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Informer les personnesaveugles ou malvoyantesPartage d’expériencesSous la direction de CÉCILE ALLAIRE


Direction de la collection : Thanh Le LuongÉdition : Gaëlle CalvezInstitut national de prévention et d’éducation pour la santé42, boulevard de la Libération93203 Saint-Denis Cedex - FranceL’<strong>Inpes</strong> autorise l’utilisation et la reproduction des données de ce document sous laréserve de la mention des sources.Pour nous citer : Allaire C., dir. Informer les personnes aveugles ou malvoyantes.Partage d’expériences. Saint-Denis : <strong>Inpes</strong>, coll. Référentiels de communication en santépublique, 2012 : 57 p.ISBN : 978-2-9161-9236-9


Les auteursGroupe de travail réuni par l’<strong>Inpes</strong> sous la direction de Cécile Allaire :Zahra Bessaa Houacine, Institutd’éducation sensorielle – IdesNathalie Caffier, Centre national deressources handicap rare la pépinièrePhilippe Claudet, Association Lesdoigts qui rêvent – LDQROlga Faure-Olory, AssociationHandicapzéroLydia Gonzalez, Consultante handicapvisuelChantal Holzschuch, Réseau bassevision BourgogneBéatrice Lebail, Associationfrancophone des professionnels debasse vision – AribaZoubeïda <strong>Mo</strong>ulfi, Institut nationaldes jeunes aveugles – InjaFlorence Perrin, Ministère del’Éducation nationaleClaire-Noëlle Piriou, Consultantehandicap visuelFernando Pinto Da Silva, AssociationValentin Haüy – AVHCarole Roux-Derozier, Bibliothèquenationale de France – BNFAnnie Sidier, Caisse nationale desolidarité pour l’autonomie – CNSARemerciementsPour leurs relecture et conseils :Florence Condroyer, Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie – CNSANadine Dutier, Fédération française des aveugles et handicapés visuels deFrance – FafÉlodie Aïna, Gaëlle Calvez, Philippe Cornet, Félicie David, Euloge Foly,Vincent Fournier, Annick Gardies, David Heard, Emmanuelle Le Lay,Olivier Mayer, Claire Méheust, Anne-Sophie Mélard, Jean-Marc Piton,Audrey Sitbon, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé – <strong>Inpes</strong>Pour l’évaluation des outils créés et la recherche d’expériences internationales :Anthony LacouturePour le prêt de documents en braille (photos) :Association Valentin Haüy – AVHAssociation Les doigts qui rêvent – LDQR


Un engagementen faveur de l’accessibilitéLe nombre de Français concernés par un handicapvisuel est estimé à 1,7 million, soit environ 3 % dela population, chiffre qui progresse parallèlement àl’allongement de l’espérance de vie [1]. L’accès àla santé au sens large demeure pour ces personnesune difficulté au quotidien. Les initiatives relativesà l’information en santé publique, en France ou àl’étranger, sont encore trop occasionnelles.La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits etdes chances, la participation et la citoyenneté despersonnes handicapées [21] pose pourtant le principed’accessibilité pour tous les espaces de la viepublique. La Haute Autorité de santé (HAS) a, quantà elle, proposé en 2008 un état des lieux et des préconisationspour réduire les inégalités d’accès auxsoins [2].Parallèlement, l’Institut national de prévention etd’éducation pour la santé (<strong>Inpes</strong>), avec le soutiende la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie(CNSA), s’est engagé dans une démarche visantà améliorer l’accessibilité des messages de santépublique diffusés auprès des personnes déficientesvisuelles et auditives. Cette démarche met en avantla notion de conception universelle qui permet des’adresser à tous les publics [10].Ce travail a associé des experts issus de secteursvariés : associatif, médical, médico-social, éducatif,de la basse-vision, de l’édition et de la communication.Certains d’entre eux sont mal ou non-voyants.


La méthode s’est voulue pragmatique. Des documentsd’information conçus par l’<strong>Inpes</strong> pour le grand publicont été testés auprès de publics déficients visuels,en veillant à leur diversité en termes d’âge (les personnesâgées sont en effet également concernées),de handicap et d’habitudes pour accéder à l’information.Ces documents ont été adaptés sur différentssupports (papier, web, vidéo, audio), puis testés parles utilisateurs tout au long du processus. L’accueil aété très favorable.L’expérience acquise depuis trois ans est aujourd’huimise à disposition des acteurs de santé publique, desresponsables et professionnels de la communicationqui souhaitent développer cette démarche de miseen accessibilité de l’information. C’est l’objet de ceguide complété par un second à l’intention des personnessourdes ou malentendantes [3]. Puissent cesrecommandations aider à mieux cerner et intégrerles attentes des personnes en situation de handicap.Thanh LE LUONGDirectrice généralede l’Institut national de préventionet d’éducation pour la santéLuc ALLAIREDirecteurde la Caisse nationalede solidarité pour l’autonomie


Sommaire11 Partie 1 - L’accessibilité de l’information, un enjeu de santé publique12 Les déficiences visuelles13 Les besoins en matière de santé14 L’accès à l’information15 La stratégie de communication19 Partie 2 - Réaliser des contenus accessibles aux personnesdéficientes visuelles20 Le contenu textuel22 Les couleurs24 Les illustrations25 Partie 3 - Choisir des médias accessibles aux publics aveuglesou malvoyants26 Adapter un document numérique30 Rendre un site web accessible32 Concevoir un outil audio33 Réaliser des documents imprimés accessibles38 Imprimer des documents en braille44 Réaliser des illustrations tactiles45 Partie 4 - Organiser des séances de travail, rencontreset colloques accessibles aux publics déficients visuels49 Partie 5 - Annexes50 Pour aller plus loin56 Expériences étrangères9


1L’accessibilitéde l’information,un enjeu de santépublique


Les déficiencesvisuellesMalvoyance oucécité, la déficiencevisuelle renvoie àdes situations trèsdifférentes.Ces différences de situations sont notamment liées audegré et à l’âge d’apparition du handicap qui touchetout particulièrement les personnes âgées. Selon l’im-portance du déficit visuel, on parle de cécité ou demalvoyance.Vision normaleL’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit lacécité par une acuité visuelle du meilleur œil inférieureou égale à 1/20 e malgré les corrections et/ou unchamp visuel réduit. Ce handicap est pluriel. Certainespersonnes aveugles n’ont en effet aucune perceptionvisuelle alors que d’autres perçoivent certaines formes,lumières ou couleurs. Elles ont en commun d’utilisersouvent une canne blanche ou un chien guide pours’aider dans les déplacements. En France, on estime à207 000 le nombre de personnes concernées par unecécité ou une malvoyance profonde [1].Perte de la visionpériphérique(ex. : rétinite pigmentaire)Perte de la vision centrale(ex. : dégénérescencemaculaire)Source > Quand la malvoyance s’installe,<strong>Inpes</strong>.La malvoyance est, quant à elle, définie par l’OMScomme une acuité visuelle du meilleur œil inférieureà 4/10 e malgré les corrections et/ou un champ visuelréduit. C’est un handicap qui ne se voit pas toujours etqui présente de multiples formes, par exemple :une rétinite pigmentaire réduit le champ visuelet donne l’impression de regarder dans un tube.Lors des déplacements, ces personnes ont du malà distinguer les obstacles (trottoirs, poubelles) etpeuvent utiliser ponctuellement la canne blanche,alors qu’elles lisent parfois sans aide optique ;a contrario, la dégénérescence maculaire donnel’impression d’avoir une tache au centre de la rétine.Cela rend difficile la reconnaissance des détails(visages, lecture), mais il est plus aisé de se déplacer.En France, 1 492 000 personnes ont une malvoyancelégère ou moyenne [1].12


Les besoinsen matière de santéDes difficultés pouraccéder à la santé,des priorités surcertains sujets.Certaines personnes concernées par un handicap visuelrencontrent des difficultés dans le milieu du travail,vivent des situations d’exclusion et d’isolement social.Elles déplorent un manque d’accès aux soins et à laprévention : difficultés pour accéder aux services desoins et aux outils d’information, attitudes des professionnelsde santé parfois inappropriées. Ces situationspeuvent être à l’origine d’une plus grande fragilité.Les études disponibles montrent qu'une partie de cespersonnes a plus de difficultés que l’ensemble de lapopulation pour gérer sa santé et présente plus dedéficiences associées (motrice, métabolique ou viscérale,auditive, psychique, etc.).Ces études suggèrent de travailler plus particulièrementsur certains sujets : la maternité ou la paternité,depuis le désir d’enfant jusqu’aux soins postnataux ;le rapport à l’alimentation ; l’obésité et le diabète ; lapratique sportive ; les addictions au tabac et à l’alcool,dont la prévalence serait plus importante qu’en populationgénérale ; la sexualité pour les questions deprises de risques et d’entrée dans la vie sexuelle ; lesommeil ; la santé mentale ; le stress lié aux déplacements[5, 6, 7].Faciliter l’accès à l’information, comme l’accès auxsoins et à la prévention, fait partie des actions à menerpour réduire les inégalités de santé.13


L’accèsà l’informationPour compenserle déficit de vision,chacun développesa propre stratégiepour accéderà l’information.Les personnes mal ou non-voyantes ont aisément accèsà l’information via les médias audio. Elles privilégient laradio, la télévision et tous les messages sonores.Les documents imprimés sont accessibles seulements’ils sont adaptés : caractères agrandis et contrastessuffisants pour les lecteurs malvoyants, et braille pourcertains lecteurs aveugles. Ces documents adaptéssont rares en France : seul le secteur culturel estparticulièrement dynamique, avec la publication deromans en gros caractères par exemple.Internet est une réelle opportunité pour s’informer etcommuniquer, à condition que les sites soient conçusdans un souci d’accessibilité. Actuellement, la trèsgrande majorité des sites web est difficile d’accès.Le recours à un matériel adapté – les aides optiques(telles que les loupes), les téléagrandisseurs, lesinterfaces d’ordinateurs (logiciels qui lisent à hautevoix ou restituent en braille ce qui est affiché àl’écran) – permet d’améliorer le confort de lectured’un texte imprimé ou sur le web [8]. Toutefois, cesoutils ne règlent pas tout, d’autant que leur utilisationn’est pas si fréquente en raison de leur coût,des démarches à entreprendre pour les obtenir, de ladifficulté d’utilisation ou par méconnaissance de leurexistence [1].14


La stratégiede communicationDes choix à opérerdès la conceptiondu dispositif decommunication.Par quels médias les publics concernés recevront-ils lemessage ? Selon le projet, le sujet traité, les moyenshumains, techniques et financiers alloués, le tempsimparti, plusieurs solutions sont envisageables etpeuvent cohabiter.Internet : donner accès aux ressources disponiblessur le web est la première démarche à engager, dufait de la souplesse de l’outil. Ce média permet demettre à disposition une quantité d’informationsdans des délais relativement rapides (voir page 30).Documents imprimés (brochures, dépliants, affiches) :ces outils correspondent à un vrai besoin, notammentpour les individus peu à l’aise avec les supportsnumériques. L’accessibilité de ces supports peutpasser par la conception d’outils dédiés aux publicsdéficients visuels, imprimés en gros caractères et/ou en braille. Cette démarche requiert donc plus detemps (voir page 33).Radio : ce média est parfaitement accessible auxpersonnes mal et non-voyantes et ne demande pasd’aménagement particulier.Autres outils audio (versions audio sur le web,CD, clés USB, etc.) : comme pour les documentsimprimés, cette alternative peut être intéressantepour certains utilisateurs et certains documents.Cette solution doit être étudiée au cas par cas. Parexemple, les adolescents apprécieront de pouvoirtélécharger des informations qui les concernent surleur lecteur MP3 tandis que les personnes âgéesmanieront plus aisément un CD (voir page 32).TV : la partie sonore des messages diffusés à latélévision est accessible, mais l’accès aux émissionspeut être amélioré grâce à l’audiodescription(dispositif de description orale de ce qui se passe àl’écran). Cependant, l’utilisation de ce dispositif est15


surtout intéressante pour le secteur culturel (films,spectacles, etc.). Les spots télévisuels peuvent êtremis à disposition sur un site Internet, accompagnésd’un descriptif des scripts. C’est l’option développéepar l’<strong>Inpes</strong> à ce jour.Depuis 2008, l’<strong>Inpes</strong> a fait le choix de travailler sur dessujets qui présentent un réel intérêt pour les publicsvisés, en proposant des supports variés (voir page55). Par exemple, la brochure pédagogique sur lasexualité destinée aux adolescents Questions d’adosa été adaptée et proposée dans différents formats :audio, gros caractères, braille et relief.Cette démarche a permis de tirer quelques enseignements.L’accès à l’information passe pour partie par laréalisation de documents spécifiquement conçus pourles publics mal ou non-voyants, mais les outils réaliséspour le grand public peuvent aussi convenir àun plus grand nombre s’ils intègrent certains critèresd’accessibilité dès la conception. Cette démarche ditede « conception universelle » répond aux besoins detous les utilisateurs, dont les personnes en situation dehandicap (visuel, auditif, intellectuel ou physique) [3, 9].« La conception universelle est une stratégie qui viseà concevoir et à composer différents produits et environnementsqui soient, autant que faire se peut et dela manière la plus indépendante et naturelle possible,accessibles, compréhensibles et utilisables par tous,sans devoir recourir à des solutions nécessitant uneadaptation ou une conception spéciale. » Assurer lapleine participation grâce à la conception universelle.Conseil de l’Europe, 2009 [10].16


Exemple de deux campagnes espagnoles conçuesselon ce principe de la conception universelleCampagne sur la prévention des grossesses nondésirées chez les jeunes, et la prévention du VIH/sidaet des infections sexuellement transmissibles (IST).Ce spot transmet l’ensemble des informations par leson, le sous-titrage et la langue des signes.Y no valen excusas que si corta el rollo…Source > ministère espagnol de la Santé, des Services sociaux et de l'Égalité.http://www.embarazoescosade2.es/index.jspCampagne sur les troubles musculo-squelettiques. Cespot sans parole est très explicite, facile à comprendreet ainsi accessible au plus grand nombre. Une versiontextuelle est proposée pour les personnes malvoyantesou aveugles.Source > ministère espagnol de la Santé, des Services sociaux et de l'Égalité, etVodafone Espagne.http://www.youtube.com/watch?v=jbV5dGvJWyo17


D’un point de vue opérationnel, concevoir un documentd’information unique selon ce principe est difficileà mettre en œuvre, tant les besoins sont divers. Ilest parfois plus aisé de concevoir un jeu d’outils complémentairesqui s’adressent à des cibles différentes.Cependant, inclure les besoins particuliers de certainsutilisateurs dès le début de la conception du projetpermet de trouver une solution satisfaisante pourtous.Par exemple, imprimer les résultats d’une étudescientifique en gros caractères ou en braille est peuréaliste, mais concevoir un fichier unique, compatiblepour l’impression et pour la consultation en ligne,l’est beaucoup plus. Autre exemple : les personnesâgées peuvent largement profiter de documents quiintègrent les recommandations faites pour les lecteursmalvoyants. En effet, 10 % des adultes de plus de 60 anslisent avec difficulté les caractères d’imprimerie d’unjournal (ils sont 5 % entre 20 et 59 ans) [11].Le résultat obtenu séduit souvent un public plus largeque celui pour lequel il était destiné : les utilisateursde tablettes et de téléphones mobiles ou les personnesavec des difficultés de lecture ou d’écriture, du fait del’âge, d’une dyslexie, d’une faible scolarisation, d’unhandicap intellectuel ou d’une éducation qui a été faitedans une autre langue.18


2Réaliserdes contenusaccessibles aux personnesdéficientes visuelles


Le contenutextuelLe contenu estsensiblementle même que pourle grand public.Les personnes déficientes visuelles n’ont pas de difficultéde compréhension de l’écrit, le contenu élaboré pour legrand public convient donc en grande partie. Quelquesaménagements sont toutefois recommandés :Les informations transmises par les schémas, dessinsou tableaux, difficilement lisibles, doivent êtreremplacées ou complétées par un texte descriptif.Dans la brochure de l’<strong>Inpes</strong> consacrée au moded’emploi du préservatif féminin, une descriptiondu préservatif a été ajoutée pour faciliter lacompréhension du texte.Source > Brochure Préservatif féminin mode d’emploi, <strong>Inpes</strong>.Il est préférable d’utiliser un vocabulaire et des formesde phrases concis pour ne pas fatiguer ni ralentir lerythme de lecture et être compris par le plus grandnombre.Il faut parfois reconsidérer la formulation pour tenircompte aussi de la place prise par le texte en groscaractères.20


Pour l’affiche consacrée aux gestes à adopteren cas de grippe, quelques éléments du textede l’affiche grand public ont été modifiés,dont le titre. En intégrant les critères del’accessibilité universelle dès le début duprocessus, une seule affiche aurait pu convenir.Source > Affiche Grippe grand public, <strong>Inpes</strong>.Source > Affiche Grippe malvoyants, <strong>Inpes</strong>.Compléter les contacts et adresses utiles par desservices spécialisés en déficience visuelle.Il faut enfin vérifier l’accessibilité des références ousites Internet cités, en mentionnant de préférenceles liens qui renvoient vers des versions accessibles.21


Les couleursToutes les couleurspeuvent êtreutilisées, maisil faut veilleraux contrastes.Le contraste entre la couleur du texte (ou du dessin) etcelle du fond est essentiel pour les lecteurs malvoyants.Le meilleur contraste est le texte noir sur fond ivoireou l’inverse, mais l’utilisation de couleurs est possible etmême souhaitable pour rendre le document attrayant.Les couleurs sont également utiles pour aider à serepérer dans un document, avec par exemple une couleurpar chapitre ou l’utilisation d’onglets de couleurscontrastées.Le choix des couleurs est étendu. Seules les couleurstrop vives ou fluo, qui peuvent éblouir, doivent êtreproscrites.On peut s’inspirer des recommandations élaborées parune association australienne pour la création de pagesweb, avec un outil qui permet de tester des combinaisonsde couleurs en consultant le site suivant :http://www.visionaustralia.org/business-and-professionals/digital-access/resources/tools-to-download/colour-contrast-analyser-2-2-for-web-pagesUn autre outil intéressant donne un exemple decontrastes recommandés pour faciliter le repérage despersonnes déficientes visuelles dans leur environnement(voir le tableau ci-contre). Même si cet outil a été conçupour l’aménagement intérieur ou la signalétique, sesrecommandations peuvent donner des indicationspour la conception de maquettes graphiques : la différencede contraste préconisée entre la couleur dutexte et celle du fond est d’au moins 70 %.22


Tableau des contrastesContraste insuffisantContraste suffisantSource > D’après Orientation et points de repère dans les édifices publics, [12].23


Les illustrationsUn documentaccessibledoit resterattractif.Les documents adaptés pour les personnes déficientesvisuelles sont souvent en noir et blanc, dénués d’illustration.Pourtant, les dessins, comme la couleur, sontimportants. Ils rendent le document plus attractif pourtous et en font un document moins stigmatisant.Quelques aménagements sont recommandés :le dessin doit illustrer le texte, mais jamais leremplacer ;pour aider à l’identifier, il doit être simplifié, lescouleurs contrastées, le trait épaissi, etc. ;le dessin doit être bien détaché du paragraphe (pasd’habillage de texte) ;les logos sont agrandis autant que possible.L Illustration avechabillage de texteJ Illustrationdétachée du texteExtrait > Brochure La santé vient en mangeant, <strong>Inpes</strong>.24Par ailleurs, de la même façon que le texte peutêtre transcrit en braille, les illustrations peuvent êtreconçues en relief (voir page 44).


Adapterun document numériqueUn documentnumérique esttoujours plusaccessible qu’undocument imprimé.Un document numérique est accessible s’il offre unesouplesse d’utilisation. Il peut alors être utilisé defaçon personnalisée : agrandissement des caractères,changement de la couleur du fond ou du texte, lectureavec une synthèse vocale, etc.Quels que soient le système de production et les formatsde fichiers utilisés, il est possible d’améliorerl’accessibilité des documents numériques. Certainsformats, comme Word ® et HTML, sont plus facilementaccessibles que le format PDF, destiné prioritairementà l’impression. Ce dernier peut néanmoins être nettementoptimisé en adoptant les recommandations quisuivent.Structurer les contenusPour que la navigation soit possible, notamment parles logiciels de lecture d’écran, le contenu du documentdoit être bien structuré, c'est-à-dire qu’il doitcomprendre :un ordre logique de lecture ;une hiérarchie des informations (chapitres, titres deniveau 1, de niveau 2, liste à puces, etc.) qui permet denaviguer rapidement en allant de chapitre en chapitre ;un sommaire avec des liens actifs ;une description des schémas, illustrations ou tableaux(« alternative textuelle »).Il est recommandé de structurer le document dès ledébut du processus d’édition, lors de la rédaction ducontenu par l’auteur (voir l’option « style » de Word ® ).Les maquettistes et les développeurs informatiquesdoivent aussi structurer le document à l’aide de styles etde balises (codes qui correspondent à chaque élémentd’un document, par exemple : pour les titres).26


Un fichier unique bien structuré en amont permetainsi de générer facilement les différents formats souhaités(destinés à l’impression, à la consultation surun poste informatique, une tablette tactile, un mobile,etc.). Cette démarche présente plusieurs avantages :gain de temps, moins de risque d’erreurs quand il y ades modifications à apporter, meilleur référencementpar les moteurs de recherche.Exemple d’un documentnon structuréCe document PDF non structuré est lu par un logicielde synthèse vocale de façon aléatoire. Le titre est luà la fin et les informations dans les bulles, traitéescomme des images, sont ignorées ou restituées defaçon incohérente : « produits de moquettes / bricolageet revêtements de sols / graphique, graphique,graphique, poils d’animaux, graphique point pointpoint / Les sources de pollution dans l’habitation sontnombreuses. Sans que vous le sachiez… La pollutionde l’air intérieur, qu’est-ce que c’est ? ».Pour structurer ce document, il faut préciser l’ordrede lecture des différents éléments, et en rappeler lestatut à l’aide de balises :Source > Dépliant Guide de la pollution de l’air intérieur,<strong>Inpes</strong>. La pollution de l’air intérieur, qu’est-ce que c’est ? Les sources de pollution dans l’habitationsont nombreuses. Sans que vous le sachiez,différentes substances polluent votre logement. produits de bricolage moquettes et revêtements de sols produits ménagers […]Ces recommandations, qui vont bien au-delà desseules questions d’accessibilité, s’appuient notammentsur un document complet conçu par Sarah Hilderley àl’attention des éditeurs [13].27


Décrire les imagesLes documents numériques accessibles nécessitentque les images soient décrites. Pour fournir cettealternative textuelle, il faut distinguer les images simplementdécoratives de celles qui transmettent ducontenu.Dessin décoratifPour les premières, une description n’est pas nécessaire.Une simple légende suffit. Pour les secondes,si le contenu du document ne fournit pas ces informations,il faut pouvoir transmettre l’ensemble desinformations pertinentes. Cette étape n’est pas toujoursfacile ; il est judicieux de demander aux auteursou aux personnes qui maîtrisent bien le document deproposer ces descriptions.Description : dessin de bébéjouant avec des cubes.Source > Brochure La santé vient en mangeant,le guide nutrition de la naissance àtrois ans, <strong>Inpes</strong>.Dessin qui transmet du contenuDescription : dessin représentant un emballage depréservatif en train d’être déchiré sur le côté à partir del’encoche.Source > Brochure Préservatif masculin mode d’emploi, <strong>Inpes</strong>.28


Dessin complexe qui transmet du contenuSource > Carte postale Calendrier vaccinal 2012 simplifié, <strong>Inpes</strong>.Description : tableau à double entrée, par âge et parvaccin.Pour tous ces vaccins, les recommandations sontprécisées à la suite du tableau.Lecture du tableau par âge :à la naissance : BCG ;à 2 mois : Diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP),coqueluche, HIB (Haemophilus influenzae de type b),hépatite B, pneumocoque ;à 3 mois : Diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP)(2 e injection), coqueluche (2 e injection), HIB (Haemophilusinfluenzae de type b) (2 e injection), hépatite B(2 e injection à faire entre le 3 e et le 4 e mois), etc.Lecture du tableau par vaccin :BCG : à la naissance ;diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) : à 2 mois,3 mois, 4 mois, entre 16 et 18 mois, à 6 ans, entre11 et 13 ans, entre 16 et 18 ans, entre 26 et 28 ans,entre 36 et 64 ans, après 65 ans, etc.29


Rendreun site web accessibleUn site web estaccessible s’il intègreun certain nombrede recommandationstechniques.Les évolutions technologiques ont considérablementamélioré la qualité de vie des personnes déficientesvisuelles. Sous réserve d’une période d’apprentissage,elles facilitent l’accès à l’information (consultation dessites web, moteurs de recherche, documents audio,etc.), la communication (mail, SMS, etc.) et certainesdémarches de la vie quotidienne (réservation de spectacle,achat de billet de train, etc.).Cependant, l’intérêt du numérique est souvent contrecarrépar le manque d’accessibilité des sites Internet.Pour mieux comprendre concrètement les difficultésrencontrées par un internaute non ou malvoyant, desvidéos pédagogiques sont consultables sur différentssites, par exemple celui de l’université de Nice SophiaAntipolis : http://unice.fr/access-key/tutoriaux-video.Un site web accessible permet un parcours aisé du siteet de ses contenus, quel que soit le dispositif techniqueutilisé ou le logiciel de lecture et ses options (avecou sans souris). Une bonne conception en amont estnécessaire pour que la navigation soit possible. Parailleurs, ces sites présentent l’avantage d’être mieuxréférencés par les moteurs de recherche.On recense malheureusement peu de sites accessibles,malgré l’impulsion donnée par la loi du 11 février 2005sur l’égalité des droits et des chances, la participationet la citoyenneté des personnes handicapées [21, 22].Les services publics doivent désormais se conformerau référentiel général d’accessibilité pour les administrations(RGAA). Ce référentiel français s’appuie surles recommandations internationales éditées par leWorld Wide Web Consortium (W3C) qui promeut descontenus web « perceptibles, utilisables, compréhensibleset robustes » et souhaite favoriser des pratiquesplus rigoureuses [23].30


Ces recommandations techniques s’adressent notammentaux développeurs et intégrateurs informatiques.Quelques-unes concernent les publics déficients visuelset peuvent être mises en œuvre facilement.Il faut toujours structurer les contenus en identifiantchaque élément : titres, paragraphes, illustrations,etc.Il faut aussi donner des titres et fournir une alternativetextuelle aux illustrations, schémas et tableaux.Il est utile de proposer le plus haut possible, dans lecode de la page, des liens d’évitement pour accéderdirectement aux contenus et menus de navigation.Pour les vidéos et autres contenus disponibles surle web, il faut fournir une alternative textuelle ouune audiodescription, et s’assurer de l’accessibilitédes contenus non HTML, y compris les fichiers PDF,les documents bureautiques (traitements de texte,diapositives, etc.).Lorsque le site repose sur des animations, il fauttoujours fournir une version standard alternative.Les formulaires doivent pouvoir être renseignés (précautionsà prendre pour concevoir les zones de texte,les cases à cocher, les menus déroulants, etc.).Enfin, si des documents ont été spécifiquementconçus pour les visiteurs déficients visuels, il fautpenser à le signaler sur la page d’accueil du siteavec un lien direct. Les chemins pour y parvenirsont parfois trop longs et dissuasifs.Pour vous aider à mettre en pratique ces principes debase, de nombreuses ressources sont disponibles enligne sur les sites suivants :www.accede.info/www.accessiweb.org/www.braillenet.org/www.e-accessibility.info/http://blog.marquepage.net/2012/02/21/se-formeraux-outils-du-web/www.w3.org/WAI31


Concevoirun outil audioUn document audiopermet d’accéderà l’information defaçon rapide sansapprentissagespécifique, hormiscelui de l’outil quipermet d’écouter.Deux types de voix peuvent être enregistrés : voixhumaine ou de synthèse. Le choix dépend du typede document. La voix humaine est souvent préféréepour les œuvres littéraires. Dans ce cas, on peut avoirrecours à des bénévoles ou des acteurs professionnels.Pour réaliser ces outils, il est préférable de passer pardes spécialistes de la réalisation de livres audio.Pour des documents plus techniques, la voix de synthèseest un bon compromis : moins onéreuse etsimple à mettre en œuvre techniquement, les utilisateursapprécient aussi sa neutralité. La versionsonore d'un document est générée à partir d'un textestructuré (voir page 26), avec une synthèse vocale.Il existe pour cela des logiciels, payants ou gratuits.L’enregistrement peut être distribué sur CD audiostandard, clé USB ou bien en téléchargement sur unsite web, sous différents formats tels que le MP3 ou leformat Daisy (Digital Accessible Information System).Ce dernier format, utilisable sur ordinateur, lecteurMP3, terminal mobile ou appareil adapté, permet denaviguer facilement : aller de chapitre en chapitre, depage en page, poser des marque-pages, aller d'unerubrique à l’autre, etc. Pour en savoir plus, consulterle site du consortium Daisy : http://www.daisy.org/ou bien en français : http://daisy.avh.asso.fr.32


Réaliser des documentsimprimés accessiblesLes documents dits« en gros caractères »intègrent certainsaménagements,au-delà de la tailledes caractères.On distingue les documents dits « en gros caractères »ou « caractères agrandis » pour les lecteurs malvoyantset ceux en braille pour les lecteurs aveugles ou malvoyantsprofonds qui le pratiquent.Pour réaliser des documents en gros caractères, il fautprendre en compte la plus grande fatigabilité du lecteur,ses habitudes de lecture et de représentations mentales.Il est généralement équipé d’une aide optique(lunettes, loupe) et tient la page tout près des yeux,ou bien muni d’une aide technique comme la machineà lire, qui numérise et restitue vocalement le contenu.La typographieLa lisibilité des caractères tient compte de plusieurséléments, souvent proches des recommandations formuléespour l’édition de documents grand public.La police de caractère sans empattement, dite« bâton », est à privilégier.J ArialVerdanaHelveticaL Times New RomanGaramondLucida CalligraphyTrebuchet(La police de caractère Achemine,propriété de la SNCF, a été conçuepour mieux répondre aux besoinsdes voyageurs malvoyants.)Le corps 16 ou 18 est le minimum en dessous duquelon ne peut descendre ; un grand nombre de lecteursutilise le corps 24 voire plus. Par ailleurs, on peut proposerdeux à trois tailles de caractères différentesdans une même page pour faire comprendre la hiérarchie,mais il faut savoir que chaque changement detaille demande un effort d’accommodation au lecteur.33


Les enrichissements du texte courant (italiques, lettrines,textes soulignés ou surlignés, gras et capitales)sont à éviter.La mise en pagePour aider le lecteur, éviter ce qui peut perturber lebalayage visuel et faciliter le repérage dans le documentet dans la page.Les espaces entre les mots et les lettres (intermot etinterlettrage) doivent être bien équilibrés. L’ensembledu texte mis en page doit être uniforme, sans rupturevisuelle (« gris typographique »). Si les espaces sontirréguliers, ils gênent la lecture. Un texte court peutêtre aligné à gauche (en drapeau), sans césure. Untexte long sera plus souvent justifié, avec des césures(à raison de 2 à 3 césures consécutives au maximum).J Texte en drapeauéquilibréL Texte en drapeau nonéquilibréJ Texte justifiééquilibréL Texte justifié nonéquilibréExtrait > Brochure La santé vient en mangeant, <strong>Inpes</strong>.34


L’interlignage doit être suffisamment important pourpermettre une bonne lecture du texte, tout en tenantcompte des spécificités de la police.L Interligne simple dans Word ®Même quand on veut être efficace au travail, il faut éviter de manger son sandwichsur place ! Une vraie coupure, même brève, avec quelques pas au grand air, c’estle moyen d’intégrer un peu d’activité physique dans sa journée et de recharger sesbatteries en vitamine D. C’est autant de gagné pour la forme, la ligne, la santé…et les idées.J Interligne 1,5 dans Word ®Même quand on veut être efficace au travail, il faut éviter de manger son sandwichsur place ! Une vraie coupure, même brève, avec quelques pas au grand air, c’estle moyen d’intégrer un peu d’activité physique dans sa journée et de recharger sesbatteries en vitamine D. C’est autant de gagné pour la forme, la ligne, la santé…et les idées.Extrait > Brochure La santé vient en mangeant, <strong>Inpes</strong>.Les titres doivent être alignés à gauche ou bien centrés.Ils doivent être significativement plus gros quele texte courant.Si le texte est présenté sur plusieurs colonnes, ilfaut bien espacer chaque colonne.Le numéro de page doit être bien visible et toujoursplacé au même endroit, en pied de page à droite(page de droite) et à gauche (page de gauche).Les références et « notes de bas de page » sont depréférence placées à la fin du document ou directementdans le corps du texte si elles doivent être luesau même moment.Pour mettre une partie du texte en valeur ou le traiterdifféremment, mieux vaut privilégier les encadrésou les fonds de couleur. On évitera de placer du textedans la marge.35


La présentation « paysage » ou « à l’italienne » peutêtre une bonne alternative pour éviter au lecteur derevenir souvent à la ligne.Enfin, si l’on souhaite faire cohabiter le texte imprimé(appelé aussi « texte en noir ») et le braille, il fautanticiper la place prise par le braille, soit approximativementla même place qu’un texte en Arial, corps 48.Le choix du papierLa préférence ira vers un papier légèrement teinté (leblanc peut éblouir), mat pour éviter les reflets, avecun grammage suffisamment important pour ne pasvoir par transparence (90 ou 110 g/m2 minimum,selon la qualité du papier).La reliure et la fabricationLors de son utilisation, le document ouvert doit pouvoirrester bien à plat, laissant ainsi les mains librespour utiliser facilement une aide optique (ce conseilest aussi valable pour la lecture du braille). Pour relierdes documents épais, la reliure spirale constitue ainsiune solution intéressante.L Reliure dos carré J Reliure spirale© Jean-Michel Tixier37


Imprimerdes documents en brailleLe braille requiertdes compétencesprécises, pourla réalisationet la relecture.Intérêt du brailleLe braille est l’outil fondamental d’accès à l’écrit pourles personnes aveugles ou très malvoyantes.Le braille est un système d’écriture basé sur une combinaisonde six points en relief que les personnes lisentavec le bout de leur index. Chaque lettre de l’alphabet,chiffre ou signe de ponctuation, correspond à uncaractère braille.santé =Il est essentiel pour mémoriser l’orthographe et accéderà l’écrit. Son apprentissage est plus fréquent lorsquela déficience est survenue tôt. Les personnes quiperdent la vue tardivement l’utilisent éventuellementde façon ponctuelle pour accéder à une signalétique(celle des boîtes de médicaments par exemple) maisrarement pour lire un roman.Il existe deux types de braille : le braille intégral et lebraille abrégé, sorte de sténo qui permet d’accélérerla vitesse de lecture et de gagner de la place. Seul lebraille intégral est partagé par le plus grand nombre etpeut donc être utilisé pour les documents grand public.En France, 10 000 personnes environ le pratiquentrégulièrement (sur 207 000 personnes aveugles oumalvoyantes profondes).38


© Studio 1+1 – Jérémie DequiedtBraille sur pageblancheSource > Carte de vœux 2012, <strong>Inpes</strong>.La conception d’outils pédagogiques en braille sur lechamp de la santé est très rare. Pourtant, cela permetd’atteindre les personnes dont c’est le mode de lectureprincipal et qui ont plus difficilement accès à l’information.Les outils en braille suscitent aussi les échangesentre élèves, ou entre parents et enfants, lorsque lebraille cohabite avec l’impression « en noir ». Ils favorisentgénéralement l’intégration d’un enfant au seinde la classe, car ce sont aussi des outils de sensibilisation,intéressants à utiliser en milieu scolaire.Techniques utilisées pour le braille© Studio 1+1 – Jérémie DequiedtBraille sur pageimpriméeSource > Brochure La canicule et nous,<strong>Inpes</strong>.Connaître les différentes techniques utilisées permetde faciliter les échanges avec les imprimeurs.Certaines techniques sont essentiellement destinées àun usage interne à un établissement ou une entrepriseparce que le résultat est moins résistant ou moinsagréable à lire, alors que d’autres permettent de produiredes documents en nombre. On peut distinguerles procédés qui « déforment » le papier (le supportsubit une déformation par une action mécanique) deceux qui « ajoutent une matière » sur le papier.Les techniques qui déforment le support sont l’embossage,le thermogonflage et le thermoformage. Cellesqui ajoutent une matière sur le support sont le dépôtde résine, la sérigraphie et la thermogravure (voirpages 40 et 41).39


Techniques Points forts Points faiblesEmbossage :gaufrage mécanique© RATP et Studio 1+1 – Jérémie DequiedtTechnique la plus couramment utiliséeTrès bonne qualité de Le point sur le papierpoint braillepeut s’écraserRecto/verso possible avec le tempsPeut être réalisé sur et être moins lisibled’autres supports(aluminium, zinc, PVC)Coût abordablePeut être réaliséde façon industrielleDépôt de résineTechnique moins utilisée mais alternative intéressantepour faire cohabiter le braille et le texte imprimé© Studio 1+1 – Jérémie DequiedtBonne qualité de pointbrailleRecto/verso possibleBonne cohabitationavec le texte impriméPeut être réalisésur tout support lisse(PVC, métaux)Points transparentsou colorésCoût élevéThermogonflage :impression par photocopieursur papier spécifique (photosensible)puis passage dansun four feuille à feuille pourque l’imprimé prenne durelief sous l’effet de la chaleurTechnique notamment utilisée dans le milieu culturelou éducatif pour la représentation de dessins, plans,cartes géographiques… avec les légendes en brailleRapidité d’exécutionCoût raisonnableFragilité, durée de vieassez courtePeut laisser des tracesnoiresPas de recto/versoN’est pas utilisé pourdu long texte© Studio 1+1 – Jérémie Dequiedt40


Techniques Points forts Points faiblesThermogravure :résine jetée sur encre fraîcheet polymérisation par chaleurTechnique qui peut être utiliséepour transmettre une information synthétiquePeut être réaliséePoints parasitesen nombreChoix de papiers limitéCoût raisonnable(plastique exclu)Pas de recto/verso© Studio 1+1 – Jérémie DequiedtThermoformage :empreinte d’une matricesur une feuille plastique,sous l’effet de la chaleuret d’une aspirationTechnique peu utilisée aujourd’hui,en raison du temps de préparationSupport solide,Uniquement sur feuillerelativement pérenne plastiqueSupport lavableLecture désagréableCoût raisonnableDemande une longuepréparation manuellePas de recto/verso© Studio 1+1 – Jérémie DequiedtSérigraphie :utilisation de pochoirsinterposés entre l’encreet le supportTechnique rarement utiliséeRecto/verso possible Peu de producteursEncre transparentesavent réaliserou coloréele brailleDifférents supportspossiblesCoût raisonnable© Studio 1+1 – Jérémie Dequiedt41


Recommandations pour la réalisation dedocuments en brailleProduire du braille ne s’improvise pas, il est indispensablede sélectionner les prestataires avec soin et defaire relire les épreuves par des personnes aveugles.La qualité du papier est essentielle pour supporterles points braille. Selon le type de papier et la techniqueutilisée, un grammage de 135 g/m 2 semble unminimum, mais il faut toujours tester au préalable lafaisabilité technique et l’usage : le braille ne doit nitrouer le papier, ni gêner la lecture de l’autre côté dela page, et il est préférable que le doigt glisse bien surle papier.L’embossage et le texte en gros caractères ne cohabitentpas facilement sur un même document car ladéformation du papier gêne la lecture de l’imprimé.Par ailleurs, le braille ne suit pas forcément le texteimprimé puisqu’il occupe plus de place (celui d’untexte en Arial, corps 48).Si le document s’adresse à toutes les personnes déficientesvisuelles, il faut alterner le texte imprimé etle braille ou bien opter pour une technique qui nedéforme pas le papier (dépôt de résine transparentepar exemple).Les coûts sont très variables, selon la technique utiliséeet la solution apportée, mais le prix ne peutpas être le seul critère de sélection d’un prestataire.Celui-ci doit s’appuyer sur les normes en vigueur(hauteur du relief, diamètre des points, arrondisdes points, espaces entre les points, glisse) décritesdans le Code braille français uniformisé (CBFU) [24].42


Il faut enfin toujours faire tester la qualité du braille etfaire relire l’intégralité des documents par des utilisateurspour être certain que le document est lisible etpour repérer les erreurs ou fautes de frappe. Chaqueannée, des livres et documents en braille sont diffusésou commercialisés et sont pourtant illisibles.Les prestataires, peu nombreux, ont des statuts variés :associations, entreprises d’insertion, établissementset services d’aide par le travail (Esat), anciennementappelés centres d’aide par le travail (CAT) ou sociétésclassiques d’imprimerie.43


Réaliserdes illustrations tactilesUne illustrationtactile est une imagecompréhensibleau toucher.Les voyants lisent les images de manière globale etinstantanée. Ce n’est pas le cas des personnes quiappréhendent ces images du bout des doigts et s’enfont une représentation mentale à partir d’indices, enreconstituant une sorte de puzzle. Par exemple, un lecteuraveugle pourra identifier un vélo, par déduction,grâce aux éléments caractéristiques mis en relief :les deux roues, la selle, le guidon.Les images exigent donc un travail d’adaptation. Ilfaut notamment éviter les effets de perspective etl’accumulation de détails souvent longs à explorer,mais privilégier à l’inverse un trait épuré et simplifié.Enfin, légendes et descriptions sont essentielles à lacompréhension.Comme pour le braille, différents procédés industrielsou plus artisanaux permettent la réalisation de dessinsen relief : thermogravure, thermoformage, sérigraphie,dépôt de résine, gaufrage, ou encore collage detextures avec différentes matières.Pour les réaliser, les professionnels doivent maîtriserla technique, et avoir une expérience et une bonneconnaissance du public auquel ils s’adressent. Ils sonttrès peu nombreux en France.Pour affiner un projet de conception d’outil en relief,on peut se référer à deux guides :le guide de l’Institut national supérieur de formationet de recherche pour l'éducation des jeunes handicapéset les enseignements adaptés (Inshea) [14] ;le guide de l’acheteur public de produits graphiquesen relief à l’usage de personnes déficientes visuellesédité par le ministère de l’Économie, des Finances etde l’Industrie [15].44


4Organiserdes séancesde travail, rencontreset colloques accessiblesaux publics déficientsvisuels


Avant touterencontre, recueillirles besoinsdes participants.Pour organiser une rencontre, qu’il s’agisse d’une réunionde travail ou d’un colloque, il est important dedemander aux participants quels sont leurs besoins,au moment de la prise de rendez-vous ou de l’inscription.Ils sont généralement de plusieurs ordres.Lors de la venue sur le lieu de rencontre, il fautfaciliter les déplacements en mentionnant les modesde transports accessibles, ou à défaut, en les organisant.Le lieu du rendez-vous doit être clairementidentifié à l’aide de panneaux visibles et/ou d’unaccueil personnalisé.Pour l’organisation d’une manifestation ou d’uneexposition, il faut être vigilant à la mise en scène età l’installation des documents. L’environnement etles conditions de lecture favorisent ou empêchentl’accès à l’information : c’est le cas du lieu d’affichageet de l’éclairage. Par exemple, une affiche engros caractères doit être positionnée à hauteur devisage dans un espace lumineux, pas éblouissant etsans reflet, sous peine d’être inutilisable. La versionbraille, lue à plat, sera posée sur une table.Sur place, les personnels d’accueil doivent être sensibiliséspour faciliter la qualité des échanges (allerà la rencontre, se présenter, guider, proposer del’aide pour trouver une place, pour les déplacementsd’une salle à l’autre, etc.).Quelques règles permettent de lever les a prioriet d’avoir l’attitude adaptée. On peut se référer auxguides conçus par les associations de personnes déficientesvisuelles : guides pour accueillir un collègue ouun patient déficient visuel [16, 17 et 18].46


Pour travailler ensemble, les supports utiles à laréunion (ordre du jour, programme, compte rendu,etc.), doivent suivre les règles énoncées précédemment(voir page 19). Il est préférable de transmettreles informations avant la rencontre afin que chacunpuisse en prendre connaissance. À défaut, une lecturele jour de la réunion s’impose.Enfin, les présentations Powerpoint ® peuvent êtreaussi améliorées (taille des caractères et contrastessuffisants, voir page 19). Un modèle remis au préalableest souvent aidant. Les intervenants doiventaussi veiller à présenter oralement l’ensemble desinformations transmises parallèlement par écrit.L « Vous pouvez voir dans ce tableau les résultatsde l’enquête. »J « Les résultats de l’enquête menée au collège,résumés dans ce tableau, montrent qu’avoirun(e) ami(e) avec un handicap et avoir reçudes informations sur le handicap améliorentles attitudes envers les élèves handicapés. »Pour aller plus loin dans l’organisation de ces événementset l’accueil de participants ou intervenants ensituation de handicap, il existe un guide complet :Toutes les clés de l’accessibilité événementielle [19].Un autre ouvrage relatif à l’accès à l’environnement etaux équipements culturels est consultable en ligne :Culture et handicap, guide pratique de l’accessibilité[20].47


5 Annexes


Pour allerplus loinRéférences bibliographiques, sites web[1] Sander M.-S., Bournot M.-C., Lelièvre F., Tallec A.Les personnes ayant un handicap visuel, les apportsde l'enquête Handicaps-Incapacités-Dépendance.Études et Résultats, juillet 2005, n° 416 : 12 p.http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/<strong>pdf</strong>/er416.<strong>pdf</strong>Les enquêtes Handicap-Santé (2008-2009) et Handicaps-Incapacités-Dépendance(1998-1999), menéesen logement ordinaire et en institution, réalisées parl’Insee et la Direction de la recherche, des études, del’évaluation et des statistiques (Drees) sont à l’origined’un grand nombre de publications.http://www.insee.fr ou http://www.drees.sante.gouv.fr[2] Haute Autorité de santé (HAS). Accès aux soinsdes personnes en situation de handicap. Auditionpublique 22-23 octobre 2008.http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_736311/acces-aux-soins-des-personnes-en-situation-dehandicap-rapport-de-la-commission-d-auditionpublique[3] Allaire C., dir. Informer les personnes sourdes oumalentendantes. Partage d’expériences. Saint-Denis :<strong>Inpes</strong>, coll. Référentiels de communication en santépublique, 2012 : 58 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/detaildoc.asp?numfiche=1414[4] Holzschuch C., Allaire C., Bertholet L., Agius C.,Méheust C., dir. Quand la malvoyance s’installe. Guidepratique à l’usage des adultes et de leur entourage.Saint-Denis : <strong>Inpes</strong>, coll. Varia, 2012 : 160 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1161.<strong>pdf</strong>50


[5] Allaire C., Sitbon A. Promouvoir la santé des personnesen situation de handicap. La Santé de l’homme,mars-avril 2011, n° 412 : p. 8-47.http://www.inpes.sante.fr/slh/<strong>pdf</strong>/santehomme-412.<strong>pdf</strong>[6] Sitbon A. Déficiences visuelles et rapport à la santé,résultats d’une étude qualitative. <strong>Inpes</strong>, avec le soutiende la CNSA, 2012 : 47 p.http://www.inpes.sante.fr/pdv/<strong>pdf</strong>/etude-pdv.<strong>pdf</strong>[7] Sitbon A. Déficiences visuelles et rapport à la santé,quelle spécificité ? Saint-Denis : <strong>Inpes</strong>, coll. Évolution,2010 : 6 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1315.<strong>pdf</strong>[8] Centre d’évaluation et de recherche sur les technologiespour les aveugles et les malvoyants (Certam) :http://www.certam-avh.com[9] L’information pour tous. Règles européennes pourune information facile à lire et à comprendre. Unionnationale des associations de parents, de personneshandicapées mentales et de leurs amis (Unapei), NousAussi et Inclusion Europe, 2009 : 50 p.http://www.unapei.org/IMG/<strong>pdf</strong>/GuidePathways.<strong>pdf</strong>L’Unapei propose aussi un guide plus général sur l’accueildes personnes handicapées mentales : Guidepratique de l’accessibilité, 2010 : 70 p.http://www.unapei.org/Guide-pratique-de-laccessibilite.html[10] Observatoire interministériel de l’accessibilité etde la conception universelle :http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Observatoire-interministeriel-de-l,2954-.html51


[11] Dos Santos S., Makedessi Y. Une approche del’autonomie chez les adultes et les personnes âgées,premiers résultats de l’enquête Handicap-Santé 2008.Études et Résultats, février 2010, n° 718 : 8 p.http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/<strong>pdf</strong>/er718.<strong>pdf</strong>[12] Arthur P., Passini R. Orientation et points de repèredans les édifices publics. (Ontario, 1988). In : Guidedes bonnes pratiques de mise en couleur [brochure].Fédération française du bâtiment, 2009 : p. 4-5.http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/<strong>pdf</strong>/Guide_FFB_Bonnes_pratiques_de_mise_en_couleurs.<strong>pdf</strong>[13] Hilderley S. Édition accessible, pratiques recommandéesà l’intention des éditeurs [rapport]. Kingstonupon Thames, United Kingdom, 2011 : 58 p.Version Word ® : www.visionip.org/export/sites/visionip/technology/fr/doc/best_practice_guidelines.docVersion PDF : http://www.visionip.org/export/sites/visionip/technology/fr/<strong>pdf</strong>/best_practice_guidelines.<strong>pdf</strong>[14] Institut national supérieur de formation et derecherche pour l'éducation des jeunes handicapés et lesenseignements adaptés (INSHEA). Recommandationspour la transcription de documents [rapport]. Suresnes,2003 : 25 p.http://www.inshea.fr/ressources_direct/documents/recommandations_transcription.<strong>pdf</strong>[15] Guide de l’acheteur public de produits graphiquesen relief à l’usage de personnes déficientes visuellesn° 5730. Ministère de l’Économie, des Finances et del’Industrie, 2000 : 96 p.http://www.minefi.gouv.fr/fonds_documentaire/daj/guide/gpem/5730/5730.htm[16] Guide du savoir-être avec un collègue déficientvisuel [brochure]. Fédération des aveugles et handicapésvisuels de France, 2010 : 23 p.http://www.faf.asso.fr/article/l%E2%80%99institutrandstad-et-la-federation-des-aveugles-et-handicapesvisuels-de-france-lancent-le52


[17] Accueillir une personne déficiente visuelle. Guideà l’usage du personnel des hôpitaux et des maisonsde retraites [brochure]. Fédération des aveugles ethandicapés visuels de France, 2012 : 25 p.http://www.faf.asso.fr/article/guide-du-savoir-etreavec-un-patient-deficient-visuel-0[18] Pas cela... ceci, pour un contact heureux avecles personnes aveugles [brochure]. AssociationValentin Haüy, 2011 : 11 p.http://www.avh.asso.fr/rubriques/association/conseils.php[19] Toutes les clés de l’accessibilité événementielle.Association Aditus, 2011 : 67 p.http://www.aditus.fr/cles-accessibilite-evenementielle.<strong>pdf</strong>[20] Ministère de la culture et de la communication.Culture et handicap, guide pratique de l’accessibilité.Paris, 2007 : 246 p.http://www.culture.gouv.fr/handicap/<strong>pdf</strong>/guide.<strong>pdf</strong>Références législatives, normes[21] Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalitédes droits et des chances, la participation et la citoyennetédes personnes handicapées :http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&dateTexte[22] Décret n° 2009-546 du 14 mai 2009 pris enapplication de l'article 47 de la loi n° 2005-102 du11 février 2005 sur l'égalité des droits et des chances,la participation et la citoyenneté des personnes handicapéeset créant un référentiel d'accessibilité desservices de communication publique en ligne :http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?dateTexte=&categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT00002061698053


[23] Le RGAA pour le web est le référentiel de mise enconformité aux recommandations internationales d'accessibilité,issues du W3C avec la WAI qui définit lesguides d'accessibilité des sites web, les « WCAG ».http://references.modernisation.gouv.fr/rgaaaccessibilite[24] Code braille français uniformisé (CBFU), pour latranscription des textes imprimés :http://www.avh.asso.fr/rubriques/infos_braille/nouveau_code_braille.php ou http://www.inja.fr/inja/CBFU/CBFUEditionInternationale.<strong>pdf</strong>54


Les documents de l’<strong>Inpes</strong> présentés dans ceguide sont disponibles sur le site :http://www.inpes.sante.frLes outils adaptés sont réunis dans l’espace du siteconsacré aux publics déficients visuels, identifié parce logo.Questions d’ados, pour les 15-18 ans (et plus) [brochure].<strong>Inpes</strong>, 2011 : 129 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1273.<strong>pdf</strong>Préservatif masculin mode d’emploi [brochure]. <strong>Inpes</strong>,2010 : 23 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1328.<strong>pdf</strong>Préservatif féminin mode d’emploi [brochure]. <strong>Inpes</strong>,2010 : 23 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1327.<strong>pdf</strong>La canicule et nous [brochure]. <strong>Inpes</strong>, 2009 : 8 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1185.<strong>pdf</strong>Grippe : pour réduire les risques de transmission[affiche]. <strong>Inpes</strong>, 2010.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1235.<strong>pdf</strong>55


ExpériencesétrangèresQu’en est-il dans d'autres pays du monde, avec uncontexte politique, culturel, social et linguistique différentvis-à-vis du handicap et de la promotion de lasanté ?Dans une grande majorité de pays, l’attention portéeaux personnes en situation de handicap est croissante.La convention relative aux droits des personnes handicapéesde l’Organisation des Nations unies, signéeen 2006 par 153 pays, présente l’accès à l’informationet la communication et à la santé comme un droit universel.Pour autant, les décideurs politiques tiennent peucompte de ces problématiques au moment de la formulationde leurs plans stratégiques de promotion etde prévention de la santé.Les actions qui visent à rendre les informations ensanté accessibles à tous sont rares. Parmi les initiativesrecensées, deux approches se dégagent : laconception universelle avec la production d'un supportd'information unique accessible à tous (c'est le cas dessites web suivant les recommandations du W3C [voirpage 30] et de certaines campagnes télévisuelles) etla conception de supports adaptés pour un public spécifiquedans le cadre d'une campagne de prévention.Certaines initiatives à portée nationale, novatrices etcréatives, méritent d’être citées.Plusieurs pays se sont engagés dans l’accessibilitédes sites publics, en suivant notamment lesrecommandations du W3C. Il s’agit notamment desÉtats-Unis, du Canada, du Brésil, de l’Espagne, duRoyaume-Uni, du Portugal, de la Finlande, de l’Australieet du Japon.56


L’Espagne s’est engagée dans une démarche d’accessibilitéuniverselle depuis 2004. Les campagnesgrand public sur les thèmes de santé sont proposéesdans des formats accessibles à tous : voix-off oudescriptif pour les personnes déficientes visuelles,sous-titrage et langue des signes espagnole pour lespersonnes déficientes auditives.Campagne 2011 sur la prévention du VIH/sidaà destination des hommes homosexuels : DeHombre a hombre, habla del VIH. Porque elsilencio no puede ser un síntoma más.De hombre a hombre, habia del VIH.Source > ministère espagnol chargé de la santé.http://www.msc.es/campannas/campanas11/homeHSH2011.htmAu-delà de ces exemples, les seules initiativesidentifiées permettent de fournir, à la demande, desdocuments d’information sur divers thèmes de santé,dans un format adapté. Citons : l’Écosse via le ScotlandNational Health Service qui diffuse des documentsdans un format au choix : gros caractères, braille,« facile à lire », cassette, vidéo en langue des signesbritannique ; le Portugal où les établissements publicsdoivent mettre à disposition des outils en groscaractères et en braille (exemple sur la pandémiegrippale) ; le Kenya où des organisations non gouvernementalesont travaillé sur le thème du VIH.Pour en savoir plus sur les initiatives menées à l’étranger,vous pouvez consulter le résultat de l’état deslieux réalisé pour l’<strong>Inpes</strong> :http://www.inpes.sante.fr/lsf/accessibiliteinternationale.<strong>pdf</strong>57


Conception graphique originale, maquette et réalisation :TBWA\CORPORATE - 50/54 rue de Silly - 92513 Boulogne-Billancourt CedexImpression : Fabrègue - Bois Joly - BP 10 - 87500 Saint-Yrieix-la-PercheDépôt légal décembre 2012


L’accès à l’information pour les personnes en situationde handicap est un enjeu de santé publique. Près dedeux millions de Français sont concernés par une déficiencevisuelle. Ces personnes peuvent être gênéespour accéder à l’information pourtant nécessaire pours’impliquer, comme tout un chacun, dans sa propresanté.ISBN 978-2-9161-9236-9 / 4110-95112-LCe guide est le fruit de l’expérience menée par l’<strong>Inpes</strong>,avec le soutien de la CNSA et des professionnels deterrain, pendant trois ans. En s’appuyant sur diversesexpériences et travaux, sans prétendre à l’exhaustivité,il apporte des réponses pratiques à tous ceux quiont une activité liée à la communication et qui souhaitentconcevoir une information accessible au plusgrand nombre.Ce guide est consultable en ligne sur le site de l'<strong>Inpes</strong>,en version accessible aux formats PDF et HTML. Unsecond guide Informer les personnes sourdes oumalentendantes est également mis à disposition.Pour toute question sur ce projet ou pour nous fairepart de vos remarques ou suggestions d’amélioration,merci de nous contacter à l’adresse suivante :accessibilite@inpes.sante.fr.Ouvrage édité et diffusé gratuitement par l’<strong>Inpes</strong>ou ses partenaires. Ne peut être vendu.www.cnsa.frInstitut national de prévention et d’éducation pour la santé42, boulevard de la Libération93203 Saint-Denis cedex – France


RÉFÉRENTIELS DE COMMUNICATION EN SANTÉ PUBLIQUEInformer les personnessourdes ou malentendantesPartage d’expériencesSous la direction de CÉCILE ALLAIRE


Informer les personnessourdes ou malentendantes


Informer les personnessourdes ou malentendantesPartage d’expériencesSous la direction de CÉCILE ALLAIRE


Direction de la collection : Thanh Le LuongÉdition : Gaëlle CalvezInstitut national de prévention et d’éducation pour la santé42, boulevard de la Libération93203 Saint-Denis Cedex - FranceL’<strong>Inpes</strong> autorise l’utilisation et la reproduction des données de ce document sous laréserve de la mention des sources.Pour nous citer : Allaire C., dir. Informer les personnes sourdes ou malentendantes.Partage d’expériences. Saint-Denis : <strong>Inpes</strong>, coll. Référentiels de communication en santépublique, 2012 : 58 p.ISBN : 978-2-9161-9237-6


Les auteursGroupe de travail réuni par l’<strong>Inpes</strong> sous la direction de Cécile Allaire :Mylène Badoux, Association lesMains pour le direJosette Bouchauveau, Fédérationnationale des sourds de France -FNSFJean-François Burtin, Fédérationnationale des sourds de France -FNSFJacky Correia, Union nationale pourl’insertion sociale des déficientsauditifs – Unisda et <strong>Mo</strong>uvement dessourds de France - MDSFDr Benoît Drion, Réseau sourds etsanté de LilleMichel Girod, Association AidessourdsBruno <strong>Mo</strong>ncelle, comédienDenis Planchon, Réseau sourds etsanté de LilleAnnie Sidier, Caisse nationale desolidarité pour l’autonomie - CNSANicole Tagger, Association Actionconnaissance formations pour lasurdité – Acfos, inspecteur honoraireà la Direction générale de l’actionsociale – DGASMylène Thourot-Duchamp,Institut national des jeunes sourds –INJSRemerciementsPour leurs relecture et conseils :Florence Condroyer, Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie – CNSAClaire Garguier, Cité de la santé, Cité des sciences et de l’industrie – UniverscienceCédric Lorant, Union nationale pour l’insertion sociale des déficients auditifs –UnisdaÉlodie Aïna, Gaëlle Calvez, Philippe Cornet, Félicie David, Euloge Foly,Vincent Fournier, Annick Gardies, David Heard, Emmanuelle Le Lay,Olivier Mayer, Claire Méheust, Anne-Sophie Mélard, Jean-Marc Piton,Audrey Sitbon, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé – <strong>Inpes</strong>Pour l’évaluation des outils créés et la recherche d’expériences internationales :Anthony Lacouture


Un engagementen faveur de l’accessibilitéLe nombre de Français concernés par un handicapauditif est estimé à plus de cinq millions, soit environ8 % de la population, chiffre qui progresse parallèlementà l’allongement de la durée de vie du fait de lapresbyacousie liée à l’âge [1, 2]. L’accès à la santé ausens large, demeure pour ces personnes une difficultéau quotidien. L’accès aux soins, la participation auxétudes sur la santé, la formation des professionnels desanté, les actions de sensibilisation et l’information surtous les sujets qui touchent à la santé sont à améliorer.Les initiatives relatives à l’information en santépublique, en France ou à l’étranger, sont trop ponctuelleset peu valorisées.La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits etdes chances, la participation et la citoyenneté despersonnes handicapées [22] pose pourtant le principed’accessibilité pour tous les espaces de la vie publique.Elle reconnaît aussi la langue des signes comme unelangue à part entière. La Haute Autorité de santé(HAS) a quant à elle, proposé un état des lieux etdes préconisations pour réduire les inégalités d’accèsaux soins [3]. Parallèlement, l’Institut national de préventionet d’éducation pour la santé (<strong>Inpes</strong>), avec lesoutien de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie(CNSA), s’est engagé dans une démarchevisant à améliorer l’accessibilité des messages desanté publique diffusés auprès des personnes déficientesauditives et visuelles. Cette démarche met enavant la notion de conception universelle qui permetde s’adresser à tous les publics [14].Ce travail a associé des experts issus de secteursvariés : associatif, médical, médico-social, éducatif,pour la majorité sourds ou malentendants. Il a aussiassocié des professionnels de l’édition et de la communication.


La méthode s’est voulue pragmatique. Des documentsd’information conçus par l’<strong>Inpes</strong> pour le grand publicont été testés auprès de personnes sourdes et de personnesmalentendantes, en veillant à leur diversité entermes d’âge, de mode privilégié de communication,d'aisance en français et en langue des signes. Cesdocuments ont été adaptés sur différents supports(papier, web, vidéo), puis testés par les futurs utilisateurstout au long du processus. L’accueil a été trèsfavorable.L’expérience acquise depuis trois ans est aujourd’huimise à disposition des acteurs de santé publique, desresponsables et professionnels de la communicationqui souhaitent développer cette démarche de mise enaccessibilité de l’information. C’est l’objet de ce guidecomplété par un second à l’intention des personnesaveugles ou malvoyantes [4]. Puissent ces recommandationsaider à mieux comprendre et intégrer lesattentes des personnes en situation de handicap.Thanh LE LUONGDirectrice généralede l’Institut national de préventionet d’éducation pour la santéLuc ALLAIREDirecteurde la Caisse nationalede solidarité pour l’autonomie


Sommaire11 Partie 1 - L’accessibilité de l’information, un enjeu de santé publique12 Les déficiences auditives15 Les besoins en matière de santé17 L’accès à l’information19 La stratégie de communication23 Partie 2 - Réaliser des contenus accessibles aux personnes sourdes24 Le contenu textuel27 Les couleurs28 Les illustrations31 Les vidéos35 Partie 3 - Choisir des médias accessibles aux publics sourdsou malentendants36 Réaliser des sites web accessibles38 Réaliser des émissions ou spots télévisuels accessibles41 Réaliser des documents imprimés accessibles43 Partie 4 - Organiser des séances de travail, rencontreset colloques accessibles aux publics sourdsou malentendants44 L’échange et la communication46 Organiser une rencontre accessible49 Partie 5 - Annexes50 Pour aller plus loin55 Expériences étrangères


1L’accessibilitéde l’information,un enjeu de santépublique


Les déficiencesauditivesLa déficienceauditive renvoie àdes situations trèsdifférentes.Selon les dernières enquêtes, plus de cinq millions deFrançais sont concernés par une déficience auditive. Cechiffre englobe les personnes sourdes et les personnesmalentendantes [1, 2], dont les situations individuellessont très différentes les unes des autres. Ainsi, la situationd’un jeune, né sourd, scolarisé dans une écolespécialisée, qui utilise la langue des signes au quotidienest différente de celle d’un jeune qui a suiviune scolarité en français ou de celle d’une personnequi devient peu à peu malentendante à un âge plusavancé. Chaque situation est singulière et dépend :du degré de la perte auditive ;de l’âge de survenue de la surdité : apparue à la naissanceou très tôt dès la petite enfance, elle n’a pasle même impact que lorsqu'elle s’installe progressivementau cours de la vie (le nombre de personnesdevenues sourdes ou malentendantes progresseparallèlement au vieillissement de la population) ;de la langue que la personne utilise plus facilementpour communiquer : le français ou la languedes signes française (LSF). La distinction est ainsisouvent faite entre les « sourds oralistes » et les« sourds signants ». Parmi les sourds oralistes, certainss’appuient sur le code LPC (langue françaiseparlée complétée). Cette méthode permet de comprendresans ambigüité le français lu sur les lèvresgrâce à des mouvements de la main effectués prèsdu visage [5] ;du fait que les personnes se reconnaissent sur unplan identitaire et culturel comme appartenant à lacommunauté sourde. La « culture sourde » renvoie àla façon, commune aux sourds signants, d’échanger,de se nommer, de se retrouver, de faire de l’humour,etc. [6].12


© Jean-Michel TixierPAIN MAIN BAINCode LPC : le mouvement des lèvres est le mêmelorsqu’on prononce les mots pain, main et bain.Le geste de la main effectué près du visage permetd’éviter les ambiguités liées à la lecture labiale.© Jean-Michel TixierPAINLangue des signes : la configurationdes mains, leur placeet leur mouvement formentdes signes. L’expression duvisage et du corps joue aussiun rôle très important dansla transmission du message.Un certain nombre de personnes sourdes de naissancea des difficultés de compréhension de l’écrit, et certainessont illettrées : l’apprentissage d’une langueque l’on n’entend pas, ou mal, requiert en effet unepédagogie adaptée. Or, les projets éducatifs permettantl’apprentissage parallèle du français et de la LSFsont rares en France.Par ailleurs, les personnes qui apprennent tardivementla LSF maîtrisent généralement imparfaitement cettelangue, même si elle est utilisée de façon privilégiéeau sein de leur réseau relationnel.13


Les besoinsen matière de santéUn manqued’accès àl’information,aux soins età la prévention.Certaines personnes sourdes ou malentendantesrencontrent des difficultés dans le milieu du travail,vivent des situations d’exclusion et d’isolement social,déplorent un manque d’accès aux soins et à la prévention,une absence de réponse sur des préoccupationsde santé mentale, et relatent des échanges difficilesavec les professionnels de santé. Ces situationspeuvent être à l’origine d’une plus grande fragilité.En outre, le déficit d’information et de connaissancessur les thèmes de santé peut jouer en défaveur d’undépistage et d’une prise en charge précoce [7, 8, 9].En effet, les connaissances en matière de santé sontle fruit d’une imprégnation progressive et récurrentepar des messages éducatifs répétés tout au long dela vie. Tous les messages transmis depuis la petiteenfance par les parents, les enseignants, l’entourage…permettent aux « entendants » de se forger un soclede connaissances de façon presque passive. Or, lessourds ne profitent pas de cet effet de répétition del’information.Depuis la fin des années 1990, des progrès ont toutefoisété réalisés en France concernant l’accès auxsoins. Dans certaines régions, des équipes bilinguesfrançais/LSF accueillent des patients sourds au seind'hôpitaux [23] ou dans le cadre de réseaux de santé[24]. Parallèlement, les personnes peuvent faire appelà des interprètes pour les accompagner chez le médecinde leur choix. D’autres acteurs de la prévention se sontmobilisés et méritent d’être mentionnés. C’est le cas del’association Aides, avec la création d’un groupe Aides15


sourds dès la fin des années 80, ou de la Cité de la santé,qui organise des conférences en langue des signes[10].Faciliter l’accès à l’information, comme l’accès auxsoins et à la prévention, fait partie des actions à menerpour réduire les inégalités de santé.16


L’accèsà l’informationLes informationsvisuelles sontà privilégier.L’accès à la télévision est possible si les émissionssont sous-titrées. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel(CSA) est sensibilisé à l’accessibilité des programmesaux téléspectateurs sourds, malentendants, aveuglesou malvoyants et veille à ce que les programmes téléviséss’adaptent à leurs besoins [11, 25]. Le nombredes émissions sous-titrées a d’ailleurs progressé cesdernières années. Quand il est prévu, le sous-titrageest mentionné sur les programmes. Pour en profiter,chaque téléspectateur doit programmer son poste detélévision. En revanche, rares sont les émissions traduitesen langue des signes française (LSF).Les documents imprimés sont des médias à privilégierpour transmettre une information courte ou pour quimaîtrise bien l’écrit.Internet représente une bouffée d’oxygène pour toutesles personnes déficientes auditives. Elles consultent ets’échangent facilement des vidéos sur les sites webet les réseaux sociaux. C’est donc un média qu’il estimportant d’investir, bien qu’il repose souvent sur lamaîtrise de la langue écrite. Afin de ne pas laisser decôté une partie des internautes sourds, il convient deconcevoir des sites très visuels avec notamment desvidéos en LSF.Dernier vecteur d’information à ne pas sous-estimer :le bouche-à-oreille (ou « mains à yeux »). Dans lacommunauté sourde, le réseau amical et associatifest particulièrement actif. Les sourds échangentbeaucoup entre eux, de façon informelle ou lorsde séances d’information. Il faut savoir profiter de17


cette dynamique pour faire circuler l’information, enveillant à sa qualité car, mal comprise, elle circuleratout autant. Par exemple, au début de l’épidémie desida, les campagnes de communication représentaientle virus par un rond orange avec des piquants. Certainssourds ont pensé à l’époque que le soleil était responsablede la transmission du virus. Cette croyance arapidement circulé au sein de la communauté sourde,retardant l’adoption des mesures préventives [12].Enfin, il ne faut pas oublier que les personnes sourdesisolées, vivant en milieu rural ou urbain, sont particulièrementexclues de l’information.18


La stratégiede communicationDes choix à opérerdès la conceptiondu dispositif decommunication.Par quels médias les publics concernés recevront-ils lemessage ? Selon le projet, le sujet traité, les moyenshumains, techniques et financiers alloués, le tempsimparti, plusieurs solutions peuvent être choisies.Internet : donner accès aux ressources disponiblessur le web est la première démarche à engager dufait de la souplesse de l’outil. L’option optimale estla mise à disposition de vidéos avec sous-titrage etLSF. Ces informations s’échangent ainsi facilementvia les sites de partages de vidéos ou les réseauxsociaux (voir pages 31 et 36).Documents imprimés (brochures, dépliants, affiches) :rendre accessible ces supports nécessite généralementde concevoir des supports dédiés aux lecteurssourds signants. Cette démarche requiert donc plusde temps (voir page 41).TV : pour les organismes qui conçoivent des émissionsou spots télévisuels, ce média présente l’intérêtde toucher toutes les classes d’âge et notammentles personnes âgées. Il doit être rendu accessiblepar la mise en place du sous-titrage (voir page 38).Radio : il n’y a pas d’adaptation à faire pour cemédia, inaccessible aux personnes sourdes, commetous les vecteurs d’information qui reposent sur leson (CD, MP3, etc.).Source > Affiche Grippe publics sourds, <strong>Inpes</strong>.Depuis 2008, l’<strong>Inpes</strong> a fait le choix de travailler surdes sujets qui présentaient un réel intérêt pour lespublics visés, en proposant des supports différents.Par exemple, l’affiche sur les gestes à adopter en casde grippe a été adaptée et proposée en version impriméeet en version filmée (avec voix off, sous-titrageet LSF).19


Cette démarche a permis de tirer quelques enseignements.L’accès à l’information passe pour partie par laréalisation de documents spécifiquement conçus pourles publics sourds ou malentendants, mais les outilsréalisés pour le grand public peuvent aussi convenir àun plus grand nombre s’ils intègrent certains critèresd’accessibilité dès la conception. Cette démarche ditede « conception universelle » répond aux besoins detous les utilisateurs, dont les personnes en situationde handicap (visuel, auditif, intellectuel ou physique)[4, 13].« La conception universelle est une stratégie qui viseà concevoir et à composer différents produits et environnementsqui soient, autant que faire se peut et dela manière la plus indépendante et naturelle possible,accessibles, compréhensibles et utilisables par tous,sans devoir recourir à des solutions nécessitant uneadaptation ou une conception spéciale. » Assurer lapleine participation grâce à la conception universelle.Conseil de l’Europe, 2009 [14].D’un point de vue opérationnel, concevoir un documentd’information unique selon ce principe estdifficile à mettre en œuvre, tant les besoins sontdivers. Cependant, inclure les besoins particuliers decertains utilisateurs dès le début de la conception duprojet permet de trouver une solution satisfaisantepour tous.Par exemple, traduire les résultats d’une étude scientifiqueen langue des signes est peu réaliste, maisintégrer les recommandations faites pour les publicssourds lors de l’élaboration d’une affiche ou d’undépliant d’information l’est beaucoup plus. Le résultatobtenu séduit souvent un public plus large quecelui pour lequel il était destiné : les personnes avecdes difficultés de lecture ou d’écriture du fait d’unedyslexie, d’une faible scolarisation, d’un handicapintellectuel ou d’une éducation reçue dans une autrelangue, ainsi que, par extension, les personnes âgéesen perte d’acuité visuelle et auditive, voire cognitive.20


Exemple de deux campagnes espagnoles conçuesselon ce principe de la conception universelleCampagne sur la prévention des grossesses nondésirées chez les jeunes, et la prévention du VIH/sidaet des infections sexuellement transmissibles (IST).Ce spot transmet l’ensemble des informationspar le son, le sous-titrage et la langue des signes.Y no valen excusas que si corta el rollo…Source > ministère espagnol de la Santé, des Services sociaux et de l'Égalité.http://www.embarazoescosade2.es/index.jspCampagne sur les troubles musculo-squelettiques. Cespot sans parole est très explicite, facile à comprendreet ainsi accessible au plus grand nombre. Une versiontextuelle est proposée pour les personnes malvoyantesou aveugles.Source > ministère espagnol de la Santé, des Services sociaux et de l'Égalité, etVodafone Espagne.http://www.youtube.com/watch?v=jbV5dGvJWyo21


2Réaliserdes contenusaccessibles aux personnessourdes


Le contenutextuelPrendre en compteles difficultés d’accèsà l’écrit, le manquede connaissancesen santé, la culturesourde et la languedes signes.Les recommandations suivantes permettent d’êtrecompréhensibles pour les lecteurs les plus en difficulté.Quand on travaille à partir d’un document conçu pourle grand public, il faut s’interroger sur les connaissancesdes personnes sourdes sur ce thème. Est-ceun sujet d’actualité ? Y a-t-il de fausses informationsqui circulent ? Ont-ils accès à d’autres informationsaccessibles ? Il est souvent nécessaire d’adapter lecontenu par rapport au document d’origine, commes’il n’y avait pas de connaissance préalable sur lesujet : rappeler le contexte, donner des définitionssimples aux termes médicaux ou techniques, préciserles notions complexes. Par exemple, les principesde la transpiration, de la circulation sanguine, lafamille des légumes ou des laitages doivent êtreexpliqués ou illustrés à l’aide de dessins.Les informations doivent être courtes et précises,aller à l’essentiel : l’objectif est de transmettre uneinformation utile.Le français employé doit être fonctionnel et facile àcomprendre. Il faut privilégier une structure grammaticalesimple, en évitant les figures de style,les anglicismes et les jeux de mots. Attention auxtermes ou aux tournures de phrase qui peuventgénérer des contresens, comme la forme passive oula forme négative.24


L Ne pas omettre d’utiliser un préservatif.J Mettez un préservatif.L Je ne reste pas en plein soleil.J Quand il fait chaud, je vais à l’ombre.L Comment gérer la prise de poids ?J Que faire quand on grossit ?L La nuit, vous avez des idées noires ?J La nuit quand vous ne dormez pas, pensez-vousà des choses tristes ?Les exemples sont utiles : les situations concrètesaident à comprendre des informations plus générales.L En cas de canicule, je passe plusieurs heuresdans un endroit frais ou climatisé.J En cas de canicule, je passe plusieurs heuresdans un endroit frais ou climatisé (musée, cinéma,centre commercial, etc.).L Il est recommandé de réduire la sédentaritéde votre enfant.J Faites bouger votre enfant (aller à l’école àpied, sortir le chien, jouer au foot, danser,etc.).25


Opposer « bonne » et « mauvaise » attitude est souventapprécié. On peut le faire à partir de dessins,en caricaturant et en utilisant des couleurs qui ontdu sens.Source > Affiche Grippe : pour réduire les risques de transmission, <strong>Inpes</strong>.Source > Dépliant Manger bouger c’est la santé !, <strong>Inpes</strong>.Compléter les contacts et adresses utiles par desservices spécialisés dans l’accueil de personnessourdes.Vérifier enfin l’accessibilité des références ou sitesInternet cités, en mentionnant de préférence lesliens qui renvoient vers des versions accessibles.Pour enrichir ces recommandations, d’autres travauxpeuvent être consultés parallèlement, comme ceuxrelatifs à la démarche « facile à lire » [13].26


Les couleursLes couleurs sontimportantesparce qu’ellesattirent l’œilmais surtout parcequ’elles véhiculentdu sens.C’est le cas des couleurs des feux tricolores, universels.On peut les utiliser facilement :Vert : autorisé, recommandé, oui, OK ;Rouge : interdit, danger, non ;Orange : attention (son utilisation est plus subtile).D’autres couleurs transmettent du sens, variable selonle contexte : le noir (mort), le bleu (froid, eau, laitages),le vert (nature, légumes), etc. Pour utiliser la couleurcomme vecteur d’information, il faut éviter d’associertrop de couleurs différentes dans un même document.Exemple d’un dépliant mal compris par certainslecteurs : la couleur bleue du fond, purementdécorative, a parfois été assimilée au froid, enopposition au jaune et au thème du dépliant.Source > Dépliant La canicule et nous, <strong>Inpes</strong>.27


Les illustrationsLes illustrationsdoivent être testéespour éviter touteambiguïté.Les illustrations et les pictogrammes sont essentiels. Ilsrendent le document attractif et doivent permettre, àeux seuls, de transmettre l’information aux personnesles moins à l’aise avec l’écrit.Il faut veiller à la qualité et au sens du dessin qui seratoujours testé pour en vérifier la compréhension. Undessin ou un pictogramme efficace doit être comprispar tous, quels que soient le contexte, la langue et laculture de la personne à laquelle il s’adresse. Il doit sesuffire à lui-même.Source > Brochure Protégez votre enfant des accidents domestiques, <strong>Inpes</strong>.Dans le dessin ci-contre qui déconseille laconsommation d’alcool en cas de forte chaleur,plusieurs boissons alcoolisées sont représentéesdont la bière souvent considérée à tort commeune boisson désaltérante.Source > Dépliant La caniculeet nous, <strong>Inpes</strong>.28


Pour expliquer les repères nutritionnels, les dessinsci-dessous illustrent la notion de portion individuelle.Source > Dépliant Manger bouger c’est la santé !, <strong>Inpes</strong>.Les dessins simplifiés, comme les pictogrammes,présentent un réel intérêt. Certaines associationsproposent des banques de pictogrammes [15].<strong>Mo</strong>dèle de fax à renseigner dans le cadre du dispositifd’urgence pour les sourds© Delphine GrinbergSource > http://www.social-sante.gouv.fr/espaces,770/handicap-exclusion,775/dossiers,806/le-114,2039/le-114-les-documents-a-telecharger,13441.html29


Transmettre un seul message par illustration.Exemple d’un dessin mal interprété parce qu’ilcontient trop d’informations.Messages transmis dans le dessin : en cas de canicule,je fais attention à moi-même, à mes collègues ;de façon implicite, cette situation touche notammentles professionnels du BTP.L’image a été interprétée de différentes façons parceux qui n’ont pas accès à l’écrit : il faut porter unecasquette pour être moins fatigué ; quand on est seul,il faut éviter de porter les choses soi-même ; il ne fautpas travailler.Source > Dépliant La canicule et nous,<strong>Inpes</strong>.Il est possible d’illustrer la langue des signes pourdonner une information courte, comme le titre d’undocument, mais il faut bien veiller au choix des signesqui devront être partagés par le plus grand nombre(il existe des variantes régionales et des mots nouveaux,qui ne sont pas connus de tous, comme lesigne « canicule » né au cours de l’été 2003). Uneéquipe compétente sur les sujets de santé et en LSF,ainsi qu’un dictionnaire en langue des signes peuventaider à choisir le signe le plus largement partagé.L’utilisation de personnages expressifs ou de smileyspermet d’exprimer des recommandations, des sentiments,une atmosphère.Représentation de lacanicule avec un soleilpersonnifié, l’air agressif.30Source > Dépliant La canicule etnous, <strong>Inpes</strong>.


Les vidéosLa réalisationde vidéos estun très bon moyenpour rendredes informationsaccessibles.Les vidéos permettent d’expliquer en LSF un questionnaire,une enquête, une procédure administrativecomplexe, ou de réaliser un outil pédagogique (sur lasanté, l’histoire, la culture, etc.). Les sites de partage devidéos comme Youtube ou Dailymotion constituent detrès bons vecteurs d’information et rencontrent beaucoupde succès auprès des publics sourds ou malentendants.Enquête sur la santé menée auprès de personnesdéficientes auditives. Le questionnaire a étéproposé en gros caractères et en LSF.Source > Baromètre santé sourds et malentendants (BSSM), <strong>Inpes</strong>, 2011.31


Site proposé par la Direction générale desfinances publiques pour aider les personnessourdes dans leurs démarches comme ladéclaration de revenus. Un lexique proposedes définitions simplifiées accompagnées devidéos en LSF.© Direction générale des finances publiquesSource > http://impotslsf.websourd.org/Vidéo sur le numéro d’urgence 114 pour lespersonnes sourdes ou malentendantes. Ellepropose LSF et sous-titrage.Source > www.handicap.gouv.fr/11432


Élaborer le contenu de ces outils ne consiste pas en unesimple traduction du français vers la LSF. Il faut prendreen compte la spécificité de la langue et être attentif auchoix des signes, afin que tous les sourds y aient accès.Le script doit être conçu à plusieurs, avec une personneresponsable du contenu scientifique, despersonnes sourdes, des experts linguistiques et desinterprètes. Le choix des signes, notamment pourles termes scientifiques, devra être réfléchi.Il est préférable de choisir une équipe de tournage,spécialisée dans ce travail, qui a l’habitude de travailleravec des équipes bilingues et des interprètes.Mieux vaut aussi choisir un comédien sourd avecune langue des signes partagée par le plus grandnombre. Des automates de communication en LSF,appelés aussi « avatars signants » commencent àse développer, mais ce procédé ne permet pas d'envisagerà court terme une traduction automatiqueexhaustive dans tous les domaines (insuffisancelexicale et grammaticale, absence d’expression duvisage pourtant essentielle).Il faut veiller aux contrastes entre l’image de fond et lapersonne qui signe : les couleurs doivent permettre àl’œil de se concentrer sur la gestuelle et le sous-titrage.La tenue vestimentaire doit aussi y contribuer (éviterles lunettes à reflet, les bijoux et choisir une couleurde vêtement sobre et contrastée avec la couleur de lapeau pour que les mains soient bien visibles).33


Vidéo sur les gestes préventifs à adopter en casd’épidémie de grippe. Elle propose LSF, soustitrageet voix off.Source > Grippe, pour réduire les risques de transmission. <strong>Inpes</strong>, 2010.http://www.inpes.sante.fr/lsf/grippe-a/grippe.asp?vid=7La vidéo devra comporter langue des signes, soustitrageet voix off, pour que le film soit suivi partous, y compris les « entendants ». En fonction duprojet, le code LPC (voir page 12) peut être ajouté,notamment pour les vidéos pédagogiques destinéesaux enfants.Le sous-titrage et la voix doivent être synchronisés.Site éducatif pour les enseignants et les élèves.Les vidéos sont synchronisées avec, au choix,la LSF, le code LPC, le sous-titrage.La taille de la personne qui signe (LSF), quicode (LPC) et le sous-titrage sont ajustables.Source > Lesite.tv. France 5 et Scéren-Centre national de documentation pédagogique(CNDP)http://pourtous.lesite.tv/34


3Choisirdes médiasaccessibles aux publicssourds ou malentendants


Réaliserdes sites web accessiblesUn site webaccessible permetune consultationfacile deses contenus.Les évolutions technologiques ont considérablementamélioré la qualité de vie des personnes sourdes oumalentendantes. Elles sont une formidable opportunitépour s’informer (sites web, moteurs de recherche,etc.), pour faciliter les démarches de la vie quotidienne(gestion de compte bancaire, achat et impression debillet de train, etc.), pour communiquer et exprimerses opinions (mail, chat, SMS, webcam, etc.).Cependant, l’intérêt du numérique est souvent contrecarrépar le manque d’accessibilité des sites web. Lessites web dits « accessibles » intègrent plus souventles recommandations élaborées pour les internautesdéficients visuels, mais moins celles pour les publicssourds ou malentendants.Les services publics ont désormais pour obligation derendre leurs sites accessibles, en se conformant auréférentiel général d’accessibilité pour les administrations(RGAA). Ce référentiel français s’appuie surles recommandations internationales, éditées par leWorld Wide Web Consortium (W3C) qui promeut descontenus web « perceptibles, utilisables, compréhensibleset robustes » et souhaite favoriser des pratiquesplus rigoureuses [26, 27]. Ces recommandationstechniques s’adressent notamment aux développeurset intégrateurs informatiques. Quelques-unes ciblentplus particulièrement les internautes sourds ou malentendants.Choisir un vocabulaire et des phrases simples,compréhensibles par tous, éviter la surabondanced’informations et fournir des exemples.Faciliter la compréhension des procédures pour participerà une enquête, s’inscrire en ligne ou passerune commande.36


Éviter de demander à l’internaute l'installation delogiciels dont la procédure est complexe.Pour chaque objet multimédia, proposer un lecteuret un format accessibles à tous les internautes.Pour les supports vidéo et audio, proposer une alternativetextuelle et en LSF.Enfin, si des documents ou des vidéos ont été spécifiquementconçus pour les visiteurs sourds, penserà le signaler sur la page d’accueil de votre site, avecun logo et un lien direct. Les chemins pour y parvenirsont parfois trop longs et dissuasifs.Pour enrichir ces recommandations, on peut se référerau RGAA ou au W3C [27].37


Réaliser des émissionsou spots télévisuels accessiblesSous-titragesynchronisé et LSFsont nécessairespour rendreun spot TVaccessible.Le sous-titrageIl faut prévoir un sous-titrage, que le programme soit diffuséen direct ou en différé. Dans les deux cas, il requiertune réelle compétence. On peut se référer au référentielde qualité élaboré par le CSA et les associations [11, 25].Il y a deux méthodes de sous-titrage :le DVB-subtitling, appelé télétexte avant le passagede l’analogique au numérique. Ce sous-titrage estspécialement dédié aux téléspectateurs sourds etmalentendants. Il permet de diffuser à l’écran uneretranscription des propos tenus par les interlocuteurs,mais aussi d’autres indications sonores, grâceà un code couleurs : blanc pour un personnagevisible à l’écran, jaune pour un personnage nonvisible à l’écran, rouge pour une indication sonore,magenta pour une indication musicale, cyan pourune pensée, vert pour une langue étrangère. Cesous-titrage est activé par chaque utilisateur, il estdonc invisible pour le grand public.Cette méthode présente l’avantage de transmettrel’ensemble de l’information, mais elle reste peuconnue et est assez difficile à mettre en place, notammentpour un public âgé : différentes méthodes selonl’opérateur, difficultés pour enregistrer ou regarder latélévision sur d’autres supports comme le web ;Spot sans dialogue ni voix off avec une bande sonsignalée en magenta sur fond noir( Musique douce )Source > extrait spot tabac, <strong>Inpes</strong>, 2012.38


l’incrustation directe sur le film. Ce procédé, visiblepar tous, ne permet pas l’apport d’informationscomplémentaires puisque seule la voix est retranscrite.Cependant, il présente d’autres avantages :l’incrustation est conservée lors d’un enregistrement(cela permet d’envisager une projection dansun lieu public) et ne nécessite pas de programmationpréalable du poste de télévision.L’interprétation en LSFElle est envisageable pour les émissions en direct ouen différé.Avec la présence d’un interprète en LSF ou d’un présentateursourd pour une émission préenregistrée.C’est le cas de l’émission L’Œil et la Main dédiée auxpublics sourds qui propose sous-titrage incrusté etLSF. Les téléspectateurs apprécient la bonne visibilitéde l’intervenant qui signe à l’écran. Cette optionpermet d’envisager des sujets qui prennent encompte les problématiques spécifiques aux sourds.Émission en langue des signes© France 5 / Point du Jour / 2012Source > L’Œil et la Main, magazine hebdomadaire en langue des signeshttp://www.france5.fr/oeil-et-la-main/39


Avec la présence d’un interprète en LSF, en direct,pour une émission grand public, comme le font certainsjournaux télévisés (LCI, i>télé, etc.). Dans cecas, il faut veiller à la bonne visibilité de l’interprète.Journal télévisé en langue des signesSource > i>télé40


Réaliser des documentsimprimés accessiblesVeiller àl’organisationdu documenten évitant ce quipeut perturberla lecture et doncla compréhension.Les recommandations faites pour l’élaboration descontenus (voir page 23) sont essentielles pour réaliserdes documents imprimés, tels qu’une brochureou un dépliant qui restent « statiques » (impossibilitéd’agrandir le texte à l’écran ou de visualiser directementune vidéo complémentaire en LSF).Pour aider le lecteur sourd à s’approprier un documentimprimé, il faut éviter ce qui peut perturber la lectureet la compréhension :préférer des documents courts, avec peu de pageset peu de textes ;éviter les pages surchargées d’informations ;simplifier les formulaires ;opter pour une police de caractère facile d’accès,par exemple les caractères sans empattement, dits« bâton » :J ArialVerdanaHelveticaL Times New RomanGaramondLucida Calligraphychoisir un corps de police suffisamment gros (12, 14voire 16 ou 18 si l’on s’adresse à un public plus âgéou à des personnes malvoyantes concernées par lesyndrome de Usher) [4, 16] ;mentionner si possible des documents, des sites oudes vidéos accessibles pour compléter l’information.41


4Organiserdes séancesde travail, rencontreset colloques accessiblesaux publics sourdsou malentendants


L’échangeet la communicationPour instaurerdes échanges debonne qualité,il est importantde s’adapter àson interlocuteur :prendre en comptesa surdité etson mode decommunication.Même lorsque les échanges sont informels ou decourte durée, une aide technique ou humaine estparfois nécessaire. L’erreur est souvent faite de sereposer sur des échanges écrits classiques ou sur lalecture sur les lèvres qui ne conviennent pas à tous et/ou demandent un effort de concentration trop importantpour suivre une conversation.Il est utile de connaître quelques règles de savoir-êtrepour échanger avec un interlocuteur sourd ou malentendant.Par exemple, il n'est pas nécessaire de crierou d’exagérer les mimiques. En revanche, il est capitalde s’adresser directement à lui et non à l’interprète,et de lui parler en face, distinctement. Enfin, de façongénérale, il est indispensable de prévoir un temps detravail plus long pour être certain de bien se comprendre.Certaines associations ont résumé les bonnesattitudes sous la forme de brochures ou affiches. Parexemple : les documents du Bucodes-SurdiFrance(Bureau de coordination des associations de personnesmalentendantes) accessibles depuis le sitehttp://www.surdifrance.org/index.php/nos-publications/affiches-depliants ou l'affiche ci-contre.44


Source > Le groupe de travail Voir pour comprendre, comment bien communiquer avec les personnes sourdes et malentendantes ?www.voirpourcomprendre.ch


Organiserune rencontre accessibleAvant toute rencontre,recueillir les besoinsdes participants.Pour organiser une rencontre, qu’il s’agisse d’une réunionde travail ou d’un colloque, il est important dedemander aux participants quels sont leurs besoins aumoment de la prise de rendez-vous ou de l’inscription.Ils sont généralement de plusieurs ordres.Sur place, les personnels d’accueil doivent être sensibiliséspour faciliter la qualité des échanges (voir page44).Une signalétique peut faciliter l’orientation et remplacerdes messages sonores.L’espace de travail est important : il faut choisir unesalle calme, avec une bonne acoustique et une bonneluminosité, une table ronde ou hexagonale pour quetous les participants se voient [17].Pour travailler ensemble, les supports utiles à la réunion(ordre du jour, programme, compte-rendu, etc.),doivent suivre les règles énoncées précédemment(voir page 41). Une lecture de ces documents le jourde la réunion, avec la présence d’interprètes, permetà chacun de partager les mêmes informations.Il faut également sensibiliser les intervenants à laprise de parole à tour de rôle, sans couper la parole.Pour être bien identifié, chaque participant doit sesignaler lorsqu’il souhaite intervenir, par exemple enlevant la main. Cela permet aux participants sourds desavoir plus facilement qui intervient, surtout lorsqu’ilsconcentrent leur regard sur l’interprète.Par ailleurs, plusieurs aides humaines et techniques sontà prévoir.La boucle magnétiqueCe système, utile pour les personnes équipées d’unappareil auditif, permet de mieux capter le son de lavoix tout en supprimant les bruits environnants (grincementsde chaise, chuchotements, etc.). L’installation46


peut être temporaire ou s’inscrire sur la durée (ellenécessite dans ce cas quelques travaux). Sa présencen’est pas visible, il est donc important de la signaler (onutilise généralement le pictogramme ). Enfin, il estvivement recommandé de tester l’efficacité de la boucleavec des personnes appareillées au moment de soninstallation et de former les équipes qui seront régulièrementchargées des branchements. De nombreusesboucles magnétiques sont installées dans des espacesprofessionnels ou des lieux publics sans être pleinementexploitées (mal identifiées, pas de maintenance, etc.).La transcription écrite des échangesen temps réelDifférents systèmes sont désormais proposés pourretranscrire la parole simultanément et projeter le contenudes échanges sur un écran (plus ou moins grand).Ce procédé permet de suivre l’intégralité des débats etd’interagir. Autre avantage pour l’organisateur : il estsouvent possible de demander la restitution écrite deséchanges.Les interprètes en français/languedes signes française (LSF)Comme les interprètes en langue étrangère, les interprètesen français/LSF permettent à des personnes delangues différentes de communiquer ensemble. Ce sontdes professionnels formés et diplômés qui exercent leurmétier dans le cadre d’un code éthique et déontologique(secret professionnel, neutralité, restitution du messagele plus fidèlement possible, etc.).En fonction du format de la réunion ou de la rencontre(durée et nombre de participants), deux interprètes ouplus se relaieront. Il est important de travailler avec lesinterprètes en amont sur le contexte (thème, participants),sur le contenu (transmission des ordres du jour,47


présentations, discours) et sur l’organisation (choisir lesmeilleurs emplacements par exemple).Nota bene : il existe d’autres professionnels (interface,éducateur bilingue, etc.) qui ne peuvent pas remplacerles interprètes diplômés. Les services d’interprétariatsont généralement affiliés à l’Association française desinterprètes et traducteurs en langue des signes [18].Les codeurs LPCCes professionnels utilisent le code LPC (voir page 12)pour permettre à un sourd s’exprimant oralement decomprendre sans ambiguïté la totalité d’un messageavec la main près du visage qui complète syllabe parsyllabe tout ce qui est dit [5].L’ensemble de ces dispositifs cohabite souvent, les participantsse reposant sur un ou deux d’entre eux.Enfin, pour être certain que les sourds soient informésde l’organisation d’une rencontre ou d’un colloque accessible,il est préférable de travailler en partenariat avecles associations et les institutions, afin qu’elles diffusentl’information auprès de leur réseau.Pour l’organisation de ces événements et l’accueil departicipants ou intervenants en situation de handicap,il existe un guide complet : Toutes les clés de l’accessibilitéévénementielle [19]. Un autre ouvrage relatif àl’accès à l’environnement et aux équipements culturelspeut être consulté : Culture et handicap, guide pratiquede l’accessibilité [20].48


5 Annexes


Pour allerplus loinRéférences bibliographiques, sites web[1] Sander M-S., Lelievre F., Tallec A., Dubin J., LegentF., Danet S., et al. Le handicap auditif en France :apports de l'enquête Handicap, incapacités, dépendance.Études et résultats, août 2007, n° 589 : 8 p.http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/<strong>pdf</strong>/er589.<strong>pdf</strong>Les enquêtes Handicap-Santé (2008-2009) et Handicaps-Incapacités-Dépendance(1998-1999), menéesen logement ordinaire et en institution, réalisées parl’Insee et la Direction de la recherche, des études, del’évaluation et des statistiques (Drees) sont à l’origined’un grand nombre de publications.http://www.insee.fr ou http://www.drees.sante.gouv.fr[2] Cuenot M., Roussel P. Difficultés auditives et communication.Exploitation des données de l’enquêteHandicap-santé-ménage 2008. Étude réalisée par leCTNERHI pour l’<strong>Inpes</strong>, août 2010.[3] Haute Autorité de santé (HAS). Accès aux soins despersonnes en situation de handicap. Audition publique22-23 octobre 2008.http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_736311/acces-aux-soins-des-personnes-en-situation-dehandicap-rapport-de-la-commission-d-auditionpublique[4] Allaire C., dir. Informer les personnes aveuglesou malvoyantes. Partage d’expériences. Saint-Denis :<strong>Inpes</strong>, coll. Référentiels de communication en santépublique, 2012 : 57 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/detaildoc.asp?numfiche=1415[5] Code LPC sur le site de l’association nationale pour lapromotion et le développement de la Langue françaiseParlée Complétée :http://www.alpc.asso.fr50


[6] Visucom (toutes les références bibliographiquessur la surdité, langue, culture) :http://www.visucom.fr[7] Allaire C., Sitbon A. Promouvoir la santé des personnesen situation de handicap. La Santé de l’homme,mars-avril 2011, n° 412 : p. 8-47.http://www.inpes.sante.fr/slh/<strong>pdf</strong>/sante-homme-412.<strong>pdf</strong>[8] Sitbon A. Le rapport à la santé des personnessourdes, malentendantes ou ayant des troubles del’audition : résultats d’une étude qualitative. <strong>Inpes</strong>,avec le soutien de la CNSA, 2012 : 47 p.http://www.inpes.sante.fr/lsf/<strong>pdf</strong>/rapport-a-la-santesurdite-resultats-etude-qualitative.<strong>pdf</strong>[9] Sitbon A. Le rapport à la santé des personnessourdes et malentendantes, résultats d’une étude qualitative.Saint-Denis : <strong>Inpes</strong>, coll. Evolution, 2012 : 6 p.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1399.<strong>pdf</strong>[10] Cité de la santé, Cité des sciences et de l’industrie(Universcience) :http://www.universcience.fr/fr/cite-de-la-sante/contenu/c/1248125084197/la-sante-en-langue-dessignes/[11] Média sous-titrés :http://www.medias-soustitres.com[12] Laborit E. Le cri de la mouette. Paris : Robert Laffont,1994.[13] L’information pour tous, règles européennes pourune information facile à lire et à comprendre. Unionnationale des associations de parents, de personneshandicapées mentales et de leurs amis (Unapei), NousAussi et Inclusion Europe, 2009 : 50 p.http://www.unapei.org/IMG/<strong>pdf</strong>/GuidePathways.<strong>pdf</strong>51


L’Unapei propose aussi un guide plus général sur l’accueildes personnes handicapées mentales : Guidepratique de l’accessibilité, 2010 : 70 p.http://www.unapei.org/Guide-pratique-de-laccessibilite.html[14] Observatoire interministériel de l’accessibilité etde la conception universelle :http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Observatoire-interministeriel-de-l,2954-.html[15] Association internationale pour la communicationaméliorée et alternative. Banque de pictogrammes etliens vers des sites partenaires :http://www.isaac-fr.org/old/pictogrammes/pictogrammes.html[16] S’adapter au syndrome d’Usher [livret]. Institutnational de jeunes sourds de Paris, 2011.[17] Renard M. Les sourds dans la ville : surdités etaccessibilité. Paris : Éditions du Fox, 2008 : 574 p.[18] Association française des interprètes et traducteursen langue des signes (Afils) :http://www.afils.fr[19] Toutes les clés de l’accessibilité événementielle.Association Aditus, 2011 : 67 p.http://www.aditus.fr/cles-accessibilite-evenementielle.<strong>pdf</strong>[20] Ministère de la culture et de la communication.Culture et handicap, guide pratique de l’accessibilité.Paris, 2007 : 246 p.http://www.culture.gouv.fr/handicap/<strong>pdf</strong>/guide.<strong>pdf</strong>Références législatives, chartes[22] Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalitédes droits et des chances, la participation et lacitoyenneté des personnes handicapées :http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&dateTexte52


[23] Les unités d’accueil et de soins en langue dessignes comprennent des médecins généralistes, desinfirmières, des psychologues, des travailleurs sociaux,des intermédiateurs et des interprètes. Tous ces professionnelssont bilingues et certains sont sourds.Ministère chargé de la santé :http://www.sante.gouv.fr/qualite-de-la-prise-encharge-des-usagers-dans-les-etablissements-desante-prise-en-charge-des-patients-sourds.html[24] Informations sur les réseaux de santé :http://www.sante.gouv.fr/les-reseaux-de-sante.htmlRéseaux de santé à destination de patients sourds en2012 : http://rssb.fr et http://sourds-sante.fr[25] Charte relative à la qualité du sous-titrage à destinationdes personnes sourdes ou malentendantes.Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), décembre2011.http://www.csa.fr/content/download/20043/334122/file/Chartesoustitrage122011.<strong>pdf</strong>[26] Décret n° 2009-546 du 14 mai 2009 pris en applicationde l'article 47 de la loi n° 2005-102 du 11 février2005 sur l'égalité des droits et des chances, la participationet la citoyenneté des personnes handicapéeset créant un référentiel d'accessibilité des services decommunication publique en ligne :http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?dateTexte=&categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT000020616980[27] Le RGAA pour le web est le référentiel de mise enconformité aux recommandations internationales d'accessibilité,issues du W3C avec la WAI qui définit lesguides d'accessibilité des sites web, les « WCAG ».http://references.modernisation.gouv.fr/rgaaaccessibilite53


Les documents de l’<strong>Inpes</strong> présentés dans ce guidesont disponibles sur le site :http://www.inpes.sante.frLes outils adaptés sont réunis dans l’espace du siteconsacré aux publics sourds, identifié par ce logoLa canicule et nous [dépliant]. <strong>Inpes</strong>, 2009.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1204.<strong>pdf</strong>Grippe : pour réduire les risques de transmission[affiche]. <strong>Inpes</strong>, 2009.http://www.inpes.sante.fr/grippeAH1N1/<strong>pdf</strong>/grippeaffiche-surdite.<strong>pdf</strong>Manger bouger c’est la santé ! [dépliant]. <strong>Inpes</strong>, 2011.http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/<strong>pdf</strong>/1366.<strong>pdf</strong>54


ExpériencesétrangèresQu’en est-il dans d'autres pays du monde, avec uncontexte politique, culturel, social et linguistique différentvis-à-vis du handicap et de la promotion de lasanté ?Dans une majorité de pays, l’attention portée auxpersonnes en situation de handicap est croissante. Laconvention relative aux droits des personnes handicapéesde l’Organisation des Nations unies, signée en2006 par 153 pays, présente l’accès à l’information, lacommunication et la santé comme un droit universel.Pour autant, les décideurs politiques tiennent rarementcompte de ces problématiques au moment de laformulation de leurs plans stratégiques de promotionet de prévention de la santé.Des initiatives novatrices et créatives sont menéespour les personnes sourdes ou malentendantes pardes acteurs locaux ou nationaux. La majorité d’entreelles concerne le VIH/sida, mais certains pays ontélargi les thèmes traités : cancers, santé sexuelle,grippe, contraception, sevrage tabagique, diabète, alimentation,violence, troubles psychologiques, respectd'autrui et estime de soi.Les principales actions mises en place visent à résorberles carences en matière d’information de ces publics.Parmi les initiatives recensées, deux approches sedégagent : la conception universelle avec la productiond'un support d'information unique accessible à tous(c'est le cas des sites web suivant les recommandationsdu W3C et de certaines campagnes télévisuelles) et laconception de supports adaptés pour un public spécifiquedans le cadre d'une campagne de prévention.55


Certaines initiatives à portée nationale méritent d’êtrecitées.Plusieurs pays suivent les recommandations duW3C (voir page 36) afin de rendre leurs sites Internetpublics accessibles. Il s’agit, entre autre, desÉtats-Unis, du Canada, du Brésil, de l’Espagne, duRoyaume-Uni, du Portugal, de la Finlande, de l’Australieet du Japon.L’Espagne s’est engagée dans une démarche d’accessibilitéuniverselle depuis 2004. Les campagnesd’information grand public sur les thèmes de santésont proposées dans des formats accessibles àtous : voix-off ou descriptif pour les personnes déficientesvisuelles, sous-titrage et langue des signesespagnole pour les personnes déficientes auditives.Campagne 2011 sur la prévention du VIH/sidaà destination des hommes homosexuels : DeHombre a hombre, habla del VIH. Porque elsilencio no puede ser un síntoma más.De hombre a hombre, habia del VIH.Source > ministère espagnol de la Santé, des Services sociaux et de l'Égalité.http://www.msc.es/campannas/campanas11/homeHSH2011.htm56


Les États-Unis sont particulièrement actifs en matièred’éducation à la santé pour les publics déficientsauditifs. On recense des actions de terrain, des projetsde recherche et l’adaptation d’un grand nombrede supports d’information.Deux sites généralistes sur l’éducation pour lasanté, spécifiquement dédiés à ces publicsSource > http://www.deafmd.orgSource > http://deafdoc.org57


La Suisse a soutenu une association qui a porté demultiples actions, et notamment le site Pisourd,riches en informations sur tous les thèmes de santé.Source > http://www.pisourd.chLe Royaume-Uni propose aussi un site accessibleaux personnes sourdes avec un chapitre sur la santémentale souvent cité en référence.Source > http://www.deafinfo.org.ukPour en savoir plus sur les initiatives menées à l’étranger,vous pouvez consulter le résultat de l’état deslieux réalisé pour l’<strong>Inpes</strong> :http://www.inpes.sante.fr/lsf/accessibiliteinternationale.<strong>pdf</strong>58


Conception graphique originale, maquette et réalisation :TBWA\CORPORATE - 50/54 rue de Silly - 92513 Boulogne-Billancourt CedexImpression : Fabrègue - Bois Joly - BP 10 - 87500 Saint-Yrieix-la-PercheDépôt légal décembre 201260


L’accès à l’information pour les personnes en situationde handicap est un enjeu de santé publique. Plus decinq millions de Français sont concernés par une déficienceauditive. Ces personnes peuvent être gênéespour accéder à l’information pourtant nécessaire pours’impliquer, comme tout un chacun, dans sa propresanté.ISBN 978-2-9161-9237-6 / 4110-95212-LCe guide est le fruit de l’expérience menée par l’<strong>Inpes</strong>,avec le soutien de la CNSA et des professionnels deterrain, pendant trois ans. En s’appuyant sur diversesexpériences et travaux, sans prétendre à l’exhaustivité,il apporte des réponses pratiques à tous ceux quiont une activité liée à la communication et qui souhaitentconcevoir une information accessible au plusgrand nombre.Ce guide est consultable en ligne sur le site de l'<strong>Inpes</strong>, enversion accessible aux formats PDF et HTML. Un secondguide Informer les personnes aveugles ou malvoyantesest également mis à disposition.Pour toute question sur ce projet ou pour nous fairepart de vos remarques ou suggestions d’amélioration,merci de nous contacter à l’adresse suivante :accessibilite@inpes.sante.fr.Ouvrage édité et diffusé gratuitement par l’<strong>Inpes</strong>ou ses partenaires. Ne peut être vendu.www.cnsa.frInstitut national de prévention et d’éducation pour la santé42, boulevard de la Libération93203 Saint-Denis cedex – France

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