Les Colloques de Menton Samedi 1 - Ville de Menton

Science et Conscience Samedi 8 octobre 2011Jean-Marie CHEVALIERProfesseur de sciences économiques à l’Université Paris DauphineCentre de Géopolitique de l’Energie et des Matières PremièresFukushima est apparu comme un drame que les économistes de l’énergie n’ont pas anticipé. Cedrame a une composante climatique avec le tsunami, une composante nucléaire, avec les risquestrès spécifiques de l’industrie nucléaire, et une composante japonaise, dans la façon dont ce réacteura été conçu et la crise gérée.Fukushima constitue une très mauvaise nouvelle pour l’environnement. Les gaz à effet de serre ontdéjà été très élevés en 2010. Leur émission va s’accentuer dans les années 2011 et 2012 avec lafermeture des centrales nucléaires, qui sera compensée par l’utilisation de charbon, de pétrole ou degaz.Fukushima a entraîné une réflexion dans les pays dotés du nucléaire sur la sécurité et sur lefonctionnement de leurs centrales. Les coûts de démantèlement des centrales et de traitement desdéchets radioactifs vont être très importants, même si le démantèlement n’a pas été définiprécisément. S’agit-il de remettre le terrain en l’état pour construire autre chose ou d’installer dessarcophages comme à Tchernobyl qui seront changés tous les siècles ? Par ailleurs, quelle sera ladurée du démantèlement ?Suite à Fukushima, le président de la République et le gouvernement ont demandé à l’autorité desûreté d’inspecter tous les sites nucléaires pour tester leur niveau de sécurité et programmer, sinécessaire des investissements supplémentaires. Le président de la République a égalementdemandé au Président de la Cour des comptes de calculer le coût exact du kilowatt heure nucléaire,en y intégrant le prix du démantèlement et du stockage des déchets. Ce rapport permettra d’avoirune vision plus claire sur l’économie du nucléaire et de l’électricité en général.Les réactions face à Fukushima ont été différenciées. L’Allemagne a décidé la fermeture immédiatede sept centrales et de sortir à terme du nucléaire. D’un point de vue économique, la fermetured’une centrale qui fonctionne et respecte des normes de sécurité, apparaît comme une destruction devaleur et d’emploi. L’Italie a décidé de mettre fin à son programme de retour à l’atome. LesHollandais ont confirmé la commande de deux centrales nucléaires. Les Britanniques ont décidé deconstruire un système énergétique moins intense en carbone et de construire de nouvelles centralesnucléaires pour une production de 40 % de l’énergie. Il est prévu de produire également 40 %d’énergie éolienne et 20 % d’énergie avec le charbon. Les Chinois vont continuer à produire del’énergie nucléaire. Ils ont prévu de construire entre 23 et 30 centrales nucléaires d’ici 2025, la partde production de cette énergie dans ce pays restant très faible, de l’ordre de 3 %. Enfin, la Pologne,très dépendante du charbon, a décidé de construire deux centrales nucléaires et de développer le gazde schiste.Un consensus s’est développé dans les différents pays autour de la nécessité de revoir les normes desécurité. Il s’agit de savoir comment gérer au mieux les 440 centrales dans le monde et de déciders’il apparaît opportun de construire de nouvelles centrales nucléaires. Il existe 58 réacteurs enFrance dans 14 centrales nucléaires. L’autorité de sûreté doit analyser la situation de chaquecentrale en tenant compte du coût de démantèlement, de stockage des déchets et des travaux de7