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Les Colloques de Menton Samedi 1 - Ville de Menton

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Quelle Philosophie pour notre Temps ? <strong>Samedi</strong> 22 octobre 2011Table ron<strong>de</strong>Jean-Clau<strong>de</strong> GUIBAL, Maire <strong>de</strong> <strong>Menton</strong>, présente les intervenants.Thomas BERNSChargé <strong>de</strong> cours en philosophie politique et éthique à l’Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles,Directeur du PHI-Centre <strong>de</strong> recherches en philosophieEn préambule <strong>de</strong> mon intervention, je rappellerai quelques repères historiques concernant cettevertu qu’est le courage car selon moi le courage n’a pas d’essence indépendante <strong>de</strong>s usages et <strong>de</strong>sconceptions qui lui sont associés.Très tôt, le courage a occupé une place centrale dans la philosophie et dans l’histoire <strong>de</strong> la cultureeuropéenne. Dans la littérature grecque archaïque et en particulier dans l’œuvre homérique, lecourage est dépeint sous un jour conforme à la conception que l’on s’en fait communément. Lecourage trouve ainsi son sens dans un cadre conflictuel, agonistique et très masculin : il s’éprouveavant tout dans une situation <strong>de</strong> danger ultime, le plus souvent lorsque l’existence <strong>de</strong> l’acteur est enjeu. La mise en danger <strong>de</strong> la vie en dévoilerait donc la valeur.Ensuite, la philosophie classique rompt avec cette représentation guerrière du courage au profitd’une conception plus intellectualisée. Platon démontre ainsi que le courage rési<strong>de</strong> dans une victoiresur soi-même plutôt que sur autrui, dans une victoire <strong>de</strong> l’âme sur le corps, <strong>de</strong> la volonté sur lesaffects ou <strong>de</strong> la raison sur les sentiments.Pour sa part, Aristote articule la vertu du courage à <strong>de</strong>s fins jugées bonnes, afin <strong>de</strong> le dissocier <strong>de</strong> lasimple action fougueuse ou <strong>de</strong> la pure audace. L’action courageuse ne prend son sens que si ellevise un objectif vertueux, qui bénéficie par exemple à la communauté.Dans cette conception, il semble que le courage soit placé au second plan par rapport aux fins <strong>de</strong>l’action menée et au savoir. L’évolution <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la pensée confirme cette tendance précoce àréduire le courage à une vertu somme toute très secondaire.<strong>Les</strong> pensées stoïcienne et chrétienne continueront d’intérioriser la vertu du courage pour l’isoler <strong>de</strong>l’action d’éclat et <strong>de</strong> la gloire. Progressivement, le courage est associé à <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> discrétion et<strong>de</strong> persévérance. Cette conception s’accompagne d’activités normatives propres à la penséechrétienne, telles que ces mouvements d’introspection qui conduisent à s’interroger sur lesmotivations profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’action.La pensée mo<strong>de</strong>rne marque la mise <strong>de</strong> côté du courage. Kant délaisse ainsi le questionnement sur lemotif <strong>de</strong> l’action pour s’intéresser aux règles <strong>de</strong> l’action, tandis que le courant utilitariste se focalisesur les conséquences <strong>de</strong> l’action. Pour Hobbes et Adam Smith, les affects <strong>de</strong> base qui structurent lapensée politique sont désormais contraires à la notion <strong>de</strong> courage. Selon Hobbes, le mon<strong>de</strong> estdominé par la crainte puisque les hommes se trouvent dans un état naturel <strong>de</strong> rivalité. Cette crainteest la raison d’être <strong>de</strong> la politique. Pour Smith, c’est la recherche <strong>de</strong> l’intérêt et non pas le couragequi constitue le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la régulation, <strong>de</strong> la coopération et <strong>de</strong> l’ordre.<strong>Les</strong> <strong>Colloques</strong> <strong>de</strong> <strong>Menton</strong> Penser notre Temps 2

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