<strong>en</strong>s sur le "marché", <strong>et</strong> il esttrès difficile d’exister pour un jeune qui démarre. Paris est égalem<strong>en</strong>ttrès attractif artistiquem<strong>en</strong>t pour de nombreux musici<strong>en</strong>s étrangers, <strong>et</strong>beaucoup vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’y installer (Italie, Allemagne, Pays-Bas, Europe del’Est, Afrique <strong>et</strong>c …). C’est un grand apport pour <strong>la</strong> vie musicale locale,mais <strong>en</strong> même temps <strong>la</strong> <strong>situation</strong> t<strong>en</strong>d à se rapprocher de celle deNew York, où beaucoup d’excell<strong>en</strong>ts musici<strong>en</strong>s n’ont pas de travail <strong>et</strong>sont obligés d’avoir un autre job à côté. Ce<strong>la</strong> ne m’étonnerait pas queParis se rapproche de ça dans les prochaines années, surtout avec lesnouveaux choix politiques qui ne favoris<strong>en</strong>t pas particulièrem<strong>en</strong>t ledéveloppem<strong>en</strong>t de vie culturelle (remise <strong>en</strong> cause <strong>du</strong> statut d’intermitt<strong>en</strong>t,baisse des aides publiques aux p<strong>et</strong>ites structures de diffusion...).Tout ça va aller je p<strong>en</strong>se vers une <strong>situation</strong> toujours plus saturée,c’est-à-dire plus de musici<strong>en</strong>s <strong>et</strong> moins de travail.Création/traditionSchématiquem<strong>en</strong>t on peut dire qu’il y a deux grandes t<strong>en</strong>dances dans le<strong>jazz</strong> <strong>en</strong> <strong>France</strong>. D’un côté ceux qui rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t une certaine filiation par“J’ai choiside m’exprimer”FND029 EFFENDI RECORDS INC.CASSIOPÉEAnches Ténor c<strong>la</strong>ssique 3Anches 3 1/2CDs disponibles à l’Espace Partitions Vandor<strong>en</strong>rapport à <strong>la</strong> culture <strong>et</strong> l’histoire de c<strong>et</strong>te musique, <strong>et</strong> ceux qui <strong>la</strong> rej<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t.C<strong>et</strong>te musique fait partie de <strong>la</strong> culture américaine <strong>et</strong> ça dérangecertains. Avec le <strong>jazz</strong> nous sommes au cœur <strong>du</strong> vieux cont<strong>en</strong>tieux franco-américainqui a toujours plus ou moins existé, <strong>et</strong> dont le feuill<strong>et</strong>ondiplomatique interminable que nous avons connu <strong>en</strong> ce début d’année2003, <strong>et</strong> surtout <strong>la</strong> passion qu’il a suscité dans l’opinion publique de part<strong>et</strong> d’autre, n’était finalem<strong>en</strong>t qu’un exemple de plus. Il y atoujours eu dans <strong>la</strong> m<strong>en</strong>talité française ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t ambival<strong>en</strong>td’amour <strong>et</strong> de haine, d’attirance <strong>et</strong> de répulsion,d’admiration <strong>et</strong> de dédain <strong>en</strong>vers les Etats-Unis, <strong>en</strong>versleur culture, leurs valeurs… Ce qui est drôle c’est de voirque dans le <strong>jazz</strong> <strong>en</strong> <strong>France</strong> ce problème-là trouve sa pleineexpression. Pour moi <strong>la</strong> tradition <strong>et</strong> <strong>la</strong> création vont de pair.Je ne peux séparer les deux. L’histoire de c<strong>et</strong>te musiquedepuis un siècle est faite de l’association des deux, c’est uneévid<strong>en</strong>ce. Il me semble que nous Français avons trop souv<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>dance àdissocier les deux. Ceux qui font de <strong>la</strong> création refus<strong>en</strong>t <strong>la</strong> tradition, <strong>et</strong>vice <strong>et</strong> versa. Pour moi le <strong>jazz</strong> français n’existe pas, pas plus que le Jazzeuropé<strong>en</strong>, <strong>en</strong> tant qu’<strong>en</strong>tités artistiques spécifiques. Ce sont des concepts"mark<strong>et</strong>ing" ou politiques. Chacun joue c<strong>et</strong>te musique avec sa propre s<strong>en</strong>sibilité,c’est tout. Il y a autant de façons de jouer le <strong>jazz</strong> qu’il y a de musici<strong>en</strong>sde <strong>jazz</strong>, d’où qu’ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t. Chacun propose sa version des choses.L’autre jour dans un club à Paris j’ai vu le trio <strong>du</strong> bassiste danois Chris MinhDoky, avec l’excell<strong>en</strong>t pianiste japonais Makoto Ozone, <strong>et</strong> le non moinsexcell<strong>en</strong>t batteur Jeff Tain Watts. C’était super <strong>et</strong> je me suis dit, non sansune certaine émotion : " ti<strong>en</strong>s, c’est sympa de voir un américain, un asiatique<strong>et</strong> un europé<strong>en</strong> jouer <strong>en</strong>semble avec une telle osmose ". C’était unparfait exemple de l’universalité <strong>du</strong> <strong>jazz</strong>, <strong>et</strong> ça faisait p<strong>la</strong>isir à voir. C’estcomme une <strong>la</strong>ngue vivante. Trois personnes différ<strong>en</strong>tes qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d<strong>et</strong>rois contin<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> qui parl<strong>en</strong>t <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue.Mes proj<strong>et</strong>sComme deux des musici<strong>en</strong>s de mon quart<strong>et</strong> sont partis vivre à New York,j’ai décidé de monter un nouveau groupe. Ce<strong>la</strong> faisait longtemps quej’avais <strong>en</strong>vie de jouer avec le guitariste Jérôme Barde, donc je l’ai appelé <strong>et</strong>j’ai aussi convié le batteur canadi<strong>en</strong> Karl Jannuska <strong>et</strong> le contrebassiste Jean-Daniel Botta. Nous faisons c<strong>et</strong> automne une série de concerts <strong>en</strong> <strong>France</strong>qui, je l’espère, donnera naissance à un vrai groupe avec lequel je comptebi<strong>en</strong> <strong>en</strong>registrer rapidem<strong>en</strong>t un nouveau disque. Je p<strong>en</strong>se que ce<strong>la</strong>devrait être un bon groupe. Nous avons fait déjà quelques concerts ceprintemps. Je n’avais jamais vraim<strong>en</strong>t joué <strong>en</strong> quart<strong>et</strong> avec un guitariste <strong>et</strong>j’aime bi<strong>en</strong> l’association ténor/guitare. J’écris beaucoup de nouveauxthèmes, <strong>et</strong> je suis impati<strong>en</strong>t de voir si ça va sonner ou pas. J’aime écrirespécifiquem<strong>en</strong>t pour les g<strong>en</strong>s que j’invite… Grâce à ma col<strong>la</strong>boration avecEff<strong>en</strong>di, j’ai eu l’occasion de faire deux tournées au Canada c<strong>et</strong>te année.J’y suis allé seul, ce qui m’a permis de jouer avec beaucoup de musici<strong>en</strong>scanadi<strong>en</strong>s très intéressants. Ils ne sont pas très connus <strong>en</strong> <strong>France</strong> pour <strong>la</strong>plupart, mais le niveau est vraim<strong>en</strong>t très bon là-bas. Nous allons essayerdemonter des proj<strong>et</strong>s croisés <strong>en</strong>tre français <strong>et</strong> canadi<strong>en</strong>s…“Jean-Christophe Béney


MichaëlCher<strong>et</strong>“le matérielqui m’id<strong>en</strong>tifie”Bec Alto 5MAnches Alto Java 3 / 3 1/2Votre parcours …j’ai comm<strong>en</strong>cé à 17 ans. Ma famille n’ était pas musici<strong>en</strong>ne. Parcontre, je me suis défoncé tout de suite, je travail<strong>la</strong>is le sax 4 heurespar jour <strong>et</strong> 5 ans après je suis r<strong>en</strong>tré au CNSM de Paris dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssede <strong>jazz</strong> de François Jeanneau, mais je suis parti un an avant <strong>la</strong> fin<strong>du</strong> cursus car j’avais déjà des propositions de travail.Avez-vous gardé exclusivem<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te influ<strong>en</strong>ce <strong>jazz</strong> dansvotre style ?En fait, je n’ai pas de style vraim<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> défini. Je joue toutes lesmusiques qui me touch<strong>en</strong>t, que je trouve belles <strong>et</strong> qui ont commepoint commun le " groove "… Quelque chose qui est accessible aupublic <strong>et</strong> qui quelque part donne <strong>en</strong>vie de danser. On pourra citerle funk, <strong>la</strong> salsa, le be-bop, le rythm’& blues… Je recherche aussi unemusique assez tonale. Je n’aimerais pas jouer <strong>en</strong> ayant le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tque personne ne me compr<strong>en</strong>d dans <strong>la</strong> salle.<strong>La</strong> re<strong>la</strong>tion avec le public a l’air très importante pour vous ?Oui, je suis assez réceptif à ce qui se passe dans <strong>la</strong> salle . Quand j’écris ;je suis s<strong>en</strong>sible au fait que les g<strong>en</strong>s r<strong>et</strong>i<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ma mélodie. C’est dansc<strong>et</strong>te optique là que je me suis inspiré d’une chanson de CharlesTrén<strong>et</strong> sur mon CD, je suis s<strong>en</strong>sible à un certain côté affectif.Consultez-vous souv<strong>en</strong>t l’avis de vos proches dans l’é<strong>la</strong>borationde vos morceaux ?Oui, c’est assez important pour moi. Et aussi, j’ai une forte autocritiquepour guider mon travail au quotidi<strong>en</strong>. J’<strong>en</strong>registre toutes mes répétitions<strong>et</strong> mes concerts <strong>et</strong> je les réécoute le soir même <strong>en</strong> r<strong>en</strong>trant chez moi.


fr<strong>en</strong>ch touch INTERVIEW PAR ANNE-SOPHIE VAN DORENfr<strong>en</strong>ch touchAinsi tant sur le p<strong>la</strong>n musical que matériel, vous réservezune p<strong>la</strong>ce ess<strong>en</strong>tielle aux expéri<strong>en</strong>ces ?Je ne vois pas <strong>la</strong> musique comme un but, mais vraim<strong>en</strong>t comme unedémarche infinie, sans cesse <strong>en</strong> évolution. Au niveau <strong>du</strong> matériel,l’intellig<strong>en</strong>ce serait de savoir rester avec le même bec sans se posertrop de questions tout <strong>en</strong> étant capable de changer au bout de10 ans, d’une part le physique, l’oreille change <strong>et</strong> bi<strong>en</strong> sûr le style <strong>et</strong>les <strong>en</strong>vies aussi. Il s’agit de rester curieux par rapportaux nouveautés. Je suis assez partisans des essais, ilsperm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t d’acquérir une souplesse d’adaptation…C’est le fondem<strong>en</strong>t <strong>du</strong> <strong>jazz</strong>man. Le principe <strong>du</strong> <strong>jazz</strong>c’est d’essayer <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce, de nouvelles phrases,de nouveaux <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts…Mais vous vous appuyez aussi sur une certaine traditionnon ?Bi<strong>en</strong> sûr, le <strong>jazz</strong> est une musique qui se bal<strong>la</strong>de <strong>en</strong>tre <strong>la</strong>tradition <strong>et</strong> les expéri<strong>en</strong>ces. Un peu comme un traj<strong>et</strong> <strong>en</strong>tre les deuxextrêmes, ce qui se passe tout <strong>en</strong> bas, au départ <strong>du</strong> <strong>jazz</strong> <strong>et</strong> tout <strong>en</strong>haut, au stade le plus expérim<strong>en</strong>tal. C’est <strong>en</strong> quelque sorte un perpétuelva <strong>et</strong> vi<strong>en</strong>t. Mais le plus amusant quand on étudie avec les<strong>jazz</strong>m<strong>en</strong> les plus modernes ils nous demand<strong>en</strong>t de rev<strong>en</strong>ir aux trucsles plus simples comme les triades. Et c’est ce matériau là trèssimple qui nous amène à faire des choses extrêmem<strong>en</strong>t modernes.Tout <strong>en</strong> étant très accessible, dans quel courant vous inscrivez-vous?Je ne suis pas figé dans un style. Tout <strong>en</strong> axant mon travail à <strong>la</strong> maisonsur le be-bop qui est pour moi <strong>la</strong> base <strong>du</strong> discours <strong>jazz</strong>istique, jep<strong>en</strong>se qu’avec une certaine ouverture <strong>et</strong> une certaine écoute, ce<strong>la</strong>m’a am<strong>en</strong>é à faire de <strong>la</strong> salsa avec MamboMania, <strong>du</strong> rythm’&bluesavec Cap’taine Mercier, <strong>du</strong> funk avec T<strong>en</strong>t<strong>et</strong> Oh ! Carré …C’est vrai que maint<strong>en</strong>ant, ce qui m’intéresse c’est moins le styleque le message que je suis capable de faire passer… c’est à dire queje ne vais pas chercher à faire <strong>du</strong> David Sanborn pour un concertfunk ou <strong>du</strong> Parker pour <strong>du</strong> <strong>jazz</strong> mais je vais essayer d’avoir mapropre personnalité <strong>et</strong> de <strong>la</strong> faire fonctionner dans tousles styles de musique.MUSIC IN MY MUSIChistoires que je raconte. J’y attache beaucoup d’importance, chaquemorceau doit avoir sa propre id<strong>en</strong>tité, une histoire à part <strong>en</strong>tière.Vous attachez de l’importance au fait que les g<strong>en</strong>s puiss<strong>en</strong>tcompr<strong>en</strong>dre votre musique. Comm<strong>en</strong>t se porte <strong>la</strong> diffusion<strong>du</strong> Jazz <strong>en</strong> <strong>France</strong> ? y a t-il un public à part <strong>en</strong>tière ?Le <strong>jazz</strong> a vraim<strong>en</strong>t un public, je le vois à Paris dans le cadre <strong>du</strong> festival<strong>du</strong> Parc Floral par exemple où <strong>la</strong> musique est gratuite<strong>et</strong> <strong>la</strong> programmation assez originale.Mais n’est-ce pas <strong>la</strong> gratuité qui attire aussi lepublic ?Je ne p<strong>en</strong>se pas , il faut <strong>en</strong>courager les démarches dediffusion qui vont dans ce s<strong>en</strong>s. D’un autre côté, onreproche souv<strong>en</strong>t au <strong>jazz</strong> de ne pas être accessible,trop intellectuel… Le <strong>jazz</strong> souffre aussi d’un manquede diffusion. Je p<strong>en</strong>se que pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t, énormém<strong>en</strong>tde g<strong>en</strong>s peuv<strong>en</strong>t aimer le <strong>jazz</strong>, mais c’est quelque chose auquelon n’est pas habitué. Seulem<strong>en</strong>t quelques radios diffus<strong>en</strong>t <strong>du</strong> Jazz <strong>en</strong>perman<strong>en</strong>ce, c’est peu mais je ti<strong>en</strong>s néanmoins à souligner l’actionmotrice de certaines personnes qui y travaill<strong>en</strong>t comme Sébasti<strong>en</strong>Vidal par exemple. C’est l’un des rares acteurs des médias <strong>jazz</strong> quis’investit vraim<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> vie <strong>du</strong> <strong>jazz</strong>, ce n’est pas seulem<strong>en</strong>t unevoix dans un poste de radio ou une signature dans un magazine ; ilest prés<strong>en</strong>t toute l’année dans les clubs. Ainsi, il essaie de faire bougerles choses ; il a repris une programmation tous les lundis auBatofar, il s’<strong>en</strong>gage par rapport aux disques qu’il passe. En ce qui meconcerne, il a fait de nombreux appels aux pro<strong>du</strong>cteurs pour m<strong>et</strong>rouver un <strong>la</strong>bel <strong>et</strong> une distribution.Comm<strong>en</strong>t vous p<strong>la</strong>cez vous par rapport à ce disque, c<strong>et</strong> albumest un peu comme une sorte de carte d’id<strong>en</strong>tité non ?J’ai assez peur par rapport au principe de l’album, car <strong>en</strong> fait un disquece n’est qu’un instantané dans <strong>la</strong> vie d’un musici<strong>en</strong>. Ça ne peut pasrefléter tout ce qu’on sait faire mais surtout ça ne représ<strong>en</strong>te qu’un<strong>et</strong>ranche de vie. D’ailleurs pour un <strong>jazz</strong>man qui évolue, il n’est pas rarequ’<strong>en</strong>tre le mom<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> création <strong>et</strong> <strong>la</strong> sortie dans les bacsil se détache plus ou moins de ce qu’il a fait.Vous préférez vous id<strong>en</strong>tifier plus à travers le messageque dans un courant particulier ?Voilà, je n’ai pas de rev<strong>en</strong>dication par rapport à une mouvancemusicale bi<strong>en</strong> définie. Il faut cep<strong>en</strong>dant qu’il y aitdes g<strong>en</strong>s qui s’investiss<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t dans un mouvem<strong>en</strong>t.Ce sont eux qui font avancer… Personnellem<strong>en</strong>t,je me p<strong>la</strong>ce plutôt comme un musici<strong>en</strong> qui a <strong>en</strong>vie de sefaire p<strong>la</strong>isir <strong>et</strong> de partager avec les g<strong>en</strong>s. Je ne suis pasdans une vision idéologique de <strong>la</strong> musique.Mais vous avez néanmoins des exig<strong>en</strong>ces ?J’ai énormém<strong>en</strong>t d’exig<strong>en</strong>ces par rapport à moi même,plus sur ma façon de jouer <strong>la</strong> musique que sur <strong>la</strong> musiqueque j’ai choisi. Elles se port<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur le son,l’articu<strong>la</strong>tion mais aussi l’esthétique de <strong>la</strong> musique dans lesPourquoi rev<strong>en</strong>diquer ce côté inc<strong>la</strong>ssable ?Les g<strong>en</strong>s ont besoin de repères. J’aime énormém<strong>en</strong>t demusiques, j’essaie de me faire p<strong>la</strong>isir au maximum ! Par contre,je ne me m<strong>et</strong>s pas d’étiqu<strong>et</strong>tes, d’autres s’<strong>en</strong> chargeront .Votre propre musique ne vous rappelle-t-elle pasaussi quelque chose, quelque part, vous êtes aussiun imitateur …Oui à <strong>la</strong> base, j’essaie d’imiter mais jamais <strong>la</strong> même personne,c’est à dire que le résultat se fond dans <strong>la</strong> masse. Parexemple je vais étudier un solo de Parker, un de PhilWoods, un de Brecker <strong>et</strong> le fait de mé<strong>la</strong>nger tout ça, vacréer une sorte de sauce. Ainsi diluées, les influ<strong>en</strong>cesseront difficilem<strong>en</strong>t reconnaissables mais au final on dirapeut-être que c’est <strong>du</strong> Michaël Cher<strong>et</strong>.CDs disponibles à l’Espace Partitions Vandor<strong>en</strong>


SylvainCatha<strong>la</strong>Parlez nous de votre parcours.J’ai comm<strong>en</strong>cé le Conservatoire tôt vers 7/8 ans, le parcours desaxophone c<strong>la</strong>ssique habituel <strong>en</strong> somme. J’ai eu <strong>la</strong> chance <strong>en</strong> 3èmecycle de bénéficier d’un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t axé sur le <strong>jazz</strong> (avec FlorisNico Bunink), ce qui était assez rare à c<strong>et</strong>te époque là dans le cadreinstitutionnel. Puis je suis monté sur Paris, j’ai travaillé quelqu<strong>et</strong>emps par moi-même. J'ai r<strong>en</strong>contré B<strong>en</strong>oît Delbecq qui m’a ouvertcertaines portes <strong>et</strong> avec qui j’ai pris des cours. J'ai suivi égalem<strong>en</strong>tl'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de Guil<strong>la</strong>ume Orti.Où avez vous appris <strong>la</strong> composition ?C’est un p<strong>et</strong>it peu comme pour l’instrum<strong>en</strong>t… Au Conservatoire


fr<strong>en</strong>ch touch INTERVIEW PAR ANNE-SOPHIE VAN DORENfr<strong>en</strong>ch touchj’étais fâché avec leur démarche car ce n’est qu’à <strong>la</strong> fin <strong>du</strong>3 e cycle que l’on nous appr<strong>en</strong>d l’exist<strong>en</strong>ce de gammesautres que mineures <strong>et</strong> majeures, <strong>et</strong> là ça m’a fait un choc.Donc, je suis parti, sans mes diplômes mais avec mon saxophone<strong>et</strong> <strong>la</strong> motivation. Je suis allé chercher dans les bouquinsd’autres choses <strong>et</strong> j’ai eu un parcours disons de"désappr<strong>en</strong>tissage" pour réappr<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> musique <strong>en</strong> incluantles résultats de mes recherches.En tant qu’autodidacte ?Pratiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t pour <strong>la</strong> composition mais c’estvrai que je ne peux pas <strong>la</strong> séparer de l’instrum<strong>en</strong>t. Commeje me voyais mal jouer <strong>du</strong> be-bop même si c’était <strong>la</strong> musiqueque j’écoutais, (que j’écoute toujours <strong>et</strong> que j’adored’ailleurs), j’ai essayé de trouver autre chose. Au sortir deces 10/15 ans de Conservatoire, on s’aperçoit que l’on a unesprit assez "formaté". C’est <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s là que j’ai eu besoin de c<strong>et</strong>tepériode de désappr<strong>en</strong>tissage. <strong>La</strong> composition est v<strong>en</strong>ue au mom<strong>en</strong>t oùj’ai monté mon groupe "Print". Il y avait d’abord <strong>la</strong> volonté de réunirdes personnes mais aussi le besoin d'exprimer notre implication dansle monde actuel - besoin qui ne pouvait passer par le répertoire "traditionnel".Pourquoi c<strong>et</strong>te originalité <strong>et</strong> où pr<strong>en</strong>d-elle ses sources ?Il y a un rapport à <strong>la</strong> vie qui est important dans le métier qu’on choisit.Et c’est vrai que jouer <strong>du</strong> bop avait des implications politiques.De plus c’est un courant daté, géographiquem<strong>en</strong>t<strong>et</strong> dans le temps. C’était super novateur de jouer <strong>du</strong> bopdans les années 4O, aujourd’hui, ça n’a pas les mêmesimplications. Mais je ne parle pas d’une nécessité de faireavancer les choses dans l’absolu, c'est plutôt un besoin personnel.Ce n’est absolum<strong>en</strong>t pas une critique des musici<strong>en</strong>squi utilis<strong>en</strong>t ce <strong>la</strong>ngage, c’est juste que je ne pouvaispas donner un s<strong>en</strong>s d’aujourd’hui à c<strong>et</strong>te musiquelà,je n’y arrivais pas ; cep<strong>en</strong>dant, j'ai gardé un certainnombre de paramètres de ce style pour l'intégrer à ma musique. Et àpartir de là, j’ai cherché un moy<strong>en</strong> de dire quelque chose à travers unemusique qui me paraissait actuelle, de déterminer mon <strong>la</strong>ngage.PRINT [A.KA] DREAMSYOLK LABEL J2015Et concernant vos influ<strong>en</strong>ces, on a <strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>du</strong> parler de SteveColeman ou Tim Berne ?C’est vrai qu’on peut r<strong>et</strong>rouver des consonances de Coleman <strong>et</strong> Bernedans mon travail. Pour Coleman c’est parce qu’il utilise des choses quisont <strong>en</strong> rapport avec le temps. C’est très important pour moi que <strong>la</strong>musique touche mon quotidi<strong>en</strong>, ait un rapport avec ce que je vis. Etpour rev<strong>en</strong>ir à Coleman, son travail est c<strong>en</strong>tré sur le temps, il travailleBec Java T 75Anches Ténor 3 1/2“J’expérim<strong>en</strong>tema musique”sur le rythme <strong>et</strong> son adéquation au temps. Mais il y a aussiun rapport mathématique (rythme, forme, harmonie), cesont principalem<strong>en</strong>t les choses que j’ai prises chez lui. PourTim Berne, il a une façon de s’exprimer dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée desmorceaux, <strong>et</strong> de les développer avec plusieurs mélodies quiont une re<strong>la</strong>tion temporelle ou harmonique. C’est unemanière de pr<strong>en</strong>dre l’auditeur par <strong>la</strong> main <strong>et</strong> de l’emm<strong>en</strong>erp<strong>en</strong>dant 20 ou 30 minutes à travers tout le morceau. Il y aun côté pédagogique dans c<strong>et</strong>te démarche qui, ajouté à <strong>la</strong>manière de jouer c<strong>et</strong>te musique m’est assez proche. En définitive,je ne sais si l'auditeur perçoit ces influ<strong>en</strong>ces -<strong>et</strong> lesautres (Aka Moon, Delbecq, Lig<strong>et</strong>i …) ; j'espère qu'elles sontintégrées. Je me sers aussi de rapports non musicaux pourconstruire mes systèmes. En tous les cas je recherche toujoursun certain équilibre un peu comme dans un être vivantoù les élém<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t être <strong>en</strong> symbiose. Ainsi, je m<strong>et</strong>s <strong>en</strong>p<strong>la</strong>ce un certain nombre de règles qui ont chacune leur fonction. Si onexploite trop une règle, le système ne fonctionne plus car il est tropmécanique, l’équilibre s’effondre <strong>et</strong> alors je déchire <strong>la</strong> page.Votre musique s’inscrit-elle dans le courant <strong>du</strong> "Jazz europé<strong>en</strong>"ou est-elle plus simplem<strong>en</strong>t "avant-gardiste" ?Peut-on qualifier une musique ? (rires)… En fait j’aurais <strong>du</strong> mal àrépondre, car <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> perception <strong>et</strong> <strong>la</strong> conception de <strong>la</strong> musique il y aune grande différ<strong>en</strong>ce. J’écris des morceaux avec des élém<strong>en</strong>ts trèsprécis, on travaille <strong>en</strong>suite <strong>en</strong> groupe <strong>et</strong> il y a une certainepart de liberté, plus ou moins grande suivant les morceaux,pour que chacun y m<strong>et</strong>te un peu <strong>du</strong> si<strong>en</strong>. Ce qu’ily a dans Print que j’aime beaucoup <strong>et</strong> qui doit sans doutese ress<strong>en</strong>tir au niveau <strong>du</strong> public c’est c<strong>et</strong>te interactivité<strong>en</strong>tre les musici<strong>en</strong>s… Si on écoute deux concerts coupsur coup, <strong>la</strong> musique peut être assez différ<strong>en</strong>te. Pourrev<strong>en</strong>ir à votre question, je crois que je ne peux pas vraim<strong>en</strong>t"étiqu<strong>et</strong>er" ma musique avec une catégorie bi<strong>en</strong>définie. En eff<strong>et</strong> elle comporte aussi des acc<strong>en</strong>ts demusique traditionnelle, des dissonances, une recherche dans le domainerythmique… C’est une "cuisine" assez complexe.Ce sont des choses que vous avez apprises, côtoyées audépart, empruntées ou bi<strong>en</strong> "cuisinées" à titre expérim<strong>en</strong>tal,pour repr<strong>en</strong>dre l’expression ?C’est vrai que mon écriture mêle de nombreux arômes, c’est assezcomplexe <strong>et</strong> je crois que le terme de " cuisine " s’adapte bi<strong>en</strong> à ce stylede démarche. Car si j’expérim<strong>en</strong>te mes rec<strong>et</strong>tes avec des aspectsmusicaux, contemporains, c<strong>la</strong>ssiques, traditionnels, ou rock, je m’appuieaussi sur d’autres influ<strong>en</strong>ces pour affiner les autres paramètres <strong>du</strong>morceau. Ainsi, pour <strong>la</strong> forme, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée, le tempo ou <strong>la</strong> fréqu<strong>en</strong>ce, mesinflu<strong>en</strong>ces peuv<strong>en</strong>t être mathématiques, numériques ou physiques.Vous êtes constamm<strong>en</strong>t à l’affût de tout pour nourrir votre imagination…Voilà ! En gros, c’est ça : je suis un pilleur…CDs disponibles à l’Espace Partitions Vandor<strong>en</strong>


PierrickPedron


fr<strong>en</strong>ch touch INTERVIEW PAR ANNE-SOPHIE VAN DORENfr<strong>en</strong>ch touchParlez-nous de votre parcoursJ’ai comm<strong>en</strong>cé le saxophone très jeune à l’âge de 7 ans. Je pr<strong>en</strong>ais descours avec un prof qui avait été dans les années cinquante l’accordéonistede Bourvil (Georges Gouot). J’ai fait mon premier bal à 9 ans…À l’époque je jouais 2 morceaux <strong>et</strong> j’al<strong>la</strong>is me coucher.Vers 14/15 ans, j’ai fait une pause par rapport au sax pourm’intéresser surtout au rock, je faisais un peu de guitareavec des groupes à Saint Brieuc puis j’ai repris le sax. Ordans un de ces groupes, j’ai r<strong>en</strong>contré un batteur qui pr<strong>en</strong>aitdes cours au CIM. Il rev<strong>en</strong>ait tous les week-<strong>en</strong>d<strong>en</strong>chanté par c<strong>et</strong>te formation (concerts, r<strong>en</strong>contres,profs, vie parisi<strong>en</strong>ne…) ; ce qui m’a donné <strong>en</strong>vie d’y aller.J’ai passé 3 ans là-bas (1986/1989). Au début des années90, je faisais partie de plusieurs groupes plutôt funk <strong>et</strong>rythm’& blues. En fait, le Jazz est v<strong>en</strong>u un peu plus tard. Au concoursde <strong>la</strong> Déf<strong>en</strong>se <strong>en</strong> 1996, notre groupe avait obt<strong>en</strong>u un prix ce qui nousavait permis de jouer <strong>en</strong> 1 ère partie à Juan Les Pins <strong>et</strong> c’est à c<strong>et</strong>te périodeque j’ai vraim<strong>en</strong>t eu le déclic pour c<strong>et</strong>te musique.Quel rapport <strong>en</strong>tr<strong>et</strong><strong>en</strong>ez-vous avec le be-bop ? <strong>et</strong> pourquoi cerapport alors que c’est une musique qui a déjà 70 ans d’exist<strong>en</strong>ce<strong>et</strong> que l’on pourrait s’att<strong>en</strong>dre à voir un jeune musici<strong>en</strong>plutôt t<strong>en</strong>dre vers d’autres courants plus novateurs ?Une p<strong>et</strong>ite nuance … Bi<strong>en</strong> que je t<strong>en</strong>de plutôt vers le be-bop, c<strong>en</strong>’est pas ma seule influ<strong>en</strong>ce. En tout cas, ma première r<strong>en</strong>contreavec ce courant a été mémorable. Ma mère m’avait ach<strong>et</strong>é undisque de Charlie Parker, un vinyl qui craquait de partout, ça ne mebranchait pas <strong>du</strong> tout. Mais c’est vraim<strong>en</strong>t grâce à des g<strong>en</strong>s commeDavid Sanborn ou Michael Brecker que je me suis tourné vers c<strong>et</strong>temusique… Je r<strong>et</strong>ravail<strong>la</strong>is leurs chorus <strong>et</strong> t<strong>en</strong>tais de rep<strong>la</strong>cer leursphrases, hors de son contexte, c’était horrible quand j’y rep<strong>en</strong>se, çane sonnait pas <strong>du</strong> tout… Et puis à l’alto je vou<strong>la</strong>is sonner commeBrecker au ténor… (rires). J’étais jeune à l’époque. Mais pour rev<strong>en</strong>irvraim<strong>en</strong>t au be-bop, c’est une musique qui est née à l’aube desannées 40, certes, mais je trouve que c’est <strong>en</strong>core très moderne.Ce qui me p<strong>la</strong>ît principalem<strong>en</strong>t, ce sont les lignes mélodiques.D’ailleurs, je trouve que le bop est une excell<strong>en</strong>temusique d’improvisation pour m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> valeur <strong>la</strong> mélodiedans les accords.“Je bop avec ...”Bec Alto 5SAnches Alto 3CHEROKEEELA 621036 DAM 2455Est-ce l’un de vos appuis pour <strong>la</strong> création ?C’est vrai que je m’inspire beaucoup <strong>du</strong> be-bop pourcréer. Mais pas seulem<strong>en</strong>t, je m’appuie aussi sur <strong>la</strong>musique c<strong>la</strong>ssique. De plus mes compositions ne sont pasaxées sur des principes de bop, je vais plus m’attacher àdes principes harmoniques ou de son. Aussi pour mondeuxième album, j’ai voulu mêler une flûte, un sax soprano<strong>et</strong> une c<strong>la</strong>rin<strong>et</strong>te basse. Et j’ai imaginé des compositions avec cesmé<strong>la</strong>nges de son, mais toujours dans le respect de <strong>la</strong> mélodie. C’esttrès intéressant car ça ouvre de nombreuses portes pour l’improvisation,un peu comme un tremplin. Ainsi, à partir des sons de <strong>la</strong> flûte,mon solo va s’ori<strong>en</strong>ter différemm<strong>en</strong>t.Alors que New York reste le berceau <strong>du</strong> be-bop,quel serait le statut de Paris dans <strong>la</strong> culture <strong>jazz</strong>istique?New York est <strong>en</strong>core une des grandes p<strong>la</strong>ques tournantes<strong>du</strong> <strong>jazz</strong>. Tout d’abord c’est un mythe… <strong>La</strong> 42ème rue,Charlie Parker, Stan G<strong>et</strong>z, tout le monde est passé par là.Mais Paris devi<strong>en</strong>t aussi très riche, ne serait-ce que pour <strong>la</strong>culture africaine qui connaît un essor incroyable, c’est trèsintéressant. Par contre il faut reconnaître que c<strong>et</strong>te t<strong>en</strong>dance toucheess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t Paris par rapport à New York qui correspondrait plutôtà une "école", un moule <strong>jazz</strong>istique bi<strong>en</strong> défini. Paris est plutôt uneville éclectique aux nombreux mé<strong>la</strong>nges, elle accueille énormém<strong>en</strong>td’influ<strong>en</strong>ces <strong>et</strong> d’ailleurs beaucoup d’américains vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’imprégnerde c<strong>et</strong>te dynamique, K<strong>en</strong>ny Garr<strong>et</strong>t par exemple. C’est certainem<strong>en</strong>tun peu brouillon au premier abord, moins é<strong>la</strong>boré qu’aux États Unis, onmanque de repères, mais c’est très ouvert <strong>et</strong> fertile pour <strong>la</strong> création.Quelle p<strong>la</strong>ce accorder au Jazz américain dans c<strong>et</strong>te nouvelledynamique europé<strong>en</strong>ne ? reste-t-il <strong>en</strong>core incontournable ?C’est vrai qu’il existe une nouvelle musique europé<strong>en</strong>ne appelée le"<strong>jazz</strong> europé<strong>en</strong>", une sorte de mé<strong>la</strong>nge de musique c<strong>la</strong>ssique, contemporaine,<strong>jazz</strong>, traditionnelle … Mais personnellem<strong>en</strong>t je reste plus attachéau <strong>jazz</strong> outre-At<strong>la</strong>ntique, <strong>en</strong> m’appuyant notamm<strong>en</strong>t sur le hardbop <strong>et</strong> le cool <strong>jazz</strong>.P<strong>en</strong>sez vous que les français bénéfici<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t de c<strong>et</strong>tescène europé<strong>en</strong>ne toujours <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t ?Il y a énormém<strong>en</strong>t de festivals <strong>en</strong> <strong>France</strong>. Mais c’est dommage queles grosses manifestations ai<strong>en</strong>t une programmation assez conformiste; <strong>en</strong> eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> dynamique est véritablem<strong>en</strong>t portée par les p<strong>et</strong>itsfestivals qui programm<strong>en</strong>t plutôt de jeunes tal<strong>en</strong>ts novateurs,qu’ils soi<strong>en</strong>t français ou étrangers d’ailleurs. Mais le fait der<strong>et</strong>rouver beaucoup d’américains sur c<strong>et</strong>te scène souligne unefois de plus <strong>la</strong> crédibilité d’un <strong>jazz</strong> américain toujours au goût<strong>du</strong> jour.Vous êtes désormais cité comme étant une "référ<strong>en</strong>ce"dans <strong>la</strong> t<strong>en</strong>dance bop actuelle. Ce côté perfectionnisteque l’on perçoit ici vous a am<strong>en</strong>é à participer à <strong>la</strong> mise aupoint d’un saxophone qui, on l’espère restera lui aussi uneréfér<strong>en</strong>ce … Parlez-nous de votre expéri<strong>en</strong>ceExpéri<strong>en</strong>ce très intéressante. Régulièrem<strong>en</strong>t j’al<strong>la</strong>is essayerdes prototypes puis on a travaillé sur le tube, les bocaux, l’esthétique,<strong>la</strong> gravure. C’est un peu mon "bébé", un sax que j’affectionnevraim<strong>en</strong>t mais qui va aussi répondre au besoin d<strong>en</strong>ombreux musici<strong>en</strong>s, c’est très grisant comme expéri<strong>en</strong>ce …Je crois beaucoup <strong>en</strong> l’av<strong>en</strong>ir de ce saxophone.CDs disponibles à l’Espace Partitions Vandor<strong>en</strong>


56 rue Lepic - Paris. Le <strong>jazz</strong> n’y est pas qu’une lég<strong>en</strong>de.Station B<strong>la</strong>nche - sortie de l’ombre. feu rouge, s’y r<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> vélo ? non plutôt marcher, f<strong>la</strong>ner, respirer, souffler ...s’assoir <strong>et</strong> contempler. <strong>en</strong>vie de fraises <strong>et</strong> d’abricots. ou sont les filles <strong>du</strong> moulin rouge que je leur apporte des roses ?une nouvelle cave à <strong>jazz</strong> ? autour de midi ... <strong>et</strong> de minuit. Je m’invite pour un boeuf avant que les douze coups ne sonn<strong>en</strong>t.je r<strong>et</strong>rouve des gloires passées. décidémm<strong>en</strong>t, ils ont quelque chose à dire ou plutôt à écrire ici ! Rue lepic je t’aime.Au loin un moulin à v<strong>en</strong>t - quel drole d’instrum<strong>en</strong>t de musique ! Dernière halte terrasse pour une gr<strong>en</strong>adine G<strong>la</strong>çéecomme dans les 70’s. arrêt sur l’image : <strong>la</strong> facade mythique des établissem<strong>en</strong>ts vandor<strong>en</strong>. Ti<strong>en</strong>s un collègue ! allez, J’ose !Vandor<strong>en</strong>. 56, rue Lepic 75018 ParisTéléphone : 01 53 41 83 00 - Fax : 01 53 41 83 01www.vandor<strong>en</strong>.com - Mail : info@vandor<strong>en</strong>.frEspace partitions : partitions@vandor<strong>en</strong>.fr

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