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développement, de l’efficience et du sens, s’enchaînent et s’entraînent l’une l’autre et peuventainsi ouvrir sur des possibilités inattendues. « Autrement dit, pas de développement durable denouveaux mobiles sans développement de nouveaux moyens d’action sur le réel etinversement » (Clot, 1999, p.175). On peut aller jusqu’à avancer que Philippe s’était déjà testéà aider les autres avec ce Polonais « qui fait la manche ». L’action se trouvait engagée defaçon anecdotique, mais le mobile demeurait, pour sa part, informulé. Si l’on peut postuler iciun « développement comme histoire possible » (nous dit Clot s’inspirant de Vygotski, ibid.,p.174), c’est bien parce que les deux zones de développement ont été « travaillées »simultanément et se sont enrichies mutuellement.Ces éclairages à partir des notions avancées par la clinique de l’activité nouspermettent de comprendre les incidences d’une intégration progressive à nouvelle activitéprofessionnelle. Mes échanges avec Philippe laissent également apparaître certainestechniques rappelées par Vermersch duquel on peut reprendre le concept de réfléchissementpour apporter une indication sur le processus de prise de conscience.14.3.3. Thématisation et conscientisation.L’émergence du sens du travail dans le secteur social, demeuré implicite, prend laforme d’une conscientisation à partir de son explicitation.• Réfléchissement et prise de conscience.Sans que l’on ait appliqué strictement la technique mise au point par Vermersch, onpeut saisir les visites auprès du musicien polonais comme une dimension préréfléchie d’uneaction en cours d’élaboration ; cette action trouve également à s’exprimer dans le choix desfiches métiers (secteur social). Quelque chose se prépare là et se dit, se prépare à être diteverbalement, encore faut-il qu’un interlocuteur se présente. On se situe dans cette optique,tout comme Vermersch très proche du modèle freudien du préconscient de la premièretopique 1 . L’entretien d’explicitation vise, pour sa part, une « prise de conscience pourpermettre le réfléchissement de ce qui a été vécu et qui est encore préréfléchi et ne peut doncpas être mis en mots directement » (Vermersch, Maurel, 1997, p.247).On peut ainsi entendre l’expression de Philippe comme une opération deréfléchissement de l’implicite d’une action partiellement réalisée. Le réfléchissements’appuie, comme on l’a vu, sur la fonction symbolique de la thématisation, cette mise en mots1Vermersch perçoit la proximité des processus et inclut dans son glossaire le concept de préconscient pour bienle démarquer de celui de préréfléchi (1997, p.246).Numér

à partir de signifiants propres qui « est une création d’une nouvelle réalité (réalité psychiquereprésentée) » (Vermersch, 1994, p.81). Une fois que Philippe aura réussi à thématiser cetimplicite par lui-même (pour l’autre et pour lui-même), avec ses mots à lui, le travail dans lesocial acquiert un nouveau statut : ses mots se constituent en embryon d’une conscience quiva s’enrichir en sens (en nouvelles significations) au fil des découvertes successives. Si,comme le dit Vygotski, « le mot doué de sens est un microcosme de la conscience humaine »(Chauvet, 1997, p.150), son explicitation fait émerger une nouvelle réalité qui transforme lesujet dans son exploration du monde.• Une position de parole incarnée.Il ne fait aucun doute que Philippe se trouve en position de parole incarnée lorsqu’ilexprime « ce qu’(il) voudrait ». Il parle lentement, des temps de silence ponctuent sonexpression et l’on peut supposer, bien que je ne l’ai pas noté, que son regard s’évade dans levide. Philippe est d’ailleurs franc et sincère tout au long de nos rencontres, il ne fait pas,suivant l’expression de Vermersch, « du bruit avec sa bouche ». Dans ce moment où ilparvient à exprimer son souhait, Philippe a besoin de temps et je reste silencieux, attendant cequ’il va dire. En position de parole incarnée, « la parole va ralentir simplement parce que cequi est nommé est découvert au fur et à mesure » (Vermersch, 1994, p.61).L’implicite est là, il est présent, et le conseiller peut bien s’en douter ou en avoir lacertitude (les fiches métiers retenues, le look de Philippe, ses valeurs, le Polonais, …), mais nefaut-il pas laisser à Philippe le temps de l’exprimer avec ses mots et ainsi de le découvrir issude lui-même ? Peut-être aurait-on pu aller plus vite, se montrer plus directif, le cantonner àl’un ou l’autre métier du social rapidement accessible (dans un souci d’efficience, pour lui,pour l’ANPE, etc.), mais quel sens cela aurait-il pu avoir pour lui sinon un sens rapporté,importé, voire imposé de l’extérieur par un autre 1 . « Le mouvement que l’on essaie d’induireest plus de l’ordre d’un "accueillir" que d’un "aller chercher" » (Vermersch, 1994, p.101). EtPhilippe, après ses détours, parviendra à « accueillir » cet implicite qui se construitprogressivement jusqu’à pouvoir être symbolisé dans le langage et la conscience.1Ce qui relèverait davantage d’une position de gourou : « le gourou donne du sens et même l’impose, il en est ledétenteur prétendu ». La démarche clinique, au contraire, est « patiente, de remaillage où le clinicien n’estdétenteur de rien mais re-présente au sujet des signes épars et celui-ci (individuel ou collectif), à qui ils sont ainsire-présentés les recompose au fur et à mesure que la patiente écoute lui permet de les discerner et même delaisser advenir ceux qui lui manquaient pour recomposer son discours singulier » (Barus-Michel, 1997, p.71).Numér

à partir de signifiants propres qui « est une création d’une nouvelle réalité (réalité psychiquereprésentée) » (Vermersch, 1994, p.81). Une fois que Philippe aura réussi à thématiser cetimplicite par lui-même (<strong>pour</strong> l’autre et <strong>pour</strong> lui-même), avec ses mots à lui, le travail dans lesocial acquiert un nouveau statut : ses mots se constituent en embryon d’une conscience quiva s’enrichir en sens (en nouvelles significations) au fil des découvertes successives. Si,comme le dit Vygotski, « le mot doué de sens est un microcosme de la conscience humaine »(Chauvet, 1997, p.150), son explicitation fait émerger une nouvelle réalité qui transforme lesujet dans son exploration du monde.• Une position de parole incarnée.Il ne fait aucun doute que Philippe se trouve en position de parole incarnée lorsqu’ilexprime « ce qu’(il) voudrait ». Il parle lentement, des temps de silence ponctuent sonexpression et l’on peut supposer, bien que je ne l’ai pas noté, que son regard s’évade dans levide. Philippe est d’ailleurs franc et sincère tout au long de nos rencontres, il ne fait pas,suivant l’expression de Vermersch, « du bruit avec sa bouche ». Dans ce moment où ilparvient à exprimer son souhait, Philippe a besoin de temps et je reste silencieux, attendant cequ’il va dire. En position de parole incarnée, « la parole va ralentir simplement parce que cequi est nommé est découvert au fur et à mesure » (Vermersch, 1994, p.61).L’implicite est là, il est présent, et le conseiller peut bien s’en douter ou en avoir lacertitude (les fiches métiers retenues, le look de Philippe, ses valeurs, le Polonais, …), mais nefaut-il pas laisser à Philippe le temps de l’exprimer avec ses mots et ainsi de le découvrir issude lui-même ? Peut-être aurait-on pu aller plus vite, se montrer plus directif, le cantonner àl’un ou l’autre métier du social rapidement accessible (dans un souci d’efficience, <strong>pour</strong> lui,<strong>pour</strong> l’ANPE, etc.), mais quel sens cela aurait-il pu avoir <strong>pour</strong> lui sinon un sens rapporté,importé, voire imposé de l’extérieur par un autre 1 . « Le mouvement que l’on essaie d’induireest plus de l’ordre d’un "accueillir" que d’un "aller chercher" » (Vermersch, 1994, p.101). EtPhilippe, après ses détours, parviendra à « accueillir » cet implicite qui se construitprogressivement jusqu’à pouvoir être symbolisé dans le langage et la conscience.1Ce qui relèverait davantage d’une position de gourou : « le gourou donne du sens et même l’impose, il en est ledétenteur prétendu ». La démarche clinique, au contraire, est « patiente, de remaillage où le clinicien n’estdétenteur de rien mais re-présente au sujet des signes épars et celui-ci (individuel ou collectif), à qui ils sont ainsire-présentés les recompose au fur et à mesure que la patiente écoute lui permet de les discerner et même delaisser advenir ceux qui lui manquaient <strong>pour</strong> recomposer son discours singulier » (Barus-Michel, 1997, p.71).Numér

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