Les Colloques de Menton Samedi 1 - Ville de Menton

La Cité des Hommes Samedi 15 octobre 2011Henri GUAINOSans vouloir donner des conseils aux Tunisiens, j’aimerais les mettre en garde contre l’esprit derevanche. S’il est nécessaire d’écarter les principaux responsables de la corruption et de larépression ; il est en revanche impossible d’exclure les deux millions de Tunisiens qui appartenaientau RCD. La réconciliation nationale est un élément essentiel de la réussite d’une révolution commel’a montré l’exemple sud-africain.D’autre part, je regrette que l’Égypte et la Tunisie aient choisi de mettre en place des assembléesconstituantes qui donneront naissance qu’à un régime des partis. Il aurait été préférable de fairecomme la France en 1958, c’est-à-dire former un conseil chargé de rédiger une constitution, puis dela soumettre à référendum.Mathieu GUIDEREEn Tunisie, l’appartenance au RCD était quasiment obligatoire, ce qui a forcé beaucoup deTunisiens à pactiser avec le pouvoir simplement pour pouvoir survivre. Nous ne devons pas jeterl’opprobre sur tous les Tunisiens ayant eu à faire avec le régime. Une révolution n’est pas unetabula rasa. Un pays doit composer avec son passé pour construire son avenir.De la salleJe suis Tunisien et j’étudie actuellement à Sciences Po. Ma première remarque concernel’affirmation de Mathieu Guidère selon laquelle il existe plusieurs types de révolutions en fonctiondes causes qui les ont motivées. Pour moi, les revendications économiques et politiques sontindissociables. Les manifestants tunisiens, dont j’ai fait partie, avaient conscience qu’ilsn’obtiendraient un progrès économique que grâce à des réformes politiques.J’aimerais aussi répondre à Mathieu Guidère sur la charia. L’article premier de la constitutiontunisienne affirme que la Tunisie a pour langue l’arabe et pour religion l’islam. Cela ne signifie pasque la charia y est littéralement appliquée. Elle est adaptée à la réalité sociale.Mathieu GUIDEREIl est évident qu’on ne peut pas strictement séparer la politique de l’économie, de la culture et dusocial. J’entendais souligner le fait qu’avant la révolution, l’opposition tunisienne ne s’était passuffisamment emparée des questions économiques pour faire basculer le régime.Concernant la charia, la Tunisie est un cas unique depuis Bourguiba. Il semble qu’elle se dirige versune normalisation, c’est-à-dire qu’elle se rapproche des autres pays arabes dans ce domaine. Jedoute qu’elle aille jusqu’à l’islamisme radical, car les Tunisiens n’ont pas fait leur révolution pourcela.Les Colloques de Menton Penser notre Temps 20