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SAUTER Entretien d orientation pour DE 2005.pdf - ArianeSud ...

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7.3.2. Conséquences et limites.Ce travail d’écriture entre chaque entretien a pu avoir des conséquences sur larencontre suivante. J’avais mémorisé davantage que d’ordinaire ce qui avait été évoqué. Jen’ai <strong>pour</strong>tant pas le sentiment, à la relecture, que cela ait interféré sur ma méthode habituellede mener les entretiens. Durant le temps de la saisie dactylographique des échanges, m’estvenue cependant l’impression que je fixais dans l’écrit une parole vivante, dite à un moment,non pas dans le but d’être « gravée », mais peut-être simplement <strong>pour</strong> se dire, parce qu’uneécoute était disponible. On peut, dans cette perspective, y voir davantage un sujet qui secherche plutôt qu’une suite « logique » d’enchaînements de thèmes qui reviendraient.Retranscrire par écrit tue, <strong>pour</strong> ainsi dire, une parole vivante dont on ne connaîtra jamaistoutes les autres potentialités. Une approche du contingent est aussi à ce prix, c’est <strong>pour</strong>quoi ilne faudrait pas considérer ces discours simplement comme un corpus de données. Celareviendrait à « donner un cadre de pensée à ce qui est encore impensé (puisque non-dit) et l’ycirconscrire, comme si la pensée préexistait au langage. […] Qu’est le discours, en effet, sinoncette matière vivante et complexe par laquelle les subjectivités se construisent et où se tissentles liens intersubjectifs et sociaux ? » (Giust-Desprairies, Lévy, dans Barus-Michel & al.,2002, p.300). Le « mouvement dialogique » (Clot) produit des effets dont je présente unephotographie, alors que la dynamique se <strong>pour</strong>suit par ailleurs.La retranscription de ces entretiens a eu également comme conséquence sur moi« d’habiter » durant un temps ces vies qui se racontaient. Lorsque le travail se <strong>pour</strong>suivait, ilsfinissaient par me hanter ; « ces rencontres avec les exclus […] ne peuvent laisserindifférent », nous dit Lhuilier (2002, p.234). J’ai pu remarquer, en outre, que je partageais,que je ressentais bien plus la souffrance qui m’était confiée, aujourd’hui en relisant mes notesainsi qu’au moment de retranscrire les entretiens, que durant le temps même de l’échange.Pendant celui-ci, mon propre système défensif me protégeait ; cela appartient à tout travaild’accompagnement qui n’est pas de compatir aux souffrances des autres. Cela n’implique pasque l’on soit indifférent, mais qu’un certain recul permette de réagir de façon à n’en pasrajouter, ce que Declerck appelle « un moi suffisamment fort » (2001, p.363) du thérapeute.On observe ainsi que la retranscription et la lecture des événements difficiles ouvre davantagesur la compassion que lors de l’entretien lui-même, à la manière de ces événements dont onNumér

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