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mach ines rad icales co ntre l e tec h n o - Empire Matteo Pasquinelli

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P O S T M É D I A · M A J E U R E ·9 5<strong>mach</strong> <strong>ines</strong><strong>rad</strong> <strong>icales</strong><strong>co</strong> <strong>ntre</strong>l e <strong>tec</strong> h n o -<strong>Empire</strong><strong>Matteo</strong><strong>Pasquinelli</strong>


9 6 · M U LT I T U D E S 21 · ÉTÉ 2005Chacun de nous est une <strong>mach</strong>ine du réel, chacun de nous est une <strong>mach</strong>ine<strong>co</strong>nstructive.Toni Negri—Les <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>tec</strong>hniques ne fonctionnent évidemment qu’à <strong>co</strong>ndition dene pas être détraquées (...) Les <strong>mach</strong><strong>ines</strong> désirantes au <strong>co</strong>ntraire ne cessentde se détraquer en marchant, ne marchent que détraquées (...) L’artutilise souvent cette propriété en créant de véritables fantasmes de groupequi <strong>co</strong>urt-circuitent la production sociale avec une production désirante, etintroduisent une fonction de détraquement dans la reproduction de <strong>mach</strong><strong>ines</strong><strong>tec</strong>hniques.Gilles Deleuze, Félix Guattari, L’anti-Œdipe (pp. 38 et 39).—distributeurs de cigarettes et intelligences paranoïaquesPrenez un distri buteur automatique de cigarettes. La <strong>mach</strong>ine qui esten face de vous est l’incarnation d’un savoir scientifique <strong>co</strong>mposé dehardware et de software, de générations cumulées de <strong>co</strong>nnaissances eningénierie à des fins <strong>co</strong>mmerciales : elle gère automatiquement les fluxd’argent et de marchandise, elle se substitue à l’humain grâce à une interface<strong>co</strong>nviviale, elle protège la propriété privée et fonctionne grâce àun minimum d’e<strong>ntre</strong>tien et de rav i t a i l l e m e n t . Où est passé le marchandde tabac ? Parfois, il profite de son temps libre. D’autres fois, il est supplantépar l’e<strong>ntre</strong>prise qui possède la chaîne de distributeurs. À sa place , on ren<strong>co</strong><strong>ntre</strong> parfois un <strong>tec</strong>hnicien. Sans prétendre imiter le F ra g m e n tsur les <strong>mach</strong><strong>ines</strong> de Marx à trave rsun F ragment sur les distri bu t e u rs de cigarettes,cet exemple (é<strong>co</strong>logiquement in<strong>co</strong>rrect) mo<strong>ntre</strong> que les théoriesdu post-fordisme et du travail <strong>co</strong>gnitif prennent <strong>co</strong>ncrètement <strong>co</strong>rps dansnotre environnement proche et ne demeurent pas à l’état de pures abstractions.Cet exemple souligne aussi que les <strong>mach</strong><strong>ines</strong> matérielles ouabstraites, <strong>co</strong>nstruites par l’intelligence <strong>co</strong>llective, sont organiquementattachées aux mouvements de l’é<strong>co</strong>nomie et de nos désirs.On parle de general intellect au singulier, mais il faudrait en parler aup l u ri e l . Les formes de l’intelligence <strong>co</strong>llective sont multiples. C e rt a i n e sp e u vent prendre des formes totalitaires de <strong>co</strong>ntrôle, <strong>co</strong>mme l’idéologi em i l i t a r o - m a n a g é riale des néo-<strong>co</strong>nservat e u rs américains ou de l’empireMicrosoft. D’autres s’incarnent dans les bureaucraties de type socialdé m o c r at e s , dans les appareils de <strong>co</strong>ntrôle policier, dans la logique mat h é-m atique des spéculat e u rs en bours e , dans l’archi<strong>tec</strong>ture des villes. À l’instarde Foucault qui parlait d’étatisation du biologique 1 , Virno évoque àce sujet l’é t at i s ation de l’intellect 2 . Dans les dystopies cinémat o gr a p h i q u e sde 2001, l’Odyssée de l’espace et de Matrix, le « cerveau » des <strong>mach</strong><strong>ines</strong>


P O S T M É D I A · M A J E U R E ·9 7évolue en auto-<strong>co</strong>nscience jusqu’à se débarrasser de l’humain. À l’opposé,il existe aussi de « bonnes » intelligences <strong>co</strong>llectives qui produisentdes réseaux intern ationaux de <strong>co</strong>opérat i o n , <strong>co</strong>mme c’est le cas ave cles réseaux du mouvement altermondialiste, des précaires, des développeursde logiciels libres, du média-activisme. Ces intelligences <strong>co</strong>lle c t i ves produisent le partage des savo i rs dans les unive rs i t é s , les licencesouvertes Creative <strong>co</strong>mmons, des projets urbanistiques participatifs, desformes de récits et d’imaginaires de libération. D’un point de vue plusg é o p o l i t i q u e , nous pourrions imaginer que nous vivons dans une de cesparanoïas S.F. chères à Philip K. Dick où le monde serait dominé parune seule Intelligence, mais en proie en son sein à une guerre e<strong>ntre</strong> deuxorganisations de general intellect <strong>co</strong>ncurrentes et interdépendantes.de l’utopie au <strong>co</strong>rps-réseauHabitués aux formes t<strong>rad</strong>itionnelles de r e p r é s e n t at i o n du mouve m e n taltermondialiste, nous ne percevons pas les nouveaux <strong>co</strong>nflits de produ c t i o n qui se font jour. Et <strong>co</strong>mme nos esprits sont obnubilés par la guerr eglobale qui se joue, nous n’avons pas <strong>co</strong>nscience de l’importance centralede cette autre <strong>co</strong>nfrontation. Pour cette raison, en nous inspirantde Manuel Castells, nous sommes <strong>co</strong>nduits à définir le mouvement alter<strong>co</strong>mme une subjectivité résistancielle qui ne parviendrait pas à devenirp r o j e c t u e l l e.G l o b a l e m e n t , nous ne mesurerons pas la distance qui séparele mouvement altermondialiste du ce<strong>ntre</strong> de la production capitaliste,du ce<strong>ntre</strong> de la production du réel <strong>co</strong>mmandé par l’intelligence <strong>co</strong>llective .En paraphrasant Paolo Virno, nous pourrions dire qu’il y a déjà tropde politique dans les nouvelles formes productives pour que la politiquemouvementaliste « puisse jouir en<strong>co</strong>re d’une dignité autonome » 3 .Trois types d’action (trava i l , p o l i t i q u e , a rt ) , qui étaient bien distinctsau XIX e s i è c l e , sont désormais parties intégrantes d’une même at t i t u d eet sont centraux dans tous les processus de production. Pour travailler,faire de la politique, produire de l’imaginaire, il est nécessaire aujourd’huide disposer de <strong>co</strong>mpétences hy b ri d e s. Cela signifie que nous sommestous des trava i l l e u rs - a rt i s t e s - a c t i v i s t e s. Mais cela signifie aussi queles figures du militant et de l’artiste sont dépassées et que de telles <strong>co</strong>mpétencess’acquièrent désormais dans un espace <strong>co</strong>mmun qui est celuide la sphère de l’intellect <strong>co</strong>llectif. Les événements de 1977 (nous faisonsréférence ici à l’autonomie italienne, mais aussi au phénomène punk)ont marqué la fin du pa<strong>rad</strong>igme « r é vo l u t i o n » au profit de celui de mouvement.Ces événements ont ouvert de nouveaux espaces de <strong>co</strong>nflitsdans les champs de la <strong>co</strong>mmunication, des médias et de la productionde l’imaginaire. Depuis quelque temps, nous sommes en train de nous


9 8 · M U LT I T U D E S 21 · ÉTÉ 2005apercevoir que la notion même de « mouvement » doit être dépassée.Probablement en faveur de celle de network, telle que Hardt et Negrila décrivent déjà dans Multitude 4 .Avec le Fragment sur les <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>co</strong>mme point d’origine, le generali n t e l l e c t est devenu la mat rice ori ginelle d’une famille toujours plus nombreusede <strong>co</strong>ncepts : é<strong>co</strong>nomie de la <strong>co</strong>nnaissance, capitalisme <strong>co</strong>gnitif,intelligence <strong>co</strong>llective , intellectualité de masse, t r avail immat é ri e l , c o g n i-tariat, société du réseau, classe créative, partage des savoirs, etc... Auc o u rsdes dernières années, le lexique politique s’est enrichi d’outils fortementapparentés e<strong>ntre</strong> eux et que nous manipulons sans savoir à quoiils servent exactement. Nous attendons que de nouvelles formes reve n-diquent le rôle qui à l’intérieur du même champ relève du désir, du <strong>co</strong>rp s ,de l’esthétique, du biopolitique. Dans un registre vo i s i n , nous avons à l’esprit la question de l’« opposition trava i l l e u rs <strong>co</strong>gnitifs ve rs u s p r é c a i r e s » ,deux faces d’une même médaille, que les pre<strong>co</strong>gs de Chainworkers.orgont synthétisé en qualifiant les premiers de n e t wo rk e rs ( t r ava i l l e u rs du réseau)et de b ra i n wo rk e rs ( t r ava i l l e u rs<strong>co</strong>gnitifs) et les se<strong>co</strong>nds de n e t wo rk e d( t r ava i l l e u rsmis en réseau) et de c h a i n wo rk e rs (littéralement « t r ava i l l e u rsà la chaîne », mais entendus présentement au sens de « travailleurs ausein des chaînes aussi bien <strong>co</strong>mmerciales qu’industri e l l e s ) . Au final, l e spremiers seraient les personnes séduites puis abandonnées par les e<strong>ntre</strong>priseset les marchés financiers, les se<strong>co</strong>nds seraient les personnesruinées et précarisées par les flux apat rides du capital mondialisé » 5 .L av é ri t é , c’est que nous sommes à la recherche d’un nouvel acteur <strong>co</strong>llectifet d’un nouveau point d’appui pour dégripper le vieux levier révo l u-tionnaire à présent rouillé. Le succès du <strong>co</strong>ncept de multitude est aussile reflet de ce manque actuel de repères. P r o l é t a ri at et multitude, p a rti etmouvement, révolution et auto-organisation. Aujourd’hui, c’est à travers le ge n e ral intellect ou même le « c o rps général » 6 de la multitude qu’onse représente l’acteur <strong>co</strong>llectif, le c o rp s - r é s e a u à l’intérieur duquel le réseaun’est pas seulement une forme d’organisat i o n , mais le <strong>co</strong>rps lui-même.Cet acteur <strong>co</strong>llectif est supposé <strong>co</strong>nstituer un niveau d’autonomie et d’auto-organisationdont le champ d’action, dans les pays occidentaux eti n d u s t ri a l i s é s , serait le capitalisme <strong>co</strong>gnitif, spectaculaire et biopolitique.Quel rapport la <strong>tec</strong>hnologie e<strong>ntre</strong>tient-elle avec le <strong>co</strong>rp s ? Et, plus parti c u l i è r e m e n t , quel rapport la <strong>tec</strong>hnologie des réseaux nourrit-elle ave cle <strong>co</strong>rps de la multitude ? Dans une autre fable paranoïaque, on pourraitimaginer la <strong>tec</strong>hnologie dans le rôle de dernière héritière d’une gr a n d esaga d’acteurs <strong>co</strong>llectifs générés et produits par l’histoire du l ogo s. C e t t esaga se présenterait en forme de poupées russes emboîtées les unes dansles autres : la première symboliserait la religion, les suivantes la théo-


P O S T M É D I A · M A J E U R E ·9 9logie, la philosophie, l’idéologie, la science, jusqu’à la dernière qui représenteraitla <strong>tec</strong>hnologi e . En réalité, l’ordonnancement des choses n’estpas aussi linéaire que cela, mais cette image permet de souligner queles <strong>tec</strong>hnologies de l’inform ation et de l’intelligence sont le produit d’unestratification de l’histoire de la pensée, même si on ne retient de cettesaga que son tout dernier épisode, c’est-à-dire Internet en tant qu’incarnation des rêves de la génération politique des années 60 et 70. L’ i n t é ri e u rdes <strong>mach</strong><strong>ines</strong> n’est pas fait uniquement de calculs abstraits produits parl’intellect, il <strong>co</strong>ntient aussi les restes des fantômes <strong>co</strong>llectifs du passé.Comment en sommes-nous arrivés à cette situat i o n ? Nous sommes aupoint de <strong>co</strong>nvergence de différents niveaux histori q u e s. En premier lieu,il y a l’héritage des avant-gardes histori q u e s , c’est-à-dire la synthèse e<strong>ntre</strong>esthétique et politique. Il y a eu ensuite les luttes de 1968 et de 1977qui ont ouvert de nouveaux espaces de <strong>co</strong>nflits hors de l’usine, à l’intérieurdu monde de l’imaginaire et de la <strong>co</strong>mmunication. Puis, on aassisté à l’hypertrophie de la société du spectacle et de l’é<strong>co</strong>nomie dela marque et du logo, la transformation du travail salarié de type fordisteen travail autonome précaire de nature post-fordiste, la révolutioninformatique et l’avènement d’Internet, de la net-é<strong>co</strong>nomie et dela société des réseaux. L’utopie est à présent « laïcisée » par la <strong>tec</strong>hnolo gi e , et l’exercice politique le plus noble de représentation devient uneproduction moléculaire de marché. Il y a ceux qui voient la péri o d eactuelle <strong>co</strong>mme un réseau mondial viva c e , ceux qui la représentent <strong>co</strong>mmeune nébuleuse indistincte, ceux qui l’interprètent <strong>co</strong>mme une nouvelleforme d’exploitation, et enfin ceux qui la vivent <strong>co</strong>mme une époqued’opportunité. La densité du phénomène atteint aujourd’hui unn i veau de masse critique et donne <strong>co</strong>ntours à une classe <strong>rad</strong>icale globaleà l’intersection de l’activisme, de la <strong>co</strong>mmunicat i o n , de l’art , des <strong>tec</strong>hnologiesde réseaux et de la recherche indépendante. Être productifs etprojectuels signifie-t-il l’abandon de la représentation <strong>co</strong>urante du <strong>co</strong>nflitet des formes représentatives de la politique ?le travail <strong>co</strong>gnitif produit des <strong>mach</strong><strong>ines</strong>Au sein du débat politique, dans le monde de l’art, dans la philosophie,dans la critique des médias ainsi que dans la culture des réseaux,une métaphore est aujourd’hui hégémonique : celle du logiciel libre. S amétaphore jumelle, celle de l’open source, envahit toutes les discipl<strong>ines</strong> :archi<strong>tec</strong>ture open source, littérature open source, démocratie open source,ville open source. . . Les logiciels sont des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> immat é ri e l l e s. La métaphoredu logiciel libre nous paraît un peu trop facile à cause de sonimmatérialité. Et de cette immatérialité dé<strong>co</strong>ule souvent sa difficulté à


1 0 0 · M U LT I T U D E S 21 · ÉTÉ 2005prendre prise dans le monde réel. Même si nous savons qu’il s’agit d’unechose bonne et juste, nous nous interrogeons (certes de manière un peupolémique) sur ce que cela changera quand tous les ordinat e u rsdu mondefonctionneront sur logiciels libres. L’aspect le plus intéressant dumodèle free softwa r e, c’est l’immense réseau de <strong>co</strong>opération qui s’est misen place au niveau mondial e<strong>ntre</strong> des programmateurs informatiques.Mais quels autres exemples <strong>co</strong>ncrets pouvons-nous mettre en avant pourproposer de nouvelles formes d’actions à l’intérieur du monde réel etpas seulement à l’intérieur du royaume numérique ? Dans les années70, Deleuze et Guat t a rieurent l’intuition du <strong>mach</strong>inique, en tant qu’introjectionde la forme productive industri e l l e . Au final, il s’agi s s a i td’un matérialisme hydraulique qui parlait de <strong>mach</strong><strong>ines</strong> désirantes, révol u t i o n n a i r e s , c é l i b at a i r e s , g u e rrières et non de représentations etd’idéologies 7 . Deleuze et Guattari ont sorti la <strong>mach</strong>ine de l’usine, c’està nous à présent de la tirer hors du réseau et d’imaginer la générationpost-Internet.Le travail <strong>co</strong>gnitif est le travail qui produit des <strong>mach</strong><strong>ines</strong>, des <strong>mach</strong><strong>ines</strong>de toutes sortes. Il ne produit pas seulement des logiciels, mais aussides <strong>mach</strong><strong>ines</strong> électroniques, des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> narr at i ve s , des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> publ i c i t a i r e s , des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> médiat i q u e s , des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> récitantes, des <strong>mach</strong><strong>ines</strong>psychiques, des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> sociales, des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> désirantes. AuX I X e s i è c l e , la définition de la <strong>mach</strong>ine renvoyait à un dispositif de transformationde l’énergie. Au XX e siècle, la <strong>mach</strong>ine de Turing — à l’originede tout ordinateur — a <strong>co</strong>mmencé à interpréter l’inform ation sousla forme d’un séquençage de 0 et de 1. Pour Deleuze et Guattari, la<strong>mach</strong>ine désirante est plutôt une « m a c h i n e » qui génère, c o u p e , a g e n c edes flux et, en permanence, produit le réel. Aujourd’hui, par <strong>mach</strong>ine,nous entendons la forme élémentaire du ge n e ral intellect, c’est-à-dire chacundes nœuds du réseau de l’intelligence <strong>co</strong>llective, chacun des dispositifsmatériels ou immatériels qui relient organiquement les flux del’é<strong>co</strong>nomie et de nos désirs. À une échelle supéri e u r e , le réseau lui-mêmepeut être <strong>co</strong>nsidéré <strong>co</strong>mme une méga-<strong>mach</strong>ine <strong>co</strong>mposée d’autres <strong>mach</strong><strong>ines</strong>assemblées. La multitude elle aussi devient <strong>mach</strong>inique. CommeHardt et Negri l’écrivent dans <strong>Empire</strong> : « Non seulement la multitudeutilise des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> pour produire, mais elle devient elle-même deplus en plus <strong>mach</strong>inique, les moyens de production étant de plus enplus intégrés aux esprits et aux <strong>co</strong>rps de la multitude. Dans ce <strong>co</strong>ntexte,la réappropri ation signifie avoir le libre accès (et le <strong>co</strong>ntrôle sur) la <strong>co</strong>nnaissance,l’information, la <strong>co</strong>mmunication et les affects, parce que ce sontquelques-uns des moyens premiers de la production biopolitique. Lefait que ces <strong>mach</strong><strong>ines</strong> productrices aient été intégrées à la multitude


P O S T M É D I A · M A J E U R E · 1 0 1ne signifie pourtant pas que celle-ci en a le <strong>co</strong>ntrôle. Cela rendrait mêmeplutôt l’aliénation plus vicieuse et plus injuste. Le droit de réappropri at i o nest réellement le droit de la multitude à l’auto<strong>co</strong>ntrôle et à l’autoproductionautonome 8 ».le general intellect engendre des monstre sDit d’une autre manière, l’usine à l’époque du post-fordisme est sortiede l’usine et la société tout entière est devenue usine. Une multitudequi serait d’ores et déjà <strong>mach</strong>inique induit l’idée que le renversementdu système actuel de production vers un état d’autonomie seraitpossible grâce à un <strong>co</strong>up de rein qui dé<strong>co</strong>nnecterait la multitude de ladirection exercée par le capital. Mais la « réappropriation des moyensde production » n’est pas, dans la situation présente, une opération fa c i l e .Car s’il est vrai que le principal outil de travail est aujourd’hui le cerveau,et donc que les travailleurs peuvent en principe se réapproprierimmédiatement ce moyen de production, il est vrai également que le<strong>co</strong>ntrôle et l’exploitation au sein de la société sont eux aussi devenusimmatériels, <strong>co</strong>gnitifs et réticulaires. Le general intellect de la multituden’est pas le seul à s’être déve l o p p é , celui de l’<strong>Empire</strong> en a fait de même.Les travailleurs armés de leur ordinateur peuvent bien se réapproprierc e rtains des moyens de production, mais une fois le nez hors du bu r e a ude leur ordinateur, ils se trouvent <strong>co</strong>nfrontés à un Godzilla auquel ilsn’avaient pas pensé : le Godzilla du general intellect ennemi.Les méta<strong>mach</strong><strong>ines</strong> sociales, é t atiques et é<strong>co</strong>nomiques auxquellesn o u s , êtres humains, sommes branchés <strong>co</strong>mme des prothèses sont<strong>co</strong>ntrôlées par des automatismes <strong>co</strong>nscients et in<strong>co</strong>nscients. Les méta<strong>mach</strong><strong>ines</strong>sont gérées par un type particulier de travail <strong>co</strong>gnitif (le travailpolitique, a d m i n i s t r atif et managerial) qui projette, organise et<strong>co</strong>ntrôle à grande échelle une forme de general intellect que nous avonsomis de prendre en <strong>co</strong>nsidération et dont le maître est une figure quis’est imposée au <strong>co</strong>urs de la deuxième moitié du XX e siècle : le manager.Comme Bifo le rappelle dans Le totalitarisme <strong>tec</strong>hno-managérial deB u r nham à Bush, ce sont les managers qui tiennent à présent le <strong>co</strong>mmandementau sein du monde post-démocratique (ou, si on veut, au seinde l’<strong>Empire</strong>). George Orwell dans un texte intitulé Se<strong>co</strong>nd Thoughts onJames Burnham écrivait en 1946 : « Le capitalisme est en train de disparaître,mais le socialisme ne parvient pas à prendre sa place. Ce quiest en train de naître, c’est un type nouveau de société, planifiée et centralisée,qui à terme ne sera ni capitaliste, ni démocratique. Les gouvernantsseront ceux qui <strong>co</strong>ntrôleront dans les faits les moyens de produ c t i o n , c’est-à-dire les cadres diri g e a n t s , les <strong>tec</strong>hniciens, les bu r e a u c r at e s


1 0 2 · M U LT I T U D E S 21 · ÉTÉ 2005et les militaires, réunis dans la cat é g o rie des “ m a n a g e rs ” . Ceux-ci éliminerontla vieille classe propriétaire, écraseront la classe ouvrière et organiserontla société de manière à garder dans leurs mains le pouvoiré c o n o m i q u e . Les droits de la propriété privée seront abolis, mais la propriété<strong>co</strong>mmune ne sera pas préservée pour autant. Il n’y aura plus depetits États indépendants, mais de grandes entités étatiques autour desgrands ce<strong>ntre</strong>s industriels en Europe, en Asie et en A m é ri q u e . Ces super-É t ats <strong>co</strong>mbattront e<strong>ntre</strong> eux. Ces sociétés seront très hiérarchiques ave cune aristocratie du talent à leur sommet et une masse de semi-esclavesà leur base ». Au début de notre propos, nous avons évoqué l’existencede deux intelligences antagonistes dans le monde, ainsi que les modespar lesquels ces deux intelligences se manifestent. La multitude procède<strong>co</strong>mme une <strong>mach</strong>ine parce qu’elle est calée sur un schéma, un s o f t-ware social, <strong>co</strong>nçu pour exploiter les énergies et les idées qui sont lessiennes. Les <strong>tec</strong>hnomanagers (publics, privés, militaires), in<strong>co</strong>nsciemmentou non, élaborent et <strong>co</strong>ntrôlent des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>co</strong>nstituées d’êtreshumains assemblés les uns aux autres. Le general intellect donne le jour àdes monstres. Face à l’envahissement du <strong>tec</strong>hnomanagement néo-libéral,l’intelligence du mouvement alter est bien peu de choses. Que faire ?Nous devo n s , soit inventer des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> virt u o s e s , r é vo l u t i o n n a i r e s , r a d i-cales que nous disposerons à des points nodaux du réseau, soit affronterle ge n e ral intellect qui administre les méta<strong>mach</strong><strong>ines</strong> impéri a l e s. Et ava n tde s’attaquer à cela, nous devons prendre <strong>co</strong>nscience de la densité d’« i n-telligence » qui se <strong>co</strong>nce<strong>ntre</strong> à l’intérieur de chaque marchandise, chaqueorganisation, chaque message, chaque média, et chaque <strong>mach</strong>inede la société postmoderne.En s’inspirant du slogan de Jello Biafra, nous pourrions dire, n o nsans une certaine ironie : D o n ’thate the <strong>mach</strong>ine, be the <strong>mach</strong>ine. C o m-ment pouvons-nous transformer le partage des <strong>co</strong>nnaissances, les outilset les espaces en <strong>mach</strong><strong>ines</strong> productive s , <strong>rad</strong><strong>icales</strong> et révo l u t i o n-naires qui <strong>co</strong>nstitueraient un nouveau modèle par rapport au trèspopulaire modèle du logiciel libre ? C’est un défi identique à celuiqu’on appelait autrefois la « r é a p p r o p ri ation des moyens de production » .La classe <strong>rad</strong>icale globale parviendra-t-elle à inventer des <strong>mach</strong><strong>ines</strong>sociales capables de défier le capital et de fonctionner sur un niveaud’autonomie et d’auto-production ? Existe-t-il autour de nous des <strong>mach</strong><strong>ines</strong><strong>rad</strong><strong>icales</strong> en mesure d’affronter l’intelligence <strong>tec</strong>hnomanagérialeet les méta<strong>mach</strong><strong>ines</strong> impéri a l e s ? Le match « multitude ve rs u s e m p i r e »se transforme à présent en match « <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>rad</strong><strong>icales</strong> versus <strong>tec</strong>hnomonstresimpériaux ». Sur quelles bases pouvons-nous <strong>co</strong>mmencer à<strong>co</strong>nstruire de telles <strong>mach</strong><strong>ines</strong> ?


P O S T M É D I A · M A J E U R E · 1 0 3du LSD à LinuxLe risque au sein de la <strong>tec</strong>hnologie est de <strong>co</strong>ntinuer à parler le langagedu pouvoir et du capital. L’histoire est pleine de « <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>rad</strong><strong>icales</strong>» qui se sont dénaturées pour prendre la forme de nouveaux instrumentsde <strong>co</strong>ntrôle et d’exploitation. Ne voyons-nous pas la créativitéh a ck i n g se <strong>co</strong>nfondre progr e s s i vement avec l’exaltation du fonctionnalismeindustriel ? L’antienne de la supériorité et de la fiabilité du logiciellibre est à présent si <strong>co</strong>nvaincante que les militaires, e u x - m ê m e s , en sontvenus à l’adopter. En dehors du mythe politique qu’il représente, le h a c-k e r est un pacte méphistophélique avec la <strong>tec</strong>hnocratie (plus avec le pouvoirimplicite dont dispose la <strong>tec</strong>hnologie en elle-même qu’avec les <strong>tec</strong>hnocr at e s ) . On annone toujours la même définition officielle: « Free softwa r eis a matter of liberty, not price.To understand the <strong>co</strong>ncept, you shouldthink of free as in free speech, not as in free beer » 9 . Mais derrière ces subtilesnuances, on en vient à oublier cet « illustre <strong>co</strong>llègue » de la libertéqu’est le libre marché. Et tout se passe <strong>co</strong>mme si la <strong>tec</strong>hnologie immat é-rielle du s o f t wa r e disposait quasiment des mêmes droits qu’un l ogo s d i v i naux manifestations infa i l l i b l e s. Si les <strong>mach</strong><strong>ines</strong> représentées par Deleuzeet Guat t a ri fonctionnent en se dégr a d a n t , c’est justement pour éviter lerisque du fonctionnalisme et de leur appropri ation par les méga-<strong>mach</strong><strong>ines</strong>capitalistes. Si l’on se réfère à la notion de free speech, la définitiono fficielle de free softwa r e prend une tonalité parfaitement « l i b e ra l » . Q u ereprésente le fait de programmer des logiciels libres ? La première préocc u p ation semble, avant tout, d ’ é c rire des logiciels qui fonctionnent, e tce, d’autant mieux, que leur source est ouverte et reproductible. Audelà,le sens politique et l’investissement utopique du logiciel libre dé<strong>co</strong>ulentdu <strong>co</strong>ntexte social et é<strong>co</strong>nomique qui l’env i r o n n e , des flux auxquelsil se rat t a c h e . Le logiciel libre a une signification particulière dansles telecentros des banlieues brésiliennes (autonomie sociale) et une autresignification dans les start-up de la Sili<strong>co</strong>nValley (innovation industrielle).Dans la mesure où elles partagent le même champ, de quellemanière ces deux approches s’influencent-elles l’une l’autre ? Un duode ce type ne produit-il nécessairement que des choses positives ? Difficilede répondre en quelques lignes à une question aussi <strong>co</strong>mplexe.La chose dont nous sommes cert a i n s , c’est que le logiciel libre représenteun investissement désirant à l’échelle mondiale. Pour résumer leschoses en quelques mots, nous dirions que Linux est la nouvelle drogue<strong>co</strong>gnitive qui a pris la place du LSD à l’intérieur de toutes les culturesa l t e rn at i ve s. Le logiciel libre représente la liberté et l’autogestion du rapportde notre <strong>co</strong>rps avec la <strong>tec</strong>hnologie. Il s’agit là d’un aspect qui renvoiemoins à la sacro-sainte « p e r f o rm at i v i t é » du logiciel libre qu’au rap-


1 0 4 · M U LT I T U D E S 21 · ÉTÉ 2005p o rt transparent et créatif qu’il établit e<strong>ntre</strong> le <strong>co</strong>rps et la <strong>mach</strong>ine. C e t t ep r é o c c u p ation est évidemment peu répandue parmi les partisans du logiciellibre et n’est le fait que d’une partie du milieu média-activiste. E nnous référant à nouveau à la pensée de Deleuze et Guattari sur la <strong>tec</strong>hno l o gi e , on peut dire que le défi posé par le <strong>co</strong>ncept de <strong>mach</strong>ine désiranterepose justement sur la tentat i ve de <strong>co</strong>ncilier en même temps le <strong>co</strong>de,i n c a rn ation de l’i n t e l l e c t,et le plan de production-<strong>co</strong>nsommat i o n - d é gr a-dation, c’est-à-dire le désir. À un autre niveau, le <strong>co</strong>ncept de <strong>mach</strong>inedésirante, reprenant les intuitions du personnage imaginé par Butlerdans E r e wh o n 10 , cherche à faire disparaître toute distinction e<strong>ntre</strong> l’humainet le <strong>tec</strong>hnologique. Les <strong>mach</strong><strong>ines</strong> sont des organismes qui utilisentl’homme en tant qu’appareil de reproduction : rien d’étonnant àcela quand on sait que, même au sein de la nature, le trèfle ne peut sereproduire sans l’intermédiation du frelon. Le <strong>mach</strong>inique de Deleuzeet Guattari ne laisse place à aucun fétichisme du cyborg. L’identité del’humain se dissipe <strong>co</strong>mme celle du <strong>mach</strong>inique : à leur place nous trouvonsun flux <strong>co</strong>ntinu de signes, d’objets, de dispositifs, d’organes partielsqui s’agrègent sans hiérarchie et sans identité.vers le neuro c o r p sLes <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>rad</strong><strong>icales</strong> sont des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> qui <strong>co</strong>nsomment un excèsde désir. De quelle manière peut-on défier les intelligences totalitaireset les méta-<strong>mach</strong><strong>ines</strong> impériales que nous venons de décrire ? Dans lesfa i t s , nous nous battons déjà à l’intérieur du même champ, celui du désir,mais nous ne voulons pas l’admettre. Notamment parce qu’en matièrede <strong>mach</strong>ine désirante — <strong>co</strong>ncept né pour rompre avec l’intégrité ennuyeusede l’humain — nous avons toujours uniquement exalté sa dimension<strong>tec</strong>hnologi q u e . C’est le cas aussi dans la représentation my t h i-fiée que nous avons du cyborg ou du general intellect. En réalité, <strong>co</strong>rpset <strong>mach</strong>ine se désagrègent et ce qui en résulte est un <strong>co</strong>rps « éclaté »,un <strong>co</strong>rps-réseau formé d’une <strong>co</strong>ncrétion d’objets partiels, de dispositifs,de flux d’informations et d’images ; ce que nous appelons neuro<strong>co</strong>rps.C’est dans ce champ à la fois biopolitique et très <strong>co</strong>ncret que le capitalisme<strong>co</strong>gnitif et les intelligences totalitaires interviennent. Pendantque tout le monde est occupé à parler du logiciel libre et tente de <strong>co</strong>nstruire des <strong>mach</strong><strong>ines</strong> parfa i t e s , nous préférons, à cette représentation eugéniquedu numérique, la synthèse de neuro<strong>co</strong>rps qui se détérioreraientc o n t i n u e l l e m e n t . Le n e u r o c o rp s est notre vision d’une <strong>mach</strong>ine, c o n n e x i o nperverse et polymorphe, permettant de nous relier non seulement auxdispositifs analogiques et inform at i q u e s , mais aussi aux images dus p e c t a c l e , et même aux formes de l’espace urbain, <strong>co</strong>mme dans Le salon


P O S T M É D I A · M A J E U R E · 1 0 5des horr e u rs de Ballard 11 . C’est justement Ballard qui nous rappelle queles neuro<strong>co</strong>rps sont également — faisons attention — les formes les plusé voluées du pouvoir biopolitique, c’est-à-dire les extensions médiat i q u e sd ’ a c t e u rs hollywoodiens « p r ê t é s » à la politique, <strong>co</strong>mme Ronald Reaganet Arnold Schwarzenegger.Le <strong>co</strong>ncept de neuro<strong>co</strong>rps permet d’intégrer la <strong>mach</strong>ine et le réseau,le système nerveux et l’imaginaire, l’espace physique et l’espace psychique.Le neuro<strong>co</strong>rps représente la <strong>co</strong>nnexion du système nerveux inte rne avec le système nerveux <strong>co</strong>llectif et ses prothèses <strong>tec</strong>hnologi q u e s ,médiatiques, spectaculaires. Ses frontières vont parfois jusqu’à inclurele general intellect en tant que réseau <strong>co</strong>llectif. Les networks de <strong>co</strong>mmuni c at i o n , d ’ i n f o rm at i o n , de dive rtissement deviennent des flux d’objetspartiels qui <strong>co</strong>nstituent nos <strong>co</strong>rps-réseaux. Et, de la même manière, lespersonal media de notre vie quotidienne deviennent également des objetspartiels que notre désir se plait à assembler et à ré-agencer. La pensée<strong>co</strong>ntemporaine a toujours imaginé le cyborg sous une forme physiqu e ; une sorte d’ac<strong>co</strong>uplement morbide e<strong>ntre</strong> le métal froid et les chairsmolles, <strong>co</strong>mme le suggéraient certains artistes qui sévissaient dans lesannées 90.William Gibson, au <strong>co</strong>ntraire, a cherché à raisonner hors des« pa<strong>rad</strong>igmes newtoniens qui prétendent que le p hy s i q u e se rapporte uniquementaux choses qu’on peut voir ou toucher » 12 . Dans son interventionintitulée In the visegrips with Dr.S at a n,Gibsonaffirmequemêmele flux d’images d’un écran de télévision qui atteint le nerf optique d’une n fant est quelque chose de « p hy s i q u e » . Comme sont « p hy s i q u e s » aussilesstructureschimiquesdesneuronestouchéesparunstimulus.«No u ssommes tous impliqués dans une vaste <strong>co</strong>nstruction physique faite desystèmes nerveux artificiellement <strong>co</strong>nnectés. I nv i s i b l e , nous ne pouvo n sla toucher ». De la même façon, le neuro<strong>co</strong>rps est la perception élargiede la « réalité augmentée » 13 quotidienne, faite de réseaux d’informati o n , de flux d’images et d’enchaînements de dispositifs. D o n c, par « m a-ch<strong>ines</strong> <strong>rad</strong><strong>icales</strong> », nous n’entendons pas les « bijoux » de l’intelligence<strong>co</strong>llective mais plutôt l’agencement de <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>co</strong>nflictuelles avec lesystème nerveux <strong>co</strong>llectif et la psychosphère. Si le cœur du capitalismeavancé se fonde sur la production biopolitique et le réseau, il n’est paspossible d’envisager la <strong>co</strong>nstruction de <strong>mach</strong><strong>ines</strong> <strong>rad</strong><strong>icales</strong> qui ne fonctionneraientpas <strong>co</strong>mme des neuro<strong>co</strong>rp s , c’est-à-dire des <strong>mach</strong><strong>ines</strong>agissant aussi au niveau du <strong>co</strong>rps, du désir et de l’imaginaire.—Février 2004 (revu et <strong>co</strong>mplété en février 2005)—T<strong>rad</strong>uit de l’italien par André Gattolin (hns-info.net)


1 0 6 · M U LT I T U D E S 21 · ÉTÉ 2005(1) M. Foucault, La volonté de savoir, Éditions Gallimard, Paris 1976.(2) P. Virno, Grammaire de la multitude, Éditions de L’Éclat, Paris 2002 pour la t<strong>rad</strong>uctionfrançaise, p. 72.(3) P. Virno, Grammaire de la multitude, Éditions de L’Éclat, Paris 2002 pour la t<strong>rad</strong>uctionfrançaise, p. 45.(4) Michael Hardt, Antonio Negri, Multitude, Éditions La Dé<strong>co</strong>uverte, Paris 2004 pour lat<strong>rad</strong>uction française.(5) Chainwo r k e rs , Il pre<strong>co</strong>g n i t a ri at o.L’ e u r o p r e c a ri ato si è sollevat o,2003,publié sur w w w. r e k o m-binant.org/article.php ? sid=2241.(6) Selon l’expression de M. Hardt et A. Negri in <strong>Empire</strong>, Exils Éditeur, Paris 2000 pourla t<strong>rad</strong>uction française, p. 432.(7) G. Deleuze, F. Guattari, L’anti-Œdipe, Les Éditions de Minuit, Paris 1972.(8) Michael Hardt, Antonio Negri, <strong>Empire</strong>, Exils Éditeur, Paris 2000 pour la t<strong>rad</strong>uctionfrançaise, p. 488.(9)Voir TheFreeSoftwareDefinition, w w w. g n u . o r g / p h i l o s o p hy / f r e e - sw. h t ml : « L’expression L ogi c i e ll i b r e fait référence à la liberté et non pas au pri x . Pour <strong>co</strong>mprendre le <strong>co</strong>ncept, vous devez penserà la liberté expression, pas à l’entrée libre ».(10) S. Butler, Erewhon, 1872.(11) J.G. Ballard, The atrocity exhibition, Doubleday & Company, 1970. Édition françaisesous le titre Le salon des horreurs publiée par les Éditions Lattès.(12) W. Gibson, In the visegrips with Dr. Satan (with Vannevar Bush), 2002, publié surwww.williamgibsonbooks.<strong>co</strong>m/archive/2003_01_28_archive.asp(13) « Opposé à la réalité virtuelle, le principe de la « réalité augmentée » <strong>co</strong>nsiste à superposerà une vision de la réalité des éléments issus d’un univers virtuel simulé. La premièrea p p l i c ation en serait les <strong>co</strong>llimat e u rstête haute dans les avions de chasse. » (Source : w w w. l i n u xfrance.org/prj/jargonf/A/augmented_reality.html).

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