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Agrodok 15 La pisciculture en eau douce à petite échelle - Anancy

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<strong>Agrodok</strong> <strong>15</strong><strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong><strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelleAssiah van EerTon van SchieAldin Hilbrands


© Fondation Agromisa, Wag<strong>en</strong>ing<strong>en</strong>, 2004.Tous droits réservés. Aucune reproduction de cet ouvrage, même partielle, quelque soit leprocédé, impression, photocopie, microfilm ou autre, n'est autorisée sans la permissionécrite de l'éditeur.Première édition français : 1996Deuxième édition français : 2004Auteurs : Assiah van Eer, Ton van Schie, Aldin HilbrandsIllustrators : Linda Croese, Oeke Kuller, Barbera OranjeTraduction : Evelyne CodazziImprimé par : Digigrafi, Wag<strong>en</strong>ing<strong>en</strong>, the NetherlandsISBN : 90-7707-373-6NUGI : 835


Avant-proposCet <strong>Agrodok</strong> a pour objectif de fournir des informations de base sur lamise <strong>en</strong> place d'une installation piscicole à <strong>petite</strong> échelle <strong>en</strong> vue desatisfaire les besoins quotidi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> protéines.Les pratiques piscicoles étant très diverses, cet <strong>Agrodok</strong> se limite à la<strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> dans des structures <strong>en</strong> terre. Comme l'élevage<strong>en</strong> étang est la forme de <strong>pisciculture</strong> la plus courante sous lestropiques, ce livret donne des informations sur la construction et lagestion des étangs.Nous aimerions recevoir vos comm<strong>en</strong>taires sur le cont<strong>en</strong>u de ce livret.Wag<strong>en</strong>ing<strong>en</strong>, 1996Assiah van Eer, Ton van Schie, Aldin Hilbrands.Avant-propos 3


Sommaire1 Introduction 62 <strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> : principes de base 72.1 Planification d'une <strong>en</strong>treprise aquicole 73 Planification du site et type de <strong>pisciculture</strong> 103.1 Choix du site 103.2 Type de ferme aquicole <strong>15</strong>3.3 Autres méthodes piscicoles 204 Les pratiques piscicoles 234.1 Choix des espèces de poisson 234.2 L'alim<strong>en</strong>tation des poissons 264.3 Transpar<strong>en</strong>ce de l'<strong>eau</strong> comme indicateur de fertilité 294.4 Santé et maladies 314.5 Reproduction 334.6 <strong>La</strong> récolte du poisson 344.7 Entreti<strong>en</strong> et suivi 385 <strong>La</strong> culture de la carpe 435.1 <strong>La</strong> carpe commune 445.2 <strong>La</strong> carpe indi<strong>en</strong>ne et la carpe chinoise 496 <strong>La</strong> culture du tilapia 536.1 Production des oeufs 566.2 Les étangs de croissance 576.3 Alim<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong>grais 576.4 Taux de mise <strong>en</strong> charge et niv<strong>eau</strong>x de production 587 <strong>La</strong> culture du poisson-chat 607.1 <strong>La</strong> production des oeufs 617.2 Les écloseries 637.3 <strong>La</strong> production d'alevins 634<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


1 IntroductionCet <strong>Agrodok</strong> a pour objectif de fournir des informations de base sur lamise <strong>en</strong> place d'une installation piscicole à <strong>petite</strong> échelle <strong>en</strong> vue desatisfaire les besoins quotidi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> protéines.Les pratiques piscicoles étant très diverses, cet <strong>Agrodok</strong> se limite à la<strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> dans des structures <strong>en</strong> terre. Comme l'élevage<strong>en</strong> étang est la forme de <strong>pisciculture</strong> la plus courante sous lestropiques, ce livret donne des informations sur la construction et lagestion des étangs.<strong>La</strong> première partie (Chapitres 2 à 4) décrit les principes de la <strong>pisciculture</strong>,notamm<strong>en</strong>t le choix du site et le type de <strong>pisciculture</strong>. Le chapitre4 traite des pratiques piscicoles, notamm<strong>en</strong>t le choix des espèces,l'alim<strong>en</strong>tation, les aspects sanitaires, la reproduction, la récolte et l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>des étangs.<strong>La</strong> deuxième partie (Chapitres 5 à 7) donne des informations spécifiquessur la culture de la carpe, du tilapia et du poisson-chat.6<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


2 <strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> : principes debaseLe poisson a constitué p<strong>en</strong>dant des siècles une part importante des régimesalim<strong>en</strong>taires humains dans de nombreux pays du monde. Grâc<strong>eau</strong>x progrès technologiques, notamm<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>gins très puissants et àl'équipem<strong>en</strong>t sonar, le volume de la pêche s'est rapidem<strong>en</strong>t accru aucours des c<strong>en</strong>t dernières années. Même si ce volume stagne depuis <strong>15</strong>ans, la pêche excessive a déjà provoqué une baisse des réserves poissonnièresjusqu'à dev<strong>en</strong>ir à l'heure actuelle un problème mondial. Lebesoin d'augm<strong>en</strong>ter les réserves par la <strong>pisciculture</strong> est urg<strong>en</strong>t.Le terme d'aquiculture (ou <strong>pisciculture</strong>) recouvre toutes les formes deculture d'animaux et de plantes aquatiques <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong>, saumâtre etsalée. L'aquiculture a le même objectif que l'agriculture : augm<strong>en</strong>ter laproduction alim<strong>en</strong>taire au-dessus du niv<strong>eau</strong> de production naturelle.Tout comme <strong>en</strong> agriculture, les techniques piscicoles compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tl'<strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t des plantes et des animaux indésirables, leur remplacem<strong>en</strong>tpar des espèces désirées, l'amélioration des espèces par le croisem<strong>en</strong>tet la sélection, et l'amélioration de la nourriture disponible parun apport d'<strong>en</strong>grais. Combinée à l'agriculture, à l'élevage et aux techniquesd'irrigation, la <strong>pisciculture</strong> conduit à une meilleure utilisationdes ressources locales et, <strong>en</strong> fin de compte, à une augm<strong>en</strong>tation de laproduction et des bénéfices. Cette pratique appelée "<strong>pisciculture</strong> intégrée"est traitée <strong>en</strong> détail dans l'<strong>Agrodok</strong> 21.2.1 Planification d'une <strong>en</strong>treprise aquicole<strong>La</strong> terre, l'<strong>eau</strong> et les conditions climatiques sont les principaux facteursnaturels devant <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> considération. Avant d'aménager un site pourl'aquiculture, il faut étudier les effets que cela pourra avoir sur l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Des zones importantes du point de vue écologique (par ex.les forêts mangroves) ne doiv<strong>en</strong>t pas être utilisées pour l'aquiculture.Les conditions ess<strong>en</strong>tielles sont la qualité et la quantité de l'<strong>eau</strong> dispo-<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> : principes de base 7


nible. Le type d'aquiculture et les espèces animales ou végétales pouvantêtre cultivées dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>en</strong> grande mesure des propriétés du site.Avantages de la <strong>pisciculture</strong>.? Le poisson fournit des protéines animales de très bonne qualité pour laconsommation humaine.? L'intégration de l'aquiculture dans l'exploitation agricole fournit un rev<strong>en</strong>usupplém<strong>en</strong>taire et améliore la gestion de l'<strong>eau</strong> dans la ferme.? <strong>La</strong> croissance des poissons <strong>en</strong> étang peut être contrôlée : on élève uniquem<strong>en</strong>tles poissons que l'on choisit.? Les poissons produits <strong>en</strong> étang apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au propriétaire de l'étang ; ilssont protégés et peuv<strong>en</strong>t être récoltés à volonté. Les poissons <strong>en</strong> <strong>eau</strong> librepeuv<strong>en</strong>t être pêchés pour tout le monde, ce qui n'assure pas de part individuelledans la pêche commune.? Les poissons cultivés <strong>en</strong> étang sont généralem<strong>en</strong>t à portée de la main.? L'utilisation des terres est plus efficace. Une terre marginale, par exempletrop pauvre ou trop coûteuse à drainer pour l'agriculture, pourra êtreconsacrée avec profit à la <strong>pisciculture</strong>, à condition d'être conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>tpréparée.<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> comporte aussi des risques. Ayant besoin de protéinespour leur croissance et leur reproduction, les poissons <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>concurr<strong>en</strong>ce pour des produits qui, autrem<strong>en</strong>t, pourrai<strong>en</strong>t être utilisésdirectem<strong>en</strong>t pour la consommation humaine. Comme le coût de productionest assez élevé, la culture <strong>en</strong> étang n'est pas toujours plusavantageuse que la pêche dans la nature.Vu l'importance de l'investissem<strong>en</strong>t initial, des coûts de production etdes risques économiques <strong>en</strong>courus par la mise <strong>en</strong> place d'une installationpiscicole, on doit considérer certains facteurs très importantsavant de s'embarquer dans une av<strong>en</strong>ture piscicole.? Finances:Il faut faire une estimation du coût du terrain et des dép<strong>en</strong>ses d'investissem<strong>en</strong>tpour la mise <strong>en</strong> charge, les bâtim<strong>en</strong>ts, la constructionde l'étang, la main-d'oeuvre, la production et la récolte.? Site:Le sol doit ret<strong>en</strong>ir l'<strong>eau</strong>. Une <strong>eau</strong> de bonne qualité <strong>en</strong> quantité suffisantedoit être disponible à un prix raisonnable. Le site doit être8<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


proche de la maison. Il faut estimer les pertes pot<strong>en</strong>tielles dues aubraconnage. Il faut aussi savoir à qui apparti<strong>en</strong>t la terre et demander,le cas échéant, les autorisations gouvernem<strong>en</strong>tales ou fédéralesnécessaires. Le site et les routes doiv<strong>en</strong>t être praticables et non exposésaux inondations.? Mise <strong>en</strong> charge:Il faut choisir <strong>en</strong>tre élever votre propre stock et l'acheter à d'autrespersonnes. Si vous avez l'int<strong>en</strong>tion de l'acheter, veillez à ce qu'ilprovi<strong>en</strong>ne d'une source sûre. Si vous choisissez l'élevage sur site,assurez-vous d'avoir assez d'espace pour l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de votre stock etla production des jeunes (juvéniles).? Récolte:Il faut disposer de suffisamm<strong>en</strong>t de main-d'oeuvre pour la récoltedes poissons. Recherchez la méthode de récolte la plus avantageuse.Vous pouvez avoir besoin d'installations de stockage pour les poissonsrécoltés.<strong>La</strong> plupart de ces facteurs seront décrits plus <strong>en</strong> détail dans les chapitressuivants.Les futurs pisciculteurs désirant bénéficier de conseils techniquespeuv<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t s'adresser à des services de vulgarisation. Dans certainscas, ils peuv<strong>en</strong>t même recevoir une aide financière.<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> : principes de base 9


3 Planification du site et type de<strong>pisciculture</strong>3.1 Choix du siteLe choix du bon site est le principal facteur de réussite <strong>en</strong> <strong>pisciculture</strong>.Cep<strong>en</strong>dant, comme le site idéal n'est pas toujours disponible, il fautsouv<strong>en</strong>t se cont<strong>en</strong>ter d'un compromis. Par ailleurs, d'év<strong>en</strong>tuels conflitsau sujet du terrain et de l'<strong>eau</strong> doiv<strong>en</strong>t d'abord être résolus. Il faut toutefoisavoir choisi auparavant les espèces à élever <strong>en</strong> fonction de la disponibilitédes alim<strong>en</strong>ts (par ex. les sous-produits agricoles) et des <strong>en</strong>grais(par ex. le compost ou le fumier animal).Le choix du site dép<strong>en</strong>d du type de <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong>visagé. <strong>La</strong> constructiondes étangs dép<strong>en</strong>d des facteurs suivants : le type de sol, la qualitéet la quantité de l'<strong>eau</strong> disponible, et les conditions requises pour leremplissage et la vidange.Le sol<strong>La</strong> qualité du sol influe et sur la productivité et sur la qualité de l'<strong>eau</strong>d'un étang. Elle doit aussi conv<strong>en</strong>ir à la construction des digues. Lesdeux propriétés du sol indisp<strong>en</strong>sables à connaître pour savoir si un solest adapté à la <strong>pisciculture</strong> sont la texture (la taille des particules etleur composition) et la porosité ou perméabilité (capacité de laisserpasser l'<strong>eau</strong>). Le fond de l'étang doit ret<strong>en</strong>ir l'<strong>eau</strong> (avoir une basse porosité,comme l'argile) et le sol doit contribuer à la fertilité de l'<strong>eau</strong> <strong>en</strong>fournissant des nutrim<strong>en</strong>ts (sa texture est riche <strong>en</strong> particules d'argile).Par conséqu<strong>en</strong>t, le sol idéal pour la construction d'un étang doit êtreriche <strong>en</strong> argile. Les trois méthodes qui permett<strong>en</strong>t de déterminer si unsol convi<strong>en</strong>t à la construction d'un étang sont :1. la "méthode de pression",2. le test de l'<strong>eau</strong> de source et3. le test de perméabilité.10<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


1. <strong>La</strong> méthode de pression (figure 1) :A Mouillez une poignée de terre avec juste assez d'<strong>eau</strong> pour le r<strong>en</strong>drehumide.B Pressez la terre dans votre main.C Si elle garde sa forme quand vous ouvrez la main, le sol convi<strong>en</strong>t àla construction d'un étang.Figure 1 : <strong>La</strong> méthode de pression (Chakroff, 1976).2. Le test de l'<strong>eau</strong> de source (figure 2) :Pour donner des résultats sûrs, ce test doit être effectué p<strong>en</strong>dant la saisonsèche :a Creusez un trou d'un mètre de profondeur.b Recouvrez-le de feuilles p<strong>en</strong>dant une nuit pour limiter l'évaporation.c Si le trou est rempli d'<strong>eau</strong> de source le l<strong>en</strong>demain matin, vous pourrezy construire un étang. Notez, dans ce cas, que le drainage exigerasans doute plus de temps à cause des hauts niv<strong>eau</strong>x d'<strong>eau</strong> souterrainesqui rempliss<strong>en</strong>t continuellem<strong>en</strong>t l'étang.d Si le trou est toujours vide le l<strong>en</strong>demain matin, les hauts niv<strong>eau</strong>xd'<strong>eau</strong> souterraine ne poseront pas de problèmes et le site peutconv<strong>en</strong>ir à la <strong>pisciculture</strong>. Cep<strong>en</strong>dant, il vous reste <strong>en</strong>core à faire letest de perméabilité.Planification du site et type de <strong>pisciculture</strong> 11


Figure 2 : Test de l'<strong>eau</strong> de source (Vive<strong>en</strong> et al., 1985).3: Test de perméabilité (figure 3) :a Remplissez le trou jusqu'<strong>en</strong> haut avec de l'<strong>eau</strong>.b Recouvrez-le avec des feuilles.c Le l<strong>en</strong>demain, le niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> aura baissé à cause de l'infiltration.Les parois du trou seront probablem<strong>en</strong>t saturées d'<strong>eau</strong> et reti<strong>en</strong>drontmieux l'<strong>eau</strong>.d Remplissez à nouv<strong>eau</strong> le trou jusqu'<strong>en</strong> haut.e Recouvrez-le de feuilles une seconde fois. Le l<strong>en</strong>demain, contrôlezle niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong>.f Si le niv<strong>eau</strong> de l'<strong>eau</strong> est <strong>en</strong>core élevé, le sol est suffisamm<strong>en</strong>t imperméableet convi<strong>en</strong>t à la construction d'un étang.g Si l'<strong>eau</strong> a disparu à nouv<strong>eau</strong>, le site ne convi<strong>en</strong>t pas à la <strong>pisciculture</strong>,à moins d'<strong>en</strong> recouvrir d'abord le fond avec des feuilles de plastiqueou de l'argile lourde.Le relief du terrain – <strong>en</strong> particulier sa p<strong>en</strong>te – détermine le mode deconstruction de l'étang. On peut tirer profit de la p<strong>en</strong>te pour installer lesystème de vidange. Les terrains très plats et les terrains vallonnés auxp<strong>en</strong>tes supérieures à 2%-4% ne convi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas à la construction desétangs. Toutes les p<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tre 2 et 4% convi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la construction.Une p<strong>en</strong>te de 2% signifie une inclinaison verticale de 2 cm par mètre12<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


de distance horizontale. Si la p<strong>en</strong>te est suffisante, vous pourrez rempliret vidanger l'étang <strong>en</strong> utilisant la gravité. Cep<strong>en</strong>dant, il faudra prév<strong>en</strong>irl'érosion des digues de l'étang.Figure 3 : Test de perméabilité à l'<strong>eau</strong> (Vive<strong>en</strong> et al., 1985).L'<strong>eau</strong><strong>La</strong> qualité de l'<strong>eau</strong> disponible est très importante pour tous les systèmespiscicoles, mais sa quantité est <strong>en</strong>core plus importante pour lesstructures <strong>en</strong> terre. Une constante alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> <strong>eau</strong> est nécessaire,non seulem<strong>en</strong>t pour remplir l'étang, mais aussi pour comp<strong>en</strong>ser lespertes dues à l'infiltration et à l'évaporation (figure 4).Le nombre des sources d'<strong>eau</strong>, leur retour <strong>en</strong> fonction des saisons etleur emplacem<strong>en</strong>t dans le champ relativem<strong>en</strong>t à une év<strong>en</strong>tuelle pollutionsont des critères très importants dans le choix du site. Dans desconditions idéales, l'<strong>eau</strong> est disponible tout le long de l'année. Certainessources d'<strong>eau</strong> et leurs inconvéni<strong>en</strong>ts sont donnés au tabl<strong>eau</strong> 1.Planification du site et type de <strong>pisciculture</strong> 13


Figure 4 : Alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> <strong>eau</strong> et perte d'<strong>eau</strong> dans un étang àpoissons (Vive<strong>en</strong> et al., 1985). a : tuyau d' alim<strong>en</strong>tation; b : tuyaude déversem<strong>en</strong>t; c : évaporation; d : infiltration).<strong>La</strong> température de l'<strong>eau</strong><strong>La</strong> température de l'<strong>eau</strong> est un critère déterminant dans le choix desespèces. Une température <strong>en</strong>tre 20 et 30°C est généralem<strong>en</strong>t bonnepour la <strong>pisciculture</strong>.<strong>La</strong> salinité<strong>La</strong> salinité (quantité de sels dissous dans l'<strong>eau</strong>) est un autre facteurnaturel important. Certaines espèces support<strong>en</strong>t une marge de salinitéplus large que d'autres : le tilapia et le poisson-chat, par exemple, support<strong>en</strong>tune large marge qui va de l'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à l'<strong>eau</strong> de mer, alors quela carpe ne supporte que l'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong>.Nous v<strong>en</strong>ons de voir les principaux critères de qualité de l'<strong>eau</strong> pour lechoix d'un site. Il existe cep<strong>en</strong>dant d'autres critères de la qualité del'<strong>eau</strong>, mais ils sont mieux contrôlables par des mesures de gestion. Cescritères sont décrits plus <strong>en</strong> détail au Chapitre 4.14<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Tabl<strong>eau</strong> 1 : Sources d'<strong>eau</strong> et leurs principaux inconvéni<strong>en</strong>ts.Source d'<strong>eau</strong>PluieLes étangs "aéri<strong>en</strong>s" dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>tde la pluie pour leur alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong><strong>eau</strong>.Ruissellem<strong>en</strong>tLes étangs se rempliss<strong>en</strong>t avec l'<strong>eau</strong> quiruisselle des terres <strong>en</strong>vironnantes.Eaux naturellesL'<strong>eau</strong> peut être déviée et am<strong>en</strong>ée d'unfleuve, d'une rivière ou d'un lac.SourcesL'<strong>eau</strong> de source est une <strong>eau</strong> souterraineayant trouvé une issue. Elle est bonne pourles é tangs à poissons car elle est souv<strong>en</strong>tpropre.PuitsLes puits sont des <strong>en</strong>droits où l'<strong>eau</strong> souterraineest pompée.Principaux inconvéni<strong>en</strong>tsDép<strong>en</strong>danceL'alim<strong>en</strong>tation dép<strong>en</strong>d b<strong>eau</strong>coup des précipitationset des fluctuations saisonnières.Forte turbidité<strong>La</strong> turbidité est la quantité de boue dansl'<strong>eau</strong>. En cas de ruissellem<strong>en</strong>t, l'<strong>eau</strong> risqued'être boueuse. Danger d'inondation et depesticides (ou autres polluants) dans l'<strong>eau</strong>.ContaminationLes animaux, les plantes et les organismes<strong>en</strong> décomposition risqu<strong>en</strong>t de provoquer desmaladies. Danger de pesticides (ou autrespolluants) dans l'<strong>eau</strong>.Bas niv<strong>eau</strong> d'oxygène et basse températureBas niv<strong>eau</strong> d'oxygène et basse température3.2 Type de ferme aquicoleLes systèmes piscicoles vari<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>treprises industrielles à grandeéchelle aux étangs de subsistance familiale. Ils peuv<strong>en</strong>t se définir <strong>en</strong>termes de niv<strong>eau</strong>x d'intrants.En <strong>pisciculture</strong> ext<strong>en</strong>sive, les intrants (économiques) par m 2 sont généralem<strong>en</strong>tfaibles. <strong>La</strong> production alim<strong>en</strong>taire naturelle joue un rôletrès important, et la productivité de l'étang est relativem<strong>en</strong>t basse. Unapport d'<strong>en</strong>grais peut accroître la fertilité de l'étang et donc la productionde poissons.En <strong>pisciculture</strong> semi-int<strong>en</strong>sive, le niv<strong>eau</strong> d'intrants utilisé est moy<strong>en</strong>.Le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t est accru par un apport d'<strong>en</strong>grais ou de nourriture complém<strong>en</strong>taire.Les coûts de main-d'oeuvre et d'alim<strong>en</strong>tation sont plusélevés mais ils sont largem<strong>en</strong>t comp<strong>en</strong>sés par un r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t plus élevé.En <strong>pisciculture</strong> int<strong>en</strong>sive, le niv<strong>eau</strong> d'intrants est élevé. Les étangssont remplis avec un maximum de poissons. Les poissons sont nourrisPlanification du site et type de <strong>pisciculture</strong> <strong>15</strong>


avec des alim<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires et la production alim<strong>en</strong>taire naturellejoue un rôle moins important. Les coûts d'alim<strong>en</strong>tation et les risquesplus élevés, dus à des d<strong>en</strong>sités de mise <strong>en</strong> charge très supérieuresà la capacité naturelle, à une s<strong>en</strong>sibilité accrue aux maladies et à lamort par manque d'oxygène, peuv<strong>en</strong>t créer de gros problèmes. En raisondes coûts de production élevés, les poissons récoltés doiv<strong>en</strong>t pouvoirêtre v<strong>en</strong>dus à prix fort si on veut que la culture soit r<strong>en</strong>table.<strong>La</strong> culture <strong>en</strong> étang<strong>La</strong> majeure partie des poissons d'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong> sont cultivés <strong>en</strong> étangs.L'<strong>eau</strong> est prise d'un lac, d'une baie, d'un puits ou de toute autre sourc<strong>en</strong>aturelle et est déviée vers l'étang. L'<strong>eau</strong> peut soit traverser une foisl'étang avant d'<strong>en</strong> sortir, soit être partiellem<strong>en</strong>t remplacée de façonqu'un certain pourc<strong>en</strong>tage reste dans le système et y recycle. Cep<strong>en</strong>dant,les systèmes d'étangs donnant la plus haute production de poissonsne remplac<strong>en</strong>t que les pertes d'<strong>eau</strong> dues à l'évaporation et à l'infiltrationet ne s'écoul<strong>en</strong>t pas. En général, l'<strong>eau</strong> qui coule réduit la productiondes systèmes d'étangs sous les tropiques.Les étangs piscicoles vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong> taille de quelques c<strong>en</strong>taines de mètrescarrés à plusieurs hectares. Les petits étangs sont généralem<strong>en</strong>t utiliséspour le frayage et la production de juvéniles. Les étangs de productionsupérieurs à 10 ha sont difficiles à gérer et ne sont pas très appréciéspar la plupart des éleveurs. Les étangs prés<strong>en</strong>tés ici ne sont que desexemples; le type d'étang à construire dép<strong>en</strong>d b<strong>eau</strong>coup des ressources,de l'équipem<strong>en</strong>t et des conditions locales.Les étangs sont généralem<strong>en</strong>t situés sur des terrains <strong>en</strong> p<strong>en</strong>te <strong>douce</strong>.Leur forme est rectangulaire ou carrée, leurs digues et leurs p<strong>en</strong>tes defond sont bi<strong>en</strong> finies et ils ne recueill<strong>en</strong>t pas d'<strong>eau</strong> de ruissellem<strong>en</strong>t deslignes de partage des <strong>eau</strong>x <strong>en</strong>vironnantes. <strong>La</strong> quantité de l'<strong>eau</strong> disponibledoit être suffisante pour remplir tous les étangs dans un délairaisonnable et pour maint<strong>en</strong>ir le même niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> dans tous lesétangs. Il faut pouvoir aussi vider complètem<strong>en</strong>t les étangs. Les p<strong>en</strong>teslatérales doiv<strong>en</strong>t être de 2 : 1 ou 3 : 1 (2 ou 3 mètres de distance horizontalepar mètre de hauteur) : cela permet un accès facile, ne stimule16<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


pas la croissance de la végétation et réduit les problèmes d'érosion. Ilfaut prév<strong>en</strong>ir le braconnage : des pot<strong>eau</strong>x <strong>en</strong> bambou ou des branchespeuv<strong>en</strong>t être placés dans l'étang pour empêcher la pêche au filet et à laligne. Une autre méthode pour écarter les voleurs est de construirel'étang près de votre habitation.Les principales caractéristiques d'un étang à poissons sont données autabl<strong>eau</strong> 2.Tabl<strong>eau</strong> 2 : Caractéristiques d'un bon étang de culture.LocationConstructionProfondeurConfigurationP<strong>en</strong>tes latéralesVidangeTuyaux d'alim<strong>en</strong>tationVolume total d'<strong>eau</strong>DiguesOri<strong>en</strong>tationChoisissez un terrain <strong>en</strong> p<strong>en</strong>te <strong>douce</strong> et concevez les étangs <strong>en</strong>tirant avantage du relief.Les étangs peuv<strong>en</strong>t être soit creusés dans le sol, soit <strong>en</strong> partiedans le sol et <strong>en</strong> partie au-dessus, soit sous une élévation naturelledu sol. P<strong>en</strong>dant la construction, les p<strong>en</strong>tes et le fond doiv<strong>en</strong>têtre bi<strong>en</strong> tassés pour éviter l'érosion et l'infiltration. <strong>La</strong> terre doitcont<strong>en</strong>ir au moins 25% d'argile. Les digues doiv<strong>en</strong>t être débarrasséesdes pierres, des herbes, des branches et de tout autre objetindésirable.<strong>La</strong> profondeur doit être <strong>en</strong>tre 0,50 et 1 m sur le côté le moins profondet desc<strong>en</strong>dre jusqu'à 1,5 ou 2 m sur le côté du point de vidange.Dans les régions nordiques, les étangs doiv<strong>en</strong>t être plusprofonds car l'épaisse couche de glace qui se forme <strong>en</strong> hiver à lasurface peut causer la mort des poissons.<strong>La</strong> forme idéale des étangs est rectangulaire ou carrée.Construisez des étangs avec des p<strong>en</strong>tes de 2 : 1 ou 3 : 1 sur tousles côtés.Des soupapes de sortie, des écrans et des conduites d'évacuationinclinées sont nécessaires. <strong>La</strong> vidange ne doit pas pr<strong>en</strong>dre plus de3 jours.<strong>La</strong> capacité des tuyaux d'alim<strong>en</strong>tation doit être suffisante pourremplir chaque étang <strong>en</strong> 3 jours ; si on utilise de l'<strong>eau</strong> de surface,l'<strong>eau</strong> doit être filtrée avant d'<strong>en</strong>trer pour éliminer les organismesindésirables.<strong>La</strong> quantité d'<strong>eau</strong> disponible doit être suffisante pour remplir tousles étangs <strong>en</strong> quelques semaines et pour qu'ils le rest<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>danttoute la saison de croissance.Les digues doiv<strong>en</strong>t être assez larges pour pouvoir être fauchées.Les digues routières doiv<strong>en</strong>t être <strong>en</strong> gravier ; toutes les diguesdoiv<strong>en</strong>t être plantées d'herbes.Situez les étangs de façon à tirer avantage du remuem<strong>en</strong>t de l'<strong>eau</strong>dus au v<strong>en</strong>t. Dans des zones où le v<strong>en</strong>t provoque une importanteérosion des digues par la formation de vagues, situez l'axe longde l'étang perp<strong>en</strong>diculairem<strong>en</strong>t au v<strong>en</strong>t dominant. Au besoin, placezdes brises-v<strong>en</strong>t constitués de haies ou d'arbres.Planification du site et type de <strong>pisciculture</strong> 17


Selon le site choisi, on peut construire différ<strong>en</strong>ts types d'étangs : lesétangs <strong>en</strong> dérivation ou les étangs de barrage (figure 5).Figure 5 : Différ<strong>en</strong>ts types d'étangs. A: Étang <strong>en</strong> dérivation; B:Étang de barrage (Bard et al., 1976).A. Les étangs <strong>en</strong> dérivation (figure 5A) sont alim<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> <strong>eau</strong> par uncanal à partir d'une autre source.Il existe différ<strong>en</strong>ts types d'étang <strong>en</strong> dérivation (figure 6) :A Les étangs à banquette :Les digues d'un étang à banquette sont construites au-dessus duniv<strong>eau</strong> du sol. Un inconvéni<strong>en</strong>t de ce type d'étang est qu'il fautune pompe pour le remplissage (figure 6A).B Les étangs excavés :Un étang excavé est creusé dans le sol. L'inconvéni<strong>en</strong>t de ce typed'étang est qu'il faut une pompe pour la vidange (figure 6B).C Les étangs partiellem<strong>en</strong>t excavés à digues basses :<strong>La</strong> terre prov<strong>en</strong>ant du terrassem<strong>en</strong>t est utilisée pour construire lesdigues basses de l'étang.18<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Le site idéal a une p<strong>en</strong>te légère (1-2%) qui permet la constructiond'un canal d'alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> <strong>eau</strong> légèrem<strong>en</strong>t au-dessus et un canalde vidange légèrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dessous du niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> de l'étang.Comme on utilise la gravité naturelle pour remplir et vider lesétangs, on n'a pas besoin de pompe (figure 6C).Figure 6 : Différ<strong>en</strong>ts types d'étang <strong>en</strong> diversion (Vive<strong>en</strong> et al.,1985). A : Étang à banquette; B : Étang excavé; C : Étang partiellem<strong>en</strong>texcavé. Un exemple de construction d'un étang <strong>en</strong> diversionest donné à l'annexe 1.B. Les étangs de barrage (figure 5B) sont fait <strong>en</strong> construisant unedigue <strong>en</strong> travers d'un cours d'<strong>eau</strong> naturel. Les étangs sont donc depetits lacs de ret<strong>en</strong>ue. L'avantage des étangs de barrage est qu'ilssont faciles à construire. Cep<strong>en</strong>dant, ils sont très difficiles à contrôler: les poissons sauvages <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t facilem<strong>en</strong>t dans l'étang et unebonne part de la nourriture ajoutée est emportée par le courant. Lesétangs de barrage correctem<strong>en</strong>t construits (avec déversoir) ne débord<strong>en</strong>tque dans des circonstances exceptionnelles.Planification du site et type de <strong>pisciculture</strong> 19


3.3 Autres méthodes piscicolesBi<strong>en</strong> que la <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> étangs soit la méthode d'élevage la pluscourante, certaines autres méthodes sont utilisées aux <strong>en</strong>droits où laconstruction d'étangs est impossible.Barrages et réservoirsL'<strong>eau</strong> ret<strong>en</strong>ue par des barrages et des réservoirs est de plus <strong>en</strong> plus utiliséepour l'aquiculture. Ces pièces d'<strong>eau</strong> sont mises <strong>en</strong> charge avecdes alevins et des juvéniles et la récolte se fait avec des filets. Cetteméthode d'élevage est plus difficile que la culture <strong>en</strong> étang, car cespièces d'<strong>eau</strong> ne peuv<strong>en</strong>t pas être contrôlées : la vidange est impossibleet la chasse aux prédateurs est difficile. Il est presque impossible d<strong>en</strong>ourrir et de fertiliser l'<strong>eau</strong> de façon à assurer une production alim<strong>en</strong>tair<strong>en</strong>aturelle suffisante pour la croissance des poissons. <strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong><strong>en</strong> réservoir est facilitée par l'utilisation de cages ou d'<strong>en</strong>clos :les poissons sont <strong>en</strong>fermés à un certain <strong>en</strong>droit et peuv<strong>en</strong>t être mieuxcontrôlés.Culture <strong>en</strong> cageDans de nombreux pays dumonde, la seule <strong>eau</strong> disponibleest l'<strong>eau</strong> courante ou celle degrandes pièces d'<strong>eau</strong> qu'il estimpossible de dévier vers unétang. Dans ces <strong>eau</strong>x, les poissonspeuv<strong>en</strong>t être élevés dans de<strong>petite</strong>s cages. <strong>La</strong> culture <strong>en</strong> cagepeut égalem<strong>en</strong>t être pratiquéedans les zones marécageuses.Les cages sont des boîtes rectangulaires,des cylindres <strong>en</strong>bambou ou tout autre récipi<strong>en</strong>tpouvant être placés dans un Figure 7 : Cage flottante (FAO,cours d'<strong>eau</strong> de façon que l'<strong>eau</strong> 1995).passe au travers (figure 8). Lescages peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t être faites <strong>en</strong> treillis métallique, <strong>en</strong> tulle de20<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


nylon, <strong>en</strong> bois, etc. Les cages doiv<strong>en</strong>t ancrées afin de ne pas être emportéespar le courant.<strong>La</strong> culture <strong>en</strong> cage donne de bons résultats dans les pays où l'<strong>eau</strong> esttrès fertile (par ex. l'<strong>eau</strong> polluée par les égouts). Dans certains cas, ilfaut donner une nourriture complém<strong>en</strong>taire.Le meilleur <strong>en</strong>droit où placer une cage est un <strong>en</strong>droit <strong>en</strong>soleillé, prochede votre habitation, dans une <strong>eau</strong> profonde où des courants et desv<strong>en</strong>ts légers amèn<strong>en</strong>t de l'<strong>eau</strong> propre dans la cage.Les cages sont égalem<strong>en</strong>t utilisées dans les étangs pour garder lespoissons <strong>en</strong>tre la récolte et la v<strong>en</strong>te. Elles sont parfois utilisées commebassins de reproduction.Avantages de l'élevage <strong>en</strong> cages :? Les cages sont faciles à construire et sont bon marché.? Les cages peuv<strong>en</strong>t appart<strong>en</strong>ir à un groupe de personnes et être <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ues<strong>en</strong> groupe.? Les poissons <strong>en</strong> cages sont faciles à mettre <strong>en</strong> charge et à nourrir.? Les cages sont faciles à récolter.Les <strong>en</strong>closLes poissons peuv<strong>en</strong>t aussi être élevés dans des <strong>en</strong>clos placés dans deslacs ou des zones littorales (figure 8). Les <strong>en</strong>clos sont construits avecdes piquets de bambou ou de bois <strong>en</strong>foncés dans le fond du lac ou dulittoral. Des filets sont <strong>en</strong>suite t<strong>en</strong>dus d'un pot<strong>eau</strong> à l'autre pour formerun <strong>en</strong>clos. Ils sont ancrés dans le fond du lac avec des poids ou desplombs. Les poissons sont <strong>en</strong>suite mis <strong>en</strong> charge dans l'<strong>en</strong>clos.Placés dans des lacs fertiles, des <strong>en</strong>clos de la taille des étangs donn<strong>en</strong>tune haute production de poissons. Ils ne nécessit<strong>en</strong>t aucun apportd'alim<strong>en</strong>ts ou d'<strong>en</strong>grais et très peu d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Les poissons sont mis<strong>en</strong> charge et récoltés à la fin de la saison de croissance.Dans les <strong>en</strong>droits moins fertiles, il peut être nécessaire d'apporter de lanourriture dans les <strong>en</strong>clos. <strong>La</strong> nourriture est donnée dans des ann<strong>eau</strong>xalim<strong>en</strong>taires qui flott<strong>en</strong>t au-dessus de l'<strong>en</strong>clos de façon à ce que lanourriture reste dans l'<strong>en</strong>clos.Planification du site et type de <strong>pisciculture</strong> 21


Figure 8 : Un <strong>en</strong>clos à poissons (Costa-Pierce, 1989).Inconvéni<strong>en</strong>ts des <strong>en</strong>clos:? <strong>La</strong> construction d'<strong>en</strong>clos est coûteuse. Les filets doiv<strong>en</strong>t être <strong>en</strong> nylonou <strong>en</strong> plastique et les pot<strong>eau</strong>x doiv<strong>en</strong>t être traités pour empêcherleur putréfaction.? Les <strong>en</strong>clos résist<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t 3 à 5 ans dans l'<strong>eau</strong>.? Les <strong>en</strong>clos sont généralem<strong>en</strong>t construits dans les zones peu profondesd'un lac où ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la place qu'ont besoin les espèces naturellespour se nourrir et se reproduire. Cela réduit la production naturellede certains lacs.? Si les <strong>en</strong>clos occup<strong>en</strong>t les zones peu profondes, les pêcheurs sontobligés d'aller pêcher plus loin.? Les excrém<strong>en</strong>ts des poissons et la nourriture non mangée pollu<strong>en</strong>t lelac (vrai aussi pour les cages).? Les poissons <strong>en</strong> <strong>en</strong>clos peuv<strong>en</strong>t facilem<strong>en</strong>t être volés (vrai aussipour les cages).22<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


4 Les pratiques piscicoles4.1 Choix des espèces de poissonEn choisissant les espèces de poisson adaptées à la <strong>pisciculture</strong>, plusieursfacteurs biologiques et économiques doiv<strong>en</strong>t être soigneusem<strong>en</strong>tconsidérés :1 Le prix de marché et la demande (si le poisson n'est pas cultivé pourl'autoconsommation).2 Le niv<strong>eau</strong> de croissance.3 <strong>La</strong> capacité de se reproduire <strong>en</strong> captivité.4 <strong>La</strong> culture simple des jeunes poissons (larves ou juvéniles).5 Le rapport <strong>en</strong>tre les alim<strong>en</strong>ts disponibles et la préfér<strong>en</strong>ce alim<strong>en</strong>tairedes espèces choisies.Il est souv<strong>en</strong>t possible de choisir des espèces locales et d'éviter l'introductiond'espèces exotiques. Les principales caractéristiques biologiques(niv<strong>eau</strong> de croissance, reproduction, taille et âge à la premièrematurité, habitudes alim<strong>en</strong>taires, résistance et s<strong>en</strong>sibilité aux maladies)détermin<strong>en</strong>t si une espèce est adaptée à la culture sous les conditionsbiologiques locales.Bi<strong>en</strong> que certaines espèces à croissance l<strong>en</strong>te puiss<strong>en</strong>t être intéressantes<strong>en</strong> raison de leur valeur marchande, leur culture est souv<strong>en</strong>t difficilem<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>table. Il est préférable qu'ils atteign<strong>en</strong>t la taille marchandeavant d'arriver à la maturité pour assurer que la majeure partie de lanourriture sera utilisée pour la croissance musculaire et non pour lareproduction. Par ailleurs, une maturité précoce assure une disponibilitéplus facile des jeunes poissons (larves ou juvéniles).Si vous n'avez pas l'int<strong>en</strong>tion de vous occuper vous-même de la reproductiondes poissons, vous dép<strong>en</strong>drez peut-être de juvéniles attrapésde la nature. Cette source est généralem<strong>en</strong>t peu sûre : les quantités dejuvéniles trouvés dans la nature varie b<strong>eau</strong>coup d'un mom<strong>en</strong>t à l'autrecar la reproduction naturelle dép<strong>en</strong>d de facteurs biologiques imprévisibles(température de l'<strong>eau</strong>, disponibilité de la nourriture, etc.). Deplus, le ramassage de jeunes poissons peut <strong>en</strong>traîner des conflits avecLes pratiques piscicoles 23


les pêcheurs commerciaux. Il est préférable de choisir une espèce quevous pouvez facilem<strong>en</strong>t reproduire par vous-même ou de l'acheter surun marché de poissons, auprès d'un fournisseur de confiance, dans unestation ou un service de vulgarisation piscicole.En aquiculture, les coûts d'alim<strong>en</strong>tation constitu<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t lamajeure partie du coût total de production. Par conséqu<strong>en</strong>t, les poissonsmangeurs de plantes (herbivores) ou les mangeurs de plantes etd'animaux (omnivores) sont préférables car ils se nourriss<strong>en</strong>t des ressourcesalim<strong>en</strong>taires naturelles prés<strong>en</strong>tes dans l'étang. Le coût d'alim<strong>en</strong>tationde ces espèces sera relativem<strong>en</strong>t bas. Les espèces carnivores(les prédateurs) nécessit<strong>en</strong>t un régime riche <strong>en</strong> protéines et sontdonc plus coûteuses à produire. Pour comp<strong>en</strong>ser les coûts d'alim<strong>en</strong>tationélevés, la plupart des espèces carnivores atteign<strong>en</strong>t des prix demarché plus élevés.Les espèces résistantes et supportant des conditions de culture défavorablessurvivront mieux dans des conditions écologiques relativem<strong>en</strong>tpauvres (tilapia). Outre l'effet de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t sur l'espèce, l'influ<strong>en</strong>cede l'espèce sur l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ne doit pas être négligé lorsqu'onintroduit une nouvelle espèce. L'espèce nouvellem<strong>en</strong>t introduitedoit :? satisfaire un besoin que les espèces locales ne satisfont pas;? ne pas <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce avec les espèces locales;? ne pas se croiser avec les espèces locales et produire des hybridesindésirables;? ne pas introduire de maladies et de parasites;? vivre et se reproduire <strong>en</strong> équilibre avec le nouvel <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.Rappelons que l'introduction d'espèces exotiques est l'objet de réglem<strong>en</strong>tationsnationales et internationales.<strong>La</strong> culture de plusieurs espèces de poissons dans un même étang (polyculture)donne une production plus élevée que la culture séparée dediffér<strong>en</strong>tes espèces (monoculture).24<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


MonocultureEn monoculture, une seule espèce de poissons est élevée dans l'étang.L'un des avantage de la monoculture est qu'il est plus facile de donnerdes alim<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires car la préfér<strong>en</strong>ce alim<strong>en</strong>taire se limite àcelle d'une seule espèce. Un inconvéni<strong>en</strong>t est qu'une seule maladierisque de tuer tous les poissons car chaque espèce est s<strong>en</strong>sible à desmaladies différ<strong>en</strong>tes.PolycultureEn polyculture, plusieurs espèces de poissons sont cultivées dansl'étang. Par conséqu<strong>en</strong>t, les différ<strong>en</strong>tes ressources alim<strong>en</strong>taires prés<strong>en</strong>tesnaturellem<strong>en</strong>t dans l'étang sont mieux utilisées. Chaque espèce aune certaine préfér<strong>en</strong>ce alim<strong>en</strong>taire <strong>en</strong> relation avec la position dupoisson dans l'étang (par ex. les poissons qui viv<strong>en</strong>t au fond de l'<strong>eau</strong> etceux qui viv<strong>en</strong>t dans les <strong>eau</strong>x moy<strong>en</strong>nes). <strong>La</strong> carpe de vase (Cirrhinusmolitorella) par exemple vit surtout dans les profondeurs de l'étang etse nourrit de la vase et du matériel mort qu'elle trouve au fond. Le tilapiapar contre vit dans la colonne d'<strong>eau</strong>; certaines espèces se nourriss<strong>en</strong>tde plantes, d'autres de plancton. En combinant différ<strong>en</strong>tes espècesdans le même étang, on peut élever la production totale à un niv<strong>eau</strong>plus élevé qu'il ne serait possible avec une seule espèce ou avec différ<strong>en</strong>tesespèces cultivées séparém<strong>en</strong>t. Un exemple de système de polyculturechinoise est la culture combinée dans le même étang de la carpearg<strong>en</strong>tée (Hypophtalmichthys molitrix), de la carpe à grosse tête(Aristichthys nobilis) et de la carpe herbivore (Ct<strong>en</strong>opharyngodonidella) (figure 9). <strong>La</strong> carpe arg<strong>en</strong>tée (Hypophtalmichtys molitrix) s<strong>en</strong>ourrit surtout d'algues, la carpe à grosse tête (Aristichthys nobilis)surtout d'animaux microscopiques (zooplancton) et la carpe herbivore(Ct<strong>en</strong>opharyngodon idella) surtout de plantes aquatiques : par conséqu<strong>en</strong>t,elles n'<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce. Un autre exemple très courantest la polyculture du tilapia et de la carpe commune. Le tilapia s<strong>en</strong>ourrit surtout d'algues et la carpe commune de zooplancton et de matérielse trouvant au fond de l'étang. Une forme spéciale de polycultureest la culture concurr<strong>en</strong>te du tilapia et du poisson-chat ou du gobyophiocéphale (<strong>en</strong> général un poisson prédateur) : elle permet decontrôler la reproduction excessive du tilapia (Chapitre 6). Cep<strong>en</strong>dant,Les pratiques piscicoles 25


pour obt<strong>en</strong>ir une production de poissons aussi élevée que possible, ilest préférable de cultiver dans un étang le moins possible de poissonsprédateurs. L'acc<strong>en</strong>t doit être mis sur l'espèce qui se nourrit de plusieurssortes de nourriture.Figure 9 : Polyculture de la carpe. A: Carpe arg<strong>en</strong>tée (Hypophtalmichtysmolitrix); B: Algues; C: Carpe à grosse tête (Aristichthysnobilis); D: Zooplancton; E: Carpe herbivore (Ct<strong>en</strong>opharyngodonidella); F: Plantes aquatiques.4.2 L'alim<strong>en</strong>tation des poissonsTout étang conti<strong>en</strong>t deux types de nourriture que le poisson peut manger: la nourriture produire naturellem<strong>en</strong>t dans l'étang et la nourriturecomplém<strong>en</strong>taire apportée de l'extérieur. <strong>La</strong> nourriture naturellem<strong>en</strong>tproduite dans l'étang compr<strong>en</strong>d les algues (phytoplancton) et les animauxmicroscopiques (zooplancton); elle est susceptible d'être augm<strong>en</strong>téepar la fertilisation de l'étang. <strong>La</strong> nourriture complém<strong>en</strong>taire estproduite hors de l'étang et est apportée régulièrem<strong>en</strong>t aux poissonspour augm<strong>en</strong>ter la quantité de nourriture disponible.26<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Nourriture naturelle<strong>La</strong> nourriture naturelle dans l'étang est constituée <strong>en</strong> majeure partiepar les algues. L'oxygène est un gaz que produis<strong>en</strong>t toutes les plantesdans l'étang (y compris les algues) à l'aide de la lumière solaire. Plusla lumière solaire qui tombe sur l'étang est forte et plus la quantitéd'algues est grande, plus la production d'oxygène dans l'étang sera élevée.L'oxygène produit se dissout partiellem<strong>en</strong>t dans l'<strong>eau</strong> et le restes'échappe dans l'air. Le niv<strong>eau</strong> d'oxygène de l'<strong>eau</strong> varie au cours de lajournée car la production et l'absorption d'oxygène par les planteschang<strong>en</strong>t avec la lumière et l'obscurité (prés<strong>en</strong>ce ou abs<strong>en</strong>ce de lumièresolaire dans l'étang). Les algues produis<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t de l'oxygènequand il fait jour. <strong>La</strong> nuit, elles ont besoin d'oxygène tout commeles autres plantes et animaux de l'étang alors que la production d'oxygènes'arrête par manque de lumière. Par conséqu<strong>en</strong>t, la quantitéd'oxygène dissous dans l'<strong>eau</strong> diminue après le coucher du soleil(figure 10). Normalem<strong>en</strong>t, le niv<strong>eau</strong> d'oxygène est le plus élevé à lafin de l'après-midi (l'oxygène a été produit toute la journée) et le plusbas au petit matin (l'oxygène a été épuisé p<strong>en</strong>dant la nuit). Le manqued'oxygène est la principale cause de mort des poissons dans les systèmesoù l'étang a été trop fertilisé ou trop nourri. Un niv<strong>eau</strong> d'oxygènesuffisamm<strong>en</strong>t élevé est important pour une bonne production de poissons.Nourriture complém<strong>en</strong>taire<strong>La</strong> majeure partie de la nourriture complém<strong>en</strong>taire donnée est immédiatem<strong>en</strong>tmangée par les poissons. Le reste sert d'<strong>en</strong>grais pour l'étang.Cep<strong>en</strong>dant, même dans les étangs qui reçoiv<strong>en</strong>t une grande quantité d<strong>en</strong>ourriture complém<strong>en</strong>taire, la nourriture naturelle continue à jouer unrôle très important pour la croissance du poisson. Les déchets agricoleslocaux sont généralem<strong>en</strong>t utilisés comme nourriture complém<strong>en</strong>taire.Le type de nourriture à utiliser dép<strong>en</strong>d de la disponibilité locale,des coûts et de l'espèce de poisson. Des exemples typiques de nourriturecomplém<strong>en</strong>taires pour poissons sont le son de riz, le riz concassé,la mie de pain, les céréales, les résidus de céréales, la farine de maïs,l'herbe de Guinée, le napier, les fruits et les légumes, les tourt<strong>eau</strong>xd'arachide et de soja et les drêches de brasserie.Les pratiques piscicoles 27


Figure 10 : Niv<strong>eau</strong> d'oxygène au cours d'une journée.Voici quelques directives pratiques pour l'alim<strong>en</strong>tation des poissons :? Nourrissez toujours vos poissons à la même heure et au même <strong>en</strong>droitde l'étang. Les poissons <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dront l'habitude et s'approcherontde la surface de l'<strong>eau</strong> : vous pourrez plus facilem<strong>en</strong>t voir s'ilsmang<strong>en</strong>t et se développ<strong>en</strong>t correctem<strong>en</strong>t. L'alim<strong>en</strong>tation doit sefaire <strong>en</strong> fin de matinée ou <strong>en</strong> début d'après-midi, lorsque les niv<strong>eau</strong>xd'oxygène dissous sont élevés : les poissons auront ainsi le temps dese remettre, avant la tombée de la nuit, de l'activité alim<strong>en</strong>taire quiexige b<strong>eau</strong>coup d'oxygène.? Ne suralim<strong>en</strong>tez pas vos poissons. Observez leur comportem<strong>en</strong>tp<strong>en</strong>dant que vous les nourrissez. En pourrissant, l'excès de nourritureaccapare l'oxygène de l'étang.28<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


? Arrêtez de nourrir vos poissons au moins un jour avant la reproduction,la récolte et le transport, afin de permettre aux poissons determiner leur digestion. En général, les alevins peuv<strong>en</strong>t jeûner p<strong>en</strong>dant24 heures, les juvéniles p<strong>en</strong>dant 48 heures et les poissons adultesp<strong>en</strong>dant 72 heures. Le stress qui accompagne ces événem<strong>en</strong>tsfait que les poissons excrèt<strong>en</strong>t des résidus qui r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t l'<strong>eau</strong> turbide.Les caractéristiques alim<strong>en</strong>taires de trois espèces de poisson sont prés<strong>en</strong>téesaux Chapitres 5, 6 et 7. Il s'agit de la carpe, du tilapia et dupoisson-chat. Les caractéristiques des autres espèces sont résumées àl'Annexe 2.4.3 Transpar<strong>en</strong>ce de l'<strong>eau</strong> comme indicateur defertilité<strong>La</strong> transpar<strong>en</strong>ce de l'<strong>eau</strong> des étangs varie de presque nulle (dans le casd'une <strong>eau</strong> très turbide) à très claire. Elle dép<strong>en</strong>d de la turbidité de l'<strong>eau</strong>,c'est-à-dire de la quantité des particules <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>sion (algues, particulesde terre, etc.). Les fleurs d'algues chang<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t la couleurde l'<strong>eau</strong> <strong>en</strong> vert. <strong>La</strong> mesure de la transpar<strong>en</strong>ce d'un étang de couleurverte donne une indication de l'abondance des algues prés<strong>en</strong>tes et doncde la fertilité de l'étang.<strong>La</strong> transpar<strong>en</strong>ce de l'<strong>eau</strong> peut se mesurer à l'aide du disque de Secchi.Le disque de Secchi est un disque de métal blanc, ou blanc et noir, de25 à 30 cm de diamètre. Il peut facilem<strong>en</strong>t être fabriqué à la main(figure 11). Le disque est fixé à un cordon marqué tous les 10 cm sursa longueur.Les pratiques piscicoles 29


Figure 11 : Le disque de Secchi (Vive<strong>en</strong> et al., 1985).Pour mesurer la transpar<strong>en</strong>ce de l'<strong>eau</strong>, plongez le disque dans l'<strong>eau</strong>jusqu'à ce qu'il disparaisse de la vue. Mesurez la profondeur de l'<strong>eau</strong>transpar<strong>en</strong>te <strong>en</strong> lisant les marques sur le cordon fixé au disque.Les mesures à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> fonction des différ<strong>en</strong>ts niv<strong>eau</strong>x de transpar<strong>en</strong>cesont les suivantes (tabl<strong>eau</strong> 3) :Tabl<strong>eau</strong> 3 : Les mesures à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> fonction des différ<strong>en</strong>tes niv<strong>eau</strong>xde transpar<strong>en</strong>ce.Transpar<strong>en</strong>ce de l'<strong>eau</strong> Mesures à pr<strong>en</strong>dre1-<strong>15</strong> cm Excès d'algues dans l'étang.<strong>15</strong>-25 cm Risque de manque de l'oxygène à l'aube. Arrêtez l'apport d<strong>en</strong>ourriture et d'<strong>en</strong>grais. Observez régulièrem<strong>en</strong>t le comportem<strong>en</strong>tdes poissons. S'ils baill<strong>en</strong>t à la surface, changez l'<strong>eau</strong>.Abondance d'algues.25-30 cm Bonne quantité d'algues pour la production de poissons.Continuez l'apport (normal) d'<strong>en</strong>grais et/ou fertilisez au mêm<strong>en</strong>iv<strong>eau</strong>.> 50 cm Trop peu d'algues. Pour stimuler la croissance des fleurs d'algues,ajoutez de la nourriture et/ou des <strong>en</strong>grais jusqu'à atteindreune transpar<strong>en</strong>ce de 25 à 30 cm.Quand la transpar<strong>en</strong>ce de l'<strong>eau</strong> est <strong>en</strong>tre <strong>15</strong> et 25 cm, les bébés poissons(juvéniles) peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong> charge dans l'étang. Pour cela,suivez les indications données à la Figure 12. Par ailleurs, la températurede l'<strong>eau</strong> d'où provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les juvéniles doit être presque la mêmeque celle de l'<strong>eau</strong> où ils sont mis <strong>en</strong> charge.30<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


4.4 Santé et maladiesLes poissons sont très s<strong>en</strong>sibles aux maladies. Si une maladie s'est introduitedans l'étang, il sera très difficile de l'<strong>en</strong> faire disparaître. Eneffet, les poissons infectés sont difficiles à id<strong>en</strong>tifier et à traiter séparém<strong>en</strong>t,et l'<strong>eau</strong> est un excell<strong>en</strong>t ag<strong>en</strong>t de dissémination. Les poissons<strong>en</strong> <strong>pisciculture</strong> sont sujets à de nombreuses maladies. Les poissonsmalades ne grossiss<strong>en</strong>t pas, ce qui fait perdre de l'arg<strong>en</strong>t à l'éleveur carla croissance et la récolte sont sérieusem<strong>en</strong>t retardées. Les pertes sontles plus lourdes si le poisson meurt à sa taille marchande. Les traitem<strong>en</strong>tspeuv<strong>en</strong>t être coûteux et leur application est très souv<strong>en</strong>t dangereuse,non seulem<strong>en</strong>t pour les humains mais aussi pour les autres espècesanimales et végétales. A long terme, les résidus de médicam<strong>en</strong>tse retrouveront dans l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t après la vidange de l'étang. Il estdonc préférable de prév<strong>en</strong>ir les maladies. <strong>La</strong> prév<strong>en</strong>tion est moinscoûteuse que le traitem<strong>en</strong>t et permet d'éviter les pertes dues aux retardsde croissance et à la mort.Figure 12 : <strong>La</strong> mis <strong>en</strong> charge des poissons dans l' étang (FAO,1995).<strong>La</strong> prév<strong>en</strong>tion des maladiesUne bonne alim<strong>en</strong>tation et une bonne qualité de l'<strong>eau</strong> (riche <strong>en</strong> oxygènedissous) sont les principaux facteurs de santé nécessaires pourrésister aux maladies. De nombreux ag<strong>en</strong>ts pathogènes pot<strong>en</strong>tielsLes pratiques piscicoles 31


(animaux pouvant causer des maladies) des espèces cultivées sontnormalem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts dans l'<strong>eau</strong>; pour "attaquer", ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que lesconditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales se détérior<strong>en</strong>t et que les poissons souffr<strong>en</strong>tde stress, ce qui diminue leur résistance aux maladies.Il faut donc observer certaines règles fondam<strong>en</strong>tales si l'on veut prév<strong>en</strong>irles maladies ou les contrôler quand elle se déclar<strong>en</strong>t. Les étangsdoiv<strong>en</strong>t disposer d'apports d'<strong>eau</strong> séparés. Il est déconseillé d'alim<strong>en</strong>terun étang avec l'<strong>eau</strong> d'un autre étang, car cette <strong>eau</strong> peut transporter desmaladies et son niv<strong>eau</strong> d'oxygène dissous peut être bas. Il est déconseilléde construire des étangs <strong>en</strong> série.Les poissons ne doiv<strong>en</strong>t pas souffrir de stress. Veillez à bousculer lemoins possible vos poissons quand vous les manipulez, sauf évidemm<strong>en</strong>tquand vous les apportez au marché. Un stress extrême peut provoquerla mort instantanée des poissons. L'<strong>en</strong>dommagem<strong>en</strong>t de leurp<strong>eau</strong>, par éraflem<strong>en</strong>t des écailles et de la couche visqueuse protectrice,permet aux ag<strong>en</strong>ts pathogènes de pénétrer plus facilem<strong>en</strong>t dans lecorps.Les poissons doiv<strong>en</strong>t donc toujours être élevés dans de bonnes conditions: ils doiv<strong>en</strong>t séjourner dans une <strong>eau</strong> riche <strong>en</strong> oxygène, au pH correct,et pauvre <strong>en</strong> ammoniac.Si vous mélangez des poissons de différ<strong>en</strong>ts étangs ou si vous introduisezde nouv<strong>eau</strong>x poissons, pr<strong>en</strong>ez soin de ne pas introduire de poissonsmalades. Gardez les nouv<strong>eau</strong>x poissons dans un étang séparéjusqu'à ce que vous soyez certain qu'ils ne sont pas porteurs de maladie.Seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite, vous pourrez les mettre <strong>en</strong> contact avec lespopulations de l'étang.Tout changem<strong>en</strong>t dans le comportem<strong>en</strong>t normal des poissons peut êtreun symptôme de maladie. Les symptômes sont notamm<strong>en</strong>t le bâillem<strong>en</strong>tà la surface de l'<strong>eau</strong> <strong>en</strong> quête d'air, le frottem<strong>en</strong>t du corps ou dela tête contre les parois de l'étang, des nageoires molles et des inflammationsdu corps. Si les poissons s'arrêt<strong>en</strong>t brusquem<strong>en</strong>t de manger,quelque chose ne va pas. Contrôlez souv<strong>en</strong>t vos poissons, <strong>en</strong> particu-32<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


lier par temps très chaud car l'oxygène se dissout moins bi<strong>en</strong> dansl'<strong>eau</strong> chaude.Ne vous découragez pas si vous trouvez de temps <strong>en</strong> temps un poissonmort dans l'étang. Cela se produit aussi dans la nature. Mais att<strong>en</strong>tionsi vous <strong>en</strong> trouvez b<strong>eau</strong>coup! Si les poissons meur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> grand nombre,recherchez-<strong>en</strong> la cause.Les maladies des poissonsLes maladies peuv<strong>en</strong>t être classées <strong>en</strong> plusieurs catégories : les maladiesinfectueuses et les maladies nutritionnelles. Les maladies infectueusessont transmises d'un étang à l'autre par l'introduction de nouv<strong>eau</strong>xpoissons ou par le paysan et son équipem<strong>en</strong>t. Les maladies nutritionnellessont causées par des car<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> composants indisp<strong>en</strong>sablesdu régime alim<strong>en</strong>taire.Certaines autres maladies sont causées par les polluants et une mauvaisequalité de l'<strong>eau</strong>. Il semble que la mort des poissons est due laplupart du temps à ces types de problèmes.Le pisciculteur doit conc<strong>en</strong>trer son att<strong>en</strong>tion sur la prév<strong>en</strong>tion des maladiescar leur traitem<strong>en</strong>t est souv<strong>en</strong>t difficile et exige b<strong>eau</strong>coup detemps et d'arg<strong>en</strong>t.4.5 ReproductionAvant de choisir une espèce piscicole, il faut savoir, <strong>en</strong>tre autres, s'ilest plus facile de vous occuper vous-même de la reproduction ou d'obt<strong>en</strong>irdes jeunes poissons capturés dans la nature.Même si vous pouvez comm<strong>en</strong>cer la culture avec de jeunes poissonscapturés dans la nature, il importe d'arriver à contrôler la reproduction.Une reproduction contrôlée fournit le nombre adéquat d'oeufs et d'alevinspour votre <strong>en</strong>treprise et évite les problèmes de capture des géniteursou de récolte d'alevins dans la nature. <strong>La</strong> reproduction contrôléefournit des sem<strong>en</strong>ces aux mom<strong>en</strong>ts désirés et non pas seulem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dantles quelques mois de l'année que dure le frayage naturel.Les pratiques piscicoles 33


Le cycle de reproduction de presque tous les poissons est réglé par lesstimuli <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux (longueur du jour, température de l'<strong>eau</strong>, niv<strong>eau</strong>de l'<strong>eau</strong>, etc.). Le cerv<strong>eau</strong> libère alors des hormones qui agiss<strong>en</strong>tsur les organes reproducteurs des femelles et des mâles. Ces organesproduis<strong>en</strong>t à leur tour du sperme dans le cas des mâles et des oeufsdans le cas des femelles. Si vous savez comm<strong>en</strong>t fonctionne la reproduction,vous pourrez apporter aux poissons les stimuli <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tauxappropriés au frayage (par ex. un niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> plus élevé).<strong>La</strong> plupart des espèces cultivées se reproduis<strong>en</strong>t saisonnièrem<strong>en</strong>t. <strong>La</strong>saison de reproduction correspond aux conditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>talesles mieux adaptées à la survie de la progéniture. <strong>La</strong> longueur du jour,la température et les pluies jou<strong>en</strong>t un rôle important dans la régulationdes cycles de reproduction.Les chapitres sur la carpe, le tilapia et le poisson-chat fourniss<strong>en</strong>t plusd'informations spécifiques sur la reproduction de ces espèces.4.6 <strong>La</strong> récolte du poissonComme dans tous les autres types de culture, la phase finale du cyclepiscicole est la récolte et la v<strong>en</strong>te év<strong>en</strong>tuelle du produit. <strong>La</strong> récoltepeut comm<strong>en</strong>cer lorsque la plupart des poissons sont assez grandspour être mangés et v<strong>en</strong>dus (généralem<strong>en</strong>t après 5 ou 6 mois) maisrécoltez seulem<strong>en</strong>t ce qui peut être mangé ou v<strong>en</strong>du dans une journée.A la récolte, comm<strong>en</strong>cez par vider l'étang quelques heures avant lelever du soleil, alors qu'il fait <strong>en</strong>core frais. Il y a deux manières de récolterles poissons : soit vous retirez <strong>en</strong> même temps tous les poissonsde l'étang, soit vous les retirer sélectivem<strong>en</strong>t tout au long de l'année.Dans la seconde méthode, on retire généralem<strong>en</strong>t les gros poissons eton laisse les petits continuer leur croissance. Vous pouvez aussi, bi<strong>en</strong>sûr, combiner les deux méthodes <strong>en</strong> retirant les gros poissons selon lademande et <strong>en</strong> <strong>en</strong>levant ceux qui rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> une seule fois.Il existe plusieurs sortes de filets pour récolter les poissons d'un étang(figure 13).34<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Figure 13 : Différ<strong>en</strong>tes sortes de filet pour la récolte du poisson(Murnyak et Murnyak, 1990). A : Filet seine; B : Filet-branchies; C :Filet à relever; D : Filet-écope; E : Filet à lancer.<strong>La</strong> méthode utilisée pour la récolte sélective continue consiste à susp<strong>en</strong>dredans l'étang un filet à travers les mailles duquel les poissonsessay<strong>en</strong>t de passer. En choisissant des mailles de bonne dim<strong>en</strong>sion,Les pratiques piscicoles 35


vous serez sûr que tous les poissons plus petits que la taille désiréepasseront au travers du filet et que les plus gros seront capturés (saufdans les filets-branchies). Pour cette méthode de récolte, on utilisesouv<strong>en</strong>t un filet-branchies (figure 13B) dans lequel les poissons sontcapturés derrière leurs branchies. <strong>La</strong> taille des poissons capturés decette façon peut être estimée <strong>en</strong> essayant de mesurer la taille des poissonscapturés de justesse. Tous les poissons plus petits ou plus gros neseront pas attrapés. On peut ainsi récolter du poisson tout au long del'année sans à avoir à vidanger l'étang et à trop déranger les poissonsrestants.Figure 14 : Filet seine (FAO, 1995).Si vous désirez récolter tous les poissons de l'étang <strong>en</strong> une seule fois,abaissez l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t le niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> pour être sûrs que tous les poissonssont pris. Veillez à récolter les poissons dans de bonnes conditions <strong>en</strong>évitant d'<strong>en</strong>dommager leur p<strong>eau</strong> et agissez rapidem<strong>en</strong>t pour qu'ils rest<strong>en</strong>tfrais. C'est pour cette raison qu'on utilise souv<strong>en</strong>t deux méthodesde récolte différ<strong>en</strong>tes comme il est décrit ci-dessous.1 Lorsque le niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> est <strong>en</strong>core élevé, on peut capturer la plupartdes poissons dans un filet seine (figure 13 et figure 14 et le cadre:‘Comm<strong>en</strong>t fabriquer un filet seine’) avec des mailles de 1 cm. Onét<strong>en</strong>d le filet sur la digue de l'étang et on le lance <strong>en</strong> demi-cercle sur36<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


l'étang jusqu'à ce qu'il revi<strong>en</strong>ne sur la digue. On le ramène <strong>en</strong>suitesur la digue capturant les poissons (figure <strong>15</strong>).2 Lorsque l'<strong>eau</strong> s'écoule hors de l'étang, on peut attraper de grandesquantités de poissons. On place sous le tuyau de vidange des caisses<strong>en</strong> lattes ou des filets (écopes) (figure 13D) pour empêcher que lespoissons ne s'échapp<strong>en</strong>t avec l'<strong>eau</strong> qui s'écoule.Figure <strong>15</strong> : Technique de récolte à l'aide d'un filet seine (FAO,1995).Lorsque l'étang est complètem<strong>en</strong>t vidangé, ramassez à la main lespoissons qui rest<strong>en</strong>t au fond de l'étang. Attrapez le plus possible depoissons avant que l'étang ne soit complètem<strong>en</strong>t vide, car les poissonslaissés <strong>en</strong> rade seront perdus ou <strong>en</strong>dommagés.Après la récolte, laissez sécher l'étang jusqu'à ce que le fond se crevasseet chaulez-le pour réduire l'acidité et éliminer les animaux et lesplantes indésirables sur le fond de l'étang.Certains filets sont plus simples et donc meilleur marché :? Le filet à relever (Figure 13C) est fait avec du matériel de filetseine. Il peut être de toute taille et toute forme. Il est placé sur lefond de l'étang. Lorsque les poissons nag<strong>en</strong>t au-dessus, il est relevé<strong>en</strong> capturant les poissons.Les pratiques piscicoles 37


? Le filet écope (Figure 13D) est un petit filet muni d'une poignée quel'on ti<strong>en</strong>t d'une main. On l'utilise souv<strong>en</strong>t pour compter et peser lespoissons et les juvéniles.? Le filet à lancer (Figure 13E) est un filet rond que l'on jette du bordde l'étang et que l'on retire pour capturer les poissons.Comm<strong>en</strong>t fabriquer un filet seine.Matériaux : corde, flotteurs, plombs (ou autre chose de lourd pour que le filets'<strong>en</strong>fonce), filet, ficelle et aiguille à coudre pour réparer les filets.Méthode :? Attachez deux cordes, formant les ralingues supérieure et inférieure du filet,<strong>en</strong>tre deux arbres.? Marquez les deux cordes à des intervalles de <strong>15</strong> cm. <strong>La</strong> longueur des cordesdoit dépasser de plusieurs mètres celle du filet fini.? Etirez le filet jusqu'à ce que les mailles se referm<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>t ; comptezle nombre de mailles sur 23 cm de filet. Un bon filet seine doit avoir 6 à9 mailles par 23 cm de filet étiré.? Utilisez de la ficelle de nylon très solide. Enfilez un grand morc<strong>eau</strong> dansl'aiguille. Attachez l'extrémité à la ralingue supérieure. Passez l'aiguille àtravers les mailles de 23 cm de filet. Attachez la ficelle dans la corde à ladeuxième marque.? Répétez l'opération jusqu'à la dernière marque de la ralingue supérieure.? Attachez les plombs sur la ralingue inférieure à des intervalles de <strong>15</strong> cm.Attachez les flotteurs sur la ralingue supérieure aux mêmes intervalles.? Cousez avec la ficelle la ralingue inférieure sur le filet comme vous l'avezfait sur la ralingue supérieure.Après chaque usage, le filet doit être lavé, réparé, séché à l'ombre, plié etrangé dans un <strong>en</strong>droit frais et sec. Un filet bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>u durera b<strong>eau</strong>coupplus longtemps.4.7 Entreti<strong>en</strong> et suivi<strong>La</strong> bonne production d'un étang nécessite un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et un suivi réguliers.<strong>La</strong> gestion quotidi<strong>en</strong>ne consiste à :? Vérifier la qualité de l'<strong>eau</strong> (température, pH, niv<strong>eau</strong>x d'oxygène dissoustôt le matin).? Vérifier que l'étang fuit.? Nettoyer l'écran à l'<strong>en</strong>trée et à la sortie de l'<strong>eau</strong>.38<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


? Observer les poissons p<strong>en</strong>dant leur alim<strong>en</strong>tation : mang<strong>en</strong>t-ilscorrectem<strong>en</strong>t? Sont-ils actifs? Sinon, contrôlez le niv<strong>eau</strong> d'oxygènedissous (s'il est proche de zéro, arrêtez l'alim<strong>en</strong>tation et la fertilisationet faites couler de l'<strong>eau</strong> à travers l'étang jusqu'à ce que les poissonsai<strong>en</strong>t retrouvé un comportem<strong>en</strong>t normal) ou recherchez lessymptômes pouvant indiquer une maladie.? Surveillez les prédateurs et pr<strong>en</strong>ez les précautions nécessaires.? Arrachez les herbes aquatiques qui pouss<strong>en</strong>t dans l'étang.Turbidité<strong>La</strong> turbidité est la quantité de particules de saleté et autres <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>siondans l'<strong>eau</strong> qui donn<strong>en</strong>t à l'<strong>eau</strong> une couleur brune. Une forte turbiditéde l'<strong>eau</strong> affecte la production <strong>en</strong> réduisant la radiation de la lumièredans l'<strong>eau</strong> et par conséqu<strong>en</strong>t la production d'oxygène par lesplantes aquatiques, obstrue les filtres et <strong>en</strong>dommage les branchies despoissons. Une méthode pour mesurer la turbidité est montrée à la Figure11. Une méthode adéquate pour réduire la turbidité est l'installationd'un bassin de décantation. C'est un petit réservoir placé à l'arrivéede l'<strong>eau</strong> dans l'étang. L'<strong>eau</strong> coule dans ce bassin et y reste jusqu'àce que la vase s'y soit déposée au fond. Une fois claire, l'<strong>eau</strong> peut s'écoulerdans l'étang. Un autre moy<strong>en</strong> d'éclaircir l'<strong>eau</strong> vaseuse est derépandre dans l'étang du foin et/ou du fumier et de le laisser se décomposer(on peut utiliser égalem<strong>en</strong>t de la chaux, du gypse ou del'alun). Dans le cas de turbidité de l'<strong>eau</strong> causée principalem<strong>en</strong>t pard'autres facteurs que l'abondance des algues (la couleur de l'<strong>eau</strong> n'estpas verdâtre), on peut pr<strong>en</strong>dre les mesures suivantes : avant la mise <strong>en</strong>charge des poissons, appliquez du fumier animal dans l'étang à un tauxde 240 g/m 2 , trois fois à trois ou quatre jours d'intervalle. Une autreméthode consiste à appliquer de la chaux, du gypse, mais de préfér<strong>en</strong>cede l'alun, à un taux de 1 g/100 litres d'<strong>eau</strong>. Cette méthode ne doitpas être utilisée quand il fait très chaud car le foin pourrit très vite.Cep<strong>en</strong>dant, la seule vraie solution à long terme est de dévier l'<strong>eau</strong>boueuse hors de l'étang et, finalem<strong>en</strong>t, de protéger les routes et les diguesde l'érosion responsable d'un haut niv<strong>eau</strong> de turbidité de l'<strong>eau</strong>.Les pratiques piscicoles 39


Acidité, alcalinité et duretéD'autres caractéristiques importantes de la qualité de l'<strong>eau</strong> sont l'aciditéde l'<strong>eau</strong>, son alcalinité et sa dureté.L'<strong>eau</strong> de <strong>pisciculture</strong> doit avoir un certain degré d'acidité indiqué parla valeur de pH de l'<strong>eau</strong> : <strong>en</strong>tre 6,7 et 8,6. Les valeurs supérieures ouinférieures frein<strong>en</strong>t la croissance et la reproduction. Les algues requièr<strong>en</strong>tun pH d'<strong>en</strong>viron 7,0. Un pH légèrem<strong>en</strong>t plus bas (alcalin) de 6,5favorise la qualité du zooplancton (animaux microscopiques vivantdans l'<strong>eau</strong> de l'étang dont se nourriss<strong>en</strong>t les poissons) et la croissancedes poissons (figure 16).Le pH d'un étang change parfois rapidem<strong>en</strong>t. Par exemple, une fortepluie peut apporter dans l'étang des substances acides dissoutes dansles <strong>eau</strong>x de ruissellem<strong>en</strong>t. L'<strong>eau</strong> de l'étang devi<strong>en</strong>t plus acide et parconséqu<strong>en</strong>t la valeur de pH diminue. Le meilleur moy<strong>en</strong> de rétablirune valeur neutre de pH (7 <strong>en</strong>viron) consiste à ajouter de la chaux àl'étang.Figure 16 : L'effet du pH sur la croissance des poissons (Vive<strong>en</strong> etal., 1985).L'alcalinité de l'<strong>eau</strong> est une mesure de la capacité de l'<strong>eau</strong> à fixer l'acide(aptitude tampon); c'est le contraire de l'acidité. Autrem<strong>en</strong>t dit, plusl'alcalinité est élevée, plus il faut de substances acides pour faire baisserle pH de l'étang.Le dureté de l'<strong>eau</strong> est la mesure de l'<strong>en</strong>semble des sels dissous dansl'<strong>eau</strong>. Une <strong>eau</strong> dite "dure" conti<strong>en</strong>t b<strong>eau</strong>coup de sels, et une <strong>eau</strong> dite"<strong>douce</strong>" <strong>en</strong> conti<strong>en</strong>t peu. Une méthode pour mesurer la dureté de l'<strong>eau</strong>consiste à observer att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t les digues de l'étang juste à la ligne40<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


de flottaison. Une ligne blanche sur la digue à la hauteur de l'<strong>eau</strong> indiqueque l'<strong>eau</strong> conti<strong>en</strong>t des sels qui ont séché sur la digue. <strong>La</strong> dureté estun facteur important pour la croissance des poissons. Si l'<strong>eau</strong> est trop"<strong>douce</strong>" (c'est-à-dire si la quantité de sels dissous est faible), on peutaugm<strong>en</strong>ter sa dureté <strong>en</strong> ajoutant à l'<strong>eau</strong> de la chaux et par conséqu<strong>en</strong>taugm<strong>en</strong>ter la fertilité de l'<strong>eau</strong> pour accroître la production de la nourritur<strong>en</strong>aturelle et finalem<strong>en</strong>t la production de poissons.On peut changer l'alcalinité, le pH et la dureté de l'<strong>eau</strong> <strong>en</strong> ajoutant àl'étang de la chaux comme décrit ci-dessus. Ces trois mesures de laqualité de l'<strong>eau</strong> NE sont PAS les mêmes, mais sont généralem<strong>en</strong>t reliées<strong>en</strong>tre elles de la façon suivante :basse alcalinité = bas pH = basse dureté.Le but de l'apport de chaux est donc d'élever à 7 le pH de l'<strong>eau</strong> del'étang, d'augm<strong>en</strong>ter son alcalinité et sa dureté. Les étangs nouvellem<strong>en</strong>tconstruits nécessit<strong>en</strong>t un traitem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t que les étangs quiont déjà été chaulés auparavant.? Les étangs nouvellem<strong>en</strong>t construits.Ces étangs doiv<strong>en</strong>t être traités avec 20 à <strong>15</strong>0 kg de chaux agricolepar 100 m 2 (Annexe 3). Cette chaux est mélangée à la couche supérieure(5 cm) du fond de l'étang. Ensuite, l'étang est rempli d'<strong>eau</strong>jusqu'à 30 cm. En une semaine, le pH de l'<strong>eau</strong> doit être de 7 et lafertilisation peut comm<strong>en</strong>cer.? Les étangs chaulés auparavantCes étangs doiv<strong>en</strong>t être traités avec 10 à <strong>15</strong> kg de chaux vive par100 m 2 , ajoutée au fond humide de l'étang pour éliminer les ag<strong>en</strong>tspathogènes, les parasites et les prédateurs. Après 7 à 14 jours, lesétangs doiv<strong>en</strong>t être remplis d'<strong>eau</strong>. Une fois l'étang rempli jusqu'à 30cm, le pH de l'<strong>eau</strong> peut être ajusté <strong>en</strong> ajoutant de la chaux agricole(Annexe 3).Les pratiques piscicoles 41


Apport d'oxygèneSi les poissons s'approch<strong>en</strong>t à la surface <strong>en</strong> quête d'oxygène, vouspouvez ajouter de l'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong>. Vous pouvez aussi remuer l'<strong>eau</strong> pouraugm<strong>en</strong>ter la quantité d'oxygène dissous. Ne nourrissez pas et ne fertilisezpas l'étang à ce mom<strong>en</strong>t-là car cela est souv<strong>en</strong>t une des causes dumanque d'oxygène. Une autre cause possible du manque d'oxygènepeut être la surpopulation de l'étang : cela provoque un stress d'oxygènequi <strong>en</strong>traîne à son tour le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t des maladies et la mortalité.Les substances toxiquesLes substances toxiques cont<strong>en</strong>ues dans les apports d'<strong>eau</strong> peuv<strong>en</strong>t sérieusem<strong>en</strong>tdiminuer la production de poissons. Il importe donc derechercher toutes les sources réelles et pot<strong>en</strong>tielles de pollution auxal<strong>en</strong>tours de l'étang. B<strong>eau</strong>coup de produits chimiques utilisés <strong>en</strong> élevageet <strong>en</strong> agriculture étant toxiques pour le poisson, ils ne doiv<strong>en</strong>tjamais être utilisés dans la zone qui <strong>en</strong>toure l'étang. Ne vaporisez jamaisde produits chimiques dans les champs lorsqu'il fait du v<strong>en</strong>t.42<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


5 <strong>La</strong> culture de la carpe<strong>La</strong> carpe apparti<strong>en</strong>t à la famille des Cyprinidae d'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong>. C'est unefamille très répandue et très abondante dans sa distribution naturelle.On la r<strong>en</strong>contre partout, sauf <strong>en</strong> Amérique du Sud, à Madagascar et <strong>en</strong>Australie. <strong>La</strong> famille comporte 1 600 espèces différ<strong>en</strong>tes. Seules quelques-unessont importantes <strong>en</strong> <strong>pisciculture</strong>.<strong>La</strong> carpe d'élevage se divise <strong>en</strong> trois groupes : la carpe commune élevée<strong>en</strong> Europe, <strong>en</strong> Asie et <strong>en</strong> Extrême-Ori<strong>en</strong>t, la carpe indi<strong>en</strong>ne et lacarpe chinoise (tabl<strong>eau</strong> 4).Tabl<strong>eau</strong> 4 : Les différ<strong>en</strong>tes espèces de carpes et leurs préfér<strong>en</strong>cesalim<strong>en</strong>taires.Nom commun Nom sci<strong>en</strong>tifique Préfér<strong>en</strong>ces alim<strong>en</strong>tairesCarpe communecarpe Cyprinus carpio <strong>petite</strong>s plantes et animauxmicroscopiquesCarpe indi<strong>en</strong>necatla Catla catla algues et plantes mortesrohu <strong>La</strong>beo rohita matériel végétal mortcalbasu <strong>La</strong>beo calbasu matériel végétal mortmrigala Cirrhina mrigala matériel mort sur le fond del'étangCarpe chinoisecarpe de l'herbe Ct<strong>en</strong>opharyngodon idella plantes aquatiquescarpe arg<strong>en</strong>tée Hypophtalmichthys molitrix alguescarpe à grosse tête Aristichthys noblis animaux microscopiquescarpe noire Mylopharyngodon piceus mollusquescarpe de vase Cirrhina molitorella matériel mort sur le fond del'étangCes différ<strong>en</strong>tes espèces de carpes ont des préfér<strong>en</strong>ces alim<strong>en</strong>taires différ<strong>en</strong>tes(Tabl<strong>eau</strong> 4). Vous pouvez tirer avantage de ces différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>élevant <strong>en</strong>semble dans un étang les différ<strong>en</strong>tes espèces, c'est-à-dire <strong>en</strong>installant un système de polyculture. Ainsi, les différ<strong>en</strong>tes espèces quise nourriss<strong>en</strong>t de différ<strong>en</strong>tes sortes de nourriture utiliseront b<strong>eau</strong>coupmieux la nourriture naturellem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te dans l'étang. Les différ<strong>en</strong>tesespèces ne se disput<strong>en</strong>t pas les mêmes sources alim<strong>en</strong>taires et par<strong>La</strong> culture de la carpe 43


conséqu<strong>en</strong>t la production sera b<strong>eau</strong>coup plus élevée qu'il ne serait possibleavec la culture d'une seule espèce de carpe, ou même de plusieursespèces de carpe seulem<strong>en</strong>t.5.1 <strong>La</strong> carpe commune<strong>La</strong> carpe commune (figure 17) est un poisson uniquem<strong>en</strong>t d'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong>,cultivé un peu partout dans le monde, pouvant atteindre une longueurde 80 cm et un poids de 10 à <strong>15</strong> kilos. Elle supporte des températuresqui vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 1 et 40°C. Elle comm<strong>en</strong>ce sa croissance à des températuressupérieures à 13°C et se reproduit à des températures supérieuresà 18°C si le courant de l'<strong>eau</strong> est soudainem<strong>en</strong>t accru. <strong>La</strong> carpe estgénéralem<strong>en</strong>t mature après 2 ans, à un poids de 2 à 3 kilos. Dans leszones tempérées, la carpe fraie chaque année au printemps alors que,sous les tropiques, le frayage a lieu tous les 3 mois. <strong>La</strong> femelle produit<strong>en</strong>tre 100 000 et <strong>15</strong>0 000 oeufs par kg de son poids corporel. Sa croissanceest rapide sous les tropiques où elle peut atteindre un poids de400 à 500 g <strong>en</strong> 6 mois. <strong>La</strong> carpe commune est une espèce robuste etdonc résistante à la plupart des maladies quand les conditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>talessont correctes.Figure 17 : <strong>La</strong> carpe commune (Cyprinus carpio) (Hanks, 1985).<strong>La</strong> production des oeufsLe frayage de la carpe peut avoir lieu naturellem<strong>en</strong>t dans les étangs àciel ouvert ou artificiellem<strong>en</strong>t dans des écloseries selon des méthodesde frayage décl<strong>en</strong>ché.44<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Le frayage décl<strong>en</strong>ché est une technique qui utilise des substances (appeléeshormones) que le poisson produit lui-même, pour provoquer lefrayage. Ces hormones sont administrées aux poissons, mélangées à lanourriture ou <strong>en</strong> injections intramusculaires.Sous les climats tropicaux, la carpe commune se reproduit tout au longde l'année, avec deux grandes périodes de reproduction, l'une au printemps(de janvier à avril) et l'autre <strong>en</strong> automne (de juillet à octobre).Les résultats de la reproduction naturelle sont les meilleurs quand lesgéniteurs sont soigneusem<strong>en</strong>t choisis. Pour reconnaître les poissonsprêts au frayage, pr<strong>en</strong>ez <strong>en</strong> considération les points suivants (voir aussifigure 18) :1 <strong>La</strong> femelle complètem<strong>en</strong>t mature a le v<strong>en</strong>tre bombé, presque rond,doux au toucher, marqué d'une strie sombre et percé d'un orifice quiforme une excroissance.2 Mise sur le dos, la femelle mature y reste sans tomber sur le flanc;t<strong>en</strong>ue le v<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> haut, elle montre un léger affaissem<strong>en</strong>t des flancsdû au poids des oeufs qu'elle porte.3 Le mâle mature (tout comme chez les autres espèces) produit sonsperme si l'on appuie <strong>douce</strong>m<strong>en</strong>t sur son v<strong>en</strong>tre.Figure 18 : Carpe commune mature : Femelle (gauche) et mâle(droite) (Costa-Pierce et al., 1989b).Les géniteurs sont nourris avec du son de riz, des résidus de cuisine,du grain, etc. Dans les systèmes de reproduction naturelle <strong>en</strong> étangs àciel ouvert, les futurs géniteurs sont mis à frayer dans des étangs spéciaux,appelés étangs frayères, et sont retirés après le frayage. Les<strong>La</strong> culture de la carpe 45


étangs frayères ont généralem<strong>en</strong>t une surface de 20-25 m 2 . L'étangdoit sécher p<strong>en</strong>dant plusieurs jours avant d'être rempli d'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong>propre jusqu'à une hauteur de 50 cm. On fait couler l'<strong>eau</strong> dans l'étangfrayère le matin du jour de reproduction prévu; on y place les géniteurset les collecteurs d'oeufs dans l'après-midi. Les étangs sont mis<strong>en</strong> charge avec un, deux ou trois groupes de poissons, chaque groupecompr<strong>en</strong>ant une femelle (poids du corps : 1 kg) et 2 à 4 mâles (poidstotal : 1 kg).Il existe de nombreuses techniques de ramassage des oeufs <strong>en</strong> étangfrayère. Dans certains systèmes, des branches de conifères sont placéesdans l'étang. Les oeufs se coll<strong>en</strong>t aux branches qui sont retirées ettransférées dans l'étang d'alevinage. Une autre méthode est de placerdans l'étang des plantes flottantes qui serv<strong>en</strong>t de collecteurs. En Indonésie,on utilise des tapis d'herbes et de fibres de palmier. Chaque femellede 2-3 kg nécessite un tapis d'<strong>en</strong>viron 10 m 2 de surface. Après lefrayage, les tapis sont transférés dans les étangs d'alevinage. En Indonésie,on utilise un collecteur d'oeufs appelé kakaban, fait de fibres dela plante Indjuk (Ar<strong>en</strong>ga pinnata et Ar<strong>en</strong>ga saccharifera). Ces fibressont de couleur sombre et ressembl<strong>en</strong>t à du crin de cheval. Pour fabriquerces kakabans, on lave les fibres d'Indjuk, on les dispose <strong>en</strong> couchesque l'on arrange <strong>en</strong> bandes de 1,2 à 1,5 m de longueur. On placeces bandes dans le s<strong>en</strong>s de la longueur <strong>en</strong>tre deux planches de bamboude 4 à 5 cm de large et de 1,5 à 2 m de longueur, clouées <strong>en</strong>semble surdeux côtés. Pour le frayage, les kakabans sont t<strong>en</strong>us dans une positionflottante, légèrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dessous de la surface de l'<strong>eau</strong>, appuyés sur despot<strong>eau</strong>x <strong>en</strong> bambou. Cinq à huit kakabans sont nécessaires par kg decarpes femelles mises <strong>en</strong> charge. On provoque un petit courant d'<strong>eau</strong>dans l'étang frayère quand on y lâche les géniteurs et place les kakabans.Par habitude, le poisson fixe ses oeufs sur le dessous des kakabans.Quand le dessous est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t rempli d'oeufs, on retourne leskakabans. Lorsque les kakabans sont pleins d'oeufs de deux côtés(figure 19), ils sont transférés dans des étangs d'alevinage, 20 fois plusgrands que l'étang frayère. Dans les étangs d'alevinage, les kakabanssont placés verticalem<strong>en</strong>t sur des pot<strong>eau</strong>x <strong>en</strong> bambou flottants et espacés<strong>en</strong>tre eux de 5 à 8 cm. Il faut veiller à ce que les oeufs soi<strong>en</strong>t toujours<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t immergés sous 8 cm d'<strong>eau</strong>. Les oeufs éclos<strong>en</strong>t après46<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


2 à 8 jours selon la température de l'<strong>eau</strong>. Si la température est idéale(20-22°C), l'éclosion se fera après 4 jours.Figure 19 : Comm<strong>en</strong>t retirer un collecteur d'oeufs de carpe aprèsle frayage (Costa-Pierce et al., 1989b).Les étangs d'alevinage<strong>La</strong> surface des étangs d'alevinage varie de 2 500 à 20 000 m 2 selon lataille de la ferme. Ces étangs ont 0,5 m à 1,5 m de profondeur. <strong>La</strong> d<strong>en</strong>sitéde mise <strong>en</strong> charge des poissons est déterminée par le courant del'<strong>eau</strong> dans l'étang. Dans les étangs d'<strong>eau</strong> stagnante (où l'<strong>eau</strong> ne coulepas), la d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> charge est de 5 larves/m 2 , alors que dans lesétangs où l'<strong>eau</strong> coule, la d<strong>en</strong>sité peut être accrue jusqu'à 30 ou 80 larves/m2 . Les larves ou alevins se transform<strong>en</strong>t <strong>en</strong> juvéniles <strong>en</strong> un mois<strong>en</strong>viron. <strong>La</strong> méthode la plus courante est d'élever des alevins dans desétangs d'alevinage p<strong>en</strong>dant <strong>en</strong>viron un mois et de les transférer <strong>en</strong>suitedans des étangs de croissance jusqu'à ce qu'ils atteign<strong>en</strong>t leur taille demarché. L'apport régulier de vers de terre et de tourt<strong>eau</strong>x de son deriz/huile de coco augm<strong>en</strong>te la nourriture disponible et par conséqu<strong>en</strong>tle taux de survie des alevins et la production. Les vers de terre doiv<strong>en</strong>t<strong>La</strong> culture de la carpe 47


être donnés à un taux de 925 g/m 2 par semaine et le tourt<strong>eau</strong> de son deriz/huile de coco à un taux de 0,5 g/m 2 par jour au mom<strong>en</strong>t de l'éclosionpour augm<strong>en</strong>ter graduellem<strong>en</strong>t jusqu'à 20 g/m 2 par jour, 20 joursaprès l'éclosion. Dans ce dernier traitem<strong>en</strong>t, le son de riz et l'huile decoco sont <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t mélangés à sec dans un rapport 1 : 1. Ils sont<strong>en</strong>suite mouillés pour <strong>en</strong> faire des boulettes de 1 à 2 mm, et donnésaux poissons. Les worms castings peuv<strong>en</strong>t être obt<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> compostantp<strong>en</strong>dant deux semaines des jacinthes d'<strong>eau</strong> hachées m<strong>en</strong>u avec dufumier de lapin et <strong>en</strong> y ajoutant <strong>en</strong>suite des vers de terre. <strong>La</strong> récolte sefait 2 mois plus tard.Figure 20 : Carpes indi<strong>en</strong>nes (Mohammed Mohsin et al., 1983).A : catla; B : rohu; C : mrigal.Les étangs de croissanceLe type de système requis pour la croissance des carpes dép<strong>en</strong>d desconditions climatiques et des demandes du marché. Cep<strong>en</strong>dant, la carpecommune est généralem<strong>en</strong>t produite <strong>en</strong> monoculture. Dans les paystropicaux, un poisson de 500 g est produit <strong>en</strong> six mois et un poisson de1 à 1,5 kg <strong>en</strong> un an.Dans la pratique, des juvéniles de 4 à 8 semaines sont mis <strong>en</strong> chargedans des étangs de 70 cm de profondeur. On accroît la production alim<strong>en</strong>tair<strong>en</strong>aturelle <strong>en</strong> ajoutant de l'<strong>en</strong>grais. <strong>La</strong> carpe commune se dé-48<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


veloppe le mieux dans des d<strong>en</strong>sités de 1 à 2 poissons par m2 de surfaced'<strong>eau</strong>.ProductionLes niv<strong>eau</strong>x de production obt<strong>en</strong>us vari<strong>en</strong>t selon le type d'élevage, ladurée de la culture, la taille du poisson à la récolte, les espèces mises<strong>en</strong> charge, le niv<strong>eau</strong> de fertilisation et la température de l'<strong>eau</strong>. Sous lestropiques, les taux de production quotidi<strong>en</strong>s vari<strong>en</strong>t de 30 g/m dansdes étangs non nourris et non fertilisés à 800 g/m2 dans des étangsnourris et fertilisés où l'<strong>eau</strong> est régulièrem<strong>en</strong>t changée.5.2 <strong>La</strong> carpe indi<strong>en</strong>ne et la carpe chinoiseCes poissons uniquem<strong>en</strong>t d'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong> ne résist<strong>en</strong>t pas aux basses températuresde l'<strong>eau</strong> et ont un niv<strong>eau</strong> de croissance optimal vers 25°C. Ilssont sexuellem<strong>en</strong>t matures à l'âge de 2 ou 3 ans (carpe indi<strong>en</strong>ne, figure20) et à 4 ou 9 ans (carpe chinoise, figure 21) et frai<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t àdes températures supérieures à 25°C.Figure 21 : Carpes chinoises (Mohammed Mohsin et al., 1983). A :carpe herbivore (Ct<strong>en</strong>opharyngodon idella); B : carpe arg<strong>en</strong>tée(Hypophtalmichtys molitrix); C : carpe à grosse tête (Aristichthysnobilis).<strong>La</strong> culture de la carpe 49


L'âge de la maturité sexuelle dép<strong>en</strong>d du sexe et du niv<strong>eau</strong> de croissance.Comme les mâles de développ<strong>en</strong>t plus vite et sont matures plustôt, ils peuv<strong>en</strong>t frayer un an avant les femelles. Le poisson mature pès<strong>eau</strong> moins 5 kg dans le cas de la carpe chinoise, et 2-4 kg dans le cas dela carpe indi<strong>en</strong>ne. Il est préférable d'utiliser des exemplaires <strong>en</strong>coreplus gros car ils produis<strong>en</strong>t une plus grande quantité d'oeufs (pour lafemelle) et de laitance (pour le mâle) et, par conséqu<strong>en</strong>t, plus de jeunes.Contrairem<strong>en</strong>t à la majorité des espèces de carpes, ces deux espècespond<strong>en</strong>t des oeufs qui flott<strong>en</strong>t sur l'<strong>eau</strong> avant d'éclore.Production des oeufsJusqu'à une date réc<strong>en</strong>te, l'approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sem<strong>en</strong>ces pour la<strong>pisciculture</strong> dép<strong>en</strong>dait <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t du ramassage des oeufs, des alevinset des juvéniles dans les rivières où les adultes ont frayés. Actuellem<strong>en</strong>t,on injecte les carpes avec des hormones pour décl<strong>en</strong>cher artificiellem<strong>en</strong>tle frayage. Cep<strong>en</strong>dant, comme cette méthode de reproductionrequiert un haut niv<strong>eau</strong> de connaissance et d'intrants, le petitéleveur devrait plutôt acheter les jeunes carpes indi<strong>en</strong>nes et chinoiseschez un commerçant local et de préfér<strong>en</strong>ce dans un service de vulgarisation.Étangs d'alevinage<strong>La</strong> surface des étangs d'alevinage varie considérablem<strong>en</strong>t d'un pays àl'autre. En Inde, par exemple, on utilise souv<strong>en</strong>t de petits étangs de 10m2 alors qu'<strong>en</strong> Chine la surface des étangs peut aller jusqu'à 20 000m2. Les étangs sont peu profonds : 0,5 à 1 m de profondeur. Dans cesétangs, les alevins sont élevés dans des cages flottantes avant d'êtrelâchés dans l'étang. <strong>La</strong> d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> charge des étangs est de 20poissons/m2.Préparez les étangs avant la mise <strong>en</strong> charge <strong>en</strong> y appliquant du fumiersur le fond à un taux de 200 g/m2 pour stimuler la fertilité de l'étang etpar conséqu<strong>en</strong>t la croissance des poissons. On utilise parfois des alim<strong>en</strong>tscomplém<strong>en</strong>taires, mais les algues et les animaux microscopiquesconstitue la nourriture idéale des alevins. Tout alim<strong>en</strong>t complém<strong>en</strong>tairedonné servira surtout d'<strong>en</strong>grais additionnel car les alevinssont trop petits pour pouvoir manger de si grosses particules.50<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Les étangs de croissanceEn Chine, les étangs ont souv<strong>en</strong>t 2 à 3 m de profondeur. Ils sont mis<strong>en</strong> charge à des d<strong>en</strong>sités d'<strong>en</strong>viron 60-100 alevins/100 m 2 , selon lesconditions locales. Les poissons peuv<strong>en</strong>t être cultivés p<strong>en</strong>dant troisans avant d'être récoltés.Le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> est d'<strong>en</strong>viron 400 g/m 2 pour les carpes chinoises.Des d<strong>en</strong>sités plus élevées sont possibles <strong>en</strong> polyculture de plusieurssortes de carpe. En polyculture de carpes chinoises, la d<strong>en</strong>sité de mise<strong>en</strong> charge peut être 2/m 2 , dans une proportion de 25% de carpesd'herbe, 25% de carpes à grosse tête (Aristichthys nobilis) et 50% decarpes arg<strong>en</strong>tées (Hypophtalmichtys molitrix).Les carpes indi<strong>en</strong>nes sont cultivées dans des étangs plus petits etmoins profonds, d'<strong>en</strong>viron 50 cm de profondeur. <strong>La</strong> d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong>charge de la carpe indi<strong>en</strong>ne est d'<strong>en</strong>viron 90 g/m2. Les poissons sontrécoltés après huit mois quand ils ont atteint le poids de 300 g.On peut accroître le taux de croissance de ces deux espèces (chinoiseet indi<strong>en</strong>ne) <strong>en</strong> donnant des alim<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires sous forme dematériel végétal. On peut donner des serp<strong>en</strong>ts à la carpe noire (Mylopharyngodonpiceus) mangeuse de mollusques. <strong>La</strong> carpe d'herbe estune espèce qui permet de réduire la croissance des herbes dans lesétangs et les canaux d'irrigation car une grande part de son régime estformé des plantes aquatiques qui pouss<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t dans l'<strong>eau</strong>.Si on cultive <strong>en</strong> polyculture des carpes herbivore (Ct<strong>en</strong>opharyngodonidella) avec d'autres poissons et si on les nourrit uniquem<strong>en</strong>t avec desherbes, on peut mettre <strong>en</strong> charge 2 poissons mangeurs d'algues (phytoplancton)ou de petits animaux (zooplancton) pour 10 carpes par<strong>15</strong> m 2 . Chaque kg de carpe d'herbe mise <strong>en</strong> charge tolère 190 g d'espècesqui mang<strong>en</strong>t du phytoplancton/zooplancton et <strong>15</strong>0 g d'espèces quimang<strong>en</strong>t presque tout (omnivores).<strong>La</strong> culture de la carpe 51


Si les étangs sont mis <strong>en</strong> charge avec la carpe commune, la carpe àgrosse tête (Aristichthys nobilis) et le tilapia à une d<strong>en</strong>sité de 18 000poissons/ha, on peut mettre <strong>en</strong> charge 3 carpes communes (ou autrespoissons qui se nourriss<strong>en</strong>t au fond de l'étang) et 4 tilapias (ou autrespoissons mangeurs d'algues) pour 2 carpes à grosse tête (Aristichthysnobilis) (ou autres poissons mangeurs de zooplancton). Il est préférabledans ce cas de fertiliser les étangs deux fois par semaine avec dufumier de canard à un taux de 1 000 kg/ha.52<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


6 <strong>La</strong> culture du tilapiaLe tilapia est un poisson qui convi<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t à la polyculturedans des conditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales pauvres et là où une faible prioritéest donnée à la gestion de l'étang.Les tilapias form<strong>en</strong>t un groupe d'espèces tropicales de poissons d'<strong>eau</strong><strong>douce</strong> originaires d'Afrique et du Moy<strong>en</strong>-Ori<strong>en</strong>t. Ce sont des poissonsrobustes pouvant supporter des températures extrêmes de l'<strong>eau</strong> et debas niv<strong>eau</strong>x d'oxygène dissous. Le frayage naturel a lieu dans presquetous les types d'<strong>eau</strong>. <strong>La</strong> température de l'<strong>eau</strong> pour la croissance optimaleet la reproduction est <strong>en</strong>tre 20 et 30°C. Ils support<strong>en</strong>t des températuresde l'<strong>eau</strong> desc<strong>en</strong>dant jusqu'à 12°C, mais ils ne surviv<strong>en</strong>t pas àdes températures inférieures à 10°C. Certaines espèces surviv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><strong>eau</strong> de mer. Étant omnivores, les tilapias mang<strong>en</strong>t presque tout; c'estpourquoi on les appelle souv<strong>en</strong>t "poules aquatiques". En raison de cescaractéristiques favorables à la culture, le tilapia est considéré commeétant l'espèce idéale pour la <strong>pisciculture</strong> rurale. Cep<strong>en</strong>dant, un de sesavantages s'est transformé <strong>en</strong> un véritable inconvéni<strong>en</strong>t pour une <strong>pisciculture</strong>r<strong>en</strong>table : le tilapia se reproduit presque continuellem<strong>en</strong>t. Ilest sexuellem<strong>en</strong>t mature dès qu'il a atteint la taille de 10 cm (<strong>en</strong>viron30 g de poids du corps). Cette maturation précoce et la reproductionfréqu<strong>en</strong>te provoqu<strong>en</strong>t la surpopulation des étangs avec de jeunes poissonset <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t une forte concurr<strong>en</strong>ce alim<strong>en</strong>taire <strong>en</strong>tre les tilapiasmis <strong>en</strong> charge et les nouv<strong>eau</strong>x-nés. En retour, cela <strong>en</strong>traîne la baissedu taux de croissance des tilapias mis <strong>en</strong> charge au départ et la récolted'un grand nombre de tilapias de <strong>petite</strong> taille.Il y a au moins 77 espèces connues de tilapia. Les différ<strong>en</strong>tes sousespècessont classées <strong>en</strong> fonction de leur comportem<strong>en</strong>t reproductif etde leurs préfér<strong>en</strong>ces alim<strong>en</strong>taires. Les poissons qui creus<strong>en</strong>t le sol del'étang pour faire des nids dans lesquels ils frai<strong>en</strong>t, port<strong>en</strong>t le nom detilapia. Ils gard<strong>en</strong>t les jeunes dans les nids, ont des d<strong>en</strong>ts pointues et s<strong>en</strong>ourriss<strong>en</strong>t surtout de plantes aquatiques. Les couveurs buccaux quicouv<strong>en</strong>t les oeufs fertilisés dans la bouche du par<strong>en</strong>t femelle ou mâle<strong>La</strong> culture du tilapia 53


apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à la sous-espèce Sarotherodon. Leurs d<strong>en</strong>ts sont fines etils se nourriss<strong>en</strong>t surtout d'algues. L'espèce de tilapia appart<strong>en</strong>ant aug<strong>en</strong>re Oreochromis fraie dans des nids creusés dans le fond de l'étanget les oeufs sont couvés dans la bouche de la mère. Leurs d<strong>en</strong>ts sontfines et ils se nourriss<strong>en</strong>t surtout d'algues. De tous les tilapias, le tilapiadu Nil est l'espèce dont la croissance est la plus rapide (figure 22).Le système de culture des tilapias le plus courant et le plus répanduutilise des étangs <strong>en</strong> terre de toutes tailles. Dans la culture <strong>en</strong> étangs,on essaie de résoudre le problème de reproduction précoce, et donc desurpopulation, par l'utilisation de différ<strong>en</strong>tes méthodes de contrôle.<strong>La</strong> méthode la plus simple est la récolte continue. On retire les plusgros poissons à l'aide d'un filet sélectif fait <strong>en</strong> matériau naturel ou <strong>en</strong>nylon. En <strong>en</strong>levant les poissons de taille marchande, les alevins et lesjeunes poissons peuv<strong>en</strong>t poursuivre leur croissance. Comme cette méthoderequiert b<strong>eau</strong>coup de travail et allonge la période qui précède lamaturité, sa valeur est limitée. De plus, la v<strong>en</strong>te des gros poissons àcroissance rapide et l'utilisation pour la reproduction d'exemplaires àcroissance l<strong>en</strong>te risqu<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong>traîner une détériorisation génétique de lapopulation. Une méthode un peu plus compliquée est d'<strong>en</strong>lever lesjeunes de l'étang au mom<strong>en</strong>t de l'éclosion, de les élever dans desétangs d'alevinage et de les mettre <strong>en</strong> charge <strong>en</strong>suite dans les étangs decroissance. Comme le poisson a t<strong>en</strong>dance à nouv<strong>eau</strong> de s'accoupleravant d'avoir atteint la taille marchande, la surpopulation peut resterun problème.Cep<strong>en</strong>dant la méthode la plus économique de prév<strong>en</strong>tion de la surpopulationdans une ferme à <strong>petite</strong> échelle est l'introduction dans l'étangde poissons prédateurs (par ex. des poissons-chats ou des gobiesophiocéphales) : ces poissons mangeront la majorité des alevins detilapia quand les adultes comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à se reproduire. Différ<strong>en</strong>ts prédateurssont utilisés dans différ<strong>en</strong>tes parties du monde : Cichlasomamanagu<strong>en</strong>se (El Salvador), Hemichromis fasciatus (Zaïre), Nile perchet <strong>La</strong>tes niloticus (Egypte), Micropterus salmoides (Madagascar), Bagrusdocmac (Ouganda). Les prédateurs atteign<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t desprix de v<strong>en</strong>te élevés.54<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Pour utiliser cette méthode de contrôle de la reproduction des tilapias,il faut considérer un certain nombre de facteurs tels que le temps, lataille et la d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> charge des tilapias et des prédateurs.Comme les tilapias se mett<strong>en</strong>t à se reproduire immédiatem<strong>en</strong>t aprèsleur mise <strong>en</strong> charge, les prédateurs peuv<strong>en</strong>t être mis <strong>en</strong> charge <strong>en</strong>même temps. <strong>La</strong> d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> charge des tilapias est de 2/m 2 .Celle des prédateurs varie <strong>en</strong> fonction de leur voracité : 83 poissonschatsd'au moins 30 cm de longueur par 100 m 2 , ou 7 gobies ophiocéphalesd'au moins 25 cm de longueur par 100 m 2 . Si l'on utilise d'autresespèces de prédateurs, il faut soigneusem<strong>en</strong>t considérer le nombreet la taille des poissons àmettre <strong>en</strong> charge.En règle générale, laconsommation maximaled'un prédateur estde 40% de sa longueur.Ainsi, si on met <strong>en</strong> chargedes tilapias de 10 cm,il faut mettre <strong>en</strong> chargeavec lui un prédateurd'au moins 25 cm(10/0,40) de longueur,sinon le prédateur mangerales tilapias. Commela d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong>charge des prédateursdép<strong>en</strong>d de sa voracité,on peut faire une estimation<strong>en</strong> comparant la voracitédu prédateur àmettre <strong>en</strong> charge aveccelle (moy<strong>en</strong>ne) du poisson-chatet celle (trèsFigure 22 : Les papilles génitales du tilapiaféminin (a) et mâle (b) (FAO,1995).grande) du gobie ophiocéphale. On utilisera le résultat obt<strong>en</strong>u pourdéterminer le nombre de prédateurs à mettre <strong>en</strong> charge : <strong>en</strong>tre celle dupoisson-chat et celle du gobie ophiocéphale. Comme les mâles tilapias<strong>La</strong> culture du tilapia 55


se développ<strong>en</strong>t plus vite que les femelles, ils sont généralem<strong>en</strong>t plusgros au même âge. Ainsi, si vous achetez des juvéniles de tilapias dansun but de croissance, choisissez les plus grands malgré les coûts plusélevés. En effet, ces coûts seront plus que comp<strong>en</strong>sés par des taux decroissance plus élevés et par conséqu<strong>en</strong>t par des r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts plus élevés.Le tilapia mâle se distingue de la femelle par l'abs<strong>en</strong>ce d'ouvertureverticale sur les papilles génitales (figure 22).6.1 Production des oeufs<strong>La</strong> production des oeufs ne pose pas de problèmes car les poissonsfrai<strong>en</strong>t volontiers dans les étangs. Leur température préférée p<strong>en</strong>dantle frayage est de 20-30°C.Le nombre d'oeufs par ponte dép<strong>en</strong>d de la taille de la femelle : unefemelle de tilapia du Nil pesant 100 g pond <strong>en</strong>viron 100 oeufs, alorsqu'une femelle pesant 600-1 000 g <strong>en</strong> pond 1 000-1 500. Le taux demise <strong>en</strong> charge des mâles est généralem<strong>en</strong>t de 10-25 par 1 000 m 2 . Lesalevins sont ramassés à des intervalles d'un mois et se transform<strong>en</strong>t <strong>en</strong>juvéniles dans les étangs d'alevinage. <strong>La</strong> production m<strong>en</strong>suelle moy<strong>en</strong>neest d'<strong>en</strong>viron 1 500 alevins/m 3 .En général, on met <strong>en</strong> charge une femelle de tilapia d'<strong>en</strong>viron 700 g etplusieurs mâles de 200 g à une d<strong>en</strong>sité moy<strong>en</strong>ne de 1 poisson par 2m 2 , dans une proportion de 1 mâle pour 4 ou 5 femelles.Les mâles de tilapia se mett<strong>en</strong>t immédiatem<strong>en</strong>t à creuser des trousdans le fond de l'étang. <strong>La</strong> femelle est attirée dans le trou où elle déposeses oeufs. Si le fond de l'étang n'est pas meuble, on peut utiliserdes pots <strong>en</strong> terre ou des boîtes <strong>en</strong> bois pour servir de nid. Les tilapiaspeuv<strong>en</strong>t ainsi se reproduire toutes les 3 à 6 semaines.P<strong>en</strong>dant les premiers stades, les alevins s'alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de la nourritur<strong>en</strong>aturelle produite dans l'étang. Les alevins sont <strong>en</strong>levés des étangsfrayères et transférés dans des étangs d'alevinage ou directem<strong>en</strong>t dansdes étangs de croissance. Une fois transférés dans les étangs d'alevinage,ils reçoiv<strong>en</strong>t une alim<strong>en</strong>tation complém<strong>en</strong>taire dans un tauxd'<strong>en</strong>viron 6-8% du poids du corps, selon le type de nourriture. Si onutilise du son de blé, les niv<strong>eau</strong>x d'alim<strong>en</strong>tation peuv<strong>en</strong>t varier de 4 à11% du poids du corps par jour.56<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


6.2 Les étangs de croissance<strong>La</strong> culture du tilapia est généralem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>tée vers la production depoissons de taille marchande ou pesant 200-300 g minimum. Lesétangs utilisés <strong>en</strong> culture ext<strong>en</strong>sive et semi-int<strong>en</strong>sive vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong> taillede quelques mètres carrés à plusieurs milliers de mètres carrés. Lesunités de culture int<strong>en</strong>sive ont généralem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>viron 800-1 000 m 2 .Les étangs de cette taille sont faciles à gérer par l'éleveur.Il est recommandé d'utiliser une d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> charge de 2 juvéniles/m2 et d'appliquer des <strong>en</strong>grais et/ou des alim<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>tairescar une nourriture disponible <strong>en</strong> grande quantité retarde la fréqu<strong>en</strong>cede la ponte des femelles et leur taille à la maturité. On freine ainsi artificiellem<strong>en</strong>tl'effet de surpopulation de l'étang. On peut obt<strong>en</strong>ir deuxrécoltes par an lorsque la taille marchande est d'<strong>en</strong>viron 200 g. Onpeut fertiliser les étangs avec du fumier de poule et du phosphated'ammonium. Les alim<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires généralem<strong>en</strong>t utiliséssont le son de riz, le son de blé et le fumier de poule séché.6.3 Alim<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong>graisBi<strong>en</strong> que les tilapias se divis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> espèces mangeant surtout des plantesaquatiques et <strong>en</strong> espèces mangeant surtout des plantes plus <strong>petite</strong>s(algues), leurs habitudes alim<strong>en</strong>taires sont très flexibles sous lesconditions de culture <strong>en</strong> étang, c'est-à-dire qu'ils mang<strong>en</strong>t presque toutesles sortes d'alim<strong>en</strong>ts qu'on leur donne. Leur nourriture est constituée<strong>en</strong> grande partie du matériel mort trouvé au fond de l'étang. <strong>La</strong>fertilisation des étangs à tilapias avec de l'<strong>en</strong>grais organique et/ou artificielaugm<strong>en</strong>te la production alim<strong>en</strong>taire générale des étangs.Un grand nombre d'alim<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t être utilisés. Les jeunes tilapiaspuis<strong>en</strong>t surtout dans la production naturelle de l'étang. Les tilapiaadultes peuv<strong>en</strong>t vivre uniquem<strong>en</strong>t de la production naturelle de l'étangaprès application de fumier et/ou d'<strong>en</strong>grais artificiel. Cette productionalim<strong>en</strong>taire naturelle peut être plus ou moins complétée par un apportd'autres alim<strong>en</strong>ts.On peut donner aux tilapias du matériel végétal (feuilles, cassave, patate<strong>douce</strong>, maïs et papaya) et nombre de sous-produits (son de riz,<strong>La</strong> culture du tilapia 57


fruits, drêches de brasserie, tourt<strong>eau</strong>x de coton, tourt<strong>eau</strong>x d'arachideset pulpe de café).Le type de nourriture utilisée dép<strong>en</strong>d de sa disponibilité et des coûtslocaux. Dans la majorité des cas, les alim<strong>en</strong>ts sont préparés à la fermeà partir de toutes sortes de (sous)-produits agricoles. Quelques exemplesde formules simples sont données au tabl<strong>eau</strong> 5. <strong>La</strong> quantité d<strong>en</strong>ourriture nécessaire dép<strong>en</strong>d de la taille des poissons et du type d<strong>en</strong>ourriture. Une bonne observation des poissons p<strong>en</strong>dant l'alim<strong>en</strong>tationest la meilleure façon de déterminer les quantités à donner. Ne donnezpas aux poissons plus qu'ils ne peuv<strong>en</strong>t manger <strong>en</strong> une fois.Tabl<strong>eau</strong> 5 : Quelques formules alim<strong>en</strong>taires utilisés pour le tilapiadans différ<strong>en</strong>ts pays (Pillay, 1990).Philippines Afrique c<strong>en</strong>trale Côte d'ivoire65% son de riz25% farine de poisson10% farine de copra82% tourt<strong>eau</strong>/huile de coton8% farine de blé8% farine de sang de bétail25% Phosphate bicalcium61-65% poli de riz12% de blé18% tourt<strong>eau</strong>/huile d'arachides4-8% farine de poisson<strong>15</strong>% coquilles d'huître6.4 Taux de mise <strong>en</strong> charge et niv<strong>eau</strong>x deproductionUne d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> charge de 2 juvéniles de tilapia/m 2 est généralem<strong>en</strong>trecommandée.Les systèmes de polyculture de tilapia avec la carpe commune, lacarpe mulet ou arg<strong>en</strong>tée peuv<strong>en</strong>t contribuer à maximaliser l'utilisationde la nourriture naturelle des étangs. Le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t annuel <strong>en</strong> polyculturepeut atteindre les 750-1070 g/m 2 /an.58<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Exemples de niv<strong>eau</strong>x de production typiques obt<strong>en</strong>us dans différ<strong>en</strong>tssystèmes de culture :Étangs non fertilisés, sans prédateurs30-60 g/m 2 /anÉtangs non fertilisés, alim<strong>en</strong>tés, avec prédateurs 250 g/m 2 /anÉtangs fertilisés au fumier de porc500 g/m 2 /anÉtangs fertilisés au fumier de volaille300 g/m 2 /anÉtangs fertilisés + alim<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires800 g/m 2 /an<strong>La</strong> culture du tilapia 59


7 <strong>La</strong> culture du poisson-chatLes poissons-chats apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à l'ordre des Soluriformes. Ils se divis<strong>en</strong>t<strong>en</strong> plusieurs familles : Ictalirudae, Pangasidae et Clariidae etconsist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> espèces marines et <strong>en</strong> espèces d'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong> qui se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>tun peu partout dans le monde. On distingue plus de 2 000espèces différ<strong>en</strong>tes dont plus de la moitié sont répandues <strong>en</strong> Amériquedu Sud. Quelques-unes des familles de poissons-chats et leurs régionsd'élevage sont :Ictalaridae : Le poisson-chat du channel (Ictalarus punctatus) et lepoisson-chat bleu (Ictalarus furcatus), tous deux cultivés aux Etats-Unis.Pangadiisae : Pangasius suchi cultivé <strong>en</strong> Thaïlande, au Cambodge, auVietnam, au <strong>La</strong>os et <strong>en</strong> Inde et Pangasius Iarnaudi.Clariidae : Le poisson-chat d'Asie (Clarias batrachus) et Clarias microcephaluscultivés <strong>en</strong> Thaïlande et le poisson-chat d'Afrique (Clariasgariepinus) cultivé <strong>en</strong> Europe et <strong>en</strong> Afrique (figure 23).Figure 23 : Poisson-chat d'Afrique (Clarias gariepinus).Tous les poissons-chats élevés <strong>en</strong> <strong>pisciculture</strong> sont des espèces d'<strong>eau</strong><strong>douce</strong>. Leur p<strong>eau</strong> est nue ou bi<strong>en</strong> recouverte de plaques osseuse. Onpeut donc facilem<strong>en</strong>t les manipuler sans craindre d'arracher leursécailles et d'<strong>en</strong>dommager leur p<strong>eau</strong>. Leur nature robuste et leur capacitéà survivre hors de l'<strong>eau</strong> p<strong>en</strong>dant de longues périodes sont des atoutstrès précieux dans les pays tropicaux où les températures élevées pos<strong>en</strong>tdes problèmes de transport.60<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Le poisson-chat du channel fraie de préfér<strong>en</strong>ce dans des étangs peuprofonds. Les oeufs sont pondus dans un nid et gardés par le mâle. Lepoisson-chat d'Asie fraie facilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> captivité alors que le poissonchatd'Afrique nécessite des soins particuliers mais peut aussi frayernaturellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> étangs. Tout comme les tilapias, les poissons-chatsmang<strong>en</strong>t presque tout ce qu'ils trouv<strong>en</strong>t, mais ils montr<strong>en</strong>t une légèrepréfér<strong>en</strong>ce pour les petits poissons (mesurant jusqu'à 30% de la longueurde leur corps) et pour le matériel qui se trouve au fond de l'étangcomme la matière végétale. Ce sont des poissons d'<strong>eau</strong> chaude : latempérature de l'<strong>eau</strong> peut varier <strong>en</strong>tre 16 et 30°C.De nombreux poissons-chats dispos<strong>en</strong>t, outre de branchies avec lesquellesils puis<strong>en</strong>t l'oxygène de l'<strong>eau</strong>, d'une paire d'organes respiratoiressupplém<strong>en</strong>taires qui leur permet de pr<strong>en</strong>dre aussi l'oxygène de l'air.Ils peuv<strong>en</strong>t passer b<strong>eau</strong>coup de temps hors de l'<strong>eau</strong> et ils saut<strong>en</strong>t parfoishors des étangs à la recherche de nourriture; c'est la raison pourlaquelle le poisson-chat du channel est parfois appelé "poisson marcheur".Pouvant vivre dans des conditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales pauvres(étangs peu profonds avec manque d'oxygènes), ils sont parfois mis <strong>en</strong>charge dans des rizières avec des carpes et des tilapias pour mettre àprofit toute la nourriture naturelle disponible. Les poissons-chats cultivés<strong>en</strong> rizières mang<strong>en</strong>t presque tout, mais ils préfèr<strong>en</strong>t les vers, lesescargots et certains autres poissons.7.1 <strong>La</strong> production des oeufsLe comportem<strong>en</strong>t reproducteur diffère selon les espèces de poissonchat.Le poisson-chat du channel fraie à l'âge de 2-3 ans, quand il pès<strong>eau</strong> moins 1,5 kg. Pour les poissons des deux sexes, l'ouverture urogénitaleest située juste derrière l'anus. Le mâle adulte se distingue dela femelle par la forme de sa papille : elle est allongée et dirigée versl'arrière. Chez la femelle, la papille a la forme d'une excroissance ovale.Sur la Figure 24, une femelle mature (A) et un mâle (B) de poissonchat sont montrés sur le dos. Les juvéniles de poisson-chat n'ont pas<strong>en</strong>core développé de papilles.<strong>La</strong> culture du poisson-chat 61


Pour le frayage naturel, onlaisse un couple de poissonschatsdans l'étang qui conti<strong>en</strong>tune zone de nidification adaptéesur laquelle ils pourrontfrayer. Les étangs frayères ontune surface d'<strong>en</strong>viron 2500 m 2et la d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> chargeest de 5 à 30 poissons/1000 m 2 .Pour le frayage <strong>en</strong> <strong>en</strong>clos, chaquecouple de poisson-chat estmis dans une caisse de frayageplacée dans un <strong>en</strong>clos <strong>en</strong> grillagede 3 à 6 m 2 de surface etde 1 m de profondeur. Dans lesdeux systèmes, les oeufs peuv<strong>en</strong>tsoit être laissés dansl'étang jusqu'à l'éclosion, soitêtre retirés pour incuber dansune écloserie. Les femellespond<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 3.000 et 20.000oeufs par frayage, selon leurpoids corporel.Dans le cas des familles Pangasiidaeet des Clariidae, laFigure 24 : Papilles génitales dela femelle (A) et du mâle (B) dupoisson-chat d'Afrique (Vive<strong>en</strong> etal., 1985).plupart des sem<strong>en</strong>ces sont obt<strong>en</strong>ues dans la nature sous forme d'alevins.Le frayage artificiel est actuellem<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t pratiqué <strong>en</strong> Europeet <strong>en</strong> Asie pour tous les Pangasiidae et pour certains Clariidae,car on ne parvi<strong>en</strong>t pas à les laisser frayer naturellem<strong>en</strong>t. Le poissonchatd'Asie peut frayer naturellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> étangs si on arrête l'alim<strong>en</strong>tationet si on augm<strong>en</strong>te le niv<strong>eau</strong> de l'<strong>eau</strong>. Le poisson-chat d'Afriquefraie naturellem<strong>en</strong>t sur un certain nombre de substrat (fibres de sisal,feuilles de palmier et pierres).62<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


7.2 Les écloseriesAprès l'éclosion des oeufs du poisson-chat du channel dans les étangsfrayères, les alevins sont récoltés et transférés dans des étangs d'alevinage.Les écloseries sont de simples boîtes <strong>en</strong> aluminium placées dansun courant d'<strong>eau</strong> <strong>douce</strong>. Ainsi, les oeufs sont t<strong>en</strong>us <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t artificiellem<strong>en</strong>t(comme le font naturellem<strong>en</strong>t les mâles quand ils gard<strong>en</strong>tles oeufs). Les oeufs des Ictaluridae éclos<strong>en</strong>t après 5 à 10 jours à unetempérature de 21 à 24°C, alors que ceux des Pangasiidae éclos<strong>en</strong>taprès 1 à 3 jours à une température de 25 à 28°C. Les oeufs du poisson-chatd'Asie éclos<strong>en</strong>t dans des nids gardés par les mâles. L'éclosiona lieu 18 à 20 heures après le frayage si la température de l'<strong>eau</strong> est de25 à 32°C. Les nouv<strong>eau</strong>x-nés rest<strong>en</strong>t dans les nids p<strong>en</strong>dant 6 à 9 jours,après quoi ils sont transférés dans des étangs d'alevinage à l'aide d'unfilet écope. Chaque femelle produit 2 000 à 5 000 alevins, selon lepoids du corps. Sous des conditions de culture <strong>en</strong> étang, le poissonchatd'Afrique fraie naturellem<strong>en</strong>t mais, comme les géniteurs ne sesouci<strong>en</strong>t pas de leur progéniture, le taux de survie et la productiond'alevins sont très faibles. En conséqu<strong>en</strong>ce, le frayage artificiel et laproduction contrôlée d'alevins sont des pratiques de plus <strong>en</strong> plus courantes.Les poissons-chats de <strong>petite</strong> taille utilisés <strong>en</strong> <strong>pisciculture</strong> sontgénéralem<strong>en</strong>t attrapés dans la nature ou achetés sur le marché, chezdes marchands de poissons ou dans un service de vulgarisation local.7.3 <strong>La</strong> production d'alevinsLes oeufs de poisson-chat sont petits et éclos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> larves très <strong>petite</strong>s.Les larves du poisson-chat du channel éclos<strong>en</strong>t avec une vésicule vitelline.Cette vésicule r<strong>en</strong>ferme de la nourriture pour les larves quivi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'éclore. Quand cette nourriture est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t mangée, lesalevins doiv<strong>en</strong>t aller à la recherche de leur nourriture. Ils rest<strong>en</strong>t dansdes bassins d'alevinage jusqu'à la disparition de leur vésicule vitelline,c'est-à-dire <strong>en</strong>viron quatre jours après l'éclosion. Ils sont alors transférésdans des étangs d'alevinage. Les étangs d'alevinage vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong>taille et sont mis <strong>en</strong> charge à une d<strong>en</strong>sité de 50 alevins/m 2 de surfaced'étang. On comm<strong>en</strong>ce à le fertiliser quand le disque de Secchi indiqueune profondeur <strong>en</strong>tre 25 et 50 cm. <strong>La</strong> fertilisation peut se faire <strong>en</strong><strong>La</strong> culture du poisson-chat 63


ajoutant du fumier animal (5 kg de fumier de vache ou 3 kg de fumierde poule/porc par 100 m 2 et/ou des <strong>en</strong>grais artificiels (50 g de superphosphateet 100 g d'urée par 100 m 2 ). Environ deux semaines après lamise <strong>en</strong> charge, le niv<strong>eau</strong> de production des algues et du zooplanctonne satisfont plus les besoins alim<strong>en</strong>taires des alevins <strong>en</strong> croissance. Ilscomm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à manger des organismes qui se trouv<strong>en</strong>t aux le fond del'étang (par ex. des larves de moustiques) et le cannibalisme apparaîtsouv<strong>en</strong>t. Sans alim<strong>en</strong>ts complém<strong>en</strong>taires, on peut atteindre un niv<strong>eau</strong>maximal de survie d'<strong>en</strong>viron 30% des nombres totaux mis <strong>en</strong> chargedans les 30 jours de la période d'alevinage. Les juvéniles auront unpoids moy<strong>en</strong> de 1 à 3 g (3 à 6 cm de longueur).Les alevins de Pangasiidae sont généralem<strong>en</strong>t transférés directem<strong>en</strong>taprès l'éclosion dans des étangs d'alevinage, bi<strong>en</strong> que l'on utilise parfoisdes bassins d'alevinage. Les alevins mang<strong>en</strong>t la nourriture naturelleprés<strong>en</strong>te dans l'étang. Comme la production alim<strong>en</strong>taire naturell<strong>en</strong>'est pas toujours suffisante, il est recommandé de donner une nourriturecomplém<strong>en</strong>taire.7.4 Étangs de croissanceCes étangs vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong> taille de 5 000 à 20 000 m 2 . Comme les bassestempératures hivernales ral<strong>en</strong>tiss<strong>en</strong>t sa croissance, le poisson-chat duchannel est parfois élevé p<strong>en</strong>dant deux ans avant qu'il n'atteigne sataille marchande.Les juvéniles mis <strong>en</strong> charge doiv<strong>en</strong>t être tous de la même taille, sinonil y aura danger de cannibalisme : les plus grands se mettront à mangerles petits lorsqu'il n'y a pas assez de nourriture dans l'étang. Aucours de la première année, la d<strong>en</strong>sité de mise <strong>en</strong> charge est d'<strong>en</strong>viron20 juvéniles/10 m 2 . Au cours de la deuxième année, elle sera réduite à4.Les étangs de croissance pour les Clariidae et les Pangasiidae vari<strong>en</strong>t<strong>en</strong> taille de 1 000 à 20 000 m 2 ; leur profondeur est généralem<strong>en</strong>t de 1 à3 m. Les juvéniles sont mis <strong>en</strong> charge à un taux de 25/m 2 .Les poissons-chats sont égalem<strong>en</strong>t produits dans des cages flottantesqui vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong> taille de 6 à 100 m 2 .64<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


7.5 Besoins alim<strong>en</strong>tairesLe poisson-chat d'Afrique se nourrit des ressources alim<strong>en</strong>taires naturellesde l'étang. L'apport d'<strong>en</strong>grais dans les étangs à poissons-chatsvise à augm<strong>en</strong>ter la production alim<strong>en</strong>taire générale des étangs. L'expéri<strong>en</strong>cea montré que la production de poissons est plus élevée avecla fertilisation au fumier animal qu'avec la fertilisation artificielle(souv<strong>en</strong>t coûteuse aussi).<strong>La</strong> culture du poisson-chat 65


Annexe 1: Directives pour le dessin etla construction d'un étangTaille et formeLes étangs carrés et rectangulaires sont les plus faciles à construire.Cep<strong>en</strong>dant, vous pouvez construire un étang d'une autre forme <strong>en</strong>fonction du relief. Une superficie de 300 m 2 convi<strong>en</strong>t pour un étangfamilial qui sera construit sans l'aide de machines. Les étangs peuv<strong>en</strong>têtre b<strong>eau</strong>coup plus grands, mais il est préférable pour l'usage familiald'avoir plusieurs petits étangs plutôt qu'un grand. Si vous avez plusieursétangs, vous pouvez récolter du poisson plus souv<strong>en</strong>t.Profondeur<strong>La</strong> profondeur de l'<strong>eau</strong> est généralem<strong>en</strong>t de 30 cm à l'extrémité la plusbasse et 1 m à l'extrémité la plus profonde (figure 25) L'étang peut êtreplus profond s'il est utilisé comme réservoir d'<strong>eau</strong> p<strong>en</strong>dant la saisonsèche. Il est important que l'étang puisse être complètem<strong>en</strong>t vidé pourla récolte.Figure 25 : Coupe transversale d'un étang (Murnyak et Murnyak,1990).TypesLe type de l'étang à construire dép<strong>en</strong>d du relief du terrain (topographie).Les zones plates et vallonnées requièr<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>ts types d'étangs.66<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Les étangs creusés sont construits dans les zones plates <strong>en</strong> creusant untrou aussi grand que l'étang futur. Le niv<strong>eau</strong> de l'<strong>eau</strong> sera <strong>en</strong> dessousdu niv<strong>eau</strong> originel du sol (figure 26).Figure 26 : Étang creusé (Murnyak et Murnyak, 1990).Figure 27 : Étang selon les courbes de niv<strong>eau</strong> (Murnyak et Murnyak,1990).Les étangs selon les courbes de niv<strong>eau</strong> sont construits sur une p<strong>en</strong>tedans des zones vallonnées. Le sol du côté supérieur de l'étang estcreusé et utilisé pour construire une digue sur le côté inférieur. Le bar-Annexe 1: Directives pour le dessin et la construction d'un étang 67


age doit être solide car le niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> dans l'étang sera au-dessus duniv<strong>eau</strong> originel du sol (figure 27).Construction d'un étang à poissons<strong>La</strong> construction de l'étang est souv<strong>en</strong>t l'aspect le plus difficile et leplus coûteux de la <strong>pisciculture</strong>. Un étang bi<strong>en</strong> construit est un bon investissem<strong>en</strong>tqui servira de nombreuses années.Les étapes à suivre pour la construction d'un étang à poissons sont lessuivantes :1 Préparez le site2 Construisez une base d'argile, nécessaire seulem<strong>en</strong>t pour les étangsselon les courbes de niv<strong>eau</strong>)3 Creusez l'étang et construisez les digues4 Construisez l'arrivée et la sortie d'<strong>eau</strong>5 Protégez les digues de l'étang6 Fertilisez l'étang7 Clôturez l'étang8 Remplissez l'étang avec de l'<strong>eau</strong>9 Contrôlez s'il n'y a pas de problèmes avant la mise <strong>en</strong> charge despoissons1. Comm<strong>en</strong>t préparer le site.Comm<strong>en</strong>cez par <strong>en</strong>lever les arbres, les broussailles et les pierres etcoupez l'herbe de la zone destinée à l'étang. Ensuite mesurez et piquetezl'étang sur sa longueur et sa largeur (figure 28). Les digues del'étang doiv<strong>en</strong>t s'élever plusieurs mètres au-dessus de la surface del'<strong>eau</strong>. Dans les zones vallonnées, essayez de mesurer la p<strong>en</strong>te du reliefavec un niv<strong>eau</strong> ou un bâton pour trouver le meilleur emplacem<strong>en</strong>t et lameilleure ori<strong>en</strong>tation de l'étang.Enlevez la couche supérieur du sol (cont<strong>en</strong>issant des racines, desfeuilles etc.) et mettez le à l'extérieur du périmètre de l'étang (figure29). Gardez la couche supérieure pour utiliser-la plus tard quandl'herbe est planté sur les digues de l'étang.68<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Figure 28 : Piquetage de l'étang (Murnyak et Murnyak, 1990).Figure 29 : Enlevez la couche arable (Murnyak et Murnyak, 1990).Annexe 1: Directives pour le dessin et la construction d'un étang 69


2. Comm<strong>en</strong>t construire une base d'argile (pour étangs selon lescourbes de niv<strong>eau</strong>).Une base d'argile est la fondation permettant de r<strong>en</strong>forcer la digue del'étang et de prév<strong>en</strong>ir les fuites d'<strong>eau</strong>. Pour les étangs selon les courbesde niv<strong>eau</strong>, il est nécessaire de construire une base d'argile sous les partiesde la digue où l'<strong>eau</strong> dépasse le niv<strong>eau</strong> du sol originel. Pour lesétangs creusé, une base d'argile n'est pas nécessaire car le niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong>ne dépasse pas le niv<strong>eau</strong> du sol originel.Enlevez toute la couche arable de la zone destinée à l'étang et gardezlapour les digues de l'étang. Creusez une tranchée de la même façonque vous creuseriez les fondations d'une maison. <strong>La</strong> tranchée doit êtrecreusée le long du côté bas de l'étang et à mi-chemin de chaque petitcôté de l'étang (figure 30). Remplissez la tranchée avec de la bonneterre argileuse. Ajoutez plusieurs c<strong>en</strong>timètres d'argile <strong>en</strong> une fois ettassez bi<strong>en</strong>. Cela fera une solide fondation sur laquelle vous pourrezconstruire les digues de l'étang.Figure 30 : Le creusem<strong>en</strong>t d'une tranchée base (A) (Murnyak etmurnyak, 1990).70<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


<strong>La</strong> figure 31 indique comm<strong>en</strong>t une tranchée base permet de r<strong>en</strong>forcerla digue de l'étang et de la protéger des fuites. L'<strong>eau</strong> a t<strong>en</strong>dance à s'infiltrerà l'<strong>en</strong>droit où la nouvelle terre rejoint la couche de terre originelle.Dans le croquis supérieur, la base d'argile arrête l'infiltration del'<strong>eau</strong> sous le mur nouvellem<strong>en</strong>t construit. Dans le croquis du dessous,il n'y a pas de base d'argile et l'<strong>eau</strong> s'infiltre sous la nouvelle digue.Ces fuites peuv<strong>en</strong>t év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t provoquer la rupture de la digue.Figure 31 : <strong>La</strong> fonction du noyau (Murnyak et Murnyak, 1990). A :l'<strong>eau</strong>; B : le mur de terre de l étang; C : terre; D : l'<strong>eau</strong> infiltration;E : le noyau argile.3. Comm<strong>en</strong>t creuser l'étang et construire les digues.Utilisez la terre qui provi<strong>en</strong>t de la tranchée de la base d'argile pourconstruire la digue au sommet de la tranchée. N'utilisez pas de sol sableuxou rocailleux ni de terre qui conti<strong>en</strong>t des racines, de l'herbe, desbranches ou des feuilles. En pourrissant, ces matériaux laiss<strong>en</strong>t plustard un <strong>en</strong>droit faible d'où l'<strong>eau</strong> pourra fuir.Tassez souv<strong>en</strong>t la terre p<strong>en</strong>dant la construction de la digue. Aprèsavoir ajouté chaque 30 cm de terre meuble, piétinez-la. Ensuite,ameublissez-la avec une houe, un rondin lourd ou un morc<strong>eau</strong> de boisattaché à l'extrémité d'un piquet (figure 32). <strong>La</strong> digue sera ainsi r<strong>en</strong>forcée.Les digues de l'étang doiv<strong>en</strong>t dépasser d'<strong>en</strong>viron 30 cm le niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong>de l'étang. Si vous désirez cultiver des poissons-chats, construisez ladigue 50 cm plus haut que le niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> pour empêcher que les poissons-chatsne s'échapp<strong>en</strong>t. Une fois cette hauteur atteinte, ajoutez unpeu de terre pour permettre le tassem<strong>en</strong>t. Ensuite, n'ajoutez plus deterre au sommet des digues.Annexe 1: Directives pour le dessin et la construction d'un étang 71


Figure 32 : Le tassem<strong>en</strong>t de la digue (Vive<strong>en</strong> et al., 1985).Si l'étang n'est pas <strong>en</strong>core assez profond, continuez à creuser mais jettezla terre hors de la zone destinée à l'étang. Si vous la mettez sur lesdigues de l'étang, celles-ci seront trop hautes et instables et il sera difficilede travailler autour de l'étang. Les digues de l'étang doiv<strong>en</strong>t être<strong>en</strong> p<strong>en</strong>te <strong>douce</strong>. Cela les r<strong>en</strong>d plus solides et les empêche de s'effondrerdans l'étang. Le plus facile est de faire les p<strong>en</strong>tes des diguesAPRÈS avoir creusé la majeure partie de l'étang.<strong>La</strong> meilleure p<strong>en</strong>te pour un étang est celle qui s'élève 1 mètre <strong>en</strong> hauteurpour chaque 2 mètresde longueur. Pour obt<strong>en</strong>irune telle p<strong>en</strong>te, il est facilede faire un triangle commeindiqué à la figure 33. Unebonne manière de savoir siles digues sont trop escarpéesest d'essayer de desc<strong>en</strong>drel<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t du sommetde la digue jusqu'aufond de l'étang. Si celan'est pas possible, le digueFigure 33 : <strong>La</strong> mesure de la p<strong>en</strong>te dela digue (Murnyak et Murnyak, 1990).72<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


est trop escarpée!Le fond de l'étang doit aussi être <strong>en</strong> p<strong>en</strong>te de façon que la profondeurde l'<strong>eau</strong> varie suivant la longueur de l'étang. Aplanissez le fond del'étang après avoir atteint la profondeur requise. Cela facilitera l'utilisationde filets lors de la récolte du poisson : ils glisseront plus facilem<strong>en</strong>tsur le fond de l'étang.4. Comm<strong>en</strong>t construire l'arrivée et la sortie d'<strong>eau</strong>.L'arrivée d'<strong>eau</strong> consiste <strong>en</strong> un canal d'alim<strong>en</strong>tation, un bassin de décantationet un tuyau pour apporter l'<strong>eau</strong> dans l'étang. (figure 34 etfigure 35).Figure 34 : L'arrivée et la sortie de l'<strong>eau</strong> dans un étang (Murnyakand Murnyak 1990). A : canal d'alim<strong>en</strong>tation; B : tuyau de déversem<strong>en</strong>t;C : tuyau d'alim<strong>en</strong>tation; D : bassin de décantation.Annexe 1: Directives pour le dessin et la construction d'un étang 73


Figure 35 : Coupe transversale de l'arrivée et de la sortie d'<strong>eau</strong>d'un étang (Murnyak and Murnyak, (1990). A : bassin de décantation;B : tuyau de déversem<strong>en</strong>t; C : tuyau d' alim<strong>en</strong>tation; D : l'écran.L'<strong>eau</strong> qui arrive dans l'étang conti<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t b<strong>eau</strong>coup de terre et delimon. Cela risque de r<strong>en</strong>dre l'étang très boueux. Le bassin de décantationempêche la terre d'<strong>en</strong>trer dans l'étang. Élargissez et approfondissezle canal d'alim<strong>en</strong>tation juste à l'extérieur de la digue de l'étang. Aulieu d'<strong>en</strong>trer dans l'étang, la terre se déposera dans ce trou, appelé bassinde décantation.Le tuyau d'alim<strong>en</strong>tation relie le bassin de décantation à l'étang <strong>en</strong> traversantla digue de l'étang. Il doit être placé <strong>en</strong>viron <strong>15</strong> cm au-dessusdu niv<strong>eau</strong> d'<strong>eau</strong> pour que l'<strong>eau</strong> puisse tomber dans l'étang. Ainsi, lepoisson ne pourra pas s'échapper par le tuyau d'alim<strong>en</strong>tation. Celapermet égalem<strong>en</strong>t de mélanger à l'<strong>eau</strong> de l'air (et donc de l'oxygène).<strong>La</strong> sortie d'<strong>eau</strong> est un tuyau de déversem<strong>en</strong>t utilisé seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> casd'urg<strong>en</strong>ce. L'<strong>eau</strong> NE doit PAS déborder des étangs quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t.Par fortes pluies, le tuyau de déversem<strong>en</strong>t décharge l'étang de l'excèsd'<strong>eau</strong> de pluie et de ruissellem<strong>en</strong>t.Le tuyau de déversem<strong>en</strong>t peut être installé dans un coin de l'étang (Figure35). Installé avec sa prise sous l'<strong>eau</strong>, il empêchera l'écran de s'obstrueravec les débris qui flott<strong>en</strong>t à la surface de l'<strong>eau</strong>.Les tuyaux d'alim<strong>en</strong>tation et de vidange peuv<strong>en</strong>t être <strong>en</strong> métal, <strong>en</strong>plastique <strong>en</strong> bambou, <strong>en</strong> bois, etc. Installez les tuyaux à travers la diguede l'étang près de la surface de l'<strong>eau</strong>.74<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Les tuyaux doiv<strong>en</strong>t être munis d'écrans pour empêcher les poissonsd'<strong>en</strong>trer ou de sortir de l'étang. A l'extérieur de l'étang, le tuyaud'ALIMENTATION est muni d'un écran qui arrête les poissons sauvageset tous objets comme les branches et des feuilles. A l'intérieur del'étang, le tuyau de VIDANGE est muni d'un écran qui empêche lepoisson de s'échapper.Les écrans peuv<strong>en</strong>t être faits <strong>en</strong> divers matériaux : tout ce qui laissepasser l'<strong>eau</strong> mais reti<strong>en</strong>t les petits poissons (figure 36) :? un morc<strong>eau</strong> de métal perforé (figure 36A);? un écran ou treillis métallique (figure 36B);? un pot <strong>en</strong> terre perforé (figure 36C);? un tapis d'herbes lâchem<strong>en</strong>t tissé (figure 36D).Les écrans doiv<strong>en</strong>t être nettoyés tous les jours.Figure 36 : Matériaux pour écrans (Murnyak et Murnyak, 1990).5. Comm<strong>en</strong>t protéger des digues de l'étang.Une fois les digues terminées, recouvrez-les avec la couche arable quevous aviez conservée quand vous creusiez l'étang. Plantez sur les diguesdes herbes comme l'herbe de Rhodes (Chloris gavana) ou l'herbeétoile (Cynodon dactylon). N'utilisez pas de plantes ou d'arbres à longuesracines car cela affaiblirait les digues et pourrait provoquer desfuites. <strong>La</strong> couche arable permettra la croissance de l'herbe nouvellequi protégera les digues contre l'érosion.Des pluies fortes peuv<strong>en</strong>t détruire les digues de l'étang et provoquerune inondation si les <strong>eau</strong>x de pluie et de ruissellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>tdans l'étang. Ce problème est le plus courant dans les étangsselon les courbes de niv<strong>eau</strong> construits sur le versant d'une colline.Pour éviter cela, déviez l'<strong>eau</strong> de ruissellem<strong>en</strong>t autour des côtés deAnnexe 1: Directives pour le dessin et la construction d'un étang 75


l'étang. Vous pouvez creuser un fossé le long du côté supérieur del'étang. Construisez <strong>en</strong> dessous une crête étroite <strong>en</strong> utilisant la saletédu fossé. Le fossé emportera l'<strong>eau</strong> de ruissellem<strong>en</strong>t hors de l'étang.Cela évitera l'inondation et protégera les digues de l'étang (figure 37).6. Comm<strong>en</strong>t fertiliser de l'étang.On peut accroître la production alim<strong>en</strong>taire naturelle pour les poissons<strong>en</strong> appliquant de l'<strong>en</strong>grais à l'étang. Les <strong>en</strong>grais possibles sont les fumiersanimaux, le compost ou les <strong>en</strong>grais chimiques. Avant de remplirl'étang avec l'<strong>eau</strong>, répandez l'<strong>en</strong>grais sur le fond sec de l'étang. Unefois l'étang rempli, l'apport d'<strong>en</strong>grais doit avoir lieu à des intervalles detemps réguliers (par ex. tous les jours). Un apport continu d'<strong>en</strong>graisassure une production continue de nourriture naturelle pour les poissons.Pour plus de détails sur les niv<strong>eau</strong>x d'application des différ<strong>en</strong>ts<strong>en</strong>grais, voir l'<strong>Agrodok</strong> 21 sur la <strong>pisciculture</strong> intégrée.Figure 37 : Protection des digues par déviation de l'<strong>eau</strong> de ruissellem<strong>en</strong>t(Murnyak et Murnyak, 1990). A : fossé; B : digue.Si le sol est acide, ajoutez avec l'<strong>en</strong>grais de la chaux ou des c<strong>en</strong>dres debois sur le fond de l'étang avant de remplir l'étang. Utilisez 10 à 20 kgde chaux ou 20 à 40 kg de c<strong>en</strong>dres de bois pour chaque 100 m 2 de76<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


fond de l'étang (voir aussi paragraphe Acidité, alcalinité et dureté,Chapitre 4).7. Comm<strong>en</strong>t clôturer l'étangL'emplacem<strong>en</strong>t d'une clôture autour de l'étang empêchera les <strong>en</strong>fantsde tomber dans l'étang et ti<strong>en</strong>dra à distance les voleurs et les animauxprédateurs.Pour faire une clôture solide et bon marché, plantez une haie épaissetout autour de l'étang ou construisez une clôture avec des piquets etdes branches épineuses.8. Comm<strong>en</strong>t remplir l'étang avec de l'<strong>eau</strong>Avant de remplir l'étang, placez des pierres sur le fond de l'étang àl'<strong>en</strong>droit où l'<strong>eau</strong> tombera du tuyau d'alim<strong>en</strong>tation. Cela empêcheral'<strong>eau</strong> de creuser un trou et d'éroder le fond de l'étang. Ouvrez <strong>en</strong>suitele canal d'alim<strong>en</strong>tation et remplissez l'étang.Remplissez l'étang l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t de façon que les digues ne s'affaiss<strong>en</strong>tpas à cause d'un apport d'<strong>eau</strong> inégal. P<strong>en</strong>dant le remplissage de l'étang,mesurez la profondeur de l'<strong>eau</strong> avec un bâton. Arrêtez de remplirl'étang quand la profondeur requise est atteinte.Ne remplissez pas l'étang jusqu'à le faire déborder. Le tuyau de déversem<strong>en</strong>tsert évacuer l'excès d'<strong>eau</strong> de pluie et de ruissellem<strong>en</strong>t. L'<strong>eau</strong> del'étang doit être stagnante. L'<strong>eau</strong> qui coule ral<strong>en</strong>tit la croissance despoissons <strong>en</strong> emportant les alim<strong>en</strong>ts naturels produits dans l'étang. Onne doit ajouter de l'<strong>eau</strong> à l'étang que pour comp<strong>en</strong>ser les pertes dues àl'évaporation et à l'infiltration.Les nouv<strong>eau</strong>x étangs laiss<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t s'inflitrer l'<strong>eau</strong> lorsque ils sontremplis pour la première fois car le sol absorbe l'<strong>eau</strong>. Continuez àajouter de l'<strong>eau</strong> p<strong>en</strong>dant plusieurs semaines. Peu à peu, l'étang reti<strong>en</strong>dral'<strong>eau</strong>.Annexe 1: Directives pour le dessin et la construction d'un étang 77


9. Comm<strong>en</strong>t contrôler qu'il n'y a pas de problèmes avant la mise<strong>en</strong> chargeAtt<strong>en</strong>dez 4 à 7 jours avant la mise <strong>en</strong> charge des poissons pour laisser àla production alim<strong>en</strong>taire naturelle le temps de démarrer. Il importe pourcela de maint<strong>en</strong>ir l'étang <strong>en</strong> bon état et de contrôler la qualité de l'<strong>eau</strong>.78<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Annexe 2 : Aperçu des espèces depoissons souv<strong>en</strong>t cultivées et de leurpréfér<strong>en</strong>ces alim<strong>en</strong>tairesMangeurs d'alguesCarpe arg<strong>en</strong>tée chinoise (Hypophtalmichthys molitrix)Carpe "catla" indi<strong>en</strong>ne (Catla catla)<strong>La</strong> carpe "rohu" indi<strong>en</strong>ne (<strong>La</strong>beo rohita)Le chanos (Chanos chanos)Mangeurs de plantes aquatiquesCarpe herbovore chinoise (Ct<strong>en</strong>opharyngodon idella)Brème "Wuchang" chinoise (Megalobrama amblycephala)Grande gourami (Osphronemus goramy)Tilapia (Tilapia r<strong>en</strong>dalli)Zill's tilapia (Tilapia zillii)Mangeurs de zooplanctonCarpe "à grosse tête" chinoise (Aristichthys nobilis)Mangeurs d'escargotsCarpe "noire" chinoise (Mylopharyngodon piceus)Espèces prédatrices (mangeurs de poissons)"Espèces gobie ophiocéphale (Channa spp. = Ophiocephalus spp.)OmnivoresEspèces à barbe (Puntius spp.)Le cyprin (Carassius carassius)Carpe "de vase" chinoise (Cirrhinus molitorella)Carpe commune (Cyprinus carpio)Espèces de poisson-chat (Clarias spp., Pangasius spp., Ictalurus spp.)Carpe "mrigala" indi<strong>en</strong>ne (Cyprinus mrigala)Espèces de tilapias (Oreochromis spp., Sarotherodon spp., Tilapia spp.)Annexe 2 : Aperçu des espèces de poissons souv<strong>en</strong>t cultivées 79


Annexe 3 : Caractéristiques desmatériaux de chaulageLes matériaux de chaulage les plus utilisés sont la chaux agricole, lachaux éteinte et la chaux vive.<strong>La</strong> chaux agricole est souv<strong>en</strong>t utilisée par les pisciculteurs car elle estsaine, très efficace et souv<strong>en</strong>t moins chère.Les quantités nécessaires comparées à 1 kg de chaux agricole (CaCO 3 )sont :700 g de chaux éteinte (Ca(OH) 2 )550 g de chaux vive (CaO)2,25 kg de scorie de déphosphoration (CaCO 3 + P 2 O 5 )Cela signifie que, par exemple, 550 g de chaux vive a le même effetque 1 000 g de chaux agricole.Comme le meilleur effet de la chaux est obt<strong>en</strong>u avec de grosses particulesde chaux, on obti<strong>en</strong>t les meilleurs résultats <strong>en</strong> écrasant la chauxavant l'application.Les meilleurs résultats sont obt<strong>en</strong>us quand la chaux est régulièrem<strong>en</strong>trépandue sur un fond sec. Cep<strong>en</strong>dant, la chaux vive utilisée commedésinfectant nécessite de l'humidité.Application des matériaux de chaulageLes étangs au sol acide ou à l'<strong>eau</strong> acide et/ou les étangs avec de l'<strong>eau</strong>non dure à basse alcalinité requiert une application de chaux.Le Tabl<strong>eau</strong> 6 ci-dessous doit servir d'indication pour estimer la quantitéde chaux nécessaire, exprimée <strong>en</strong> kg/ha de chaux agricole.Tabl<strong>eau</strong> 6 : Quantité de chaux agricole nécessaire <strong>en</strong> kg/ha.pH fond de l'étang Terr<strong>eau</strong>x lourds ou Terr<strong>eau</strong> sableux Sableargiles lourdes5-5,5 5 400 3 600 1 8005,5-6 3 600 1 800 9006-6,5 1 800 1 800 080<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


Si le taux d'application de chaux est correct, après 2 à 4 semaines lepH sera supérieur à 6,5 et l'alcalinité totale supérieure à 20 mg/l. Lesam<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts plus important pour le chaulage sont la chaux agricole,la chaux éteinte et la chaux vive.Annexe 3 : Caractéristiques des matériaux de chaulage 81


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Adresses utilesFAO, Food and Agricultural Organization of the United NationsFAO's mandate is to raise levels of nutrition, improve agricultural productivity,better the lives of rural populations and contribute to thegrowth of the world economy. Make sure people have regular accessto <strong>en</strong>ough high-quality food to lead active, healthy lives.Viale delle terme di carcalla, Rome, ItalyTelephone: (+39) 06 57051; Fax: (+39) 06 570 53<strong>15</strong>2E-mail:FAO-HQ@fao.org; web-site: www.fao.orgWUR-Zodiac, Wag<strong>en</strong>ing<strong>en</strong> University & Research C<strong>en</strong>trum,Zodiac-Animal Sci<strong>en</strong>ce Departm<strong>en</strong>tZodiac is the departm<strong>en</strong>t for animal Sci<strong>en</strong>ces of the Wag<strong>en</strong>ing<strong>en</strong> Agriculturaluniversity.Zodiac has as a mandate of developing educationand research in the fields of animal sci<strong>en</strong>ces.Marijkeweg 40, 6709 PG, Wag<strong>en</strong>ing<strong>en</strong>, The NetherlandsTelephone: 31-(0)317-48 39 52; Fax: 31-(0)317-483962E-mail:Zodiac.library@wur.nl; web-site: www.zod.wau.nlWorld Fish C<strong>en</strong>terThe World fish c<strong>en</strong>ter is an international organization committed tocontributing to food security and poverty eradication in developingcountries. This is achieved through research, part<strong>en</strong>ership capacity andpolicy support on living acquatic resources.P.O.Box 500, GPO, P<strong>en</strong>ang, MalaysiaTelephone: (+60-4)626 1606; Fax: Fax: (+60-4) 626 5530E-mail:worldfishc<strong>en</strong>ter@cgiar.org; web-site: www.worldfishc<strong>en</strong>ter.orgRIVO, Netherlands Institut for fisheries researchThe Netherlands Institute for Fisheries Research is a research andconsultancy organization that covers all stages of fish production fromthe sustainability of catch up to the appreciation of fish products bythe consumer. Its abilities and str<strong>en</strong>gths in these fields are recognisedby national and international fish-related communities (governm<strong>en</strong>taland commercial), by the sci<strong>en</strong>tific community and by nongovernm<strong>en</strong>talorganizations (NGOs). It is also recognized as a Dutch84<strong>La</strong> <strong>pisciculture</strong> <strong>en</strong> <strong>eau</strong> <strong>douce</strong> à <strong>petite</strong> échelle


esearch institute for marine ecology and an excell<strong>en</strong>t laboratory forchemical analysispostbus 68, 1970 AB IJmuid<strong>en</strong>, Harinkade 1, 1970 AB, IJmuid<strong>en</strong>, TheNetherlandsTelephone: 31 (0)255564646; Fax: 31(0)2555646 44E-mail:visserijonderzoek.asg@wur.nl; web-site: www.rivo.dlo.nlAdresses utiles 85

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