Programme saison vidéo 2005

Programme saison vidéo 2005 Programme saison vidéo 2005

saisonvideo.com
from saisonvideo.com More from this publisher

E d i t o r i a lLa Saison Vidéo est un pont entre d’une part des œuvres connues etrépertoriées du cinéma expérimental - que son public, toujoursmouvant, d’étudiants en formation ou de nouveaux curieux ne cessede découvrir - et d’autre part des œuvres émergentes. Tout untravail de prospection en amont est suivi en aval d’un travail demise en vue (production de programmations, organisation d’expositionset de rencontres avec des artistes), et d’une ligne éditoriale.Un soin particulier est accordé à la présentation écrite et visuelledes films. La rédaction de textes et d’entretiens est encouragée parles demandes accrues de nos publics. L’édition Saison Vidéo n’estpas simplement un programme c’est aussi une approche très particulièredes œuvres présentées.Cette année l’entretien est consacré à l’élaboration des films dujeune artiste Rémy Marlot ; un travail à découvrir. Celui-ci insistesur la spontanéité de ses prises de vues qui après un montage étudiéscandent de possibles fictions. Une nouvelle rubrique met en avantun premier film, celui d’Aymeric Delhay encore étudiant à l’Ecoledes Beaux-Arts de Valenciennes, à propros de Nous l’avons oublié,un film réalisé à la suite d’un séjour cette année à Sarajevo. Ce filmest présenté à Calais. Tandis que La <strong>saison</strong> Vidéo propose à BénédicteFouque et Perrine Butz, étudiantes à l’Ecole des Beaux-Arts deDunkerque de se livrer à l’exercice d’une première exposition à Lille.Comme chaque année des artistes rencontrent des publics. BertrandGadenne expose ses animaux fabuleux à Arras et en débat. SophieLoret-Naumovitz interroge la diffusion télévisuelle et la notion demontage à Roubaix. Thierry Verbeke présente à Lille sa résidence enSuisse et Olivier Bosson son DVD et dispositif interactif, à Arras.Cette année, La Saison Vidéo permet de découvrir à Lille et àtravers un programme, un point de vue de la création anglaise avecnotamment les films de Peter Atha, Paddy Kernohan, AikateraniGesisian, Daniel Gosling, Mark Aerial Waller. Paddy Kernohan présentepar ailleurs une installation en vitrine à Solre le Château.A l’occasion de son exposition, Olga, Olga, Helena, un film réalisé àSaint Petersbourg, Eléonore de Montesquiou propose à Roubaix unesélection de films russes, estoniens et français de Killu Sukmit etMari Laanemets, Sergei Loznitsa, Alina Rudnitskaya, Olga Kisseleva,Clarisse Hahn, Jeanne Susplugas, Anne Penders. Ces films étayentses réflexions sur de nouvelles formes de narration.Enfin pour clore cette rapide lecture, de nouveaux programmess’égrènent dans l’ensemble de la Région : La quintessence de lacouleur, La couleur au cinéma (Stan Brakhage, Rose Lowder, MalcomLe Grice…) au Cateau Cambrésis ; Des instants tremblants, dans lesquelspeuvent se jouer de possibles drames (Jocelyn le Creurer,Frédérique Lecerf, Axelle Rioult, Anthony Coursier, Rémy Marlot,Eléonore de Montesquiou) à Arras, L’Axe du mal et l’après 11 septembre2001 (Bertrand Planes, Jean Marc Munerelle, HikaruMiyakawa, Judith Josso, Mounir Fatmi, Thierry Verbeke, PascalLièvre) à Lille. Itinéraires privés, visions de villes identifiables ounon, à proximité ou aux destinations lointaines et exotiques, mégapolesou bourgades (Gilles Balmet, Thierry Bernard-Dumaz, BenoîtBroisat, Rémy Marlot, Aymeric Delhay, Eléonore de Montesquiou) àCalais assorti d’un programme historique Un certain esprit du temps(Len lye, Eugène Deslaw, Germaine Dulac, Jean Cocteau).Des œuvres reconnues donc et d’autres à connaître.Mo Gourmelon1


JEUDI 3 FEVRIER <strong>2005</strong> A 20 H 30. LILLE, CENTRE D’ARTS PLASTIQUES ET VISUELS.4 RUE DES SARRAZINS – 59000 LILLE – 03 20 54 71 84L’ A X E D U M A L“DIABOLIQUE”, “GUERRE SAINTE”, “CROISADE”, “BIEN ET MAL” - QUAND LE BEBE ME DEMANDERA SI DIEU EXISTE, JE LUI REPONDRAI QUE J’ESPERE QUE NON”.LE BEBE DE MARIE DARRIEUSSECQDANS CE PROGRAMME, DES ARTISTES ONT REAGI AUX EVENEMENTS DU 11 SEPTEMBRE 2001, LES ONT “INGURGITE” EN S’APPROPRIANT LES IMAGES OULES COMMENTAIRES DIFFUSES EN CONTINU PAR LES MEDIAS. LES REPRESAILLES DE LA GUERRE EN IRAK ONT TOUT AUTANT MARQUE LES ESPRITS.2Bertrand PlanesSans titre2001, 4 mnDétournement exalté et ambigu des images télévisuelles del’effroyable destruction des Twin Towers le 11 septembre 2001.Où se trouve celui qui voit et que voit-il ?“Je rends visite à ma meilleure amie. Depuis que sa fille est née ily a quelques semaines, la télé est toujours allumée. Les femmes aufoyer, les oisifs, les dépressifs, les journalistes et les courtiers enbourse, vont être les premiers à voir ce que nous voyons. Un avions’encastre dans le World Trade Center. Des gens sautent par lesfenêtres. Le Pentagone est en flammes. Les tours s’effondrent”.Le Bébé de Marie DarrieussecqJean Marc MunerelleWorld Trauma Channel2002, 2 mn 30Le 11 septembre a bouleversé en un après-midi le rapport des occidentauxau monde. L’omniprésence des médias dans les lieux privés,dans l’intimité des individus, m’a intéressé. J’ai fait ce filmlorsqu’un ami a pleuré en regardant la télévision. La relation quidans un film lie l’image et le son est primordiale. Si métaphoriquementil existe dans un film un espace pour le spectateur, c’estentre l’image et le son. Le son synchrone et asynchrone ne parlentpas à la même chose. Le son synchrone s’adresse à la pensée, dansla logique d’un film linéaire, une histoire écrite. Le son asynchroneparle aux organes. Les viscères, les poumons, ou le cœur. Le filmest alors une expérience physiologique. Une voix off est au cinémaquasi systématiquement un journal intime : le cœur.Jean Marc Munerelle


Hikaru MiyakawaOrigami2002, 2 mnIl y aurait deux manières d’évoquer Origami, soit le décrire platementau risque d’en réduire la dimension poétique soit en saisird’emblée toute la force et la portée de cette action universellementexpérimentée. Dans ce cas l’image dépasse les mots. Uneinterpellation dans la rue, l’invitation à un rituel japonais, d’aprèsl’artiste. Un geste anodin en apparence qui, dans ce contexte etdans nos mémoires collectives ne peut plus l’être.Judith JossoPremière reconnaissance2002, 15 mnLe film a été réalisé sur plusieurs années, par couches successives. Letexte a été écrit début 1999, puis laissé de côté. Fin de cettemême année, les enregistrements systématiques des informationset des documentaires sur la seconde guerre mondiale ont débuté.Les images accumulées étaient souvent d’une extrême violence.Puis il y a eu le 11 septembre 2001. Comme beaucoup d’artistes àce moment-là je veux réagir, prendre la parole, dire l’effroi, nommerl’horreur. Je réunis alors mon texte et certaines images de guerres,de génocides, de camps, très précisément sélectionnées et recadréespuis montées et aussi des images personnelles. Mais après detrès longues réflexions, je refuse catégoriquement de faire mentionde ce terrible attentat à New York. Je ne peux pas parler decet acte sans nommer ces gens qui sont sous ces tonnes de béton.Judith Josso3


Mounir FatmiThérapie de groupe (Group therapy)2002-2003, 18 mn 40La vidéo présente des images de manifestations contre des causespolitiques qui concernent majoritairement les pays arabes. Laguerre du Golfe, l’occupation de la Palestine, l’embargo, la guerred’Afghanistan poussent les populations à sortir dans les rues. Cesimages sont celles de regroupements filmés, au Maroc et en Franceentre 1998 et 2003 ou directement captées sur des écrans de télévision,avec cette idée qu’elles peuvent être comprises comme uneforme de thérapie. Intégré dans le groupe, l’individu réussit àexprimer sa désapprobation, à hurler sa haine ; la force et l’euphoriedu groupe vont jusqu’à le pousser à piétiner, brûler des drapeauxet des effigies de personnalités politiques. Tous ces actesfortement symboliques mis en scène par la foule s’apparentent auxpratiques psychothérapeutiques de groupe où par exemple les participantsfrappent sur un coussin qui symbolise l’objet de leurcolère et de leur souffrance. Ainsi la manifestation peut fonctionnercomme une thérapie lorsque les individus parviennent à dépasserleur blocage grâce au soutien et à la complicité du cercle desmanifestants.Mounir FatmiThierry VerbekeModified Vehicle2003, 2 mn 23Modified Vehicle s’inspire des preuves présentées à l’ONU par ColinPowell dans le cadre de la recherche d’armes de destruction massiveen Irak. Elle porte une réflexion sur les différentes formes de propagandedéguisée couramment utilisée par le gouvernement américaindans une démarche récurrente de désinformation organisée.Thierry VerbekeJESSICA LYNCH RESCUE2004, 2 mnInitialement réalisée par internet, cette vidéo est le résultat dumixage d’éléments faisant référence à des images d’actualité, (lesauvetage en Irak du soldat Lynch) avec d’autres éléments appartenantau registre de la fiction. Elle met en lumière la confusiondes genres pratiquée par les médias.Thierry Verbeke4


Pascal LièvreL’axe du mal2003, 5 mn 30Le 31 janvier 2002, un texte de Georges W. Bush est publié dans Le Monde.J’ai été marqué - comme beaucoup - par le texte de Bush qui redéfinissait le territoiremondial selon deux pôles théologiques : le Bien et le Mal. J’ai choisi d’y associer la musiquede Jermaine Jackson et Pia Zadora et je me suis dit qu’il serait intéressant de traiter lediscours de Bush comme une déclaration d’amour. J’ai alors réalisé cette vidéo à la manièred’un clip où l’on voit un couple d’amoureux dans un lieu touristique. J’ai pris les chutesdu Niagara comme decorum et symbole. Sur les images de ma vidéo, on voit toujours leschutes de loin car, ce qui m’amuse, c’est qu’elles servent en fait de prétexte auxenseignes publicitaires qui clignotent tout autour. En fréquentant les artistes, critiquesd’art ou commissaires d’exposition, on s’aperçoit à quel point les influences et les choixsont éclatés. L’amateur d’aujourd’hui, même éclairé, se trouve dans un excitant embarras...Il échoue à vouloir se représenter une scène artistique qui manie de multiples référenceset jeux de langages, et où toute entreprise de classification s’avère périlleuse,inadéquate. C’est un déroutant plaisir de vivre dans ce chaos culturel généralisé.Pascal Lièvre5


JEUDI 3 FEVRIER A 20 H 30. ARRAS, CENTRE CULTUREL NOROIT.6 RUE DES CAPUCINS – 62000 ARRAS – 03 21 71 30 12B E RT R A N D G A D E N N ERENCONTRE AVEC L’ARTISTELE MONDE EN BOUCLECONFERENCE DE BERTRAND GADENNE ET PRESENTATION DE PLUSIEURS DISPOSITIFSDE PROJECTION MIS EN SITUATION DANS LA SALLE D’EXPOSITION :LES PAPILLONS, 1988LE HIBOU, 2001LE SOUFFLEUR DE BULLE, 2003LA ROUE, 20046Bertrand Gadenne a débuté son travail d’artiste à la fin des années70 par son engagement dans le domaine du cinéma expérimentalavec la présentation d’installations de films Super-8 montés enboucle qui questionnaient la spécificité du médium cinématographique,l’espace de monstration et notre rapport au monde :Images infinies, 1979, Images en équilibre, 1980, La Roue, 1980,Image en forme de spirale, 1980, Image brisée, 1980, D’une feuilleà l’autre, 1981, Feuillage, 1982, Jets d’eau, 1982.À partir de 1983, il a développé un travail de création de dispositifsde projection de diapositive tout en explorant les grandes catégoriesde la représentation du monde naturel (l’humain, l’animal, levégétal, le minéral) en retenant des exemples emblématiques,fragments prélevés dans le continuum du réel. Ses dispositifs quidonnent naissance à des images immatérielles prennent en compteles éléments constituants la projection jusqu’à la matérialité duprojecteur (poids, chaleur, lumière, ventilation). La liberté quel’artiste a su donner à l’écran qui recueille l’image projetée peutêtre matérialisé par la main du visiteur, un papier de soie vibratile,la découpe en suspension d’un écran, la rotation d’un fil, la surfaced’une architecture. L’art de Bertrand Gadenne crée par ces moyensinsolites un émerveillement qui engage le regardeur dans uneréflexion sur l’expérience du temps : l’impermanence de l’être, lacaducité des choses, l’apparition et l’évanouissement de l’image. Ila également apporté sa contribution à l’analyse des modalités decette représentation où chaque élément est pris en compte et où leregardeur-spectateur qui visite ses expositions assume pleinementson rôle de faiseur de tableau : La Vigne vierge, 1983, Les Papillons,1988, Le Pendule, 1992, Les Pierres tournantes, 1993, La Feuille,1994, La Tête, 1997, La Chouette, 1998.


Depuis 1999, il utilise le principe de la projection vidéo afin d’affirmerla prise en compte de l’apparition fictionnelle de l’image en fonctiondes lieux d’expositions et l’investissement de l’espace public quidevient le théâtre d’étranges apparitions nocturnes. Ainsi plus d’unpassant déambulant dans les rues a dû sursauter d’effroi ou de fascinationà la vue d’un rat blanc venant du fond d’une vitrine et s’agrandissantdémesurément pour atteindre l’écran de la vitre, y appuyer lespattes de devant et s’en retourner d’où il était venu. Mais aussi pourle visiteur qui visite les sous-sols obscurcis d’une vénérable institutionet qui se trouve plongé dans une soute à fiction. On est ici proche desdérives surréalistes, dans l’errance urbaine et architecturale où l’apparitiondevient une construction mentale, une matière à réflexion.Cette déambulation dans et hors les murs, ces amorces de récits impliquentdes pensées ambivalentes entre humour et répulsion, fascinationet horreur, révélation et désastre. C’est aussi une réflexion sur lesmodes et les moyens de la représentation, sur l’insondable complexitédes êtres.Aucune rupture fondamentale avec l’utilisation de la vidéo, mais lechoix d’affirmer certaines directions entrevues dans les projectionsphotographiques. Bertrand Gadenne travaille sur la notion d’éphémère,de passage et d’effondrement. Car les œuvres n’échappent pasau processus d’altération et d’effacement. L’histoire de l’art serait laculture et le maintien en équilibre de ces vanités : Pour la nuit, 1999,Illuminations, 2000, l’Eau, 2001, Le Feuillage, 2002, Le Nuage, 2003,L’orage, 2003.Une rencontre en présence de Bertrand Gadenne avec les élèves et lesenseignants du Lycée Gambetta d’Arras est organisée au centre culturelNoroit par Gérard Viart (Professeur Agrégé d’Arts Plastiques).7


LUNDI 21 FEVRIER <strong>2005</strong> A 11 H. ROUBAIX, LYCEE JEAN ROSTAND, BATIMENT AUDIOVISUEL.361 GRANDE RUE – 59100 ROUBAIX – 03 20 66 46 93S O P H I E L O R E T- N A U M O V I T ZRENCONTRE AVEC L’ARTISTEVT3 – Video Transmission 32000, 17 mnSophie Loret-Naumovitz a réalisé VT3 - Video Transmission 3 à partird’une expérience professionnelle personnelle particulièrement éprouvante.Cette vidéo utilise des images et technologies couramment utilisées parles sociétés et entreprises de retransmission d’images télévisuelles.Dans un de ces nodals de diffusion, en Ecosse (VT3), une technicienne quireçoit et transmet ces images de news internationales se heurte à la violencedes images et au sens de son travail. Lentement, et de manièreimplacable, la narratrice tout en racontant sa propre histoire, décrit lesdérèglements psychiques produits par ce métier. Seule, face à un murd’écrans vidéo, la narratrice passe des journées entières à envoyer desimages au quatre coins du monde, répondant dans l’instant aux sollicitationsdes sociétés audiovisuelles toujours plus pressantes. Le stress et latension vont peu à peu provoquer des visions et attitudes proches del’hallucination. Le déferlement des images est tel que la confusion mentales’installe très rapidement dans ce chaos médiatique.VT3 - Video Transmission 3 est servie par une très belle bande-son signéeDenis Lefdup.8


MARDI 22 FEVRIER <strong>2005</strong> A 18 H 30. LILLE, ARTCONNEXION.10 – 12 RUE DU PRIEZ – 59800 LILLE – 03 20 21 10 51THIERRY VERBEKERENCONTRE AVEC L’ARTISTELes premières images de Switzerland is dangerous nous installent enterrain connu. On pense immédiatement savoir à quoi elles font référence.L’image hyper codifiée d’un caméraman qui rampe caméra aupoing nous renvoie évidemment à un contenu de type guerrier.En toute logique, le suspense qui nous tient en haleine doit trouver sondénouement lors des derniers instants de la vidéo. On peut, cependant,se demander ce qui force le protagoniste à ramper, les quatrepremières minutes n’étant émaillées que de micro-événements (arrêtpour reprendre son souffle, gros plan sur des mauvaises herbes, passaged’avion...). Ces micro-événements nous mettent sur la piste d’undénouement qui n’en est pas un. Tout au plus, peut-on déceler mescraintes envers une identité nationale revendiquée selon moi defaçon excessive.Thierry VerbekeCette vidéo réalisée en juillet 2004 à Genève, le jour de la fête nationalesuisse, est le résultat d’une résidence organisée par artconnexion (Lille),le Fonds Cantonal d’arts visuels (Genève) et l’AFAA-LMCU.10


MERCREDI 2 MARS <strong>2005</strong> A 16 H 30. CALAIS, MUSEE DES BEAUX-ARTS ET DE LA DENTELLE.25 RUE RICHELIEU - 62100 CALAIS – 03 21 46 48 40ITINERAIRES PRIVESDES ITINENAIRES TOUS PARTICULIERS. UNE PROMENADE, LENTE ET SILENCIEUSESOUS LA NEIGE. L’AFFAIREMENT DES GRANDES METROPOLES ET DES SAISIES FUR-TIVES DE FIGURES NONCHALANTES. L’EXPLORATION DE LA ZONE LIMITE ENTREVILLE ET CAMPAGNE. HANTER DES QUARTIERS DE MEGAPOLES ENDORMIS ETDESERTS. ENCERCLER LA VILLE OU ETRE ENCERCLEE PAR ELLE… PARCE QU’IL YA DIFFERENTES MANIERES ET AUTANT D’ARGUMENTS POUR ARPENTER LES VILLES :LA VILLE DE SON ENFANCE, SA VILLE DE RESIDENCE, DES DESTINATIONSFANTASTIQUES...Gilles BalmetEcole dauphinoise2003, 7 mn 30Un court voyage en train, de la gare de Grenoble jusqu’à un arrêtde campagne. Cette traversée de zones industrielles évolue vers unpaysage de plus en plus proche de la nature. Le titre de la vidéoest un hommage à cette école du paysage dauphinois du dixneuvièmesiècle, à la recherche du “coin à peindre”, du moindrebranchage chargé d’émotion et d’une certaine pureté face à l’industrialisationcroissante. On perçoit ici l’ironie du titre lorsquel’on voit ces images de zones péri-urbaines très marquées par leséléments du paysage industriel. L’impact des images est renforcépar une musique composée par Benoît Broisat en 1999.Gilles Balmet11


Thierry Bernard-DumazArchigames2003, 13 mnTraversées de paysages urbains nocturnes et déserts. Un footballeraméricain et un skateboarder dans la solitude de leurs explorationszèbrent inopinément l’espace et redonnent un rythme, une respirationà la ville endormie. Ils entrent dans le cadre, surgissent etdisparaissent comme autant de traits d’union entre deux métropoles.Parcours de glisse immiscés entre la prégnance des architecturescontemporaines et les éclairages qui dessinent ces villes etles font résonner de l’une à l’autre.12Benoît BroisatBonneville2004, 12 mnBonneville est le nom de ma ville natale où j’ai vécu mes annéesd’enfance et d’adolescence. C’était mon présent pendant toutesces années, et j’assimilais sans mal les lieux où je vivais au réel,tout entier et dans toute sa complexité. Aujourd’hui Bonnevillen’existe plus, pour moi, dans ma mémoire, où la solidité d’unesensation inscrite dans la durée a laissé la place à un ensembled’empreintes assez vagues, de signes lentement vidés de leursréférents. Le projet Bonneville peut être lu comme une mise enimage de ma mémoire, et comme une tentative de restituer unrapport sensible aux souvenirs des espaces et des lieux. Même sil’ordinateur a été utilisé pour la dernière étape de la réalisationde la vidéo, c’est à travers le dessin qu’elle s’est construite, et parun important travail d’inventaire des multiples formes et objetsqui peuplent ma mémoire.Benoît Broisat


Rémy MarlotAround Home2003, 7 mn 44La dureté de la ville dans ce qu’elle a de plus urbain est balayéed’un mouvement panoramique circulaire en noir et blanc. Desimmeubles d’où surplombent les sigles des compagnies internationaless’imposent, incontournables, et barrent toute tentatived’échappée dans le paysage alentour. Cependant, leur définition àl’image est parfois proche de la désintégration, de la dissolution,tandis qu’en contrepoint des branches d’arbres roses s’affichentnettement. Mais bien davantage la voix qui interprète la cinquièmeBachiana Brasileira de Heitor Villa-Lobos épanche le leitmotivd’une charge émotionnelle résurgente.Aymeric DelhayNous l’avons oublié2004, 9 mn 50Cette vidéo a été réalisée suite à un voyage à Sarajevo entrefévrier et mars 2004, d’après une sélection de 40 photos numériques.La bande sonore a été élaborée à partir de l’enregistrementdu chant des mosquées depuis les collines de la ville. Seulessont sélectionnées les photos dans lesquelles Sarajevo apparaîtsous la neige et pour certaines d’entre elles fondues dans unebrume blanchâtre. D’autres sont légèrement inclinées. Terrain glissant,toujours fuyant, plongé dans une torpeur glacée. Un masquede blanche neutralité voile une ville meurtrie où les rancœurs sontencore tenaces. Là-bas, ici aussi, on ne parle plus de la guerre, onl’évite ; pourtant c’est le souvenir de l’horreur qui transpire partout.Aymeric Delhay13


Eléonore de MontesquiouDelta2004, 20 mn 10Un voyage fantastique, on arrive en avion dans un lieu indéterminé,on court, on court, la ville, des rencontres plus intimes, une fillettedanse, des hommes jouent aux boules, d’autres sont groupés sur unrond-point et se battent ou jouent, un jongleur de feu, et la foliede la ville de nouveau, le trafic intense, la fête, et basculer dansun rêve éblouissant, un baiser, un cheval blanc, une funambule,avant de repartir.Eléonore de Montesquiou14


11 MARS - 15 AVRIL <strong>2005</strong>. LIEVIN, ARC EN CIEL.PLACE GAMBETTA - 62800 LIEVIN – 03 21 44 85 10 - www.arcenciel-lievin.frE X P O S I T I O NPIERRICK SORINEXPOSITION : DU MARDI AU VENDREDI DE 14 H A 18 H 30Pierrick Sorin réalise des autofilmages à partir de 1987, véritablesautoportraits cinématographiques théâtralisés. Seul sous l’uniqueregard d’une caméra Super 8, il dévoile des instants, parfois trèsintimes, de sa vie, sous forme de petits récits faussements naïfs etparticulièrement ironiques où humour et gravité font bon ménage.En 1989, il se tourne vers la vidéo et réalise des installations àcaractère narratif. Parallèlement il crée des dispositifs-pièges où,au moyen de caméras cachées, il implique l’image même du spectateurdans des situations drôles et provocatrices.Dès 1995, il expérimente une autre piste en créant des petits spectaclespseudo-holographiques. Avec des moyens rudimentaires, ilfait évoluer des personnages filmés parmi des objets réels. Lamagie visuelle s’ajoute au comique.Exposition organisée par l’Arc en Ciel, en collaboration avec la Mac(Sallaumines) et la galerie Rabouan Moussion, Paris.Ces expériences diverses auxquelles on peut ajouter Nantes, projetd’Artistes avec son traitement numérique de l’image, sont traverséespar des thèmes récurrents. En particulier ce doute absolu surla valeur des objets artistiques. L’enfermement insoluble dans desproblèmes existentiels et le repli sur soi qui conduit jusqu’audédoublement de la personnalité comptent aussi parmi les idéesqui fondent son travail.15


12 – 19 MARS <strong>2005</strong>. SOLRE LE CHATEAU, VITRINE PAULIN.2 RUE DE BEAUMONT 59740 – SOLRE LE CHATEAUE X P O S I T I O N16PADDY KERNOHANOWL’S MOON (PORTRAIT OF AN ARTIST)L’installation est une réponse au film Rabbit’s Moon de KennethAnger et au livre de James Joyce A Portrait of the Artist as a YoungMan. A l’origine, la vidéo était présentée sur un téléviseur au formatd’un portrait avec un hibou empaillé. La succession des visages declowns correspond à leur hiérarchie : Clown Blanc, Auguste, et Hobo.Le Clown Blanc se situant en haut de la hiérarchie et le Hobo en bas.Paddy KernohanOn peut se poser des questions à propos de l’installation Owl’s moon(portrait of an artist)/La lune du hibou (portrait d’un artiste). Uneimage se fait, se défait et ne cessera d’interpeller. Un visage estsaisi en gros plan. L’artiste est allongé, son image redressée par l’effetdu filmage, occupe tout l’écran de gauche à droite sur un fond noir.Une disposition et une mise au point définitivement établie tout aulong des quarante deux minutes du film. Progressivement, des mainsextérieures au cadre et sans visage lui appliquent une matière préparéepour l’occasion : trop épaisse pour être du maquillage, tropcolorée pour appartenir au registre de la gastronomie ou de la pâtisserie.Cette crème écoulée dispendieusement, frise la mélasse. Peuà peu, ce grimage s’avère de plus en plus envahissant, tout autantqu’avilissant. La transformation se constitue sous nos yeux et nousassistons à une défiguration. Cette matière mousseuse est tropépaisse pour lisser, trop colorée pour transfigurer. Le fond est uniformeet les orifices sensoriels bouche, nez, yeux, rehaussés de couleursvives sont avant tout ensevelis. L’artiste atteint un point limitede respiration, de déglutition. Ses sens annihilés, le noir tombe. A saréapparition, le visage est délivré et indemne et une nouvelle opérationde recouvrement s’enclenche. Paddy Kernohan travaille donc,à partir de l’étalement d’une substance, l’élaboration d’une imagegrotesque : un portrait d’artiste. Se construit peu à peu, sous nosyeux, l’image du clown, même pas celle du clown triste mais d’untriste clown. Destitué du rôle de faire rire, de sa légèreté, il estpathétique et pitoyable. Malgré la truculence des couleurs, c’est unétat d’inertie, d’abandon, de renoncement, d’impuissance qui estjoué. Un maquillage qui aurait coulé dans la représentation d’un“peu importe”, d’un “à quoi bon”. Une figure de la pensée dépressivese profile qui s’ajoutera à celles véhiculées par les Clowns deBruce Nauman, Paul MacCarthy, Mike Kelley, Ugo Rondidone… C’estun engourdissement qui nous percute, le reniement à l’image autosubliméede l’artiste maître du jeu. La vision du visage de l’artisteallongé est tout l’inverse d’une phase de méditation, de considérationde soi, de concentration. La destinée de l’artiste lui échappejusqu’à la perte de l’usage de ses sens.Dans son expression dénudée au début du film et entre chaqueséquence, il est davantage question de résignation que de plaisir,d’abnégation, de renoncement, de déréliction.Paddy Kernohan est anglais et vit près de Brighton. Ses installationsimpliquent la résistance de son propre corps. Son film Boundary/agency,2002, est présenté dans le programme POINT OF VIEW p.25Exposition visible uniquement de la rue et organisée en collaborationavec Cent lieux d’art, 7 hameau d’Offies 59216 DIMONT. 03 27 61 66 19,centlieuxdart@wanadoo.fr


15 - 26 MARS <strong>2005</strong>. ROUBAIX, ESPACE CROISE.GRAND PLACE. 59100 ROUBAIX. 03 20 66 46 93 - www.espacecroise.comIDEAL # 07DIFFUSION : DU MARDI AU SAMEDI DE 14 H A 18 H18CETTE ANNEE, IDEAL MET EN VIS A VIS DEUX FILMS QUI, CHACUNA LEUR MANIERE, REVISITENT UN PASSE. LE PASSE D’UNE VILLEDETRUITE, BEYROUTH, BOUSCULEE PAR SA RECONSTRUCTION,ET LE PASSE D’UN ETABLISSEMENT DESAMORCE : LA COLONIE.Serge Le SquerPas à pas, les arpenteurs2003, 25 mnDans un cinéma détruit et abandonné depuis la guerre, deux arpenteursprennent des mesures à l’aide d’un décamètre. A l’extérieur,la ville se reconstruit en effaçant les traces visibles de la guerre eten faisant ressurgir les ruines d’un passé antique pour mieuxoublier le passé récent des luttes fratricides. Bâtiments détruits,ruines archéologiques, constructions postmodernes, déchets triéset recyclés, immeubles en construction abandonnés. La scène està Beyrouth. La structure même du montage met en jeu cette dialectiquede la construction/ruine où le passé et le présent setélescopent.Serge Le SquerLe phare2004, 8 mnLa nuit, un projecteur éclaire par un mouvement circulaire desfaçades d’immeubles.


Vincent RouxLa Colonie2004, 26 mn“A la colonie, pas plus qu’à la centrale, le mot malfaiteur n’a plusde sens qui le prononcera se rendra ridicule”, cette phrase estarticulée au milieu du film, dans un couloir vide et désaffectéentre une cellule blanche où traîne au sol un cercueil et l’obscuritéd’une autre avec l’échappée d’un ciel bleu où lentements’étiole un nuage… De belles images comme sait en produireVincent Roux, en contraste poignant avec l’histoire évoquée de cetétablissement visité.Nous avons pénétré lentement dans une maison de redressement.Une approche extérieure campé dans un environnement bucolique,un édifice imposant livré en une suite de plans fixes… Toutes cesprises de vues lentes et progressives ont fiché le décor. Mais ici ettrès vite Colonie ne rime pas avec vacances mais avec pénitentiaire.La désertion du lieu et la découverte graduelle de son délabrementplombent étrangement la lecture de son histoire passée que nousprofile Vincent Roux. Il existe des lieux définitivement marqués parleur histoire comme les bagnes coloniaux de l’Ile du Salut ou del’Ile au Diable, par exemple, au large de Cayenne. Cependant, lanature a partout repris ses droits avec la luxuriance de végétationset l’entortillement de racines capables d’ensevelir l’insalubritédes anciens cachots. Seule l’histoire des délits, sévices et autressouffrances est transmise à travers les graphitis, récits d’anciensbagnards, dont celui d’Henri Charrière plus connu sous le nom dePapillon. La Colonie fait partie de ces lieux-là et se maintient dansun entre-deux.Ici, la voix sonne comme un témoignage direct, un éventuel commentairedes images capturées. Cependant, la diction est hachée etparfois hésitante comme le déchiffrement mal assuré d’un texte.Les paroles d’un registre littéraire s’accordent mal avec le manqued’éducation et de maturité que l’on imagine aux jeunes colons.Ce décalage est d’autant plus troublant que ce qui est dit entre enrésonance avec ce qui est vu ; comme ces feuilles mortes amassées auseuil d’une porte… On apprend au générique qu’il s’agit d’extraitsde textes. Le miracle de la rose, de Jean Genet, Les enfants dubagne de Marie Rouanet et Le groupe d’information sur les prisonsont été partiellement lus.19


F o c u sSERGE LE SQUERPAS A PAS, LES ARPENTEURS20Pas à pas, les arpenteurs est un film construit par strates. Il faudraitlui transposer la sentence du Voyage vertical d’Enrique Vila-Matas :“Ecrire signifie transformer la vie en passé, c’est-à-dire vieillir”.Filmer consisterait à transformer la vie en passé. Que signifierait pourune ville de vieillir ? Dans ce film se noue et se dénoue l’entrelacementde temps écoulés. L’histoire récente de la destruction de la villeet de sa reconstruction où d’impitoyables constructions postmoderneset des décors peints masquent des zones encore sinistrées. La beautépassée ressurgit tour à tour mais abîmée et débordée par de nouvellesconstructions qui sauront-elles redonner de l’ardeur à cette ville ? Lemaniement délicat de la truelle prélevant des fragments archéologiquesdésaccorde le rythme rodé de tapis roulants le long desquelsdes mains affairées séparent les détritus… Le film est construit d’aprèsdes successions de plans contrastés. Des monticules de détritus, endébut de film, suivent la vision de pavements archéologiques préservés…Beyrouth détruite, Beyrouth en cours de reconstruction… Deux arpenteursprennent des mesures à l’intérieur d’un cinéma regorgeant degravats. Ils disposent d’un instrument désuet, un mètre, face à l’ampleurdes dégâts et à l’énergie nécessaire au déblayement. Dans cettepénombre, les deux hommes dépassés se déplacent lentement. A l’extérieur,et en pleine lumière face à la mer, ce sont des pelleteuses etdes camions qui s’activent, sur des sites grandioses de décharges.Zoom avant, tracté par le bruit des machines, la blancheur desimmeubles livre le grain de la pellicule. La ville est donnée par sesimmeubles éventrés ou en reconstruction et l’accumulationimpressionnante de déchets triés méthodiquement. Peu d’habitantssont croisés dans la ville. Les scènes de rue sont souvent desplaces vides, la circulation se déroule en silence. La bande sonoreest très contrastée comme la succession des plans. Elle enregistredes bruits de rue entrecoupés de silences insistants. Dès lors, lesvoix et les instruments des jeunes musiciens en répétition traduisentune envolée, un sautillement que ne portent pas précisémenttoutes les images. Nulles mieux que ces voix traduisent la


MERCREDI 16 MARS <strong>2005</strong> A 20 H. ARRAS, UNIVERSITE D’ARTOIS.9 RUE DU TEMPLE - 62000 ARRAS - 03 21 60 37 15OLIVIER BOSSONCOMPETENT DANS SA BRANCHEPERFORMANCE DE L’ARTISTEOlivier Bosson présente Compétent dans sa branche dans le cadre du festival Unthéâtre à l’Université, organisé par l’Université d’Artois et l’association Trame Ouest.Compétent dans sa branche est un album de vingt-sept morceaux de vidéos compiléssur DVD à consulter chez soi ou qui peut être aussi découvert sous forme d’installation.Les morceaux sont a priori indépendants ; mais des connexions et desintérêts communs se lisent indubitablement d’un film à l’autre : la formation desvilles (et notamment les parties les plus récentes : centres commerciaux, quartierspavillonnaires, parcs d’activités, voies express ; les hypermarchés, les entrepriseset la consommation du monde entier ; les appareils ménagers et les situationsménagères, la quotidienneté ; l’équipement, l’outillage, les ordinateurs, la technologiegrand public…Tout cela est argumenté d’histoire et de géographie ; de la diversité des langues etcelle plus réduite des langages dominants ; du besoin, du désir, de la satisfactionet de la production…Olivier Bosson a recours aux images fixes, à la vidéo et à diverses formes intermédiaires.Mais l’usage du film lui permet mieux que tout autre forme de mettre enrapport des éléments du monde les plus divers (son, image, écriture, chorégraphie,peinture, sport etc...)Avec Compétent dans sa branche, Olivier Bosson obtient ce qu’il cherche un maximumd’unité à partir d’un maximum de diversité.


28 MARS - 2 AVRIL <strong>2005</strong>. LILLE, MAISON FOLIE DE WAZEMMES.70 RUE DES SARRAZINS – 59000 LILLE – 03 20 53 24 84POPKULTURCLIPS EXPERIMENTAUX ALLEMANDS22CETTE PROGRAMMATION PROPOSE UN ENSEMBLE DE CLIPS MUSICAUX ALLEMANDS PRESENTES DANS UNE COMPETITIONSPECIFIQUE PAR LE FESTIVAL DU FILM D’OBERHAUSEN, ENTRE 1998 ET 2003. ORGANISE EN COLLABORATION AVECLES RENCONTRES AUDIOVISUELLES ET LE GOETHE INSTITUT DE LILLELes clips proposés appartiennent au mouvement underground et s’opposent au conformismedes vidéos diffusées à la télévision, produits souvent à gros budgets. Ils couvrentun éventail très large de formes diverses : clips “spectacles”, dont la vedette separodie elle-même, vidéos narratives qui décriptent des structures relationnelles complexes,ou encore des clips abstraits ou expérimentaux, véritables références auxavant-gardes allemandes des années vingt, de Hans Richter à Oskar Fischinger.- Michel Klöfkorn/Oliver Husain ; Star Escalator (Sensorama), 1998- D. Schamoni/U. Lindenmann ; Weil wir einverstanden sind (Die goldenen Zitronen), 1998- Rosa Barba/Herwig Weiser ; Distroia (Mouse on Mars), 1999- Sebastian Kaltmeyer ; Ping Pong (Compurterjokeys), 1999- Philipp Stölzl ; Viva la revolucion (Mr. X and Mr. Y), 1999- Tom Kimming ; Die Summe der einzelnen Teile (Kante), 2000- Daniela Sieling ; What is it with you (The Third Eye Foundation), 1999- Gonzales/Mocky ; The Worst MC (Gonzales), 2000- Graw Böckler ; Because (Ulf Lohmann), 2002- Detlef Weinrich ; La Casa (Kreidler), 2002- Deborah Schamoni/Ted Gaier ; Flimmern (Die Goldenen Zitronen), 2001- Tusia Beridze ; Game (Nika Machaidze), 2001- Lillevän ; IBM (Rechenzentrum), 2001- Anna Berger/Michel Klöfkorn ; Where the Rabbit sleeps (Sensorama), 2001- Sandeep Mehta ; It never was you (Thomas Brinkmann), 2003


28 MARS - 2 AVRIL <strong>2005</strong>. LILLE, MAISON FOLIE DE WAZEMMES.70 RUE DES SARRAZINS – 59000 LILLE – 03 20 53 24 84RETOUR SUR LE JAPONAPRES UNE THEMATIQUE EN 2004, LE FESTIVAL INTERNATIONAL DU COURTMETRAGE DE LILLE OFFRE UN RETOUR “DOCUMENTAIRE” SUR LA SOCIETEJAPONAISE, SA CULTURE, SA FA²ON DE VIVRE ET DE PENSER A TRAVERS TROISREGARDS DIFFERENTS. ORGANISE PAR LES RENCONTRES AUDIOVISUELLES.Patricia KajnarLes passagers1999, 26 mn.La narratrice prépare un film de fiction, pendant l’été 1998, àTokyo. En attendant l’argent, les acteurs, elle fait des images derepérages ; sans savoir si ces images feront ou non partie du film àvenir. Sommeil : à la fois métaphore de la distance qui nous sépareles uns des autres et de ce qui nous unit collectivement au devenirhumain, sans distinction de race et de culture.Patricia Kajnar, Les passagers, 1999Ryoko AramakiIn the strange garden2002, 43 mn.Un document égocentrique dans lequel la réalisatrice joue ellemêmeet révèle ses pensées à travers son mari. Les dialogues sontréalistes et basés sur de réelles conversations.Takako YabukiJapon : un pays lointain2004, 20 mn.Tournée en périphérie de Tokyo, cette vidéo rend compte de ce quiest un rejet des normes sociales japonaises. Le film s’attache àtracer, à travers un cas très particulier, un certain nombre d’axesde lecture sur la situation des femmes au Japon.23


31 MARS <strong>2005</strong> A 18 H. LILLE, LE 118, CEMEA.118 BOULEVARD DE LA LIBERTE – 59000 LILLE – 03 20 12 80 00POINT OF VIEWCE PROGRAMME EMANE D’UN REGARD PORTE SUR LA CREATION ARTISTIQUE ANGLAISE DANS LE CADRE D’UN PARTENARIAT INTITULE3 IN 1 (INTERREG III) ENTRE LA GALERIE FABRICA (BRIGHTON), L’ESPACE CROISE ET LE CEMEA. CE PROGRAMME NE REPOND AAUCUNE THEMATIQUE PARTICULIERE ET SE LIVRE A LA PROSPECTION, AU DESIR DE FAIRE VOIR.24Peter AthaPolice Targeting2002, 4 mn 15Police Targeting est un film documentant la performance menée par l’artistependant plus de trois semaines à Sydney en Australie. Le lieu de son interventions’attache aux panneaux de signalisation routière sur lesquels lesindications initiales sont détournées au profit de messages énigmatiquesdivulgués par l’artiste.Daisy2002, 2 mn 25Ce film se réfère aux violences domestiques anonymes et silencieuses. Une listede substantifs par différentes associations transforment les simples motsénoncés en maux. Les parties du corps : doigt, paume, poing, poignet sontaussi celles capables d’administrer des coups, quand l’amour tourne mal.The only pink thing2002, 3 mn 34Deux univers fonctionnent en parallèle ou rentrent en collision.Le texte de ce film est construit selon un mode narratif, indépendant dudéfilement des images fixes.


Spinning5 min 11Spinning est la réponse de Peter Atha à une vidéo muette qui lui a étéadressée dans le cadre d’un programme d’échange “Exquisite Corpse”,entre l’Université d’Exeter et le College of Arts de Dartington. Les artistesont réalisé des films d’une minute et les ont expédiés à d’autres artistesafin d’obtenir des réponses vidéo. Piqué au jeu, Peter Atha a débordé letemps requis. Travaillant à partir d’une méthode d’animation chorégraphique,il a joué avec l’interaction de vagues sonores.Jeebus2004, 2 mn 40A l’ère postmoderne, l’icône de Jésus a des significations multiples seloncelui qui se l’approprie. Jeebus a la visée iconoclaste d’un christ en croixfaçonné en crème glacée et livré à la fonte accélérée d’un passage aufour. Une image forte tout autant que dérisoire.Paddy KernohanBoundary/agency2002, 3 mn 30Dans la pénombre souterraine, la caméra se substitue au regard de l’artiste.La cave avec ses piliers imposants décrit l’enceinte monolithique. L’artisteavant de se livrer à son action s’est imprégné du lieu par maintes visites.Puis une méthodologie a été préalablement définie. Le point de départétait le début de la course de l’artiste à l’intérieur du périmètre ; le pointd’arrivée le moment où la caméra frappait le pilier. Ce qui constitue un cycleà l’intérieur duquel - des points du périmètre vers chaque pilier - l’espaceest circonscrit.25


Aikaterani GesisianThe day that left2002, 6 mn 30The day that left est la première partie d’une trilogie dont latroisième partie est en cours de réalisation. Cette trilogieconcerne le déroulement d’une image et la façon dont celle-ci estperçue à travers cette structure narrative. Le film combine desvues prises par deux caméras statiques placées, - un jour d’automne-, devant deux fenêtres distinctes, l’une en Grèce et l’autreen Angleterre. La voix féminine accompagne ce déroulementvertical, décrit ce qu’elle voit ou ce qu’elle ressent dans la languedu pays, mais sur un rythme lent la langue permute. La vue extérieuredevient paysage mental.Tokyo Tonight2003, 4 mn 20Tokyo Tonight est la seconde partie de cette trilogie. Le déroulementest ici horizontal. Le point de départ est un train passantdevant une caméra fixe. Des voix féminines et masculines instruisenten anglais et japonais ces images comme un flux tendu, hésitantet traversant ce point de vue fixe.Daniel Goslingfa fafa fafa fafa fa fa7 mn 15, 2004L’ambiance du film manifeste l’incertitude du monde, d’un environnementconflictuel soumis à des événements imprévisibles.Progressivement, l’objet d’inquiétude se détache, prend forme etle paysage regagne sa quiétude initiale. Un paysage grandiose.26


Mark Aerial WallerReversion of the Beast folk2004, 12 mnWhat is the Law ? (Quelle est la loi ?) Un film tout à faitétrange. Une Lamborghini lancée à toute allure se fraye unpassage dans un traffic dense. Rupture d’image, (d’espace,de temps ?). Deux personnages féminins apparaîssent auloin. Traversant l’écran, elles entrent dans une grotte.Curieusement accoutrées, elles se livrent à des invocationsen frappant le sol d’un bâton et d’une hache. Le corps d’unhomme étendu et masque est découvert. “He comes to livewith us” (“Il vient vivre avec nous”) : simple demande ouinjonction laissée à l’appréciation du spectateur ?L’homme est tiré de force à l’extérieur et son sort est suspenduà la main de la vieille femme enserrant la hache.L’écran se fait noir et l’on entend la musique brésilienneUmbanda liée aux rituels d’une divinité sexuelle.Primitivisme et modernité sont inextricables dans ce filmdans lequel survit bestialité, lutte entre les sexes.27


MARDI 5 AVRIL <strong>2005</strong> A 20 H 30. ARRAS, CENTRE CULTUREL NOROIT.6 RUE DES CAPUCINS – 62000 ARRAS – 03 21 71 30 12DES INSTANTS TREMBLANTSCES INSTANTS TREMBLANTS SONT CEUX OU LA QUIETUDE APPARENTE, AFFICHEE,PEUT A TOUT MOMENT BASCULER. UN SENTIMENT INDICIBLE DE TENSION SANSVERITABLE DRAME.UN DIALOGUE ACERE, UNE BANDE SONORE TENDUE, DES ACCELERATIONS, DESSUSPENSIONS DE TEMPS, OU ENCORE LA TOMBEE DE LA NUIT ET SES CRAINTESRESURGENTES DE L’ENFANCE… DES DECLINAISONS POSSIBLES DE L’INSTABILITE.Jocelyn le CreurerDialogue pour deux frelons2003, 17 mnPortrait d’un homme entre rêve et réalité. Jusqu’à ce jour, CharlesGambler n’était qu’un spécialiste émérite de l’architecture romantiqueanglaise. Il a consacré sa vie à retracer le parcours artistiqued’un certain William Chambers (1724-1794). Mais voilà que CharlesGambler fêtant à peine ses soixante-dix ans vient d’apprendre qu’iln’en a plus que pour quelques mois à vivre.Jocelyn le Creurer28


Frédérique Lecerf, Lagon rouge, 2001 Axelle Rioult, A perte de vue, 2003 Anthony Coursier, Floating Reflection, 2004Frédérique LecerfLagon rouge2001, 7 mnUne femme se baigne dans l’eau rouge d’un lagon. Abandon, délectation,plénitude. Les soubresauts de la bande sonore insinue unetension dramatique et recouvre peu à peu les images sirupeuses.Axelle RioultA perte de vue, 2003, 2 mn 30Fenestration, 2003, 3 mn 30Deux tentatives de regard vers l’extérieur, ou questionnement dece délicat passage entre l’intérieur et l’extérieur du corps, del’être, du lieu de vie aux limites mouvantes, du monde qui nousentoure ou dont nous faisons partie. Espace-limite, où le paysagepeut être mental ; où la surface du corps peut être un espace deprojection, de désir, d’attente ou de miroir du monde.Axelle RioultAnthony CoursierFloating Reflection2004, 17 mnUn lac, surface réfléchissante, variable, et incertaine s’il en est.Alternance de brumes et de clartés. L’embarcadère est le lieu àpartir duquel certaines transformations s’opèrent : accélérés,retour en arrière, redoublements, désaccords d’échelle. Mises aupoint et distorsions se succèdent. Enregistrer ce temps imaginé quin’existe pas, ce temps sur lequel on ne revient pas.Eléonore de MontesquiouElaheh2004, 2 mn 40Dans le Nord de l’Iran, les femmes sont autorisées à se baigner enmaillot de bain, mais seulement si elles sont cachées/emprisonnéespar une sorte de tente de tôle et de toile sur la mer. Elahehfait le tour et pénètre dans l’un de ces enclos.Eléonore de Montesquiou


Rémy MarlotNight 02 : 112003, 4 mn 05La nuit, la ville est le lieu de l’intranquillité. Les abords vides auxlueurs vertes, cabine téléphonique, station service… Puis une plongéevers le cœur de la cité et ses promesses d’attractions. Un manègedont le rythme s’emballe. La musique féérique change de ton,retour vers la périphérie, la menace se formalise : coups de feu,revolver jeté à terre, tête de mannequin dévalant un escalier.Ultime soubresaut, le film s’en retourne à ses premières images.Crépuscule2003, 1 mn 52“Ils ont roulé à travers les heures sombres jusqu’à une auberose pâle. Il y avait une sensation d’eau dans ce voyage, commes’ils avaient été dans un bateau, et non une voiture”.Paula Fox,Le dieu des cauchemarsGrand Hotel2004, 4 mn 13Le Grand Hôtel n’a que la grandeur de son nom. Le Grand Hôtel estvide et comme en attente d’occupation. La caméra s’introduitdans une chambre, la détaille, la scrute, et l’anime. La mélopéetriste s’accorde une envolée finale qui déborde le seul cadre decet espace confiné. Comme s’il était donné un peu de grâce à cetendroit désolé.Mo Gourmelon : Tout d’abord, un film si bref soit-il commeCrépuscule détient, me semble-t’-il, une dimension fictive. Unephrase échappée du livre de Paula Fox, Le dieu des cauchemars : “Ilsont roulé à travers les heures sombres jusqu’à une aube rose pâle.Il y avait une sensation d’eau dans ce voyage, comme s’ils avaientété dans un bateau, et non une voiture…” est entrée, pour moi, enrésonance avec ce film. Acceptez-vous ce genre de lecture ?Rémy Marlot : Peut-être quelques mots sur cette vidéo avant derépondre à vos questions. Elle a été réalisée à bord du TGV pourles images du début, à la frontière suisse avec les alpages qui glissentderrière la vitre. Les images furtives (maisons) ont été réaliséesun an plus tard à Bourges, à l’aide d’un élévateur à quatorzemètres en surplomb.Il existe quatre ou cinq versions de cette vidéo, qui a prispresqu’un an de travail. En général, j’ai toujours énormément derushes avant de commencer à monter. Les images sont stockées,relues, puis assemblées dans une fiction. Pour celle-ci, je parleraisdavantage d’un poème évoquant l’enfance, avec les craintes de latombée de la nuit à la campagne.Mes films ne racontent rien de précis, je travaille toujours sur lesémotions que procurent les images en association avec la musique.Ils restent toujours très énigmatiques, sans début ni fin, avec seulementdes bribes d’intrigues, des indices. En cela, ils fonctionnentcomme des miroirs : c’est à la personne qui regarde, d’éventuellementreconstituer un récit.MG : Se référer à l’enfance et aux “craintes de la tombée de lanuit à la campagne” est une donnée partagée. Quel est ou quelssont ces moments qui vous incitent à filmer ?30RM : Je suis photographe et j’ai toujours avec moi deux appareilsphoto dont un me permet de filmer. Je réalise, un peu partout, des


séquences de lieux dont un caractère “magique” se dégage.J’essaie de traduire le sentiment de beauté et de solitude quej’éprouve à cet instant là. Je pense à des moments comme lanuit, la pluie ou le vent dans les arbres, sur lesquels mon regardse penche.MG : Les indices dont vous parlez sont-ils, par exemple, lescoups de feu, le revolver jeté à terre et la tête de mannequindévalant l’escalier… dans Night 02 : 11 ? L’appréhension de laville et ses promesses bascule du féerique au menaçant. Il y aaussi un renversement musical qui contribue très fortement à cebouleversement…RM : Oui les indices peuvent être la tête ou le revolver. Ils viennentinscrire, en se juxtaposant les uns aux autres, une autre histoiredont on doit reconstituer les fragments manquants, c’est-àdireun meurtre. Cette vidéo fonctionne comme un rêve, avecune logique particulière et un basculement qui se traduit par letraitement plus rapide des images au centre (après la scène dumanège), caméra à la main. La musique à ce moment là aussi, esten rupture, avec entre autres, un volume sonore plus élevé. Lesimages du début et de la fin (plans de villes avec zoom) ont étéréalisées en Suisse à l’occasion de l’exposition nationale suisse etcommanditées par le CICR (Comité International de la CroixRouge) sur le thème de la violence. Elles sont très esthétiques etdonnent un sentiment de calme mais aussi d’étrangeté que j’aipu ressentir lors de la prise de vue. Ce sont donc des photographiesqui sont animées numériquement et qui glissent doucementpour nous faire pénétrer dans ce rêve avec un zoom avant.La partie centrale, a été filmée bien après, au parc de la Villette,au pied de chez moi. La cheminée, l’escalier, sont des plans réalisésdepuis mon immeuble ou mon appartement. La tension esten fait dûe à un événement autobiographique réel, alors quej’étais en train de faire ces plans, j’ai évité une agression.Le tout a été monté après. Je ne travaille jamais avec un scénarioque j’aurais pu écrire auparavant, et c’est donc en travaillantsur des centaines de rushes que j’assemble que les histoires naissent.31


La musique est toujours ajoutée après le montage, afin que lerythme visuel puisse être suffisamment soutenu.MG : Cette spontanéité du tournage se retrouve-t-elle dansAround Home ? Je suis très frappée dans ce film - puisque vousn’hésitez pas à évoquer la facture de vos images – par leur textureproche de la dissolution. Je pense, dans un tout autre registre auxpaysages urbains peints par Philippe Cognée.RM : Around Home a été réalisée à Paris et filmée depuis la coupoledu Panthéon, elle propose un regard sur la ville, dans un long mouvementpanoramique qui balaie les constructions qui la jalonnent.L’image en noir et blanc, qui a été réalisée au zoom numérique,procure aux plans un grain très fort, mis en relief par la lumièretrès contrastée de l’été. Sa texture évoque les images d’archivesou celles des médias en temps de crise. La bande son qui mêle lesbruits du périphérique à la mélancolie de la cinquième BachianaBrasileira renforce le sentiment d’étouffement de la ville et de sabeauté irréelle.Effectivement pour moi, le travail sur les images en vidéo s’apparentebeaucoup à la peinture. Toutes les lumières sont retravaillées,contrastées, recolorées. Car les images brutes lors des prisesde vue sont très plates et pauvres, en général. Pour Around home,le zoom numérique était indispensable pour cadrer les constructionstrès éloignées et permettre d’essayer de voir plus loin. Aumontage, le tout a été basculé en noir et blanc, avec un renforcementdes contrastes, ce qui donne cette idée de dissolution et demirage.Pour les vidéos comme Failed ou Grand Hôtel, les images sontfaites avec un appareil photo qui enregistre 15 images par secondeavec une résolution de 320 x 240 pixels ce qui est très inférieur àun capteur vidéo qui est de 720 x 576 pixels (25 images parseconde). Ce qui donne un grain très fort à l’image et je pense uncertain expressionnisme, proche de celui du cinéma des années1910-30 dont des films tels que Metroplis de Fritz Lang, Yvan leTerrible d’Eisentein, ou Nosferatu de Murnau qui m’ont marqué.32


MG : Pourquoi avoir eu recours cette fois à cette cinquièmeBachiana Brasileira de Heitor Villa-Lobos dont l’interprétation délivreune intense charge émotionnelle ?RM : En effet, la musique de Villa-Lobos est un hymne à la natureet rivalise avec les bruits assourdissants du périphérique commeune lutte et arrive à une explosion lyrique sur les images du cerisieren fleurs. Ce moment-là est comme une grande respiration aprèsune surcharge de bruit et de contraste. Comme je le disais précédemment,le sentiment qui se dégage de chaque vidéo est importantet la musique vient donner une tonalité particulière. Il y atoujours de nombreux essais pour coller au plus près de l’émotionque je souhaite traduire.MG : Vous insistez sur le caractère spontané de la saisie de vosimages comment s’opère donc le montage et le choix ultérieur desmusiques ?RM : Je laisse toujours beaucoup de temps entre le moment de laprise de vue et celui du montage, afin de vérifier la validité de laplasticité des plans et de l’émotion qui s’en dégage.Beaucoup de rushes restent inutilisés, d’autres sont assemblés, enfonction de leur lumière, de leur proximité formelle et composentainsi les mots d’une phrase, qui deviennent une séquence, puisune vidéo. Les images assemblées ainsi construisent une narration,un développement temporel, une fiction.Le choix de la musique est confié à Ariane Chopard-Guillaumot.Elle entre en résonance (dans un répertoire souvent classique)avec le montage. Il existe en effet, je pense, dans mon travailvidéo, une grande similitude structurelle entre la compositionmusicale et certains de mes films. Je pense par exemple à QTCYLLdont les plans peuvent évoquer l’écriture de la fugue, commeentre autres, l’inversion de certains plans. La musique est aussi unélément narratif essentiel qui donne sa propre inflexion au récit,et offre ainsi une première interprétation.33


F o c u sAYMERIC DELHAYNOUS L’AVONS OUBLIE34Aymeric Delhay est étudiant à l’Ecole des Beaux-Arts de Valenciennes.La Saison Vidéo souhaite attirer l’attention sur le film Nous l’avonsl’oublié, qu’il a réalisé à la suite d’un séjour à Sarajevo et qui faitpreuve d’une approche mesurée de cette ville. Une plongée dans laville de Sarajevo. Paysages sous la neige, succession de plans fixes. Unfilm méditatif et une avancée progressive vers le désenchantement.L’anodin fait place à l’éventré. Que peut-on, étranger à une ville etétranger à un conflit percevoir de la réalité de cette ville ?“Cette vidéo a été réalisée suite à un voyage à Sarajevo entre févrieret mars 2004, d’après une sélection de 40 photos numériques. Labande sonore a été élaborée à partir de l’enregistrement du chant desmosquées depuis les collines de la ville. Seules sont sélectionnées lesphotos dans lesquelles Sarajevo apparaît sous la neige et pour certainesd’entre elles fondues dans une brume blanchâtre. D’autres sontlégèrement inclinées. Terrain glissant, toujours fuyant, plongé dans unetorpeur glacée. Un masque de blanche neutralité voile une ville meurtrieoù les rancœurs sont encore tenaces. Là-bas, ici aussi, on ne parleplus de la guerre, on l’évite ; pourtant c’est le souvenir de l’horreurqui transpire partout. La bande sonore, - le chant des mosquées -,d’abord envoûtante devient angoissante. Personne où presque n’apparaîtsur les photographies qui semblent pouvoir nous renvoyer à l’abjectevolonté d’épuration ethnique des nationalistes serbes et auxregards que les snipers pouvaient porter sur la ville, transformée en un


gigantesque camps de concentration. Au-delà d’une esthétique faussementromantique, proche de l’imagerie carte postale, la ville danslaquelle on ne pénètre jamais véritablement dévoile ses blessures, lestraces d’une identité à reconstruire, celle d’un cosmopolitisme aucœur de l’Europe”.Aymeric DelhayAleksander Hemon, né à Sarajevo et vivant à Chicago évoque cetteville au passé et en contrepoint dans son second roman Nowhere man,2002, (L’espoir est une chose ridicule, 2003 - pour la traduction française): “Ils se postaient là-haut, à contempler Sarajevo en contrebas,au pied de ce chaudron de montagne : ces rues qui s’incurvaientcomme les sillons des lignes de la main sur une paume immense ; cesgens qui s’écoulaient dans les rues comme des colonnes de fourmis ;ces bâtiments qui reflétaient le soleil couchant, comme s’ils étaienten flammes”. Dans une précédente nouvelle Une pièce de monnaie,(De l’esprit chez les abrutis, 2000) une tentative d’identification dequelques immeubles endommagés à Sarajevo, d’après photographies,est tentée. “Ils se ressemblaient tous : ils avaient tous des fenêtresfracassées – des trous noirs, comme si on les avait énuclées ; ilsétaient entourés d’un cordon de débris, comme de ruines sculptées,excavées à partir d’immeubles entiers ; sur les photos, il n’y avaitpersonne. Ce qu’il y avait sur ces images, ce n’était pas des constructions– et encore moins des édifices où j’aurais pu entrer et d’où j’auraispu sortir : ce qu’il y avait sur ces photos, c’était ce qui ne s’ytrouvait pas – ces images enregistraient l’extrême limite du processusde disparition, le néant même”.Cette vidéo est présentée dans le programme ITINERAIRES PRIVES, p.1335


MERCREDI 27 AVRIL <strong>2005</strong> A 16 H 30. CALAIS, MUSEE DES BEAUX-ARTS ET DE LA DENTELLE.25 RUE RICHELIEU - 62100 CALAIS – 03 21 46 48 40UN CERTAIN ESPRIT DU TEMPSEN PARALLELE AL’EXPOSITION “JACQUES LIPCHITZ, DANS LES COLLECTIONS DU CENTRE POMPIDOU, MUSEE NATIONAL D’ART MODERNE ET DU MUSEEDES BEAUX-ARTS DE NANCY”, (7 AVRIL – 29 AOUT <strong>2005</strong>), UN PROGRAMME HISTORIQUE EST ORGANISE.NON PAS DES FILMS SUR LIPCHITZ, MAIS DES FILMS PRODUITS A SON EPOQUE ET QUI POURRAIENT ENTRER EN RESONANCE AVEC SES PREOCCUPATIONS.ON SE RAPPELLERA L’INTERET DE LIPCHITZ POUR L’ART AFRICAIN ET OCEANIEN QU’IL COLLECTIONNAIT, SON INSTALLATION EN 1916 A L’ATELIERBRANCUSI AU 54 RUE MONTPARNASSE, SON AMITIE POUR JEAN COCTEAU DONT IL REALISA UN PORTRAIT.Jean CocteauLe sang d’un poète1930, 55 mnLe sang d’un poète était une commande privée (du Vicomte deNoailles, comme L’Age d’or de Bunuel). Je l’inventais pour monpropre compte et l’employais comme un dessinateur qui tremperaitson doigt pour la première fois dans l’encre de Chine et tacheraitune feuille avec. Charles de Noailles m’avait commandé undessin animé. Je lui proposai de faire un film aussi libre qu’un dessinanimé, en choisissant des visages et des lieux qui correspondissentà la liberté où se trouve un dessinateur inventant un mondequi lui est propre.Jean Cocteau36


Len LyeTusalova1929, 11 mnTusalova est le premier film de Len Lye. La technique de l’animationlui permettait une totale liberté de combinaison d’images.L’art tribal et l’art moderne sont ici convoqués et traités avec lamême considération, le même souci d’invention de motifs inédits.Germaine DulacThèmes et variations1928, 9 mnJ’évoque une danseuse ! Une femme ? Non. Une ligne bondissanteaux rythmes harmonieux. J’évoque sur des voiles une projectionlumineuse ! Matière précise ! Non. Rythmes fluides que procure lemouvement au théâtre, pourquoi les mépriser à l’écran ? Lignes,surfaces, volumes, évoluant directement, sans artifices d’évocations,dans la logique de leurs formes, dépouillées de tout senstrop humain pour mieux s’élever vers l’abstraction et donner plusd’espace aux sensations et aux rêves : le cinéma intégral.Germaine DulacEugène DeslawMontparnasse1929, 9 mnMontparnasse est une réussite avant-gardiste, où l’œil bascule enpermanence nourri d’insolite et de mouvement. Le cinéaste biélorusseconstruit une valse rythmée, torsade ses plans dans les sinuositésde la capitale. Plans obliques, plongées déroutantes sur lafourmilière, vues qui glissent et se chassent. On y devine Foujita,la clope élégante, ou Bunuel rêvassant devant les mollets qui dansent.Deslaw aime l’insolite : troupeaux de chèvres, hommes sandwiches,clowns et funambules, clochards, partagent le même périmètre.Ateliers d’artistes, foires et brocantes pavent les trottoirset rappellent les plus belles heures du foyer intellectuel que futMontparnasse.37


27 - 30 AVRIL <strong>2005</strong>. LILLE, CENTRE D’ARTS PLASTIQUES ET VISUELS.4 RUE DES SARRAZINS – 59000 Lille – 03 20 54 71 84E X P O S I T I O NBENEDICTE FOUQUE ET PERRINE BUTZ38EXPOSITION : DU MERCREDI AU SAMEDI DE 14 H 30 A 18 H 30INTERVENTION DES ARTISTES LE JEUDI 28 AVRIL A 19 HBénédicte Fouque et Perrine Butz, étudiantes à l’Ecole des Beaux-Arts de Dunkerque travaillent ensemble. Elles positionnent leurcorps dans l’espace et nourrissent leurs interventions de la présencede l’autre. Ensemble, elles se mesurent à l’extérieur tout autantqu’à un espace confiné ou désaffecté. Elles ne travaillent pascontre mais avec. Si le corps fléchit, il ne cède pas, porté par l’autre,- accordé -, il tente à peine son point limite, l’effleure et retrouveson équilibre. Le corps se déplace en regard et en fonction dusecond, double travaillé. Il se joint et se disjoint. De ces figuresnaît “l’espace entre”. Le fameux Space Between qu’ont su majorertant d’autres auparavant. L’heure est pour elles à la structuration,la constitution d’une sorte d’alphabet au sein duquel les mouvements,déplacements ou poses sont répétés.Le duo est incarné en accompagnement. Il s’agit de traverser plutôtque prendre place, amorcer plutôt que transformer. Le gesteest furtif, tout autant qu’affirmé. L’exploration est mise en jeudans le choix de la ressemblance et de la connivence.Bénédicte Fouque et Perrine Butz investissent l’espace vide d’expositiondu centre d’art par le biais de la vidéo, de la photographieet de l’installation. Puis choisissent d’interpeller directement lepublic par une intervention qui partage son espace. Les mêmesexercices sont cette fois déployés avec cet apport extérieur etinconnu des spectateurs.


VENDREDI 29 AVRIL <strong>2005</strong> A 18 H. LE CATEAU-CAMBRESIS, MUSEE MATISSE.11 PLACE DU COMMANDANT EDOUARD RICHEZ – 59360 LE CATEAU-CAMBRESIS – 03 27 84 13 15LA QUINTESSENCE DE LA COULEURLa couleur au cinémaLE CINEMA EXPERIMENTAL A LARGEMENT EXPLORE ET EXALTE LES POTENTIALITESDES SUBSTANCES COLOREES. INSTABILITE, VIRAGE, SUBJECTIVITE DE LA COULEUR.DE NOMBREUSES TECHNIQUES ONT ETE EXPLOREES ; L’INSCRIPTION DIRECTE SURLA PELLICULE, ATTAQUE DIRECTE DE LA PELLICULE, UTILISATION DE FILTRES,RECOURS A LA SURIMPRESSION… UN PARCOURS DIDACTIQUE DE DIFFERENTESMETHODES D’APPLICATION DE LA COULEUR.Jurgen RebleAttaque de la pelliculeZillertal1991, 11 mnAprès avoir participé à une performance avec l’audience, Alleskommt ans Licht, ce cinéaste a montré, à six images par seconde,une bande annonce en 35 mm qu’il avait laissée un certain tempsdans un arbre, en la traitant régulièrement avec des produits chimiques.Ce faisant, au cours de la projection, l’intrigue disparaît,l’image en noir et blanc se transforme en motifs réguliers où debeaux bruns et bleus apparaissent. Les personnages en noir etblanc sont toujours visibles, mais lorsque l’on découvre avec regretla fin de la bande, annonçant le prochain spectacle, la réalité del’écart entre les deux œuvres, celle que l’on vient de voir et celleannoncée, devient poignante.Rose LowderStan BrakhageInscription directe sur la pelliculeChartres Series1994, 9 mnAu cours d’un voyage en France, Stan Brakhage a eu l’occasion devisiter la Cathédrale de Chartres. Sa connaissance des vitraux, dessculptures et de l’architecture était une connaissance livresqued’après l’ouvrage d’Henry Adams. De retour aux Etats-Unis, il commenceune série de quatre petits films peints à la main achevéehuit mois plus tard. Le résultat est une sorte de partition peinte,accompagnée de quelques instructions, comme un manuscritmédiéval, pour une interprétation musicale.Rose LowderPlasticité de la couleurCouleurs mécaniques1979, 16 mnDans Couleurs mécaniques, certaines caractéristiques, notammentles couleurs, les textures et les aspects volumétriques des composantesd’un manège de foire, sont au moyen d’un de réglages précisde la mise au point de l’objectif, sélectionnés, isolés et inscritessur la bande filmique d’une manière qui permet aux éléments colorésen mouvement de fonctionner d’une façon singulière lors de laprojection du film.Rose Lowder39


Surimpressions coloréesMalcom Le GriceBerlin Horse1970, 9 mnLa réalisation de Berlin Horse est un bon exemple du processustechnique qui permet de manipuler le film en disposant de lamême plasticité que celle dont un peintre dispose. Le film a étécommencé avec de la pellicule Kodachrome 8 mm dans laquelle lecheval était brun, l’herbe verte et le visage de l’homme de la couleurde la chair Kodak. J’ai refilmé cela de différentes façons avecdu 16 mm noir et blanc, et je fis ensuite une copie de tirage, négativeet positive. Faisant passer le négatif et le positif dans unevieille tireuse, colorant l’image n/b dans les parties négatives etpositives, selon un large spectre de couleurs pures, sur une pelliculecouleur. Ce qui en résulta fut ensuite retraité en introduisantdiverses superpositions, et le film fut composé de manière à garderla trace de cette improvisation progressive. Le concept étaitsimple, le processus - obéissant au hasard – fut inventé au fur et àmesure.Malcom Le Grice40


19 - 28 MAI <strong>2005</strong>. LILLE, LE 118, CEMEA.118 BOULEVARD DE LA LIBERTE – 59000 LILLE – 03 20 12 80 00E X P O S I T I O NMARK ANSTEEEXPOSITION : DU MARDI AU VENDREDI DE 14 H A 18 H 30Mark Anstee réalise des interventions directes sur les murs des lieuxd’expositions qu’il investit pour une durée préalablement établie. Sonmatériau de prédilection le dessin. A l’occasion de son exposition/performanced’une semaine à la galerie 118 du Ceméa, est présenté unfilm qui relate et documente une intervention ultérieure au FlandersFields Museum à Ypres en Belgique.Il s’agissait pour lui de dessiner, à partir du 21 mai 2003, deux arméeségales en nombre sur un mur spécialement érigé de 4 m2, et cela étalésur une durée de plusieurs semaines. 19 386 petits bonhommes ont étédessinés. Le mur devant être détruit à la fin de l’exposition, le filmretrace l’élaboration de celui-ci et sa démolition. Il est entrecoupéd’un entretien de l’artiste.Mark Anstee a dessiné des soldats des deux côtés du mur afin de créerune confrontation dynamique de deux forces opposées. L’effet demasse débordait la minutie accordée à la définition de chaque personnage.Chaque soldat était dessiné de dos, dans des poses différentes,mais avec un visage indistinct. Dans cette accumulation, Mark Ansteene se référait à aucune statistique ni à aucune bataille en particulier.C’était sa réponse à une invitation à prendre place temporairementdans un musée consacré à la destruction de la ville d’Ypres pendant laguerre.41


21 MAI – 9 JUILLET <strong>2005</strong>. ROUBAIX, ESPACE CROISE.GRAND PLACE. 59100 ROUBAIX. 03 20 66 46 93 - www.espacecroise.comE X P O S I T I O NELEONORE DE MONTESQUIOUEXPOSITION : DU MARDI AU SAMEDI DE 14 H A 19 HVERNISSAGE VENDREDI 20 MAI EN PRESENCE DE L’ARTISTEOLGA OLGA HELENAbeaucoup de Russes nedéfaisaient par leur valise,leur malles, tellement ilsétaient convaincus qu’ilsallaient, revenir, mais monpère a eu le sentiment quec’était pour toujours, quetout se démolissait envitesse42Eléonore de Montesquiou s’est rendue en Russie à Saint-Pétersbourg,en juin 2004 pour tourner les images de son film Olga Olga Helena.L’histoire est celle de l’exil, le départ d’émigrés russes en 1918 et leurinstallation en Estonie puis en Angleterre, à Londres.“Cette histoire me fut racontée en français par Helena Z., qui a fui SaintPetersbourg à l’âge de six ans avec sa mère Olga et sa sœur, Olga”.Le récit de Helena Z. est encadré par un poème d’Alexander Blok :La jeune fille chantait dans le chœur de l’église qui exprime ladouleur liée à tout exil.Les films d’Eléonore de Montesquiou ne sont pas des reportages surles intervenants, mais approchent une question grâce à eux. A partird’une subjectivité, elle raconte une histoire collective : la relationau mariage, à sa maison, à son corps lors d’une grossesse ;Robes de Mariées en 1998, Minu maja on minu maa en 2001, Swing,ma demeure – La putain et la maman en 2003.Entre expérimental et documentaire, Olga Olga Helena est construitsur la bande-son constituée de strates de textes. Le texte est lu pardes jeunes femmes russes, en français, et les images sont celles dela vie de tous les jours.


“La Russie actuelle est un nouveau pays qui a effacé celui que connaissaitla narratrice Helena. Il m’importe de mettre en images le décalagetemporel entre la Russie du début du XX e et celle d’aujourd’hui, touten gardant une distance qui soulignera le vide que l’on ne peut comblerau cœur de tout immigré. Avec Olga Olga Helena, je souhaite, àtravers l’exemple du départ de ces trois femmes et en écho au poèmed’Alexander Blok, évoquer le sens de perte dû à l’exil…”Olga Olga Helena est une production de l’Espace Croisé. Elle sera présentéeà Saint-Petersbourg en septembre <strong>2005</strong>, au Musée-appartement dupoète Alexander Blok au cours du Festival d’art contemporain dans lesmusées traditionnels, Fondation Proarte/Musée Blok.On retrouve les derniers films d’Eléonore de Montesquiou dans les programmesITINERAIRES PRIVES, p.14 et DES INSTANTS TREMBLANTS, p.2943


A L’OCCASION DE SON EXPOSITION OLGA OLGA HELENA ELEONORE DE MONTESQUIOU PROPOSE UNE PROGRAMMATION DE FILMS RUSSES,ESTONIENS, FRAN²AIS ET BELGES ET SUSCITE UNE REFLEXION SUR DE NOUVELLES FORMES DE NARRATION.ENTRE RUSSIE ET FRANCE44Des films qui racontent en images. Parfois avec des mots. Ils racontenttous une histoire avec un fort engagement personnel, c’est pourquoije les aime. Ils m’encouragent à réaliser les miens. Ces filmssont réalisés en Russie ou à la frontière de l’Estonie avec la Russie,et en France. J’ai regardé puis rassemblé ces oeuvres tout enconcevant mon film OLGA OLGA HELENA, qui oscille entre ces deuxappartenances.Sergeï Losnitza a filmé des paysans dans une région retirée deRussie. Il a posé sa caméra devant eux qui n’avaient jamais vu cematériel et qui ont accepté de la regarder environ une minute. Ila aussi filmé les champs, de très belles images, paisibles etinquiètes, en noir et blanc. Et cela se construit en couches sonorestrès fines, que Sergeï Losnitza a composées avec des enregistrementsin situ.Alina Rudnitskaya documente l’activité des amazones de Saint-Pétersbourg. Un groupe de filles qui gagnent leur vie grâce à leurschevaux et poneys, qu’elles montent dans la ville, qu’elles louentpour des fêtes d’enfants. Des filles qui n’acceptent pas de travailleravec des hommes. Alina Rudnitskaya les observent, sans intervenir,elle a suivi l’apprentissage d’une nouvelle amazone.Mari Laanemets et Killu Sukmit ont écrit, avec beaucoup d’ironie,comme dans tous leurs films, une histoire sur la place de leur pays,ex-pays soviétique. L’Estonie fait aujourd’hui partie de l’UnionEuropéenne ; le pays a connu successivement des périodes d’occupationset d’indépendance depuis le Moyen-Age. Mari Laanemetset Killu Sukmit sont allées observer deux frontières : la frontièrerusse et l’ouverture sur la mer baltique, vers la Finlande.Olga Kisseleva conte une jolie histoire de princesse, une cendrillonrusse.Clarisse Hahn fait un portrait de Karima, une très jeune femmemaîtresse SM. C’est un documentaire et un magnifique documentaire.Un véritable document sur une jeune femme, son milieu, safamille et les hommes dominés.Jeanne Susplugas condense en une action symbolique - elle dissoutson vernis à ongles dans une petite boîte prévue à cet effet - unevision de la femme, d’un rapport à son corps, avec une grande violence.Mais on ne la voit pas, comme toujours dans les oeuvres deJeanne. On la sait cette violence.Les films d’Anne Penders accompagnent son travail d’écriture, sescarnets de voyages. Et comme le film de Sergeï Losnitza, ils sont àla limite de la photographie. Une succession d’images de voyage.Kaze montre le vent, en silence. Net raconte en sons, aussi, unvoyage au Japon.Eléonore de Montesquiou


3 353Sergei LoznitsaPortret, 2002, 28 mnAlina RudnitskayaAmazons, 2003, 20 mnKillu Sukmit / Mari Laanemets (3)Leave the keys outside when you leave…somewhere up there in the north, 2003, 24 mnOlga KisselevaCendrillon, 1999, 5 mnClarisse Hahn (5)Karima, 2002, 98 mn63Jeanne Susplugas (6)Dissolution, 2003, 6 mnAnne Penders (7)Kaze, 2002, 3 mnNet, 2002-2003, 11 mn7545


JEUDI 26 MAI <strong>2005</strong> A 14 H 30. VALENCIENNES, ECOLE DES BEAUX ARTS.132 AVENUE DU FAUBOURG DE CAMBRAI - 59300 VALENCIENNES - 03 27 22 57 59GHOSTSLA VIDEO TRANSCOMMUNICATION DE RAPHAEL BOCCANFUSO EST MISE EN RELATIONAVEC D’AUTRES RESURGENCES DE FANTOMES.Raphaël BoccanfusoTranscommunication2003Il y a une dizaine d’années, Raphaël Boccanfuso apprend l’existenced’une étrange photographie. Fortement impressionné par lephénomène surnaturel qu’elle induit et ne remettant pas en doutela véracité du témoignage de la personne ayant réalisé cette photographie,il décide bien plus tard de réaliser un film. La formechoisie est celle du documentaire. Il a opéré ce choix car c’est laforme généralement admise de l’objectivité et que l’on oppose àla fiction. C’est une forme d’emprunt qui véhicule et valide l’information.“Si l’on parle de genre on est ici entre le fantastique,pour le sujet, puisqu’il y est question d’un phénomène paranormal,et le documentaire, pour la forme. Mais je tiens tout demême à préciser qu’il ne s’agit pas d’une fiction, je n’ai pasmonté de toute pièce cette histoire, je ne m’intéresse pas à cetype de fonctionnement et, d’une manière générale mon travailest, je crois, véritablement ancré dans le réel. C’est parce que laphotographie et le témoignage existent que le film a pu se faire”,insiste l’artiste. “Je n’avais jamais abordé le surnaturel ou mêmele thème de la Mort, c’est chose faite, et je ne m’en ferais pas unespécialité”.Transcommunication, réalisé en 2003, est construit comme unreportage. Le film expose trois points de vue sur un “fait” photographiquedont l’origine est une image prise par Céline Saas en1991. En effet, cette jeune femme réalise une photographie, unautoportrait chez elle dans son salon qui révèle au développementle visage d’une femme sur l’écran de la télévision éteinte.Ce phénomène d’apparition et d’enregistrement d’une présence46


s’appelle “transcommunication” : il est la manifestation non rationnelle,surnaturelle, visuelle ou sonore d’une présence, généralementd’un mort, par des moyens de communication et de transmission(radio, télé…). Ce phénomène, qui a été identifié, est l’objet d’étudespara-scientifiques.Le film présente un montage de trois entretiens filmés avec :- Céline Saas, témoin numéro 1,- un sémiologue spécialiste de la photo, Sylvain Lizon,- un spécialiste des phénomènes de transcommunication, Yves Lignon.Le discours de chaque interviewé recadre l’expérienceavec sa conception de la réalité et son système d’interprétation.47


La Saison Vidéo a été créée en 1988Ce numéro est le vingt-neuvième.S A I S O N V I D E OBP 71F - 59370 MONS EN BAROEULTel. 33 (0)3 20 04 38 16email : <strong>saison</strong>video@netcourrier.comLa Saison Vidéo remercie les artistes, réalisateurs, lieux culturels, espaces d’expositions,musées, écoles d’art, collectifs d’artistes qui ont rendu possible l’élaboration ou la lisibilité deces programmes :Mark Aerial Waller, Peter Atha, Gilles Balmet, Olivier Bosson, Thierry Bernard-Dumaz,Raphaël Boccanfuso, Benoît Broisat, Perrine Butz, Anthony Coursier, Jocelyn le Creurer,Aymeric Delhay, Bénédicte Fouque, Bertrand Gadenne, Aikaterani Gesisian, Daniel Gosling,Judith Josso, Paddy Kernohan, Frédérique Lecerf, Pascal Lièvre, Sophie Loret-Naumovitz,Rémy Marlot, Hikaru Miyakawa, Eléonore de Montesquiou, Jean Marc Munerelle,Bertrand Planes, Axelle Rioult, Thierry Verbeke…ainsi que : Joël Bartoloméo, Geneviève Becquart, Bruno Dupont, Gilles Fournet,Laurent Grasso, Marc Lavigne, Gilles Maillet, Emilie Ovaere, Bernard Petitot,Françoise Pierard, Marie Joseph Pilette, Sylvie Presa, Gilles Rose, Dominique Szymusiak,Francine Taraska, Philippe Tavernier, Dorothée Ulrich.Pour recevoir le programme Saison Vidéoà domicile :Prénom :Nom :Adresse :rédaction et ligne éditoriale : Mo GourmelonLa SAISON VIDEO est soutenue par le Ministère de la Culture - DRAC Nord Pas de Calais,le Conseil Régional Nord Pas de Calais, le Département du Nord, la Ville de Mons en Baroeul.Code Postal :Ville :Tous droits de reproduction des textes et photos, interdits sans accord préalableConception graphique : nocrea <strong>2005</strong>Impression : SNEL Grafics, Liège, Belgiquedirecteur de publication : Eric Deneuvilledépot légal 1er trimestre <strong>2005</strong> Couverture : photos extraites de Leave the keys outside... de Killu Sukmit et Mari Laanemets, p.4548Intérieur 1 : La colonie, Vincent Roux, p.19Intérieur 2 : Jeebus, Peter Atha, p.25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!