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Mais ce lien conserve son ambivalence. Vers la fin du second entretien, Philippe parlede son père : « J’aurais bien voulu le rencontrer davantage et le connaître mieux. Mais mamère disait seulement qu’il buvait et était violent. Pour ça, je lui en veux. ». Au sens conscientde l’énoncé, ce « lui » se rapporte pour Philippe à sa mère ; mais on entend aussi que ce père« buvait et était violent. Pour ça, je lui en veux ». C’est un procédé ordinaire de l’inconscientde venir glisser du sens pour s’exprimer dans le sens de nos énoncés. Philippe en veut, en fait,à ses parents qui se sont séparés parce « qu’il buvait et était violent », et ce sentiment serattache au désir de tout enfant que ses parents demeurent unis.J’aborde fréquemment avec Philippe la question de sa mère. Lorsqu’il affirme, au 3 eentretien, qu’ils ne se parlent pas, je l’amène à réaliser qu’ils discutent probablement lors desrepas :- … Et puis, on ne parle pas.- Ah ! Vous mangez ensemble ?- Oui, oui.- Sans parler, alors ?- Non, on parle de choses et d'autres. Mais par rapport à ma situation, de toute façon,elle ne comprend pas. Alors il vaut mieux qu'on n'en parle pas. Je ne peux pas luien vouloir, elle a ses raisons, elle a eu sa propre vie dans sa famille qui n'était pasfacile.(3 e entretien)Les relations avec sa mère conservent une forme de relation post-adolescente avec unfort lien oedipien qui s’exprime (inversé) dans le conflit. La survenue du beau-père dans lelogement est, à ce titre, évocatrice : « … Mais qu'il vienne à la maison comme ça, du jour aulendemain … (triste). [Il prend mon stylo et le manipule (comme moi) avec sa voix serrée.] »(3 e entretien). Cette mère, il aurait voulu qu’elle « s’intéresse plus » à son orientation (3 eentretien) et qu’elle « s’occupe plus » de lui (entretiens ultérieurs).Je tente par mes interventions de dédramatiser la relation, de l’amener vers deséléments moins investis par l’imaginaire oedipien. Philippe admet, dans l’extrait précédent,que sa mère a pu rencontrer ses propres difficultés au cours de sa vie ; puis, lorsque je luisuggère qu’elle exprime peut-être son inquiétude à son sujet, il évoque l’arrivée du beau-pèredans le foyer ; cela nous amène à l’opposé de l’objectif. Lorsque je reviens dans le 10 eentretien sur la réaction de sa mère à l’obtention du stage, il se montre d’abord négatif, puissur mon insistance, il reconnaît qu’elle l’a félicité :- Votre mère qu'est-ce qu'elle a dit pour le stage ?Numér

- Bof ! Pas grand chose ! Elle a quand même dit : "Ah, c'est bien !" Enfin, bon !C'est vrai que je lui dis de ne pas se mêler de mes affaires, alors ! …- Ça a dû lui faire plaisir !?- Peut-être. Elle a dit : "C'est bien, je suis fière de toi !" Et, c'est vrai, après je lui aidemandé, parce qu'elle était "Enquêtrice sociale" pour la SPA, et elle m'a racontéun peu. On a un peu discuté, enfin bavardé ; on y arrive un peu quand c'estnécessaire. …(10 e entretien)Pourtant, quand Philippe est accepté en formation, les rapports avec sa mère semblentà nouveau tendus ; il ne s’exprime pas beaucoup sur le sujet :[Je lui demande s’il a dit à sa mère qu’il allait commencer une formation. Réponseévasive, il a toujours des difficultés à parler avec elle :]- Si elle avait été autrement, si elle s’était occupée plus de moi, je n’en serais paslà ! …(entretiens ultérieurs)On observe ainsi peu d’évolution de la position de Philippe par rapport à sa mère aucours de l’accompagnement. Une modification de sa situation professionnelle qui luipermettrait de conquérir une autonomie financière et matérielle paraîtrait favorable àl’établissement d’un lien moins investi par l’imaginaire oedipien. L’élucidation de ce dernierpoint ne relève pas du travail du conseiller qui peut servir néanmoins de relais vers une formed’accompagnement appropriée.• Le conseiller comme relais vers la psychothérapie.Il ne s’agit pas pour le conseiller de se mettre à poursuivre les indices ou lesmanifestations de l’inconscient pour les interpréter ou pour son plaisir de ressentir son savoiret son pouvoir sur les autres. Mais Philippe nous montre une problématique suffisammentperturbée pour qu’on puisse l’aider à rencontrer quelqu’un qui pourra l’écouter (dans un cadrethérapeutique).J’ai fréquemment insisté auprès de lui pour que l’on puisse dissocier la démarched’orientation de celle d’une thérapie. Philippe élabore néanmoins avec moi des liens entre satimidité et des souvenirs d’enfance.- … mes problèmes viennent peut-être que je me suis renfermé sur moi-même. […]J’ai grandi dans un quartier éloigné de la ville et très isolé. […] Maintenant qu’onest plus près de la ville, on est moins dans la bulle du quartier. (2 e entretien)- Je réfléchis toute la journée. Je suis assez paranoïaque, peut-être que ça vient duquartier où j'ai habité (larmes aux yeux) …(8 e entretien)Numér

Mais ce lien conserve son ambivalence. Vers la fin du second entretien, Philippe parlede son père : « J’aurais bien voulu le rencontrer davantage et le connaître mieux. Mais mamère disait seulement qu’il buvait et était violent. Pour ça, je lui en veux. ». Au sens conscientde l’énoncé, ce « lui » se rapporte <strong>pour</strong> Philippe à sa mère ; mais on entend aussi que ce père« buvait et était violent. Pour ça, je lui en veux ». C’est un procédé ordinaire de l’inconscientde venir glisser du sens <strong>pour</strong> s’exprimer dans le sens de nos énoncés. Philippe en veut, en fait,à ses parents qui se sont séparés parce « qu’il buvait et était violent », et ce sentiment serattache au désir de tout enfant que ses parents demeurent unis.J’aborde fréquemment avec Philippe la question de sa mère. Lorsqu’il affirme, au 3 eentretien, qu’ils ne se parlent pas, je l’amène à réaliser qu’ils discutent probablement lors desrepas :- … Et puis, on ne parle pas.- Ah ! Vous mangez ensemble ?- Oui, oui.- Sans parler, alors ?- Non, on parle de choses et d'autres. Mais par rapport à ma situation, de toute façon,elle ne comprend pas. Alors il vaut mieux qu'on n'en parle pas. Je ne peux pas luien vouloir, elle a ses raisons, elle a eu sa propre vie dans sa famille qui n'était pasfacile.(3 e entretien)Les relations avec sa mère conservent une forme de relation post-adolescente avec unfort lien oedipien qui s’exprime (inversé) dans le conflit. La survenue du beau-père dans lelogement est, à ce titre, évocatrice : « … Mais qu'il vienne à la maison comme ça, du jour aulendemain … (triste). [Il prend mon stylo et le manipule (comme moi) avec sa voix serrée.] »(3 e entretien). Cette mère, il aurait voulu qu’elle « s’intéresse plus » à son <strong>orientation</strong> (3 eentretien) et qu’elle « s’occupe plus » de lui (entretiens ultérieurs).Je tente par mes interventions de dédramatiser la relation, de l’amener vers deséléments moins investis par l’imaginaire oedipien. Philippe admet, dans l’extrait précédent,que sa mère a pu rencontrer ses propres difficultés au cours de sa vie ; puis, lorsque je luisuggère qu’elle exprime peut-être son inquiétude à son sujet, il évoque l’arrivée du beau-pèredans le foyer ; cela nous amène à l’opposé de l’objectif. Lorsque je reviens dans le 10 eentretien sur la réaction de sa mère à l’obtention du stage, il se montre d’abord négatif, puissur mon insistance, il reconnaît qu’elle l’a félicité :- Votre mère qu'est-ce qu'elle a dit <strong>pour</strong> le stage ?Numér

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