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SECURITE & PRISE DE RISQUE en EPS - Eduka

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5L’<strong>en</strong>trée par l’appr<strong>en</strong>tissage de la sécurité (largem<strong>en</strong>t rép<strong>en</strong>due par les textes officiels), les r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>tsrèglem<strong>en</strong>taires ou productions qui l’accompagn<strong>en</strong>t (circ de mars 94), le contexte de judiciarisatioon croissanteainsi que les insuffisances des dispositifs de formation des <strong>en</strong>seignants, aboutiss<strong>en</strong>t à une pratique généralem<strong>en</strong>teuphémisée et aseptisée des APSA « à risque ». Les réflexions m<strong>en</strong>ées sur le sujet confirm<strong>en</strong>t ce point de vue.fiPour Eis<strong>en</strong>beis et Touchard & coll (6), l'analyse des pratiques <strong>en</strong>seignantes fait apparaître plusieurs niveauxd'« éducation à la sécurité » . La grille proposée par les auteurs peut constituer une grille de lecture despratiques d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t quant à leur pertin<strong>en</strong>ce pour <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer les appr<strong>en</strong>tissages de la sécurité :Eviter les effets Enseigner <strong>en</strong> établissant un rapport Permettre aux élèves de maîtriserles causes et les effetsDANGERREFUSERPrév<strong>en</strong>irGeste quisauve<strong>RISQUE</strong>ProtégerSécurité passivePermettre laprise de risqueAider à la prisede décisionSécurité active… vers une gestionautonome du risqueNiveau 0 Niveau 0 Niveau 1 Niveau 1 Niveau 2fi Pour P. GOIRAND (8), s’intéressant à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de la gymnastique, « Les pratiques actuellesdominantes sont façonnées par la tradition et la pression administrative ... Elles s’appui<strong>en</strong>t sur un modèleunique de pratique compétitive, socialisante, et sécuritaire. »Nous pouvons aisém<strong>en</strong>t élargir ce constat aux APPN avec une nuance concernant la pratique compétitive : ilest concevable, <strong>en</strong> escalade par ex, de développer des compét<strong>en</strong>ces de sécurité sans pratique compétitive. Onpeut constater cep<strong>en</strong>dant - <strong>en</strong> escalade - que fréquemm<strong>en</strong>t, au-delà de l’accés à une relative autonomie depratique dans un contexte donné (objet d’un 1er cycle d’initiation limité aux aspects fonctionnels de l’APSA),celle-ci se cantonne <strong>en</strong>suite à une pratique hédonique dont la mise à l’épreuve (et la prés<strong>en</strong>ce du risque qu’ellesuppose) est désormais abs<strong>en</strong>te.fifiCe constat est aussi celui de la faiblesse des dispositifs de formation des <strong>en</strong>seignants, qu’il s’agisse de laformation initiale ou de la formation continue. P. GOIRAND évoque à ce sujet le « manque de pertin<strong>en</strong>ceculturelle des <strong>en</strong>seignants ».Comm<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>seignant, s’il n’est pas <strong>en</strong> mesure de décl<strong>en</strong>cher chez ses élèves une véritable activitétechnique permettant la construction de compét<strong>en</strong>ces inhér<strong>en</strong>tes à la motricité spécifique, à la prise de risque età la gestion de la sécurité, dans un contexte-classe où les prises de risque, lorsqu’elles exist<strong>en</strong>t, devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>talors inconsidérées ... peut-il ne pas être omnibulé par la préservation de l’intégrité physique de ses élèves ?Les textes régissant la responsabilité de l’<strong>en</strong>seignant soulign<strong>en</strong>t sa vocation à concevoir sa propre pratiqueet choisir les APSA à <strong>en</strong>seigner (<strong>en</strong> estimer la « dangerosité »). La circulaire du 5/10/73 pose pour principeque « les professeurs et maîtres peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>seigner toute discipline où ils s’estim<strong>en</strong>t capables de le faire ». Defait, les réc<strong>en</strong>ts travaux concernant l’accid<strong>en</strong>tologie <strong>en</strong> <strong>EPS</strong> [on peut se référer ici à l’article de GRAVIER &coll. / Revue <strong>EPS</strong> N° 261 « Enquête sur les accied<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> <strong>EPS</strong> », ainsi qu’à la communication du PrMOULIES sur le serveur internet <strong>EPS</strong> de l’académie de Poitiers] montr<strong>en</strong>t que les accid<strong>en</strong>ts ne sont pas plusfréqu<strong>en</strong>ts ni plus graves dans les APSA « à risque » et les APPN <strong>en</strong> particulier.Cep<strong>en</strong>dant, le contexte sécuritaire - et les dispositifs règlem<strong>en</strong>taires ou juridiques qui favoris<strong>en</strong>t sapénétration du système éducatif - pès<strong>en</strong>t lourd sur les pratiques <strong>en</strong>seignantes. Ainsi, l’obligation faite par lacirculaire de juin 72 de faire approuver le projet pédagogique par l’autorité hiérarchique, les recommandationsde la note de service de mars 94, le décret de juin 96 portant sur les équipem<strong>en</strong>ts ... constitu<strong>en</strong>t,contradictoirem<strong>en</strong>t, des garde-fous parfois utiles au système éducatif et aux <strong>en</strong>seignants, mais aussi unebatterie de prescriptions r<strong>en</strong>forçant le climat sécuritaire de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de l’<strong>EPS</strong>. Les cas réc<strong>en</strong>tsd’inculpation d’<strong>en</strong>seignants d’<strong>EPS</strong> au pénal montr<strong>en</strong>t que ce dispositif règlem<strong>en</strong>taire, pour autant qu’il soitd<strong>en</strong>se et précis, ne se montre pas imperméable à la jurisprud<strong>en</strong>ce ...CASTAGNINO / 2000


6fi En ce qui concerne les programmes <strong>EPS</strong>, comme le souligne P. GOIRAND (8) à propos de la gymnastique,« la prise de risque n’est pas traitée comme une <strong>en</strong>jeu de cet <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. On y parle de sécurité et desconditions à respecter pour que les élèves ne soi<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> danger. C’est <strong>en</strong>core une conception déf<strong>en</strong>siveassimilant risque et danger ... incitant à une pratique normative et sécuritaire. ».Une lecture att<strong>en</strong>tive des programmes et des textes d’accompagnem<strong>en</strong>t montre que le terme « risque » n’estm<strong>en</strong>tionné que pour insister sur la nécessité d’un « niveau zéro de risque objectif » sans jamais faire unem<strong>en</strong>tion explicite à l’utilité de l’appr<strong>en</strong>tissage de la prise de risque.Le resserrem<strong>en</strong>t des textes autour de la sécurité constitue davantage une réponse institutionnelle (propre àrassurer les part<strong>en</strong>aires du système éducatif) qu’un moy<strong>en</strong> efficace d’ajustem<strong>en</strong>t des cont<strong>en</strong>us aux int<strong>en</strong>tionséducatives. Y parv<strong>en</strong>ir suppose une réflexion r<strong>en</strong>ouvelée sur les <strong>en</strong>jeux éducatifs et leur affirmation expliciteainsi qu’ un effort important sur la formation des <strong>en</strong>seignants d’<strong>EPS</strong> concepteurs de leurs pratiquesd’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.LES ENJEUX EDUCATIFSEducation à la sécurité ou appr<strong>en</strong>tissage de la prise de risque?Les approches respectives des notions de risque et de sécurité nous ont montrées que les deux volets del’activité de l’élève sont indissociables : il n’y a pas d’appr<strong>en</strong>tissage de la sécurité s’il n’y a pas le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de laprés<strong>en</strong>ce du risque. Celà étant posé, la réflexion sur les <strong>en</strong>jeux - amorcée dans l’approche des notions - et sa mise<strong>en</strong> perspective avec les évolutions du contexte sécuritaire de l’<strong>EPS</strong>, doit nous permettre de mieux concevoir descont<strong>en</strong>us adaptés (et définir les compét<strong>en</strong>ces d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t utiles à leur conception et leur mise <strong>en</strong> oeuvre).fiSelon EISENBEIS - TOUCHARD & coll. (6), il y a deux <strong>en</strong>jeux principaux que l’on peut qualifier degénéraux (à visée transversale) et la suggestion d’une démarche pédagogique :* “ Faire bénéficier l’<strong>en</strong>fant (véritablem<strong>en</strong>t mis au cœur du système éducatif, dans une démarche pédagogiqueréfléchie et continue) de l’appr<strong>en</strong>tissage de risques calculés et d’une progressive maîtrise de soi. ”* “ … au delà et <strong>en</strong> dehors de l’école ... faire pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce à l’<strong>en</strong>fant de ce qui l’<strong>en</strong>vironne dans la vie,favoriser le développem<strong>en</strong>t de tout son pot<strong>en</strong>tiel et de son s<strong>en</strong>s civique afin qu’il puisse, dans la vie <strong>en</strong>société, conquérir et maîtriser par lui même, l’ét<strong>en</strong>due effective de sa propre liberté ”.fi Pour D.<strong>DE</strong>LIGNIERE les <strong>en</strong>jeux sont (4):• C<strong>en</strong>trés sur l’accès aux pratiques sociales : il fait implicitem<strong>en</strong>t référ<strong>en</strong>ce à l’intérêt de l’accès de tous à unepratique autonome. Pour ce faire il cite un extrait du rapport du Conseil Economique et Social de 1990 :“ On est <strong>en</strong> droit de p<strong>en</strong>ser qu’un <strong>en</strong>fant à qui l’on aura inculqué dés ses jeunes années certains réflexes desécurité au cours d’activités sportives <strong>en</strong>cadrées aura acquis un certain s<strong>en</strong>s du danger et une consci<strong>en</strong>ce deses responsabilités lorsque , parv<strong>en</strong>u à l’âge adulte, il ira acheter ou louer un matériel et pratiquerindividuellem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> dehors de tout <strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t, le sport ou le loisir qu’il aura librem<strong>en</strong>t choisi. On peutmême imaginer qu’il recourra plus facilem<strong>en</strong>t à la médiation de professionnels si la pratique du sport ou duloisir prés<strong>en</strong>te des difficultés ”.• Il met l’acc<strong>en</strong>t sur ce qui est souv<strong>en</strong>t invoqué lors de l’utilisation des activités à risque à des fins deréadaptation ou réinsertion sociale : “ il semble que les activités à risque … permett<strong>en</strong>t un développem<strong>en</strong>t dece que les auteurs anglo-saxons appell<strong>en</strong>t les self-concepts tels que l’estime de soi et le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t decompét<strong>en</strong>ce ”.• Il invoque la nécessité de réduire le coût social des accid<strong>en</strong>ts sportifs lié <strong>en</strong> particulier à la massificationréc<strong>en</strong>te de certaines pratiques physiques.fiP. GOIRAND (8), dans la logique de contribution de l’<strong>EPS</strong> à la lutte contre l’échec scolaire évoquée plushaut, considére que le « savoir pr<strong>en</strong>dre des risques » doit constituer un <strong>en</strong>jeu prioritaire de l’école etdev<strong>en</strong>ir l’objectif c<strong>en</strong>tral de l’<strong>EPS</strong>. L’appr<strong>en</strong>tissage de la prise de risque est une contribution au parti prisd’une réelle démocratisation de l’école : « ... pour que chaque vie singulière échappe à ses déterminationssocio-culturelles ... ».CASTAGNINO / 2000


7L’échec scolaire et la viol<strong>en</strong>ce résult<strong>en</strong>t de l’incapacité construite à remettre <strong>en</strong> cause le déterminismesocial. Pour GOIRAND « le déni de la prise de risque, dans la société sécuritaire, vérouillée, aliène lesindividus et de ce fait <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre la viol<strong>en</strong>ce... La viol<strong>en</strong>ce, c’est la conséqu<strong>en</strong>ce de la suppression de la prisede risque ».L’imprévisibilité de l’av<strong>en</strong>ir sur le long terme, d’autant plus grande qu’il y a échec scolaire, implique qu’« il faudra pour chacun isolém<strong>en</strong>t ou collectivem<strong>en</strong>t connaître le possible, évaluer le probable, le confronterau souhaitable et décider. La prise de risque est dans la décision. ... ».Il rejoint <strong>DE</strong>VELAY pour dire que tout appr<strong>en</strong>tissage est prise de risque (car il remet <strong>en</strong> question un étatd’équilibre et déstabilise l’appr<strong>en</strong>ant) : « Si l’élève ne met ri<strong>en</strong> <strong>en</strong> jeu, s’il ne pr<strong>en</strong>d aucun risque, iln’appr<strong>en</strong>dra ri<strong>en</strong>. Il restera dans son activité de routine... Pour appr<strong>en</strong>dre, l’homme s’<strong>en</strong>gage dans dessituations où il ne connait pas l’issue. C’est là qu’est le risque mais c’est là aussi qu’est son av<strong>en</strong>ir ».Ces différ<strong>en</strong>ts points de vue ne s’exclu<strong>en</strong>t nullem<strong>en</strong>t, mais l’<strong>en</strong>semble doit être mis <strong>en</strong> perspective avec lecontexte sécuritaire et l’état des pratiques <strong>en</strong>seignantes. Comme nous l’avons montré plus haut, l’<strong>en</strong>trée parl’appr<strong>en</strong>tissage de la sécurité a favorisé la programmation des activités "à risque",. Cep<strong>en</strong>dant, sous les effetsconjugués du contexte et des insuffisances de la formation, elle a <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré la dérive des cont<strong>en</strong>us vers unepratique euphémisée et aseptisée des APSA à risque.Afin que les cont<strong>en</strong>us proposés permett<strong>en</strong>t de réels appr<strong>en</strong>tissages <strong>en</strong> terme de maîtrise du risque et de gestionde la sécurité, pour que l’<strong>EPS</strong> contribue non à « l’assignation à résid<strong>en</strong>ce » évoquée par ROCHEX (8) mais à lalutte contre l’échec scolaire, pour que les <strong>en</strong>seignants ai<strong>en</strong>t à leur disposition une référ<strong>en</strong>ce explicitedynamisante, nous p<strong>en</strong>sons avec P. GOIRAND qu’il faut mettre la prise de risque au coeur des <strong>en</strong>jeuxéducatifs. Formulé de manière synthétique, l’objectif est de :Permettre l’appr<strong>en</strong>tissage de la prise de risque dans une perspective de pratique autonome.(Que l’on pourrait qualifier de « savoir s’<strong>en</strong>gager » )... il s’agit <strong>en</strong> subst<strong>en</strong>ce de permettre à chaque élève, dans le cadre d’une APSA donnée de :• de savoir choisir, accepter et assumer l’épreuve (se mettre <strong>en</strong> jeu dans une prise de risque calculée)• de savoir créer les conditions pour résoudre les problèmes posés (développer une activité techniqueadaptée)• de savoir préserver sa propre sécurité et celle des autresLES SAVOIRS <strong>DE</strong> LA MAITRISE DU <strong>RISQUE</strong> ET <strong>DE</strong> LA <strong>SECURITE</strong>Il faut noter ici que la plupart de travaux cités <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce se sont davantage inscrits dans une recherche, pourl’élève, de la maîtrise de la sécurité, et pour cause .... Ces approches ne sont nullem<strong>en</strong>t contradictoires avec unec<strong>en</strong>tration sur la prise de risque dés lors qu’elles s’inscriv<strong>en</strong>t dans une recherche, pour l’élève, d’accés à unesécurité active. Cep<strong>en</strong>dant, s’il est probable que ces att<strong>en</strong>dus mériterai<strong>en</strong>t quelques inflexions, nous nousgarderons d’<strong>en</strong> transformer la t<strong>en</strong>eur, laissant à chacun le soin d’<strong>en</strong> faire bon usage.Pour la plupart de ces auteurs la sécurité peut être appréh<strong>en</strong>dée comme une notion évolutive, une transformationpar l’expéri<strong>en</strong>ce des représ<strong>en</strong>tations des élèves.fi LAGARRIGUE (3) p<strong>en</strong>se qu’il s’agit de développer une attitude qui serait généralisable, au-delà des APPN(ou autre APS "à eisque"), à l’<strong>en</strong>semble des APSA. Il la définit, citant ALPORT, comme “ un état m<strong>en</strong>tal etneurophysiologique constitué par l’expéri<strong>en</strong>ce, et qui exerce une influ<strong>en</strong>ce dynamique sur l’individu, le préparantà réagir d’une manière particulière à un certain nombre d’objets et de situations ”.fiPour <strong>DE</strong>LIGNIERES, c’est <strong>en</strong> acquérant une compét<strong>en</strong>ce significative dans une APSA “ à risque ” quel’élève pourra bénéficier d’une réelle éducation à la sécurité dans les pratiques physiques. Il distingue leshabiletés spécifiques à l’APPN (visant généralem<strong>en</strong>t à assurer sa progression) et des habiletés de sécurité.CASTAGNINO / 2000


8Le savoir pr<strong>en</strong>dre des risques <strong>en</strong> toute sécurité se situe à l’interface des problèmes posés par les APSA et desressources dont dispose l’élève pour y faire face. On peut, <strong>en</strong> s'appuyant sur le cadre proposé par <strong>DE</strong>LIGNIERES& GARSAUT ("Objectifs et cont<strong>en</strong>us de l'<strong>EPS</strong>" / Revue <strong>EPS</strong> N° 242 / Juillet 93), décliner quatre quatre niveauxde savoirs (selon leur degré de généralisation) : Des attitudes & valeurs :Eveil et vigilance, humilité, autonomie, coopération, communication, prise de décision, contrôletonique, équilibration, etc ... (2)D.<strong>DE</strong>LIGNIERES insiste, se référant au caractère intuitif et infraconsci<strong>en</strong>t des processus mis <strong>en</strong> jeux,sur le fait que “ si l’attitude constitue le soubassem<strong>en</strong>t motivationnel du comportem<strong>en</strong>t, la manière laplus efficace de la modifier consiste à modifier dans un premier temps le comportem<strong>en</strong>t ” (4) .Il insiste égalem<strong>en</strong>t sur le li<strong>en</strong> reliant la capacité à gérer la prise de risque et sa propre sécurité avec lacapacité du sujet à gérer la difficulté de la tâche de manière autonome. Cette idée rejoint ce queP.GOIRAND appelle la culture d'appr<strong>en</strong>tissage. Des connaissances:- Connaissances sur l'APSA (Ex <strong>en</strong> escalade : les factaurs du risque objectif, les règles de codificationdes difficultés …)- Connaissances sur soi (Ex <strong>en</strong> escalade : Son niveau de peformance <strong>en</strong> tête, <strong>en</strong> moulinette, <strong>en</strong> terraind'av<strong>en</strong>ture, à vue ...)- Connaissances sur l'action motrice (En escalade : règles et principes de l'action efficace pouraffronter des catégories de problèmes données …) Des habiletés méthodologiques (Ex <strong>en</strong> escalade)- Savoir s'organiser <strong>en</strong> groupe pour utiliser une surface grimpable- S'échauffer <strong>en</strong> fonction du projet d'activité- Vérifier l'état de sécurité du dispositif utilisé- Préparer son matèriel- Savoir lire un topo … etc Des habiletés motrices spécifiques (Ex <strong>en</strong> escalade)- Des habiletés spécifiques à la progression du grimpeur (La diversité de l'atirail technique dugrimpeur lui permet d'affronter une grande quantité de problèmes. L'incertitude <strong>en</strong> devi<strong>en</strong>t dés lors unmoindre risque).- Des habiletés de sécurité (Savoir parer <strong>en</strong> bloc, assurer <strong>en</strong> moulinette, assurer <strong>en</strong> tête, desc<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>rappel, poser des coinceurs …)- Des habiletés d'évitem<strong>en</strong>t (Maîtriser la chute <strong>en</strong> tête, réaliser des mouflages, remonter sur une cordefixe …)ELABORATION <strong>DE</strong>S CONTENUS : QUELQUES REGLES UTILES Il est nécessaire de transformer les représ<strong>en</strong>tations sociales que les élèves ont des activités “ àrisque ”.Il s’agit de permettre aux élèves de faire progressivem<strong>en</strong>t la part <strong>en</strong>tre risque subjectif et risque objectif. Lesinterv<strong>en</strong>tions s’appuyant sur la persuasion et le raisonnem<strong>en</strong>t ne peuv<strong>en</strong>t avoir qu’un effet limité. C’estess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t par la pratique <strong>en</strong> situations signifiantes que ces transformations pourront s’opérer.Il s’agit donc de faire accéder au plaisir de contrôler et surmonter le « danger » au moy<strong>en</strong> de techniquesspécifiques que l’on peut appr<strong>en</strong>dre et perfectionner. C’est le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de compét<strong>en</strong>ce qui découle de cesappr<strong>en</strong>tissages qui permet de dépasser l’hinibition initiales (4).CASTAGNINO / 2000


9L’appr<strong>en</strong>tissage de la prise de risque et la construction de la sécurité active r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t nécessairela confrontatin à l’épreuve, la préservation de certains facteurs de risque.Pour P. GOIRAND (8) « Ce que l’on appelle l’épreuve <strong>en</strong> gymnastique, cette recherche d’émotion, devertige, de peur y compris ... Dans l’épreuve il y a une dim<strong>en</strong>sion forte qui dépasse la dim<strong>en</strong>sion purem<strong>en</strong>topératoire technique, la technique n’étant que l’instrum<strong>en</strong>t de gestipon de l’épreuve ... »C’est ce que <strong>DE</strong>LIGNIERES définit comme “ un contexte signifiant ”. Ne peut émerger la nécessité deconstruire des compét<strong>en</strong>ces “ de sécurité ” que si l’élève a le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de la prés<strong>en</strong>ce du risque.Cette prés<strong>en</strong>ce n’est pas forcém<strong>en</strong>t nécessaire dans chacune des situations, mais elle doit, au minimum,s’inscrire <strong>en</strong> perspective. C’est, <strong>en</strong> premier lieu, une condition pour que soit préservée la dim<strong>en</strong>sion exist<strong>en</strong>tielledu risque: condition nécessaire à l’implication des élèves. Une APSA euphémisée, dont on aurait artificiellem<strong>en</strong>tcontrôlé tous les facteurs de risque, serait, outre la perte de s<strong>en</strong>s qu’elle <strong>en</strong>traînerait pour les élèves, une incitationà une pratique sauvage (et non maîtrisée) hors de l’école (4).Le risque dont il s’agit ici est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t le risque subjectif.Ce principe r<strong>en</strong>voi tout particulièrem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> APPN, à la préservation d’ une dose nécessaire d’incertitude.Cela n’est pas toujours aisé <strong>en</strong> <strong>EPS</strong> (SAE souv<strong>en</strong>t limitée <strong>en</strong> escalade, terrain connu <strong>en</strong> CO ...) mais des procédésdidactiques exist<strong>en</strong>t qui permett<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ou le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t de l’incertitude. Lorsque cela est possible ilest toujours utile de changer et (ou) de varier le milieu. Ri<strong>en</strong> ne remplace la pratique variée <strong>en</strong> pleine nature(ainsi, <strong>en</strong> escalade, la pratique de référ<strong>en</strong>ce doit rester, même <strong>en</strong> SAE, l’escalade “ à vue ” <strong>en</strong> milieu naturel). L’<strong>en</strong>seignant doit gérer de façon optimale et différ<strong>en</strong>ciée l’équilibre <strong>en</strong>tre sécurité active etsécurité passive … dans le but de permettre à l'élève d'<strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir son propre gestionnaire.L’aide à la prise de décision doit permettre à l’élève, à terme, d’accéder à une gestion autonome du risque :c’est une éducation à la sécurité active. Cep<strong>en</strong>dant, dans les situations de grande incertitude pour l’élève,inscrite dans le contexte d’une pratique de classe, subsiste la nécessité de prév<strong>en</strong>ir et de protéger : assurer unedose optimale de sécurité passive.Les dispositifs de sécurité passive (Escalade : tapis <strong>en</strong> bloc, contre-assurage, suréquipem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> falaise...CO :espace de recherche très limité ...) seront prés<strong>en</strong>ts dans les phases de déstabilisation, d’incertitude, de décalageimportant <strong>en</strong>tre les ressources des élèves et les contraintes de la tâche : initiation, changem<strong>en</strong>t important dans lemilieu, accès à de nouveaux problèmes (escalade “ <strong>en</strong> tête ” par ex ...) ... ainsi que dans les phases où l’élèveconstruit de nouvelles habiletés pour assurer de manière autonome sa propre sécurité .Cep<strong>en</strong>dant, l’accès progressif des élèves à la sécurité active suppose une individualisation et une“ autonomisation ” du niveau de prise de risque (mesurer et gérer de manière de plus <strong>en</strong> plus autonome ledécalage <strong>en</strong>tre ses propres ressources et les problèmes posés par le milieu). Progressivem<strong>en</strong>t, l’interv<strong>en</strong>tion del’<strong>en</strong>seignant doit dev<strong>en</strong>ir un accompagnem<strong>en</strong>t et un guidage des projets d’action de ses élèves. Citons l’exemplede la situation de pratique autonome de l’escalade <strong>en</strong> milieu naturel : chacun, à partir du topo, formule un projetqu’il soumet à l’<strong>en</strong>seignant avant de s’<strong>en</strong>gager dans la voie.De manière générale ’<strong>en</strong>seignant l guide l'élève dans son projet technique et de performance (cfGOIRAND / "Donner du s<strong>en</strong>s à la pratique" / Spirales N°8 / 95), lui déléguant de manière progressive la totalegestion de la sécurité.Nous insistons ici sur l’importance de l’expertise de l’<strong>en</strong>seignant qui doit, dans ces situations d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tcaractérisées par la dévolution aux élèves, exercer une grande vigilance (forcém<strong>en</strong>t très sélective), pr<strong>en</strong>dre desdécisions nombreuses et parfois dans l’urg<strong>en</strong>ce.Les outils qui permett<strong>en</strong>t ce guidage de la pratique autonome des élèves devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors indisp<strong>en</strong>sables.L’acquisition de capacités doit s’appuyer sur une conceptualisation des choix effectués par lesélèves.Nous avons vu que le risque préfér<strong>en</strong>tiel relève de processus intuitifs et infraconsci<strong>en</strong>ts. Cep<strong>en</strong>dant la recherchedu « savoir pr<strong>en</strong>dre des risques », la généralisation de "l'attitude de sécurité" doiv<strong>en</strong>t inciter l’<strong>en</strong>seignant àfavoriser une activité d’analyse, d'auto-évaluation, de conceptualisation. Cela est possible à divers niveaux :- Dans l’analyse de la situation : Quels indices pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte pour évaluer le risque ? Quels outils mettre<strong>en</strong> œuvre pour y parv<strong>en</strong>ir (météo, topo, récits…) ?- Dans la dissonance provoquée <strong>en</strong>tre risque préfér<strong>en</strong>tiel et risque perçu : A quelles conditions puis-jem’<strong>en</strong>gager ? A quelle technique dois-je recourir ? En ai-je les moy<strong>en</strong>s aujourd’hui ?…CASTAGNINO / 2000


10- Dans les bilans d’actions m<strong>en</strong>ées (objectivation du résultat) : Pourquoi y a-t-il eu échec ou réussite ? Quelleserreurs ?…- Dans la progressivité de la prise de risque par les élèves : à quel niveau de compét<strong>en</strong>ce puis-je pr<strong>en</strong>dre tel outel risque ? ...à partir de quand puis-je, par ex, grimper “ <strong>en</strong> tête ” ? ...La mise <strong>en</strong> place de situations-problèmes et situations de résolution de problème, sollicitant l'activitécognitive de l'élève, lui permettant de construire de nouveaux repères, constitu<strong>en</strong>t un recours indisp<strong>en</strong>sable.Afin de permettre à l’élève d’être à terme capable de s’<strong>en</strong>gager de manière autonome, suppose quel’<strong>en</strong>seignant le lui permettre très tôt dans son appr<strong>en</strong>tissage. Cela passe par l’id<strong>en</strong>tification des élém<strong>en</strong>tspertin<strong>en</strong>ts à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte. Pour l’<strong>en</strong>seignant, il est nécessaire de s’inscrire dans une démarche globale de médiation.L’appr<strong>en</strong>tissage de la sécurité s’inscrit dans une démarche où prévaut une conception d’autonomie évolutive,où, selon ses capacités, l’élève est l’acteur de ses propres acquisitions. Cette démarche se situe dans unedim<strong>en</strong>sion éthique de l’éducation où le pari de la confiance <strong>en</strong> l’élève est quasi perman<strong>en</strong>t, où l’individu estrespecté dans sa singularité, où l’élaboration de règles de vie et d’action, de comportem<strong>en</strong>ts adaptés etresponsables, est une construction à la fois collective et personnelle. Ces ori<strong>en</strong>tations donn<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>seignant unefonction prépondérante de médiation (6).Ainsi, les mises <strong>en</strong> œuvre de l’<strong>en</strong>seignant doiv<strong>en</strong>t-elles laisser à l’élève une large part d’initiatives et dechoix ; qu’elles fass<strong>en</strong>t de lui un acteur impliqué qui évalue, avec une charge plus ou moins grande d’émotion,les risques <strong>en</strong>courus dans une situation nouvelle ; qu’elles lui permett<strong>en</strong>t d’apporter, avec efficacité et lucidité, sesréponses personnelles pour gérer l’incertitude ou le risque répété (6). Dans cette perspective l'<strong>en</strong>seignant devraétablir un contrat clair avec l'élève sur ses propres prérogatives : <strong>en</strong> matière d'évaluation, de sécurité … Ex : <strong>en</strong>escalade <strong>en</strong> tête, lorsqu'il <strong>en</strong>visage une performance proche de son meilleur niveau, l'élève devra soumettre sonprojet à l'<strong>en</strong>seignant.En substance : s'appuyant sur une pédagogie du projet, l’<strong>en</strong>seignant suscite, nourri et guide le projet dechacun de ses élèves.L'<strong>en</strong>seignant doit disposer d'une grille de lecture lui permettant d'inférer le comportem<strong>en</strong>t deses élèves <strong>en</strong> activité afin de leur proposer des situations signifiantes et adaptées.Les activités à risque <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t l'élève dans la globalité de sa personne. Les dim<strong>en</strong>sions cognitive, bioénergétique,affective … sont sollicitées de manière importante. Un modèle de lecture de l'activité adaptativedes élèves pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte que les niveaux de maîtrise et de performance est nécessaire mais insuffisant. Il nepermettrait pas d'appréh<strong>en</strong>der correctem<strong>en</strong>t la globalité (et la complexité) du rapport de l'élève à l'activité. Ainsil'<strong>en</strong>seignant qui confronte pour la première fois une classe à l'escalade aura-t-il à à faire à nombre d'élèves dont lanature de leur rapport à l’APSA est avant tout d'ordre émotionnel.A partir des travaux de G.BUI XUAN ("Une modélisation du procès pédagogique" / AFRAPS / 93), ainsi quede la classification des APSA proposée par le groupe SPIRALE, nous proposons une grille de lecture ducomportem<strong>en</strong>t des élèves <strong>en</strong> escalade à partir du s<strong>en</strong>s conféré par les élèves à leur activité (JC CASTAGNINO /99).L'<strong>en</strong>seignant construit des outils favorisant la gestion des tâches et des projets par les élèveeux-mêmes :- il doit permettre à ses élèves de connaître ses niveaux de performance, ses acquis techniques, sescompét<strong>en</strong>ces de sécurité … afin de s'<strong>en</strong>gager dans un nouveau projet (de performance, technique …). Ex dela fiche individuelle où l'élève note et fait valider par l'<strong>en</strong>seignant ses différ<strong>en</strong>ts niveaux.- il permet aux élèves de connaître les pré-requis nécessaires pour s'<strong>en</strong>gager (ex : savoir poser des dégainesavant de grimper <strong>en</strong> tête);- il leur donne les moy<strong>en</strong>s de savoir lire une tâche et son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t pour <strong>en</strong> connaître les exig<strong>en</strong>ces(savoir utiliser un topo <strong>en</strong> escalade, une carte <strong>en</strong> CO …);- il peut proposer des tâches à but pré-défini, permettant ainsi à l'élève de choisir la tâche adaptée à sonproblème;CASTAGNINO / 2000


12(4) D. <strong>DE</strong>LIGNIERES“ Risque préfér<strong>en</strong>tiel, risque perçuet prise de risque ”Corrigé de devoir"Sécurité passive et sécurité active …"“ L’appr<strong>en</strong>tissagemoteur … ”Revue <strong>EPS</strong>CNED9196(5) P. <strong>DE</strong>SCHAUXInterv<strong>en</strong>tion“ Comm<strong>en</strong>t intégrer les aspects relatifsà la sécurité dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t desAPPN ”Actes de l’université d’été 94(6) J.EISENBEISY. TOUCHARD& collectifLivre“ L’éducation à la sécurité ”Editions“ Revue <strong>EPS</strong> ”Edition de95(7) C.BRIGNONH. LACROIXLivre« L’av<strong>en</strong>ture, ça s’appr<strong>en</strong>d ! »CRDP <strong>DE</strong> Picardie 96(8)Paul GOIRANDInterv<strong>en</strong>tion« La sécurité <strong>en</strong> <strong>EPS</strong> »ou« L’appr<strong>en</strong>tissage du risque, <strong>en</strong>jeu del’école moderne »C<strong>en</strong>tre« <strong>EPS</strong> et société »de CAEN juin 99CASTAGNINO / 2000

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