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autonomie dans la vie professionnelle » (p.457) et devient un moyen de lutte contre lechômage.Dans le second sens, elle s’inspire davantage des nouvelles formes de contestations(étudiées dans les années soixante-dix par Touraine, notamment à travers l’émergence dumouvement écologiste) qui s’opposent aux « grandes organisations [hiérarchisées] avec uneconcentration du pouvoir au sein d’une classe de gestionnaires » (ibid.). Cette conception del’autonomie « ne vise donc plus, ou plus seulement, à faciliter le fonctionnement du systèmeproductif [comme dans la conception restreinte] : elle vise à le transformer, au même titre quele système social, à infléchir sa logique » (ibid.). Il ne s’agit pas d’une préoccupationadaptative, mais d’une tendance sociale vers une aspiration individuelle à effectuer sespropres choix.Si l’orientation éducative opte pour ce second sens, une série de questions épineuses seposent en termes d’implications pratiques. Faut-il laisser les jeunes s’engager (du fait del’autonomie du choix) dans des formations qui mènent à des impasses plutôt que de tenter deles « convaincre » d’aller vers des métiers pour lesquels existent des débouchés ? La réponse,dans la conception radicale, serait plutôt positive, tout en cherchant les raisons de tellesprédilections de la part des jeunes.Faut-il les aider dans l’élaboration du « discours de la consolation » (Frémontier),c’est-à-dire, les aider à positiver les choix qui leur sont imposés par les contraintes sociales ?Huteau répondrait ici davantage par la négative. Il exprime son accord avec Jouvin (un rapportde 1980) qui veut que « l’orientation et l’information [ne doivent pas] avoir pour fonction […]d’amortir au mieux les tensions engendrées par le système au moyen d’une assistancepsychologique permettant aux individus de se résigner sans trop de difficultés au sort qui leurest fait » (p.459). Elles doivent au contraire chercher à promouvoir les réformes (desconditions de travail, des statuts des emplois, etc.) et montrer leur nécessité. Paraît-il réaliste,se demande encore Huteau, de vouloir étendre l’idée d’autonomie dans l’activitéd’orientation, alors que sa place demeure réduite dans le système scolaire et professionnel(orientation précoce, réussite de certaines filières, etc.) ?Ces réflexions montrent les limites de l’action du conseiller d’orientation. Huteausuggère diverses mesures qui permettraient de donner davantage de cohérence aux activitésd’éducation et d’orientation, notamment la possibilité de réversibilité des choix : « par lamultiplication des passerelles entre filières dans la formation initiale, par la généralisationd’un véritable crédit-éducation dans la formation permanente » (ibid.). Les tendances actuellessemblent, par rapport à cette question, contradictoires. Si la VAE (Validation des Acquis deNumér

l’Expérience) apporte une certaine fluidité pour glisser d’un domaine à un autre qui lui estproche, les possibilités de formation à moyen terme ont été supprimées, pour les demandeursd’emploi, par la mise en place du PARE (2001). Les restrictions progressives, au cours desannées quatre-vingt-dix, concernant l’accès aux AFR (Allocations Formation Reclassement)pour les chômeurs souhaitant s’engager dans des formations dites « longues », puis lasuppression de ce mode d’indemnisation, les contraignent à se concentrer sur certainesformations privilégiées par l’ANPE en fonction des besoins du marché du travail. Lesdifficultés d’accès à certaines formations se sont encore accrues pour les demandeursd’emploi depuis l’augmentation du déficit de l’UNEDIC en 2002. L’ANPE se recentre ainsisur son métier, le placement, délaissant la gestion de la formation aux institutions qui en ont laresponsabilité politique (et financière), les Régions.Nous allons aborder l’aspect de l’orientation dans la formation des adultes après deuxdernières remarques sur les réflexions de Huteau. Il entrevoit (en 1984) dans lesdéveloppements de la psychologie expérimentale cognitive un apport prometteur pouraméliorer les connaissances sur la prise de décision en orientation. Elles approfondissent lesétapes classiquement retenues dans ce domaine : exploration, cristallisation, spécification,réalisation 1 . Il insiste néanmoins sur une limite qui apparaît immédiatement : les résultatsavancés par cette branche de la psychologie sont essentiellement issus des laboratoires, deprotocoles artificiels, alors que les conseillers travaillent en « milieu naturel » (p.461, soulignépar l’auteur).Il insiste, d’autre part, sur l’accompagnement individuel, car « dans la perspectiveéducative du développement de l’autonomie, l’individualisation et l’échelonnement desactions d’orientation [en tant que « orientation continue »] deviennent des nécessités. En effet,la plus ou moins grande autonomie ne peut être qu’une conquête progressive, toujours fragile,dans une histoire strictement individuelle » (p.462). Cette dernière formulation (« strictementindividuelle ») nous apparaît comme malheureuse ; ainsi qu’on le verra avec Castoriadis,l’autonomie renvoie toujours au double versant, et individuel et social. Il semble que Huteau,en voulant insister sur l’individualisation, ait omis cette double dimension pourtant présente1Ces quatre étapes sont celles proposées par Donald Super, à la suite des travaux de Ginzberg, dans les annéessoixante-dix pour « modéliser » le processus de choix en orientation. Elles sont reprises dans l’ADVP (Activationdu Développement Vocationnel et Personnel), outil élaboré au Québec à partir des apports de Pelletier, Bujold etNoiseux. Il a constitué une référence centrale en orientation initiale comme pour celle destinée aux adultes. Laméthode peut s’utiliser en individuel ou en groupe, et vise à développer simultanément la connaissance de soien interaction avec celle du monde professionnel. L’exploration vise à rassembler les informations, lacristallisation veut les ordonner, la spécification rapproche les connaissances de soi et celle des professions pouramener à un choix, la réalisation pose les étapes de sa mise en œuvre. On n’insistera pas outre mesure ici, cetteméthode se trouve exposée dans tout manuel présentant des outils d’orientation. On peut remarquer néanmoinsque ces étapes, même non formalisées, sont presque toujours celles que l’on traverse dans le processusd’orientation.Numér

autonomie dans la vie professionnelle » (p.457) et devient un moyen de lutte contre lechômage.Dans le second sens, elle s’inspire davantage des nouvelles formes de contestations(étudiées dans les années soixante-dix par Touraine, notamment à travers l’émergence dumouvement écologiste) qui s’opposent aux « grandes organisations [hiérarchisées] avec uneconcentration du pouvoir au sein d’une classe de gestionnaires » (ibid.). Cette conception del’autonomie « ne vise donc plus, ou plus seulement, à faciliter le fonctionnement du systèmeproductif [comme dans la conception restreinte] : elle vise à le transformer, au même titre quele système social, à infléchir sa logique » (ibid.). Il ne s’agit pas d’une préoccupationadaptative, mais d’une tendance sociale vers une aspiration individuelle à effectuer sespropres choix.Si l’<strong>orientation</strong> éducative opte <strong>pour</strong> ce second sens, une série de questions épineuses seposent en termes d’implications pratiques. Faut-il laisser les jeunes s’engager (du fait del’autonomie du choix) dans des formations qui mènent à des impasses plutôt que de tenter deles « convaincre » d’aller vers des métiers <strong>pour</strong> lesquels existent des débouchés ? La réponse,dans la conception radicale, serait plutôt positive, tout en cherchant les raisons de tellesprédilections de la part des jeunes.Faut-il les aider dans l’élaboration du « discours de la consolation » (Frémontier),c’est-à-dire, les aider à positiver les choix qui leur sont imposés par les contraintes sociales ?Huteau répondrait ici davantage par la négative. Il exprime son accord avec Jouvin (un rapportde 1980) qui veut que « l’<strong>orientation</strong> et l’information [ne doivent pas] avoir <strong>pour</strong> fonction […]d’amortir au mieux les tensions engendrées par le système au moyen d’une assistancepsychologique permettant aux individus de se résigner sans trop de difficultés au sort qui leurest fait » (p.459). Elles doivent au contraire chercher à promouvoir les réformes (desconditions de travail, des statuts des emplois, etc.) et montrer leur nécessité. Paraît-il réaliste,se demande encore Huteau, de vouloir étendre l’idée d’autonomie dans l’activitéd’<strong>orientation</strong>, alors que sa place demeure réduite dans le système scolaire et professionnel(<strong>orientation</strong> précoce, réussite de certaines filières, etc.) ?Ces réflexions montrent les limites de l’action du conseiller d’<strong>orientation</strong>. Huteausuggère diverses mesures qui permettraient de donner davantage de cohérence aux activitésd’éducation et d’<strong>orientation</strong>, notamment la possibilité de réversibilité des choix : « par lamultiplication des passerelles entre filières dans la formation initiale, par la généralisationd’un véritable crédit-éducation dans la formation permanente » (ibid.). Les tendances actuellessemblent, par rapport à cette question, contradictoires. Si la VAE (Validation des Acquis deNumér

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