Les Colloques de Menton Samedi 1 - Ville de Menton

La Cité des Hommes Samedi 15 octobre 2011Henri GUAINONotre présence militaire nous a permis de dicter nos conditions au Conseil national de transitionlibyen. Nous lui avons fermement demandé d’éviter les revanches sanglantes. Jusqu’à présent, nousavons été écoutés.Ali BENMAKHLOUFJ’aimerais répondre à Mathieu Guidère, qui a pointé du doigt l’erreur commise par le roi du Maroclorsqu’il procède à des réformes constitutionnelles. Je pense au contraire qu’il ne faut pas secontenter de répondre aux revendications exprimées dans la rue. Il importe également de reveniraux fondamentaux tels que la constitution. Il ne faut pas négliger le rôle des médiationsinstitutionnelles car le peuple confronté à lui-même génère la guerre et le pugilat.Par ailleurs, je ne suis pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle les structures anthropologiquesdes pays arabes n’ont pas changé. Au Maghreb, l’accession des femmes à l’espace public aprofondément modifié la société. Le discours que j’ai pu entendre à cette tribune m’a rappelé cetteépoque où l’on cantonnait les musulmans aux rôles de pieux résignés. Or ils veulent, comme tousles êtres humains, éduquer leurs enfants et évoluer. Dans leur résolution adoptée après les attentatsdu 11 septembre, les Nations-Unies affirment que les civilisations appartiennent toutes à la mêmehumanité. Je conteste cette tendance qui consiste à mettre en avant les distinctions entre sunnites,chiites, chrétiens et juifs. J’appelle cela de l’incarcération civilisationnelle.Enfin j’aimerais qu’on m’indique un endroit où la charia tient lieu de droit positif. Selon moi, ellen’est que la rhétorique fantasmée des islamistes. Je regrette qu’elle soit reprise ici par des espritséclairés. Pour moi, la charia n’existe pas.Mathieu GUIDERELa charia est appliquée de nos jours en Arabie Saoudite, au Koweït, au Qatar, aux Émirats arabesunis, au Soudan, en Libye et au Pakistan.Ali BENMAKHLOUFDans ces pays-là, elle n’est pas preuve de légalité mais source de législation et la source ne fait pasdroit. En outre, ces pays disposent de parlements et garantissent la mixité de représentation.Littéralement, « charia » est synonyme de « voie », d’« avenue ». La loi n’est pas éternelle. Elle estsoumise aux aléas historiques. Nous ne sommes pas, pour l’éternité, sous le poumon d’acier de lathéologie.Antoine SFEIRJe voudrais corriger : le mot « charia » signifie « légal ». Je dois par ailleurs malheureusementdonner raison à Mathieu Guidère lorsqu’il cite les pays où elle est appliquée.Les Colloques de Menton Penser notre Temps 13