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UNIVERSITE PAUL SABATIER- TOULOUSE - Facultés de ...

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1<strong>UNIVERSITE</strong> <strong>PAUL</strong> <strong>SABATIER</strong>- <strong>TOULOUSE</strong>FACULTES DE MEDECINEToulouse-Purpan – Toulouse-RangueilD.C.E.M. IVAnnée Universitaire 2009-2010Module 11THERAPEUTIQUE GENERALEService <strong>de</strong> ThérapeutiqueProfesseur B. CHAMONTINProfesseur J. AMAR - Docteur B. DULY-BOUHANICK


2Item 167SOMMAIREThérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses.Cadre réglementaire <strong>de</strong> la prescription thérapeutique et recommandationsDr B. Duly-Bouhanick,3Item 168Item 169Item 170Item 171Effet placebo et medicament placeboDr B. Duly-BouhanickL’évaluation thérapeutique et les niveaux <strong>de</strong> preuvePr B. ChamontinLa décision thérapeutique personnaliséePr J. AmarObservance médicamenteusePr M. SalvadorRecherche d’un terrain à risque et adaptation thérapeutique InteractionsmédicamenteusesPr B. Chamontin, Pr JP Vinel, Dr B. Duly-Bouhanick, Pr M. Salvador1823394450Item 172Item 173Item 174Item 175AutomédicationPr M. SalvadorPrescription et surveillance <strong>de</strong>s antibiotiquesPr J. AmarPrescription et surveillance <strong>de</strong>s anti-inflammatoires stéroïdiens et non-stéroïdiensPr B. Chamontin, Pr J. AmarPrescription et surveillance <strong>de</strong>s anti-thrombotiquesPr J. Amar, Pr P. Sié, Pr B. Chamontin, Dr L. Perez111118123154Item 176Item 177Item 178Item 179Item 180Item 181Prescription et surveillance <strong>de</strong>s diurétiquesPr B. Chamontin, Pr J. AmarPrescription et surveillance <strong>de</strong>s psychotropesPr L. SchmittTransfusion sanguine et produits dérivés du sang : indications, complications,hémovigilancePr G. Laurent, Pr M. Attal, Pr J. Corberand, Pr B Marchou, Pr Ch RecherPrescription d’un régime diététiqueDr B. Duly-BouhanickPrescription d’une cure thermalePr JL MontastrucIatrogénie. Diagnostic et prévention. PharmacovigilancePr J. Amar, Pr JL Montastruc, Pr B. Chamontin194206228251267280Item 182 Acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s anticoagulants (traité avec Item 175)188Pr J. Amar, Pr P. SiéLes enseignants <strong>de</strong> Thérapeutique remercient les enseignants <strong>de</strong>s autres disciplines ayantapporté leur contribution à la rédaction <strong>de</strong> ce polycopié : Pr M Attal, Pr JCorberand, Pr G Laurent, Pr JL Montastruc, Pr L Schmitt, Pr J. Sié, Pr JP Vinel.


3THÉRAPEUTIQUES MÉDICAMENTEUSES ET NON MÉDICAMENTEUSESCADRE RÉGLEMENTAIRE DE LA PRESCRIPTION THÉRAPEUTIQUEET RECOMMANDATIONS(167)Béatrice DULY-BOUHANICKOBJECTIFS PEDAGOGIQUES TERMINAUX :- Distinguer les différents cadres juridiques <strong>de</strong> prescription.- Expliquer la prescription d’un médicament générique.- Expliquer les modalités d’élaboration <strong>de</strong>s recommandations et conférences<strong>de</strong>consensus, ainsi que leur niveau <strong>de</strong> preuve (fait ailleurs).PLAN1 - Parcours et bon usage du médicament2 - Médicament générique3 - Conformité <strong>de</strong>s ordonnances• Les ordonnances• Rédaction• cas <strong>de</strong>s ordonnances traditionnelles• cas <strong>de</strong>s ordonnances sécurisées• Cas <strong>de</strong>s ordonnances particulières :- affections <strong>de</strong> longue durée- médicaments à prescription restreinte- médicaments d’exception4 - les prescriptions non médicamenteuses5 - Tarification à l'activité (T2A) et médicaments hors du Groupe Homogène<strong>de</strong> Séjour (GHS)


4---------------------------------------------------------------------------------------------------ABREVIATIONS EN USAGE RELATIVES AU MEDICAMENT* AFSSAPS : Agence française <strong>de</strong> sécurité sanitaire <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> santé.* AMM : autorisation <strong>de</strong> mise sur le marché.* ATU : autorisation temporaire d’utilisation* ALD : affection <strong>de</strong> longue durée.* ASMR : amélioration du service médical rendu.* SMR : service médical rendu.* DCI : dénomination commune internationale.* HAS :haute autorité <strong>de</strong> santé* RCP : résumé <strong>de</strong>s caractéristiques du produit.* URCAM : union régionale <strong>de</strong>s caisses d’assurance maladie.* CNAM : caisse nationale <strong>de</strong> l’assurance maladie.* CMT : consommation médicale totale* ARH : agence régionale <strong>de</strong> l’hospitalisation* TFR : tarif forfaitaire <strong>de</strong> responsabilité---------------------------------------------------------------------------------------------------1 - PARCOURS ET BON USAGE DU MEDICAMENT- La Haute Autorité <strong>de</strong> Santé créée en 2005 est une instance consultative, indépendante,unique qui regroupe <strong>de</strong>s experts pour évaluer l’utilité médicale <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s actes ,prestations et produits <strong>de</strong> santé pris en charge par l’assurance maladie, pour mettre enœuvre la certification <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> santé, évaluer les pratiques <strong>de</strong>s professionnels<strong>de</strong> santé et promouvoir le bon usage <strong>de</strong>s soins auprès <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé et dugrand public. Elle reprend les missions <strong>de</strong> l’ANAES, (élaboration <strong>de</strong> recommandations) <strong>de</strong> laCommission <strong>de</strong> Transparence (qs infra) et <strong>de</strong> la Commission d’évaluation <strong>de</strong>s produits etprestations et le Fonds <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> l’information (Fopim)- L’AFSSAPS (Agence Française <strong>de</strong> Sécurité Sanitaire <strong>de</strong>s Produits <strong>de</strong> Santé) est une autreinstance qui fixe les modalités <strong>de</strong> prescription du médicament, sur décisions <strong>de</strong>scommissions <strong>de</strong> l’AMM et <strong>de</strong> la Transparence. Il existe une répartition <strong>de</strong>s responsabilitéset <strong>de</strong>s décisions.Ainsi, un médicament après avoir subi une phase <strong>de</strong> mise au point pilotée par les firmespharmaceutiques mais en adéquation avec les exigences <strong>de</strong>s différentes commissions <strong>de</strong>vantlequel le médicament va passer (et qui peut durer plus <strong>de</strong> 10 ans !) doit obtenir uneAutorisation <strong>de</strong> Mise sur le Marché (AMM), puis passer <strong>de</strong>vant la Commission <strong>de</strong>Transparence, puis passer <strong>de</strong>vant le comité économique ce qui explique la longueur <strong>de</strong> laprocédure…- C’est la commission d’AMM, qui, sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’industriel accor<strong>de</strong> à partir du dossiertechnique et clinique présenté par le fabricant, cette AMM dans les indications et selon leprotocole <strong>de</strong> prescription retenus. C’est aussi à ce sta<strong>de</strong> que le résumé <strong>de</strong>scaractéristiques du produit (RCP) à présenter lors <strong>de</strong> la visite médicale et inclus dans leVidal et proposé par la firme est éventuellement modifié et validé.Peut-on prescrire un médicament hors AMM ? un article récent distingue 2 types <strong>de</strong>prescriptions hors AMM : celles dans <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> patients non étudiés dans les étu<strong>de</strong>s(enfants, femmes enceintes, sujets très âgés qui sont souvent les laissés pour compte <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s..) et plus rarement dans le cas d’une pathologie différente que celle pour laquelle lamolécule a reçu une AMM. Aux USA, cette <strong>de</strong>rnière pratique concernerait jusqu’à 1/5 ème <strong>de</strong>sprescriptions.. En toute logique, la réponse est oui, il est possible <strong>de</strong> prescrire hors AMMmais elle est en réalité faite aux risques et périls <strong>de</strong> l’auteur: en cas <strong>de</strong> plainte, le mé<strong>de</strong>cin


5est très exposé.. et pourquoi s’affranchir <strong>de</strong> la validation sur un dossier complet fourni pourl’obtention <strong>de</strong> l’AMM ? Par ailleurs, une prescription hors AMM n’est pas remboursée.Une AMM est-elle définitive ? bien sûr que non : ultérieurement à l’AMM, à partir <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> tolérance <strong>de</strong> phase IV et <strong>de</strong> la pharmacovigilance ou d’étu<strong>de</strong>s en cours et non disponiblesau moment du dépôt <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’AMM, les conclusions <strong>de</strong> la commission peuvent évolueret se préciser vis à vis par exemple <strong>de</strong> sous-groupes <strong>de</strong> patients, (sujet très âgé,diabétique, femme enceinte...), jusque là non concernés par l’AMM mais aussi dans <strong>de</strong>sindications très différentes <strong>de</strong> celles déjà octroyées (cas <strong>de</strong> l’insuffisance cardiaque pour lesβ Bloquants par exemple qui avaient déjà l’AMM pour l’HTA) mais c’est à l’industriel <strong>de</strong> saisirune nouvelle fois la commission, ce qu’il ne fait pas toujours..Et l’Europe ? La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’AMM (qui concerne la France) est maintenant généralementpréalablement déposée auprès <strong>de</strong> l’Agence Européenne du Médicament (EMEA) pourconcerner tous les Etats <strong>de</strong> l’Union Européenne avant d’en arriver à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’AMMfrançaise…Qu’est ce que l’AMM conditionnelle ? c’est une AMM européenne (JO <strong>de</strong> l’Union Européennedu 30 mars 2006) octroyée sur <strong>de</strong>s données d’évaluation encore incomplètes si le rapportbénéfice/risque est favorable, si le médicament répond à <strong>de</strong>s besoins médicaux nonsatisfaits, si le bénéfice attendu pour la santé publique l’emporte sur le risque inhérent aufait que <strong>de</strong>s données supplémentaires sont encore requises. Un calendrier précis fixel’obligation <strong>de</strong> communiquer les résultats manquants. Le RPC doit mentionner le caractèreconditionnel ou provisoire <strong>de</strong> l’AMM et sa date limite <strong>de</strong> validité, en général d’un an.- La commission <strong>de</strong> la transparence encore appelée <strong>de</strong>puis 2005 la commissiond’évaluation du médicament (une <strong>de</strong>s 7 commissions <strong>de</strong> la HAS) évalue le médicament(ayant eu une AMM) lorsque le laboratoire qui le commercialisera souhaite obtenir leurinscription sur la liste <strong>de</strong>s médicaments remboursables. Elle comprend 20 membres titulaireset 6 suppléants, tous <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé. Il s’agit d’une instance indépendante visà-vis<strong>de</strong>s pouvoirs publics, <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé comme <strong>de</strong> l’industrie pharmaceutiqueaffichée lors <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> la HAS lors du décret d’octobre 2004. Sonfonctionnement et ses prérogatives ont été précisées par décrets du 27 octobre 1999, du 27septembre 2003, puis par la loi du 13 Août 2004. Elle évalue ainsi :-le Service Médical Rendu (SMR) par le médicament qui est fondé sur :1)son intérêt clinique qui dépend :-<strong>de</strong> son niveau d’efficacité (la simple supériorité versus placebo nesuffit pas, encore faut-il que cette différence soit cliniquementpertinente)-du niveau <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong> la démonstration <strong>de</strong> cette efficacité-<strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s critères retenus dans les essais pour la mise enœuvre <strong>de</strong> cette efficacité (morta-morbidité, qualité <strong>de</strong> vie..)-<strong>de</strong> sa tolérance2)sa place dans la stratégie thérapeutique (1 ère , 2 ème intention ?)3) le caractère : traitement curatif ou préventif ou symptomatique, (le curatifest valorisé)4)l’impact <strong>de</strong> santé publique avec ses 4 items : gravité <strong>de</strong> la maladie, impactdu médicament sur la morbi-mortalité, capacité <strong>de</strong> réponse à un besoin noncouvert et impact attendu sur l’organisation <strong>de</strong>s soinsSi ce SMR est déclaré « suffisant », c’est le directeur <strong>de</strong> la CNAM (Caisse Nationaled’Assurance Maladie) qui détermine le taux <strong>de</strong> prise en charge « majeur ouimportant », « modéré » ou « faible ». Ce taux varie dans une fourchette <strong>de</strong> 60 à


670% ou dans celle <strong>de</strong> 40 à 30% (et plus systématiquement <strong>de</strong> 65% ou <strong>de</strong> 35%comme antérieurement) ;-et pour chaque indication où l’AMM est accordée, l’Amélioration du ServiceMédical Rendu (ASMR) vis à vis <strong>de</strong>s autres médicaments <strong>de</strong> même classe- niveau I : amélioration majeure ;- niveau II amélioration importante ;- niveau III : amélioration modérée ;- niveau IV : amélioration mineure ;- niveau V : absence d’améliorationen tenant compte <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong> l’efficacité e/o du profil d’effets indésirablesE/o <strong>de</strong> la commodité d’emploi, du caractère innovant et <strong>de</strong> l’intérêt pour la santépublique.L’ASMR conditionne en partie le prix et s’établit en comparant toutes les stratégiesthérapeutiques disponibles (la chirurgie en fait partie) qui tient compte <strong>de</strong> l’efficacitémais aussi d’une réduction <strong>de</strong>s effets indésirables. La Commission peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r àune firme <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s dites <strong>de</strong> post-inscription afin <strong>de</strong> mieux connaître un nouveauproduitAinsi, son avis détermine l’inscription sur la liste <strong>de</strong>s spécialités remboursables, le taux duremboursement (<strong>de</strong> 30 à 70%), et il intervient dans le prix qui sera fixé par le Comitééconomique du médicament. Cette inscription pour 5 ans, a un renouvellement soumis au<strong>de</strong>venir du SMR et <strong>de</strong> l’ASMR avec possible perte ou réduction du remboursement si leproduit en question n’a pas tenu toutes ses promesses. Le non ou le déremboursement<strong>de</strong> 65 à 35 % <strong>de</strong> plusieurs centaines <strong>de</strong> médicaments a eu lieu ou est en cours.Le fabricant en cas <strong>de</strong> non inscription du médicament sur la liste, ou non satisfait du prixet/ou du taux <strong>de</strong> remboursement accordés, peut déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> le commercialiser dans le cadre<strong>de</strong> l’AMM, hors remboursement au prix <strong>de</strong> son choix et sans faire apparaître les RCP dans ledictionnaire Vidal.La commission se prononce aussi sur le conditionnement le plus économique et sur lesrecommandations relatives à l’usage <strong>de</strong>s médicaments. Depuis 2007, le conditionnement<strong>de</strong>s médicaments pour les maladies chroniques (diabète, HTA, lipi<strong>de</strong>s) est <strong>de</strong> 3 mois et leprix en est réduit d’autant..- Le Comité économique du médicament, instance administrative, travaille à partir <strong>de</strong>sconclusions <strong>de</strong> la commission <strong>de</strong> transparence. Il dirige la politique du médicamentnotamment en regard <strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong>s dépenses, à partir <strong>de</strong>s instructions ministérielles. Ilfixe le prix du médicament remboursable, signe <strong>de</strong>s conventions avec les Laboratoires.→ A noter qu’une information pertinente sur un nouveau médicament notamment lors <strong>de</strong> lavisite médicale, fait référence :(i) au RCP ou à la fiche intercalaire du Vidal ;(ii) au SMR et au niveau <strong>de</strong> l’ASMR dans chaque indication bénéficiant d’une AMM(iii) aux prix et taux <strong>de</strong> remboursement du traitement.→ Autre remarque : pour <strong>de</strong>s raisons étrangères à la pertinence <strong>de</strong>s soins - éviter un“switch” vers <strong>de</strong>s produits plus chers et plus dangereux - le Vidal mentionne encore nombre<strong>de</strong> médicaments <strong>de</strong> “confort” ou se réclamant uniquement d’argumentsphysiopathologiques. Au chapitre <strong>de</strong>s indications, les mentions “proposé dans, utilisé dans,traitement d’appoint <strong>de</strong>...” signifient pudiquement que l’efficacité avancée est seulementsupposée ou <strong>de</strong>meure scientifiquement non établie….


7Qu’est-ce qu’un partage d’ASMR ? un médicament peut se voir attribuer un partage d’ASMRlorsqu’il dépose une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’AMM dans un délai <strong>de</strong> trois ans qui suit l’AMM d’unemolécule i<strong>de</strong>ntique et il n’est pas obligatoire qu’il y ait d’étu<strong>de</strong> comparative entre les 2produits…ATU (autorisation Temporaire d’Utilisation) : principes généraux.L’utilisation <strong>de</strong> spécialités pharmaceutiques ne bénéficiant pas d’AMM en France peuventparfois être prescrits sous réserve <strong>de</strong> l’obtention préalable d’une ATU délivrée parl’AFSSAPS. Celle-ci n’a pas vocation à remplacer l’AMM qui en général lui fait suite mais ellepermet parfois d’accélérer la procédure d’utilisation.Les ATU sont accordées à titre dérogatoire, exceptionnel et temporaire, lorsque lesconditions suivantes sont réunies :- il s’agit <strong>de</strong> traiter, prévenir ou diagnostiquer <strong>de</strong>s pathologies rares ou graves- en l’absence d’alternative thérapeutique (médicament ou autre) appropriée oudisponible en France- et lorsque le rapport bénéfice/risque du médicament est présumé favorable.- Il s’agit <strong>de</strong> médicaments autorisés à l’étranger ou en cours <strong>de</strong> développementEn pratique, il y a <strong>de</strong>ux types d’ATU :-l’ATU nominative : pour un seul mala<strong>de</strong>, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et donc sous la responsabilité dumé<strong>de</strong>cin prescripteur-l’ATU <strong>de</strong> cohorte pour un groupe <strong>de</strong> patients, après recueil d’information et suivis suivant<strong>de</strong>s critères stricts; elle est <strong>de</strong>mandée pour <strong>de</strong>s médicaments présumés efficaces, à un sta<strong>de</strong>avancé <strong>de</strong> leur développement avec un dossier d’AMM en cous <strong>de</strong> rédaction par exemple.Une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’AMM doit <strong>de</strong> toute façon être déposéeCes médicaments peuvent concerner <strong>de</strong>s patients victimes <strong>de</strong> maladies graves (SIDA,maladie orpheline..) pour lesquels un traitement doit être administré sans retard. Ils ne sontpas disponibles en officine. La prescription peut être restreinte à une certaine catégorie <strong>de</strong>prescripteurs et soumise à une surveillance particulière2 - LES MEDICAMENTS GENERIQUES• Définition“La spécialité générique d’une spécialité <strong>de</strong> référence est définie comme celle qui a lamême composition qualitative et quantitative en principe actif, la même formepharmaceutique et dont la bio-équivalence est démontrée par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> biodisponibilité.”Le fon<strong>de</strong>ment est d’ordre économique. C’est une stricte copie qui doit répondre auxmêmes critères d’efficacité et <strong>de</strong> sécurité que la spécialité princeps non protégée par unbrevet ; les seules différences mis à part le prix et la dénomination, rési<strong>de</strong>nt dans leconditionnement et éventuellement les excipients.Les produits actifs d’origine biologique ou végétale ne donnent pas lieu à générique.• Législation :L’AFSSAPS attribue une AMM et garantit l’équivalence en principe actif comme enbio-disponibilité : 1.300 spécialités sont inscrites au “Répertoire <strong>de</strong>s génériques”périodiquement mis à jour au JO.Le générique est présenté soit par la DCI suivie du nom du laboratoire, soit par un nomfantaisie suivi <strong>de</strong> Gè.. Le prix est au minimum < 30 % <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la spécialité princeps.


8• Consommation et perspectivesLa part du générique dans le marché du médicament progresse très nettement <strong>de</strong>puisquelques années et les régions les plus récalcitrantes s’y mettent (région PACA en 2007)tandis que d’autres restent à la traîne (île <strong>de</strong> France..). Il faut dire que dans certainesrégions <strong>de</strong> France, outre le fait que tous les professionnels <strong>de</strong> Santé prescrivent et proposentplus <strong>de</strong> génériques, il est imposé au patient d’accepter la pratique du tiers payant en cas <strong>de</strong>refus <strong>de</strong> sa part <strong>de</strong> la substitution par un générique proposée par son pharmacien…et çamarche..Par ailleurs, plusieurs lea<strong>de</strong>rs – amlodipine par exemple - sont en fin <strong>de</strong> protection ce quiaugmentera encore la part <strong>de</strong>s génériques.Depuis la loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> la sécurité sociale <strong>de</strong> 2003, les médicaments avec uneversion générique sont remboursables sur cette base : c’est ce qu’on appelle le “tarifforfaitaire <strong>de</strong> responsabilité” (TFR). Certains médicaments alignent progressivementleur prix pour éviter un dépassement au patient.→ A noter que les médicaments génériques ont par définition une ASMR VUne AMM européenne a par ailleurs été obtenue pour la première fois en avril 2007 pour unbiosimilaire, c’est à dire un produit similaire à un biomédicament mais 20% moins cher : ils’agit d’une hormone <strong>de</strong> croissance. Un biosimilaire a un développement plus complexequ’un générique mais a un statut bien défini par l’agence Européenne avec <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>phase I à III exigées. Contrairement à un générique, il ne peut être substitué. Quelques 200brevets <strong>de</strong> biomédicaments vont tomber dans les quinze prochaines années…• Réserves.Les génériques ne contiennent pas toujours le même excipient que le produit <strong>de</strong>référence : au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s différences possibles <strong>de</strong> présentation, couleur et goût, se pose laquestion <strong>de</strong> différences d’assimilation, <strong>de</strong> tolérance voire d’allergie. L’inscription “aucunEEN” (Excipient à Effet Notoire), permet <strong>de</strong> reconnaître l’i<strong>de</strong>ntité parfaite <strong>de</strong> présentation. Labioéquivalence peut être remise en cause avec le changement <strong>de</strong> la source <strong>de</strong> matièrepremière et/ou du procédé <strong>de</strong> fabrication... La vigilance permanente <strong>de</strong> l’AFSSAPS<strong>de</strong>meure indispensable surtout pour les médicaments à fenêtre thérapeutique étroite.Attention également aux formes galéniques qui peuvent être différentes entre la moléculesous son nom commercial et le générique (ainsi, passer d’une forme LP à ne forme à libérationimmédiate peut être source <strong>de</strong> déséquilibre tensionnel par exemple.. De la même façon, la substitutiond’antiépileptiques a posé quelques problèmes dans <strong>de</strong>s pays voisins..)3 - LA CONFORMITE DES ORDONNANCES• Les ordonnancesPour les médicaments inscrits en listes 1 et 2, la prescription se fait sur <strong>de</strong>s ordonnancestraditionnelles. Les médicaments non listés peuvent toujours figurer sur <strong>de</strong>s ordonnancestraditionnelles, comme les examens complémentaires, l’établissement <strong>de</strong>s certificats et lecourrier.Les Ordonnances sécurisées (JO 1er Avril l999) sont <strong>de</strong>stinées à la prescription <strong>de</strong>sstupéfiants et sont non photocopiables produites par <strong>de</strong>s entreprises certifiées, dont la listeest disponible auprès <strong>de</strong> l’AFNOR (Association Française <strong>de</strong> NORmalisation) ; elles sont à lacharge <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins prescripteurs.


9Le Conseil <strong>de</strong> l’Ordre rappelle que la liberté <strong>de</strong> prescription ne peut être encadrée que parles seuls critères <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s référentiels médicaux définis par <strong>de</strong>s collègesprofessionnels compétents, et pas sur <strong>de</strong>s critères économiques isolés ou sous l’influence <strong>de</strong>l’industrie pharmaceutique et biomédicale.• Rédaction <strong>de</strong> l’ordonnance.- Cas <strong>de</strong> l’ordonnance traditionnelle:L’ordonnance remise avec duplicata doit être LISIBLE, datée, mentionner le nom, laqualification du prescripteur, son adresse et sa signature. Dans les cabinets <strong>de</strong> groupe, leprescripteur doit être i<strong>de</strong>ntifié. Même exigence dans le cadre <strong>de</strong> l’hôpital, où l’adressementionnée sera celle <strong>de</strong> l’établissement.Les nom, prénom, sexe, âge du patient sont à inscrire (Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique) ainsi quele poids si enfant < 15 ans. L’ordonnance ne peut être anonyme mais aucun diagnostic nedoit y figurer.Le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique (JO du 30 octobre 1999), précise les conditions requisespour le remboursement par l’assurance maladie : pour chacun <strong>de</strong>s médicaments laprescription doit comporter :- la posologie,- la durée du traitement ou le nombre d’unités <strong>de</strong> conditionnement,- le nombre <strong>de</strong> renouvellements, si la durée du traitement est supérieure à un mois, parpério<strong>de</strong>s maximales en général d’un mois dans une limite <strong>de</strong> 12 mois ; pour lescontraceptifs, par pério<strong>de</strong>s maximales <strong>de</strong> 3 mois. Cependant, afin <strong>de</strong> simplifier la vie<strong>de</strong> patients atteints <strong>de</strong> maladies chroniques et <strong>de</strong> limiter le coût lié aux manipulationset emballages, certains médicaments peuvent être délivrés pour 3 mois s’ils sontconditionnés dans cette optiqueEt si je ne connais pas la posologie ? le pharmacien délivrera la plus petite dose disponiblece qui peut déstabiliser une HTA par exempleEt la prescription hors AMM ? Le prescripteur est tenu par le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Sécurité Sociale,d’inscrire sur l’ordonnance la mention NR (non remboursable) si l’indication retenue nefigure pas dans l’AMM du médicament. Il faut en avertir le patient, exposé au nonremboursement et obtenir son consentement (se rapporter au chapitre ad hoc).Puis-je prescrire en Dénomination Commune (DC ou DCI) ? oui ! Les mé<strong>de</strong>cins sont incitésà prescrire directement sous la DC <strong>de</strong> la molécule selon les modalités du décret <strong>de</strong>novembre 2002. Le pharmacien en respectant en tout point la prescription, délivrera leproduit correspondant le moins onéreux.Par convention avec la CNAM, (décret du 30 septembre 2002), “les généralistess’engageaient à rédiger en DCI 25 % <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> prescription médicamenteuse, dont lamoitié au moins dans le cadre du répertoire <strong>de</strong>s génériques.”Et si je pars à l’étranger pendant plus <strong>de</strong> 4 semaines ? Depuis quelques années, il avait étéadmis que les assurés sociaux séjournant plusieurs mois à l’étranger puissent obtenir enofficine <strong>de</strong>s traitements pour <strong>de</strong>s durées > 4 semaines, sur simple mention du prescripteursur l’ordonnance. Or, en raison d’abus considérés comme « dangereux pour la SantéPublique », il est apparu nécessaire <strong>de</strong> formaliser une mesure dérogatoire à l’article R5123-2du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique par un accord individuel du service médical. La procédure àpartir du 21 juin 2006 est la suivante :Avant le départ, l’assuré doit adresser au service médical <strong>de</strong> sa caisse la prescriptionmédicale + une lettre motivant sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, la durée <strong>de</strong> séjour, le pays en précisant sonnuméro d’i<strong>de</strong>ntification, nom, prénom + les éventuels justificatifs (ex :ordre <strong>de</strong> mission <strong>de</strong>


10l’employeur). Le service médical pourra <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s informations complémentaires aupatient comme au MT; le patient peut même être convoqué pour un entretien. Lanotification d’avis favorable ou défavorable est alors adressé à l’assuré sous 15 jours etl’avis favorable total ou partiel vaut autorisation <strong>de</strong> délivrance par le pharmacien. Pour lemé<strong>de</strong>cin prescripteur, il faut prescrire uniquement le traitement en rapport avec la/lesaffections en cours ; indiquer la mention « départ à l’étranger » ainsi que la durée <strong>de</strong>traitement à l’étranger ; si possible, prescrire en DCI dans l’éventualité où le patient <strong>de</strong>vraitrenouveler son traitement sur le lieu <strong>de</strong> séjour.Par ailleurs, il faut noter que les soins dispensés à l’étranger doivent rester <strong>de</strong>s exceptions ettoujours avoir un caractère inopiné faute <strong>de</strong> quoi la Sécurité Sociale pourrait opposer unrefus <strong>de</strong> remboursement. En Europe, la CARTE EUROPEENNE D’ASSURANCE MALADIE(CEAM) dispensera <strong>de</strong> l’avance <strong>de</strong>s frais. C’est une carte individuelle à retirer à la Caissed’Assurance Maladie avant le départ. Elle est nominative, indispensable y compris chez lesenfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 16 ans, valable 1 an dans tous les pays <strong>de</strong> l’Espace EconomiqueEuropéen mais aussi en Suisse, en Islan<strong>de</strong>, au Liechtenstein, et en Norvège. Lorsque ledépart a lieu hors <strong>de</strong> l’EEE, il n’y a pas <strong>de</strong> formalités à effectuer mais il faut conserver tousles justificatifs <strong>de</strong> soins indispensables pour le remboursement, une fois <strong>de</strong> retour en France(parfois à moduler en fonction <strong>de</strong> la couverture par <strong>de</strong>s assurances privées).• Prérogatives du pharmacien- Il est tenu <strong>de</strong> délivrer le conditionnement le plus économique compatible avec lesmentions figurant sur l’ordonnance.- la première dispensation d’un médicament relevant <strong>de</strong> la liste 1 et 2 ne peut êtreeffectuée que sur présentation d’une ordonnance datant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 mois (art R.5208 duco<strong>de</strong> <strong>de</strong> santé publique).- Il a <strong>de</strong>puis 1999, le pouvoir et le <strong>de</strong>voir tout en conservant la même marge, <strong>de</strong> substituerpar un générique les spécialités princeps figurant sur une liste agréée, sauf si leprescripteur a mentionné à la main sur l’ordonnance “ne pas substituer”, par exemplepour prévenir toute confusion lors d’un traitement <strong>de</strong> longue durée et/ou complexe.- Il exécute la prescription formulée en DCI en choisissant la spécialité à délivrer -princeps ou générique - dans l’intérêt du patient et <strong>de</strong> la collectivité, à partir d’un “Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>séquivalents thérapeutiques par DCI”- Cas <strong>de</strong>s ordonnances sécuriséesElles comportent :- l’i<strong>de</strong>ntification pré-imprimée du prescripteur,- le numéro d’i<strong>de</strong>ntification du lot d’ordonnances,- un carré pré-imprimé (double carré constitué par <strong>de</strong>s micro-lettres et non par <strong>de</strong>straits continus) où le prescripteur doit indiquer le nombre <strong>de</strong> médicaments prescrits.Le mé<strong>de</strong>cin doit mentionner :- nom, prénom- sexe, âge- taille / poids (le cas échéant)- Voie d’administration- la durée du traitement, le nombre d’unités <strong>de</strong> conditionnement est mentionné entoutes lettres- Signature en <strong>de</strong>ssous, sans espace résiduelLa durée maximale <strong>de</strong> prescription (susceptible d’être modifiée par arrêté ministériel)est fixée à :• 28 jours pour les spécialités à base <strong>de</strong> sulfate <strong>de</strong> Morphine mais un fractionnementpeut être <strong>de</strong>mandé par le prescripteur (Moscontin LP, Kapanol LP, Skenan LP :


11comprimés ; ou Actiskenan, Sevredol : patchs) avec un fractionnement <strong>de</strong> ladispensation pour 14 jours ( Durogesic trans<strong>de</strong>rmique) ou pour 7 jours (Subutex cp)• 7 jours pour les ampoules <strong>de</strong>stinées à une injection directe : cas du Fentanyl ou duFortal ; SC, intrathécale• 28 jours pour les ampoules <strong>de</strong>stinées à <strong>de</strong>s systèmes actifs <strong>de</strong> perfusion• un décret du 5 février 2007 relatif aux substances vénéneuses et visant à mo<strong>de</strong>rniserles procédures <strong>de</strong> suivi et <strong>de</strong> contrôle dit :- qu’il est maintenant possible d’appliquer une durée maximale <strong>de</strong> prescription trèscourte (et non plus seulement <strong>de</strong> 7, 14 ou 28 j), qu’il faut obligatoirement fairementionner par le mé<strong>de</strong>cin la durée <strong>de</strong> traitement correspondant à chaquefraction, et que le délai <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong> l’ordonnance augmente (à 3 jours etplus 24h) Il faut aussi mentionner sur l’ordonnance les quantités délivrées enunité <strong>de</strong> prise- que le pharmacien d’officine peut avoir un ordonnancier unique pour les listes I,II et les stupéfiants. Le carnet à souches pour la comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> stupéfiants entrele pharmacien et le grossiste-répartiteur est par ailleurs supprimé.En cas <strong>de</strong> perte ou <strong>de</strong> vol, une déclaration aux autorités <strong>de</strong> police est obligatoire.Le pharmacien doit :- si l’ordonnance est présentée dans les 24 h à 3 jours, le pharmacien dispense lesquantités totales prescrites (ou les fractions). Au-<strong>de</strong>là, il dispense la quantité pourla pério<strong>de</strong> restant à couvrir.- Pas <strong>de</strong> délivrance d’ordonnances se chevauchant (sauf mention expresse duprescripteur sur la 2 e « en complément <strong>de</strong> la prescription initiale <strong>de</strong> moscontin 10mg <strong>de</strong>ux fois par jour » par exemple)- le pharmacien est tenu <strong>de</strong> conserver une copie pour une durée <strong>de</strong> 3 ansLe patient doit :- gar<strong>de</strong>r son original (à ramener en cas <strong>de</strong> dispensation fractionnée)- envoyer un Duplicata aux caisses d’AMEn pratique :- mieux vaut rédiger la première prescription sur un délai bref, par exemple 7 jours etrevoir son patient pour juger <strong>de</strong> l’efficacité du traitement- mieux vaut « un patient/un mé<strong>de</strong>cin/un pharmacien » à moins d’une délivranceinitiale assurée en centre ou hôpital et d’un renouvellement assuré par le mé<strong>de</strong>cintraitant (pour éviter une augmentation cachée <strong>de</strong>s doses prises)- en cas d’augmentation <strong>de</strong> dose, le patient doit rapporter les comprimés restants àson pharmacien pour bénéficier d’une délivrance à la dose supérieure ou sonpharmacien complétera la dose déjà délivrée pour avoir la dose finale« et si je dois voyager dans un autre pays avec mes patchs <strong>de</strong> morphine ? » : Dansl’espace <strong>de</strong> Schengen (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlan<strong>de</strong>,France, Grèce, Islan<strong>de</strong>, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Portugal, Suè<strong>de</strong>),tout rési<strong>de</strong>nt français doit se munir d’une autorisation <strong>de</strong> transport délivrée au vu <strong>de</strong>l’original <strong>de</strong> la prescription médicale, par la DDASS du département où le mé<strong>de</strong>cinprescripteur est enregistré (valable 30 jours et les quantités transportées ne doivent


12pas dépasser la durée maximale <strong>de</strong> prescription). En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> Schengen,chaque pays applique ses propres dispositions (se référer au module 6 DCEM 2)- attention !! : ne pas oublier <strong>de</strong> déconseiller au patient la conduite automobile mêmeen l’absence <strong>de</strong> signe <strong>de</strong> dépression du SNC en raison <strong>de</strong>s dangers potentiels d’unediminution <strong>de</strong>s réflexes et d’une altération <strong>de</strong> la vigilance :dans tous les cas lepraticien doit être en mesure <strong>de</strong> pouvoir prouver qu’il a informé le mala<strong>de</strong> (seréférer au module 6 DCEM 2)Morphine et conduite automobile :Loi du 3 Février 2003: Toute personne qui conduit unvéhicule ou qui accompagne un élève conducteur alors qu’il résulte d’une analyse sanguinequ’elle a fait usage <strong>de</strong> substances ou <strong>de</strong> plantes classées comme stupéfiants est punie <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxans d’emprisonnement et <strong>de</strong> 4500 euros d’amen<strong>de</strong>.Cas <strong>de</strong>s ordonnances particulières.- Pour une Affection <strong>de</strong> Longue Durée (ALD) exonérée du ticket modérateur, laprescription est formulée sur une ordonnance bi-zone, où sont dissociés lesmédicaments sans rapport avec l’ALD (partie basse) qui <strong>de</strong>meurent non exonérés <strong>de</strong>ceux relevant <strong>de</strong> l’ALD (partie haute). Il convient d’être très vigilant dans larépartition <strong>de</strong>s traitements entre les 2 zones- Si la prescription concerne un morphinique ou un médicament justifiant l’utilisationd’une ordonnance sécurisée chez un patient en ALD, la prescription est à réaliser surune ordonnance bi-zone sécurisée, délivrée par les caisses d’assurance maladie.- Les médicaments <strong>de</strong> prescription restreinte mis à part les stupéfiants, leshypnotiques et les anxiolytiques - la durée <strong>de</strong> la prescription est réduite à 4 semainespour les hypnotiques et à 12 pour les anxiolytiques - sont :. Soit prescrits, délivrés et renouvelés à l’hôpital (bosentan, TRACLEER°) et par <strong>de</strong>sspécialistes, (les chimiothérapies) ;. Soit prescrits sous conditions, initialement en milieu spécialisé à l’hôpitalou en ville, et renouvelables à la même posologie par l’omnipraticien pour 6mois (prescription initiale hospitalière (PIH) d’une durée <strong>de</strong> 6 mois :ciclosporine, SANDIMMUM°, NEORAL°), (initiation par certains spécialistesmais renouvellement non restreint sibutramine, SIBUTRAL°) ;. Soit prescrits sous mention et conduite d’une surveillance particulières, cliniqueset/ou biologiques (isotrétinoïne, ROACCUTANE° ; carvédilol, KREDEX°).On utilise les ordonnances traditionnelles ou bi-zones. Lors <strong>de</strong> la délivrance enpharmacie <strong>de</strong> ville d’un médicament à PIH, le patient doit apporter l’ordonnanceinitiale et l’ordonnance <strong>de</strong> son mé<strong>de</strong>cin traitant qui en a assuré lerenouvellementCas d’un médicament nécessitant une surveillance particulière pendant letraitement : exemple : isotrétinoïneIndications : Acnés sévères (telles que acné nodulaire, acné conglobata ou acné susceptible d'entraîner <strong>de</strong>s cicatricesdéfinitives) résistantes à <strong>de</strong>s cures appropriées <strong>de</strong> traitement classique comportant <strong>de</strong>s antibiotiques systémiques etun traitement topique.Posologie et modalités d’administration : L'isotrétinoïne doit être uniquement prescrite par ou sous lasurveillance <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins ayant l'expérience <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong>s rétinoï<strong>de</strong>s systémiques dans le traitement <strong>de</strong>l'acné sévère ainsi qu'une parfaite connaissance <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> l'isotrétinoïne et <strong>de</strong> la surveillance qu'elle impose.Mises en gar<strong>de</strong> et précautions d’emploiProgramme <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> la grossesse :


13Ce médicament est tératogène. L'isotrétinoïne est contre-indiquée chez les femmes en âge <strong>de</strong> procréer, sauflorsque sont réunies toutes les conditions suivantes, énoncées dans le « Programme <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> lagrossesse » :• La patiente présente une acné sévère (telle que acné nodulaire, acné conglobata ou acnésusceptible d'induire <strong>de</strong>s cicatrices définitives) résistante à <strong>de</strong>s cures appropriées <strong>de</strong> traitementclassique comportant <strong>de</strong>s antibiotiques systémiques et un traitement topique (cf Indications).• Elle comprend le risque tératogène.• Elle comprend la nécessité d'un suivi rigoureux chaque mois.• Elle comprend et accepte la nécessité d'une contraception efficace, ininterrompue, débutant 1 moisavant le début du traitement, se poursuivant pendant toute la durée du traitement et se prolongeant1 mois après la fin du traitement. Au moins une et préférentiellement <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>scomplémentaires <strong>de</strong> contraception incluant une métho<strong>de</strong> mécanique, sont nécessaires.• Même en cas d'aménorrhée, la patiente doit suivre toutes les mesures relatives à une contraceptionefficace.• Elle doit être en mesure d'appliquer les mesures <strong>de</strong> contraception efficaces qui lui sont prescrites.• Elle est informée et comprend les conséquences potentielles d'une éventuelle grossesse et lanécessité <strong>de</strong> consulter rapi<strong>de</strong>ment s'il existe un risque <strong>de</strong> grossesse.• Elle comprend la nécessité et accepte <strong>de</strong> faire un test <strong>de</strong> grossesse avant le début du traitement,pendant et 5 semaines après la fin du traitement.• Elle reconnaît avoir compris les risques et les précautions nécessaires liés à l'utilisation <strong>de</strong>l'isotrétinoïne.Ces conditions concernent également les femmes qui déclarent n'avoir aucune activité sexuelle, sauf lorsquele prescripteur estime qu'il existe <strong>de</strong>s raisons convaincantes indiquant l'absence <strong>de</strong> tout risque <strong>de</strong> grossesse.Le prescripteur doit s'assurer que :• La patiente répond aux conditions du « Programme <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> la grossesse » énumérées ci<strong>de</strong>ssus,incluant la confirmation qu'elle possè<strong>de</strong> un niveau <strong>de</strong> compréhension adéquat.• La patiente a pris connaissance <strong>de</strong>s conditions indiquées ci <strong>de</strong>ssus.• La patiente a utilisé au moins une et préférentiellement <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> contraception efficacesincluant une métho<strong>de</strong> mécanique, au minimum un mois avant le début du traitement et qu'ellepoursuit cette contraception pendant toute la durée du traitement et au moins un mois après l'arrêtdu traitement.• Les tests <strong>de</strong> grossesse doivent être négatifs avant, pendant et 5 semaines après la fin dutraitement. Les dates et les résultats <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> grossesse doivent être consignées dans ledossier <strong>de</strong> la patiente.Contraception :Les patientes doivent recevoir une information exhaustive sur la prévention <strong>de</strong> la grossesse et êtreadressées à un spécialiste pour un conseil contraceptif si elles n'utilisent pas une contraception efficace.Les patientes en âge <strong>de</strong> procréer doivent utiliser au minimum une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> contraception efficace.Préférentiellement, la patiente doit utiliser 2 métho<strong>de</strong>s complémentaires <strong>de</strong> contraception, incluant unemétho<strong>de</strong> mécanique. La contraception doit être poursuivie au moins 1 mois après l'arrêt du traitement parisotrétinoïne, même en cas d'aménorrhée.Tests <strong>de</strong> grossesse :Le choix du test <strong>de</strong> grossesse doit se porter sur <strong>de</strong>s tests validés par les autorités sanitaires locales eteffectués sous la responsabilité d'un mé<strong>de</strong>cin, avec une sensibilité minimale <strong>de</strong> 25 mUI/ml. Il estrecommandé d'effectuer les tests dans les 3 premiers jours du cycle menstruel, selon le schéma suivant :• Avant <strong>de</strong> débuter le traitement :Afin d'exclure toute grossesse éventuelle avant <strong>de</strong> débuter une contraception, il est recommandé<strong>de</strong> prescrire un premier test <strong>de</strong> grossesse médicalement supervisé et <strong>de</strong> consigner sa dateet son résultat. En l'absence <strong>de</strong> cycles menstruels réguliers, la chronologie <strong>de</strong> ce test <strong>de</strong>grossesse doit refléter l'activité sexuelle <strong>de</strong> la patiente, c'est-à-dire qu'il doit être effectué environ3 semaines après son <strong>de</strong>rnier rapport sexuel non protégé. Le prescripteur doit fournir à sa patienteune information complète sur la contraception.Un test <strong>de</strong> grossesse médicalement supervisé doit également être effectué lors <strong>de</strong> la visite<strong>de</strong> prescription initiale d'isotrétinoïne, ou dans les 3 jours qui précè<strong>de</strong>nt cette visite. La date <strong>de</strong>ce test doit avoir été différée jusqu'à ce que la patiente ait utilisé une contraception efficace pendant


14au moins un mois. L'objectif <strong>de</strong> ce test est <strong>de</strong> confirmer que la patiente n'est pas enceinte quan<strong>de</strong>lle débute le traitement par isotrétinoïne.• Consultations <strong>de</strong> suivi :Des consultations <strong>de</strong> suivi doivent être régulièrement programmées tous les 28 jours. Lanécessité <strong>de</strong> pratiquer chaque mois un test <strong>de</strong> grossesse médicalement supervisé <strong>de</strong>vra êtredéterminée en fonction <strong>de</strong>s pratiques locales en tenant compte notamment <strong>de</strong> l'activité sexuelle <strong>de</strong>la patiente et du déroulement <strong>de</strong>s cycles menstruels (troubles <strong>de</strong>s règles, spanioménorrhée,aménorrhée). Lorsqu'ils sont indiqués, les tests <strong>de</strong> grossesse <strong>de</strong>s visites <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>vront êtreeffectués le jour <strong>de</strong> la visite ou dans les 3 jours qui précè<strong>de</strong>nt.• Fin du traitement :5 semaines après l'arrêt du traitement, la patiente <strong>de</strong>vra réaliser un <strong>de</strong>rnier test <strong>de</strong> grossesse pourexclure une grossesse.Restrictions <strong>de</strong> prescription et <strong>de</strong> délivrance :Chez les femmes en âge <strong>de</strong> procréer, la prescription d'isotrétinoïne doit être limitée à 30 jours <strong>de</strong> traitement ;la poursuite du traitement nécessite une nouvelle prescription. Dans les conditions idéales, le test <strong>de</strong>grossesse, la prescription et la délivrance d'isotrétinoïne <strong>de</strong>vraient être réalisées le même jour. La délivrance<strong>de</strong> l'isotrétinoïne doit avoir lieu dans les 7 jours au maximum suivant sa prescription.LISTE ILa prescription nécessite préalablement le recueil <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> soins et <strong>de</strong> contraception <strong>de</strong> la patiente.La prescription est limitée à un mois <strong>de</strong> traitement dont la poursuite nécessite une nouvelle prescription.La délivrance doit être effectuée au plus tard 7 jours après la prescription.La délivrance ne peut se faire qu'après avoir vérifié que toutes les mentions obligatoires suivantes figurent sur l'ordonnance :lors <strong>de</strong> la première prescription :signature <strong>de</strong> l'accord <strong>de</strong> soins et <strong>de</strong> contraception ;mise en place d'au moins une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> contraception efficace <strong>de</strong>puis au moins un mois ;évaluation du niveau <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong> la patiente ;date du test <strong>de</strong> grossesse (hCG plasmatiques) ;lors <strong>de</strong>s prescriptions suivantes :poursuite d'une contraception efficace ;évaluation du niveau <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong> la patiente ;date du test <strong>de</strong> grossesse (hCG plasmatiques).Certains médicaments peuvent cumuler les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prescription :- ex : bosentan, TRACLEER° , médicament indiqué dans l’HTAP :-Médicament soumis à prescription hospitalière.-Prescription réservée aux spécialistes et/ou aux services spécialisés en pneumologie, en cardiologieou en mé<strong>de</strong>cine interne.-Médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement ».- ex : memantine, EBIXA°, indiqué dans la maladie d’Alzheimer-Surveillance particulière nécessaire pendant le traitement.-Prescription initiale annuelle réservée aux mé<strong>de</strong>cins spécialistes en neurologie, en psychiatrie, auxmé<strong>de</strong>cins spécialistes titulaires du diplôme d'étu<strong>de</strong>s spécialisées complémentaires <strong>de</strong> gériatrie et aux mé<strong>de</strong>cinsspécialistes ou qualifiés en mé<strong>de</strong>cine générale titulaires <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> gérontologie ».- ex : erythropoietine, EPREX°-Prescription initiale hospitalière d'une durée <strong>de</strong> 1 an. La prescription initiale par un mé<strong>de</strong>cin exerçantdans un service <strong>de</strong> dialyse à domicile est également autorisée.-Remb Séc soc à 65 % selon la procédure <strong>de</strong>s médicaments d'exception (prescription en conformitéavec la fiche d'information thérapeutique).


15- Les médicaments d’exception très onéreux sont listés, et prescrits surune ordonnance spéciale à 4 volets obtenue <strong>de</strong> la CPAM (référence n° S 3326).Ils sont disponibles en pharmacie, et remboursables si prescrits en conformité etpour <strong>de</strong>s indications précises.Il est important <strong>de</strong> se tenir au courant <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> délivrance qui changentrapi<strong>de</strong>ment, celles-ci évoluant avec le temps, fonction <strong>de</strong>s connaissances ou <strong>de</strong> ladiminution du nombre <strong>de</strong>s produits rétrocédés par les pharmacies hospitalières (cas<strong>de</strong> la rosiglitazone, Avandia°, antidiabétique oral qui était délivré au moyen d’une ordonnance pourmédicament d’exception, avec une prescription initiale restreinte à certains spécialistes ; maintenanttout mé<strong>de</strong>cin peut le prescrire sur une ordonnance simple. Le but initial était d’encadrer lesprescriptions afin <strong>de</strong> s’assurer que l’hépatotoxicité constatée avec une molécule <strong>de</strong> la même famillen’étant pas également occasionnée par cette molécule, ce qui semble être le cas, sous réserve d’unrespect <strong>de</strong> ses contre-indications liées à sa prescription).4- Les prescriptions non médicamenteusesLes lecteurs <strong>de</strong> glycémie, les bas <strong>de</strong> contention, une pompe à insuline externe fontl’objet <strong>de</strong> prescriptions dans <strong>de</strong>s conditions définies. La prescription d’une curethermale fait l’objet d’un chapitre à part. L’utilisation d’une ordonnancetraditionnelle est en général requise mais attention d’être précis dans la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>(ex: longueur <strong>de</strong>s collants <strong>de</strong> contention, <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> la contention), <strong>de</strong> ne pasomettre <strong>de</strong> compléter l’ordonnance si besoin (cas du lecteur <strong>de</strong> glycémie vendu enkit qui comprend un autopiqueur mais un nombre très insuffisant <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>lettespermettant la surveillance glycémique) et <strong>de</strong> connaître les modalités <strong>de</strong>remboursement éventuel, pas toujours systématique...(cas <strong>de</strong>s appareilsd’automesure tensionnelle non remboursés).En 2001, le secteur <strong>de</strong>s dispositifs médicaux a fait l'objet d'une réforme concernantle remboursement. La loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> la Sécurité Sociale pour 2000 et sesdécrets d'application du 26 mars 2001 ont créé la Commission d'Evaluation <strong>de</strong>sProduits et Prestations (CEPP) : la CEPP est une instance scientifique qui examineles produits et prestations en vue <strong>de</strong> leur remboursement par l'Assurance Maladie(Depuis le 1 er janvier 2005, la Commission d’Évaluation <strong>de</strong>s Produits et Prestations(CEPP) est une <strong>de</strong>s commissions spécialisées <strong>de</strong> la Haute Autorité <strong>de</strong> Santé). Lesproduits et prestations qu'évalue la CEPP correspon<strong>de</strong>nt à un champ très largeallant <strong>de</strong>s pansements ou <strong>de</strong>s véhicules pour personnes handicapées auxdéfibrillateurs en passant par <strong>de</strong>s greffons d'origine humaine, par exemple. Undossier médico-technique <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> remboursement est déposé auprès <strong>de</strong> laCEPP par le fabricant ou tout autre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur et évalué par les membres <strong>de</strong> laCommission après expertise interne (secrétariat scientifique <strong>de</strong> l'Afssaps) et le caséchéant expertise externe (spécialistes du domaine thérapeutique), pour conduireà la rédaction d'un avis quant à la prise en charge du produit dans chacune <strong>de</strong> sesindications .Depuis 2003, en publiant ses avis sur le site Internet <strong>de</strong> l'Afssaps à l'issue <strong>de</strong> laprocédure d'admission au remboursement, la CEPP assure une missiond'information <strong>de</strong>s prescripteurs et praticiens quant à la connaissance et au bonusage <strong>de</strong>s dispositifs et prestationsLa loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> la Sécurité Sociale pour 2000 a également remplacé leTarif Interministériel <strong>de</strong>s Prestations Sanitaires (TIPS) par la Liste <strong>de</strong>s Produits etPrestations Remboursables (LPPR, article L.165-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sécurité sociale)


16pour :- les dispositifs médicaux à usage individuel,- les tissus et cellules issus du corps humain et leurs dérivés,- les prestations <strong>de</strong> service et d'adaptation associées,- les produits <strong>de</strong> santé autres que les médicaments visés à l'article L.162-17 duco<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Sécurité Sociale.• Prérogatives <strong>de</strong>s infirmiers- en mai 2007, un texte autorise les IDE à prescrire à leurs patients certainsdispositifs médicaux leur permettant d’exercer leur activité sans que les patientsaient systématiquement besoin <strong>de</strong> voir leurs MG : il s’agit <strong>de</strong> pansements,compresses, aiguilles, <strong>de</strong> dispositifs médicaux <strong>de</strong> perfusions qui ne sont pas <strong>de</strong>smédicaments mais <strong>de</strong>s dispositifs médicaux5- Tarification à l'activité (T2A) et médicaments hors duGroupe Homogène <strong>de</strong> Séjour (GHS) mise à jour : 20 juin2007Une liste <strong>de</strong> médicaments et dispositifs médicaux onéreuxdits « hors GHS » est définie pour les établissements pararrêté ministériel et leur remboursement à l’établissementest soumis à <strong>de</strong>s obligations d’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>ssoins. Afin d'engager et d'accompagner les établissements<strong>de</strong> santé dans ce processus, le décret du 24 août 2005 relatifau « contrat <strong>de</strong> bon usage » <strong>de</strong>s médicaments et <strong>de</strong>sproduits et prestations, précise que pour qu'un établissement<strong>de</strong> santé bénéficie du remboursement intégral <strong>de</strong>s spécialitéspharmaceutiques, <strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s prestations financéshors-GHS, leur utilisation doit être conforme :soit à l'AMM pour les spécialités pharmaceutiques ;soit aux indications retenues sur la LPP (liste <strong>de</strong>s Produits et Prestations), pour lesdispositifs médicaux ;soit aux " protocoles thérapeutiques " définis par l'Agence française <strong>de</strong> sécuritésanitaires <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> santé (Afssaps), la Haute Autorité <strong>de</strong> Santé (HAS), oul'Institut national du cancer (INCa). L'Afssaps, la HAS et l'INCa ont rédigé uneméthodologie générale commune d'élaboration <strong>de</strong>s protocoles thérapeutiques <strong>de</strong>sproduits <strong>de</strong> cette liste. Ces référentiels sont en cours d'élaboration et serontultérieurement mis en ligne sur les sites internet <strong>de</strong>s trois institutions.Ainsi, une petite révolution dans la délivrance du médicament, dans sa dispensation quidoit <strong>de</strong>venir nominative, dans l’amélioration du circuit du médicament (informatisation etcodage), dans sa traçabilité, administrés suivant <strong>de</strong>s protocoles établis oblige lesétablissements publics ou privés à <strong>de</strong>s adaptations importantes.Ainsi, au CHU <strong>de</strong> Toulouse, <strong>de</strong>s fiches nominatives sont élaborées par pôles d’activité (disponibles surle site intranet du CHU) pour les médicaments hors GHS :La prescription <strong>de</strong>s médicaments hors GHS doit impérativement comporter, en plus <strong>de</strong>s mentionslégales pour toutes ordonnances, le numéro d’i<strong>de</strong>ntification du patient (badge autocollant dupatient, si prescription papier) ainsi que l’indication pour laquelle le médicament est prescrit.Pour les Médicaments Dérivés du Sang, afin d’assurer <strong>de</strong> façon exhaustive la traçabilité <strong>de</strong>l’administration <strong>de</strong> ces médicaments aux patients (Décret 95-566 du 06 mai 1995), la prescriptioncontinuera à être faite sur les supports papiers pré imprimés tripliqués, en mentionnant l’indication.


176- RECOMMANDATIONS ET REFERENCES MEDICALES(Voir module 1 : item 3 “Niveau <strong>de</strong> preuve” et item 12 “Recommandations pour la pratiqueclinique”).--------------------------------------------------------------------------------------------------Références“Thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses...”B Duly Bouhanick , J Amar , S Bousquel et B ChamontinRevue du Praticien 2008; 58: 97-105“Thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses...”G. Bouvenot et P. Villani - Revue du Praticien 2004; 54: 331-8“La vie du médicament” (Monographie),Revue du Praticien du 1er Mars 2002. Notamment :- Ch Caulin, “Autorisation <strong>de</strong> mise sur le marché”,- A Castaigne, Place dans les stratégies thérapeutiques”,- A Castaigne, “Réévaluation”.“Les médicaments génériques : quels sont les problèmes et d’où viennent-ils ? “P Baumann - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène (Genève) 2003; 61: 879-84Bouvenot G. Les évolutions <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong> la transparence à la Haute Autorité <strong>de</strong>santé. Mé<strong>de</strong>cine Thérapeutique 2005, 11 n°5 :315-317www.has-sante.fr (explique ses modalités <strong>de</strong> fonctionnement, les différentes commissions,mais aussi différentes recommandations <strong>de</strong> pratique sont téléchargeables, celles élaboréespar l’ex-ANAES)www.afssaps.sante.fr agence du médicament avec les avis <strong>de</strong> la commission <strong>de</strong>transparence notamment)www.ameli.fr (une mine d’informations sur notamment la nouvelle réforme <strong>de</strong> l’Assurancemaladie, le parcours du médicament expliqué en détails mais aussi sur la nomenclature <strong>de</strong>sactes médicaux, liste non exhaustive..)Bulletin <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>s Mé<strong>de</strong>cins avril 2007Site intranet du CHU rubrique COMEDIMSmerci à Madame le Dr N Cantagrel pour la documentation sur les morphiniques, à la Caisse Primaire d’’AssuranceMaladie <strong>de</strong> Toulouse, service relation avec les professionnels <strong>de</strong> santé pour leur ai<strong>de</strong> et leur disponibilité.


18EFFET PLACEBO ET MÉDICAMENT PLACEBO(168)Béatrice DULY-BOUHANICKOBJECTIFS PEDAGOGIQUES :• Expliquer l'importance <strong>de</strong> l'effet placebo en pratique médicale• Argumenter l'utilisation <strong>de</strong>s médicaments placebo en recherche cliniqueet en pratique médicalePLAN :I - DéfinitionsII - À quoi sert un placebo ?III - L'effet placeboIV - Quels sont les caractéristiques <strong>de</strong> l'effet placebo ?V - L'utilisation du placebo dans les essais cliniquesVI - Quels sont les avantages méthodologiques dans l'utilisation du placebo ?VII - Le placebo en pratique médicale


19LES OBJECTIFS PEDAGOGIQUES SONT (diapo 1)– d'expliquer l'importance <strong>de</strong> l'effet placebo en pratique médicale– d'argumenter l'utilisation <strong>de</strong>s médicaments placebo en recherche clinique et enpratique médicalePlacebo vient du latin placere, plaire. Son acceptation médicale actuelle est attestée par la<strong>de</strong>uxième édition du « Motherby’s New Medical Dictionnary » : en 1785 « une épithètedonnée à tout remè<strong>de</strong> prescrit plus pour le plaisir au patient que pour lui être utile »Pourtant, l’enseignement sur le placebo n’est pas une mince affaire. Pour nous y ai<strong>de</strong>r, voiciquelques données historiques. Dans le « dictionnaire <strong>de</strong> la pensée médicale », Mr Pignarre,éditeur et chargé <strong>de</strong> cours sur les psychotropes à l’Université Paris VIII nous apprend que« les étu<strong>de</strong>s contre placebo ont été imaginées pendant l’entre-<strong>de</strong>ux guerres par <strong>de</strong>scliniciens américains que les historiens appellent les « réformateurs thérapeutiques ». Ilscherchaient le moyen <strong>de</strong> contrôler les prétentions d’une industrie pharmaceutique <strong>de</strong> plus enplus puissante et s’opposaient à la vieille idée fermement encrée chez chaque mé<strong>de</strong>cin qu’ilest le meilleur juge pour déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> ce qui est utile à chaque patient pris individuellement.(..) Ainsi, les « réformateurs thérapeutiques » auraient fait alliance avec les statisticiens.Ces <strong>de</strong>rniers ont importé <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s validées.. dans l’agriculture pour tester <strong>de</strong>s variétés<strong>de</strong> semences différentes sur <strong>de</strong>s parcelles <strong>de</strong> terre différentes au mieux aléatoirementattribuées.I - Définitions (diapo 2) :Placebo : substance neutre que l'on substitue à un médicament pour contrôler ou susciterles effets psychologiques accompagnant la médication.En pratique, un placebo est une substance inerte sans principe actif vrai, en théorie sansactivité pharmacologique spécifique.En réalité, en cas d'efficacité thérapeutique, ce phénomène s'explique par le fait que lepatient est persuadé, en prenant le médicament, <strong>de</strong> prendre un traitement efficace.II - À quoi sert un placebo ? (diapo 4)1) c'est un outil <strong>de</strong> connaissance et <strong>de</strong> progrès thérapeutique dans le cadre <strong>de</strong>s essais cliniques2) c'est un « petit médicament » en pratique médicale.Il y a ainsi 2 types <strong>de</strong> placebo (diapo 5):-le « placebo pur » (substance inerte), qui est celui <strong>de</strong> l'évaluation <strong>de</strong>s nouveauxmédicaments et dont l'usage en pratique est exceptionnel et peu recommandable.-le « placebo impur », qui contient un ou plusieurs principes actifs dont l'efficacité estvariable, douteuse, pourtant encore parfois utilisé en mé<strong>de</strong>cine.Dans les <strong>de</strong>ux cas, il s'agit toujours <strong>de</strong> prendre en compte l’effet placebo.III - L'effet placebo (diapo 6)Il est remarquable <strong>de</strong> constater que l'activité pharmacologique d'un médicament ne résultepas que <strong>de</strong> son activité propre :elle est la résultante <strong>de</strong> son activité propre (VERUM) et <strong>de</strong> l'effet placebo.IV - Quelles sont les caractéristiques <strong>de</strong> l'effet placebo (diapos 6 à 8) ?Malgré toutes les précautions méthodologiques prises, quelle ne fut pas la surprise <strong>de</strong>spremiers investigateurs <strong>de</strong> découvrir l’existence d’un effet placebo. Cet effet venaitsystématiquement s’ajouter à l’effet propre <strong>de</strong> la molécule. Cet effet pouvait même être très


20puissant…ou complètement absent pour <strong>de</strong>s raisons encore inconnues et a été baptisé à uncertain moment « effet mé<strong>de</strong>cin » ou « effet blouse blanche »Ainsi, les caractéristiques <strong>de</strong> l’effet placebo sont presque i<strong>de</strong>ntiques à celle <strong>de</strong> l'effetpharmacologique du médicament : ainsi un effet placebo a :-la même cinétique (durée d'action, délai d'action …..)-parfois la même relation dose-effet.Ainsi les effets placebo ne sont pas comparables entre eux puisqu'ils acquièrent lespropriétés du verum: par exemple, certains peuvent avoir un effet retard si le verum a uneffet retard.L’effet placebo n'est pas constant puisqu'il varie d'un mala<strong>de</strong> à l'autre et d'une maladie àl'autre: ainsi il y a <strong>de</strong>s patients "placebo-répon<strong>de</strong>ur" et d'autres qui sont "placeborésistant".Au cours <strong>de</strong> la vie, un patient placebo-répon<strong>de</strong>ur peut <strong>de</strong>venir placebo-résistantL'effet placebo dépend (diapos 9 à 13):- du patient,-du comportement <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins,-<strong>de</strong> la maladie en cause-du type <strong>de</strong> produits prescrit.Son importance dans <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s contrôlées varierait aux alentours <strong>de</strong> 30% avec toutefois <strong>de</strong>fortes variations fonction <strong>de</strong> la pathologie : très important dans les maladies à fortecomposante psychosomatique, quasiment nul….dans une septicémie.Ainsi, à titre d'exemple,-les injections sont plus efficaces que les comprimés...-les troubles fonctionnels, <strong>de</strong> l'humeur sont parfois plus sensibles au placebo-le côté crédule d'un patient, le fait <strong>de</strong> désirer plaire, un côté anxieux sont autant <strong>de</strong>facteurs en faveur <strong>de</strong> l'efficacité d'un placeboIl est intéressant <strong>de</strong> noter qu’une metaanalyse a montré que ceux qui adhèrent au placeboont une espérance <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>ux fois meilleure que les non observants.A titre d’exemple, une metaanalyse (encore une..) à propos <strong>de</strong> l’effet placebo dans lamigraine montre que l’effet placebo permet un soulagement significatif <strong>de</strong> la douleur 2haprès la prise du médicament quel qu’il soit, dans 21% <strong>de</strong>s cas Cependant, plusieursfacteurs appelés facteurs confondants cachent une gran<strong>de</strong> disparité <strong>de</strong>s résultats : ladisparition <strong>de</strong> la douleur est ainsi tributaire <strong>de</strong>s voies d’administration (plus efficace IV),mais aussi plus nette dans les étu<strong>de</strong>s menées en Europe qu’aux USA ! Le nombre d’effetsindésirables est <strong>de</strong> 30% sous placebo, plus élevé aux USA qu’en Europe ! Il faut toutefoistenir compte <strong>de</strong> l’effet placebo dans l’interprétation <strong>de</strong>s résultats même si l’une <strong>de</strong>s leçonsest <strong>de</strong> ne pas extrapoler un résultat à une population indifférenciéeL’effet mé<strong>de</strong>cin joue un rôle prépondérant dans la réussite du traitement : ainsi son <strong>de</strong>gré<strong>de</strong> conviction et les attentes du patient se conjuguent pour générer une réponse plus forte.L’empathie du mé<strong>de</strong>cin et ses propres croyances dans l’efficacité du traitement sontdéterminants. Du côté <strong>de</strong>s patients, plus le désir d’être soulagé est grand, plus l’effetplacebo est grandComment mieux connaître l’effet placebo ? D’après P Pignarre, « l’effet placebo est l’anglemort <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine mo<strong>de</strong>rne » ou en d’autres termes, toutes les étu<strong>de</strong>s où il est observéne sont pas faites pour comprendre l’effet placebo, mais pour le constituer en limite absoluedu savoir médical, réflexion <strong>de</strong> JY Nau dans la revue Me<strong>de</strong>cine et hygiène, et…à méditer.


21Et l’effet nocebo ?Cet effet nocebo est défini par tout symptôme, toute modification physiologique indésirableinduit par la prise d'une substance inerte chimiquement inactive mais que le patient croitêtre un médicament actifIl regroupe les effets indésirables liés à l’utilisation du placebo. Il s’agit <strong>de</strong> troublesfonctionnels: (céphalées, somnolence, nausées, diarrhée, prurit, insomnie...) et donc trèsrarement <strong>de</strong> complications graves. Cet effet nocebo explique que certains patients dans lesessais thérapeutiques ont parfois <strong>de</strong>s vertiges alors que pour le mé<strong>de</strong>cin qui administre leplacebo celui-ci ne <strong>de</strong>vrait avoir aucun effet indésirable car cet effet est méconnu duprescripteurL'effet nocebo empêche le mé<strong>de</strong>cin impliqué dans un essai thérapeutique en double aveugle<strong>de</strong> savoir si le patient est sous traitement actif ou sous placeboV - L'utilisation du placebo dans les essais cliniques (diapo 14 et 15)Afin d'écarter les hypothèses d'une évolution spontanément favorable d'une maladie, d'uneffet éventuel <strong>de</strong> la prise en charge médicale, d'un effet lié au mé<strong>de</strong>cin, au patient ou <strong>de</strong>l'influence <strong>de</strong> l'entourage, ou d'un phénomène <strong>de</strong> régression à la moyenne, toute étu<strong>de</strong> d'unmédicament repose au préalable sur la comparaison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux groupes : un premier groupe<strong>de</strong> patients traités par le médicament, qui est comparé à un <strong>de</strong>uxième groupe <strong>de</strong> patientsqui ne le prend pas.. Ainsi, ce groupe témoin se voit administrer en simple ou en doubleaveugle un placebo qui doit être en tout point comparable au produit à tester (mêmeprésentation, même aspect, même mo<strong>de</strong> d'administration, c'est donc un sosie ou une copieconforme.Le patient doit impérativement être informé dans la lettre d'information qu'il a 50 % <strong>de</strong>chances <strong>de</strong> tomber dans le groupe placebo.Par ailleurs, il n'est pas éthiquement possible <strong>de</strong> comparer l'efficacité d'un médicament à unplacebo s'il existe déjà un traitement <strong>de</strong> référence. L'usage du placebo fait d'ailleurs l'objetd'une controverse dans la mesure où il existe déjà <strong>de</strong>s traitements reconnus efficaces contrela plupart <strong>de</strong>s maladies et symptômesL’actualisation <strong>de</strong> la déclaration d'Helsinki (Édimbourg, 2000) détermine que toute nouvellemétho<strong>de</strong> doit être évaluée par comparaison à une meilleure métho<strong>de</strong> diagnostique,thérapeutique ou <strong>de</strong> prévention en usage. Ainsi, le recours au placebo n'est pas exclu dansla mesure où il n'existe pas <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> diagnostique thérapeutique ou <strong>de</strong> préventionéprouvée. Le caractère bénin <strong>de</strong> la maladie à traiter est également un élément à prendre encompte : en effet, participer à un essai qui n'expose pas à <strong>de</strong>s risques supplémentaires <strong>de</strong>dommages est possible.Ainsi, si la révision <strong>de</strong> la déclaration d'Helsinki confirme la réticence <strong>de</strong>s rédacteurs àl'emploi du placebo, il n'y a pas d'interdit.Ainsi, les essais contre placebo sont utilisables dans l’évaluation <strong>de</strong>s médicaments, àcondition qu’un placebo soit faisable, mais aussi…pour évaluer l’homéopathie (pourquoipas ?). Un éditorial et son article référencés ci <strong>de</strong>ssous sont à ce titre très instructifs…VI - Quels sont les avantages méthodologiques dans l'utilisation du placebo ?1) la différente d'efficacité attendue entre le produit testé et le placebo est a priori plusgran<strong>de</strong> que celle escomptée entre <strong>de</strong>ux produits présumés actifs : il est ainsi possible <strong>de</strong>recruter moins <strong>de</strong> patients2) le taux <strong>de</strong> survenue d'un événement donné dans une population n'est connu qu'enobservant un groupe placebo


223) la mise en place <strong>de</strong>s procédures en aveugle est facilitée par l'utilisation d'un placebo4) l'interprétation d'un essai contre placebo est plus objective que celles d'un essai contreréférence: il n'y a pas d' a priori en faveur <strong>de</strong> l'un ou l'autre <strong>de</strong>s produits5) les biais sont minimisésVII - Le placebo en pratique médicale (diapo 16)Il n'est pas juridiquement défendable d'utiliser un placebo en pratique médicale en vertu <strong>de</strong>la vérité due au mala<strong>de</strong>. Par ailleurs, il y a risque <strong>de</strong> briser la relation <strong>de</strong> confiance entre lemala<strong>de</strong> et son mé<strong>de</strong>cin qui est essentielle.Pour certains il est parfois possible d'utiliser un placebo en milieu hospitalier lorsqu'il s'agitpar exemple d'ai<strong>de</strong>r au sevrage <strong>de</strong> médicaments <strong>de</strong>venus inutiles et consommés en quantitéexcessive.En pratique quotidienne, il n'est pas rare d'utiliser <strong>de</strong>s médicaments dans <strong>de</strong>s pathologiesbénignes dont l'efficacité est douteuse: leur utilisation permet d'éviter la prescriptiond'autres médicaments qui pourraient faire courir un risque médicamenteux au patient : ils'agit d'un placebo impur ou encore <strong>de</strong> ce qu'on peut appeler un petit moyen thérapeutiqueutile et non dangereux pour lutter contre <strong>de</strong>s petits mots et traiter ceux qui se croientmala<strong>de</strong>s, mais il convient <strong>de</strong> préciser que l'utilisation d'un placebo sous cet angle doit êtremotivéeEnfin, une revue <strong>de</strong> la littérature confirme que le placebo peut avoir un effet modéré sur <strong>de</strong>ssymptômes subjectifs sans qu'il soit possible d'exclure un biais.Références :1) Dictionnaire <strong>de</strong> la pensée médicale. Ouvrage collectif sous la direction <strong>de</strong> DominiqueLecourt Paris - Presses universitaires <strong>de</strong> France 20042) Effets placebo et médicaments placebo G Bouvenot P Villani dans l’essentiel enthérapeutique générale <strong>de</strong> l’évaluation à la prescription. Med Line edts 2003-07-103) Bouvenot G. Peut-on encore faire <strong>de</strong>s essais cliniques contre placebo : état <strong>de</strong> lacontroverse ethnique et methodologique. Presse Med 2003,32 : 966-714) Hrobjartsson A, Gotzsche PC. Placebo treatment versus no treatment (Cochrane review)in: Cochrane library, issue 1,2003: update software5) Shang A et al. Are the clinical effects of homoeopathy placebo effects ? Comparativestudy of placebo-controlled trials of homoeopathy and allopathy. 2005, 366: 726-326) Simpson SH et al A meta-analysis of the association between adherence to drug therapyand mortality. BMJ. 2006 Jul 1;333(7557):15.7) Macedo A et al. A Placebo response in the prophylaxis of migraine: A meta-analysis. Eur JPain 2007, 20, sous presse


23L’ÉVALUATION THÉRAPEUTIQUEET LES NIVEAUX DE PREUVE(169)Bernard CHAMONTINOBJECTIFS PEDAGOGIQUES :• Connaître les bases, les conditions <strong>de</strong> rédaction et les limites <strong>de</strong>s principales sourcesd’information.• Comprendre l’intérêt, la méthodologie, les caractéristiques et les limites <strong>de</strong>s essaisthérapeutiques et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s épidémiologiques.• Savoir interpréter une publication d’essai thérapeutique.• Reconnaître les différents niveaux <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong>s essais thérapeutiques et les différentesniveaux <strong>de</strong> recommandation <strong>de</strong>s conférences <strong>de</strong> consensus.PLAN :PROCESSUS DE PREUVE ET INFORMATION THERAPEUTIQUELES SOURCES DE L’INFORMATIONI - Les données scientifiquesI - 1 - Les essais thérapeutiquesI - 2 - Les méta-analysesI - 3 - Les essais épidémiologiquesII - Les sources officielles <strong>de</strong> l’informationII - 1 - Recommandations et Références Médicales OpposablesLes recommandations pour la pratique clinique- Le consensus informel- La modélisation <strong>de</strong>s avis d’experts- Combinaisons <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s quantitatives et subjectives- « Force » <strong>de</strong>s recommandations- Méthodologie proposée par l’ANAES/HASLes références médicales opposables (RMO)II - 2 - Les réunions d’experts et conférences <strong>de</strong> consensusIII - Les banques <strong>de</strong> données, les revues, les livres, et dictionnairespharmaceutiquesIII - 1- Les livres et les revuesIII - 2 - Les dictionnaires pharmaceutiquesIII - 3 - Les banques <strong>de</strong> donnéesIV – L’information et L’industrie pharmaceutiqueV - L’AVIS DE TRANSPARENCE (HAS) ET L’AMELIORATION DU SERVICE MEDICALRENDU (ASMR)VI – LECTURE CRITIQUEVII – DU NIVEAU DE PREUVE AU BENEFICE INDIVIDUELCONCLUSIONANNEXE : la Haute Autorité <strong>de</strong> Santé


24PROCESSUS DE PREUVE ET INFORMATION THERAPEUTIQUE (Diapos 1-2-3-4)En pratique médicale quotidienne, le mé<strong>de</strong>cin en charge <strong>de</strong> son patient effectue au niveauindividuel <strong>de</strong>s choix thérapeutiques faisant référence à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> preuve différents.Il peut s’agir d’une prescription fortement argumentée en fonction <strong>de</strong> données scientifiques,ou <strong>de</strong> données issues d’une réflexion collective dans le cadre <strong>de</strong> conférences <strong>de</strong> consensus,mais souvent le choix est personnel, basé sur l’expérience, emprunt d’une forte subjectivité.L’évolution <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine privilégie désormais les niveaux <strong>de</strong> preuve aux dépens d’unemé<strong>de</strong>cine empirique et personnelle. Ceci n’exclut pas la référence à l’expérience personnelle,et à l’acquisition du « savoir-faire » et on parle en ce sens d’ « art <strong>de</strong> prescrire ». La décisionthérapeutique ne saurait se passer <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> preuve et <strong>de</strong> la réflexion individuelle dupraticien.Le processus <strong>de</strong> preuve apporté par les étu<strong>de</strong>s scientifiques suppose la pertinencescientifique <strong>de</strong> la question posée, mais aussi la prise en compte du bénéfice clinique <strong>de</strong>spatients et l’applicabilité à la mé<strong>de</strong>cine praticienne au quotidien.Il nécessite une méthodologie adaptée, avec une mesure <strong>de</strong> l’effet sans biais et unedémonstration <strong>de</strong> causalité laissant une faible ambiguïté « résiduelle ». Ainsi est proposéeune classification <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s selon le niveau <strong>de</strong> preuve qu’elles apportent ou prouvent <strong>de</strong> 1 à5 (tableau I-diapo 4).Le processus <strong>de</strong> preuve permettra <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> référentiels pour une démarche <strong>de</strong> qualité<strong>de</strong> soins, à la faveur <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong> recommandations <strong>de</strong> pratique professionnelle (HauteAutorité <strong>de</strong> Santé –HAS- et Agence Française <strong>de</strong> Sécurité Sanitaire en Produits <strong>de</strong> Santé –AFSSAPS-)La question posée est relative au bénéfice apporté par la thérapeutique proposée pour lespatients porteurs d’une maladie donnée.Ceci suppose d’avoir précisé l’ampleur <strong>de</strong> ce bénéfice, la nature, en utilisant uneméthodologie précise. Le processus <strong>de</strong> preuve doit apporter un critère <strong>de</strong> jugementprincipal, et faire référence à la nature <strong>de</strong> l’évaluation : paramètres biologiques, volumetumoral, survie, qualité <strong>de</strong> vie, et enfin <strong>de</strong> préciser la population à laquelle s’adresse letraitement proposé.SOURCES DE L’INFORMATION MEDICALEDiapo 1NIVEAUX DE PREUVE ET LECTURE CRITIQUE Le processus <strong>de</strong> preuve- Qu’est-ce qu’un niveau <strong>de</strong> preuve ?- Classification <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s selon le niveau <strong>de</strong> preuve- Les différents types d’étu<strong>de</strong> et les “preuves” apportées Les sources <strong>de</strong> l’information- Données scientifiques- Réunions d’experts et conférences <strong>de</strong> consensus- Recommandations pour la pratique clinique- Les sources officielles <strong>de</strong> l’informationles banques <strong>de</strong> données (Internet), livres et revues- Les Références Médicales Opposables (RMO)- L’industrie pharmaceutique- L’AFSSAPS (AMM, ASMR) La lecture critique <strong>de</strong> l’information- Définition- Crédibilité et applicabilité- Comment effectuer une lecture critique <strong>de</strong> la littérature médicale Conclusions : “Evi<strong>de</strong>nce-based medicine” et exercice cliniqueQU’EST-CE QU’UN NIVEAU DE PREUVE ?Processus <strong>de</strong> preuveIl suppose• Pertinence scientifique <strong>de</strong> la question poséePertinence clinique (bénéfice clinique et applicabilité)Il nécessite• MéthodologieMesure <strong>de</strong> l’effet sans biais avec démonstration <strong>de</strong> la causalité“faible ambiguité résiduelle”• Classification <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s selon le niveau <strong>de</strong> preuvequ’elles apportent et prouvent : niveaux 1 à 5Il procure• Référentiel(s) pour une démarche <strong>de</strong> “qualité” <strong>de</strong> soinsRecommandations HAS ou AFSSAPSDiapo 2


25Diapo 3QU’EST-CE QU’UN NIVEAU DE PREUVE ?Le traitement a-t-il aun effet benefique pour les patientsporteurs <strong>de</strong> la maladie M ?Et si oui, quelle est l’ampleur <strong>de</strong> l’effet ?• Quelle sorte <strong>de</strong> bénéfice ?• Quel est le critère <strong>de</strong> jugement pour évaluer ce bénéfice ?• S’agit-il<strong>de</strong> modifier un paramètre biologique ?<strong>de</strong> réduire un volume tumoral ?d’évaluer la survie, la qualité <strong>de</strong> vie ?• Quels sont les patients bénéficiaires ?LES SOURCES DE L’INFORMATIONI - Les données scientifiques (Diapos 4 à 10)I - 1 - Les essais thérapeutiquesIls permettent d’établir une relation <strong>de</strong> causalité entre le traitement et l’effet observé. Ilsassurent une quantification du bénéfice clinique, et <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce les effetsindésirables.En référence à la classification <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s suivant le niveaux <strong>de</strong> preuve scientifique (tableauI, diapo 4), le « Gold standard » est apporté par l’essai contrôlé randomisé qui apporte <strong>de</strong>srésultats méthodologiquement indiscutables.Sa valeur est irremplaçable, mais en raison <strong>de</strong>s critères d’inclusion nécessaires à uneméthodologie rigoureuse, la population peut être différente <strong>de</strong>s conditions réellesd’utilisation.I - 2 - Les méta-analysesElles permettent <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s conclusions à partir <strong>de</strong> plusieurs essais et peuvent pallier lemanque <strong>de</strong> puissance d’un seul essai, même bien conduit. Il existe cependant <strong>de</strong>s aléas <strong>de</strong>procédure et d’une façon schématique tout dépendra <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s incluses dans la métaanalyse.Elles ne sont donc pas nécessairement in<strong>de</strong>mnes <strong>de</strong> critiques, mais constituent unmoyen indiscutable <strong>de</strong> procurer une conclusion pratique à une question posée par lapratique clinique à un moment donné.I - 3 - Les essais épidémiologiquesIls sont plus proches <strong>de</strong> la réalité quotidienne <strong>de</strong>s soins et peuvent établir une relation entrela prise du traitement et les effets observés, mais la relation <strong>de</strong> causalité n’est pasnécessairement établie.Ils peuvent apporter <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s d’interprétation, liées au recrutement <strong>de</strong>s patientsvoire à l’instauration <strong>de</strong>s traitements.


26Diapo 4CLASSIFICATION DES ETUDES SELONLE NIVEAU DE PREUVE SCIENTIFIQUENiveau 1 : Essais contrôlés randomisés avec résultatsindiscutables (méthodologiquement)Niveau 2 : Essais contrôlés non randomisés bien conduitsNiveau 3 : Essais prospectifs non contrôlés bien menés(suivi <strong>de</strong> cohorte par exemple)Niveau 4 : Etu<strong>de</strong> cas-témoins ; essais contrôlés présentant<strong>de</strong>s biais.Niveau 5 : Etu<strong>de</strong>s rétrospectives et cas cliniques(série <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s).Toute étu<strong>de</strong> fortement biaisée.CARACTERISTIQUES METHODOLOGIQUESDES ETUDES “TYPES D’ETUDE” Analyse <strong>de</strong> cas, ou série <strong>de</strong> cas :- Permet <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>s questions ou <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s hypothèsesà partir d’expériences personnelles.- sans comparaison avec un groupe témoin, il n’est pas possible<strong>de</strong> tirer la moindre conclusion.Etu<strong>de</strong> transversale :C’est une étu<strong>de</strong> d’observation “instantanée”, s’intéressantà la survenue d’un type d’événement pendant une durée brève,<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la semaine.exemple : -nombre <strong>de</strong> glycémies supérieures à 1.26 g/len Midi-Pyrénées en avril 2001- contrôle tensionnel <strong>de</strong>s hypertendus traités au seuil <strong>de</strong>140/90mmHg en France en 2003Diapo 5Diapo 6 Etu<strong>de</strong> cas-témoin :• C’est une étu<strong>de</strong> RETROSPECTIVE, comparant :- un groupe <strong>de</strong> patients atteints <strong>de</strong> la maladie en question- à un groupe témoin in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> cette maladie.• Ces groupes doivent être les plus semblables possible (âge, sexe, mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie...).• On recherchera dans le passé <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s bien portants,<strong>de</strong>s différences pour (peut-être) expliquer la maladie.De nombreux biais ne peuvent être contrôlés.- Le “biais <strong>de</strong> mémoire”sensibilité aux faits du passé : mémoire <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s> mémoire <strong>de</strong>s sujets bien-portants.- Le “biais <strong>de</strong> recrutement” consistant à recruter les membres du groupe témoinparmi les sujets possédant un dossier hospitalier, volontaires pour subir telou tel test.Etu<strong>de</strong> utile à l’épidémiologiste.Permet au minimum <strong>de</strong> tester <strong>de</strong>s hypothèses, parfois d’apporter <strong>de</strong>s preuves. Suivi <strong>de</strong> cohorte :Diapo 7En principe étu<strong>de</strong> PROSPECTIVE.Comparaison <strong>de</strong> l’évolution dans le temps, si possible simultanée, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux groupes homogènesquant à leur composition, mais dont l’un seulement est exposé à un facteur particulier : uncomposant soupçonné d’être toxique, un médicament, une intervention chirurgicale.Les biais : composition <strong>de</strong> cohortes avec co-facteurs inconnus pouvant exercer une influence.Ce modèle est plus puissant que le précé<strong>de</strong>nt pour le test d’hypothèses.Ex : le traitement hormonal substitutif Essais contrôlés randomisés :Comparaison dans <strong>de</strong>s conditions expérimentales, <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> patients dont l’un sert <strong>de</strong>témoin, et dont la détermination (témoin/intervention) se fait selon une métho<strong>de</strong> basée sur lehasard.A condition que le nombre <strong>de</strong> sujets soit suffisant dans les <strong>de</strong>ux groupes, ceux-ci serontéquitablement répartis et ne présenteront aucune différencesystématique [dans les résultats observés], non dus à l’intervention étudiée.Etu<strong>de</strong> avec un moindre risque d’introduction <strong>de</strong> biais.LES SOURCES DE L’INFORMATIONNiveaux <strong>de</strong> preuve• Données scientifiques- Essais thérapeutiques- Méta-analyses- Essais épidémiologiques• Réunions d’experts et conférences <strong>de</strong> consensus• Recommandations pour la pratique clinique(différent <strong>de</strong>s références)- Méthodologie pour l’élaboration <strong>de</strong> recommandations- Qu’est-ce qu’un niveau <strong>de</strong> preuve ?• Les sources officielles d’information• Les RMO• Les banques <strong>de</strong> données, livres, revues• L’industrie pharmaceutiqueDiapo 8Diapo 9LES SOURCES DE L’INFORMATIONNiveaux <strong>de</strong> preuveLES DONNEES SCIENTIFIQUES (1)Les essais thérapeutiques Relation <strong>de</strong> causalité entre le traitement et l’effet observé- Bénéfice clinique- Effets indésirablesValeur irremplaçable mais population différente <strong>de</strong>s conditions réellesd’utilisation. Les Meta-analyses- Permettent <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s conclusions à partir <strong>de</strong> plusieurs essaiset peuvent pallier le manque <strong>de</strong> puissance d’un seul essai,même bien fait.- Cependant, aléas <strong>de</strong> procédure.LES SOURCES DE L’INFORMATIONNiveaux <strong>de</strong> preuveLES DONNEES SCIENTIFIQUES (2)Diapo 10Les essais épidémiologiques- Proches <strong>de</strong> la réalité quotidienne <strong>de</strong>s soins.- Relation entre prise du traitement et effets observés,mais relation <strong>de</strong> causalité non établie.- Interprétation aléatoire, incertitu<strong>de</strong>s liées au recrutement<strong>de</strong>s patients, à l’instauration <strong>de</strong>s traitements.


27II - Les sources officielles <strong>de</strong> l’informationII - 1 - Recommandations et Références Médicales OpposablesLes recommandations pour la pratique clinique (Diapos 11 à 15)• Définitions- « Propositions développées méthodiquement pour ai<strong>de</strong>r le praticien et le mala<strong>de</strong> dansleur décision concernant le caractère approprié <strong>de</strong>s soins dans <strong>de</strong>s circonstances cliniquesdonnées »- Un soin approprié sous-entend un bénéfice clinique supérieur aux risques et aux coûtsqu’il procure (Institut of Medicine, USA, 1990).• JustificationsL’élaboration <strong>de</strong> recommandations pour la pratique clinique repose sur une triplejustification, à savoir l’accroissement constant <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> données scientifiquespubliées et l’impossibilité pour le clinicien <strong>de</strong> les assimiler dans leur ensemble, uneaugmentation régulière <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> santé malgré <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> limitation et larecherche <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> soins.• Objectif généralLa qualité <strong>de</strong> soins peut se heurter à une variation <strong>de</strong>s pratiques médicales. Parallèlement leprogrès scientifique apporte <strong>de</strong> nouveaux niveaux <strong>de</strong> preuve offrant aux cliniciens lesréponses aux questions posées pour la prise en charge thérapeutique.De fait, l’objectif général <strong>de</strong>s recommandations est <strong>de</strong> pouvoir proposer <strong>de</strong>s interventionssur la santé à caractère approprié, et <strong>de</strong> préciser toute intervention <strong>de</strong> nature nonappropriée ou équivoque.• Méthodologie <strong>de</strong>s recommandations pour la pratique cliniqueDifférentes méthodologies ont été proposées pour rédiger les recommandations pour lapratique clinique.Elles font appel au consensus informel, à la modélisation <strong>de</strong>s avis d’experts, ou à lacombinaison <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s quantitatives et subjectives.- Le consensus informelIl s’agit <strong>de</strong> recommandations basées sur un jugement global et subjectif <strong>de</strong>s experts et faitplus référence à la notoriété <strong>de</strong>s participants qu’à la stricte littérature médicale.- La modélisation <strong>de</strong>s avis d’expertsQuantification <strong>de</strong> l’avis d’expertUne revue <strong>de</strong> la littérature est proposée aux experts en mesure <strong>de</strong> gra<strong>de</strong>r le niveau <strong>de</strong>preuve apporté et la recommandation susceptible d’en découler.Conférence <strong>de</strong> consensusLes conférence <strong>de</strong> consensus ont pour but <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s conduites diagnostiques et/outhérapeutiques fondées à la fois sur les niveaux <strong>de</strong> preuve disponibles et sur l’avis <strong>de</strong>sexperts confrontés à la prise en charge <strong>de</strong> la pathologie (cf §II-2).- Combinaisons <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s quantitatives et subjectivesIl s’agit <strong>de</strong> combiner les niveaux <strong>de</strong> preuves scientifiques et les avis d’expertsLes recommandations sur la prise en charge <strong>de</strong> l’hypertension artérielle, réalisées par laSociété Européenne d’Hypertension artérielle -ESH et la Société Européenne <strong>de</strong> Cardiologie -ESC en 2003, et plus récemment en 2007, constituent un exemple démonstratif. Cesrecommandations initialement basées sur les avis d’experts ont progressivement évolué vers


28la combinaison <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s quantitatives et subjectives. Elles restent cependant assujettiesau poids <strong>de</strong>s experts internationaux contactés.- « Force » <strong>de</strong>s recommandationsAux USA, l’Agency for Health Care Policy and Research propose une cotation +2 si le niveau<strong>de</strong> preuve scientifique est suffisant pour que la recommandation soit en faveur <strong>de</strong> laprocédure choisie, +1 pour préciser que la recommandation est plutôt en faveur <strong>de</strong> laprocédure, mais plus fondée sur l’opinion <strong>de</strong>s membres du groupe <strong>de</strong> travail que sur lalittérature, 0 si la littérature est pauvre mais avec une stratégie encouragée ou non par legroupe <strong>de</strong> travail, -1 si la recommandation du groupe <strong>de</strong> travail est contre l’utilisation, voire-2 s’il existe un niveau <strong>de</strong> preuve contre la pratique évoquée.- Méthodologie proposée par l’ANAES (Agence Nationale pour l’Accréditation etl’Evaluation en Santé), <strong>de</strong>venue HAS (Haute Autorité <strong>de</strong> Santé) en 2005Après avoir rassemblé la littérature scientifique sur le sujet proposé, un comitéd’organisation fixant les objectifs <strong>de</strong>s recommandations est constitué, puis un groupe <strong>de</strong>travail est composé, non seulement d’experts, mais aussi <strong>de</strong> praticiens représentatifsconfrontés à la pratique clinique <strong>de</strong> la pathologie considérée. Ce groupe <strong>de</strong> travail prendconnaissance <strong>de</strong> la littérature, du niveau <strong>de</strong> preuve scientifique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s pratiquesprofessionnelles et propose <strong>de</strong>s recommandations qui sont ensuite soumises à un groupe<strong>de</strong> lecture.C’est après avis et validation par ce groupe <strong>de</strong> lecture (qui se veut large et représentanttous les acteurs <strong>de</strong> soins impliqués dans la pathologie donnée) que les recommandationspeuvent être formalisées.Le secrétaire et le groupe <strong>de</strong> travail assurent la rédaction du texte <strong>de</strong>s recommandations,et <strong>de</strong> son argumentaire scientifique avec les références bibliographiques. Selon le niveau<strong>de</strong> preuve apporté, la recommandation fait l’objet d’un gra<strong>de</strong> A, B, C (tableau II-diapo 14),parallèle au niveau <strong>de</strong> preuve scientifique évalué <strong>de</strong> 1 à 5 comme nous l’avons mentionnéprécé<strong>de</strong>mment.Fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s Recommandations selon l’ANAES• Gra<strong>de</strong> A : niveau 1 <strong>de</strong> preuve apporté par <strong>de</strong> grands essais comparatifs randomisés <strong>de</strong>forte puissance et sans biais majeur, et/ou par métaanalyse d’essais contrôlésrandomisés. Preuve scientifique établie.• Gra<strong>de</strong> B : niveaux 2 et 3 <strong>de</strong> preuve apportés par <strong>de</strong>s essais comparatifs randomisés <strong>de</strong>faible puissance, par essais comparatifs non randomisés bien conduits, par étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>cohorte. Présomtion scientifique.• Gra<strong>de</strong> C : niveaux 4 et 5 <strong>de</strong> preuve, à partir d’étu<strong>de</strong>s cas-témoins, <strong>de</strong> séries <strong>de</strong> cas.Faible niveau <strong>de</strong> preuve scientifique.• Accord professionnel fort, en l’absence <strong>de</strong> preuve mise en évi<strong>de</strong>nce.L’accord professionnel est bien évi<strong>de</strong>mment essentiel à l’appropriation <strong>de</strong> cesrecommandations par les praticiens.Les références médicales opposables (RMO) (Diapo 15)Les RMO sont différentes <strong>de</strong>s recommandations pour la pratique clinique et nedoivent pas être confondues. Elles ne sont plus en vigueur actuellement (2008).Les RMO sont décrétées et convenues applicables et opposables et diffèrent en ce sens <strong>de</strong>srecommandations <strong>de</strong> la HAS, <strong>de</strong> l’OMS et <strong>de</strong>s Sociétés Savantes. Il s’agit d’une démarcheconventionnelle entre les professionnels <strong>de</strong> santé et la Caisse Primaire d’Assurance Maladie.Elle privilégie ce qu’il ne faut pas faire (« il n’y a pas lieu <strong>de</strong> ... »).


29Elles sont simples et doivent être consensuelles. Elles répon<strong>de</strong>nt à un objectif général <strong>de</strong>contrôle médical <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> santé et à ce titre établissent un lien avec la qualité <strong>de</strong>ssoins.C’est dire que leur rédaction effectuée à la faveur d’un conseil scientifique rassemblant <strong>de</strong>sexperts, sont effectuées en prenant pour « référentiel » les recommandations pour lapratique clinique publiées et actualisées procurées par la HAS, et l’AFSSAPS.Diapo 11LES RECOMMANDATIONS POUR LA PRATIQUE CLINIQUE (1)(A différentier <strong>de</strong>s Références Médicales Opposables) Recommandations“Propositions développées méthodiquement pour ai<strong>de</strong>r le praticien et le mala<strong>de</strong>dans leur décision concernant le caractère approprié <strong>de</strong>s soins dans <strong>de</strong>scirconstances cliniques données”Un soin approprié : bénéfice clinique supérieur aux risques et aux coûts qu’ilprocure.Institute of Medicine, USA, 1990 Justifications• Accroissement constant <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> données scientifiques publiéesImpossiblité pour le clinicien d’assimilation.• Augmentation <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> santé malgré les efforts <strong>de</strong> limitation.• La recherche <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> soinsvariation <strong>de</strong>s pratiques.Diapo 12LES RECOMMANDATIONS POUR LA PRATIQUE CLINIQUE (2)(° <strong>de</strong>s références médicales)Objectif généralInterventions sur la santé à définir- appropriées- non appropriées- équivoquesMéthodologie <strong>de</strong>s recommandations pour la pratique clinique• Le consensus informel“Jugement global subjectif” (notoriété <strong>de</strong>s experts)• La modélisation <strong>de</strong>s avis d’experts- Quantification <strong>de</strong> l’avis d’experts(revue <strong>de</strong> littérature proposée aux experts)- Conférences <strong>de</strong> consensus.• Le niveau <strong>de</strong> preuve scientifique et l’avis d’expertsCombinaison <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s quantitatives et subjectives (littératureet opinions d’experts)NIVEAU DE PREUVE SCIENTIFIQUE (II)d’après Agency for health care policy and research USA(+2) : Niveau <strong>de</strong> preuve scientifique suffisantpour que les recommandations soient en faveur<strong>de</strong> la procédure choisie.(+1) : La recommandation est faveur <strong>de</strong> ....Elle est fondée sur l’opinion <strong>de</strong>s membres du groupe<strong>de</strong> travail.(0) : Littérature pauvre.Stratégie étudiée par le groupe <strong>de</strong> travail possible(encouragée ou non).(-1): Recommandation contre l’utilisation,fondée sur l’opinion du groupe <strong>de</strong> travail.(-2): Niveau <strong>de</strong> preuve suffisant pour recommandationscontre une pratique.Diapo 13FORCE DES RECOMMANDATIONSDiapo 14Niveau <strong>de</strong> preuveGra<strong>de</strong>scientifique<strong>de</strong>s RecommandationsI - Grands essais comparatifs randomisésavec résultats indiscutables- Méta-analyse- Analyse <strong>de</strong> décision AII - Petits essais comparatifs randomiséset résultats incertainsBIII - Essais comparatifs non randomisésavec groupe <strong>de</strong> sujets contrôles contemporains- Suivi <strong>de</strong> cohorte CIV - Essais comparatifs non randomisésavec groupe <strong>de</strong> sujets contrôles historiques- Etu<strong>de</strong> cas-témoinsV - Pas <strong>de</strong> groupes <strong>de</strong> sujets contrôles, série <strong>de</strong> patientsREFERENCES MEDICALES OPPOSABLES- RMO -Diapo 15Les RMO• Les RMO sont décrétées et convenues applicables et opposables et différent<strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong>s experts HAS, OMS, Sociétés Savantes.• Elles privilégient ce qu’il ne faut pas faire.• Elles sont simples et doivent être consensuelles.• Elles répon<strong>de</strong>nt à un objectif général <strong>de</strong> contrôle médical <strong>de</strong>s dépenses<strong>de</strong> santé (lien à la qualité <strong>de</strong> soin).


30II - 2 - Les réunions d’experts et conférences <strong>de</strong> consensus (Diapo 16)Nous avons déjà évoqué ces conférences <strong>de</strong> consensus lors du paragraphe consacré auxméthodologies d’élaborations <strong>de</strong>s recommandations.Les conférences <strong>de</strong> consensus sont basées sur le principe d’une meilleure élaboration <strong>de</strong> laconduite diagnostique et/ou thérapeutique par un groupe d’experts comparé à celle définiepar un homme seul.Celles-ci sont proposées sur les sujets où l’argumentation scientifique n’apparaît passuffisante pour proposer une attitu<strong>de</strong> indiscutable.Elles permettent une analyse exhaustive <strong>de</strong> la littérature sur le sujet proposé et proposent<strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s validées, ou faisant l’objet d’un accord professionnel fort, en cas <strong>de</strong> défaut <strong>de</strong>niveau <strong>de</strong> preuves (exemple : conduite <strong>de</strong>vant un nodule thyroïdien, recommandations pourla prise en charge d’une colique néphrétique etc.).LES REUNIONS D’EXPERTSET CONFERENCE DE CONSENSUS Base :La conduite définie par un groupe d’experts> à celle définie par un homme seulDiapo 16 Conduites médicales logiques et optimalesen un temps donné,avec <strong>de</strong>s avis compétents.Limites du consensus informel :ne doivent pas être fondées sur l’avis <strong>de</strong> quelques expertssans analyse du niveau <strong>de</strong> preuve scientifique.Importance <strong>de</strong> la “modélisation” <strong>de</strong> l’avis d’experts.III - Les banques <strong>de</strong> données, les revues, les livres, et dictionnairespharmaceutiquesIII - 1- Les livres et les revues (Diapos 16 à 19)Les revues à comité <strong>de</strong> lecture restent la source essentielle d’information et <strong>de</strong> qualitéQuelle que soit la notoriété <strong>de</strong> la revue, les mé<strong>de</strong>cins doivent être en mesure d’en assurerune lecture « critique » particulièrement orientée vers la validité <strong>de</strong> l’information et sonapplicabilité à la pratique personnelle.Les livres constituent un repère mais ils vieillissent vite....LES SOURCES OFFICIELLES D’INFORMATION (1)Diapo 17 Les dictionnaires pharmaceutiquesLe Vidal• Dictionnaire édité par une société privée consacré aux spécialitéspharmaceutiques non exhaustif (inscription à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du laboratoire)• Monographies refondues selon les recommandations du Ministère <strong>de</strong>la Santé sont distinguées par une * (nombre croissant)• Diffuse le résumé <strong>de</strong>s caractéristiques du produit –RCP-• La commission d’AMM controle les monographies• La réglementation implique la mise à jour périodique• Les interactions médicamenteuses : molécules à marge thérapeutiqueétroite (cahier individualisé).LES SOURCES OFFICIELLES D’INFORMATION (2)Les fiches <strong>de</strong> transparence• Commission <strong>de</strong> transparence <strong>de</strong> l’Agence du Médicament.• Déterminent les stratégies thérapeutiques proches <strong>de</strong>s conférencesd’experts mais basées sur les dossiers.Les livres et les revues• Les revues à comité <strong>de</strong> lecture restent la source essentielle d’information<strong>de</strong> qualité.• Les livres constituent un repère, mais ils vieillissent vite...Diapo 18


31LES SOURCES OFFICIELLES D’INFORMATION (3)Diapo 19Les banques <strong>de</strong> données• En développement• InternetMedlineex : collaboration “Cochrane”sélection <strong>de</strong>s essais thérapeutiques <strong>de</strong> qualité permettant <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>sconclusions et procurant “la matière” pour les méta-analyses.analyses.III - 2 - Les dictionnaires pharmaceutiquesLe Vidal est un dictionnaire édité par une société privée consacrée aux spécialitéspharmaceutiques, non exhaustif (inscription à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du laboratoire).Les monographies peuvent avoir été refondues selon les recommandations du Ministère <strong>de</strong>la Santé et distinguées par *.Il diffuse le résumé <strong>de</strong>s caractéristiques du produit (RCP) défini par l’AFSSAPS et <strong>de</strong> l‘Agenceeuropéenne. Pour mémoire le RCP précise les indications, la posologie, les précautionsd’emploi, les effets indésirables, les interactions médicamenteuses, et les contre-indications,conformément aux étu<strong>de</strong>s et aux dossiers d’AMM, voire aux dossiers européens.La commission d’AMM contrôle les monographies et la réglementation implique la mise enjour périodique.Les interactions médicamenteuses sont abordées pour les molécules à marge thérapeutiqueétroite et font l’objet d’un cahier individualisé.III - 3 - Les banques <strong>de</strong> donnéesLes banques <strong>de</strong> données sont accessibles sur internet, certains sites comme Medlinepermettent d’assurer une recherche bibliographique, <strong>de</strong>s collaborations comme « Cochrane »permettent d’obtenir une sélection d’essais thérapeutiques <strong>de</strong> qualités permettant d’apporter<strong>de</strong>s conclusions et <strong>de</strong> procurer la « matière première » pour les méta-analyses.Quant aux différents sites internet, le problème posé est celui <strong>de</strong> la validité <strong>de</strong>s informationset <strong>de</strong> la qualité scientifique <strong>de</strong>s informations qu’ils procurent, il est indispensable d’évaluer le<strong>de</strong>gré d’indépendance du site.IV - L’information et l’ industrie pharmaceutique (Diapo 23)L’industrie pharmaceutique communique par la visite médicale, les courriers, les revues, etla publicité.Selon <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré d’indépendance d’une revue, l’importance <strong>de</strong> la publicité peut varier <strong>de</strong> 40 à70%.Il faut bien distinguer le tabloïd à caractère publicitaire, la brochure réalisée à l’initiative dulaboratoire, le compte-rendu du symposium consacré à une thématique favorable, et lesrésultats d’étu<strong>de</strong>s scientifiques.La diffusion <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s constitue la meilleure information procurée parl’industrie pharmaceutique. Il convient toutefois <strong>de</strong> bien distinguer les étu<strong>de</strong>s à faible niveau<strong>de</strong> preuve parfois centrées sur un critère intermédiaire, l’article <strong>de</strong> mise au point dans unnuméro spécial <strong>de</strong> revue <strong>de</strong> référence, et la remise d’un tiré à part d’un essai thérapeutiqueà haut niveau <strong>de</strong> preuve publié dans une revue à Comité <strong>de</strong> Lecture.Nous ne ferons qu’évoquer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> marketing, et le contenu <strong>de</strong> la visite médicale.


32Diapo 23L’INFORMATION ET L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE (2)Nécessité d’une i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s documents procurés parl’Industrie Pharmaceutique.. le courrier. la visite médicale. dans les revues. problème <strong>de</strong> l’indépendance selon l’importance <strong>de</strong> la publicité<strong>de</strong> 40-45% à 60-70%- tabloïd à caractère publicitaire (avec mentions légales)- la brochure réalisée à l’initiative du laboratoire- compte-rendu du symposium consacré à une thématique favorableà l’industriel.- un résumé <strong>de</strong> résultats d’une étu<strong>de</strong> à faible niveau <strong>de</strong> preuve, parfois centréesur un critère intermédiaire.- un article <strong>de</strong> mise au point (<strong>de</strong> qualité) dans un n° spécial d’une revue<strong>de</strong> référence, réalisé à l’initiative d’un industriel.- la remise d’un tiré à part d’un essai thérapeutique à haut niveau <strong>de</strong> preuvepublié dans une revue à comité <strong>de</strong> lecture.V – L’AVIS DE TRANSPARENCE ET L’AMELIORATION DU SERVICE RENDU (ASMR)(Diapos 20 à 22)La Commission <strong>de</strong> Transparence, intégrée dans la HAS, détermine les stratégiesthérapeutiques proches <strong>de</strong>s conférences d’experts mais basées sur les dossiers.Elle procure un avis <strong>de</strong> « transparence », et précise notamment le service médical rendu parle médicament en proposant une échelle d’évaluation <strong>de</strong> 1 à 6 (tableau III-diapo 22). Celuiciétablit un gra<strong>de</strong> 1 à 6 du progrès thérapeutique majeur à l’avis défavorable à l’inscriptionen passant par l’amélioration mineure, mo<strong>de</strong>ste et importante.Etu<strong>de</strong>sNEJM, Lancet...Diapo 20Diapo 21Dossier d’AMMCommission <strong>de</strong> TransparenceComité économiqueCommission <strong>de</strong> publicitéCommission <strong>de</strong> PharmacovigilanceHAS, AFSSAPSContrôle <strong>de</strong>s prescriptionsPresseRésumé <strong>de</strong>s Caractéristiquesdu Produit (RCP)Avis <strong>de</strong> Transparence (ASMR)PrixInformation “Produits”Lettres, changement <strong>de</strong>s RCPRéférences pour la pratique médicaleRMOEtu<strong>de</strong>s, articles, publicité, compterendus...AVIS DE TRANSPARENCEAnalyses <strong>de</strong>s essais cliniques et données comparativesS.M.R. (Service Médical Rendu)A.S.M.R. (Amélioration du Service Médical Rendu)I à VI- Premier (ou <strong>de</strong>uxième) <strong>de</strong> la classe- Par rapport aux précé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la classeStratégie thérapeutique recommandéeRemboursement et tauxA<strong>de</strong>quation du conditionnementEchelle d’évalutation <strong>de</strong> l’améliorationdu service médical rendu (A.S.M.R.)Diapo 22I. Progrès thérapeutique majeurII. Amélioration importante en terme d’efficacité thérapeutiqueet/ou <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s effets indésirablesIII. Amélioration mo<strong>de</strong>ste en terme d’efficacité thérapeutiqueet/ou <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s effets indésirablesIV. Amélioration mineure en terme d’efficacité et/ou d’utilité- acceptabilité, commodité d’emploi, observance- complément <strong>de</strong> gamme justifié- propriétés pharmacocinétiques, interactions médicamenteuses réduitesV. Absence d’amélioration avec avis favorable à l’inscriptionVI. Avis défavorable à l’inscriptionLe niveau d’A.S.M.R. doit tenir compte <strong>de</strong>s différentes indicationsthérapeutiques et <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> l’affectionIl sera fait mention dans l’avis du caractère innovant ou nonN’a d’intérêt que “par rapport à ...”


33VI – LECTURE CRITIQUE D’ARTICLE (Diapos 24 à 34)Une lecture rapi<strong>de</strong> mais critique d’un article : une nécessité pour la pratique clinique.Le développement <strong>de</strong>s réseaux d’information justifie que chaque praticien puisse se faireune idée <strong>de</strong> la pertinence d’une étu<strong>de</strong> clinique ou d’un essai thérapeutique et <strong>de</strong>l’applicabilité du résultat pour sa propre pratique.Le pré-requis est d’i<strong>de</strong>ntifier un objectif clairement et parfaitement défini pour l’essaiclinique, ou l’étu<strong>de</strong> proposée.Il convient d’intégrer cet objectif à partir <strong>de</strong>s connaissance disponibles et l’intégrer dans lecontexte scientifique du moment.Cette analyse repose sur 10 questions essentielles « Les dix comman<strong>de</strong>ments » (Diapo 34)Il s’agit en bref <strong>de</strong> confirmer le caractère contrôlé randomisé, double-aveugle <strong>de</strong> l’essaithérapeutique et d’avoir vérifié si le calcul du nombre <strong>de</strong> sujets nécessaire a été réalisé <strong>de</strong>façon préalable.Un critère principal unique et pertinent doit être reconnu. Une analyse en intention <strong>de</strong>traiter doit être effectuée, et il restera à analyser le caractère statistiquement significatif <strong>de</strong>srésultats, et la pertinence clinique. La conclusion est <strong>de</strong> considérer l’apport <strong>de</strong> l’essaithérapeutique et <strong>de</strong> son applicabilité à la pratique clinique quotidienne.A l’évi<strong>de</strong>nce tout protocole d’essai clinique est soumis à un CPPRB qui vérifie le respect <strong>de</strong>sbonnes pratiques cliniques et l’éthique <strong>de</strong> la démarche scientifique.LA LECTURE CRITIQUE DE LA LITTERATURE MEDICALELa recherche <strong>de</strong> l’information utile.Valeur <strong>de</strong>s publications susceptibles d’avoir une influencesur la pratique médicale du lecteur. Apprécier la crédibilitéLes résultats correspon<strong>de</strong>nt-ils à la réalité ?Degré <strong>de</strong> confiance dans les résultats : la validité. Définir l’applicabilité <strong>de</strong>s informationsAméliorer la pratique médicale à travers les informations fourniespar la littératureComment effectuer une lecture critique <strong>de</strong>s informations ?Diapo 24Diapo 25LA LECTURE CRITIQUE DE LA LITTERATURE MEDICALEComment effectuer une lecture critique ?1 • Objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>2 • Type <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>- analyse <strong>de</strong> cas- étu<strong>de</strong> transversale- étu<strong>de</strong> cas témoin- suivi <strong>de</strong> cohorte- essai controlé randomisé3 • Facteurs étudiés4 • Critères <strong>de</strong> jugement5 • Population <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>6 • Analyse <strong>de</strong> biais7 • Statistiques8 • Conclusions : validité et applicabilitéDiapo 26GRILLE SIMPLIFIEEDE LECTURE D’UN ESSAI THERAPEUTIQUE (1)Répondre aux questions DANS L’ORDREPasser à la question suivante, seulement si vous répon<strong>de</strong>z OUIà la question précé<strong>de</strong>nte1 • Objectif <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>. Le but <strong>de</strong> l’essai est-il défini ?. S’il est défini, est-il intelligible ?. Si l’objectif est défini <strong>de</strong> manière claire, la question poséeest-elle importante ou intéressante au plan médical ?Diapo 272 • LE TYPE DE L’ETUDEPréciser le niveau <strong>de</strong> preuve :- Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas- Etu<strong>de</strong> transversale- Etu<strong>de</strong> cas-témoin- Suivi <strong>de</strong> cohorte- Essai controlé randomisé2 • Type <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>Préciser (niveau <strong>de</strong> preuve)


34Diapo 28GRILLE SIMPLIFIEEDE LECTURE D’UN ESSAI THERAPEUTIQUE (2)3 • Le critère d’évaluation. Y a-t-il un critère d’efficacité UNIQUE ou un critère PRINCIPALclairement défini ?. S’il y a un critère d’évaluation <strong>de</strong> l’efficacité unique ou un critèreprincipal clairement défini, ce critère a-t-il une SIGNIFICATIONMEDICALE évi<strong>de</strong>nte ?. Le choix du critère est-il adapté au but <strong>de</strong> l’essai ?4 • La sélection <strong>de</strong>s patients. Le choix <strong>de</strong>s patients correspond-il au bon sens médical ?. Les patients correspon<strong>de</strong>nt-ils aux patients que l’on peut êtreamenés à traiter ?. Les patients sont-ils adaptés au but <strong>de</strong> l’essai ?Diapo 29GRILLE SIMPLIFIEEDE LECTURE D’UN ESSAI THERAPEUTIQUE (3)5 • Les modalités <strong>de</strong> comparaison. S’agit-il d’un essai comparatif randomisé offrant les garantiesmaximales d’insu compatibles avec les traitements suivis ?. Le hasard a-t-il bien fait les choses ? Les groupes comparéssont-ils semblables, en particulier en gravité <strong>de</strong> maladie ?. Le nombre <strong>de</strong> patients sortis <strong>de</strong> l’essai ou perdus <strong>de</strong> vueest-il acceptable ?6 • Existe-t-il il <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> confusion ?. Néant ?. Envisagés ?. Méconnus ?Diapo 30GRILLE SIMPLIFIEEDE LECTURE D’UN ESSAI THERAPEUTIQUE (4)7 • Analyse statistiqueLe nombre <strong>de</strong> patients analysés est-il au moins égal au nombre<strong>de</strong> patients calculés initialement ?L’analyse porte-t-elle sur la totalité <strong>de</strong>s patients inclus ?La différence est-elle :- statistiquement significative p


35VII – DU NIVEAU DE PREUVE AU BENEFICE INDIVIDUEL1 – Que retenir <strong>de</strong> la lecture critique dans la perspective <strong>de</strong> la décision :Evaluation <strong>de</strong> la crédibilité <strong>de</strong> l’essai thérapeutique :les résultats correspon<strong>de</strong>nt ils à la réalité ?<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> confiance dans les résultats : la validité- Peut-on définir l’applicabilité <strong>de</strong>s informations ?- Le résultat est-il susceptible <strong>de</strong> modifier ma (la) pratique médicale ?Le patient « <strong>de</strong>vant moi » relève-t-il <strong>de</strong> cette évolution <strong>de</strong> pratique ?2 – De la preuve scientifique et <strong>de</strong> l’essai thérapeutique à la pratique quotidienne (validitéexterne) et à l’applicabilité au niveau individuel :- Résultat <strong>de</strong> l’essai- Validité externe :. transportabilité du résultat à la population soignée. amplitu<strong>de</strong> du bénéfice à attendre- Changement <strong>de</strong>s pratiques : l’évolution <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong> bonne pratique –HAS –- Bénéfice à attendre chez l’individu : exemples <strong>de</strong> situations cliniques.3 – Après démonstration d’un niveau <strong>de</strong> preuve, le bénéfice dépend <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> miseen œuvre illustré dans les cas cliniques selon 3 éventualités :- le(s) essai(s) thérapeutique(s) démontre(nt) un bénéfice significatif <strong>de</strong> l’interventionthérapeutique et/ou du médicament et la population soignée peut en bénéficier.Quelle est la limite du bénéfice chez l’individu ?- Le(s) essai(s) thérapeutique(s) démontre(nt) un bénéfice significatif <strong>de</strong> l’interventionthérapeutique et/ou du médicament mais la marge thérapeutique est étroite et lerisque iatrogène élevé.Quel est le bénéfice/risque pour « mon patient » ?- Le(s) essai(s) thérapeutique(s) démontre(nt) un bénéfice significatif <strong>de</strong> l’interventionthérapleutique et/ou du médicament mais l’amplitu<strong>de</strong> à attendre est mo<strong>de</strong>ste. « Monpatient » va-t-il tirer un bénéfice ?CONCLUSION (Diapo 35)Le mé<strong>de</strong>cin doit avoir le soucis <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> l’information utile et <strong>de</strong> prendre encompte la valeur <strong>de</strong>s publications susceptibles d’avoir une influence sur sa pratiquemédicale.Il est nécessaire <strong>de</strong> considérer la crédibilité <strong>de</strong> l’informatique scientifique et <strong>de</strong> savoir endéfinir l’applicabilité dans la perspective d’une amélioration <strong>de</strong> pratique médicale.


36Diapo 35MEDECINE FONDEE SUR LES PREUVESEvi<strong>de</strong>nce-based MedicineMe<strong>de</strong>cine factuelleL’enseignement basiqueLes concepts physiopathologiquesL’expérience personnelleNiveau <strong>de</strong> preuve scientifiqueQualité <strong>de</strong> l’informationLecture critiquePrise en charge thérapeutiquedu patientLes contraintes économiquesRecommandations officielles


37La Haute Autorité <strong>de</strong> Santé (annexe 1) Le Collège <strong>de</strong> la HAS :L’organisation <strong>de</strong> la Haute Autorité <strong>de</strong> Santé est articulée autour d’un Collègeexécutif <strong>de</strong> 8 membres, dont un prési<strong>de</strong>nt, ordonnateur <strong>de</strong>s dépenses et <strong>de</strong>srecettes. Les missions <strong>de</strong> la HAS :• L’évaluation du service rendu <strong>de</strong>s produits, médicaments et dispositifs :- Commission « Evaluation <strong>de</strong>s médicaments »- Commission « Evaluation <strong>de</strong>s dispositifs et technologie <strong>de</strong> santé »• La certification (accréditation) <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> santé• L’information médicale• Les recommandations concernant la définition et la prise en charge <strong>de</strong>sAffections <strong>de</strong> Longue Durée (ALD)• L’évaluation <strong>de</strong>s pratiques professionnellesLes 7 Commissions spécialisées <strong>de</strong> la Haute Autorité <strong>de</strong> Santé et lamission d’évaluation <strong>de</strong>s pratiques professionnelles (annexe 2) Commission « Evaluation <strong>de</strong>s actes professionnels » Commission « Evaluation <strong>de</strong>s médicaments » (Commission <strong>de</strong> la Transparence) Commission « Evaluation <strong>de</strong>s dispositifs et technologie <strong>de</strong> santé » (Commissiond’évaluation <strong>de</strong>s produits et prestations) Commission « périmètre <strong>de</strong>s biens et services remboursables (affections <strong>de</strong>longue durée) Commission « Recommandations et amélioration <strong>de</strong>s pratiques » Commission « Qualité <strong>de</strong> l’information médicale et diffusion » Commission « Certification (accréditation) <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> santé » La mission d’évaluation <strong>de</strong>s pratiques professionnelles.


38Bibliographie :1. O. ChassagnyLa lecture critique d’un article.Un « apprentissage <strong>de</strong> l’excercice médical et éthique médicale »Livret <strong>de</strong> l’Association Pédagogique Nationale d’Enseignement Thérapeutique »(APNET – Module 1 - ; pages 293-314Editeur Medline 20022. G. Bouvenot, P. Villani et P. AmbrosiLecture critique <strong>de</strong> la publication d’un essai clinique :p 76-93JF Bergman, O. MontagneLecture rapi<strong>de</strong> mais critique d’un article : p 96-99M. CacheratArgumenter une méta-analyse : p 101-102J. BouvenotCritiquer l’information thérapeutique: p 103-111In L’essentiel en Thérapeutique Générale - Module 11Livre <strong>de</strong> l’Association Pédagogique Nationale pour l’Enseignement <strong>de</strong> la Thérapeutique(APNET)Editions Medline 20033. Caulin C.Les sources et niveaux <strong>de</strong> preuvein Colloque APNET Mieux PrescrirePresse Médicale 1997 ; 26 (hors série) : p 25-264. Dosquet P., Durieux P. et Durocher A.Les recommandations médicales professionnellesin l’évaluation médicale Y. Matillon, P. DurieuxFlammarion Ed, Paris 2000, p 43-535. Durocher A., Carpentier F., Loirat Ph.La conférence <strong>de</strong> consensusin l’évaluation médicale Y. Matillon, P. DurieuxFlammarion Ed, Paris 2000, p 61 - 65


LA DÉCISION THÉRAPEUTIQUE PERSONNALISÉE.OBSERVANCE MÉDICAMENTEUSE(170)Décision thérapeutiqueJacques AMARObservance médicamenteuseMichel SALVADOR


40DECISION THERAPEUTIQUE(170)Jacques AMAROBJECTIFS PEDAGOGIQUES :• Déterminer les facteurs qui interviennent dans la décision thérapeutique (<strong>de</strong>gréd’incertitu<strong>de</strong> du diagnostic, données liées au patient, facteurs économiques, facteurséthiques, facteurs administratifs…)• Déterminer le type d’objectif thérapeutique en fonction <strong>de</strong> la situation clinique.• Savoir intégrer une nouvelle prescription parmi d’autres prescriptions.• Reconnaître et gérer (avec le mala<strong>de</strong> et son entourage) les situations d’abstentionthérapeutique.• Personnaliser et justifier tous les éléments <strong>de</strong> l’ordonnance.• Définir les critères <strong>de</strong> surveillance, leurs modalités d’évaluation et l’attitu<strong>de</strong>ultérieure en fonction <strong>de</strong>s résultats.• Savoir gérer une « déprescription » et en connaître les conditions, avantages etrisques• Savoir reconnaître et prévenir les facteurs favorisant la mauvaise observance.PLANI. Pré requis pour évaluer le bénéfice /risqueComment évaluer le bénéfice/risque?Auterme <strong>de</strong> cette appréciation : informer le patientLa décision du patientAu moment <strong>de</strong>prescrireSurveillance d’un traitementDurée et arrêt du traitementSavoir reconnaître etprévenir les facteurs favorisant la mauvaise observance


41I – Les pré requis pour évaluer le rapport bénéfice / risqueEvaluer la probabilitédiagnostic auquel on est parvenu.• Envisager les objectifs thérapeutiques et les stratégies thérapeutiques afférentesenvisageables :– Traitement curatif,– Traitement palliatif,– Traitement symptomatique,– Traitement préventif.II - Comment évaluer le bénéfice/risque?Evaluer le Bénéfice / risque d’une stratégie thérapeutique dans l’absoluSavoir chercher l’information :• Lecture <strong>de</strong> mises au point,• Accé<strong>de</strong>r aux textes <strong>de</strong>s conférences <strong>de</strong> consensus,• Accé<strong>de</strong>r directement aux résultats <strong>de</strong>s essais.Savoir critiquer l’information :• Sur quel niveau <strong>de</strong> preuve s’appuie la stratégie thérapeutique envisagée?• Quel est la nature exact et l’ampleur du bénéfice?• Dans quelle mesure la stratégie thérapeutique envisagée a t-elle été validée chez<strong>de</strong>s sujets ‘voisins’ <strong>de</strong> son patient ?Dans quelle mesure la stratégiethérapeutique validée dans l’essai pourra t-elle être appliquée effectuvement au patient ?Un exemple du problème que soulève cette question a été récemment illustré par uneétu<strong>de</strong> d’observation réalisée pour évaluer l’impact <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> RALES. . En 2000, uneétu<strong>de</strong> randomisée : l’étu<strong>de</strong> RALES a démontré que la spironolactone prescrite chez <strong>de</strong>sinsuffisants cardiaques sévères (sta<strong>de</strong> III ou IV) réduisait la mortalité d’environ 30% ; en2004, une étu<strong>de</strong> d’observation a montré que si, <strong>de</strong>puis la publication <strong>de</strong> l’essai laprescription <strong>de</strong> la spironolactone avait augmenté chez les insuffisants cardiaques, lesdécès subits et les hospitalisations pour hyperkaliémie avaient également crû dans cettepopulation. De fait, les Praticiens n’ont pas pu -ou pas su- appliquer les résultats <strong>de</strong>l’étu<strong>de</strong> randomisée dans leur pratique. Ces résultats ‘dérangeants’ souligne la nécessitéd’une lecture fine <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> preuve et d’une mise en œuvre éclairée par la prise encompte du terrain.Evaluer le bénéfice / risque chez un patient donné d’une stratégiethérapeutique1. Connaître l’âge du patient : par exemple entamer un traitement pour prévenir unrisque à 10 ans chez un patient <strong>de</strong> 90 ans peut manquer <strong>de</strong> pertinence.2. Connaître les pathologies associées et les traitements reçus par le patient.Il faut conditionner la décision aux poids <strong>de</strong>s co-pathologies» Exemple: on découvre chez un patient <strong>de</strong> 80 ans polyvasculaire unenéoplasie rénale <strong>de</strong> petite taille. La lenteur d’évolution <strong>de</strong> la tumeur doit inciter àl’abstention.Les pathologies associées peuvent influencer la décision thérapeutique.» Nécessaire hiérarchisation <strong>de</strong>s soins.Il faut conditionner la prescription au risque iatrogène. De fait, il faut enquêter<strong>de</strong> manière très détaillée sur les traitements pris pour limiter le risqued’interaction, source majeure <strong>de</strong> iatrogénie. D’autre par les traitements prisrenseignent volontiers sur les pathologies présentes ou passées. Commentconnaître les traitements pris ?» Interrogatoire» Ordonnances» AutomédicationExemples d’interactions à éviter :


42– alpha bloquant et antidépresseur tricyclique majorant le risqued’hypotension orthostatique.– Agoniste dopaminergique chez un patient prenant <strong>de</strong>s neuroleptiques.3. Connaître les fonctions d’élimination- Fonction rénale : chez le patient âgé, la créatininémie ne résume pas la fonctionrénale.- Fonction hépatique.4. Evaluer l’aptitu<strong>de</strong> du patient et <strong>de</strong> l’entourage à bénéficier <strong>de</strong> la stratégiethérapeutique envisagée- Aptitu<strong>de</strong> à comprendre l’ordonnance.- Aptitu<strong>de</strong> à prendre correctement ses médicaments.- Aptitu<strong>de</strong> à signaler les effets indésirables.- Existe – il une détérioration intellectuelle?- Quels sont les conditions socio-économiques?Exemple : indication <strong>de</strong>s AVK: chez un patient en fibrillation auriculaire avecvalvulopathie mitrale présentant une déterioration mentale entraînant <strong>de</strong>s chutes àrépétition: le rapport bénéfice risque ne plai<strong>de</strong> pas pour l’installation <strong>de</strong>s AVKExemple: patiente vivant seule en fibrillation auriculaire permanente présentant <strong>de</strong>discrets troubles mnésiques parfaitement compatibles avec son maintien au domicile.On peut retenir l’indication <strong>de</strong>s AVK en organisant la prise du médicament parl’infirmière. Il faudra réévaluer périodiquement en fonction <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> lamaladie neurologique, la possibilité <strong>de</strong> poursuivre le traitement.5. Connaître le médicamentLa prescription envisagée est elle dans l’AMM ?Existe t-il une contre indication?Y a t-il possibilité d’interaction?Faut-il adapter les posologies ?Où trouver ces informations ?-Fiches <strong>de</strong> transparence <strong>de</strong> l’AFSSAPS.-Dictionnaire VIDAL.III - Au terme <strong>de</strong> votre appréciation :Vous envisagez une stratégie thérapeutique.Vous <strong>de</strong>vez informer le patient.C’est l’étape clé <strong>de</strong> la décision.Il faut expliquer au patient le ou les stratégies thérapeutiques envisageables. Cecisuppose une information soigneuse sur :o le diagnostic,o l’ évolution <strong>de</strong> la maladie,o les possibilités thérapeutiques.Il faut lui expliquer les raisons <strong>de</strong> votre choix thérapeutique en terme <strong>de</strong> :Contraintes du traitementEffets secondaires possiblesÉléments <strong>de</strong> surveillanceBénéfice escomptéSi la situation le nécessite et/ou si le patient le souhaite, il faut informer aussila famille.


43Il faut laisser autant que faire se peut le maximum <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> réflexion aupatient.IV - La décision du patient• L’écouter,• La comprendre,• L’accompagner ,même si elle ne correspond pas à la proposition faite.V - Au moment <strong>de</strong> prescrire• Rédaction très lisible <strong>de</strong> l’ordonnance,• Préciser les horaires <strong>de</strong> prise,• Vérifier l’absence d’interactions médicamenteuses avec les autres prescriptions,• Ré-expliquer au patient et/ou à l’entourage la prescription, les modalités <strong>de</strong> prise et leseffets indésirables.VI - Surveillance d’un traitement• Déterminer les éléments <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> l’efficacité et <strong>de</strong> la tolérance du traitement,• Déterminer le délai pour évaluer l’efficacité du traitement,• Déterminer la conduite à tenir en cas d’inefficacité du traitement,• Savoir réévaluer périodiquement l’intérêt du traitement.VII - Durée et arrêt du traitement• Connaître la durée optimale du traitement,• Connaître les traitements dont l’arrêt doit obéir à <strong>de</strong>s règles stricts : exemples– Benzodiazépines– Bétabloquants chez le coronarienVIII - Savoir reconnaître et prévenir les facteurs favorisant la mauvaise observance• Traitement proposé à un patient asymptomatique: ex traitement antihypertenseur.• Patient recevant plusieurs médicaments.• Patient ressentant <strong>de</strong>s effets indésirables.• Optimiser l’observance :– Traitement d’administration la plus simple,– De durée la plus courte,– Le mieux toléré,– En expliquant au patient les bénéfices attendus, les modalités <strong>de</strong> prise, les risquesd’effets indésirables et les modalités <strong>de</strong> surveillance.Bibliographie :O. ChassanyLa décision thérapeutique personnalisée : p 124-135In L’essentiel en Thérapeutique Générale - Module 11Livre <strong>de</strong> l’Association Pédagogique Nationale pour l’Enseignement <strong>de</strong> la Thérapeutique(APNET)Editions Medline 2003


44OBSERVANCE MÉDICAMENTEUSE(170)Michel SALVADOROBJECTIFS PEDAGOGIQUES TERMINAUX :- Argumenter l’absence <strong>de</strong> prescription médicamenteuse et l’introduction ou l’arrêt d’unmédicament.- Expliquer les facteurs améliorant l’observance thérapeutique lors <strong>de</strong> la prescriptioninitiale et <strong>de</strong> la surveillance.PLANDEFINITIONI.OBSERVANCE, CLE DU RESULTAT1-1 traitement <strong>de</strong> longue durée et prévention1-2 dommages du défaut d’observanceII.EVALUATION ET ANALYSE2-1 modalités d’exploration2-2 étu<strong>de</strong> du phénomèneIII.ORIGINE ET CAUSES DU DEFAUT D’OBSERVANCE3-1 comportement du mé<strong>de</strong>cin3-2 composition <strong>de</strong> l’ordonnance3-3 attitu<strong>de</strong> du patientIV.COMMENT AMELIORER L’OBSERVANCE ?4-1 en amont <strong>de</strong> la prescription, l’analyse prédictive4-2 la favoriser en personnalisant la prescription4-3 l’entretenir en planifiant le suiviCONCLUSION


45DEFINITIONL’observance - compliance ou adherence en anglais - signifie le niveau <strong>de</strong>concordance entre les recommandations du mé<strong>de</strong>cin et le comportement dupatient. Elle concerne en cela :- le protocole <strong>de</strong> prescription du médicament,- les conseils <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie,- la planification <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s soins: consultations, contrôles biologiques etexamens complémentaires.I - OBSERVANCE, CLE DU RESULTAT1-1 - Les traitements <strong>de</strong> longue durée (pour épilepsie, tuberculose, asthme, SIDA...),sont les plus compromis surtout si le patient asymptomatique perçoit ou redoute uneatteinte à la qualité <strong>de</strong> vie. Le bénéfice <strong>de</strong> la prévention est souvent mal perçuparticulièrement <strong>de</strong>s sujets jeunes : l’hypertension artérielle, le diabète type 2, lesdyslipidémies - facteurs d’un risque plus ou moins lointain - exigent une prescription nonmédicamenteuse et très souvent médicamenteuse, quotidienne et <strong>de</strong> durée indéfinie : lapire <strong>de</strong>s conditions pour obtenir une observance soutenue.1-2 - Le défaut d’observance est dommageable pour le patient.Facteur majeur d’échec thérapeutique, il introduit en plus un risque iatrogène :l’oubli épisodique d’un médicament multiplie l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’effet première dose et duphénomène <strong>de</strong> rebond ; il peut compromettre le bénéfice et la tolérance d’uneprescription sciemment associée.Il est également dommageable pour la collectivité car l’échec qu’il induit génère lacomplexité <strong>de</strong>s soins - la multiplication <strong>de</strong>s consultations, <strong>de</strong>s explorations, lapolythérapie - qui pénalise inutilement le système <strong>de</strong> santé.II - EVALUATION ET ANALYSE2-1 - L’exploration <strong>de</strong> l’observance <strong>de</strong>meure rudimentaire et sans métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>référence. Le dosage plasmatique ou urinaire du médicament antibiotique ouantiépileptique, d’un métabolite ou d’un marqueur incorporé, est la métho<strong>de</strong> directe,mais un recours très ponctuel et parfois infidèle : le résultat n’est pas interprétable sil’heure <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière prise est imprécise, et nombre <strong>de</strong> non-observants suivent laprescription les jours qui précè<strong>de</strong>nt la consultation.En pratique, l’estimation se limite à une impression subjective fondée sur larelation mé<strong>de</strong>cin-mala<strong>de</strong> et construite au cours <strong>de</strong>s consultations. Le résultat d’uninterrogatoire nuancé - “Avez-vous pu suivre assez régulièrement?” - peut être parfoiséclairé par une approche indirecte tirée du résultat thérapeutique, du renouvellement<strong>de</strong> l’ordonnance, du décompte <strong>de</strong>s unités restantes....---------------------------------------------------------------------------------------------------Test d’évaluation <strong>de</strong> l’observance selon X. Girerd :- Ce matin, avez-vous oublié <strong>de</strong> prendre votre médicament ?- Depuis la <strong>de</strong>rnière consultation, avez-vous été en panne <strong>de</strong> médicament ?- Vous est-il arrivé <strong>de</strong> prendre votre traitement avec retard par rapport à l’heurehabituelle,- Vous est-il arrivé <strong>de</strong> ne pas prendre votre traitement parceque certains jours votremémoire vous fait défaut ?- Vous est-il arrivé <strong>de</strong> ne pas prendre votre traitement parceque certains jours vousavez l’impression que votre traitement vous fait plus <strong>de</strong> mal que <strong>de</strong> bien ?- Pensez-vous que vous avez trop <strong>de</strong> comprimés à prendre ?Interprétation :- 0 oui = une bonne observance,- 1 à 2 oui = un minime problème d’observance,- ≥ 3 oui = une mauvaise observance.---------------------------------------------------------------------------------------------------


46L’existence d’un marqueur bioclinique peut encore apporter un argument plusobjectif, telles la fréquence cardiaque sous beta bloquant, l’uricémie sous diurétique, larénine active sous IEC, la repolarisation ventriculaire sous digoxine ou amiodarone ....Mais ce n’est pas le cas habituel.Une information concrète est obtenue par l’utilisation d’un dispositif <strong>de</strong> contrôled’ouverture - pilulier électronique MEMS (Medical Event Monitor System), ou aérosoldoseur(Nebulizer Chronolog) - qui permet d’enregistrer sur <strong>de</strong>s semaines, la date,l’heure et le nombre d’ouvertures, sans garantir toutefois l’ingestion du comprimé. Il s’agittoutefois d’un recours onéreux, justifié pour explorer les échecs inexpliqués et pouroptimiser la sélection <strong>de</strong>s sujets dans les Essais : c’est ici une avancée méthodologiquecapitale, qui réduirait le nombre <strong>de</strong>s inclusions en permettant l’analyse du résultat entraitements réels et non en intention <strong>de</strong> traiter.2-2 - Etu<strong>de</strong> du phénomène.L’hypertension artérielle a servi <strong>de</strong> référence. On considère “observant” le sujet quisuit _ 80% <strong>de</strong> la prescription. En France comme aux Etats Unis, moins <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>spatients observe correctement le traitement après 6 mois, soit par abandon, soit parentorses évi<strong>de</strong>ntes au protocole : conséquence, un quart seulement <strong>de</strong>s hypertendus estcontrôlé ! Les experts concè<strong>de</strong>nt en 2003, que “le traitement le plus efficace, prescrit parle clinicien le plus attentif, ne contrôle pas la PA si le patient n’est pas motivé” doncobservant ...Le diabète type 2 est <strong>de</strong>venu une autre priorité <strong>de</strong> l’observance. Le respect <strong>de</strong>sprescriptions est le garant d’un contrôle glycémique optimal : au sein d’une importantecohorte, il est démontré que le taux d’HbA1c s’améliore nettement du groupe oùl’observance est la plus mauvaise à celui où elle est optimale.Les oublis épisodiques - encore fréquents chez les sujets <strong>de</strong>meurés adhérents - sesituent plutôt en fin <strong>de</strong> semaine et se raréfient avec la proximité <strong>de</strong> la consultationpar “effet brosse à <strong>de</strong>nt” ou <strong>de</strong> “White Coat Compliance”. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 3 joursd’interruption, on parle <strong>de</strong> “congé thérapeutique (Drug Holiday)”, souvent planifié par lepatient. Son comportement durant le premier mois permet souvent <strong>de</strong> prédire comment ilassumera à plus long terme le traitement.III - ORIGINE ET CAUSES DU DEFAUT D’OBSERVANCEPlus <strong>de</strong> 200 facteurs ont été i<strong>de</strong>ntifiés prédicteurs <strong>de</strong> mauvaise observance,certains exercent une responsabilité plus particulière (Tableau).3-1 - Comportement du Mé<strong>de</strong>cin.Des erreurs reconnues sont à prévenir lors <strong>de</strong> sa formation :- Insuffisance <strong>de</strong> la relation et <strong>de</strong> la disponibilité ;- Objectifs du traitement démeurés flous et non justifiés ;- Conviction non affichée du bien fondé <strong>de</strong> l’intervention ;- Attitu<strong>de</strong> dogmatique et/ou autoritaire, le temps du donneur d’ordre est révolu !3-2 - Composition <strong>de</strong> l’ordonnance :Le nombre <strong>de</strong> médicaments et <strong>de</strong> comprimés, la complexité du protocole, lecoût, la tolérance critique sont autant d’obstacles potentiels à prendre en compte.Ainsi, la réduction du nombre <strong>de</strong> prises quotidiennes <strong>de</strong>s antidiabétiques oraux améliorel’observance - située à 61 % sous une prise contre 39 % sous 3 - et permet d’obtenir lemeilleur équilibre glycémique.Dans l’HTA, la prise unique matinale est l’option recommandée si le médicamentl’autorise ; celle <strong>de</strong> midi est à éviter car trop soumise à circonstances. L’observance est lesoir inférieure quel que soit le traitement antihypertenseur prescrit. Le succès <strong>de</strong>santagonistes <strong>de</strong>s récepteurs AT1 <strong>de</strong> l’angiotensine s’explique pour beaucoup par leurtolérance excellente et non dose-dépendante. Mais si 40 % <strong>de</strong>s hypertendus évoquent<strong>de</strong>s effets indésirables, ils sont 15 à 20% sous le placebo !


473-3 - Attitu<strong>de</strong> du patientIl est habituel <strong>de</strong> réagir émotionnellement à l’annonce <strong>de</strong> la maladie. La découverted’une affection chronique perçue menaçante, peut générer une réaction inconsciente<strong>de</strong> négation ou <strong>de</strong> banalisation, attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> défense envers l’angoisse qui condamnel’adhérence au traitement prolongé.---------------------------------------------------------------------------------------------------Tableau: PREDICTIBILITÉ DE L’OBSERVANCEItems reconnus péjoratifs ou guidant l’analyseI- PERSONNALITE DU PATIENT• Niveau socio-culturel bas,• Ages extrêmes chez l’adulte,• Handicap(s) : tremblements, troubles visuels, mnésiques ou <strong>de</strong> la mictition,• Dépendance pour conduire la thérapeutique,• Comportement anxieux, dépressif, opposant......II- MODE DE VIE• Facteurs psycho-sociaux :- situation <strong>de</strong> famille, solitu<strong>de</strong>, conflit ;- difficultés matérielles, niveau <strong>de</strong> prise en charge insuffisant;- accès aux soins difficile, délai d’attente à la consultation;- situation professionnelle, horaires, déplacements.• Exposition aux stress et aux nuisances : environnement défavorable,événements éprouvants <strong>de</strong> la vie...• Evaluation <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la vie :- niveau du temps libre,- perception générale <strong>de</strong> la santé, symptômes,- bien-être dans l’exercice <strong>de</strong> l’activité principale.• Habitu<strong>de</strong>s :- activité physique particulière,- habitu<strong>de</strong>s alimentaires par goût ou tradition,- erreurs <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie : diététique, tabagisme, éthylisme......III - REPRESENTATIONS• Niveau d’information sur la maladie, la finalité du traitement,le mo<strong>de</strong> d’alimentation, le médicament.....• Perception du problème <strong>de</strong> santé, et réaction.• Préjugés et craintes vis à vis du médicamentIV- SYNTHESE• Niveau <strong>de</strong> coopération attendu : autosurveillance du traitement, carnet <strong>de</strong>soins, programmation <strong>de</strong> la thérapeutique, gestion <strong>de</strong>s consultations …• Son inci<strong>de</strong>nce sur le choix du traitement,sur la conduit, la répartition <strong>de</strong>s doses, <strong>de</strong>s prises …sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> surveillance, sa séquence--------------------------------------------------------------------------------------------------


48L’observance <strong>de</strong>meure soumise aux connaisances et aux croyances <strong>de</strong> santé. Lareprésentation - idée établie que l’on se fait - <strong>de</strong> la maladie et <strong>de</strong> la thérapeutiquevarie beaucoup selon l’information et les influences accumulées. Elle concerne l’idée <strong>de</strong>l’affection, <strong>de</strong> sa gravité potentielle, du bénéfice du traitement et <strong>de</strong> sa justification enregard <strong>de</strong> ses contraintes. La majorité <strong>de</strong>s défauts d’observance est intentionnelle etsous tendue par une représentation inexacte <strong>de</strong> la maladieIV - COMMENT AMELIORER L’OBSERVANCE ?Il faut anticiper : prévoir ses difficultés, savoir la favoriser, l’entretenir.4-1 - En amont <strong>de</strong> la prescription, une analyse prédictive permet <strong>de</strong> situer lesobstacles, le niveau <strong>de</strong> coopération, d’i<strong>de</strong>ntifier les probables mauvais observants. On nedoit pas négliger le précieux concours, <strong>de</strong> l’infirmière, <strong>de</strong> la diététicienne ...4-2 - La favoriser, c’est personnaliser les décisions sur le choix du traitement et leniveau <strong>de</strong>s objectifs sans méconnaitre la représentation <strong>de</strong> la maladie, toujours enharmonie avec le système <strong>de</strong> soins. Le grand âge notamment modifie les modalités <strong>de</strong>prescription, introduit une hiérarchie <strong>de</strong>s interventions fondée sur le pronostic et lerespect <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie, pour aboutir au minimum d’interdits et <strong>de</strong> médicaments.L’ordonnance bien lisible sera accompagnée d’explications accessibles. L’information surle mécanisme d’action <strong>de</strong>s médicaments et la physiopathologie <strong>de</strong> la maladie reste d’unefaible efficacité pour conforter l’observance. Il est plus rentable <strong>de</strong> rechercher avec lepatient l’intégration optimale du traitement dans ses activités, et d’établir uneliaison entre la prise et certains gestes quotidiens retenus mémorisants. A partir d’unpartenariat, cette note <strong>de</strong> “Self Monitoring” améliore l’acceptabilité et réduit les oublis : lanotion active d’adhésion serait donc à préférer à celle passive d’observance.4-3 - Entretenir l’observance c’est planifier avec le patient le suivi et la date <strong>de</strong>sconsultations, surtout savoir <strong>de</strong>meurer accessible et à l’écoute. Les efforts consentisseront remarqués, les différents résultats communiqués, la poursuite du traitement serajustifiée à l’occasion <strong>de</strong> chaque consultation.V - CONCLUSIONChaque médicament possè<strong>de</strong> un coefficient spécifique d’observance, élément capital quiintervient dans sa performance et dans son choix.L’observance est un phénomène complexe, difficile à prévoir et à situer quisupporte néanmoins l’efficacité du traitement.La non-observance est souvent le témoin d’une dysfonction <strong>de</strong> communication entrePraticien et Patient. Le mé<strong>de</strong>cin, qui la sous-estime généralement lors <strong>de</strong>s prescriptions<strong>de</strong> longue durée, doit se préparer à conduire la relation imposée par le suivi d’unepathologie chronique - la partie dominante <strong>de</strong> son activité - en dépit d’une formationqui privilégie encore l’intervention en situation au dépend <strong>de</strong> la fonction pédagogique etd’accompagnement <strong>de</strong>s patients.


REFERENCES :“La prise en charge <strong>de</strong> patients atteints <strong>de</strong> maladies chroniques:difficultés et obstacles.”A. Lacroix - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène (Genève) 1996; 54: 1158-60“Améliorer l’observance médicamenteuse.”A. Golay et coll - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène 2004; 62: 909-13“De la compliance à l’alliance thérapeutique. Expérience chez <strong>de</strong>s patients souffrant <strong>de</strong>douleurs chroniques réfractaires.”V. Piquet, C. Cedraschi, AF. Allaz et coll - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène 1998; 56: 766-70.“Prescription médicamenteuse : les attentes <strong>de</strong>s patients.”V. Piquet, C. Cedraschi, J. Desmeules et coll - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène 2000; 58: 814-17.MOTS CLES- observance, compliance- représentations médicales- relation mé<strong>de</strong>cin - mala<strong>de</strong>- prédictibilité <strong>de</strong> l’observance


RECHERCHE D’UN TERRAIN À RISQUEET ADAPTATION THÉRAPEUTIQUEINTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES(171)Reins et MédicamentsBernard CHAMONTINFoie et MédicamentsJean Pierre VINELMédicaments chez les diabétiquesBéatrice DULY-BOUHANICKLa thérapeutique du sujet âgéMichel SALVADORPrescriptions médicamenteuses chez la femme enceinteBéatrice DULY-BOUHANICKInteractions médicamenteusesMichel SALVADOR, Bernard CHAMONTIN


51REINS ET MEDICAMENTS(171)Bernard CHAMONTINOBJECTIFS PEDAGOGIQUES :• I<strong>de</strong>ntifier les sujets à risque et en déduire les principes d’adaptation thérapeutiquenécessaires• Adapter les modalités <strong>de</strong> prescription et <strong>de</strong> surveillance (1) <strong>de</strong>s principauxmédicaments à risque majoré et/ou à in<strong>de</strong>x thérapeutique étroit et (2) <strong>de</strong>straitements <strong>de</strong> maladies fréquentes et/ou graves chez les sujets à risque.PLAN :I- ROLE DU REIN DANS LE METABOLISME ET L’ELIMINATION DESMEDICAMENTSI-1- La biotransformationI-2- Elimination rénaleI-3- Hémodynamique rénaleII- MEDICAMENT ET INSUFFISANCE RENALE CHRONIQUEII-1- Modifications du comportement du médicamentII-2- Retentissement sur l’insuffisance rénale chroniqueII-3- Adaptation <strong>de</strong> la dose du médicamentII-4- Etu<strong>de</strong> analytique <strong>de</strong>s principales thérapeutiquesII-4-1- Administration <strong>de</strong>s antibiotiquesII-4-2- Administration en milieu cardio-vasculaireIII - NEPHROPATHIE D’ORIGINE MEDICAMENTEUSEIII-1- Néphropathies d’origine toxique directe ou immuno-allergiqueIII-1-1- N. tubulo-interstitielle toxique <strong>de</strong>s antibiotiquesIII-1-2- N. interstitielle aigüe immuno-allergique <strong>de</strong>s antibiotiquesIII-1-3- N. interstitielle immuno-allergique <strong>de</strong> la floctafénine (glafénineet ses dérivés/apparentés)III-1-4- N. interstitielle <strong>de</strong>s indanediones (AVK)III-1-5- N. glomérulaires : sels d’or, D pénicillamineIII-1-6- N. toxique directe <strong>de</strong>s AINSIII-2- Néphropathies fonctionnelles d’origine hémodynamiqueIII-3- DiversIV- CONCLUSION


52L’élimination <strong>de</strong>s médicaments s’effectue par biotransformation et/ouexcrétion. Les médicaments hydrosolubles sont éliminés directement par le rein. Lesmédicaments liposolubles doivent être transformés en dérivés hydrosolublesprincipalement au niveau du foie (cytochrome P 450), avant d’être excrétés dans la bileou les urines.La prescription du médicament sera conditionnée par le risque d’un effetnéphrotoxique, et par l’éventualité d’une insuffisance rénale chronique.I- ROLE DU REIN DANS LE METABOLISME ET L’ELIMINATIONDES MEDICAMENTSI-1- La biotransformation (Diapo 1)Contribution à la biotransformation- Distinction médicament liposoluble et hydrosoluble- Foie et biotransformation : cytochrome P 450- Le Rein :- Réactions <strong>de</strong> type I et IIoxydations – réductionsconjugaisons et acétylation- un métabolite peut être actif, inactif, toxique, cas <strong>de</strong> la vitamine DI - ROLE DU REIN DANS LE METABOLISMEET L’ELIMINATION DU MEDICAMENT• Contribution à la biotransformation- Distinction médicament liposoluble et hydrosoluble- Foie et biotransformation : cytochrome P 450- Le Rein :- Réactions <strong>de</strong> type I et IIoxydations - réductionsconjugaisons et acétylation- un métabolite peut être actif, inactif, toxiquecas <strong>de</strong> la vitamine DDiapo 1I-2- Elimination rénaleElle peut faire intervenir 4 processus <strong>de</strong> la physiologie du néphron (diapo 2) :Elimination- Filtration- Sécrétion- Réabsorption active- RétrodiffusionHémodynamique rénaleL’autorégulation du DSR- Tendance à maintenir le flux sanguin constant malgré les variations <strong>de</strong> PA- Modifications du tonus précapillaire (PG) et recrutement <strong>de</strong> l’artériole efférente postcapillairepour les pressions basses (Angiotensine II)- Déterminants : équilibre sodé, SRA- Médicaments à considérer : AINS, IEC, AA II


53ROLE DU REIN DANS LE METABOLISMEET L’ELIMINATION DU MEDICAMENTDiapo 2• Elimination- Filtration- Sécrétion- Réabsorption active- Rétrodiffusion• Hémodynamique rénaleL’autorégulation du DSR- Tendance à maintenir le flux sanguin constant malgré les variations<strong>de</strong> PA- Modifications du tonus précapillaire (PG) et recrutement <strong>de</strong> l’artérioleefférente post-capillairepour les pressions basses (Angiotensine II)- Déterminants : équilibre sodé, SRA- Médicaments à considérer : AINS, IEC, AA III-3- Hémodynamique rénale (diapo 2)L’hémodynamique rénale ne se résume pas à une directe dépendance du débitsanguin rénal vis-à-vis du débit cardiaque. Il convient <strong>de</strong> considérer les mécanismes <strong>de</strong>sauvegar<strong>de</strong> du débit sanguin rénal, particulièrement en circonstances pathologiques,faisant parler d’hémodynamique intra-rénale.Le maniement <strong>de</strong>s anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), inhibiteurs <strong>de</strong>sprostaglandines (PG), et l’avènement <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong> conversion (IEC)(effet anti-angiotensine II) ont permis <strong>de</strong> mieux comprendre ces mécanismes.Il existe une auto-régulation du débit sanguin rénal, qui se définit par latendance intrinsèque d’un organe à maintenir à un flux sanguin constant malgré lesvariations <strong>de</strong> pression artérielle. Généralement, l’auto-régulation s’effectue parl’intermédiaire <strong>de</strong> la variation du tonus musculaire lisse pré-capillaire, et l’artérioleefférente est recrutée pour <strong>de</strong>s pressions <strong>de</strong> perfusion réduites par l’intermédiaire dusystème rénine-angiotensine (SRA), et particulièrement <strong>de</strong> l’angiotensine II qui exerce àce niveau une vaso-constriction. Les prostaglandines modulent cette vaso-constrictionen assurant au niveau <strong>de</strong> l’artère afférente une vaso-dilatation.A coté d’une régulation myogène largement influencée par le SRA il existe unmécanisme <strong>de</strong> feedback tubulo-glomérulaire, à savoir la diminution <strong>de</strong> la filtrationglomérulaire en cas d’augmentation <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> transport actif du sodium auniveau <strong>de</strong> la macula <strong>de</strong>nsa.Le SRA apparaît <strong>de</strong> ce fait au centre <strong>de</strong> l’auto-régulation du débit sanguin rénalpar l’intermédiaire <strong>de</strong> son intervention sur l’équilibre hydrosodé, et la vasoconstriction<strong>de</strong> l’artériole efférente, dévolue à l’angiotensine II. Les médicaments comme les AINS,et les inhibiteurs d’enzyme <strong>de</strong> conversion seront donc en mesure <strong>de</strong> modifier cette autorégulationrespectivement par inhibition <strong>de</strong> PG, et <strong>de</strong> l’angiotensine II. Il en est <strong>de</strong>même pour les antagonistes <strong>de</strong>s récepteurs AT1 <strong>de</strong> l’angiotensine II (ARA II).II- MEDICAMENT ET INSUFFISANCE RENALE CHRONIQUELes conséquences <strong>de</strong> l’IRC ne se résument pas à la réduction <strong>de</strong> la filtrationglomérulaire. D’autres facteurs conditionnent l’adaptation <strong>de</strong> la posologie :- modification <strong>de</strong>s compartiments liquidiens,- modification <strong>de</strong>s fonctions enzymatiques,- spoliation protéique...


54II-1- Modifications du comportement du médicament (diapo 3)II - MEDICAMENT et IRCDiapo 3• Modifications du comportement <strong>de</strong>s médicaments- La liaison protéique- L’espace <strong>de</strong> diffusion- La biotransformation- L’élimination retardée• Retentissement <strong>de</strong>s médicaments sur l’IRC• Les AINS et l’aggravation <strong>de</strong> l’IRénale- IR Fonctionnelle hémodynamique- Rétention sodée- créatininémie et kaliémie• Les antihypertenseurs- Aggravation <strong>de</strong> l’IRénale par diminution <strong>de</strong> la perfusion rénaleliée à la réduction <strong>de</strong> PA- Les IECII-2- Retentissement sur l’insuffisance rénale chronique (diapo 4)Des effets secondaires habituellement sans importance doivent être pris encompte : les cyclines et les corticoï<strong>de</strong>s majorent le taux <strong>de</strong> l’azotémie par effet antianabolisant.Les AINS majorent la rétention sodée et peuvent être à l’origine d’unedétérioration <strong>de</strong> la fonction rénale fonctionnelle d’origine hémodynamique (cfparagraphe III-2) et d’une ascension <strong>de</strong> la kaliémie.L’effet <strong>de</strong>s antihypertenseurs conduit par le biais d’une réduction <strong>de</strong> la pression<strong>de</strong> perfusion et <strong>de</strong> la filtration glomérulaire, à l’aggravation <strong>de</strong> l’insuffisance rénale. Lanormalisation <strong>de</strong> la pression artérielle autorise une amélioration secondaire,particulièrement sous inhibiteur d’enzyme (IEC).Il convient <strong>de</strong> distinguer un bénéfice rénal éventuel du traitement par IEC ouARA II chez l’hypertendu insuffisant rénal chronique, à l’origine du concept <strong>de</strong>néphroprotection, d’une possible détérioration <strong>de</strong> la fonction rénale pouvant survenirdans <strong>de</strong>s situations à risque (sténose bilatérale <strong>de</strong>s artères rénales, déplétion sodée) oùla présence d’angiotensine II est indispensable au maintien du débit sanguin rénal (cfnépropathies fonctionnelles d’origine hémodynamique, paragraphe III-2). Lanéphroprotection attribuée aux IEC ou aux ARA II est établie au cours <strong>de</strong> lanéphropathie diabétique (réduction <strong>de</strong> la microalbuminurie, amélioration <strong>de</strong> la filtrationglomérulaire et du débit sanguin rénal). D’autres étu<strong>de</strong>s récentes ont confirmé cetteéventualité, au cours <strong>de</strong> l’IRC, d’autres causes, en particulier les glomérulophathies et lanéphroangiosclérose.MEDICAMENT et IRCDiapo 4ParadoxeLes antihypertenseurs- Aggravation <strong>de</strong> l’IRénale par diminution<strong>de</strong> la perfusion rénale liée à la réduction <strong>de</strong> PA- Les IECBénéfice rénal, néphroprotectionetInsuffisance rénale sous IECBénéficeNéphroprotection• Néphropathie diabétique• IR d’autre cause à prendreen compte :- l’effet antiprotéinurique- le ralentissement <strong>de</strong> ladétérioration <strong>de</strong> la fonction rénaleInsuffisance rénale sous IECen cas d’hypoperfusion• Sténose bilatérale<strong>de</strong>s artères rénales• Déplétion sodée excessive...cf néphropathies fonctionnelles


55II-3- Adaptation <strong>de</strong> la dose du médicament (diapo 5)L’estimation <strong>de</strong> la fonction rénale : « Cockroft et NDRD »Estimation du débit <strong>de</strong> filtration glomérulaire (DFG) : 2 formulesDeux formules simples permettent d’estimer le DFG à partir <strong>de</strong> créatininémie.La formule <strong>de</strong> Cockroft et Gault qui prend en compte le poids, le sexe et l’âge :Clairance (ml/min) (DFG) =(140-âge) x poids (kg) x ACréatininémie (µmole/l)A = 1.23 chez l’homme et 1.04 chez la femme pour tenir compte <strong>de</strong>s différencesconstitutionnelles <strong>de</strong> masse musculaire.et la formule issue <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> MDRD (Modification of Diet Renal Disease) :DFG = 186 x créatininémie -1.154 x âge 0.203 corrigé par 0.742 pour les femmes donne uneestimation du DFG en fonction <strong>de</strong> l’âge, du sexe et <strong>de</strong> l’origine ethnique sans tenircompte du poids.• MDRD estime mieux le DFG chez l’homme et CG chez la femme.• Quel que soit l’âge et notamment chez les plus <strong>de</strong> 60 ans, MDRD estime mieux leDFG. CG estime mieux le DFG chez les sujets minces et MDRD chez les sujets ensurpoids ou obèse.• Enfin, si la fonction rénale est altérée, le DFG est toujours mieux estimé par laformule du MDRD• La formule du MDRD donne une estimation, en général, plus précise du débit <strong>de</strong>filtration glomérulaire que celle <strong>de</strong> Cockroft et Gault.L’estimation du DFG permet <strong>de</strong> classer les sujets :en fonction rénale normale (eDFG>90 ml/min/1.73 m 2 et décroissance physiologique <strong>de</strong>1 ml/min/an à partir <strong>de</strong> 40 ans),insuffisance rénale légère (eDFG entre 60 et 90 ml/min/1.73 m 2 ),modérée (eDFG entre 30 et 60 ml/min/1.73 m 2 ) etsévère (eDFG


56ADMINISTRATION DES MEDICAMENTSAU COURS DE L’IRC• Principes <strong>de</strong> l’adaptation posologique- Médicament à 1/2 vie longue : intervalle <strong>de</strong>s prises- Médicament à 1/2 vie brève : la prise en conservant l’intervalle• Pour les médicaments à marge thérapeutique étroite- Ajustement <strong>de</strong>s doses +++ ± combiné modification intervalle• Dans les insuffisances rénales sévère- La 1/2 <strong>de</strong> la dose habituelleintervalle = 1/2 vie dans l’insuffisance rénaleDiapo 5II-4- Etu<strong>de</strong> analytique <strong>de</strong>s principales thérapeutiquesII-4-1- Administration <strong>de</strong>s antibiotiques (diapos 6 à 12)ADMINISTRATION DES MEDICAMENTSAU COURS DE L’IRCLes exemples1 . Antibiotiques à élimination rénale• ß. Lactamines• Péni G : passage cérébral accru dans l’insuffisance rénale posologie et prise en compte <strong>de</strong> l’apport en Na• Ampicilline/AmoxicillineAmoxicilline : posologie en cas d’IR sévère et intervalles 8 h - 12 h - 16 h• Imipeneme :1/2 vie x 5 : posologieDiapo 6Céphalosporines :Diapo 7•- Elimination rénale et 1/2 vie très allongée : dose uniqueou biquotidienne dans l’insuffisance rénale- . Toxicité rénale <strong>de</strong>s C. 1ère génération, non utilisées. 2e génération- Cefuroxime ZINNATsi cl. créat. < 20 ml/min1/2 dose / 1 prise. 3e génération- Ceftriaxone ROCEPHINE- Cefoperazone CEFOBISà utiliser à intervalles allongés, etréduction <strong>de</strong> posologie si IR sévère ± aminosi<strong>de</strong>s• Aminosi<strong>de</strong>s- Toxicité rénale (cf § III)- Usage possible dans l’IR à posologie adaptée- Abaques d’adaptation :Créa (mg) x 0.8 = intervalle d’administration1 mg/kg 8 h - 12 h - 48 h2 . AB à élimination hépatiqueDiapo 8Administration inchangée dans l’IRC• Macroli<strong>de</strong>sERYTHROMYCINE, JOSAMYCINE, ROXITHROMYCINE• QuinolonesPEFLOXACINE à élimination hépatiquemais CIPROFLOXACINE à élimination rénale,posologie à si IRC sévère (20 ml/min <strong>de</strong> Cl. Créa)• Cyclines<strong>de</strong> moindre intérêt dans l’IRCusage limité, à même posologie <strong>de</strong> la Doxycycline3 . Digitaliques4 . IECDIGOXINE à élimination rénale intervalles d’administration : 24 h - 36 h - 48 h± posologieDIGITOXINE retirée en 1993Diapo 9Tous sont à élimination rénale :- <strong>de</strong> la posologie +++, adaptée à la fonction rénale- Distinguer la courbe effet - dose <strong>de</strong> la courbe dose - effet II- Double voie d’élimination : intéressant, mais ne dispense pas<strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong> posologie- Exemples :. LOPRIL° et RENITEC°. CIBACENE°, ODRIK°, FOZITEC°, COVERSYL°, TRIATEC°. ZESTRIL°


575 . Les ß-BLOQUANTSßHydrosolubles / liposolubles• A métabolisme hépatique dominantKERLONE°SELOKEN°AVLOCARDYL° posologie -• A double voie métabolique “mixte”SECTRAL°CELECTOL°, SOPROL°TRANDATE° posologie -• A élimination rénaleTENORMINESOTALEX posologieDiapo 10Diapo 116 . Les ANTAGONISTES DES RECEPTEURS (AT1)<strong>de</strong> L’ANGIOTENSINE IILe losartan COZAAR°,molécule <strong>de</strong> référence, 1ère commercialisée- Elimination bilio-digestive dominante- Posologie non modifiée dans l’IRCplus récemment :- Irbesartan APROVEL°- Valsartan TAREG°, NISIS°- Can<strong>de</strong>sartan ATACAND°- Telmisartan MICARDIS°, PRITOR°7 . ANTIARYTHMIQUESDiapo 12Posologies à diminuer- FLECAINE°- CIPRALAN ° à élimination rénale- RYTHMODAN°- SERECOR° (Quinidine) : élimination en partie rénale- XYLOCAINE° : à métabolisme hépatique,mais métabolite à élimination rénalePosologie non modifiées- RYTHMOL° à métabolisme hépatique- CORDARONE°II-4-2- Administration en milieu cardio-vasculaire(voir annexes 1, 2, 3)III - NEPHROPATHIE D’ORIGINE MEDICAMENTEUSEIII-1- Néphropathies d’origine toxique directe ou immuno-allergique(diapos 13 à 15)Ces néphropathies médicamenteuses se produisent selon 2 mécanismes : (a)soit atteinte toxique directe par l’accumulation du médicament (surdosage, ou rétentionà la faveur d’une néphropathie préexistante), (b) soit atteinte d’origine immunologique.Tous les éléments du parenchyme rénal peuvent être intéressés.Diapo 13III - TOXICITE RENALE DES MEDICAMENTSDonnées générales : fréquence, mécanismes, facteurs favorisants FréquenceEnquête française: 20 % <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s hospitalisés pour InsuffisanceRénale Aigue• Les responsables :ABAINS, AnalgésiquesProduits <strong>de</strong> contrasteIEC• Les lésions :nécrose tubulaire aigue ou néphrite interstitielle aigue• Evitables : Pour 2/3 <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s- doses élevées ou prolongées du médicament responsable- facteurs prédisposants à la toxicité rénale• Mécanismes <strong>de</strong>s insuffisances rénales d’originemédicamenteuse• Nécrose tubulaire aiguë- Antibiotiques : aminosi<strong>de</strong>s, céphaloridine, céphalotine,amphotéricine B, rifampicine- AINS, produits <strong>de</strong> contraste iodés, cisplatine,ciclosporine, paracétamol,• Néphrite interstitielle aiguë- Antibiotiques : méticilline, pénicilline G, ampicilline,céphalotine, oxacilline, rifampicine.Diapo 14• Insuffisance rénale fonctionnelle- AINS, inhibiteurs <strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong> conversion, ciclosporineD’après D. KLEINKNECHT, Rev. Prat. 1995 ; 45 : 1633-37


58Diapo 15• Facteurs prédisposant à une insuffisance rénale aiguëmédicamenteuse- Sujet âgé,- Déplétion sodée,- Insuffisance cardiaque congestive,- Insuffisance rénale chronique préalable, avec ou sans diabèteassocié,- Cirrhose avec ascite- Syndrome néphrotique- Sténose <strong>de</strong> l’artère rénale (en cas <strong>de</strong> prise d’inhibiteurs<strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong> conversion)- Association d’autres médicaments néphrotoxiques.III-1-1- N. tubulo-interstitielle toxique <strong>de</strong>s antibiotiquesLes arguments en faveur d’une néphrotoxicité directe sont :- une relation entre la dose et l’apparition <strong>de</strong>s premiers signes rénaux,- l’absence <strong>de</strong> manifestations cliniques rénales et extrarénales,- <strong>de</strong>s concentrations sanguines élevées du médicament,- l’absence d’anomalies immunologiques,- une atteinte tubulaire prédominante à la biopsie rénale,- et une évolution favorable sans séquelles.• Les aminosi<strong>de</strong>s (diapos 16 à 18) : on connaît bien la néphrotoxicité <strong>de</strong> leurchef <strong>de</strong> file actuel, la gentamycine, mais aucun aminosi<strong>de</strong> (amikacine, dibékacine,sisomicine) n’en est dépourvu. Il s’agit d’une tubulopathie aigüe, prédominant sur lesegment proximal, avec réaction inflammatoire interstitielle.Elle se traduit en général par une élévation insidieuse et isolée <strong>de</strong> la créatininémie. C’estdire, puisque la diurèse est conservée, l’importance <strong>de</strong> la surveillance régulièresystématique <strong>de</strong> la créatininémie lors <strong>de</strong>s traitements prolongés (la concentrationmoyenne est 20 fois supérieure). La régénération tubulaire s’effectue en 15 à 30 jours,ce cap franchi l’évolution est favorable le plus souvent sans séquelle. L’utilisation <strong>de</strong> cesantibiotiques <strong>de</strong>meure possible dans l’IRC, après adaptation <strong>de</strong>s intervallesd’administration et en s’aidant <strong>de</strong>s dosages plasmatiques. Les facteurs <strong>de</strong> risque sontl’âge, la présence d’une néphropathie préexistante, la sévérité du syndrome infectieux,une déplétion sodée préalable, la durée <strong>de</strong> traitement, la dose, et une éventuelleassociation (furosémi<strong>de</strong>, ciclosporine, cisplatine).Diapo 16III - 1 - Néphropathies tubulo-interstitielles toxiques <strong>de</strong>s AB• Arguments suggérant une néphrotoxicité directe- Relation entre la dose et l’apparition <strong>de</strong>s premiers signes rénaux,- Absence <strong>de</strong> manifestations cliniques rénales et extrarénales,- Concentrations sanguines élevées du médicament,- Absence d’anomalies immunologiques,- Atteinte tubulaire prédominante à la biopsie rénale,- Evolution favorable sans séquelles.Aminosi<strong>de</strong>sCéphalosporinesAmphotericine BColimycineNouvelles Quinolones....• Aminosi<strong>de</strong>s +++- Atteinte tubulaire proximale- I. Rénale, régénération 15 - 30 j- Utilisable dans l’IRC (adaptation posologique)- Surveillance <strong>de</strong> la créatininémieNB : concentration rénale = concentration sérique x 20Facteurs <strong>de</strong> risque- Age- Néphropathie pré-existante (±)- Sévérité du ∑d infectieux- Déplétion sodée préalable (à prévenir)- Posologie / intervalles- Durée du traitement- Associations : . Furosémi<strong>de</strong>. Ciclosporine. CisplatineDiapo 17


59Diapo 18Modalités <strong>de</strong> surveillance- Tt < 8 jours = 0- Tt > 8 jours reins normal / créatininémie- I Rénale - Durée limitée- Adaptation dose / intervalle- Surveillance créatininémieAudiogamme / dosageStratégie- AB <strong>de</strong> 2e intentionou <strong>de</strong> 1ère intentionen cas d’état infectieux grave (dosages sanguins)• Les céphalosporines (diapo 19)• Céphalosporines- Toxiques à fortes dosesCéfalotine KEFLIN°Céfaloridine CEPORINE°très toxiques, sont abandonnées- Les céphalosporines <strong>de</strong> 2e génération. Cefoxitine MEFOXIN°. Cefamandol KEFANDOL°. Cefuroxine ZINNAT°et les céphalostoprines <strong>de</strong> 3e génération. Cefixime OROKEN°. Cefotaxime CLAFORAN°. Ceftriaxone ROCEPHINE°sont peu ou pas toxiquesVigilance en cas <strong>de</strong> fortes posologies (à limiter si IRC)et d’association aux aminosi<strong>de</strong>sDiapo 19• La colistine (COLIMYCINE°) (diapo 20)• L’amphotéricine B• Nouvelles quinolonesDiapo 20• L’amphotéricine B- dose > 5 g, dépots calcaires- irréversibilité• La Colistine, COLIMYCINE : abandonnée• Les nouvelles quinolones- quelques cas d’Insuffisance rénale- mécanisme discuté...


60III-1-2- N. interstitielle aigüe immunologique <strong>de</strong>s antibiotiquesLes arguments suggérant une origine immuno-allergique sont (diapo 21):- l’absence <strong>de</strong> relation avec la dose reçue (inconstant),- <strong>de</strong>s manifestations extrarénales associées : fièvre, éruption cutanée, arthralgies,atteintehépatique, éosinophilie sanguine,- la réapparition <strong>de</strong>s mêmes symptômes après une nouvelle administration dumédicamentou d’un médicament chimiquement apparenté,- la présence d’anomalies immunologiques à médiation humorale ou cellulaire,- et une atteinte interstitielle prédominante à la biopsie.Diapo 21III - 2 - Néphropathies interstitielles immunologiques <strong>de</strong>s AB• Arguments suggérant une origine immuno-allergique- Absence <strong>de</strong> relation avec la dose reçue (inconstant),- Manifestations extra-rénales associées : fièvre, éruption cutanée,arthralgies,- atteinte hépatique, éosinophilie sanguine,- Réapparition <strong>de</strong>s mêmes symptômes après une nouvelleadministration- du médicament ou d’un médicament chimiquement apparenté,- Présence d’anomalies immunologiques à médiation humoraleou cellulaire,- Atteinte interstitielle prédominante à la biopsie.. MeticillineOxacilline et cloxacilline. Rifampicine• L’oxacilline BRISTOPEN° et la cloxacilline ORBENINE° (diapo 22)• La rifampicine (RIFADINE°)Diapo 22• L’oxacilline BRISTOPEN°et la Cloxacilline ORBENINE°Possible NIA immuno-allergique décrite initialementavec la méticilline• Rifampicine RIFADINE°Prévention : pas d’arrêt <strong>de</strong> traitement !III-1-3- N. interstitielle immuno-allergique <strong>de</strong> la floctafénine(glafénine et ses dérivés/apparentés)(diapo 23)


61III - 3 - Néphropathies <strong>de</strong>s AntalgiquesDiapo 23• Historiquement la glafenine GLIFANAN° retirée ducommerce, pour <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts anaphylactiquesUn apparenté commercialisé la Floctafénine IDARAC°I. Rénale immuno-allergique à posologie usuelleI. Rénale par précipitation tubulaire <strong>de</strong> cristaux<strong>de</strong> glafénine à fortes doses• La Phénacétine, source <strong>de</strong> NIC et nécrose papillaire etprogressivement retirée <strong>de</strong>s différentes spécialités.III - 4 - Néphropathies <strong>de</strong>s AVK• Historiquement la PINDIONE° (IR immuno-allergique)Representant <strong>de</strong>s indanediones la Fluindione PREVISCAN°<strong>de</strong> la même famille...Les AVK coumariniques ne sont pas concernés.III-1-5- N. interstitielle immuno-allergique <strong>de</strong>s indanedionesFluindione (PREVISCAN)(historiquement la phénindione (PINDIONE°) (diapo 23)laIII-1-6- N. glomérulaires : D pénicillamine , sels d’orIII-1-7- N. toxique directe <strong>de</strong>s AINS (diapo 24)III - 5 - Néphropathies <strong>de</strong>s AINSDiapo 24• Nécrose tubulaireINDOCID°, NALGESIC°guérison sans séquelle• Néphropathies interstielles aiguesNALGESIC°souvent sévère et anurique avec recours à l’EER• Plus rares- nécrose capillaireINDOCID°, BRUFEN°, ASPIRINE°- Néphropathie interstitielle + ∑d NIII-2- Néphropathies fonctionnelles d’origine hémodynamique(diapos 25 à 27)On décrit sous ce terme la survenue d’une insuffisance rénale aiguë fonctionnelle,secondaire aux perturbations <strong>de</strong> l’auto-régulation du débit sanguin rénal (cfhémodynamique intra-rénale - paragraphe I).Elles sont le fait <strong>de</strong>s AINS et <strong>de</strong>s IEC (ou <strong>de</strong>s ARA II), à la faveur <strong>de</strong> l’inhibition <strong>de</strong>sPG et <strong>de</strong> l’angiotensine II.* Les circonstances <strong>de</strong> survenue :


62La vasoconstriction <strong>de</strong> l’artériole efférente induite par l’angiotensine II, modulée parl’effet vasodilatateur <strong>de</strong>s prostaglandines au niveau <strong>de</strong> l’artériole afférente estindispensable au maintien du débit sanguin rénal dans toutes les circonstancespathologiques qui induisent une baisse <strong>de</strong> perfusion rénale. Ils permettent, dans cessituations à risque, l’auto-régulation du débit sanguin rénal et la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> lafonction rénale.Ainsi, la déplétion sodée, l’hypotension (quelle que soit sa cause), une insuffisancecardiaque, le syndrome néphrotique et la cirrhose constituent les facteurs prédisposant àla survenue d’une insuffisance rénale lors <strong>de</strong> l’introduction chez ces patients d’un IEC oud’un AINS.* Les médicaments en cause :- Les AINS : il s’agit d’une toxicité dépendante <strong>de</strong> l’inhibition <strong>de</strong>s prostaglandines etnon pas <strong>de</strong> la molécule.Outre l’hypovolémie efficace, le diabète et le sujet âgé sont les patients le plus souventconcernés. Le AINS peuvent également induire un hyporéninisme sourced’hyperkaliémie, souvent importante et accompagnant <strong>de</strong> façon disproportionnéel’insuffisance rénale.- Les IEC et les ARA II : l’insuffisance rénale résulte <strong>de</strong> la suppression <strong>de</strong>l’angiotensine II. A coté <strong>de</strong>s circonstances <strong>de</strong> survenue commune avec les AINS, il fautfaire une part privilégiée aux sténoses bilatérales <strong>de</strong>s artères ou à la sténose d’uneartère rénale sur rein unique qui exposent à l’insuffisance rénale dès l’introduction <strong>de</strong>l’IEC.En raison <strong>de</strong> l’effet anti-aldostérone indirect induit par le IEC, on peut observer unehyperkaliémie.Les antagonistes <strong>de</strong>s récepteurs AT1 <strong>de</strong> l’angiotensine II (ARAII) , également proposésdans le traitement <strong>de</strong> l’HTA posent les mêmes problèmes.Il faut formellement contre-indiquer l’association d’un IEC à un AINS, et àl’HEPARINE (capable d’augmenter également la kaliémie par le biais d’un effet antialdostérone).La déplétion sodée reste le facteur <strong>de</strong> plus couramment observé, susceptible <strong>de</strong> favoriserl’apparition d’une insuffisance rénale sous IEC.• Bases- Perturbations <strong>de</strong> l’autorégulation du DSR• CirconstancesDéplétion sodéeICHypotension d NCirrhoseDiapo 25III - 6 - Néphropathies fonctionnelles d’origine hémodynamiqueStimulation PGVDAINSHypoperfusion rénaleStimulation Angio IIVCIEC• Médicaments en cause• AINSI. Rénale PG dépendantePATIENTS à RISQUE- Toute cause d’hypovolémie efficaceLe plus fréquent : déplétion sodée (régime sans sel + Diu)- Lésions vasculaires <strong>de</strong> la médullaire rénale :. diabète +. sujet âgé +. LED, NIC- L’insuffisance rénale chroniquePRECAUTIONS D’EMPLOI STRICTES = C.I. RELATIVEDiapo 26


63Diapo 27• Les IECLes circonstances sont les mêmeset - sténoses bilatérales <strong>de</strong>s AR ou sténose sur rein unique- risque d’hyperkaliémie- CI, association aux AINS. IEC + AINS + Héparine, en particulier chez le diabétique. attention à la déplétion sodéeSe souvenir, en contraste, <strong>de</strong> la néphroprotectionau cours <strong>de</strong> la néphropathie diabétique• Le Losartan COZAAR° et AAIIpose potentiellement les mêmes problèmes[antagonisme <strong>de</strong>s récepteurs (AT1) <strong>de</strong> l’angiotensine II]III-3- Divers (diapo 28)• L’allopurinol (ZYLORIC°)• Le lithium• Les produits <strong>de</strong> contraste iodés• Les solutés macromoléculaires• La néphropathie <strong>de</strong> la ciclosporineIII - 7 - DiversDiapo 28• Tubulopathie à l’io<strong>de</strong>Néphrotoxicité <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> contrasteA prévenir +++Facteurs prédisposant :- La déplétion sodée- Le diabète- L’insuffisance rénale organique ou hémodynamique- Le sujet âgé (> 60 ans)- Examens répétés- Médicaments néphrotoxiques associés- Le myélomeRéhydratation, régime normosodéArrêt du diurétique +++Alcalinisation ≤ NaClet produit <strong>de</strong> contraste non ionique• Le gadoliniumL’IRM au gadolinium était présentée ces <strong>de</strong>rnières années comme offrant unesécurité d’emploi chez l’insuffisant rénal. Il n’en est rien, et <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong><strong>de</strong>rmopathie fibrosante néphrogénique ont été rapportés chez l’insuffisantrénal chronique… pru<strong>de</strong>nce…Cet examen ne peut être réalisé que chez lespatients ayant une clairance <strong>de</strong> la créatinine >30ml/minIV- CONCLUSIONEn bref pour la prescription :- quelle est la fonction rénale du sujet ?- quel est le mo<strong>de</strong> d’élimination du médicament ?- néphrotoxicité éventuelle ou certaine du médicament ?- acci<strong>de</strong>nt immunologique dans les antécé<strong>de</strong>nts du patient ?Le fait <strong>de</strong> poser ces questions permet d’éviter bien <strong>de</strong>s complications. Mais il faut aussise souvenir <strong>de</strong>s insuffisances rénales aiguës à diurèse conservée, <strong>de</strong> la surveillance


64indispensable à intervalle <strong>de</strong> la fonction rénale lors d’un traitement prolongé susceptible<strong>de</strong> néphrotoxicité, ou chez le sujet explosé par l’âge, un diabète, une déplétion sodée...ANNEXE 1 – les bêta bloquantsANNEXE 1 – Les bêtabloquants


65Les BETABLOQUANTS :PROPRIETES PHARMACOLOGIQUESDCISpécialitéBiodisp.(%)Métab.Actifs12 vie(h)SASIAlpha- LipophiliePropranololAvlocardyl°10 à 40Oui2-5NonCarvedilolKre<strong>de</strong>x°25Oui6 à 10NonOuiLabétalolTrandate°26Non2-4NonOuiBisoprololSoprol°Detensiel°85 à 90Non9-12OuiNonBétaxololKerlone°75 à 90Non13-18OuinonAcébutololSectral°20-50Oui5-10Oui+MétoprololSéloken°Lopressor°40Non3-5OuiNonSotalolSotalex°95Non5-17NonAténololTenormine°50Non6-10OuiNonCéliprololCelectol30Non4-6Oui+NadololCorgard°40Non14-2Non HydrophilieS : sélectivité – ASI : activité sympathomimétique intrinsèqueANNEXE 2 - Les IEC <strong>de</strong> l’angiotensineLES 12 IEC DISPONIBLESDCISpécialités 1/2 vieCaptoprilLopril°Captolane°2Enalapril Renitec° 11Périndopril Coversyl° 9LisinoprilPrinivil°Zestril°13RamiprilTriatec° 12QuinaprilAcuilix°Korec°3BénazéprilCibacene°Briem°21Cilazapril Justor° 4TrandolaprilGopten°Odrik°16-24Fosinopril Fozitec° 12MoexiprilMoex°Imidapril Tanatril°R = rénale ; H = hépatiqueEliminationRRRRH et RRRRH > RH et RH < RH et RCp (mg)25 et 505 et 202 et 45 et 201.25 – 2.5 – 55 et 205 et 102.50.5 et 210 et 207.5 et 155 et 10ANNEXE 2 – L’angiotensine II


66AngiotensinogèneLES ARAII « Sartans »RénineBradykinine (BK)Angiotensine IEnzyme<strong>de</strong> conversionAngiotensine II?Pepti<strong>de</strong>sinactifsRécepteursBKAT 1VasoconstrictionSynthèse d’aldostéroneProlifération <strong>de</strong>s FMLHypertrophie myocytaireAT 2?limite la proliférationliée à la stimulation du R AT1?NOBurnier, Brunner, Lancet 2000 ; 355 : 637ANNEXE 3 – Les antagonistes <strong>de</strong>s récepteurs <strong>de</strong> l’angiotensine IILES ANTAGONISTES DES RECEPTEURSDE L’ANGIOTENSINE II : LES ARAII « Sartans »Caractéristiques pharmacocinétiquesBiodisponibilitéAlim.Metab.actifElimin.12 vie(h)Dose(mg)Losartan33 %0Ouiexp 3174H>R65/35%26-950-100Irbesartan70 %0NonH>R80/20%11-15150-300Valsartan25 %+NonH>R70/30%980-160Can<strong>de</strong>sartan42 %0OuiHR98/02%2440-80Eprosartan15 %0NonH>R90/10%5-7400-800


67Bibliographie :1. - O. Montagne, J. Douat, JL LejoncLes médicaments <strong>de</strong> la personne âgée : p 76-93- P. HillonFoie et Médicaments : p 162-168- B. Duly-BouhanickLes médicaments chez le diabétique : p 169-178- C. Le JeunneMédicaments et grossesse : p 179-196- B. Chamontin, M. Laville, J. Amar, JP FauvelReins et médicaments : p 206-218- M. SalvadorInteractions médicamenteuses : p 219-227In L’essentiel en Thérapeutique Générale - Module 11Livre <strong>de</strong> l’Association Pédagogique Nationale pour l’Enseignement <strong>de</strong> laThérapeutique (APNET)Editions Medline 20032. « Insuffisances rénales aiguës provoquées par <strong>de</strong>s médicaments ou <strong>de</strong>sproduits <strong>de</strong> contraste »par D. KleinknechtRev. Prat. 1995 ; 45 : 1633-373. Estimation <strong>de</strong> la fonction rénale Cockroft ou MDRDJ. P. Fauvel, Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Lyon, Université Clau<strong>de</strong> Bernard, HôpitalEdouard Heriot – Lyon – 20084. Recommandations HASProgression <strong>de</strong> l’insuffisance rénale Chronique


68FOIE ET MEDICAMENTS(171)Jean Pierre VINELOBJECTIFS PEDAGOGIQUES :Terminaux :- i<strong>de</strong>ntifier les sujets à risque et en déduire les principes d’adaptationthérapeutiques nécessaires- i<strong>de</strong>ntifier les principales associations médicamenteuses responsablesd’acci<strong>de</strong>nts et leurs modalités <strong>de</strong> prévention.Spécifiques :- connaître les modifications <strong>de</strong> la pharmacologie <strong>de</strong>s médicamentsnécessitant <strong>de</strong>sajustements posologiques chez les mala<strong>de</strong>s atteints d’hépatopathies,- connaître les risques d’une prescription médicamenteuse chez <strong>de</strong>spersonnes atteintes <strong>de</strong> maladies du foie,- connaître le rôle du foie dans les interactions métaboliques <strong>de</strong>smédicaments.PLAN :RésuméI- Métabolisme Hépatique <strong>de</strong>s MédicamentsA- RésorptionB- CaptationC- Métabolisme hépatocytaireD- DistributionE- ÉliminationII- Hépatopathies médicamenteusesA- Mécanisme généralB- Formes anatomo-cliniquesC- Diagnostic


69Résumé : le foie participe <strong>de</strong> façon directe ou indirecte aux 5 étapes du métabolisme <strong>de</strong>smédicaments : résorption, captation, métabolisme proprement dit, distribution etélimination. Le métabolisme hépatocytaire comporte habituellement <strong>de</strong>ux étapes :oxydation (phase I) et conjugaison (phase II). Ce métabolisme est soumis à une doublerégulation : liée au terrain et liée à l’environnement. La capacité qu’ont certainesmolécules d’inhiber ou au contraire d’induire la synthèse <strong>de</strong>s enzymes intervenant dansleur métabolisme rend compte <strong>de</strong> bon nombre d’interactions médicamenteuses.Les médicaments peuvent être à l’origine <strong>de</strong> presque toutes les formes d’hépatopathiesconnues. Devant toute maladie du foie, il est par conséquent nécessaire d’envisager lediagnostic d’hépatopathie médicamenteuse. Le traitement consiste en l’arrêt dumédicament suspect.I- Métabolisme Hépatique <strong>de</strong>s Médicaments :L’intestin, le poumon et le rein participent au métabolisme <strong>de</strong>s médicaments. Lefoie joue un rôle essentiel du fait :• <strong>de</strong> son volume• <strong>de</strong> sa position anatomique : tout le sang venant du tube digestif passe par lefoie• <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong> l’équipement enzymatique <strong>de</strong>s hépatocytes.Ainsi <strong>de</strong> façon directe ou indirecte, le foie intervient dans les 5 étapes du métabolisme<strong>de</strong>s médicaments.A- Résorption :Après ingestion, les médicaments sont absorbés par la muqueuse intestinale etpassent dans le courant circulatoire portal. Au cours <strong>de</strong>s maladies chroniques du foie,cette étape peut être perturbée par :• un déficit en sels biliaires qui va limiter la résorption <strong>de</strong>s molécules liposolubles• l’hypertension portale et le développement d’anastomoses porto-systémiquesspontanées qui vont court-circuiter le foie.B- Captation :La captation hépatocytaire <strong>de</strong>s médicaments varie entre 0% et 100%. Cet “ effet<strong>de</strong> premier passage ” joue un rôle déterminant dans la biodisponibilité d’une molécule. Sila captation est <strong>de</strong> 100% (ce qui est par exemple le cas <strong>de</strong> la trinitrine), labiodisponilibité est nulle. L’effet <strong>de</strong> premier passage est pris en compte dans la posologierecommandée pour un médicament. Au cours <strong>de</strong>s hépatopathies chroniques, il estdiminué du fait :• <strong>de</strong>s anastomoses porto-systémiques liées à l’hypertension portale• <strong>de</strong> la capillarisation <strong>de</strong>s sinusoï<strong>de</strong>s hépatiques, qui diminue les échanges entre lesang et les hépatocytes• <strong>de</strong> la diminution du nombre <strong>de</strong>s hépatocytes fonctionnels.Dans ces conditions, il convient donc <strong>de</strong> diminuer la dose du médicament pour éviter unsurdosage.C- Métabolisme hépatocytaire :1- Description :


70De façon générale, il augmente l’hydrosolubilité <strong>de</strong>s molécules, endogènes ou exogènes,ce qui les rend moins actives biologiquement et plus facilement éliminables. Il comporte2 étapes :a- phase I :C’est une phase <strong>de</strong> préparation qui consiste le plus souvent en une oxydation. Elle faitintervenir le cytochrome P450, famille <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20 iso-enzymes. Il s’agitd’hémoprotéines dont l’atome actif est le fer. Elles doivent leur nom à la fluorescencequ’elles émettent à 450 nm, après réduction en présence <strong>de</strong> CO.Habituellement, ces réactions <strong>de</strong> phase I transforment une molécule active en unemolécule inactive. Mais elles peuvent aussi activer <strong>de</strong>s pro-drogues (phénylbutazone parexemple) ou conduire à la formation <strong>de</strong> métabolites réactifs susceptibles d’être à l’origine<strong>de</strong> lésions hépatiques.b- phase II :C’est la phase <strong>de</strong> conjugaison. Elle augmente l’hydrophilie et le poids moléculaire, cequi facilite l’élimination biliaire ou urinaire.Ces réactions utilisent <strong>de</strong>s agents multiples : aci<strong>de</strong> glycuronique ou sulfurique,groupement méthyl ou acétyl, glucose…Le glutathion (sous sa forme réduite) a un rôle protecteur essentiel : en se conjugant auxmétabolites réactifs, il permet leur élimination.Rarement, les réactions <strong>de</strong> conjugaison peuvent faire apparaître <strong>de</strong>s molécules toxiques.Ainsi, l’INH, après acétylation, est transformé en acétyl-hydrazine puis acétyl-diazène,hépatotoxique.2- Régulation :a- régulation liée au terrain :• sexe : <strong>de</strong> façon générale, le métabolisme hépatique <strong>de</strong>s xénobiotiques (substancesorganiques étrangères à l’organisme) est moins efficace chez les femmes. Cela explique,au moins en partie, que les hépatites médicamenteuses sont plus fréquentes chez ellesque chez les hommes.• âge : par rapport à un adulte le métabolisme hépatique <strong>de</strong>s médicaments est :- plus lent chez le nouveau-né, par déficit <strong>de</strong>s enzymes <strong>de</strong> phase I et II- plus rapi<strong>de</strong> chez l’enfant : la <strong>de</strong>mi-vie <strong>de</strong> l’antipyrine est <strong>de</strong> 6,6 heures chez unenfant <strong>de</strong> 6 ans et <strong>de</strong> 13,6 heures chez un adulte;- ralenti chez les sujets âgés du fait d’une diminution du rapport poids du foie /poids corporel, d’où la fréquence <strong>de</strong>s hépatopathies médicamenteuses.• polymorphisme génétique : la vitesse du métabolisme <strong>de</strong> certains médicamentspeut varier d’un facteur 30 selon les individus. Ces variations ne sont pas retrouvéeschez les jumeaux homozygotes. Ce polymorphisme génétique intéresse les réactions <strong>de</strong>phase I comme <strong>de</strong> phase II. On décrit plusieurs types <strong>de</strong> polymorphisme <strong>de</strong>s réactionsd’oxydation.Le mieux connu est le polymorphisme débrisoquine-dépendant. La débrisoquine est unanti-hypertenseur qui occasionne <strong>de</strong>s réactions d’hypotension orthostatique chez environ5% <strong>de</strong>s sujets traités. On décrit 2 phénotypes :- PM (poor-metabolizer) chez 5% <strong>de</strong>s sujets environ- EM (extensive metabolizer) pour 95% d’entre eux.La transmission est <strong>de</strong> type autosomique récessif. Chez les patients PM, il faut réduire laposologie habituelle <strong>de</strong>s 2/3 pour éviter les manifestations d’hypotension orthostatique.Plusieurs médicaments suivent le même polymorphisme (ex. : clonidine, halopéridol,diazépam, lidocaïne, quinidine…).


71Pour les réactions <strong>de</strong> phase II, le polymorphisme le mieux connu est leplymorphisme d’acétylation. L’acétylation <strong>de</strong> l’INH a une répartition bimodale :acétyleurs rapi<strong>de</strong>s et acétyleurs lents. Ce statut obéit à une héréditéautosomique dominante. Ainsi, les acci<strong>de</strong>nts d’hépatotoxicité liés au métaboliteformé après acétylation (cf supra) s’observent chez les acétyleurs rapi<strong>de</strong>s ;tandis que la neurotoxicité, liée à la molécule d’INH elle même, se manifestechez les acétyleurs lents.b- régulation liée à l’environnement :• nutrition : les régimes riches en proti<strong>de</strong>s augmentent le métabolisme hépatique <strong>de</strong>smédicaments ; les régimes riches en gluci<strong>de</strong>s et pauvres en proti<strong>de</strong>s, le ralentissent• inhibition enzymatique : l’allopurinol, la nortriptyline, <strong>de</strong> disulfiram, la cimétidine…sont <strong>de</strong>s inhibiteurs enzymatiques.• induction enzymatique : certaines molécules augmentent la synthèse <strong>de</strong>s enzymesintervenant dans leur propre métabolisme, et éventuellement celui d’autresxénobiotiques. De très nombreux produits sont doués <strong>de</strong> cette propriété : médicaments<strong>de</strong> toutes classes, carcinogènes, toxiques, aliments, contaminants… La consommationd’alcool s’accompagne progressivement d’une induction enzymatique dont témoignel’augmentation du taux <strong>de</strong> g-GT.Ce phénomène rend compte <strong>de</strong> la notion d’accoutumance : du fait d’un catabolisme plusrapi<strong>de</strong> à mesure <strong>de</strong> la répétition <strong>de</strong>s prises, il faut augmenter la dose pour obtenir unmême effet. Il explique certaines intéractions médicamenteuses : diminution <strong>de</strong>l’efficacité <strong>de</strong>s AVK lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> phénobarbital, augmentation <strong>de</strong> la fréquence <strong>de</strong>shépatites à l’INH en cas d’association à la rifampicine, inducteur enzymatique puissant…D- Distribution :Le volume <strong>de</strong> distribution dépend en partie <strong>de</strong> la fixation aux protéinespalsmatiques, surtout l’albumine et l’a-1-glycoprotéine, dont la synthèse est assurée parle foie.Toutes choses étant égales par ailleurs, la <strong>de</strong>mi-vie d’un médicament augmenteavec le volume <strong>de</strong> distribution.E- Élimination :Le foie intervient directement lorsque l’élimination est biliaire et indirectement, enaugmentant l’hydrosolubilité, quand elle est urinaire.II- Hépatopathies médicamenteuses :Elles s’observent <strong>de</strong>ux fois sur trois chez <strong>de</strong>s femmes, et <strong>de</strong>ux fois sur trois chez<strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 60 ans. Elles ne représentent que 3% <strong>de</strong>s effets indésirables <strong>de</strong>smédicaments, mais 14% <strong>de</strong> la mortalité qui leur est imputable. Près <strong>de</strong> 1000 molécules(correspondant à près <strong>de</strong> 3000 spécialités commercialisées en France) sont considéréeshépatotoxiques.


72A- Mécanisme général :Il est résumé dans la figure 2.MédicamentCyt P450Métabolite RéactifConjugaisonEliminationADN Péroxydation Néo antigène protidiquelipidiqueCancer Hépatite Toxique RéactionImmuno-allergiqueFigure 1Mécanisme général <strong>de</strong> toxicité <strong>de</strong>s médicamentsOn oppose les hépatopathies toxiques et immuno-allergiques (tableau 1), qui sont lesplus fréquentes.Hépatites ToxiquesModèle animalReproductibleDélai prévisible et constantDose dépendantHépatites Immuno-allergiquesPas <strong>de</strong> modèleNon reproductibleDélai imprévisibleNon dose dépendantRéactions croiséesSignes d’accompagnement (fièvre,rash, éosinophilie, auto-anticorps…)Tableau 1 : caractéristiques principales <strong>de</strong>s hépatites médicamenteuses.B- Formes anatomo-cliniques :1- Hépatites :La forme la plus fréquente est l’hépatite aiguë. Selon le rapport <strong>de</strong>s transaminases(exprimées en multiple <strong>de</strong> la normale) sur les phosphatases alcalines (également enmultiple <strong>de</strong> la normale), on distingue <strong>de</strong>s hépatites :


73• cytolytiques (rapport ≥ 5) : c’est la forme la plus fréquente et potentiellement laplus grave (hépatite fulminante)• cholestatique (rapport ≤ 2) : elles peuvent s’accompagner <strong>de</strong> fébricule et <strong>de</strong>douleurs <strong>de</strong> l’hypochondre droit qui évoquent une pathologie lithiasique. Quelquesmédicaments (comme la chlorpromazine, l’imipramine…) peuvent provoquer <strong>de</strong>scholestases chroniques qui persistent parfois plusieurs mois après l’arrêt du traitement.• mixtes (rapport entre 2 et 5).Si la consommation du médicament responsable n’est pas suspendue, ces hépatitespeuvent évoluer vers la chronicité (INH par exemple) puis la cirrhose (ex. : vitamine A ).2- Autres lésions :• stéatose (corticoï<strong>de</strong>s, vitamine A)• hépatites granulomateuses (sulfami<strong>de</strong>s)• hépatites pseudo-alcooliques (amiodarone)• lésions vasculaires :- syndrome <strong>de</strong> Budd-Chiari (œstro- progestatifs)- maladie veino-occlusive (azathioprine)- péliose (androgènes)• tumeurs :- bénignes (adénome et œstro- progestatifs)- malignes (androgènes anabolisants)• lithiase biliaire (ceftriaxone, glafénine)C- Diagnostic :Du fait <strong>de</strong> la fréquence <strong>de</strong> ces acci<strong>de</strong>nts iatrogènes et <strong>de</strong> l’extrème variété <strong>de</strong>leurs manifestations, il faut envisager le diagnostic d’hépatopathiemédicamenteuse <strong>de</strong>vant toute maladie du foie, aiguë ou chronique.Ce diagnostic repose exclusivement sur l’interrogatoire. Dans les hépatopathies aiguës, laprise médicamenteuse doit être recherchée dans les 15 jours qui ont précédé l’apparition<strong>de</strong>s signes. Les médicaments responsables d’hépatopathies chroniques peuvent avoir étépris plusieurs années auparavant, mais il s’agissait d’une consommation régulière etprolongée.Tout médicament suspect doit être arrété, surtout s’il s’agit d’une hépatitecytolytique et définitivement proscrit. Toute ré-introduction fait courir le risque d’unacci<strong>de</strong>nt plus grave si le mécanisme est immuno-allergique.Le bilan hépatique doit être contrôlé à distance et doit s’être normalisé. Dans le cascontraire, il faut remettre en question le diagnostic d’hépatite médicamenteuse etrechercher une autre cause d’hépatopathie.La loi fait obligation <strong>de</strong> déclarer à la pharmacovigilance toutes les hépatopathiesmédicamenteuses.Pour tout renseignement sur l’hépatotoxicité <strong>de</strong>s médicaments :- Centre <strong>de</strong> pharmacovigilance régional- la revue Gastroentérologie Clinique et Biologique publie chaque année la liste actualisée<strong>de</strong>s médicaments hépatotoxiques.


74MEDICAMENTS CHEZ LES DIABETIQUES(171)Béatrice DULY-BOUHANICKOBJECTIFS PEDAGOGIQUES :• I<strong>de</strong>ntifier les sujets à risque et en déduire les principales adaptationsthérapeutiques nécessaires• I<strong>de</strong>ntifier les principales associations médicamenteuses responsablesd’acci<strong>de</strong>nts et les modalités <strong>de</strong> prévention.PLAN1- INTRODUCTION2- QUELQUES DEFINITIONS POUR COMMENCER3- PRESCRIPTIONS MEDICAMENTEUSES CHEZ LE DIABETIQUE3-1 LES BIGUANIDES3-2 LES SULFAMIDES HYPOGLYCEMIANTS3-3 LES INHIBITEURS DES ALPHA GLUCOSIDASES3-4 LES GLITAZONES3-5 LES ANALOGUES DU GLP 13-6 LES INHIBITEURS DES DPPIV3-7 L’INSULINE4- LES MEDICAMENTS CHEZ LE DIABETIQUE POUVANT MODIFIERLA GLYCEMIE1 LES CORTICOIDES2 LES ANTIHYPERTENSEURS-2- 1 les β bloquants-2- 2 les IEC et les inhibiteurs <strong>de</strong> l’angiotensine 2-2- 3 les diurétiques-2- 4 les alpha-bloquants3 LES AUTRES MEDICAMENTS


751 - INTRODUCTIONIl y a plus <strong>de</strong> 2 millions <strong>de</strong> diabétiques en France, plus <strong>de</strong> 21 millions <strong>de</strong> diabètes <strong>de</strong>type 2 en Europe, la majorité d’entre eux traités par antidiabétiques oraux. Le diabétiquecumule souvent les facteurs <strong>de</strong> risque cardio-vasculaires : 60% ont une hypertensionartérielle, plus <strong>de</strong> 30% une dyslipidémie, autant <strong>de</strong> facteurs qui favorisent la polymédicationet augmentent le risque d’interactions médicamenteuses : un travail personnel révèle quele nombre moyen <strong>de</strong> médicaments pris par patient diabétique tout venant est <strong>de</strong> 5 (1-37 !).Rappelons qu’en plus <strong>de</strong>s interactions médicamenteuses, certains facteurs favorisent lasurvenue d’une hypoglycémie chez les diabétiques traités par sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants oupar insuline (dénutrition, insuffisances hépatique et rénale, âge avancé, activité physique).Une méconnaissance <strong>de</strong>s traitements pris est un facteur aggravant et il convient d’informeret d’éduquer le patient à cet égard.La définition du diabète repose sur une glycémie supérieure à 1.26 g/l (7 mmol/l) aprèsun jeune <strong>de</strong> 8 heures et vérifiée à 2 reprises. Le diabète est aussi défini par la présence <strong>de</strong>symptômes <strong>de</strong> diabète (polyuro-polydipsie, amaigrissement) + une glycémie (sur plasmaveineux) supérieure ou égale à 2 g/l (11.1 mmol/l).La stratégie thérapeutique chez le diabétique repose sur la mesurée répétée <strong>de</strong>l’HbA1c. Elle doit être


76On parle d’insuffisance rénale pour une clairance inférieure à la limite inférieure fixée par lelaboratoire qui fait éventuellement le calcul ou pour une valeur inférieure à 90 ml/min/1.73m².Une nouvelle formule est également utilisée et pourrait avoir son intérêt dans le diabète: la formuleMDRD, ci-<strong>de</strong>ssous simplifiée qui ne prend pas en compte le poids du patient :DFG (ml/min/1.73m²)= K x 186 x (créatininémie (mg/l) / 10) -1.154 x (âge) -0.203K=1 (homme) ou 0.742 (femme)Multiplier par 1.21 pour les patients d’origine africainePour convertir la creatininémie <strong>de</strong>s mg/l en µmol/l : multiplier par 8.82.2 L’insuffisance hépatique est plus difficile à définir : lorsque <strong>de</strong>s signes cliniquesd’insuffisance hépatique sont présents, celle-ci est déjà bien avancée. Il est classiqued’arrêter un traitement potentiellement hépatotoxique dès lors que les transaminasesdépassent 3 fois la normale. Il est parfois recommandé <strong>de</strong> ne pas commencer un traitementayant un métabolisme hépatique si celles-ci dépassent 2.5N.2.3 La définition <strong>de</strong> l’hypoglycémie n’est pas consensuelle : signes cliniques pour certains(sueurs, pâleur, fringale, céphalées, malaise, tremblements), glycémie inférieure à 0.70 ou0.60 ou 0.50 g/l pour d’autres. Soyons cependant pragmatique : tout malaise chez undiabétique traité, a fortiori par sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants, insuline, glini<strong>de</strong>s, ou chez lequelle traitement a été modifié est une hypoglycémie jusqu’à preuve du contraire. La définition<strong>de</strong> l’hypoglycémie sévère est mieux codifiée : hypoglycémie qui nécessite une hospitalisationou le recours à un tiers pour le resucrage (même si cette <strong>de</strong>rnière notion reste vague..)3- PRESCRIPTIONS MEDICAMENTEUSES CHEZ LE DIABETIQUEChaque médicament antihyperglycémiant est envisagé successivement puis les principalesinteractions sont rappelées. Les autres médicaments usuels sont revus par la suite3-1 LES BIGUANIDES (Glucophage 500 ET 850 mg, 1000 mg , Stagid 700 mg, lesgénériques <strong>de</strong> la Metformine)Ils s’administrent pendant ou après les repas pour limiter les désagréments d’ordre digestif(nausées, diarrhées, flatulences, douleurs abdominales qui augmentent avec la doseprescrite) en 2 ou 3 prises. Ils agissent sur l’insulinorésistance et pas sur l’insulinosécretionet <strong>de</strong> ce fait ne donnent pas d’hypoglycémies. Leur prescription améliore le contrôleglycémique sans en général entraîner une prise <strong>de</strong> poids. Leur place est la 1 ère intention chezle diabétique <strong>de</strong> type 2 en particulier en cas <strong>de</strong> surcharge pondérale, lorsque le régimealimentaire et l'exercice physique ne sont pas suffisants pour rétablir l'équilibre glycémique.Ils peuvent être utilisés en monothérapie ou en association avec d'autres antidiabétiquesoraux ou avec l'insulineMolécule très ancienne et génériquée, la metformine a pourtant récemment bénéficié d’unemodification <strong>de</strong> son AMM avec une autorisation <strong>de</strong> son emploi chez l’enfant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong>10 ans et l'adolescent (changement qui est bienvenu notamment aux USA là où laprévalence du diabète <strong>de</strong> type 2 <strong>de</strong> l’enfant et <strong>de</strong> l’adolescent augmente dramatiquement).En 2009, une forme poudre est apparue, bien utile chez certains patients qui ont du mal àavaler les comprimés plutôt gros ou en cas <strong>de</strong> chirurgie bariatriqueInteractions principales et mesures correctives à prendre- alcoolisation massive : risque <strong>de</strong> survenue d’acidose lactique : à éviter !


77- introduction <strong>de</strong> diurétiques ou d’inhibiteurs du système rénine-angiotensine (ISRA)susceptibles <strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r à court terme la fonction rénale : surveiller la créatininémiedans la semaine qui suit l’introduction du traitement- médicaments diabétogènes (danazol, chlorpromazine, corticoi<strong>de</strong>s, sympathomimétiquesβ-2) : renforcer la surveillance glycémique voire discuter la mise à l’insuline qui parfoisest transitoireIls sont contre-indiqués :- en cas d’insuffisance rénale (créatininémie ≥ 135 µM chez l’homme et ≥ 110 µM chez lafemme, à réduire en fonction <strong>de</strong> l’âge physiologique et <strong>de</strong> la masse musculaire(recommandations <strong>de</strong> l’AMM), en raison du risque d’acidose lactique- en cas d’administration d’un produit <strong>de</strong> contraste iodé : les biguani<strong>de</strong>s sont à arrêterjusqu’à 24h avant et à reprendre 48h après, et une surveillance <strong>de</strong> la fonction rénale àJ2, voire à J5 est indispensable- en cas <strong>de</strong> survenue d’un état hypoxique sévère (insuffisance respiratoire ou cardiaquedécompensée, infarctus du myocar<strong>de</strong> récent) ce qui n’empêchera pas <strong>de</strong> réévaluer lanécessité <strong>de</strong> sa réintroduction au décours (bénéfice indéniablement prouvé chez lediabétique <strong>de</strong> type 2 avec un in<strong>de</strong>x <strong>de</strong> masse corporelle > 28 kg/m²)- en cas d’insuffisance hépatique décompensée- chez la femme enceinte ou allaitante, même si les données <strong>de</strong> la littérature sont trèspauvres et très anciennes dans ce domaine, si aucun effet tératogène n’a été observé chezl’animal, s’il est difficile <strong>de</strong> dissocier la prise <strong>de</strong> sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>sbiguani<strong>de</strong>s, et <strong>de</strong> faire la part entre la prise médicamenteuse et le mauvais équilibreglycémique dans la survenue <strong>de</strong> fœtopathies, s’il n’y a aucune donnée chez la femmeallaitante.3-2 LES SULFAMIDES HYPOGLYCEMIANTS (glibenclami<strong>de</strong> : Daonil°, Euglucan° ; glimepiri<strong>de</strong> :Amarel° ; glipizi<strong>de</strong> : Minidiab°, Glibenese°, Ozidia°, ce <strong>de</strong>rnier ayant une <strong>de</strong>mi-vie longue ;gliclazi<strong>de</strong> : Diamicron° ; et leurs génériques) OU APPARENTES (repaglini<strong>de</strong> Novonorm°)Ils sont indiqués dans le Diabète <strong>de</strong> type 2, chez l'adulte, lorsque le régime alimentaire, l'exercicephysique et la réduction pondérale seuls ne sont pas suffisants pour obtenir l'équilibre glycémique.Ils stimulent l’insulinosécrétion, donnent <strong>de</strong>s hypoglycémies. Ils s’administrent avant les repas enune ou plusieurs prises.Interactions principales et mesures correctives à prendre- miconazole par voie buccale ou générale : association contre-indiquée (risque d’hypoglycémie)- fluconazole : (risque d’hypoglycémie) : association non contre-indiquée mais renforcerl’autosurveillance- alcoolisation massive : risque d’hypoglycémie et d’effet antabuse, à éviter !- phénylbutazone par voie générale : risque d’hypoglycémie : renforcer la surveillance ou éviter cemédicament- β bloquants : ils masquent les signes d’hypoglycémies et pour les non cardiosélectifs, ilsaugmentent la fréquence <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> l’hypoglycémie. Il faut augmenter la surveillanceglycémique, privilégier les cardio-sélectifs, et surtout ne pas se priver du bénéfice net en terme<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> survenue d’événements cardio-vasculaires mais au contraire lesprescrire chez le diabétique (ils font partie du traitement <strong>de</strong> 1 ère intention dans le traitement <strong>de</strong>l’HTA chez eux comme chez les hypertendus essentiels, au même titre que les IEC ou lesdiurétiques).- Les IEC : donnent <strong>de</strong>s hypoglycémies, même si l’association avec <strong>de</strong>s sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiantsreste anecdotique : renforcer la surveillance glycémique


78- médicaments diabétogènes (danazol, chlorpromazine à forte dose 100 mg/j, corticoi<strong>de</strong>s,sympathomimétiques β-2) : renforcer la surveillance glycémique voire discuter la mise à l’insulineIls sont contre-indiqués :- chez le sujet <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 65 ans pour ceux ayant une <strong>de</strong>mi-vie longue (risque accrud’hypoglycémies)- en association avec un autre sulfami<strong>de</strong> hypoglycémiant ou avec le répaglini<strong>de</strong> (mécanismed’action similaire)- en cas d’allergie aux sulfami<strong>de</strong>s- en cas d’insuffisance rénale ou d’insuffisance hépatique (sans plus <strong>de</strong> précision : risqued’hypoglycémie) : il est usuel d’en diminuer la posologie pour <strong>de</strong>s clairances rénales allant <strong>de</strong> 30 à60 ml/min, et <strong>de</strong> l’arrêter pour une valeur < 30 ml/min.- dans un contexte d’éthylisme (risque d’hypoglycémie)- chez la femme enceinte ou allaitante, même si les données <strong>de</strong> la littérature sont très pauvres ettrès anciennes dans ce domaine. Néanmoins, un effet tératogène a été observé chez l’animal pour<strong>de</strong>s fortes doses. Chez l’homme, il est difficile <strong>de</strong> faire la part entre la prise médicamenteuse et lemauvais équilibre glycémique dans la survenue <strong>de</strong> foetopathies ; un essai thérapeutique pilote atesté avec succès l’équivalent du glibenclami<strong>de</strong> dans le diabète gestationnel, mais le médicamentétait prescrit après la 11 ème semaine <strong>de</strong> grossesse. Cet essai unique mérite d’être confirmé pard’autres étu<strong>de</strong>s avant <strong>de</strong> renoncer à l’insulinothérapie traditionnelle. Il n’y a aucune donnée chez lafemme allaitante.La première association fixe <strong>de</strong> glibenclami<strong>de</strong> et <strong>de</strong> metformine a vu le jour en 2004 :Glucovance° mais ses indications restent limitées au relais <strong>de</strong>s 2 monothérapies prescritesensemble.LES APPARENTES (repaglini<strong>de</strong> Novonorm°)Ils sont indiqués dans le traitement du diabète <strong>de</strong> type 2 lorsque l'hyperglycémie ne peutplus être contrôlée <strong>de</strong> façon satisfaisante par le régime alimentaire, l'exercice physique et laperte <strong>de</strong> poids. Le répaglini<strong>de</strong> est aussi indiqué en association avec la metformine chez lesdiabétiques <strong>de</strong> type 2 qui ne sont pas équilibrés <strong>de</strong> façon satisfaisante par la metformineseule.(Des étu<strong>de</strong>s en association avec l'insuline NPH (Neutral Protamine Hagedorn) ou les thiazolidinediones ont étéréalisées. Cependant, le rapport bénéfice/risque n'est pas établi en comparaison avec d'autres associationsthérapeutiques. Ainsi, la molécule n’a pas stricto sensu l’indication en association avec l’insuline mais celle-ci estparfois bien utile donc utilisée par exemple dans l’insuffisance rénale)Cette molécule stimule également l’insulinosécrétion et son développement est plus récentque celui <strong>de</strong>s sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants. Administrée en général en une à trois prisesavant chaque repas, son mécanisme d’action, un peu différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s SH fait qu’elle aune <strong>de</strong>mi-vie courte et qu’elle occasionnerait moins d’hypoglycémie qu’un sulfami<strong>de</strong> en casd’omission d’un repas (hypoglycémie dont par la prise médicamenteuse précé<strong>de</strong>nte seraitresponsable) . Lorsqu’un repas est « sauté », le repaglini<strong>de</strong> ne doit pas être pris.Un autre avantage <strong>de</strong> cette molécule est l’absence <strong>de</strong> contre indication en cas d’insuffisancerénale car elle est principalement excrétée par voie biliaire.Aucune étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> morbi-mortalité n’est disponible avec cette molécule.3-3 LES INHIBITEURS DES ALPHA GLUCOSIDASES (acarbose : Glucor° ; miglitol :Diastabol°)Ils diminuent l’absorption <strong>de</strong>s gluci<strong>de</strong>s complexes et prescrits seuls chez le diabètique <strong>de</strong>type 2 ne donnent pas d’hypoglycémies. La baisse <strong>de</strong> l’HbA1c est plus mo<strong>de</strong>ste que celleobservée avec la metformine ou les sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants.


79Aucune interaction médicamenteuse n’a été décriteIls sont contre-indiqués :- en cas <strong>de</strong> grossesse et d’allaitement par manque <strong>de</strong> données les concernant dans cettesituation- chez l’enfant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans pour les mêmes raisons- en cas d’insuffisance rénale sévère < 25 ml/min pour les mêmes raisons- en cas <strong>de</strong> maladies chroniques <strong>de</strong> l’intestin susceptibles <strong>de</strong> s’aggraver (maladieinflammatoire, antécé<strong>de</strong>nt d’occlusion intestinale, notion <strong>de</strong> chirurgie abdominale avec<strong>de</strong>s bri<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong>s adhérences)La posologie varie en général <strong>de</strong> 50x3 mg/j à 100x3 mg/j et une posologie progressivementcroissante est la régle pour éviter les troubles digestifs. En cas <strong>de</strong> posologie> 600 mg/j, ilconvient <strong>de</strong> surveiller les transaminases mensuellement pendant les 6 mois <strong>de</strong> traitement,<strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> cytolyse hépatique ayant été décrits.Prescrits seuls, ils ne donnent pas d’hypoglycémies mais en association avec les sulfami<strong>de</strong>shypoglycémiants ou à l’insuline oui : pour obtenir une remontée rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la glycémie, il estconseillé d’administrer du glucose (et non du saccharose, dont l’absorption est retardée)3-4 LES GLITAZONES : (rosiglitazone : Avandia : 2, 4, 8 mg ; pioglitazone : Actos 10, 35mg)- Commercialisées <strong>de</strong>puis 1999, elles augmentent la sensibilité à l’insuline etempêcheraient peut être la dégradation <strong>de</strong> la fonction beta insulaire. Elles sont étudiéesdans la prévention du diabète ou au sta<strong>de</strong> d’intolérance au glucose mais n’ont pas d’AMMdans ces indications, les étu<strong>de</strong>s étant en cours.L’étu<strong>de</strong> PROACTIVE publiée en 2005 a testé l’impact CV <strong>de</strong> la pioglitazone versus placebo dans uneétu<strong>de</strong> multicentrique randomisée chez 5238 diabétiques <strong>de</strong> type 2 en prévention secondaire pendant36 mois :elle montre l’absence <strong>de</strong> différence pour le critère composite principal <strong>de</strong> jugement quicomprenait pas moins <strong>de</strong> 7 critères qui vont <strong>de</strong>s décès toutes cause aux IDM non mortels et auxprocédures <strong>de</strong> revascularisation. La survenue d’une insuffisance cardiaque semble plus fréquente soustraitement.Les indications sont :Le diabète <strong>de</strong> type 2 en monothérapie, en particulier en cas <strong>de</strong> surcharge pondéralelorsque la metformine n’est pas adaptée (contre indication ou intolérance), en bithérapieavec les sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants (chez ceux qui ne peuvent pas prendre <strong>de</strong>metformine) ou avec la metformine, en trithérapie avec la metformine et les sulfami<strong>de</strong>shypoglycémiants (cette <strong>de</strong>rnière indication très récente n’est pas remboursée au 1 03 2008)et en association avec l’insuline pour la pioglitazone seulement chez les patientsdiabétiques <strong>de</strong> type 2 insuffisamment contrôlés par l'insuline et chez qui la metformine estcontre-indiquée ou mal tolérée.Finalement, la metformine est incontournable, les glitazones ne pouvant être envisagéesqu’après son évocation….Ces molécules ont un certain délai d’action et au moins 8 semaines sont nécessaires pourpouvoir s’assurer <strong>de</strong> leur efficacité (à la différence <strong>de</strong>s 3 classes précé<strong>de</strong>ntes). Il faut savoirattendre…Les interactions médicamenteuses


80Elles sont plus théoriques que pratiques car aucune interaction cliniquement significativen’est mentionnée dans le VIDAL. [Cependant, la rosiglitazone est principalement métabolisée par le cytochome CYP2C8 : legemfibrozil (inhibiteur <strong>de</strong> ce cytochrome) augmente par 2 les concentrations plasmatiques <strong>de</strong> rosiglitazone (avec un risque potentield’augmentation <strong>de</strong>s E2) ; avec la rifampicine (inducteur du cytochrome), la concentration <strong>de</strong> la rosi baisse <strong>de</strong> 66% et il faudrait sans douteaugmenter la dose <strong>de</strong> rosiglitazone (peut être en est-il <strong>de</strong> même avec d’autres inducteurs enzymatiques comme le phenobarbital,, la phenytoine, lacarbamazepine, le millepertuis !)]. Par ailleurs, il n’y a pas d’interaction avec la digoxine, la warfarine.Aucune interaction médicamenteuse n’est signalée avec la pioglitazone.Les contre indications sont :-âge <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 18 ans-femme enceinte et allaitante : en revanche, attention ! en jouant sur la levée <strong>de</strong> l’insulinorésistance,une grossesse provoquée par la mise en place du traitement est possible chezles femmes présentant un trouble <strong>de</strong> l’ovulation comme dans le syndrome <strong>de</strong>s ovairespolykystiques.-insuffisance hépatique (ne pas instaurer <strong>de</strong> traitement si ALAT>2.5N)-précautions en cas d’insuffisance rénale (clairance < 30 ml/min pour la rosiglitazone, onpeut prescrire jusqu’à 4 ml/min pour la pioglitazone)-insuffisance cardiaque classe I à IV qui est une contre indication FORMELLE ++++-contre-indication <strong>de</strong> la rosiglitazone chez les patients présentant un syndromecoronarien aigu (angor instable, infarctus du myocar<strong>de</strong> av/sans sus décalage du segmentST) ajoutée en 2008 (qs infra).Les effets indésirables peuvent être :-une prise <strong>de</strong> poids (jusqu’à 5 kg sur 5 ans), surtout en association avec les sulfami<strong>de</strong>shypoglycémiants, en partie liée à la rétention hydro sodée-une anémie (baisse <strong>de</strong> l’Hg <strong>de</strong> 1 à 2 points),-<strong>de</strong>s hypoglycémies (en association avec les médicaments hypoglycémiants),-<strong>de</strong>s céphalées.-la décompensation ou l’apparition d’une insuffisance cardiaque sans doute en partie liée àune rétention hydro-sodée et qui justifie impérativement le respect <strong>de</strong> la contre indication,quel que soit le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la NYHA-une alerte <strong>de</strong> pharmacovigilance en 2006 a signalé la survenue <strong>de</strong> cas d’oedèmesmaculaires sous rosiglitazone et pioglitazone,-en 2007, un excès <strong>de</strong> fractures <strong>de</strong>s extrémités distales est rapporté chez la femme, sanslien avec le statut ménopausique.-en 2008, l’Agence européenne a poursuivi une démarche <strong>de</strong> réévaluation en examinantl’ensemble <strong>de</strong>s données disponibles sur le risque cardiovasculaire <strong>de</strong> la rosiglitazone. Elle aconclu que les patients atteints <strong>de</strong> maladies cardiaques ischémiques ou <strong>de</strong> pathologiesartérielles périphériques traités par rosiglitazone sont plus à risque <strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>s effetsindésirables cardiaques ischémiques. C’est d’autant plus vrai que les patients sont sousdérivés nitrés ou sous insuline (mais la roziglitazone n’a pas d’indication en association avecl’insuline). C’est pourquoi l’Agence européenne et l’Afssaps recomman<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ne pasprescrire <strong>de</strong> rosiglitazone à ces patients et <strong>de</strong> l’arrêter à la phase aiguë. De plus, une contreindicationchez les patients présentant un syndrome coronarien aigu a été ajoutée en raison<strong>de</strong> l’insuffisance <strong>de</strong> données dans cette population <strong>de</strong> patients.L’Afssaps recomman<strong>de</strong> aux patients traités par rosiglitazone et présentant une pathologiecardiovasculaire, <strong>de</strong> prendre contact sans urgence avec leur mé<strong>de</strong>cin afin éventuellementd’adapter leur traitement antidiabétique.


81Une étu<strong>de</strong> complémentaire RECORD avec la rosiglitazone publiée en juin 2009 est cependantrassurante quant à l’emploi <strong>de</strong> la rosiglitazone chez <strong>de</strong>s patients diabétiques <strong>de</strong> type 2,plutôt en prévention primaire et dans laquelle l’utilisation <strong>de</strong> la rosiglitazone n’est associée,ni à un excès d’événements coronariens, ni à une augmentation <strong>de</strong> la mortalité. Cesdonnées très récentes ne remettent toutefois pour l’instant pas en question les précautionsd’emploi proposées par l’AFSSAPS.-Une surveillance initiale <strong>de</strong>s enzymes hépatiques est nécessaire, la surveillance ultérieuredépendant du contexte, le côté systématique ayant été supprimé.Une association <strong>de</strong> rosiglitazone/metformine est commercialisée <strong>de</strong>puis 2004 :l’Avandamet° (1 mg/500mg, 1 mg/500mg, 2 mg/1000mg et 4 mg/1000 mg) et sonindication est le diabète <strong>de</strong> type 2 insuffisamment contrôlé par metformine seule. Elle aégalement obtenu l’AMM en trithérapie (mais pas le remboursement dans cette indication) etn’est pas utilisable d’emblée en première intention en 2005. Toutes les précautions d’emploiliées à la prise <strong>de</strong> chaque molécule séparément sont à respecter impérativement.Une association <strong>de</strong> pioglitazone/metformine est commercialisée <strong>de</strong>puis 2007 : Competact°(15 mg/850mg,) à prendre à raison <strong>de</strong> 1 cp matin et 1 cp soir et son indication est aussi lediabète <strong>de</strong> type 2 insuffisamment contrôlé par metformine seule à dose maximale tolérée.Elle a également obtenu l’AMM en trithérapie (mais pas le remboursement dans cetteindication) et n’est pas utilisable d’emblée en première intention en 2005. De la mêmefaçon, toutes les précautions d’emploi liées à la prise <strong>de</strong> chaque molécule séparément sont àrespecter impérativement.3-5 LES ANALOGUES DU GLP 1 : l’exenati<strong>de</strong> (Byetta°), commercialisé en France en 2008Le GLP-1 secrétée par les cellules L <strong>de</strong> la partie distale du tube digestif ( iléum et colon)Il s’agit du premier d’une nouvelle classe thérapeutique, les incrétines ou incrétinomimétiques,qui s ‘administre en injections SC 2 fois par jour. Il n’est pas encore placé dansla stratégie thérapeutique dans les recommandations françaises (qs rappel <strong>de</strong> physiopath enfin <strong>de</strong> chapitre)Ses indications sont : traitement du diabète <strong>de</strong> type 2 en association à la metformine et/ouun sulfami<strong>de</strong> hypoglycémiant chez <strong>de</strong>s patients n'ayant pas obtenu un contrôle glycémiqueadéquat aux doses maximales tolérées <strong>de</strong> ces traitements oraux. Attention, seule sonutilisation en association avec la bithérapie MET+les sulfami<strong>de</strong>s est actuellementremboursée, (ce qui le place en pratique entre le traitement antidiabétique oral et la mise àl’insuline…)Afin d'améliorer la tolérance, le traitement par Byetta doit être démarré pendant au moinsun mois à la dose <strong>de</strong> 5 µg d'exénati<strong>de</strong>, <strong>de</strong>ux fois par jour. La dose d'exénati<strong>de</strong> peut ensuiteêtre augmentée à 10 µg, <strong>de</strong>ux fois par jour, afin d'obtenir un meilleur contrôle glycémiqueByetta peut être administré à n'importe quel moment dans l'heure précédant le petitdéjeuner et le dîner Quand Byetta est associé à un traitement par un sulfami<strong>de</strong>hypoglycémiant, une diminution <strong>de</strong> la posologie du sulfami<strong>de</strong> hypoglycémiant doit êtreenvisagée afin <strong>de</strong> diminuer le risque d'hypoglycémieSa prescription s’accompagne d’une perte <strong>de</strong> poids.Ils n’apparaissent pas dans les recommandations HAS 2006InteractionsL'effet <strong>de</strong> Byetta sur le ralentissement <strong>de</strong> la vidange gastrique pourrait diminuer l'amplitu<strong>de</strong>


82et le taux d'absorption <strong>de</strong>s médicaments administrés par voie orale. Les patients recevant<strong>de</strong>s médicaments à fenêtre thérapeutique étroite ou <strong>de</strong>s médicaments nécessitant unesurveillance clinique importante <strong>de</strong>vront être étroitement suivis. Ces médicaments doiventêtre pris toujours <strong>de</strong> la même manière par rapport à l'injection <strong>de</strong> Byetta. Si cesmédicaments doivent être administrés avec <strong>de</strong> la nourriture, les patients doivent êtreinformés qu'ils doivent, si possible, les prendre au cours d'un repas non précédé d'uneinjection <strong>de</strong> Byetta. Des médicaments administrés par voie orale dont l'efficacité dépend enparticulier <strong>de</strong>s seuils <strong>de</strong> concentration, tels que les antibiotiques, doivent être pris au moinsune heure avant l'injection <strong>de</strong> Byetta ; les patients <strong>de</strong>vront en être informés.Aucun effet cliniquement significatif sur la pharmacocinétique <strong>de</strong> la metformine ou <strong>de</strong>ssulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants n'est attendu avec Byetta. Par conséquent, aucun horaireparticulier concernant la prise <strong>de</strong> ces médicaments par rapport à l'injection <strong>de</strong> Byetta n'estrecommandé.Les formulations gastrorésistantes contenant <strong>de</strong>s substances sensibles à la dégradation auniveau <strong>de</strong> l'estomac, telles que les inhibiteurs <strong>de</strong>s pompes à protons, doivent être prises aumoins 1 heure avant l'injection <strong>de</strong> Byetta, ou plus <strong>de</strong> 4 heures après.Inhibiteurs <strong>de</strong> la HMG Co-A réductase : bien qu'aucune modification <strong>de</strong> posologie ne soitnécessaire, <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> LDL-cholestérol ou <strong>de</strong> cholestérol total sontpossibles. Les paramètres lipidiques doivent être surveillés régulièrement.warfarine : une augmentation <strong>de</strong> l'INR a été rapportée en cas d'association <strong>de</strong> la warfarineet <strong>de</strong> Byetta. Chez les patients traités par warfarine et/ou <strong>de</strong>s dérivés <strong>de</strong> la coumarine,l'INR <strong>de</strong>vra être étroitement surveillé lors <strong>de</strong> l'initiation et <strong>de</strong> l'augmentation <strong>de</strong> dose dutraitement par Byetta.Éthinylestradiol et lévonorgestrel : aucun ajustement <strong>de</strong> dose <strong>de</strong>s contraceptifs oraux n'estnécessaire.Son maniement dans les populations particulièresPatients âgés : Chez les patients <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 70 ans, Byetta doit être utilisé avec précaution.L'augmentation <strong>de</strong> dose <strong>de</strong> 5 µg à 10 µg <strong>de</strong>vra être effectuée avec pru<strong>de</strong>nce. L'expérienceclinique chez les patients <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 75 ans est très limitée.Insuffisants rénaux : Chez les patients présentant une insuffisance rénale légère (clairance<strong>de</strong> la créatinine : 50 à 80 ml/min), aucun ajustement posologique n'est nécessaire. Chez lespatients présentant une insuffisance rénale modérée (clairance <strong>de</strong> la créatinine : 30 à50 ml/min), l'augmentation <strong>de</strong> la dose <strong>de</strong> 5 µg à 10 µg <strong>de</strong>vra être effectuée avec pru<strong>de</strong>nce.Byetta n'est pas recommandé chez les patients présentant une insuffisance rénale sévèreou terminale (clairance <strong>de</strong> la créatinine < 30 ml/min) .Insuffisants hépatiques : Aucun ajustement posologique n'est nécessaire chez les patientsprésentant une insuffisance hépatique.Enfants et adolescents : Il n'y a pas d'expérience chez l'enfant et l'adolescent <strong>de</strong> moins <strong>de</strong>18 ans.Grossesse et allaitement : contre indiqué par manque <strong>de</strong> données (chez l'animal , présenced’une toxicité sur la reproduction à forte dose).Pathologie gastro-intestinale sévère (laquelle ?) : Byetta est contre indiqué


83Les événements indésirables : ce sont <strong>de</strong>s nausées chez 51% <strong>de</strong>s patients dosedépendantes,qui peuvent cé<strong>de</strong>r avec la poursuite du traitement et qui justifientl’augmentation progressive <strong>de</strong>s doses, <strong>de</strong>s vomissements, <strong>de</strong>s diarrhées, <strong>de</strong>s hypoglycémiessurtout en association aux sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants, une baisse <strong>de</strong> l’appétit. Par ailleurs,au 31 mars 2007, les données <strong>de</strong> pharmacovigilance dans d’autres pays montrent un risque<strong>de</strong> pancréatite aiguë, un risque d’insuffisance rénale aiguë (favorisé par une déshydratationou une IR préalable) et confirme le risque d’augmentation <strong>de</strong> l’INR en association avec lawarfarine. Un Plan <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong>s Risques est en cours au niveau européen(Rappel physiopathologique : rôle physiologique <strong>de</strong>s incrétinesCe sont <strong>de</strong>s hormones qui sont sécrétées par les cellules intestinales endocrines en réponseà la prise alimentaire et qui modulent l’homéostasie glucidique. 2 principales hormones sonti<strong>de</strong>ntifiées : le GLP-1 (= Glucagon-like pepti<strong>de</strong> 1) et le GIP (= Glucose-<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>ntinsulinotropic polypepti<strong>de</strong>). Le GLP-1 stimule la libération d’insuline glucose-dépendante,supprime la libération <strong>de</strong> glucose par le foie en inhibant la sécrétion <strong>de</strong> glucagon dépendantedu glucose, ralentit la vidange gastrique et augmenterait par ailleurs la prolifération <strong>de</strong>scellules β chez l’animal et dans <strong>de</strong>s préparation d’îlots humains. Ainsi, les glycémiespostprandiales sont diminuées. Les glycémies à jeun peuvent également baisser. L’effet incrétineest diminué chez les patients diabétiques <strong>de</strong> type 2 : la sécrétion <strong>de</strong> GIP est normale, maisson action est diminuée tandis que la sécrétion <strong>de</strong> GLP-1 est diminuée, mais son action estpréservéeLe potentiel thérapeutique du GLP-1 est toutefois limité car ces <strong>de</strong>ux hormones GLP-1 et GIPsont rapi<strong>de</strong>ment inactivées par l'enzyme DPP-IV et la <strong>de</strong>mi-vie d‘élimination du GLP-1 estcourte (~1-2 min).Ainsi, il est possible d’augmenter le GLP-1, soit en l’administrant (Byetta°), soit en bloquantla DPP IV (sitagliptine ou Januvia°) )3-6 LES INHIBITEURS DES DPPIV : sitagliptine (Januvia°) disponible <strong>de</strong>puis 2008 en FranceLa sitagliptine est un inhibiteur <strong>de</strong> la dipeptidyl peptidase IV (DPP-IV) chargée d’augmenterle taux <strong>de</strong>s incrétines GLP-1 et GIP. Elle augmente l'action <strong>de</strong> ces incrétines sur l'insuline etagit sur 2 versants : la sécrétion d'insuline glucose-dépendante et la production hépatique<strong>de</strong> glucose.Ses indications : sont dans le traitement du diabète <strong>de</strong> type 2 en association avec : lametformine, chez les patients dont le contrôle glycémique est insuffisant malgré une dosemaximale tolérée <strong>de</strong> metformine en monothérapie, un sulfami<strong>de</strong> hypoglycémiant, chez lespatients dont le contrôle glycémique est insuffisant malgré une dose maximale tolérée <strong>de</strong>sulfami<strong>de</strong> hypoglycémiant et pour lesquels la metformine n’est pas appropriée en raisond’une intolérance ou d’une contre indication, et une glitazone, chez <strong>de</strong>s patients dont lecontrôle glycémique est insuffisant et pour lesquels l’utilisation d’une glitazone estappropriée. Attention, le remboursement Sécurité sociale à 65 % n’a lieu que dans laseule indication : « Chez les patients diabétiques <strong>de</strong> type 2, pour améliorer le contrôle <strong>de</strong> laglycémie en association à la metformine lorsque celle-ci, utilisée en monothérapie avecrégime alimentaire et exercice physique, ne permet pas d'obtenir un contrôle adéquat <strong>de</strong> laglycémie ». Par ailleurs, à l’heure <strong>de</strong> la rédaction (juin 09), les AMM risquent <strong>de</strong> s’étendre etil faudra les actualiser en 2010La posologie <strong>de</strong> JANUVIA est <strong>de</strong> 100 mg une fois par jour (1 comprimé), à prendre au coursou en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s repas. En cas d'association à un sulfami<strong>de</strong> hypoglycémiant, une réduction


84<strong>de</strong> la posologie <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier peut être envisagée pour diminuer le risque d'hypoglycémie.En cas d'oubli d'une dose <strong>de</strong> JANUVIA, le patient doit prendre cette dose dès qu'il s'en rendcompte. Toutefois, il ne faut pas prendre une double dose le même jour.Il n’y a pas <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> poids décrite dans les étu<strong>de</strong>s cliniquesElle n’apparaît pas dans les recommandations françaises sur la stratégie <strong>de</strong> prise en charge<strong>de</strong>s diabétiques 2006Les interactions :Les données cliniques décrites ci-<strong>de</strong>ssous suggèrent que le risque d'interactionscliniquement significatives est faible. La principale enzyme impliquée est le CYP 3A4. Chezles patients ayant une fonction rénale normale, le métabolisme, y compris via le CYP3A4, nejoue qu'un faible rôle dans la clairance <strong>de</strong> la sitagliptine. Le métabolisme peut jouer un rôleplus important dans l'élimination <strong>de</strong> la sitagliptine dans le cadre d'une insuffisance rénalesévère ou terminale. Pour cette raison, chez les patients ayant une insuffisance rénalesévère et terminale, il est possible que les inhibiteurs puissants du CYP3A4 (par exemple, lekétoconazole, l'itraconazole, le ritonavir, la clarithromycine) puissent modifier lapharmacocinétique <strong>de</strong> la sitagliptine mais il faut noter que les effets ces inhibiteurspuissants du CYP3A4 dans le cadre d'une insuffisance rénale n'ont pas été évalués dans lesétu<strong>de</strong>s cliniques et qu’il s’agit d’hypothèses.La sitagliptine n'a pas modifié <strong>de</strong> façon significative la pharmacocinétique <strong>de</strong> la metformine,du glibenclami<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la simvastatine, <strong>de</strong> la rosiglitazone, <strong>de</strong> la warfarine ou <strong>de</strong>scontraceptifs oraux.Digoxine : La sitagliptine a eu un faible effet sur les concentrations plasmatiques <strong>de</strong> ladigoxine. Si aucun ajustement posologique <strong>de</strong> la digoxine n'est recommandé en général, enrevanche chez les patients pour lesquels il existe un risque <strong>de</strong> toxicité <strong>de</strong> la digoxine, unesurveillance doit être effectuée en cas d'administration simultanée <strong>de</strong> sitagliptine et <strong>de</strong>digoxine.Populations particulières :Insuffisance rénale : la sitagliptine n'est pas recommandé chez les patients ayant uneinsuffisance rénale modérée (30 à < 50 ml/min) ou sévère (< 30 ml/min), y compris chezles patients en insuffisance rénale terminale, l'expérience chez ces patients étant troplimitée (cf Posologie/Mo<strong>de</strong> d'administration).Insuffisance hépatique : comme la sitagliptine est principalement éliminée par voie rénale,une insuffisance hépatique sévère ne <strong>de</strong>vrait pas affecter la pharmacocinétique <strong>de</strong> lasitagliptine.Sujets âgés : aucune adaptation posologique n'est nécessaire en fonction <strong>de</strong> l'âge.Enfants : aucune étu<strong>de</strong> : non indiquéGrossesse et allaitement : contre indiqué par manque <strong>de</strong> données (chez l'animal, présenced’une toxicité sur la reproduction à forte dose).Les effets indésirables sont aussi <strong>de</strong>s nausées mais moins fréquentes que sous agonistes duGLP-1, <strong>de</strong>s hypoglycémies en association aux sulfami<strong>de</strong>s. Ils semblent globalement assezbien tolérés mais sous réserve d’une commercialisation très récente et d’une surveillance en


85phase IV comme pour tout nouveau médicament (c’est valable aussi pour les analogues duGLP-1)En 2009, un autre inhibiteur <strong>de</strong>s DPP-IV a eu une autorisation européenne mais n’est pasencore commercialisé à la date du 1er juillet 2009 : la vildagliptine ou GALVUS° ou enassociation à la metformine : Eucreas° dans les mêmes indications que la sitagliptine maisavec <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> remboursement qui seraient élargies. L’administration est biquotidienne(50 mgx2 par jour) sauf en association à un sulfami<strong>de</strong> hypoglycémiant où 50mg seulement sont recommandés le matin (pour limiter le risque d’hypoglycémies). Unesurveillance <strong>de</strong>s enzymes hépatiques est requise avant mise sous traitement puis tous les 3mois la première année et « régulièrement » par la suite3-7 L’INSULINESa sécurité d’emploi en fait le médicament <strong>de</strong> choix pendant la grossesse et l’allaitement.Seules les analogues lents <strong>de</strong> l’insuline n’ont pas l’indication par l’AMM faute <strong>de</strong> donnéestandis que certains analogues rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’insuline (NOVORAPID, HUMALOG) pour lesquelsle recul est le plus grand sont utilisables pendant la grossesse, en particulier dans lespompes à insuline externes.Plusieurs types d’insuline sont disponibles :- les insulines humaines recombinantes : rapi<strong>de</strong>s (Actrapid°, Umuline rapi<strong>de</strong>°),intermédiaires (Insulatard°, Umuline NPH°) ou combinées (Mixtard 30° ce quicorrespond à 30% d’Actrapid+70% d’insuline NPH par exemple)- les analogues <strong>de</strong> l’insuline :Analogues rapi<strong>de</strong>s (Humalog°, Novorapid°, Apidra°),Analogues lents <strong>de</strong> l’insuline (Lantus°, vendue pour durer 24h, administrableindifféremment matin, midi ou soir et à titrer progressivement, ou Levemir° quis’administre en 1 ou 2 injections et qui offrirait l’avantage d’une moindre variabilité <strong>de</strong>sglycémies par rapport à celle observée avec les NPH classiques, et peut être d’une prise<strong>de</strong> poids moindre, à vérifier dans « la vraie vie ») ou un mélange d’analogue rapi<strong>de</strong>et d’une insuline ayant une durée d’action plus longue, <strong>de</strong> 10-12 heures (Humalogmix 25 ou 50°, Novomix 30, 50 et 70°).Elle est utilisable sous la forme <strong>de</strong> une à 6 ( !) injections, seule ou en association avec lesantidiabétiques oraux, en complément <strong>de</strong>s mesures hygiéno-diététiques sous peine <strong>de</strong> prise<strong>de</strong> poids et après avoir tenté l’éducation du patient. Disponible sous la forme <strong>de</strong> flacons,stylos jetables (vendus par 5), rechargeables par <strong>de</strong>s cartouches vendues par 5 (1 stylorechargeable remboursé par an), ou administrée au moyen <strong>de</strong> pompes à insuline externes,plusieurs types d’insuline sont disponibles, fonction <strong>de</strong> leur cinétique.Les médicaments hypoglycémiants associés, tous mais en particulier les sulfami<strong>de</strong>shypoglycémiants ou le repaglini<strong>de</strong> sont susceptibles <strong>de</strong> majorer le risque d’hypoglycémies etinvitent au renforcement <strong>de</strong> la surveillanceL’alcool est pourvoyeuse d’hypoglycémies à éviter en forte quantité et à jeun !Les corticostéroi<strong>de</strong>s, les β2mimétiques, le danazol, l’hormone <strong>de</strong> croissance, lesneuroleptiques à forte dose sont diabétogènesLes IEC, les sartans, l’octréoti<strong>de</strong>, les IMAO non sélectifs peuvent abaisser la glycémie.LES MEDICAMENTS CHEZ LE DIABETIQUE POUVANT MODIFIER LAGLYCEMIE1 LES CORTICOIDES (gluco : voies générale et locales : intra-articulaire, cutanée etlavement rectal) et tetracosacti<strong>de</strong> :


86élévation <strong>de</strong> la glycémie avec parfois cétose ou acidocétose, voire découverte d’un diabètefavorisée par leur introduction, qui peut survenir dans les 48 heures ou être retardée d’où lanécessité d’y penser chez les sujets prédisposée (obésité ou surpoids, antécé<strong>de</strong>ntspersonnels <strong>de</strong> diabète gestationnel par exemple, ou familiaux, autres facteurs <strong>de</strong> risquevasculaires). Il est possible <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une glycémie à jeun sous régime normal avantintroduction du traitement dans ce contexte, et d’une façon plus générale si l’on prévoit untraitement au long cours (maladies systémiques). Le renouvellement <strong>de</strong> cette glycémien’est pas codifié dans le temps mais tout point d’appel clinique la justifie. Chez lediabétique, un renforcement <strong>de</strong>s mesures diététiques est souhaitable et un passage àl’insuline est généralement retenu (limiterait la fonte musculaire, fortes doses souventrequises, plus gran<strong>de</strong> facilité à ajuster la posologie qu’avec les sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiantslors <strong>de</strong> la décroissance <strong>de</strong>s doses, sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants contre-indiqués en cas <strong>de</strong>pathologie rénale ou hépatique sous-jacente inhérentes à la maladie sous-jacente)2 LES ANTIHYPERTENSEURS- les risques liés aux interactions les plus souvent rencontrés en pratique :• l’hypotension orthostatique ou l’impuissance sous traitement antihypertenseur• la dégradation <strong>de</strong> la fonction rénale initiale lors du rajout d’un diurétique, d’unIEC ou d’un sartan• l’hyponatrémie sous diurétiques2- 1 les β bloquants :Ils masquent les signes d’hypoglycémies et pour les non cardiosélectifs, ils augmentent lafréquence <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong> l’hypoglycémie. Il faut augmenter la surveillance glycémique,privilégier les cardioselectifs, mais surtout ne pas se priver du bénéfice net en terme<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> survenue d’événements cardio-vasculaires mais au contraire lesprescrire chez le diabétique (ils font partie du traitement <strong>de</strong> 1 ère intention dans le traitement<strong>de</strong> l’HTA chez eux, au même titre que les IEC, les sartans, les inhibiteurs calciques ou lesdiurétiques). Les perturbations du bilan lipidique parfois décrits lors <strong>de</strong> leur emploi restentanecdotiques.La survenue d’une insuffisance érectile sur un terrain prédisposé est parfois un obstacle aumaintien <strong>de</strong> sa prescription et <strong>de</strong>s explorations urologiques sont alors justifiées pour faire lapart <strong>de</strong>s choses.2- 2 les IEC et les inhibiteurs <strong>de</strong> l’angiotensine 2(ou sartans) :Ils peuvent donner <strong>de</strong>s hypoglycémies en association avec l’insuline ou les sulfami<strong>de</strong>shypoglycémiants par amélioration <strong>de</strong> la tolérance au glucose ( renforcer la surveillanceglycémique). Ils sont en général considérées comme <strong>de</strong>s médicaments ayant une neutralitémétabolique et donc utilisables en cas d’hyperglycémie modérée à jeun. Préviennent-ils lasurvenue du diabète ? l’étu<strong>de</strong> DREAM avec le ramipril (IEC) formatée pour tenter d’yrépondre n’a pas réussi à le montrer.Certains d’entre eux ont l’AMM dans la néphropathie glomérulaire chez le diabétique <strong>de</strong> type1 atteint <strong>de</strong> protéinurie (captopril), ou dans le diabète <strong>de</strong> type 2 (irbesartan, losartan) : encas d’insuffisance rénale, la kaliémie est à surveiller régulièrement (risque d’hyperkaliémie)En cas d’association à <strong>de</strong>s diurétiques ou <strong>de</strong> déplétion hydrosodée, le risque d’hypovolémiejustifie leur introduction à posologie progressive.En cas <strong>de</strong> sténose <strong>de</strong> l’artère rénale, décrite chez 17 à 20 % <strong>de</strong>s diabétiques <strong>de</strong> type 2hypertendus, la pru<strong>de</strong>nce s’impose à l’égard <strong>de</strong> la fonction rénale qui peut très rapi<strong>de</strong>mentse dégra<strong>de</strong>r. Ils sont contre-indiqués en cas <strong>de</strong> sténose rénale bilatérale.Ils sont contre-indiqués pendant la grossesse et l’allaitement, notion à nouveau d’actualitéaprès la publication d’une grosse étu<strong>de</strong> (risque malformatif <strong>de</strong> la voûte du crane, <strong>de</strong>fœtopathie par atteinte rénale grave au 2 et 3ème trimestre et atteintes même au premier


87trimestre). En cas <strong>de</strong> grossesse, l’arrêt immédiat du médicament est impératif (mieux vautle faire avant dès que le désir <strong>de</strong> grossesse est présent mais à condition <strong>de</strong> ne pasdéséquilibrer l’équilibre tensionnel : se référer au chapitre sur la femme enceinte)En 2009, une nouvelle classe thérapeutique sera disponible : celle <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> larénine dont le seul représentant est l’aliskiren (Rasilez° 150 et 300 mg) qui a une AMM dansle traitement <strong>de</strong> l’HTA essentielle seul ou en association. Les repas à haute teneur engraisses réduisent l’absorption <strong>de</strong> la molécule. Des interactions médicamenteuses sontdécrites avec le jus <strong>de</strong> pamplemousse (qui sont potentielles plus que prouvées) à ne pasconsommer <strong>de</strong> principe avec le comprimé. L’utilisation concomitante avec la cyclosporine, laquinidine et le VERAPAMIL (inhibiteurs puissants <strong>de</strong> la glycoprotéine P qui est undéterminant majeur <strong>de</strong> la biodisponibilité du Rasilez°) est contre indiquée ; celle duketoconazole, <strong>de</strong> certains macroli<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> l’amiodarone (inhibiteurs modérés) est uneprécaution d’emploi pour les mêmes raisons. Dans ces cas, une augmentation <strong>de</strong> laconcentration d’aliskiren (et donc <strong>de</strong> l’effet anti-HTA) est attendue. A l’inverse, l’effet dufurosémi<strong>de</strong> est diminué lors <strong>de</strong> son association avec l’aliskiren (donc attention lors <strong>de</strong>l’initiation d’un traitement par les diurétiques <strong>de</strong> l’anse par exemple dans l’insuffisancecardiaque ! (l’aliskiren doit d’ailleurs être utilisé « avec précaution » dans l’insuffisancecardiaque congestive sta<strong>de</strong> 3 et 4). Des précautions d’emploi sont à prendre en associationavec du potassium ou diurétiques épargneurs <strong>de</strong> potassium car cela augmente la kaliémie !(l’héparine peut aussi favoriser une hyperkaliémie !)Il est contre indiqué au 2 ème et 3 ème trimestre <strong>de</strong> la grossesse, n’est pas recommandépendant l’allaitement ;Petite notion : pour <strong>de</strong>s raisons mal précisées, l’aliskiren peut provoquer une diarrhée quiimpose l’arrêt du traitement !D’une façon générale, une surveillance <strong>de</strong> la clinique, <strong>de</strong> la créatininémie, <strong>de</strong> la clairancecalculée et <strong>de</strong> la kaliémie est nécessaire après toute modification du traitement et à unefréquence codifiée par la clairance2- 3 les diurétiques :Les diurétiques thiazidiques sont utilisables chez le diabétique hypertendu sans atteinterénale et <strong>de</strong> préférence à celle <strong>de</strong>s diurétiques <strong>de</strong> l’anse. Ils sont parfois décriés chez lesdiabétiques en raison <strong>de</strong>s perturbations du bilan lipidique secondaires à leur prescription.Cependant, à la lumière d’une étu<strong>de</strong> très récente, l’utilisation d’une posologie inférieure à 25mg d’équivalent hydrochlorothiazi<strong>de</strong> n’entraîne pas ce phénomène. L’augmentation <strong>de</strong> laglycémie induite par les diurétiques ne doit pas être un frein à leur prescription chez lediabétique ; en revanche, en cas <strong>de</strong> syndrome métabolique et d’hyperglycémie modérée àjeun, il faudrait en tenir compte.Assez curieusement, les diurétiques <strong>de</strong> l’anse ne sont pas évalués chez le diabétique. ils sontréservés à l’HTA avec insuffisance rénale qui contre-indique l’emploi <strong>de</strong>s thiazidiques maisaprès les IEC ou les sartans. Ils sont utilisables dans l’insuffisance cardiaque.Les diurétiques épargneurs <strong>de</strong> potassium (spironolactone) sont utiles dans l’insuffisancecardiaque mais prescrits à <strong>de</strong>s doses inférieures à 25 mg par jour, dans la mesure oùbeaucoup <strong>de</strong> diabétiques ont <strong>de</strong>s IEC, une surveillance attentive <strong>de</strong> la kaliémie estindispensable (hyperkaliémie).D’une façon générale, une surveillance <strong>de</strong> la clinique, <strong>de</strong> la créatininémie, <strong>de</strong> la clairancecalculée et <strong>de</strong> la kaliémie est nécessaire après toute modification du traitement et à unefréquence codifiée par la clairance, mais les consignes <strong>de</strong> surveillance ne différent pas <strong>de</strong>celles <strong>de</strong> la population générale. Chez le sujet âgé en particulier, attention à la natrémie ++


882- 4 les alpha-bloquantsIls sont responsables d’hypotension orthostatique, a fortiori chez le diabétique victime <strong>de</strong>neuropathie autonome et leur utilisation reste controversé en terme d’efficacité (à gar<strong>de</strong>r en2 ème intention en cas d’HTA)Rappelons que le traitement du diabétique hypertendu est défini dans les recommandations<strong>de</strong> la HAS 2005, avec une valeur seuil d’intervention à 130/80 mmHg, y compris en casd’insuffisance rénale3 LES AUTRES MEDICAMENTSLes AINS sont susceptibles <strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r l’équilibre tensionnel d’un hypertendu (renforcer lasurveillance) mais ça n’est pas spécifique au diabétique, et d’altérer la fonction rénale (serapporter au cours sur le sujet).Les antiarythmiques (cipralan, rythmodan, amiodarone) sont parfois pourvoyeursd’anecdotiques hypoglycémies (plusieurs cas décrits dans la littérature : nécessité pourcertains <strong>de</strong> renforcer la surveillance glycémique au moment <strong>de</strong> l’initiation du traitement).L’amiodarone nécessite une surveillance <strong>de</strong> la TSH. Elle peut provoquer <strong>de</strong>s neuropathiespériphériques et il est parfois justifié <strong>de</strong> documenter une neuropathie chez un diabétiquesous amiodarone pour savoir si la molécule n’est pas incriminée (enquêter sur la cinétiqued’apparition, examen neurologique et EMG)L’aspirine est aussi bien tolérée chez le diabétique que dans la population générale. Lacrainte d’une aggravation <strong>de</strong> la rétinopathie n’est pas fondée et ne doit pas entraver saprescription. Sa prescription large chez le diabétique hypertendu en prévention primaire(avec <strong>de</strong>s PA contrôlées !) cumulant d’autres facteurs <strong>de</strong> risque, généralement un diabète<strong>de</strong> type 2, et bien entendu en prévention secondaire fait l’objet d’un consensus large. Enprévention secondaire, elle doit être associée au clopidogrel lors <strong>de</strong> la pose <strong>de</strong> stents actifspendant au minimum 9 mois. La plus faible dose disponible est requise en préventionprimaireLes hypolipémiants (statines ou fibrates) ne justifient pas <strong>de</strong> surveillance accrue par l’étatdiabétique (seul le clofibrate est potentiellement hypoglycémiant)Les β2 mimétiques utilisés dans l’asthme ou dans la menace d’accouchement prématurésont responsables d’hyperglycémies parfois importantes (nécessité d’une surveillance <strong>de</strong>sglycémies accrue chez le diabétique), ce d’autant qu’ils sont souvent associés à <strong>de</strong>scorticoi<strong>de</strong>s dans les 2 cas.Les antisérotoninergiques (fluoxetine : Prozac) peuvent améliorer la tolérance au glucose etoccasionner <strong>de</strong>s baisses <strong>de</strong>s glycémies (phénomène qui reste anecdotique). Par ailleurs, ilspeuvent être responsables d’hyponatrémie en co-prescription notamment avec lesdiurétiques.Les médicaments antipsychotiques utilisés dans la schizophrénie comme l’olanzapine, larisperidone pour ne citer qu’eux peuvent induire une perturbation <strong>de</strong> la glycémie chez lesnon diabétiques, favoriser un syndrome métabolique, et déséquilibrer un diabète (seulel’olanzapine le mentionne dans ses RPC) mais <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s complémentaires sont <strong>de</strong>mandéesLes IMAO peuvent augmenter la sensibilité <strong>de</strong>s tissus à l’insuline


89Les anti-infectieux (sulfami<strong>de</strong>s antibactériens, tétracyclines) par compétition avec le site<strong>de</strong>s sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants ou agissant par les mêmes voies métaboliques peuventbaisser la glycémieLes contraceptifs oraux (oestrogènes <strong>de</strong> synthèse ou progestatifs avec une actionantiandrogènique marquée) peuvent favoriser une intolérance au glucose (en plus <strong>de</strong>modifications <strong>de</strong>s paramètres lipidiques et <strong>de</strong> risques thromboemboliques augmentés).Cependant, il n’y a pas <strong>de</strong> consensus sur la prescription d’une contraception chez la femmediabétique: la tendance est <strong>de</strong> privilégier les progestatifs microdosés, mais lesoestroprogestatifs faiblement dosés sont également utilisables dans le respect <strong>de</strong> leurscontre-indications et après un avis spécialisé.Une petite notion sur le coût <strong>de</strong>s médicaments et leur remboursement.A la lecture <strong>de</strong>s chapitres précé<strong>de</strong>nts, force est <strong>de</strong> constater qu’il y a maintenant unedifférence nette entre les AMM octroyées à un produit et l’indication, en général plusrestrictive que celle <strong>de</strong> l’AMM, pour laquelle la molécule est remboursée. Cela ne facilited’ailleurs pas la vie <strong>de</strong>s prescripteurs…Une façon <strong>de</strong> baisser le coût <strong>de</strong>s médicaments est <strong>de</strong> privilégier les génériques, dont le prixpeut d’ailleurs varier et dont le prix est difficile à se procurer, mais aussi <strong>de</strong> favoriser leconditionnement par boites <strong>de</strong> 3 mois, imposée par les pouvoirs publics pour les maladieschroniques (et encore, on s’aperçoit que ça n’est pas toujours le cas) et à condition que letraitement soit stabilisé (faute <strong>de</strong> quoi c’est une augmentation du coût que le mé<strong>de</strong>cin peutgénérer avec <strong>de</strong>s boites inutilisées qui s’empilent dans les pharmaciens familiales !)Les prix peuvent être appréciés en donnant le coût <strong>de</strong> traitement journalier (ce qui est larègle) mais qui en réalité varie en fonction <strong>de</strong> la posologie et est surtout difficile àmémoriser. J’ai délibérément choisi <strong>de</strong> donner le coût ci-<strong>de</strong>ssous en fonction duconditionnement par boite unitaire.Ce coût reste toutefois à apprécier en fonction <strong>de</strong> la dose prise par le patient et doit être misen perspective avec le rapport bénéfice risque, avec le fait d’éviter <strong>de</strong>s complications trèscoûteuses à prendre en charge (sans parler du fait qu’elles altèrent la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>spatients). Par ailleurs, la recherche a un coût mais cela, c’est un autre débat…Quelques données 2008, qui ne prend pas en compte les génériques ou le conditionnementpar boites <strong>de</strong> 3 mois disponible pour certains d’entre eux :• Glucophage 1000 mg : boite <strong>de</strong> 30 cp : 5.37 euros (à multiplier par 3 si 3 cp/j ouprendre un plus gros conditionnement) mais qui est génériqué• Diamicron LM30 : boite <strong>de</strong> 30 cp : 9.73 euros (à multiplier par 3 si 3 cp/j ou prendreun plus gros conditionnement) mais qui est génériqué• Novonorm 0.5 mg, 1 mg ou 2 mg : 90 comprimés : 18.17 euros (même prix pour les3 dosages)• Glucor 100 mg : 90 comprimés : 22.57 euros.• Actos 15 mg : boite <strong>de</strong> 28 cp : 30.18 euros• Actos 30 mg : boite <strong>de</strong> 28 cp : 42.45 euros (le cp à 45 mg <strong>de</strong> proactive n’existepas : il faut faire 30 mg+15 mg et le prix augmente d’autant)• Avandia 8 mg : boite <strong>de</strong> 28 cp : 41.37 euros


90• Januvia 100 mg : boite <strong>de</strong> 28 cp : 49.99 euros• Byetta : 1 stylo <strong>de</strong> 5 ou <strong>de</strong> 10 µg : 60 doses : 110.04 euros• Insulatard flexpen stylo jetable (boite <strong>de</strong> 5 stylos) : 41.87 euros• Humalog MIX 50 PEN stylo jetable (boite <strong>de</strong> 5 stylos) : 43.27 euros• Levemir flexpen stylo jetable (boite <strong>de</strong> 5 stylos ; 300 UI par stylo) : 67.49 euros• Lantus solostar stylo jetable (boite <strong>de</strong> 5 stylos ; 300 UI par stylo) : 67.49 eurosIl est parfois intéressant <strong>de</strong> noter que la prise du médicament à une posologie par exemple<strong>de</strong> 8 mg/j peut être prise en accord avec l’AMM en une seule prise (8 mg/j) ou en 2 prises(4mg x 2 par jour) mais qu’alors, le coût <strong>de</strong>s 2 prises peut être plus élevée que celui <strong>de</strong> lamonoprise….C’est une remarque qui est d’ailleurs aussi valable pour d’autres médicamentscomme les antihypertenseursPour en savoir plus :1. Essais thérapeutiques1- UK prospective Study (UKPDS) Group. Intensive blood glucose control withsulfonylureas or insulin compared with conventional treatment and risk ofcomplications in patients with type 2 diabetes. Lancet 1998,352, 837-532- Bouhanick B, Plun-Favreau J, Hadjadj S, Laboureau S, Laine Cessac P. Inquiry intothe distribution of drugs in a diabetic clinic. Thérapie 2001, 56, 315-3193- Mackin P, Watkinson HM, Young AH. Prevalence of obesity, glucose homeostasisdisor<strong>de</strong>rs and metabolic syndrome in psychiatric patients taking typical or atypicalantipsychotic drugs: a cross sectional study. Diabetologia 2005, 48: 215-214- Dormandy JA, Charbonnel B, Eckland DJA et al: Secondary prevention ofmacrovascular events in patients with type 2 diabetes in the PROactive Study (: arandomised controlled trial. Lancet 2005, 366: 1279-892. Recommandations, conférences <strong>de</strong> consensus, livres1- HAS. Traitement médicamenteux du diabète <strong>de</strong> type 2 (actualisation) . www.hassante.frrubrique publications2- 1999 World Health Organization-international society of Hypertension Gui<strong>de</strong>lines forthe management of hypertension. J Hypertension 1999,17 :151-833- VIDAL 2007 : le dictionnaire. Editions du Vidal4- DOROSZ Ph. Gui<strong>de</strong> pratique <strong>de</strong>s interactions médicamenteuses 4 ème édition. Maloine19925- Grimaldi A.Traité <strong>de</strong> diabétologie. Editions Flammarion 20056- Recommandations HAS sur la prise en charge <strong>de</strong>s patients adultes atteints d’HTAessentielle www.has-sante.fr rubrique Publications


91Annexe : escala<strong>de</strong> thérapeutique dans le diabète <strong>de</strong> type 2 (www.has-sante.fr)Seuil <strong>de</strong> prescription Stratégie thérapeutique ObjectifHbA1c>6% Etape 1Mesures hygiéno-diététiques (MHD)HbA1c6%(à la phase précoce du diabète)Etape 2Monothérapie + MHD : metformine voire IAGmaintenirHbA1c6.5%Si malgré étape 2HbA1c>6.5%Si malgré étape 3HbA1c>7%Si malgré étape 4HbA1c>8%Monotherapie au choix+MHDMetformine ou IAG ou SH ou glini<strong>de</strong>sEtape 3BITHERAPIE + MHDEtape 4TRITHERAPIE+MHD ou insuline+/-ADO+MHDEtape 5Insuline+/-ADO+MHD insuline fractionnée+MHDramenerHbA1c


92PRESCRIPTIONS MEDICAMENTEUSES CHEZ LA FEMME ENCEINTE(171)Béatrice DULY-BOUHANICKOBJECTIFS PEDAGOGIQUES :• I<strong>de</strong>ntifier les sujets à risque et en déduire les principes d’adaptation thérapeutiquenécessaires• Adapter les modalités <strong>de</strong> prescription et <strong>de</strong> surveillance (1) <strong>de</strong>s principauxmédicaments à risque majoré et/ou à in<strong>de</strong>x thérapeutique étroit et (2) <strong>de</strong>straitements <strong>de</strong> maladies fréquentes et/ou graves chez les sujets à risque.PLANAvant <strong>de</strong> commencerGénéralitésPério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la grossesse et risque médicamenteuxEn pratiqueComment savoir si un médicament est utilisable chez la femme enceinte ?Le choix d’un médicament pendant la grossesse1) Antibiotiques2) Antihypertenseurs3) Anticoagulants4) Anticonvulsivants5) Antidiabétiques oraux6) Antalgiques7) Antiacnéiques8) aspirine9) benzodiazépines10) antinauséeux11) glucocorticoï<strong>de</strong>s12) contraceptifs oraux13) sels <strong>de</strong> lithium14) antithyroïdiens <strong>de</strong> synthèse


93Avant <strong>de</strong> commencer- avant <strong>de</strong> prescrire un médicament chez une femme en âge <strong>de</strong> procréer, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la date<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières règles ou si elle utilise un moyen <strong>de</strong> contraception- avant <strong>de</strong> prescrire un médicament chez une femme enceinte, s'assurer que le médicamentn'est pas toxique pour le fœtus- chez la femme enceinte, il faut prescrire le moins <strong>de</strong> médicaments possibles, le moinslongtemps possible, et aux doses les plus faibles possibles.- lorsque la femme enceinte a une maladie chronique, il faut savoir rechercher le risquepotentiel <strong>de</strong> certains traitements en terme <strong>de</strong> tératogenèse- il est impératif <strong>de</strong> proscrire l’automédication et d’en informer la patienteGénéralitésAvant <strong>de</strong> mettre un nouveau médicament sur le marché, il y a rarement <strong>de</strong>s tests effectuéschez la femme enceinte si bien que la plupart <strong>de</strong>s médicaments est en général contreindiquéedurant cette pério<strong>de</strong>.Un article du NEJM <strong>de</strong> 1998 déplorait que le mé<strong>de</strong>cin dispose d'assez peu d'éléments l'aidantà évaluer le rapport bénéfice / risque chez une femme enceinte quant à l'utilisation d'unmédicament. Il regrettait également le fait que dans la mesure où la moitié <strong>de</strong>s grossessesen Amérique du Nord n'est pas planifiée, chaque année <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> femmesvoyaient leurs fœtus exposés aux médicaments avant qu'elles ne se sachent enceintes. Parailleurs, dans la mesure où l'âge pour avoir son premier enfant ne cesse d'augmenter,certaines femmes sont déjà victimes <strong>de</strong> maladies chroniques justifiant un traitement et ilconvient <strong>de</strong> savoir comment gérer leurs prescriptions.Pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la grossesse et risque médicamenteuxLa grossesse est divisée en 5 pério<strong>de</strong>s pour le risque médicamenteux qui varie <strong>de</strong> l'une àl'autre :1) pério<strong>de</strong> périconceptionnelleBien sûr, il ne s’agit pas <strong>de</strong> la grossesse à proprement parler mais malgrè tout, il peut yavoir <strong>de</strong>s malformations foetales lors <strong>de</strong> carences vitaminiques ou <strong>de</strong> désordresmétaboliques (exemple du diabète déséquilibré et nécessité d'un bon équilibre glycémiqueles 3 mois précé<strong>de</strong>nts la conception ; <strong>de</strong> la carence en aci<strong>de</strong> folique induite par lesantifoliques ou chez les femmes épileptiques traitées et qui justifie un apport vitaminiquedès cette pério<strong>de</strong>)2) 15 premiers jours <strong>de</strong> gestationembryotoxicité maximale +++ Loi du « tout ou rien » : la grossesse se poursuit oùs'interrompt3) pério<strong>de</strong> embryonnaire dans les 2.5 mois suivantsrisques importants <strong>de</strong> perturbation <strong>de</strong> la morphogénèse en cas <strong>de</strong> contact avec un agenttératogèneautomédication fréquente si la femme ne se sait pas enceinteattention à l'alcool et au tabacentre le 20-40 ème jour pour le SNC dont la différentiation se poursuit au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> cettepério<strong>de</strong>entre le 15-25 ème jour pour le cœurentre le 24-36 ème jour pour les membresPour les organes génitaux externes, la différentiation se poursuit au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>


944) pério<strong>de</strong> fœtalephase <strong>de</strong> maturation <strong>de</strong>s organesla toxicité du médicament s'exprime au travers <strong>de</strong> troubles fonctionnels ou <strong>de</strong> troubles <strong>de</strong> lacroissance, sauf le système nerveux central ou les organes génitaux externes qui continuentà se différencier à cette pério<strong>de</strong> et qui peuvent être le siège <strong>de</strong> malformations5) pério<strong>de</strong> néonatalethéoriquement elle correspond à la fin <strong>de</strong> la grossesse mais en fait elle démarre à partir duseptième mois dès que le fœtus est viable. À ce sta<strong>de</strong>, le futur nouveau-né métabolise etélimine les médicaments <strong>de</strong> la mère transmis par la circulation placentaire si bien qu'un foieou <strong>de</strong>s reins immatures favorisent le risque <strong>de</strong> surdosage. En cas d'accouchementprématuré, le nouveau-né peut être soit en surdosage du médicament dans les premièresheures <strong>de</strong> vie, soit présenter un syndrome <strong>de</strong> manque à distance.Enfin, le suivi d'un enfant dont la mère a pris un médicament a fortiori nouveau pendant unelongue partie <strong>de</strong> sa grossesse est nécessaire (exemple du distilbene).En pratique :-toute femme jeune est a priori enceinte jusqu'à preuve du contraire-les facteurs favorisant une toxicité potentielle du médicament sont :-la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> grossesse pendant laquelle le médicament est pris-la dose quotidienne et la durée du traitement administré-l’état physiologique <strong>de</strong> la mère :- un âge <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 40 ans- <strong>de</strong>s pathologies associées (diabète, HTA, lupus, thrombophlébite, sida)- un état nutritionnel altéré : carence en folates (sous Bactrim ouméthotrexate), alcoolisme, carence en fer...- la prématurité- une interaction médicamenteuse qui augmente la concentration du médicament etsa toxicitéil faut :- prévenir la femme qui prend <strong>de</strong>s médicaments <strong>de</strong>s risques encourus lors d'une grossessenon préparée : en d’autres termes, en cas <strong>de</strong> maladie chronique, il est conseillé <strong>de</strong> planifierla grossesse en disant par exemple à la femme <strong>de</strong> prévenir <strong>de</strong> son désir au moins trois moisavant pour faciliter une adaptation thérapeutique éventuelle : cas du diabète par exemple.- utiliser le moins <strong>de</strong> médicaments possibles et les citer à son mé<strong>de</strong>cin,- utiliser les doses les plus faibles et une durée courte utilisation- ne pas utiliser <strong>de</strong> médicaments récemment commercialisés qui n'ont en général par d'AMMchez la femme enceinte- ne pas négliger la pério<strong>de</strong> périnatale durant laquelle il faut tenter d'arrêter le plus <strong>de</strong>médicaments quand c'est possible-connaître le maniement <strong>de</strong>s principaux médicaments pendant l’allaitement-en cas <strong>de</strong> doute, il faut impérativement consulter le VIDAL et les RPC qui font office <strong>de</strong> loiet ne pas se contenter d’un « effet classe » : toute molécule DOIT faire l’objet d’unevérification individuelleComment savoir si un médicament est utilisable chez la femme enceinte ?• Il faut consulter le VIDAL qui comprend une rubrique grossesse et lactation mais laresponsabilité du prescripteur est souvent mise en avant....• les centres <strong>de</strong> pharmacovigilance peuvent répondre immédiatement ou en 24 heures


95• Récemment, l’AFSSAPS a élaboré un gui<strong>de</strong> « médicaments et grossesse »téléchargeable qui a pour objectif d’ai<strong>de</strong>r à la démarche <strong>de</strong> prescription et quiapporte au prescripteur une « information <strong>de</strong> référence validée pour favoriser le bonusage du médicament ». Ce gui<strong>de</strong> abor<strong>de</strong> pour l’instant la prescription <strong>de</strong>santibiotiques, <strong>de</strong>s anxiolytiques, <strong>de</strong>s hypnotiques et d’autres prescriptions serontprochainement abordées. Les données sont rendues sous la forme <strong>de</strong> tableaux etreprend les conclusions <strong>de</strong>s évaluations faites par les groupes <strong>de</strong> travail« reproduction, grossesse et allaitement » validés par la Commission d’AMMLe risque d’utilisation d’un principe actif chez la femme enceinte est gradué en 5niveaux dans le gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’AFSSAPS :- utilisation contre-indiquée : formellement proscrite pendant la grossesse (risque <strong>de</strong>malformations ou <strong>de</strong> toxicité du fœtus prouvée dans l’espèce humaine)- utilisation déconseillée (suspicion d’un risque <strong>de</strong> malformation ou <strong>de</strong> toxicité pour lefœtus, mais pas formellement proscrite si le bénéfice thérapeutique le justifie)- utilisation à éviter par pru<strong>de</strong>nce (données disponibles rassurantes mais encoreparcellaires)- utilisation envisageable (données disponibles rassurantes et plus nombreuses maisdoivent être enrichies)- utilisation possible (ensemble <strong>de</strong>s données cliniques disponibles est rassurant)Le choix d'un médicament pendant la grossesseIl ne faut pas avoir d'idées préconçues et ne pas hésiter à recourir au dictionnaire Vidal aumoindre doute. La liste n'est bien entendue pas exhaustive !1) antibiotiques-toujours vérifier l'absence d'allergie connue +++- les bêta lactamines (peni G, A, M) sont utilisables : pour l’AMM, les bêta lactamines sontcependant « en cours d’évaluation »-les céphalosporines ne sont pas équivalentes entre elles: ainsi, si la plupart ont uneutilisation « envisageable », d’autres comme la cefoperazone ou la cefotetan sont à éviterpar pru<strong>de</strong>nce (risque théorique d’hypoprothrombinémie chez le nné lors <strong>de</strong> l’utilisation en fin<strong>de</strong> grossesse-les macroli<strong>de</strong>s non plus ne sont pas équivalentes :si l’érythromycine, la josamycine, lami<strong>de</strong>camycine et la spiramycine sont envisageables pendant toute la grossesse, en revanchela clarithromycine est à éviter par pru<strong>de</strong>nce (s’il y a une exposition au 1 er trimestre,envisager une surveillance prénatale orientée sur la face et le cœur: fentes palatines etcardiopathies chez l’animal et pas chez l’homme).-synergistines : pristinamycine envisageable durant toute la grossesse.-quinolones <strong>de</strong> 1 ère génération et fluoroquinolones à éviter par pru<strong>de</strong>nce pendant toute lagrossesse (atteinte articulaire post natale)-tétracyclines contre-indiquées pendant les <strong>de</strong>uxième et troisième trimestres (colorationjaune <strong>de</strong> l'émail <strong>de</strong>ntaire)-aminosi<strong>de</strong>s contre indiqués (surdité, malformations rénales); à partir du 4 ème mois,traitement <strong>de</strong> 2 ème intention et aux doses minimales actives-la survenue d’une grossesse chez une patiente traitée par antituberculeux ne contreindiquepas la poursuite du traitementDivers antibactériens : l’aci<strong>de</strong> fusidique et la fosfomycine sont envisageables durant toute lagrossesse


962) antihypertenseursQuelques principes :- attention <strong>de</strong> ne pas trop bien faire : un traitement trop brutal, trop intense <strong>de</strong> l’HTAaggrave l’ischémie ; éviter les traitements aigus au profit <strong>de</strong>s traitements chroniquesen étant progressif pour limiter un RCIU- ne jamais <strong>de</strong>scendre en DESSOUS <strong>de</strong> 140/90 mmHg ; le seuil au <strong>de</strong>ssus duquel ilfaut traiter est mal défini : il est utile d’agir au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 160/110 mmHg- le médicament le plus validé est l’alpha methyl dopa (ALDOMET°)- Les bêtabloquants (très actifs labetolol (Trandate°), pindolol (Visken°)), alphabloquants(alpha methyl dopa (aldomet°), uradipil (eupressyl°)) et vasodilatateurs périphériques(Nepressol°, retiré du marché en France mais très utilisé aux USA) sont utilisables. Aumoment <strong>de</strong> l’accouchement, il faudra peut-être moduler la posologie du bêtabloquant pouréviter une bradycardie fœtale. Les antihypertenseurs centraux (clonidine (Catapressan°)sont également utilisables mais ont moins la faveur <strong>de</strong>s obstétriciens car d’un maniementmoins facile (chute brutale <strong>de</strong>s PA possible).En cas <strong>de</strong> poussée tensionnelle, l’avis spécialisé est impératif pour ne pas faire chuter latension trop brutalement avec retentissement fœtal : c’est l’uradipil qui est en général utiliséà la seringue électrique.-antagonistes calciques :• dihydropyridines: la nicardipine est utilisée en France (et pas ailleurs) alorsque les données manquent (il n’y a AUCUNE étu<strong>de</strong> contrôlée démontrant leurinocuité !) ; ils ne font pas partie <strong>de</strong>s médicaments <strong>de</strong> première intention,surtout en début <strong>de</strong> grossesse mais constituent un traitement <strong>de</strong> recours; enfin <strong>de</strong> grossesse, quelques centaines <strong>de</strong> cas sous isradipine, nicardipine,nifédipine sont rapportés sans problème particulier. Chez l’animal, toutes lesmolécules sauf amodipine et isradipine donnent un effet teratogène oufoetotoxique (anomalies <strong>de</strong>s phalanges ou cardiaques). Les Ica diminueraient lescontractions et pourraient générer plus <strong>de</strong> césarienne avec un risque théorique d’hémorragie <strong>de</strong> la délivrance. En revanche,en cas <strong>de</strong> MAP, pourraient être utiles mais la prise en compte <strong>de</strong> ces éléments est du ressort du spécialiste…• autres: diltiazem contre-indiqué ; vérapamil contre-indiqué les trois premiersmois (mais peut être prescrit en 2 ème partie <strong>de</strong> grossesse)-inhibiteurs <strong>de</strong> l'enzyme <strong>de</strong> conversion, <strong>de</strong> l’angiotensine 2 contre-indiqués pendant toute lagrossesse (oligoamnios, oligoanurie, voire insuffisance rénale, rare anomalie <strong>de</strong> fermeture<strong>de</strong> la voûte du crane) : en cas <strong>de</strong> prise lors du premier trimestre, les arrêter immédiatementau décours : cela coïnci<strong>de</strong> d’ailleurs avec la baisse tensionnelle spontanée ; <strong>de</strong> toute façon,leur arrêt est impératif à cette pério<strong>de</strong> (et c’est tératogène au 3 ème trimestre).Une étu<strong>de</strong> publiée dans le NEJM en 2006 menée sur 209 enfants exposés au cours du 1 er trimestre aux IEC, 202 exposés à un autreantihypertenseur et 29000 enfants non exposés montre que 18 enfants (7.2%) du groupe exposé font une malformation contre 1.7% et 2.6 % dansles autres groupes. Les risque <strong>de</strong> malformation cardiovasculaires et du SNC sont multipliés par 3.72 (1.89-7.30) et 4.39 (1.37-14.02)respectivement ! cela montre qu’il vaut mieux éviter cette exposition aux IEC dès le début <strong>de</strong> la grossesse et anticiper en prescrivant avant laconception <strong>de</strong>s médicaments autorisés.-diurétiques contre-indiqués (<strong>de</strong> l’anse car augmentation <strong>de</strong> la persistance du canal artériel,ictère nucléaire ; thiazidiques car hypoperfusion et troubles hydroelectrolytiques ;antialdostérones par manque <strong>de</strong> données cliniques chez l’homme). Lorsqu’ils ont été utilisés, le poids <strong>de</strong>naissance <strong>de</strong>s enfants est plus bas que celui <strong>de</strong>s temoins.-bêta-Bloquants : ceux généralement utilisés sont le labetolol (Trandate°) ou le pindolol(Visken°) ; attention à la fin <strong>de</strong> grossesse (risque d’hypoglycémie, <strong>de</strong> bradycardie,


97d’inadaptation du cœur à l’effort pendant plusieurs jours après l’accouchement). Si c’estpossible, les arrêter plusieurs jours avant l’accouchement. Sinon, équipe avertie et entraînéenécessaire. Les molécules nouvellement mises sur le marché sont proscrites3) anticoagulants-héparine non fractionnée utilisable; HBPM agréées sur <strong>de</strong>s données bibliographiques(Lovenox utilisable lors du 2 et 3ème trimestre dans le cadre <strong>de</strong> ses indications mais àsuspendre 12h avant une péridurale)-AVK contre-indiqués les trois premiers mois et le <strong>de</strong>rnier mois (entre les <strong>de</strong>ux, cela dépend)(tératogènes hypoplasie nasale, cécité, malformations osseuses, anomalies du SNC ;foetotoxiques avec risque d'hémorragies fœtales et intra-utérines <strong>de</strong> la délivrance)4) anticonvulsivants-le phénobarbital serait le moins toxique-quelques règles : 1 monothérapie est souhaitable pendant la grossesse, aux plus petitesdoses tolérées, avec supplémentation en folates en pério<strong>de</strong> périconceptionnelle, mais sansinterrompre le traitement en cas <strong>de</strong> démarrage d’une grossesse (risque <strong>de</strong> crise).-à noter : l'épilepsie augmente en soi le nombre <strong>de</strong>s malformations (risque <strong>de</strong> 6% contre3% dans une grossesse standard)-le valproate <strong>de</strong> sodium, la carbamazépine donnent <strong>de</strong>s spina bifida5) antidiabétiques oraux-le traitement du diabète doit être optimisé les trois mois qui précè<strong>de</strong>nt la grossesse : c’estparfois le moment d’utiliser les pompes à insuline externes et un temps d’adaptation estnécessaire (mais aussi un temps pour accé<strong>de</strong>r à une consultation dans un centre équipé !)-il faut prévoir sa grossesse, notion à inculquer très précocement aux femmes diabétiques<strong>de</strong> type 1, mais aussi aux diabétiques <strong>de</strong> type 2 dont le nombre va croître dans lesprochaines années-une mise à l'insuline doit remplacer les antidiabétiques oraux qui sont tous contreindiqués pendant la grossesse-toutes les insulines ne sont pas utilisables, en particulier les analogues lents <strong>de</strong>l’insuline (Lantus°, Levemir°) qui n’ont pas l’AMM.Une étu<strong>de</strong> rétrospective (donc critiquable) montrerait que c’est le contrôleglycémique délétère plus que l’utilisation <strong>de</strong>s antidiabétiques oraux (ADO) y comprisau premier trimestre <strong>de</strong> grossesse (en l’occurrence glibenclami<strong>de</strong> ou metformine) quiest associé à un pronostic fœtal péjoratif, mais les auteurs considèrent qu’uneamélioration <strong>de</strong> la mortalité périnatale est obtenue lors <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong>s ADO au profitd’une insulinothérapie6) antalgiques-le paracétamol peut être utilisé et est l'antalgique <strong>de</strong> référence pendant la grossesse-les AINS sont utilisables ponctuellement sauf en fin <strong>de</strong> grossesse (risque <strong>de</strong> fermeture ducanal artériel prématuré, retard au déclenchement du travail, risque hémorragique, risqued'insuffisance rénale du fœtus en cas <strong>de</strong> traitement prolongé par AINS).7) antiacnéiques-attention aux dérivés <strong>de</strong> l'aci<strong>de</strong> rétinoïque formellement contre-indiqués (malformationscardiaques, du SNC, du squelette et <strong>de</strong>s oreilles) et à la dérive <strong>de</strong>s prescriptions : unecontraception efficace un mois avant et un mois après la fin du traitement est indispensableen cas <strong>de</strong> prescription et est <strong>de</strong>mandée avant délivrance par le pharmacien8) aspirine-l’utilisation <strong>de</strong> l’aspirine est d’autant plus bénéfique que le risque <strong>de</strong> toxémie gravidique est


98élevé, à administrer le plus tôt possible et avant la 17 ème semaine parce qu’après celamarche moins bien. La dose <strong>de</strong> 100-160 mg/jour est probablement celle à utiliser (75 mg/jserait inefficace). L’utilisation en pré-conceptionnel est réalisé par certaines équipes chez les femmes très àrisque mais il n’y a pas <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> preuve pour le faire9) benzodiazépines-risque <strong>de</strong> surdosage les premières heures <strong>de</strong> vie, risque <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> sevrage quelquesjours plus tard : éviter leur prescription ou en limiter la posologie et la durée :il faut arrêterle traitement dans le <strong>de</strong>rnier mois <strong>de</strong> grossesse ou au mieux diminuer au maximum laposologie10) Antinauséeux-Métocloprami<strong>de</strong> utilisable avec une bonne innocuité-Dompéridone à éviter car tératogène chez l'animal ; risque <strong>de</strong> syndrome extrapyramidalchez le nouveau-né ; en 2005, une étu<strong>de</strong> cas-témoin chez l’adulte montre que ladompéridone est associée à un risque relatif <strong>de</strong> mort subite <strong>de</strong> cause cardiaque <strong>de</strong> 3.8 (IC95% :1.5-9.7).11) glucocorticoï<strong>de</strong>s-ils sont utilisables (pas <strong>de</strong> malformations décrites) ; utilisables en cures courtes sansinconvénient. L’insuffisance surrénalienne chez le nouveau né <strong>de</strong> mère ayant un traitementau long cours est considérée comme exceptionnelle.12) contraceptifs oraux-le risque théorique <strong>de</strong> pseudo-hermaphrodisme féminin et d'azoospermie chez le fœtusmale n'est pas conforté par les <strong>de</strong>rnières méta analyses : il faut rassurer la femme qui l'aprise ne se sachant pas enceinte13) sels <strong>de</strong> lithium-tératogènes en début <strong>de</strong> grossesse (malformation cardiaque ou atteinte <strong>de</strong>s grosvaisseaux) toutefois avec une inci<strong>de</strong>nce faible-risque <strong>de</strong> surdosage en pério<strong>de</strong> néonatale(troubles du rythme cardiaque, hypotonie). Chez les femmes équilibrées avec <strong>de</strong>s doses lesplus faibles possibles, une grossesse est envisageable14) antithyroidiens <strong>de</strong> synthèse-il est recommandé <strong>de</strong> substituer le Néomercazole par le PTU qui passe moins le barrièreplacentaire. Le fait <strong>de</strong> passer la barrière peut entraîner un goitre av/sans dysthyroidie et sil’on opte pour le Néomercazole, la plus petite dose possible est recommandéePar maladie :1) asthme et grossesse- traitement comparable à celui <strong>de</strong> la femme non enceinte mais impératif car ily a un risque accru <strong>de</strong> complications obstétricales (pré éclampsie,accouchement avant terme, petit poids <strong>de</strong> naissance) : éviction <strong>de</strong>s allergènes- B2 mimétiques utilisables inhalés ou IV (terbutaline)- Corticoï<strong>de</strong>s inhalés utilisables, per os en cures courtes aussi, per os en curesprolongées : risques <strong>de</strong> pré éclampsie <strong>de</strong> prématurité augmentent- Cromoglycate <strong>de</strong> sodium, nedocromil <strong>de</strong> Na et ketotifen déconseillés les 3premiers mois <strong>de</strong> grossesse2) migraine et grossesse- la migraine ne modifierait pas le cours <strong>de</strong> la grossesse et son <strong>de</strong>venir- la grossesse améliore la migraine dans 50 à 70% <strong>de</strong>s cas et ne change riendans 20% <strong>de</strong>s cas, mais la migraine reste présente les 3 premiers mois, soit


99durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> tératogenèse éventuelle.- Les B Bloquants : propranolol utilisable mais à arrêter avant l’accouchement(risque <strong>de</strong> bradycardie- d’hypoglycémies néonatales) utilisé parfois entraitement <strong>de</strong> fond- L’amitryptiline non tératogène et parfois utilisé mais il faut éviter untraitement chronique (risque d’un syndrome <strong>de</strong> sevrage à l’arrêt) et à arrêteravant l’accouchement (risque d’imprégnation atropinique chez l’enfant)- Les dérivés <strong>de</strong> l’ergotamine sont contre indiqués pendant toute la grossesse(pouvoir ocytocique)- Les anticonvulsivants sont contre indiqués (valproate <strong>de</strong> Na - carbamazepinehydantoine)(risque <strong>de</strong> dysmorphies cranio faciales, <strong>de</strong> fentes labiales, <strong>de</strong>spina bifida)- Les triptans : traitement <strong>de</strong> la crise absence <strong>de</strong> recul suffisant pour enautoriser sans réserve l’utilisation- Paracetamol : utilisable sans dépasser 4 grammes par jour- Aspirine : utilisable à petites doses ; à éviter en fin <strong>de</strong> grossesse s’il s’agit <strong>de</strong>la seule indication (saignements, augmentation <strong>de</strong> la durée du travail,fermeture prématurée du canal artériel)- AINS: utilisables les 3 premiers mois, <strong>de</strong> préférence en cures courtes mais au3 ème trimestre, ne pas dépasser 48 h <strong>de</strong> traitement d’affilée et ne jamais enprescrire les jours qui précè<strong>de</strong>nt l’accouchement (fermeture prématurée ducanal artériel, HTAP, hémorragies)3) infection et grossesse- inciter à consulter au moindre signe infectieux +++- le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong> la mère n’est pas spécifique tandis que le fœtuspeut être contaminé, soit par voie sanguine, soit par voie ascendante dutractus génital la plupart du temps en fin <strong>de</strong> grossesse pour cette 2 ème voie- la listériose : signes cliniques frustes voire fièvre isolée syndrome pseudogrippal avec risque d’interruption <strong>de</strong> grossesse dans les 15 j à 2 mois ; faire<strong>de</strong>s hémoc chez la mère avec <strong>de</strong>s prélèvements complémentaires en cas <strong>de</strong>fausse couche ou chez le nouveau né- traitement <strong>de</strong> choix par ampicilline : 200 mg/kg/j pendant au moins 15 jours ;- règles <strong>de</strong> prévention à inculquer à la mère- infection à streptocoque agalactiae à dépister par un prélèvement vaginalentre la 35 ème et la 37 ème sem <strong>de</strong> grossesse- infection à E Coli, 2 ème agent responsable d’infection materno-fœtale dans lespays industrialisés : pas <strong>de</strong> recommandation précise <strong>de</strong> dépistage mais àrechercher à chaque prélèvement vaginal ; 40% sont résistantes àl ‘amoxicilline : faire un antibiogramme systématique et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un avisspécialiséPour en savoir plus :Le Jeunne C. Médicaments et grossesse. Dans : Bouvenot G, Caulin C, Montagne O.L'essentiel en thérapeutique générale, <strong>de</strong> l'évaluation à la prescription. Med Line edts 2003Koren G, Pastuszak A, Ito S. Drugs in pregnancy. N Eng J Med 1998, 338: 1128-1137Elefant E, Cournot MP. Médicaments cardiovasculaires et grossesse. Thérapeutiques 2000,48 : 27-28Cooper WO, Hernan<strong>de</strong>z-diaz S, et al. Major congenital malformations after first-trimester


100exposure to ACE inhibitors. N Engl J Med 2006,354: 2443-51Ekpebegh CO et al. A 10-year retrospective analysis of pregnancy outcome in pregestationalType 2 diabetes: comparison of insulin and oral glucose-lowering agents. Diabetes Med2007, 24: 253-8


101INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES(171)Michel SALVADOR et Bernard CHAMONTINOBJECTIFS PEDAGOGIQUES TERMINAUX.- I<strong>de</strong>ntifier les principales associations médicamenteuses responsables d’acci<strong>de</strong>nts etleurs modalités <strong>de</strong> prévention.PLANDEFINITIONI - AU NIVEAU DE L’ABSORPTIONII - AU NIVEAU DE LA DISTRIBUTIONIII - AU NIVEAU DU METABOLISME DU MEDICAMENT. rôle <strong>de</strong>s cytochromes. inhibition enzymatique. induction enzymatiqueIV - AU NIVEAU DE L’EXCRETIONV - SUR LE SITE D’ACTIONVI - EN CLINIQUE ...CONCLUSIONREFERENCES


102DEFINITIONL’ effet d’un médicament peut être modifié par l’association d’un autre agentavec selon le cas :- la potentialisation ou l’inefficacité du médicament,- la tolérance améliorée ou l’apparition d’effets adverses.Les conséquences cliniques <strong>de</strong> l’association peuvent être :- favorables et à exploiter, inscrites dans l’art <strong>de</strong> prescrire ;- défavorables, il s’agit <strong>de</strong>s interactions, un sous-groupe <strong>de</strong>s effets indésirables<strong>de</strong>s médicaments. Leur inci<strong>de</strong>nce dans la pratique varie <strong>de</strong> la simple modification duprotocole à l’incompatibilité.On conçoit 2 types d’interactions :- tout au long <strong>de</strong> la cinétique du médicament, avant son site d’action ;- au niveau <strong>de</strong> la dynamique du médicament, sur son site d’action.I - AU NIVEAU DE l’ABSORPTIONLes interactions portent par différents mécanismes sur le niveau d’efficacité dumédicament en intervenant sur le temps et le taux <strong>de</strong> la résorption.• Par les modifications <strong>de</strong> la solubilité, du pH digestif, <strong>de</strong> la vitesse du transit : larésorption gastro-duodénale <strong>de</strong> la digoxine est réduite sous métocloprami<strong>de</strong> quil’accélère (PRIMPERAN°), majorée par l’atropine qui le ralentit.• Par fixation définitive sur les résines non résorbées : AVK, digitaliques, stéroï<strong>de</strong>s par lacolestyramine (QUESTRAN°).• Par chélation avec Ca2+, Al3+, Mg2+ : complexes insolubles avec les antiaci<strong>de</strong>s, lecharbon, le kaolin... Les laitages réduisent nettement la résorption <strong>de</strong>s cyclines.Il faut observer un délai <strong>de</strong> 3 heures entre la prise du médicament susceptible d’êtreinactivé et l’agent au potentiel responsable.II - AU NIVEAU DE LA DISTRIBUTIONCe sont les interactions <strong>de</strong> déplacement (diapo 1)• Les responsables <strong>de</strong> l’interaction sont :- <strong>de</strong>s médicaments aci<strong>de</strong>s,- souvent utilisés à forte valeur pondérale,- d’affinité élevée pour les protéines plasmatiques,- capables <strong>de</strong> déplacer la fraction fixée d’un autre médicament.Il s’agit <strong>de</strong> l’aspirine (même à dose faible), <strong>de</strong>s AINS, et à un niveau moindre: hydroquinidine, sulfami<strong>de</strong>s, fibrates, quinolones...• Les médicaments déplacés avec majoration soudaine <strong>de</strong> leur fraction libre seuleactive, exposent à <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> surdosage : les antivitamines K, la digitoxine(DIGITALINE°), les sulfami<strong>de</strong>s hypoglycémiants. Ce sont <strong>de</strong>s médicaments- au volume <strong>de</strong> distribution réduit,- au fort taux <strong>de</strong> liaison aux protéines plasmatiques,- à marge réduite entre efficacité et toxicité.


103III - AU NIVEAU DU METABOLISME HEPATIQUE3 - 1: ROLE DES CYTOCHROMESLes cytochromes P 450 (CYP) régissent le métabolisme oxydatif au niveau du foie,première étape visant à transformer <strong>de</strong>s molécules liposolubles en composéshydrosolubles inactifs. Il existe <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s variations individuelles d’équipement enchaque CYP - sporadiques, familiales, éthniques - avec possibles :- activité déficiente donnant un phénotype métaboliseur lent ;- activité accrue donnant un phénotype métaboliseur rapi<strong>de</strong>.Dans les années 60, on découvrit en Gran<strong>de</strong> Bretagne chez 10 % <strong>de</strong> la population, unesensibilité excessive à un antihypertenseur - la débrisoquine - par un défautd’hydroxylation rapporté par la suite au déficit génétique du CYP 2D6, qui accentueaussi l’effet <strong>de</strong>s ßß liposolubles, métoprolol, propranolol (AVLOCARDYL°) ; <strong>de</strong>santiarythmiques <strong>de</strong> classe 1c (FLECAINE°) ; <strong>de</strong>s antidépresseurs tricycliques.Le cas d’une sensibilité extrème aux AVK coumariniques dès la première prise, estrattaché à un déficit du CYP 2C9 qui assure leur métabolisme.A la différence d’activité liée au polymorphisme enzymatique <strong>de</strong>s CYP se superposel’intervention fréquente <strong>de</strong> l’environnement :• <strong>de</strong>s substances inhibitrices d’un CYP vont rapi<strong>de</strong>ment interrompre le métabolismed’un médicament, surtout chez un individu déja faiblement doté <strong>de</strong> ce CYP ;• <strong>de</strong>s substances inductrices d’un CYP accélèreront progressivement le métabolismed’un médicament, surtout chez un individu fortement doté <strong>de</strong> ce CYP.• Enfin, 2 médicaments métabolisés par le même CYP entreront en compétitioncomme substrat, avec réduction ou majoration <strong>de</strong> leur métabolisme respectif.Ainsi, la responsabilité d’un médicament dans l’inci<strong>de</strong>nce et les conséquencescliniques d’une interaction varie beaucoup selon le génotype - 500 gènes pour le CYP450 sur plusieurs chromosomes - et selon sa distribution dans une population. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>la pharmacogénétique ambitionne d’expliquer puis <strong>de</strong> prévenir certains échecs eteffets adverses en apparence aléatoires.On peut concevoir dans un avenir proche, le recours à une i<strong>de</strong>ntification duphénotype et/ou du génotype pour le choix <strong>de</strong> certains médicaments, et aussi leurcarte géographique d’utilisation.


1043 - 2: L’INHIBITION ENZYMATIQUEC’est un phénomène rapi<strong>de</strong> aux conséquences précoces : si 2 médicaments sontmétabolisés par le même CYP, celui à l’affinité dominante inhibe le catabolisme <strong>de</strong>l’autre, majore son aire <strong>de</strong> concentration plasmatique avec un risque <strong>de</strong> surdosage et<strong>de</strong> toxicité. (diapo 2)Interactions médicamenteusesmétaboliques (3)MédicamentMétabolite-InhibiteurenzymatiqueL’inhibiteurenzymatique Concentration du médicamentet Concentration <strong>de</strong> son métaboliteL’exemple classique concerne les manifestations graves d’ergotisme sous ergotamine(GYNERGENE°) et dihydroergotamine (IKARAN°), chez le patient traité par un macroli<strong>de</strong>.Les acci<strong>de</strong>nts recensés récemment font souvent intervenir le CYP 3A4, inhibé par laciclosporine, les antifongiques azolés (NIZORAL°, DAKTARIN°, FLAGYL°, SPORANOX°),les macroli<strong>de</strong>s (érythromycine), le vérapamil (ISOPTINE°) et le diltiazem (TILDIEM°), lesantiprotéases et... .le jus <strong>de</strong> pamplemousse !• Azolés et macroli<strong>de</strong>s ont été reconnus responsables :- d’un allongement <strong>de</strong> l’espace QT et <strong>de</strong> torsa<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pointe en inhibant lemétabolisme du cisapri<strong>de</strong> (PREPULSID°) dont la diffusion est restreinte ; <strong>de</strong> laterfénadine, antihistaminique H1 dont la commercialisation a été suspendue ;- d’une élévation <strong>de</strong>s CPK et <strong>de</strong> cas <strong>de</strong> myolyse, associés à certaines statines.• Le jus <strong>de</strong> pamplemousse frais ou <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> distribution, majore l’activité <strong>de</strong> laciclosporine et <strong>de</strong>s dihydropyridines (ADALATE°, FLODIL°).• La ciclosporine accentue chez le transplanté, le taux plasmatique d’une statine(lovastatine), et sa toxicité musculaire.


105Nombre <strong>de</strong> ces médicaments sont largement prescrits et utilsés en autoprescription,INTERACTIONS AVEC LES STATINESCérivastatineAtorvastatineFluvastatine(érythromycine).métabolisme hépatique<strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> L’HMG-CoA réductaseMétabolismehépatiqueImportantImportantImportantEnzymesimpliquésCYP 3A4 etCYP 2C8CYP 3A4 etautres CYPCYP 2C9prépondérantRisque d’interactionmédicamenteuseCYP3A-dépendanteModéréModéréNulPravastatine Faible NulSimvastatine ImportantCYP 3A4prépondérant MajeurLovastatine ImportantCYP 3A4prépondérant MajeurLe processus d’inhibition implique en clinique d’autres CYP (diapo 3). Durant l’été2001, la commercialisation <strong>de</strong> la cérivastatine fut brutalement suspendue pour <strong>de</strong>s casgraves et parfois mortels <strong>de</strong> rhabdomyolyse survenus surtout aux USA et souvent sousgenfibrozil (LIPUR°). Cette association - déconseillée par l’AFFSaPS - multiplie par 4la concentration sanguine <strong>de</strong> la cérivastatine. Il s’agissait d’une interaction parinhibition hors du CYP 3A4, avec aussi addition <strong>de</strong> la toxicité musculaire <strong>de</strong>s 2médicaments.3 - 3: L’ INDUCTION ENZYMATIQUE3-3-1: BASES PHYSIOPATHOLOGIQUESC’est un phénomène dose-dépendant, progressif, saturable et réversible.L’accélération du métabolisme hépatique constatée dès la 48e h, maximum la 2esemaine, se maintient le temps <strong>de</strong> l’induction. Les variations individuelles sont marquéessous l’influence du génotype. L’inducteur interrompu, les enzymes stimulées retrouventleur niveau initial d’activité en une quinzaine <strong>de</strong> jours. L’élévation <strong>de</strong> la gamma GTsérique parfois constatée sous la prise prolongée d’un inducteur (GARDENAL°), n’est pasun témoin fiable du phénomène. La recherche <strong>de</strong>s capacités d’induction est exigée <strong>de</strong>tous les nouveaux médicaments.L’induction provoque la diminution du taux plasmatique et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>mi-vie dumédicament au métabolisme accéléré. L’activité <strong>de</strong>s métabolites est généralementinférieure, et l’induction réduit l’effet <strong>de</strong>s médicaments à marge thérapeutiqueétroite : anticoagulants, anticonvulsivants et contraceptifs.(diapo 4)


106Interactions médicamenteuses métaboliques(1)MédicamentMétabolite+InducteurINDUCTION Concentration du médicamentet Concentration <strong>de</strong> son métabolite3-3-2: INDUCTEURS DU METABOLISMECes agents qui ne sont pas tous <strong>de</strong>s médicaments, (tabac, alcool, plantes...), sont peunombreux à être impliqués en clinique :- antiépileptiques (phénobarbital, phénytoïne et carbamazépine),- rifampicine ;- phénylbutazone (BUTAZOLIDINE°), griséovulvine (GRISEFULINE°) et méprobamate(EQUANIL°) ;- la consommation chronique d’alcool, <strong>de</strong> tabac.Attention aux médicaments délivrés sans ordonnance ! Le millepertuis, dont latisane <strong>de</strong> fleurs est en vogue comme “traitement” <strong>de</strong> la dépression (et <strong>de</strong> la dysfonctionérectile), est un inducteur puissant, susceptible <strong>de</strong> réduire en 2 semaines l’efficacité <strong>de</strong> laciclosporine, <strong>de</strong>s contraceptifs oraux, <strong>de</strong>s antiviraux et <strong>de</strong>s antivitamines K.3-3-3: CONSEQUENCES THERAPEUTIQUES DE 4 TYPES• La réduction <strong>de</strong> l’activité thérapeutique :- <strong>de</strong>s anticoagulants oraux sous l’effet <strong>de</strong> la rifampicine, <strong>de</strong>s barbituriques et dansune moindre mesure d’autres anticomitiaux (DI-HYDAN°) : il faut restreindre l’utilisation<strong>de</strong> ces inducteurs chez les patients sous AVK ;- <strong>de</strong>s contraceptifs oestro-progestatifs ou progestatifs sous l’effet <strong>de</strong> la rifampicineou <strong>de</strong>s anticonvulsivants : phénobarbital (GARDENAL°), phénytoïne (DI-HYDAN°),carbamazépine (TEGRETOL°). L’effet contraceptif n’est plus assuré sous 5O µgd’ethinylestradiol. La contraception requiert d’autres modalités.- Les anticonvulsivants nécessitent un dosage initial pour ajuster la concentrationsérique, et étant susceptibles d’accélérer leur propre dégradation, il est indiqué <strong>de</strong>renouveler le dosage 3 semaines après leur introduction. L’adjonction ultérieure d’unnouvel anticonvulsivant nécessitera un nouveau contrôle.- Plusieurs autres interactions décrites avec la rifampicine (RIFADINE°, RIMACTAN°),et les barbituriques justifient une vigilance, encore nécessaire pour l’alcoolismechronique et l’intoxication tabagique (qui réduit <strong>de</strong> moitié la <strong>de</strong>mi-vie sérique <strong>de</strong> lathéophylline).• Des effets indésirables sous l’effet <strong>de</strong> métabolites hépato-toxiques.- La rifampicine accroît la toxicité <strong>de</strong> l’isoniazi<strong>de</strong> (RIMIFON°) (diapo 5). Cetteinteraction généralement précoce, nécessite une détermination <strong>de</strong>s transaminases durant


107le premier mois : la survenue d’une hépatite impose l’arrêt <strong>de</strong> l’isoniazi<strong>de</strong>. Lapyrazinami<strong>de</strong> (PIRILENE°) additionne aussi son hépato-toxicité à celle <strong>de</strong> l’isoniazi<strong>de</strong>.- La biotransformation du paracétamol (DOLIPRANE°, EFFERALGAN°) engendre unmétabolite hautement toxique, inactivé par le glutathion réduit à la posologie indiquée.Une hépatite aiguë à la faveur d’un surdosage ou d’un déficit en glutathion, est favoriséepar l’induction hépatique.Interactions médicamenteusesmétaboliques (2)Induction : exemple <strong>de</strong> l’INHINH+NeuropathieRIFAMPICINEAcétyl INHHépatites aiguësL’adjonction <strong>de</strong> Rifampicine a fait disparaîtreles neuropathies dues à l’INH au profit <strong>de</strong>shépatites.• Les conséquences <strong>de</strong> l’induction sur le métabolisme physiologique : tous lesinducteurs sont contre-indiqués dans les porphyries hépatiques où la productionaccrue d’aci<strong>de</strong> <strong>de</strong>lta-amino-lévulinique est responsable <strong>de</strong> crises graves.• Le traitement d’une intoxication en stimulant le métabolisme hépatique reste limitépar le délai physiologique <strong>de</strong> l’induction. Le phénobarbital accélère la conjugaison <strong>de</strong> labilirubine libre. On a tenté d’exploiter cette propriété dans la maladie <strong>de</strong> Gilbert et dansl’ictère néo-natal par immaturité enzymatique.IV - AU NIVEAU DE L’EXCRETIONL’inci<strong>de</strong>nce clinique concerne <strong>de</strong>s médicaments éliminés par le rein (digoxine, lithium).- La filtration glomérulaire <strong>de</strong> la fraction libre est majorée par la théophylline, etréduite si on inhibe le tonus vasodilatateur <strong>de</strong>s prostaglandines (AINS).- Une réduction <strong>de</strong> la sécrétion tubulaire est provoquée par la mise en compétition<strong>de</strong> nombreux transporteurs ioniques, saturables et au polymorphisme génétique : laquinidine réduit nettement l’excrétion <strong>de</strong> la digoxine (DIGOXINE°) ; AINS, oméprazole etpénicillines celle du méthotrexate au risque d’une agranulocytose.- La réabsorption tubulaire est soumise au pH urinaire, (les alcalins facilitentl’excrétion <strong>de</strong>s barbituriques) ; mais aussi à la mise en compétition sur un transporteurtransmembranaire : entre Li2+ et Na+, la diminution <strong>de</strong> l’excrétion urinaire du lithiumsous l’effet d’un diurétique explique l’intoxication brutale et la contre indication <strong>de</strong>cette association.(diapo 6)


108V - SUR LE SITE D’ACTION OU DE PHARMACODYNAMIEDémonstration à partir <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong> conversion (IEC) :• avec les diurétiques thiaziques et <strong>de</strong> l’anse,- insuffisance rénale hémodynamique en cas <strong>de</strong> déplétion sodée excessive ;• avec les diurétiques distaux ou épargneurs <strong>de</strong> potassium, et avec l’héparine,- accentuation <strong>de</strong>s risques d’hyperkaliémie ;• avec tous les AINS, réduction <strong>de</strong> la tolérance d’une déplétion sodée,- par chute du débit <strong>de</strong> l’artériole afférente et <strong>de</strong> la filtration glomérulaire.(diapo 7)Interactions médicamenteusespharmacodynamiquesL’exemple <strong>de</strong>s antihypertenseursBradycardieet déficiencesinusales--β bloquantsVérapamilDiltiazemDigoxineBloc auriculoventriculaireL’association d’un β bloquantet <strong>de</strong> Vérapamil est contre-indiquéecar elle peut provoquer un trouble<strong>de</strong> l’automatisme ou <strong>de</strong> la conductionauriculoventriculaire etune dépression myocardiqueInotropismeβ bloquantsVérapamilDiltiazem-


109VI - EN CLINIQUE ...Cette classification <strong>de</strong>s interactions est un précieux fil conducteur mais la réalité estplus complexe, et le mécanisme <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts rarement univoque ce que démontrel’exemple suivant.Des antipsychotiques comme la thioridazine (MELLERIL°) et les antidépresseursimipraminiques ont le pouvoir <strong>de</strong> ralentir le courant potassique membranaire, ce quiprovoque un allongement <strong>de</strong> l’espace QT et expose à une torsa<strong>de</strong> <strong>de</strong> pointes. Il existeune évi<strong>de</strong>nte prédisposition (en particulier chez la femme) et le plus souventl’intrication <strong>de</strong> facteurs responsables ou favorisants, génétiques et acquis. La survenuedu trouble du rytme fait évoquer comme explication(s) :- un syndrome du QT long congénital (au génotypage i<strong>de</strong>ntifié) ;- une action directe et isolée du psychotrope prescrit à posologie excessive ;- un phénotype <strong>de</strong> métaboliseur lent du psychotrope par déficit en CYP intéressé ;- un contexte (comme l’hypokaliémie) déja responsable d’un allongement <strong>de</strong> QT ;- l’interaction <strong>de</strong> nature dynamique d’un médicament lui aussi susceptible d’allongerl’espace QT, soit directement, (antiarythmique, cisapri<strong>de</strong>, antipaludéens...), soit eninduisant une hypokaliémie, (diurétique, laxatif) ;- enfin, l’interaction <strong>de</strong> nature cinétique avec un médicament inhibiteur du CYPimpliqué dans le métabolisme du psychotrope.CONCLUSION• Pour le prescripteur : la liste <strong>de</strong>s interactions potentielles est interminable,compliquée par l’intervention constante du génotype et éventuelle <strong>de</strong> l’environnement,en particulier <strong>de</strong> l’alimentation. Il est fondamental <strong>de</strong> baser la presciption sur <strong>de</strong>sconnaissances, sur l’expérience clinique et non sur la consultation radicale <strong>de</strong>banques <strong>de</strong> données : toute nouvelle prescription impose <strong>de</strong> prendre en compte lestraitements en cours ; les inducteurs et les inhibiteurs puissants, les traitementssusceptibles d’être perturbés sont à mémoriser.Cet acquis personnel est indispensable pour prévenir les interactions auxconséquences cliniques, les seules à intégrer en Thérapeutique. Le Vidal - quiprésente pour chaque médicament un paragraphe réglementaire consacré auxinteractions - apporte un éclairage précieux sur les médicaments les plus récents.• Pour le patient : une interaction aux conséquences graves <strong>de</strong>meure un <strong>de</strong>s risques<strong>de</strong> l’autoprescription y compris avec les médicaments librement mis à disposition. Ilest essentiel <strong>de</strong> bien lire la notice <strong>de</strong> présentation et <strong>de</strong> tenir rapi<strong>de</strong>ment le mé<strong>de</strong>cininformé <strong>de</strong> toute initiative.Références :“Interactions médicamenteuses, le rôle <strong>de</strong>s cytochromes P 450”M. Kondo Oestreicher et coll - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène, 1999; 57: 793-800.“Le polymorphisme génétique du cytochrome P 450 2D6 : le bon, l’ultrarapi<strong>de</strong>,l’intermédiaire et le lent.”CF. Samer et coll - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène, 2004; 62: 693-703.“Transports rénaux <strong>de</strong> médicaments : mécanismes et potentiel d’interactions.”


110T. Buclin et coll - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène, 2004;62: 682-92“Les risques <strong>de</strong> complications cardio-vasculaires lors <strong>de</strong> la prescription <strong>de</strong>spsychotropes.”C. Gory et P. Iaria - Act Med Int-Hypertension, 2001; 13: 172-4 (septembre).“Interactions entre les plantes médicinales et les médicaments”N. Schaad - Me<strong>de</strong>cine et Hygiène, 2003; 61: 681-3Vidal° 2001. Interactions médicamenteuses. Internet : http://www.vidal.frMinitel grand public : 3617 VIDAL


111AUTOMÉDICATION(172)Michel SALVADOROBJECTIFS PEDAGOGIQUES TERMINAUX :- Planifier avec un mala<strong>de</strong> les modalités d’une automédication contrôlée.- Expliquer à un mala<strong>de</strong> les risques inhérents à une automédication anarchique.PLAN1 - DEFINITIONS ET NOSOLOGIE:- automédication et autoprescription2 - ETAT DE L'AUTOPRESCRIPTION EN FRANCEo Aperçu <strong>de</strong> la consommation médicaleo Volume et fréquence <strong>de</strong> l'autoprescriptiono Complexité <strong>de</strong> l'autoprescriptiono Modalités d'accès- le médicament légalement accessible,- le médicament ordonnancé antérieurement prescrit.o Circonstances <strong>de</strong> l'autoprescription3 - AUTOPRESCRIPTION, FAIT POSITIF DE SOCIETE4 - EXCES ET DERIVES5 - DANGERS ET MISE EN GARDE6 - SOLUTIONS ET CONCLUSION


1121 - DEFINITIONS ET NOSOLOGIE.o L'automédication correspond à la prise d'un ou plusieurs médicaments par initiativepersonnelle en l'absence <strong>de</strong> prescription médicale contemporaine; mais aussi àl'entorse sciemment apportée à une prescription.L'automédication n'a pas <strong>de</strong> définition juridique et <strong>de</strong> cadre réglementaire : faute <strong>de</strong>limites précises, il n'existe pas <strong>de</strong> définition consensuelle.o L'autoprescription serait un titre mieux justifié car le comportement concernediverses procédures - interdits divers, exercices physiques, bains, mo<strong>de</strong> d'alimentation(au temps <strong>de</strong>s "alicaments" ou aliments modifiés à <strong>de</strong>s fins thérapeutiques) - même si lerecours au médicament <strong>de</strong>meure le phénomène très dominant.L'utilisation du médicament à <strong>de</strong>s fins non thérapeutiques et le dopage, le recours à<strong>de</strong>s pratiques non validées ou à un tiers non qualifé pour l'exercice <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine ou <strong>de</strong>la pharmacie, sont aux limites <strong>de</strong> la question : ils procè<strong>de</strong>nt souvent <strong>de</strong>s mêmescauses et génèrent en partie les mêmes problèmes.La question est donc plus complexe qu'il n'y paraît.2 - ETAT DE l'AUTOPRESCRIPTION EN FRANCE2-1: Aperçu <strong>de</strong> la consommation médicale totale (CMT)Les dépenses <strong>de</strong> santé continuent <strong>de</strong> trop progresser surtout à partir <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong>ville. L'augmentation imposée à l'assurance maladie se situe bien au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'objectifvoté au parlement. On prévoit en 2004 un déficit <strong>de</strong> 14 milliards d'E ! La France estun <strong>de</strong>s pays qui consacre la plus large part du PIB (10 %) à la santé.La part du médicament en soins <strong>de</strong> ville représentait déja en 2002, plus <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong>la CMT. La consommation - bien supérieure en France à celle <strong>de</strong>s pays voisins - trèsinégalement répartie, <strong>de</strong>vient après 75 ans 4 fois celle <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 60 ans.Les modalités <strong>de</strong> remboursement ont évolué dès 2003, avec le tarif forfaitaire <strong>de</strong>responsabilité (TFR), et le début du non ou dé-remboursement <strong>de</strong>s produits au servicemédical rendu (SMR) reconnu insuffisant.2-2: Volume et fréquence <strong>de</strong> l'autoprescription.- Plus <strong>de</strong> 500 millions <strong>de</strong> boîtes sont délivrées en libre achat, ce qui correspond à 16 %<strong>de</strong>s médicaments vendus en pharmacie, et représente 17 % <strong>de</strong>s dépensespharmaceutiques <strong>de</strong> ville : la part est bien supérieure aux USA (40 %) et en Europe<strong>de</strong> l'ouest.- C'est une pratique en voie <strong>de</strong> généralisation. Dans une enquète conduite en 2000à Paris, l'automédication est reconnue par 87 % <strong>de</strong>s consultants en soins primaires. Cepourcentage serait encore supérieur si on intègrait <strong>de</strong>s corrections personnellesapportées à l'ordonnance. Il existe un parallélisme entre les niveaux <strong>de</strong> la CMT et <strong>de</strong>l'autoprescription.- La pratique est plus fréquente chez la femme plus attentive aux problèmes <strong>de</strong> santé.Plusieurs facteurs justifient une accentuation <strong>de</strong> l'autoprescription en âge avancé :l'inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la polypathologie, <strong>de</strong>s algies, <strong>de</strong>s incapacités ; mais par rapport au niveau<strong>de</strong> la CMT, la part <strong>de</strong> l'automédication n'augmenterait pas, à la différence <strong>de</strong> ses dangerset <strong>de</strong> ses incohérences.2-3: Complexité <strong>de</strong> l'autoprescription.o Longtemps surtout considérée par le corps médical comme une initiative à risque, elleest <strong>de</strong>venu un fait social stimulé par 3 facteurs :- l'intéret <strong>de</strong> l'industrie pour le marché et la création <strong>de</strong> laboratoires spécialisés ;


113- l'évolution <strong>de</strong>s mentalités, le rejet <strong>de</strong> l'autorité, les exigences : le patient est <strong>de</strong>venuimpatient.- Une perspective potentielle d'économie avec impasse souhaitée par l'assurancemaladie sur la couverture du petit risque.En cela, il s'agit bien d'une pratique évolutive.o Il n'existe pas <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> référence pour explorer l'autoprescription. C'est unphénomène complexe dans ses motivations ; variable selon le lieu, la législation, lesystème <strong>de</strong> soins ; assez imprévisible et peu soumis au niveau socio-culturel. Le rôle <strong>de</strong>scroyances et <strong>de</strong>s représentations - idées établies que l'on se fait <strong>de</strong> quelque chose -apparaît déterminant, celui <strong>de</strong> la publicité le serait moins.o Il faut distinguer et opposer avant tout jugement <strong>de</strong> valeur :- l'autoprescription ponctuelle éclairée et déclarée <strong>de</strong> pratique généralisée enréponse à <strong>de</strong>s maux passagers ou ciblée sur un symptôme, du sujet informé selon laCharte <strong>de</strong> l'automédication (ci-après) : il s'agit d'un fait acquis tout à fait souhaitablesous certaines réserves ;- l'autoprescription habituelle "sauvage", prolongée et cachée, qui se substitueou se surajoute à un traitement élaboré : pratique condamnable <strong>de</strong> l'individu persuadé<strong>de</strong> savoir se soigner ...----------------------------------------------------------------------------------------------Charte <strong>de</strong> l'autoprescription, (P Queneau, 1992) :- donner la priorité aux spécialités conçues pour l'automédication- ne s'automédiquer que pour <strong>de</strong>s temps très courts ;- s'interdire toute automédication durant la grossesse et chez le petit enfant ;- éviter formellement les associations médicamenteuses :ne jamais s'automédiquer par plusieurs médicamentset ne pas ajouter <strong>de</strong> médicament à un traitement en cours ;- respecter scrupuleusement les recommandations et mises en gar<strong>de</strong> après lectureattentive <strong>de</strong> la notice du médicament concerné ;- informer son mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> toute automédication.----------------------------------------------------------------------------------------------2-4: Les modalités d'accès à l'autoprescription2-4-1: Le médicament légalement accessible.Son domaine est imprécis, occupée par 4.000 spécialités souvent à cheval sur lapresciption par ordonnance et la libre mise à disposition. La liste varie dans le temps etl'assurance maladie.o Idéalement, il est- actif et peu toxique,- évalué correctement et avec recul ;- présenté sous un conditionnement adapté au traitement bref, avec une informationaccessible soulignant ses incompatibilités et l'exclusion <strong>de</strong>s sousgroupes à risque ;- enfin <strong>de</strong> prix abordable pour un large public.o Comme positionnement en France,- il a reçu une AMM sans être listé,- il est non remboursable,- il a une publicité autorisée dans les limites <strong>de</strong> l'AMM,- La pharmacie conserve l'exclusivité <strong>de</strong> sa mise à disposition selon 3 modalités :. produits grand public ou OTC (over the counter), avec publicité au grand public etaccès libre ;. produits conseils délivrés par le pharmacien, sans publicité au grand public.. produits remboursables si prescrits, non remboursables en accès libre.


114Cette voie règlementaire est <strong>de</strong> volume stationnnaire. Alors qu'en Suisse et enHollan<strong>de</strong>, une boite sur 2 est vendue sans ordonnnance, le Français - premierconsommateur <strong>de</strong> médicaments en Europe - pratiquerait-il peu l'automédication ? A ladifférence <strong>de</strong>s médicaments non remboursables, ceux accessibles en vente libre maisremboursés sur prescription ont connu un succès grandissant : on cherche à obtenirensuite l'ordonnance <strong>de</strong> "régularisation". L'autoprescription pertinente qui <strong>de</strong>meuraiten retrait avec l'étendue et la généralisation <strong>de</strong> la couverture, est désormais promise àun fort dévelopement.2-4-2: Le médicament antérieurement ordonnancé.Il avait été prescrit souvent listé, au patient ou à son entourage : il est prélevé dansl'armoire à pharmacie familiale ou d'un tiers. Il échappe à toute garantie sur la durée<strong>de</strong> validité, la pertinence <strong>de</strong> l'indication et du protocole. Ce mo<strong>de</strong> d'autoprescriptionincontrôlé est anormalement développé en France à la faveur <strong>de</strong>s prescripteurspotentiels, <strong>de</strong> la polymédication et du conditionnement par boîte qui alimentent lesréserves personnelles, faute <strong>de</strong> récupération <strong>de</strong>s médicaments non utilisés...Il interviendrait dans 1/3 <strong>de</strong>s pratiques d'autoprescription.L'achat sur Internet déja utilisé pour quelques médicaments dépourvus d'AMM, sera<strong>de</strong>main plus largement exploité.2-5: Circonstances <strong>de</strong> l'autoprescription.Elle se concentre à partir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s indications sur quelques familles.o Les antalgiques <strong>de</strong> niveau 1 - paracétamol surtout, puis aspirine et leursassociations - représentent la moitié <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> vente sans ordonnance, avec commemotifs principaux la douleur arthrosique sous la conjonction <strong>de</strong> l'âge et du surpoids, etles céphalées.o Les AINS sont souvent autoprescrits - selon une ordonnance antérieure <strong>de</strong> façonponctuelle avec l'accord médical, mais aussi par décision unilatérale et en usage prolongé- dans la pathologie arthrosique périphérique ou rachidienne. Leur vogue a étéamplifiée par l'avènement <strong>de</strong>s coxibs à la tolérance gastrique améliorée pour uneefficacité comparable. Mais ils exigent le respect <strong>de</strong>s contre indications et <strong>de</strong> lasurveillance communes aux AINS vu le risque d'effets indésirables graves :. réduction <strong>de</strong>s ulcérations et <strong>de</strong>s hémorragies digestives incertaine si la patient prend<strong>de</strong> l'aspirine à dose antiagrégante ;. rétention hydrosodée à l'origine d'oedème, susceptible <strong>de</strong> décompenser une HTA ouune insuffisance cardiaque ;. insuffisance rénale aiguë et hyperkaliémie en cas <strong>de</strong> déplétion sodée et chez unpatient sous IEC ;. effet prothrombotique qui serait responsable d'infarctus du myocar<strong>de</strong> en l'absence <strong>de</strong>l'adjonction d'aspirine ;. manifestations allergiques (asthme, rhinite, etc.), non exceptionnelles.o La toux, la fièvre, les troubles digestifs, (constipation surtout, gastralgies,douleurs coliques...), les infections <strong>de</strong>s voies aériennes supérieures motivent uneautoprescription passagère, généralement à la lumière d'ordonnances antérieures.o Les psychotropes, anxiolytiques et/ou hypnotiques, antidépresseurs non dérivés <strong>de</strong>l'imipramine sont <strong>de</strong> consommation tout à fait excessive qui débor<strong>de</strong> surl'automédication..o La pharmacopée cardio-vasculaire - antihypertenseurs, dérivés nitrés,hypolipidémiants - est également concernée dans la crainte parfois obsessionnelle <strong>de</strong>l'acci<strong>de</strong>nt vasculaire cérébral ou coronarien.


115Les exemples d’ automédication :• Mal <strong>de</strong> tête :paracétamol, aspirine, AINS faiblement doséstype ibuprofène ou kétoprofène• Rhume :antalgiques, désinfectants locaux et vasoconstricteursfaiblement dosés• Nettoyage d’une plaie :anti-infectieux locaux et pansements• Mal <strong>de</strong> gorge :anti-infectieux locaux et anesthésiques locaux• Toux :dérivés <strong>de</strong> la codéïne our les toux sèches ou siropsexpectorants pour les toux grasses• Fièvre :paracétamol, aspirine• Brûlure :anti-infectieux et pansement stérile• Coup, entorse, traumatologie :AINS crème en application locale, antalgique <strong>de</strong> palier I• Fatigue :vitamines, fortifiants, d’efficacité non validée ?• Episgastralgie, reflux gastro-oesophagien :anti-H2 faiblement dosés, anti-aci<strong>de</strong>s• Diarrhée :lopérami<strong>de</strong> et solutés <strong>de</strong> réhydratation (les antiseptiquesdigestifs et les probiotiques ont une efficacité nonclairement démontrée)• Constipation :laxatifs non irritants (fibres, PEG, sucres osmotiques)• Nervosité :médicaments non validés• Phytothérapie …• Insomnie :anti-H1, sédatifs …• Démangeaison :anti-H1, médicaments topiques• Œil irrité :anti-infectieux locaux, voire traitement anti-inflammatoireen l’absence <strong>de</strong> contre-indication3 - AUTOPRESCRIPTION, UN FAIT POSITIF DE SOCIETE.o Dans sa version éclairée, guidée, elle possè<strong>de</strong> plusieurs vertus pour lepatient comme pour la collectivité :- Une valeur pédagogique en stimulant l'accès à l'information.- Une attitu<strong>de</strong> active et positive envers la maladie, dans un système où leremboursement <strong>de</strong>s dépenses ne facilite pas la prise en charge.- Une prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> la consommation et <strong>de</strong>s couts.o C'est une solution économiquement cohérente, si en équilibre entre sur- et sousutilisation("appropriateness"). La réduction <strong>de</strong> la charge imposée à l'assurance maladiepar l'essor d'une autoprescription cohérente, évaluée en milliards d'euros, seraitsupérieure à celle attendue <strong>de</strong>s génériques. L'économie envisageable se répartit entre lesconsultations et les dépenses pharmaceutiques


1164 - EXCES ET DERIVES DE L'AUTOPRESCRIPTION.Des facteurs sociaux et comportementaux en sont responsables.o D'abord une perception collective irréelle <strong>de</strong> la santé et du système <strong>de</strong> soins,le mythe <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine curatrice <strong>de</strong> tous les maux... C'est chez la personne âgée quel'on note le plus la médicalisation abusive et le développement <strong>de</strong> la pharmacoassistanceface aux états d'âme, inconforts, ou simplement pour tenter d'améliorer lesommeil, l'humeur, la mémoire, <strong>de</strong>rnièrement la sexualité....o La santé se confond aujourd'hui avec le bien être physique et moral. L'excès <strong>de</strong>prescription et d'autoprescription s'intègre dans une interaction du social et dumédical : le système a progressivement positionné médicament et mé<strong>de</strong>cine en biens<strong>de</strong> consommation.o A l'autoprescription directe tend à s'ajouter l'indirecte par prescripteur habilitéinterposé - "Docteur, il me faut" - difficile à évaluer au niveau du médicament, <strong>de</strong>sexamens biologiques et d'imagerie, <strong>de</strong>s cures....Le dossier médical informatisé visera à limiter ces dérives.5 - DANGERS ET MISE EN GARDEo On ne doit pas minimiser les conséquences néfastes principalement imputables àl'autoprescription non encadrée.- Choix d'une thérapeutique inadéquate par symptôme mal i<strong>de</strong>ntifié, médicamentnon approprié ou non adapté aux circonstances, interférence avec la prescriptionmédicale...- Retard apporté au diagnostic d'autant que le sujet oublie <strong>de</strong> mentionnerl'autoprescription ou a décidé <strong>de</strong> la passer sous silence....- Préjudice à la relation "mé<strong>de</strong>cin-mala<strong>de</strong>", lassitu<strong>de</strong> du praticien <strong>de</strong>vant larépétition <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> comportement qui signent un défaut <strong>de</strong> confiance et uneincapacité à assumer le traitement.- Inci<strong>de</strong>nce du risque iatrogène - au moins 10 % <strong>de</strong>s effets indésirables graves - parnon respect <strong>de</strong>s contre indications, mésusage, interactions, défaut <strong>de</strong> surveillance, àl'origine d'acci<strong>de</strong>nts onéreux pour la collectivité. Ce risque peu accessible à lapharmacovigilance <strong>de</strong>meure très mal apprécié. Le médicament accessible en ventelibre n'en est pas exempté : cas <strong>de</strong>s intéractions sous l'effet du millepertuis !o La libéralisation <strong>de</strong> la prescription répond à une justification socio-culturelle etéconomique mais ne doit pas être brutale et dépourvue d'accompagnement.Le délestage <strong>de</strong>s médicaments du marché <strong>de</strong> la prescription vers celui <strong>de</strong>l'automédication nécessite une réflexion à l'abri <strong>de</strong>s intérêts catégoriels - officine,industrie, association <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s - sous peine <strong>de</strong> voir reculer l'accès au soins dans lapopulation défavorisée. Il sous-entend un temps d'adaptation et l'accès à uneinformation pertinente, en déplorant le défaut actuel d'accessibilité <strong>de</strong> certaines notices.6 - SOLUTION EN CONCLUSION- C'est l'exigence d'un effort politique soutenu pour parvenir à une juste culturesanitaire <strong>de</strong> la population, autorisant l'accès éclairé aux soins, une relationresponsable avec le mé<strong>de</strong>cin.- Le phénomène du médicament OTC est incontournable. Le praticien <strong>de</strong> soinsprimaires est appelé à tenir un rôle essentiel pour accompagner la future stratégiesocio-économique <strong>de</strong> prescription, et pour promouvoir une pratique médicale fondée surpreuve. Il faut se préparer à cette délicate mission.- L'encadrement <strong>de</strong> l'autoprescription est un problème <strong>de</strong> société, d'une acuitéparticulière chez la personne (très) âgée, qui implique une réflexion <strong>de</strong> toutes lesinstances médicales.


117Référence à consulter :"Automédication, autoprescription, autoconsommation."sous la direction <strong>de</strong> P Queneau, John Libbey ed, Paris 1999 (134 p)"DTC : nouvel essor pour un ancien dopant."T. Buclin et J. Biollaz - Mé<strong>de</strong>cine et Hygiène 2004; 62: 677-81MOTS CLES- automédication- autoprescription- consommation médicale totale- encadrement <strong>de</strong> la prescription- modalités <strong>de</strong> mise à disposition- produits OTC ou sur le comptoir- médicament en âge avancé- délistage (switch) du médicamentLES POINTS A RETENIR1. L’automédication est un phénoméne <strong>de</strong>société et une réalité ; le mé<strong>de</strong>cin ne doitpas la méconnaître.2. Il faut distinguer : l’automédication« sauvage », prise anarchique <strong>de</strong>médicaments ou <strong>de</strong> traitements non validés,et la prise <strong>de</strong> spécialités d’automédicationadaptées à un usage sans contrôle médicalobligatoire.3. Le mé<strong>de</strong>cin doit (1) prendre en compte eti<strong>de</strong>ntifier l’automédication en interrogeantsystématiquement le patient, (2) reconnaîtreles interactions potentielles entremédicaments prescrits et automédication, et(3) rechercher l’automédication méconnuelors <strong>de</strong> la survenue <strong>de</strong> tout nouveausymptôme.4. Le mé<strong>de</strong>cin doit au mieux conseiller sonpatient et l’éduquer à une automédicationdans le respect <strong>de</strong> la santé publique.

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