SAUTER Entretien d orientation pour DE 2005.pdf - ArianeSud ...

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fonctionne B, la Maison de séjour qui accueille son père et qui lui a demandé de participerbénévolement : « ils n'ont pas assez de personnel » (idem).Elle fait elle-même la poussière de la chambre chez B et rémunère quelqu’un pourfaire prendre la douche à son père. Elle a conscience que le travail dans de tels établissementsn’est pas des plus faciles : « c'est vrai qu'il y a des cas ; il y a des gens qui ne peuvent pasmanger tout seuls, il faut les faire manger et c'est sûr que ça prend du temps » (idem). Elleemmène son père déjeuner certains dimanches et sait s’organiser avec son fauteuil roulant etla couche qu’il doit porter (5 e entretien).Marthe comprend également qu’il faut savoir maintenir une certaine distance pour nepas se trouver totalement accaparée par ces personnes : « A cet âge-là, je crois qu'il faut fixerdes limites, sinon ils vous accaparent complètement. […] A cet âge, je crois qu'ils vousaccrochent » (5 e entretien). Elle a conservé de bonnes relations avec l’un des restaurants danslequel elle a travaillé et retourne y manger régulièrement ; elle revoie ainsi « la Mamie (quilui) dit toujours de passer un après-midi manger une part de gâteau, et après on pourra aller enville ensemble » (idem).Tous ces extraits nous montrent que Marthe fréquente déjà beaucoup les personnesâgées et qu’elle cerne certains de leurs besoins. Les qualificatifs de « Papy » et « Mamie »soulignent le côté attentionné avec lequel elle les aborde. Cet aspect risque cependant de seprésenter comme une difficulté dans la concrétisation de sa recherche d’emploi. Marthe esttrès conviviale et apprécie le contact ; elle a déjà mis en œuvre la dimension relationnelleauparavant dans son métier de serveuse : « on a des capacités et une maturité, et aussi on saitparler aux gens » (1 er entretien). Elle vit maintenant seule (« maintenant, je suis seule » (5 eentretien)), et s’oriente vers la fonction d’Aide à domicile, tout d’abord dans une perspectivede contacts (« personne de compagnie »), plutôt que de tâches ménagères (« mais pas nettoyerles vitres à chaque fois »). On ne peut qu’espérer qu’elle rencontrera les opportunités qui luiconviendront, ou qu’elle pourra les saisir peu à peu en s’intégrant dans le métier.Si elle ne « veut pas profiter des caisses », elle se trouve néanmoins en début depériode d’indemnisation et l’on peut comprendre, suite surtout à sa convalescence, que sareprise d’activité s’effectue progressivement. Elle ne se situe pas encore dans une phase derythme professionnel, et sa confidence dans le dernier entretien est éclairante à ce propos. Elleaccepte que j’indique sur mon compte-rendu à l’ANPE sa réorientation vers le métier d’Aideà domicile, mais elle ressent le besoin de m’avouer un petit secret :Numér

- Il faut que je vous dise : après le 15 avril, j'aurai plus de temps à accorder à mesrecherches, parce qu'on aura vendu l'appartement. Maintenant, c'est fait, on atrouvé quelqu'un, et le 15 avril je remets les clés chez le notaire. (5 e entretien)Cette remarque nous permet de comprendre rétrospectivement ses réticences lorsque jeprécipitais quelque peu les choses en lui proposant des postes en restauration entre le 1 er et le4 e entretien. Est-ce à dire que le projet d’Aide à domicile ne serait qu’un prétexte pour gagnerdu temps ? Je ne le pense pas ; tout projet, tant qu’il n’est pas réalisé, demeure de l’ordre duprobable. Dans la démarche d’orientation, toute réflexion, même très approfondie, peut setrouver suspendue brutalement devant une opportunité inespérée 1 . Quoi que Marthe décidera,il reste que le travail avec les personnes âgées a pris pour elle un sens nouveau.Le 5 e entretien se présente comme un échange très convivial entre deux personnes quibavardent. Marthe est désormais très en confiance avec moi et le travail d’orientation estachevé (cible, outils, etc.). Si elle a pu me percevoir lors de notre première rencontre commeune émanation de l’ANPE (elle dit rechercher du travail, ne veut pas profiter des caisses, etc.),elle ose maintenant m’avouer qu’elle est très occupée jusqu’au 15 avril. Elle se confiedavantage sur sa vie personnelle, et ne sait plus comment partir : « Bien, je vais vous laisser,vous avez certainement quelqu'un encore après !? Comment va votre petite fille ? ». Je suisdevenu une sorte de confident dont elle ressent quelque difficulté à se séparer.Elle évoque son métier de serveuse et me raconte les anecdotes des cuisiniersexigeants quant aux horaires. Cette évocation des périodes d’intense activité dans le passéprofessionnel semble avoir une fonction spécifique pour les retraités ou les personnes prochesde la fin d’activité. On raconte et on revit ces moments à partir d’anecdotes qui setransforment en véritables épopées héroïques d’un temps où l’on participait ardemment àl’activité collective et où l’on se réalisait dans son métier. Comme si l’on actualisaitmomentanément la fonction psychologique du travail (Clot) pour se rassurer sur ce que l’on aété capable d’entreprendre et l’identité que l’on a portée et qui continue de vivre en chacun deceux que l’on qualifie maladroitement d’ « inactifs ». On en trouve un exemple plus détaillédans l’annexe 2, fiche 28.1On en trouve un exemple très illustratif dans le cas de ce boulanger venu pour changer de métier, car leshoraires et la rémunération ne lui convenaient plus. En cours d’accompagnement, il se présente à un poste deboulanger qui lui offre ce qu’il ne trouvait ailleurs. Il s’engage immédiatement et abandonne aussitôt toute laréflexion sur sa reconversion (cf. Annexe 2, fiche 41).Numér

fonctionne B, la Maison de séjour qui accueille son père et qui lui a demandé de participerbénévolement : « ils n'ont pas assez de personnel » (idem).Elle fait elle-même la poussière de la chambre chez B et rémunère quelqu’un <strong>pour</strong>faire prendre la douche à son père. Elle a conscience que le travail dans de tels établissementsn’est pas des plus faciles : « c'est vrai qu'il y a des cas ; il y a des gens qui ne peuvent pasmanger tout seuls, il faut les faire manger et c'est sûr que ça prend du temps » (idem). Elleemmène son père déjeuner certains dimanches et sait s’organiser avec son fauteuil roulant etla couche qu’il doit porter (5 e entretien).Marthe comprend également qu’il faut savoir maintenir une certaine distance <strong>pour</strong> nepas se trouver totalement accaparée par ces personnes : « A cet âge-là, je crois qu'il faut fixerdes limites, sinon ils vous accaparent complètement. […] A cet âge, je crois qu'ils vousaccrochent » (5 e entretien). Elle a conservé de bonnes relations avec l’un des restaurants danslequel elle a travaillé et retourne y manger régulièrement ; elle revoie ainsi « la Mamie (quilui) dit toujours de passer un après-midi manger une part de gâteau, et après on <strong>pour</strong>ra aller enville ensemble » (idem).Tous ces extraits nous montrent que Marthe fréquente déjà beaucoup les personnesâgées et qu’elle cerne certains de leurs besoins. Les qualificatifs de « Papy » et « Mamie »soulignent le côté attentionné avec lequel elle les aborde. Cet aspect risque cependant de seprésenter comme une difficulté dans la concrétisation de sa recherche d’emploi. Marthe esttrès conviviale et apprécie le contact ; elle a déjà mis en œuvre la dimension relationnelleauparavant dans son métier de serveuse : « on a des capacités et une maturité, et aussi on saitparler aux gens » (1 er entretien). Elle vit maintenant seule (« maintenant, je suis seule » (5 eentretien)), et s’oriente vers la fonction d’Aide à domicile, tout d’abord dans une perspectivede contacts (« personne de compagnie »), plutôt que de tâches ménagères (« mais pas nettoyerles vitres à chaque fois »). On ne peut qu’espérer qu’elle rencontrera les opportunités qui luiconviendront, ou qu’elle <strong>pour</strong>ra les saisir peu à peu en s’intégrant dans le métier.Si elle ne « veut pas profiter des caisses », elle se trouve néanmoins en début depériode d’indemnisation et l’on peut comprendre, suite surtout à sa convalescence, que sareprise d’activité s’effectue progressivement. Elle ne se situe pas encore dans une phase derythme professionnel, et sa confidence dans le dernier entretien est éclairante à ce propos. Elleaccepte que j’indique sur mon compte-rendu à l’ANPE sa ré<strong>orientation</strong> vers le métier d’Aideà domicile, mais elle ressent le besoin de m’avouer un petit secret :Numér

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