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Mme. X commet néanmoins une erreur : celle de tenter de convaincre Jeanne de resterchez B. (probablement en rapport avec sa propre projection sur ce monde). La conséquencequi en découle est qu’elle se verra alors assimilée à cet univers que précisément Jeannecherche à rejeter.- Avec elle, je me suis confrontée à un mur de certitudes ; pour elle, il n'y avaitqu'une chose : rester chez B. J'ai été très surprise de rencontrer quelqu'un commeça, surtout à ce poste-là ; il faut quand même une certaine ouverture. (5 e entretien)Contrairement aux femmes idéalisées qui sont « super », « sympathique » ou « trèsbien » et qui ouvrent Jeanne sur un monde différent de B., Mme. X tente de l’y rattacher. Elleservira toutefois à Jeanne de moyen pour quitter B. et « pouvoir enfin disposer de (sa) vie » (2 eentretien), tout en lui permettant de se dédouaner d’une telle décision, ce qui présentecertaines commodités : « j’étais furieuse. J'ai arrêté mon travail chez B. pour commencer laformation, et maintenant je n'ai plus rien, pas de travail et pas de formation » (1 er entretien). Sile travail avec cette conseillère a pu servir de tremplin pour sortir de l’entreprise, Mme. Xconserve un défaut absolu : elle n’est pas un « homme ».• « Un homme qui me dise quoi faire ».La remarque de Jeanne au moment du dernier entretien, alors que nous savons l’un etl’autre que probablement nous ne nous reverrons plus, vient formuler explicitement ce qu’elleest venue chercher : « J’avais besoin d’un homme qui me cadre, qui me dise quoi faire ! ».Il y a une dimension transférentielle forte (dont il paraît stérile de rechercher lemodèle : père, mari, etc.) qui transparaît, au fil des entretiens et dès le départ, à travers lesdivers compliments qui me sont adressés.- J'ai 52 ans et je suis en pleine santé. Avec vous je crois que ça va marcher, je lesens ! Je fonctionne au feeling ! On m'a dit du bien de votre organisme. AvecMme. X, je l'avais senti, mais j'ai continué quand même ; j'aurais dû arrêter, je sais,mais j'ai continué. (1 er entretien)- Ah, c'est bien, je pars avec plusieurs adresses où je pourrai me renseigner !(2 e entretien)- C'est bien, chaque fois que je viens je repars avec une adresse. (4 eentretien)Numér

- J'arrivais chez elle, "ça va ?" et on discutait comme si elle était sur son balcon.Avec vous au moins, je repars chaque semaine avec une adresse.(5 eentretien)[Nous parlons de la mutuelle. Je lui explique que la Sécurité Sociale ouvre des droitspendant 4 ans, même si elle ne touche pas de salaire.]- Oh , là, là ! La mutuelle, c’est compliqué ; […] Ah, mais ça, c’est ce que jepourrais faire : aller me renseigner à la Sécurité Sociale. Voilà, c’est une bonneinformation ! (entretiens ultérieurs)Le fait de récupérer à chaque rencontre l’une ou l’autre adresse réjouit Jeanne (alorsqu’ « objectivement », c’est bien peu de « conseils ») et lui permet également de sortir de chezelle pour mener sa quête et solliciter toutes les personnes qu’elle rencontre. Pour décider dequitter définitivement le monde de son mari (B., le Nord, la ville, etc.), il lui aura fallu lesoutien d’un homme. Et le « monsieur très bien » du train (3 e entretien) (« un self made manqui avait une entreprise en Guadeloupe et va en ouvrir une autre ») se voit lui aussi mis àcontribution.Jeanne retient (on y revient dans le paragraphe suivant) les compétences que je lui aisuggérées dans le domaine relationnel. Je le lui ai répété, il est vrai, dans le 3 e et le 4 eentretien, mais sans montrer d’insistance. C’est elle-même qui m’approuve en se référant à ses« chefs de services (qui) sentaient qu’(elle) n'était pas faite pour travailler devant unordinateur » (3 e entretien). Elle retiendra ma suggestion comme une sorte de certitude àlaquelle elle peut se raccrocher, indiquant par là la place démesurée qu’elle est susceptible dedonner à mon propos dont elle a toutefois besoin pour persévérer dans sa décision.• Soutien et gestion de l’incertitude.La suite de ce soutien consistera, comme je l’ai déjà indiqué, à rassurer Jeanne sur lesconséquences de sa décision. On pourrait citer de larges extraits des entretiens pour l’illustrer,cela paraît cependant peu utile dans la mesure où le lecteur qui souhaite en parcourir le détailpeut se référer à la chronologie des entretiens ou à son intégralité en annexe.Dans le 5 e entretien (où Jeanne va bien, elle s’est détendue parce qu’elle a décidé departir), le divorce se présente comme une étape stratégique à préparer un « grand pointd'incertitude qui reste ». Tout bascule ensuite dans le drame : il fait froid, elle est dans le« creux de la vague », elle va reprendre chez B., elle s’ « emmêle les fils », il faut prévoir deNumér

- J'arrivais chez elle, "ça va ?" et on discutait comme si elle était sur son balcon.Avec vous au moins, je repars chaque semaine avec une adresse.(5 eentretien)[Nous parlons de la mutuelle. Je lui explique que la Sécurité Sociale ouvre des droitspendant 4 ans, même si elle ne touche pas de salaire.]- Oh , là, là ! La mutuelle, c’est compliqué ; […] Ah, mais ça, c’est ce que je<strong>pour</strong>rais faire : aller me renseigner à la Sécurité Sociale. Voilà, c’est une bonneinformation ! (entretiens ultérieurs)Le fait de récupérer à chaque rencontre l’une ou l’autre adresse réjouit Jeanne (alorsqu’ « objectivement », c’est bien peu de « conseils ») et lui permet également de sortir de chezelle <strong>pour</strong> mener sa quête et solliciter toutes les personnes qu’elle rencontre. Pour décider dequitter définitivement le monde de son mari (B., le Nord, la ville, etc.), il lui aura fallu lesoutien d’un homme. Et le « monsieur très bien » du train (3 e entretien) (« un self made manqui avait une entreprise en Guadeloupe et va en ouvrir une autre ») se voit lui aussi mis àcontribution.Jeanne retient (on y revient dans le paragraphe suivant) les compétences que je lui aisuggérées dans le domaine relationnel. Je le lui ai répété, il est vrai, dans le 3 e et le 4 eentretien, mais sans montrer d’insistance. C’est elle-même qui m’approuve en se référant à ses« chefs de services (qui) sentaient qu’(elle) n'était pas faite <strong>pour</strong> travailler devant unordinateur » (3 e entretien). Elle retiendra ma suggestion comme une sorte de certitude àlaquelle elle peut se raccrocher, indiquant par là la place démesurée qu’elle est susceptible dedonner à mon propos dont elle a toutefois besoin <strong>pour</strong> persévérer dans sa décision.• Soutien et gestion de l’incertitude.La suite de ce soutien consistera, comme je l’ai déjà indiqué, à rassurer Jeanne sur lesconséquences de sa décision. On <strong>pour</strong>rait citer de larges extraits des entretiens <strong>pour</strong> l’illustrer,cela paraît cependant peu utile dans la mesure où le lecteur qui souhaite en parcourir le détailpeut se référer à la chronologie des entretiens ou à son intégralité en annexe.Dans le 5 e entretien (où Jeanne va bien, elle s’est détendue parce qu’elle a décidé departir), le divorce se présente comme une étape stratégique à préparer un « grand pointd'incertitude qui reste ». Tout bascule ensuite dans le drame : il fait froid, elle est dans le« creux de la vague », elle va reprendre chez B., elle s’ « emmêle les fils », il faut prévoir deNumér

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