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30.2 kOctets - PDF

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quand même répondu par des progrès tout à fait considérables, en termes de recherchepolicière, d’investigation et de police scientifique. Il y a la médiatisation. Tout le monde estpersuadé que le tueur en série recherche la gloire et qu’il est gonflé d’orgueil de ses exploitsdans la presse. J’ai demandé à tous les tueurs en série français quelle était leur position parrapport à la médiatisation. La réponse a toujours été la même : « c’est quand on parlait demoi, je me planquais », ou bien une espèce de haine viscérale des journalistes et desmédias. Il y a là aussi un facteur me semble-t-il différentiel et l’exemple le plus parlant estcelui de Chanal où si on se place dans l’hypothèse de sa culpabilité, il se serait suicidé pourque ne soit pas révélée cette part d’ombre, cette part cachée, cette part honteuse de luimêmepour laquelle il avait tout sauf de la fierté. Il me semble aussi que dans la scène ducrime, on ne voit pas en France ce que l’on voit aux Etat Unis, c'est-à-dire une espèce dedéfit de provocation à la police. Par exemple, une image qui m’avait beaucoup frappée dansun congrès, c’était une malheureuse qui avait été tuée et le tueur avait introduit un canon defusil dans son vagin ; une façon de provoquer celui qui va arriver sur la scène du crime, lesenquêteurs. Si on cherche des tueurs en série français avec des critères venus d’ailleurs, onrisque bien de ne pas les trouver. Il me semble qu’il faudrait constituer un thésaurus,notamment des expertises qui ont été pratiquées en France sur tous les tueurs en sérieconnus et travailler sur ces éléments cliniques de manière conjointe entre psychiatres,psychologues, criminologues et policiers pour essayer d’en tirer un maximum d’informations ;peut-être en faisant le pari que cette meilleure connaissance de l’existant criminel permettraune meilleure investigation.On parle souvent de tueurs fous, lorsque l’on parle de tueur en série. Sont-ils vraimentfous ?Fou, pour moi cela ne veut rien dire. Pour moi psychiatre, la maladie mentale est irréductibleà la conception populaire qu’on peut se faire de la folie ou alors je ne suis plus psychiatre. Ily a quelques tueurs en série qui sont des malades mentaux mais ils ne sont pas si fréquent,ne serait-ce que parce qu’il faut pouvoir maîtriser les modalités de passage à l’acte. Il fautpouvoir être capable d’y renoncer quand les circonstances ne s’y prêtent pas, et si on estenvahi par le délire, on a peu de chance de répondre à ces critères là. Il est bien évidentqu’ils ont tous des distorsions, des troubles, des altérations de la personnalité dans desregistres généralement psychopathiques, et pervers qui sont très importants. La question surle plan médico-légal est de savoir s’ils étaient capables de ne pas le faire au moment où ilsl’ont fait. Or, quand vous posez la question à la plupart des tueurs en série vous vousapercevez que s’il y a trop de policiers, s’il y a trop de monde, si la victime ne se plie pas àce qu’ils en attendent, un certain nombre de fois, ils renoncent par prudence à leurs forfaitscriminels. Quelque soit la complexité de la personnalité, son altération et ses troubles, àpartir du moment où on est capable de renoncer, c’est qu’on est responsable de ses actes.Il y a à la fois une fascination et une répulsion de l’opinion publique pour ces affairesde crimes en série. Pourquoi ?Il y a dans cette fascination des éléments troubles, obscurs, qui au fond, relèvent de notresadisme ou relèvent de mouvements psychiques très archaïques où la souffrance de l’autrenous dégage de la notre et où la mort de l’autre nous permet de nous sentir vivants. Je nepense pas que cet intérêt assez généralisé pour ces questions, soit seulement le reflet d’unsadisme ou d’un coté très obscur de nos personnalité. Je pense qu’il y a aussi une énigme.Qu’est-ce qui fait que des gens peuvent fonctionner, désirer, avancer de cette manière là ?Qu’est-ce qui fait que donner la mort à l’autre puisse être objet de jouissance ? Dans quellemesure cela interpelle une interrogation sur l’humanité en générale, et dans quelle mesurecela interpelle en chacun d’entre nous une interrogation sur notre propre fonctionnementpsychique inconscient. Il est évident que ça soulève des interrogations anthropologiquesassez vertigineuses.

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