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imaginaires sociales. Au niveau de la société, il s’agit alors « d’aider la collectivité à créer lesinstitutions dont l’intériorisation par les individus ne limite pas, mais élargit leur capacité dedevenir autonomes » (ibid. p. 186). Sur le plan individuel, psychanalyse et pédagogie sont iciassociées dans la recherche de « l’instauration d’un autre type de relation entre le sujet réflexif[…] et son inconscient […] et, deuxièmement, la libération de sa capacité de faire, et deformer un projet ouvert pour sa vie et y travailler » (ibid., p. 184). C’est dans cette perspectiveque Castoriadis comprend "l’impossibilité" des trois métiers (psychanalyse, pédagogie etpolitique), car ils doivent « agir sur des êtres humains en les posant comme autonomes afin deles aider à atteindre leur propre autonomie » (pp.186-187).Une question encore doit être soulevée, et Castoriadis la formule et propose uneréponse dans « Fait et à faire » : pourquoi donc l’autonomie ? Il n’y a pas de raison« fondatrice, pas de réponse "en amont". Il y a une condition social-historique. » (1997, p.48,souligné par l’auteur). On sait que pour Castoriadis deux moments historiques ont favorisél’émergence du projet d’autonomie : l’antiquité grecque avec la démocratie athénienne et ledéveloppement de la philosophie, et notre ère moderne. Ces époques ont produit égalementl’esclavage, le Goulag et Auschwitz, et cependant « la valeur de notre tradition, c’est qu’elle aaussi créé le projet d’autonomie, la démocratie et la philosophie. Et aussi, qu’elle a créé, etvalorisé, la possibilité du choix [que] nous valorisons inconditionnellement » (ibid., p.49,souligné par l’auteur). L’adhésion à un parti totalitaire ou une religion ne se trouve paséliminée, mais « cette possibilité [n’est] offerte que par notre institution sociale, commefragment réalisé du projet d’autonomie. » (ibid.) Quelqu’un qui souhaiterait vivre dans unesociété dans laquelle ce choix ne serait pas offert refuse la délibération, et « la discussions’arrête, et on ne peut que lui souhaiter bon voyage » (ibid.). L’autonomie relève d’un choixqui nous est donné par les conditions social-historiques « fragmentaires » dans lesquelles nousnous trouvons aujourd’hui. Celles-ci ne sont pas irréversibles, et seul l’exercice del’autonomie peut enrichir les possibilités d’extension de ce choix.L’autonomie, sur le plan conceptuel, s’oppose à la réification (de l’autre). Concernantla capacité de poser l’autre comme objet, Castoriadis s’interroge sur ce moment instituant àpartir duquel « les hommes se sont vus et se sont agis les uns les autres non pas comme alliésà aider, rivaux à surclasser, ennemis à exterminer ou même à manger, mais comme objets àposséder » (Castoriadis, 1975, p.261). Considérer l’autre comme être autonome et capabled’autonomie, n’est-ce pas lui conférer avant tout la qualité de sujet, sujet de son discours et deses actes, capable d’effectuer des choix pour lui qui l’engagent dans sa vie de sujet ? L’autreNumér

n’est pas d’abord l’objet de mon activité 1 . Celle-ci doit s’initier à partir de ce sujet et de saperception de lui-même, à l’instar de la position du psychanalyste (ou du pédagogue) : « il n’ya pas de traitement analytique […] qui n’ait comme présupposé […] la primauté absolu dupoint de vue du patient sur sa propre vie (point de vue qui résiste par ailleurs à toute définitionet ne peut en tout cas pas être simplement confondu avec l’opinion manifeste que le patients’en fait) » (Castoriadis, 1968, p.44). C’est la prise en compte de cet aspect associé à l’idée del’autre comme sujet actif qui a suscité le déplacement sémantique du patient à l’analysant, del’enseigné à l’apprenant. C’est pour cette même raison que l’on utilisera ici le terme deconsultants pour parler des personnes que rencontre le conseiller en orientation.2.6. L’activité pratico-poiétique.On ne saurait réduire la finalité de la pédagogie (ni de la psychanalyse ou de lapolitique, les trois métiers qualifiés d’ "impossibles" par Freud) à la production d’un ergon,d’un objet extérieur à l’agent. La tentation de la pédagogie demeure de se réfugier dans lafacilité d’une poièsis qui se situe du côté de l’instruire plutôt que de l’apprendre. Il restequ’elle ne peut non plus se définir comme pure praxis qui n’aurait recours à aucun « outil ».L’opposition praxis/poièsis sert ainsi à repérer les dérives possibles de tout acte pédagogiquequi doit se situer en tension entre ces deux pôles. Cette opposition, pour Imbert, « n’a de sensqu’à pointer le travail à réaliser : 1° Pour que les pratiques, les productions, ne se bouclent passur des produits mais puissent supporter une visée praxiste d’autoproduction ; 2° Pour que lesvisées praxistes ne se conçoivent pas hors de la mise en œuvre de pratiques laborieuses. Sanspratiques et sans outils de production […] la visée praxiste demeurerait au stade de la purethéorie ; mais sans visée praxiste, la pratique vise l’achèvement de son objet, tout commecelui du producteur. La contradiction confronte les pratiques qui visent naturellement1Une consultante nous fournit un exemple dans lequel elle devient essentiellement l’objet de l’activité d’unprofessionnel. L’accompagnement engagé avec moi s’effectuait en parallèle d’une cellule de reclassement miseen place par l’entreprise qui avait choisi un cabinet de conseil en ressources humaines. Dans son travail avec moi,elle émit le projet de reprendre une formation en comptabilité, son domaine initial qu’elle appréciait beaucoup,alors que son parcours l’avait amenée à prendre d’autres responsabilités organisationnelles. Elle entrepritrapidement une remise à niveau en comptabilité, puis une formation de niveau bac + 2, surprenant tous lesformateurs par son aisance. Le cabinet en charge du reclassement réagit extrêmement négativement, arguantqu’elle devait reprendre un emploi et non se lancer dans une formation ; la consultante me confia (et je ne pusqu’acquiescer) que cette réaction provenait probablement des objectifs de placement au travail négociés parl’entreprise avec le cabinet qui ne l’aurait jamais soutenue dans l’élaboration d’un tel projet.Numér

n’est pas d’abord l’objet de mon activité 1 . Celle-ci doit s’initier à partir de ce sujet et de saperception de lui-même, à l’instar de la position du psychanalyste (ou du pédagogue) : « il n’ya pas de traitement analytique […] qui n’ait comme présupposé […] la primauté absolu dupoint de vue du patient sur sa propre vie (point de vue qui résiste par ailleurs à toute définitionet ne peut en tout cas pas être simplement confondu avec l’opinion manifeste que le patients’en fait) » (Castoriadis, 1968, p.44). C’est la prise en compte de cet aspect associé à l’idée del’autre comme sujet actif qui a suscité le déplacement sémantique du patient à l’analysant, del’enseigné à l’apprenant. C’est <strong>pour</strong> cette même raison que l’on utilisera ici le terme deconsultants <strong>pour</strong> parler des personnes que rencontre le conseiller en <strong>orientation</strong>.2.6. L’activité pratico-poiétique.On ne saurait réduire la finalité de la pédagogie (ni de la psychanalyse ou de lapolitique, les trois métiers qualifiés d’ "impossibles" par Freud) à la production d’un ergon,d’un objet extérieur à l’agent. La tentation de la pédagogie demeure de se réfugier dans lafacilité d’une poièsis qui se situe du côté de l’instruire plutôt que de l’apprendre. Il restequ’elle ne peut non plus se définir comme pure praxis qui n’aurait recours à aucun « outil ».L’opposition praxis/poièsis sert ainsi à repérer les dérives possibles de tout acte pédagogiquequi doit se situer en tension entre ces deux pôles. Cette opposition, <strong>pour</strong> Imbert, « n’a de sensqu’à pointer le travail à réaliser : 1° Pour que les pratiques, les productions, ne se bouclent passur des produits mais puissent supporter une visée praxiste d’autoproduction ; 2° Pour que lesvisées praxistes ne se conçoivent pas hors de la mise en œuvre de pratiques laborieuses. Sanspratiques et sans outils de production […] la visée praxiste demeurerait au stade de la purethéorie ; mais sans visée praxiste, la pratique vise l’achèvement de son objet, tout commecelui du producteur. La contradiction confronte les pratiques qui visent naturellement1Une consultante nous fournit un exemple dans lequel elle devient essentiellement l’objet de l’activité d’unprofessionnel. L’accompagnement engagé avec moi s’effectuait en parallèle d’une cellule de reclassement miseen place par l’entreprise qui avait choisi un cabinet de conseil en ressources humaines. Dans son travail avec moi,elle émit le projet de reprendre une formation en comptabilité, son domaine initial qu’elle appréciait beaucoup,alors que son parcours l’avait amenée à prendre d’autres responsabilités organisationnelles. Elle entrepritrapidement une remise à niveau en comptabilité, puis une formation de niveau bac + 2, surprenant tous lesformateurs par son aisance. Le cabinet en charge du reclassement réagit extrêmement négativement, arguantqu’elle devait reprendre un emploi et non se lancer dans une formation ; la consultante me confia (et je ne pusqu’acquiescer) que cette réaction provenait probablement des objectifs de placement au travail négociés parl’entreprise avec le cabinet qui ne l’aurait jamais soutenue dans l’élaboration d’un tel projet.Numér

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