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La clinique procède du singulier vers l’universel, acceptant le décalage qu’elle peutrencontrer en permanence entre le vécu particulier et la tentative de construction de théoriesuniverselles. Elle intègre la dimension subjective du chercheur qui assume sa participation auprocessus de recherche et « tire de cette implication des ressources dans et pour le procès deconnaissance » (ibid., p.173), ainsi que l’a affirmé Devereux (que l’on retrouveraultérieurement). Théorie et pratique ne se posent plus en extériorité comme dans la scissionentre science appliquée et recherche fondamentale ; « le clinicien est un praticien, il intervientdans le réel via des dispositifs méthodiques, en vue de résoudre des problèmes, dans uneperspective de changement ou de transformation » (ibid., p.175). La limite entre le normal etle pathologique s’en trouve éclatée, elle devient floue, le pathologique révélant des aspectsfondamentaux de l’humain.Dans ces quatre dimensions, la psychanalyse s’est montrée pionnière et « demeure à cejour la matrice "formelle" de toute science humaine clinique, présente ou à venir » (ibid.,p.171, souligné par l’auteur). Ce qui ne signifie pas qu’il faille reprendre dans les mêmestermes sa méthode et ses apports théoriques, mais son influence sur le processus deconnaissance a été considérable. La démarche clinique se décline en plusieurs degrés et peutaller « d’une clinique a minima à une clinique dense ou maximalement saturée » (ibid.,p.176). C’est pour cette dernière qu’opte Legrand, et c’est, à notre sens, le choix qui doit êtrefait si on souhaite l’articuler avec l’approche éducative dominante en orientation 1 .L’histoire de vie se trouve ainsi sortie du champ propre de la sociologie duquel elle estissue pour participer à une interdisciplinarité qui multiplie les niveaux d’analyse et rechercheles points d’articulation. Elle est également moins autopoiétique dans la mesure où, dans lesséminaires « Roman familial et trajectoire sociale », l’animateur et les autres membres dugroupe interviennent dans la construction du sens de l’histoire de vie. Craignant toujours lerisque de « psychologisation », les sociologues ont tendance, selon Lainé, « au sein del’ASIHVIF, à se méfier des lectures et des analyses psychologiques des récits de vie aubénéfice de lectures plus sociologiques ou centrées sur le processus d’apprentissage » (Lainé,1998, p.119). Il est pourtant possible de poser certaines distinctions qui permettent dedifférencier les pratiques et les diverses approches qui conservent chacune leurs spécificités.1 Santiago Delefosse (1998, p.145) nous fournit un exemple d’une définition minimale de la clinique. A proposde la controverse entre Freud et Binswanger (sur laquelle nous reviendront plus loin), elle rappelle leurs nuancesrespectives quant à leurs « pratiques cliniques » dont elle précise en note : « Il faut ici entendre "clinique" au senslarge et non pas seulement confondu, comme souvent, avec "thérapeutique". La méthode clinique s’intéresse à laconduite concrète de l’homme aux prises avec la réalité ».Numér
La psychothérapie se réfère, rappelle Legrand, au « travail sur la souffrancepsychique » (Legrand, 1993, p.265). Il revient sur cette proposition (dans Niewiadomski, deVillers, 2002, p.108) et y adjoint l’expression préalable d’une demande d’aide ou de soin.S’inspirant de Pagès, il définit la psychothérapie par l’instauration d’un contrat initial entresoignant et demandeur : « La situation thérapeutique ne se définit pas, ni par ses méthodes, nipar ses effets, mais ce contrat fondateur explicite entre deux personnes » (Pagès, cité parLegrand, ibid., p.109). Ce choix a le mérite d’éviter la multiplication des définitions enfonction des méthodes et des durées de traitement, mais il inscrit, en conséquence, « lapsychothérapie dans le champ médical entendu au sens large » (ibid., souligné par l’auteur).Legrand distingue alors, dans la souffrance psychique, la souffrance humaine ordinairede la souffrance qualifiée de « différente » (en référence à la psychiatrie alternative italienne),et que l’on rencontre sous des formes très variées : névrose, psychose, désespoir, viol,alcoolisme, etc. Entre ces deux formes clairement identifiables, on rencontre nombred’intermédiaires, et « c’est précisément à propos des ces états intermédiaires que peut opérerl’effet thérapeutique potentiel du récit de vie » (ibid., p.113). Il existe donc un champ large etmal balisé, entre psychopathologie et malaise ordinaire, dans lequel des pratiquesd’accompagnement, non thérapeutiques mais fondées sur la parole et la relation, sontsusceptibles de provoquer des « effets thérapeutiques ».Legrand nous relate deux exemples tirés de son expérience ; dans le premier, lapersonne a voulu rester dans le cadre fixé par le récit de vie et n’a pas souhaité aborder laquestion de ses souffrances personnelles. Dans le second, ces limites ont été franchies et lepraticien a accepté d’approfondir l’accompagnement avec la personne ; il en résulte unedécision de la part de celle-ci quant à un choix de vie, mais également des effetsthérapeutiques par l’allègement de son malaise.Ainsi, « tout récit de vie serait potentiellement thérapeutique, et il le deviendraiteffectivement […] dès l’instant où une souffrance s’y exprimerait » (ibid., p.118). Si Legranda accepté de passer d’une position d’accompagnateur à celle de thérapeute, ce n’est pourtantpas un glissement qu’il préconise et réitère. Au contraire, il n’y a pas, selon lui, actuellementde passage possible entre récit de vie et psychothérapie.Il se définit lui-même comme « praticien de l’histoire de vie, à qui il peut arriverd’écouter la souffrance, si elle se donne, et d’accompagner la personne dans le travail sur cettesouffrance » (ibid., p.124). Si des effets thérapeutiques, « d’élaboration et de dégagementd’une souffrance » (ibid., p.131), sont possibles, l’histoire de vie demeure en-dehors du cadred’un contrat thérapeutique.Numér
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La clinique procède du singulier vers l’universel, acceptant le décalage qu’elle peutrencontrer en permanence entre le vécu particulier et la tentative de construction de théoriesuniverselles. Elle intègre la dimension subjective du chercheur qui assume sa participation auprocessus de recherche et « tire de cette implication des ressources dans et <strong>pour</strong> le procès deconnaissance » (ibid., p.173), ainsi que l’a affirmé Devereux (que l’on retrouveraultérieurement). Théorie et pratique ne se posent plus en extériorité comme dans la scissionentre science appliquée et recherche fondamentale ; « le clinicien est un praticien, il intervientdans le réel via des dispositifs méthodiques, en vue de résoudre des problèmes, dans uneperspective de changement ou de transformation » (ibid., p.175). La limite entre le normal etle pathologique s’en trouve éclatée, elle devient floue, le pathologique révélant des aspectsfondamentaux de l’humain.Dans ces quatre dimensions, la psychanalyse s’est montrée pionnière et « demeure à cejour la matrice "formelle" de toute science humaine clinique, présente ou à venir » (ibid.,p.171, souligné par l’auteur). Ce qui ne signifie pas qu’il faille reprendre dans les mêmestermes sa méthode et ses apports théoriques, mais son influence sur le processus deconnaissance a été considérable. La démarche clinique se décline en plusieurs degrés et peutaller « d’une clinique a minima à une clinique dense ou maximalement saturée » (ibid.,p.176). C’est <strong>pour</strong> cette dernière qu’opte Legrand, et c’est, à notre sens, le choix qui doit êtrefait si on souhaite l’articuler avec l’approche éducative dominante en <strong>orientation</strong> 1 .L’histoire de vie se trouve ainsi sortie du champ propre de la sociologie duquel elle estissue <strong>pour</strong> participer à une interdisciplinarité qui multiplie les niveaux d’analyse et rechercheles points d’articulation. Elle est également moins autopoiétique dans la mesure où, dans lesséminaires « Roman familial et trajectoire sociale », l’animateur et les autres membres dugroupe interviennent dans la construction du sens de l’histoire de vie. Craignant toujours lerisque de « psychologisation », les sociologues ont tendance, selon Lainé, « au sein del’ASIHVIF, à se méfier des lectures et des analyses psychologiques des récits de vie aubénéfice de lectures plus sociologiques ou centrées sur le processus d’apprentissage » (Lainé,1998, p.119). Il est <strong>pour</strong>tant possible de poser certaines distinctions qui permettent dedifférencier les pratiques et les diverses approches qui conservent chacune leurs spécificités.1 Santiago Delefosse (1998, p.145) nous fournit un exemple d’une définition minimale de la clinique. A proposde la controverse entre Freud et Binswanger (sur laquelle nous reviendront plus loin), elle rappelle leurs nuancesrespectives quant à leurs « pratiques cliniques » dont elle précise en note : « Il faut ici entendre "clinique" au senslarge et non pas seulement confondu, comme souvent, avec "thérapeutique". La méthode clinique s’intéresse à laconduite concrète de l’homme aux prises avec la réalité ».Numér