L’interview/François aynardFontenay,une entreprise Patrimoine mondialL’abbaye de Fontenay est l’un des m o n u m e n t s historiques phares de la Bourgogne. Chaqueannée, elle attire plus de 100 000 visiteurs, curieux de découvrir l’un des plus anciens monastèrescisterciens. Aujourd’hui, elle est devenue une vraie petite entreprise culturelle, familiale, dontFrançois Aynard conduit le développement. Un vrai défi dont dépend la vie de ce lieu.Bio-expressOn le sait peu mais cette abbaye,fondée en 1118 par saint Bernard, reste votre demeurefamiliale en même temps qu’elle est devenue une petiteentreprise. Comment s’est opérée cette conversion ?François Aynard : Vendue à la Révolution, l’abbayea été rachetée en 1820 par mes ancêtres, la familleMontgolfier, pour y développer une papeterie. En1906, alors que l’entreprise a été mise en liquidationvolontaire, Édouard Aynard, mon arrière-grand-père,époux de Rose de Montgolfier, rachète l’ensemble àsa belle-famille. Féru d’art, il démantèle, entre 1906et 1914, l’usine qui défigurait les lieux. Durant l’entre-deux-guerres,ma famille n’occupera l’abbaye quepour les vacances mais, en 1946 déjà, elle recevaitdes visiteurs. 774 cette année-là… En 1947, mon père,Hubert Aynard, est le premier à s’installer en permanenceici. Mais, n’ayant pas de fortune personnelle,il y développe une activité professionnelle, agricole,avec une pisciculture, un élevage de vaches charolaiseset la culture céréalière. L’exploitation du domaineest restée longtemps l’activité principale de l’abbaye.Pourtant, avec le développement du tourisme cultureldans les années 60 et 70, les visites ont commencé àl’occuper de plus en plus, l’obligeant à se professionnaliser,aidé par ma mère. En 1977, le cap des 50 000entrées a été atteint. Après le classement de Fontenayau Patrimoine mondial de l’humanité, par l’Unesco,en 1981, il a décidé d’arrêter la pisciculture et l’élevagepour recentrer l’activité sur le développement desvisites. Aujourd’hui, l’abbaye est presque à 100 % unepetite entreprise culturelle, qui accueille en moyenne100 000 visiteurs par an…François Aynard1956 : Naissance à Montbard1978 : Licence de philosophie, à Paris X-Nanterre1982-1994 : Journaliste pigiste en Italie pour RadioVatican, RFI et Libération1995 : Rejoint l’abbaye de Fontenay c o m m e chargéde c o m m u n i c at i on2005 : Il en prend la directionPhoto : J.-M. SchwartzComment, juridiquement, cettepetite entreprise est-elle structurée ?F. A. : L’abbaye elle-même est une affaire en nom propredont mon père est le propriétaire. <strong>Les</strong> visites génèrent800 000 euros de chiffre d’affaires. Une SARL, la Sogef, aégalement été créée pour porter une autre activité : cellede la librairie qui, aujourd’hui, réalise environ 300 000euros de chiffre d’affaires. Au total, cela représente treizeemplois, huit permanents et cinq saisonniers. Trois personnessont affectées à l’entretien du monument, desjardins et du domaine, d’une superficie de 200 hectares,constitué essentiellement de bois. L’entreprise reste trèsfamiliale : mon beau-fils, Francisco Salazar, est chargéde développement, mon épouse Gloria, architecte, de lascénographie des expositions.Loin d’être figé, comme onpourrait le penser d’un monument historique, Fontenayinnove à sa façon. L’année dernière, la forge médiévalea été remise en service, avec la reconstitution d’unmarteau hydraulique identique à celui qu’utilisaientles moines*. Du coup, cette année, vous organisez desdémonstrations de forgeage. Cela a-t-il un impact surla fréquentation des lieux ?F. A. : Oui ! Aujourd’hui, le tourisme culturel s’est diversifié.L’offre est devenue pléthorique, détournant une partie deceux qui visitaient des monuments historiques comme lesnôtres vers des lieux où la découverte est associée au divertissement.Fontenay doit donc trouver les moyens d’attirerle <strong>public</strong>. C’est tout l’objet de notre travail aujourd’hui.Développer la fréquentation qui, depuis vingt ans, oscilleentre 100 000 et 120 000 visiteurs. Le développement deFontenay est lié à la Haute Côte-d’Or, nous attendons desretombées positives du MuseoParc d’Alésia.Comment comptez-vous alimentervotre croissance ?F. A. : Notre chiffre d’affaires, depuis le début de l’année, aprogressé de 10 %, en partie grâce à la hausse moyenne de4 % des tarifs d’entrée (qui sont passés à 9,20 euros pourles individuels adultes). Mais l’essentiel de nos efforts seporte sur la communication, grâce à laquelle nous espérons4Mag a z i n e é c o n o m i q u e d e s Ch a m b r e s d e Co m m e r c e et d’In d u s t r i e d e Cô t e-d’Or
SANTÉ ET PRÉVOYANCE,PROTÉGEZVOTRE INDÉPENDANCE.augmenter la fréquentation touristique : lesmailings ciblés (auprès des Tour Opérateurspar exemple), la <strong>public</strong>ité (sur Autoroute Infocette année pendant la haute saison), le siteInternet (qui va être renouvelé d’ici à 2010)ou encore l’édition de documents, distribuéslors des salons. Aujourd’hui, j’essaie d’être unprofessionnel du tourisme, avec une petiteentreprise qu’il faut équilibrer. C’est pourquoila diversification de nos recettes est devenueune nécessité.Quelles sont les pistesenvisagées ?F. A. : Nous proposons déjà d’autres produits,par exemple, pour les groupes. Desformules visite et déjeuner, dans un endroitfermé à la visite, au fond des jardins, là oùont été tournées les dernières scènes du filmCyrano de Bergerac. L’année dernière, nousavons ainsi organisé une dizaine de journées.<strong>Les</strong> visiteurs étaient ravis. Ils l’ont vécucomme un privilège. Nous louons égalementnos salles pour les cocktails et les dîners.Depuis 2007, après une longue interruption,nous avons repris la location du site pour letournage de films (cet été, La Marquise desombres, un téléfilm pour France 2, ndlr). Cetype d’opération a un impact <strong>public</strong>itairecertain : il fait parler du lieu et en donne uneimage vivante aux visiteurs. Cette notion delieu vivant est importante. Un monumenthistorique qui n’organise pas d’événementsest, je le crois, condamné. C’est pourquoi,outre les démonstrations de forgeage dontAujourd’hui, l’abbaye accueille en moyenne 100 000 visiteurs par an.nous parlions, nous montons depuis cinqans une programmation culturelle que nousvoulons de qualité. En 2007, l’exposition deYann Arthus-Bertrand, « <strong>Les</strong> monastères vusdu ciel », a particulièrement bien marché. Ellea permis d’accroître la fréquentation de 5 %en juillet et de 10 % en août. Seule limite àl’exercice : l’organisation de ces événementsa un coût que nous ne pouvons assumersans mécènes. Il y a quelques années, il nefaut pas l’oublier, le déficit d’exploitation aatteint jusqu’à 100 000 euros par an. Aussil’exposition Yann Arthus-Bertrand n’a-t-elleété possible que grâce à l’intervention dela maison Bouchard Père et Fils, à hauteurde 25 000 euros. Aujourd’hui, je souhaitedévelopper le mécénat parce que nous avonsencore de nombreux projets : l’ouvertured’une cafétéria dans les deux ans, celle d’unhôtel à l’endroit de l’ancienne piscicultured’ici dix ans…* Dans le cadre d’un projet scolaire européenauquel a participé le lycée professionnel Eugène-Guillaume de Montbard.nos performances– Le seul site français, inscrit au Patrimoine mondialde l’humanité par l’Unesco, détenu par desparticuliers– Une notoriété internationale– 100 000 à 120000 visiteurs par an– 33 % d’étrangers– Un chiffre d’affaires de 800000 euros générépar les visitesen savoir plusAbbaye de Fontenay – 21 500 Montbard03 80 92 15 00 – www.abbayedefontenay.com5N° 19 Juillet Août 2009Fort de la confiance de 141 000professionnels indépendants,Radiance a créé Pack Profils, unensemble de garanties santé etprévoyance conçu spécialementpour répondre à vos besoins. Ainsiavec Pack Profils, vous bénéficiezd’une protection intégrale pourvous, votre activité et votre famille.Et grâce à la loi Madelin, vousprofitez d’une déduction fiscale devos cotisations. Pour découvrir lesnombreux avantages de Pack Profils,rencontrons-nous !La Mutuelle qui va à l'essentielDIJON5, place de la République0 969 36 4000www.radiance.frEn Bourgogne : AUTUN - AUXERREBOURBON LANCY - CHALON S/SAONE - CHAUFFAILLES - NEVERSSENS