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iographique convenu lorsqu’il se présente et d’accepter de cheminer et de discuter un tempsavec ces personnes.On se souvient des références de Clot à Bakhtine pour lequel il existe des formestoutes-faites d’énonciations que nous reprenons à notre compte pour nous exprimer. Nousintégrons des façons de parler dans certaines circonstances, des énonciations types,standardisées qui sont autant de « genres de discours disponibles dont le sujet doit parvenir àdisposer pour entrer dans l’échange » (Clot, Faïta, 2000, p.10, souligné par les auteurs). Ilexiste donc, selon Bakhtine, une multiplicité de genres, tant dans l’écrit que dans le langageoral, et pour nous exprimer, « nous moulons notre parole dans des formes précises de genresstandardisés, stéréotypés, plus ou moins souples, plastiques ou créatifs » (ibid.). Chacund’entre nous va faire appel à l’un ou l’autre genre en fonction des attendus de la situation,mais « pour en user librement, il faut une bonne maîtrise des genres » (Bakhtine, cité par Clot,1999, p.35).Discutant des limites du dispositif d’autoconfrontation utilisé dans la clinique del’activité, les auteurs notent (Clot, Faïta, 2000, pp.28-29) que les opérateurs filmés visionnantleur séquence effectuent souvent dans leurs commentaires un passage d’expressionsimpersonnelles (en « on », ou « il faut », etc.) à l’utilisation de la première personne, « je ».L’opérateur a besoin de temps dans sa réflexion avec l’observateur pour quitter le « discoursgénérique », expression des lieux communs du métier, et parler de sa propre action, de sonstyle. Cette sortie du « genre convenu » (ibid.) peut s’effectuer de plusieurs façons et montrecomment un sujet peut « demeurer sous la protection, le parapluie du genre ». Cette limite dudispositif qui a tendance à maintenir le sujet dans le discours générique a amené Clot àconfronter l’opérateur à un pair qui va l’interroger plus précisément sur sa pratiquepersonnelle ; la méthode d’autoconfrontation croisée a le mérite de bousculer le sujet hors dugenre convenu, lui aussi maîtrisé par le pair.Cette terminologie nous amène à nous demander si les habitués de l’aide sociale n’ontpas développé des compétences particulières qui leur permettent de se situer à l’intérieur d’unmonde spécifique qui opère pour eux à la façon d’un genre (professionnel), activant ainsi lafonction psychologique (défensive) du genre. La question sur laquelle il faudra revenir seraitalors de rechercher des dispositifs adaptés pour les soutenir dans leur abandon du « parapluiedu genre », en travaillant toujours les deux dimensions de l’action et du sens. Outre que l’onretrouve ici un vocabulaire qui rappelle celui repris par Paugam à Goffman (la « carrière » desassistés), une telle réflexion pourrait s’inspirer de l’exemple fourni par Clot des élèves de 5 e etviser les deux zones de développement potentiel du sens et de l’efficience.Numér

Si « les mots font l’amour », comme aime à le répéter Enriquez s’inspirant d’AndréBreton, « dans tout langage (sauf celui des slogans ou de la "langue de bois") existe un excèsde signification, d’évocation, qui conduit toute parole à avoir des effets inattendus, à mettre enliaison des choses, des concepts, des êtres qui n’auraient pas dû normalement être mis enconnexion » (Enriquez, 1981, p.96). C’est bien, à notre sens, la tâche du conseiller depoursuivre cette quête de mise en liaison, même lorsqu’il se trouve confronté à un discoursconvenu qui ne présente apparemment pas d’ouverture, mais semble fermé, clôturé sur luimême.Le professionnel ne peut que persévérer à offrir, sans exiger de résultat en retour, « celangage vivant (cette parole authentique), [qui] est celui qui favorisera, comme le ditG.Bateson, "de nouveaux patterns" » (ibid.), ou qui cherchera à modifier les « schèmesrelationnels » (P.Aulagnier) et visera la subjectivation au détriment de la subjectivisation(Clot, 1999, p.194).11.4. Conclusion.Les analyses qui viennent d’être présentées montrent la nécessité pour le conseiller dese situer sur différents champs disciplinaires.Nous avons vu avec Rémi les diverses contradictions qui apparaissent dans sondiscours. Si la composante agressive de son langage apparaît immédiatement, l’attentionportée à la littéralité de certaines de ses expressions éclaire une problématique qui tend vers lapsychose (« j’ai rien à leur dire », « mon père m’a tout pris », « je connais ma loi »). J’aipointé également une forme d’injonction paradoxale qu’il émet à l’adresse de ses fils. Sonrapport au travail s’inscrit dès lors dans cette configuration psychologique.Le CES que l’ANPE lui a fourni constitue ses premiers pas vers une resocialisation ; ilcommence ainsi à sortir de ses préoccupations subjectives, se sent mieux et rassemble desdocuments pour refaire ses « papiers ». Le bilan de compétences qui lui a été prescrit avec moise trouve instrumentalisé pour servir les finalités de l’entreprise d’insertion dans laquelle ils’est montré insupportable. Le conseiller, sans avoir à s’opposer aux objectifs de cettestructure intermédiaire, n’a pas non plus à y souscrire. J’atténue les pressions exercées surRémi en concluant qu’il doit travailler à temps partiel. J’ai signalé au passage une de mesNumér

Si « les mots font l’amour », comme aime à le répéter Enriquez s’inspirant d’AndréBreton, « dans tout langage (sauf celui des slogans ou de la "langue de bois") existe un excèsde signification, d’évocation, qui conduit toute parole à avoir des effets inattendus, à mettre enliaison des choses, des concepts, des êtres qui n’auraient pas dû normalement être mis enconnexion » (Enriquez, 1981, p.96). C’est bien, à notre sens, la tâche du conseiller de<strong>pour</strong>suivre cette quête de mise en liaison, même lorsqu’il se trouve confronté à un discoursconvenu qui ne présente apparemment pas d’ouverture, mais semble fermé, clôturé sur luimême.Le professionnel ne peut que persévérer à offrir, sans exiger de résultat en retour, « celangage vivant (cette parole authentique), [qui] est celui qui favorisera, comme le ditG.Bateson, "de nouveaux patterns" » (ibid.), ou qui cherchera à modifier les « schèmesrelationnels » (P.Aulagnier) et visera la subjectivation au détriment de la subjectivisation(Clot, 1999, p.194).11.4. Conclusion.Les analyses qui viennent d’être présentées montrent la nécessité <strong>pour</strong> le conseiller dese situer sur différents champs disciplinaires.Nous avons vu avec Rémi les diverses contradictions qui apparaissent dans sondiscours. Si la composante agressive de son langage apparaît immédiatement, l’attentionportée à la littéralité de certaines de ses expressions éclaire une problématique qui tend vers lapsychose (« j’ai rien à leur dire », « mon père m’a tout pris », « je connais ma loi »). J’aipointé également une forme d’injonction paradoxale qu’il émet à l’adresse de ses fils. Sonrapport au travail s’inscrit dès lors dans cette configuration psychologique.Le CES que l’ANPE lui a fourni constitue ses premiers pas vers une resocialisation ; ilcommence ainsi à sortir de ses préoccupations subjectives, se sent mieux et rassemble desdocuments <strong>pour</strong> refaire ses « papiers ». Le bilan de compétences qui lui a été prescrit avec moise trouve instrumentalisé <strong>pour</strong> servir les finalités de l’entreprise d’insertion dans laquelle ils’est montré insupportable. Le conseiller, sans avoir à s’opposer aux objectifs de cettestructure intermédiaire, n’a pas non plus à y souscrire. J’atténue les pressions exercées surRémi en concluant qu’il doit travailler à temps partiel. J’ai signalé au passage une de mesNumér

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