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SAUTER Entretien d orientation pour DE 2005.pdf - ArianeSud ...

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« La poièsis concerne la production d’un objet, objet qui est sa fin, car tout ouvrierœuvre <strong>pour</strong> une fin" (Imbert, 2000, p.15). La poièsis se réalise dans une œuvre extérieure àl’artiste, un ergon, et cesse donc quand son but est atteint : quand la maison est construite,l’objectif est réalisé, et l’on suspend l’activité de construction qui n’avait d’autre but que cetteréalisation-là, cet ergon-là.« La praxis, au contraire, relève de l’action qui possède sa fin en elle-même ; parexemple, le "vivre bien", la "vie vertueuse" en laquelle réside le bonheur de l’homme et quiest sa fin au "sens absolu". Les actes vertueux ne sont pas des moyens qui permettraientd’approcher de la vertu, comprise comme fin [mais] en eux-mêmes ils actualisent la vertu »(Imbert, ibid.). La praxis est une action qui ne se referme pas sur une production, qui nes’arrête pas à la réalisation d’un objet ; elle est issue de l’agent et n’a d’autre fin qu’elle-mêmeet son exercice <strong>pour</strong> lui-même. Aristote donne l’exemple de la vision, tout entière dansl’agent, ainsi que la contemplation ou la vie. Imbert rappelle qu’il en est de même, selonHannah Arendt, <strong>pour</strong> l’activité de penser qui n’a pas plus de but final que la vie elle-même.L’homme « ne pense pas en vue de quelque résultat que ce soit, mais, parce qu’il est un êtrepensant, c’est-à-dire méditant » (Arendt citée par Imbert, 2000, p.16). Ces actions nes’achèvent pas, elles durent aussi longtemps que vit le sujet. C’est parce qu’elle a sa sourcedans l’agent et qu’elle est à elle-même sa propre fin que la praxis est une valeur ; la valeur neréside pas dans l’objet fabriqué, mais dans l’agent, et une action sera morale si elle se prend<strong>pour</strong> sa visée propre.Pour illustrer cette opposition praxis/poièsis Imbert se réfère à une conférenceprononcée par Paul Valéry en 1939 sur la poésie. Le poème, même s’il nécessite un travail etun passage par la poièsis, ne relève pas simplement d’une fabrication qui s’achève avec samatérialisation. Le poème, issu d’une production, ne vit que par l’ « acte » qui le faire naîtreindéfiniment. « Hors de cet acte, nous dit Valéry, ce qui demeure n’est qu’un objet qui n’offreavec l’esprit aucune relation particulière […]. C’est l’exécution du poème qui est le poème »(ibid., p.22). Ainsi en est-il de la danse qui n’a d’autre fin qu’elle même ; la marche se faitdans un but qui la dépasse, vers un objectif qui lui est extérieur. La danse, par contre,souligne Valéry, est autre chose : « elle est, sans doute, un système d’actes ; mais qui ont leurfin en eux-mêmes. Elle ne va nulle part » (ibid., p. 24).Ainsi <strong>pour</strong> Aristote, la Théoria, contemplation de la vérité ou sagesse et philosophie,demeure la voie <strong>pour</strong> atteindre le bonheur parfait. « Dans le domaine de la pratique, la praxisen tant qu’activité immanente est l’activité par excellence, celle dont le but est l’actionmême ; l’acte, au sens propre, complet et achevé à chacun de ses moments, sans finNumér

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