Rencontres sur les Origines <strong>Samedi</strong> 1 er octobre 2011En ce qui concerne les rapports entre l’homme et la nature, la physique mo<strong>de</strong>rne considère que lanature est régie par <strong>de</strong>s lois mathématiques. Cette discipline s’inscrit dans une tradition judéochrétiennequi fait <strong>de</strong> l’homme un être d’antinature, c'est-à-dire un être dont le statut lui permet <strong>de</strong>penser qu’il échappe aux lois <strong>de</strong> la nature. Cependant, l’homme ne peut pas se couper <strong>de</strong> la nature.HUSSERL a pressenti cette nécessité dès les années 30. Il a rappelé que même si nous avons chasséla Terre du centre <strong>de</strong> l’univers, nous <strong>de</strong>meurons <strong>de</strong>s êtres géocentrés. L’idée que nous pourrionséchapper à cette situation nous conduit à l’apocalypse.Henry <strong>de</strong> LUMLEYSi la science n’a pas la possibilité <strong>de</strong> prouver l’existence <strong>de</strong> Dieu, elle ne peut pas non plusdémontrer son inexistence. En outre, la science peut expliquer comment tel ou tel phénomène seproduit, mais pas forcément pourquoi.De la salleAristote considère qu’il faut un moteur pour assurer la conservation <strong>de</strong> l’énergie. DESCARTESaffirmera ensuite que Dieu garantit la conservation du mouvement. Nos intervenants, pour leur part,appliquent-ils le principe <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> l’énergie <strong>de</strong> CARNOT ou le mythe <strong>de</strong> l’éternel retourselon lequel l’univers ne cesserait <strong>de</strong> se dilater, puis <strong>de</strong> se contracter ?André BRAHICJe critique Platon sur un point : pour lui, la pensée pure domine sur l’observation. Or lesfondamentalismes religieux, nazis ou communistes sont basés sur cette absence <strong>de</strong> confrontationentre la théorie et la réalité.Aristote, pour sa part, considère que la Terre est immobile pour <strong>de</strong>ux raisons : parce qu’il ne voit pas les étoiles défiler dans le ciel ; parce que les animaux volants parviennent à retrouver leur logis après s’être envolés dansle ciel.Par leur autorité, Platon et Aristote ont imposé pour plusieurs siècles ces idées qui n’étaient pas <strong>de</strong>nature à faire progresser la science.En ce qui concerne la conservation <strong>de</strong> l’énergie, la physique est faite d’expériences à partir<strong>de</strong>squelles <strong>de</strong>s principes et <strong>de</strong>s lois sont tirés. Ce sont <strong>de</strong>s observations qui ont permis <strong>de</strong> calculer lavitesse <strong>de</strong> la lumière. De la même manière, la conservation <strong>de</strong> l’énergie est un outil avec lequelnous décrivons ce que nous pensons voir <strong>de</strong> l’univers.22
Rencontres sur les Origines <strong>Samedi</strong> 1 er octobre 2011Marc LACHIÈZE-REYChaque branche <strong>de</strong> la physique utilise <strong>de</strong>s concepts utilitaires différents. Le concept d’énergies’applique en mécanique et en thermodynamique mais pas en relativité. En effet, la notion d’énergieest liée au temps et le temps n’existe pas dans le paradigme <strong>de</strong> la relativité.En revanche, en relativité, il existe une notion d’espace-temps, et donc une notion analogue à lanotion d’énergie, dénommée tenseur d’énergie-impulsion. La conservation <strong>de</strong> l’énergie, un principevalable en mécanique et en thermodynamique, <strong>de</strong>vient en relativité la conservation du tenseurd’énergie-impulsion.Dans un souci d’utilisation du langage commun, les relativistes et les cosmologistes ont retraduitcertains phénomènes cosmologiques en termes d’énergie. Cependant, il est difficile <strong>de</strong> définir lanotion d’énergie en cosmologie. Celle-ci a donc été définie par sa propriété fondamentale qui estd’être conservée, qu’elle soit dans un état mécanique, thermique etc.La somme <strong>de</strong> l’énergie présente dans l’ensemble <strong>de</strong> l’univers est égale à zéro. En effet, il existe uneénergie <strong>de</strong> la matière ainsi qu’un rayonnement, tous <strong>de</strong>ux décomptés en positif, mais aussi lacourbure <strong>de</strong> l’espace-temps, c'est-à-dire une énergie négative en cosmologie. Ce sont d’ailleurs cescalculs qui ont découlé, il y a une dizaine d’années, sur l’idée selon laquelle l’univers aurait été créé<strong>de</strong>puis le néant.De la salleL’homme est limité par les limites <strong>de</strong> son propre cerveau et <strong>de</strong> sa raison. La raison étant une donnée<strong>de</strong> l’univers, il faudrait se trouver à l’extérieur <strong>de</strong> la raison pour envisager l’univers.Par ailleurs, quel est le rôle <strong>de</strong>s astrophysiciens ? Il serait utile que ceux-ci interviennent en certainslieux où <strong>de</strong>s hommes s’approprient la terre en avançant <strong>de</strong>s motifs religieux. Dieu n’est pas unnotaire ; il est une hypothèse non corroborée par les données <strong>de</strong> l’astrophysique.Enfin, la vocation d’Ezéchiel <strong>de</strong> la Bible pourrait être comparée à l’arrivée <strong>de</strong> cosmonautes surterre. Nous pourrions imaginer que ces cosmonautes sont nos <strong>de</strong>scendants qui, voyageant plus viteque la lumière, se seraient rendus auprès <strong>de</strong> nos ancêtres.Marc LACHIÈZE-REYEn étudiant <strong>de</strong>s arrivées supposées d’extraterrestres, j’ai constaté que les récits d’OVNIcontemporains sont très similaires aux récits d’apparitions d’anges ou <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Jacob. Cephénomène est normal car le même imaginaire est à l’œuvre dans ces différentes <strong>de</strong>scriptions.S’agissant <strong>de</strong> la raison, les tentatives <strong>de</strong> codification <strong>de</strong>s mathématiques se sont heurtées à <strong>de</strong>séléments indécidables. En cherchant à pousser la raison jusqu’à l’extrême, la logique intuitionnistes’est manifestée : les parties prenantes ont découvert <strong>de</strong>s éléments ne pouvant ni être démontrés, niêtre démentis. La raison n’est donc pas un concept aussi simple qu’il n’y paraît, et elle necorrespond pas exactement à la logique.23