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absolument autre » (Bakhtine, cité par Clot, ibid.). Devereux avait tenté de généraliser, nousl’avons vu plus haut, ce phénomène sous le terme de contre-transfert. Pour Bakhtine, on nepeut pas connaître l’homme en partant de son intériorité, en le « sentant », mais on ne peutl’approcher et l’inciter à se découvrir que dans un échange dialogique ; pour lui, « on ne parlejamais de soi-même et des autres qu’en parlant avec soi-même et avec les autres » (Clot, Faïta,2000, p.20).Les formes toutes faites de la langue, stéréotypées, peuvent néanmoins venir brouillerle rapport du discours à la réalité du travail. C’est pourquoi Clot confronte le sujet à sesactions, par l’intermédiaire de l’enregistrement ; il construit avec lui l’analyse del’observation, dans un « mouvement dialogique [qui] crée : il crée des rapports renouvelés desituation en situation entre le locuteur sujet et les autres, mais aussi entre ce même locuteur etcelui qu’il a été dans la situation précédente » (ibid., p.22). L’échange verbal ne suffit pas àdéplacer l’action, tout comme celle-ci ne peut se développer si le sens qu’elle recèle n’évoluepas dans le cadre de ce que l’auteur qualifie « d’une motricité propre au dialogue » (ibid.).Dans cette perspective, le clinicien du travail va s’appuyer sur une compréhensionactive, c’est-à-dire qu’il va chercher à « poser à l’activité des sujets des questions nouvellesqu’eux-mêmes ne se posaient pas » (Clot, 1999, p.141). Pastré, dans la même référence queClot à Vygotski, avait déjà abordé la question de la médiation entre le sujet et le simulateur :« tant que le sujet est en quelque sorte en tête à tête avec le réel, la conceptualisation estfreinée, parce que l’action s’épuise dans sa propre réussite » (cité par Clot, ibid., p.145). Dansnotre domaine, il ne s’agit pas bien entendu de réussite, mais dans le cas d’une recherched’orientation qui se révèle difficile, on peut s’attendre à ce que le sujet s’épuise dans un « têteà tête avec le réel » dans lequel il enferme ses capacités à le concevoir autre. Le conseillerpeut alors être ce troisième terme qui intervient en tant que médiateur pour faire évoluer laconception du réel.Clot reproche à Vermersch d’oublier ce tiers, comme si l’explicitation permettait unaccès au réel de l’action 1 , alors que « le destinataire de la verbalisation est constitutif de sescontenus » (ibid., p.146). Ce que le sujet évoque des étapes d’une action effectuée va se1Cette affirmation prête à discussion. On peut relever notamment chez Vermersch les passages suivants : lesexpressions qu’il utilise à propos de la mémoire concrète « laissent croire qu’il y a un grand réservoir quelquepart et que la question est de savoir comment aller y puiser. Or ce n’est probablement pas du tout le modèlecorrect pour se représenter les mécanismes à l’œuvre. En fait, il serait peut-être beaucoup plus juste, à propos dela mémoire concrète, de parler de création de mémoire. […] Le réfléchissement est la création d’une réalitépsychologique qui n’existait pas formellement auparavant » (1994, p.102, souligné par Vermersch). Et plus loin :« … il est indispensable de se souvenir que ce que l’on questionne c’est l’évocation, non la réalité perceptivepassée » (p.116). Il semble davantage que la possibilité de retrouver des informations détaillées « paraissaittellement fascinante » (p.89) à Vermersch qu’il s’est centré sur cette recherche plutôt que de tenter de préciser lestransformations qu’elle induisait.Numér
trouver sous l’influence des attentes qu’il attribue à son interlocuteur présent. Ainsi,« l’évocation des opérations vécues ne peut pas être un simple rappel d’événements passésindépendants des intentions présentes du sujet à l’égard des autres et de lui-même, même àson insu » (ibid., p.147). L’interaction n’est pas un retour du passé qui ravive unereprésentation, mais une nouvelle situation vécue qui médiatise l’accès à une représentationqui se trouve transformée par la demande de l’analyste. Celle-ci va interférer dans les choixqu’opère le sujet qui organise une sélection à l’attention de l’autre. L’action vit simultanémentdans deux contextes différents : vécue dans le passé et revécue différemment dans le présent.C’est pourquoi l’activité langagière adressée est une activité à part entière, et non une simpleévocation du passé. Le développement lui-même se trouve adressé et le clinicien y participe.Le dialogue ne met pas « à nu un vécu fini », mais il « est une action sur l’action quitransforme l’expérience vécue en moyen de vivre une autre expérience » (ibid., p.149).L’analyse des activités ne laisse pas celles-ci telles qu’elles, identiques à elles-mêmes,mais elle les développe. Elles ne sont pas là, toutes prêtes à être explicitées : « en setransformant en langage, les activités se réorganisent et se modifient » (ibid.), et leurtransformation dépend donc du contexte dans lequel elle s’opère. Si l’on peut présumer, dansla conception de Vermersch, une forme d’existence « objective » de l’action, Clot se prémunitd’un écueil opposé qu’il discerne dans certaines conceptions ethnométhodologiques. Pourcelles-ci, la compétence pourrait ne relever que du jugement d’autrui qui la confère ou larefuse ; il s’agirait uniquement d’une construction intersubjective référée aux conventionssociales. Or, l’expérience, dans les contextes variés où elle peut se dire, ne se désagrège pas etne cesse pourtant pas d’être unique. C’est pour cela, qu’entre une construction objectivante etune conception intersubjective, Clot veut promouvoir une perspective développementale danslaquelle « l’expérience a une histoire et son analyse transforme cette histoire. La significationdes activités n’est pas constante pour le sujet. » (ibid., p.151). L’expérience vient s’enrichirdans les différents contextes d’analyse qu’elle traverse et dans le sens qu’elle trouve à yproduire en se confrontant à l’histoire des possibles qu’elle n’a pas précédemment retenus.Elle peut entrer par là dans la voie d’un développement possible.Les éléments d’analyse qu’avance Clot dans l’exemple de l’instruction au sosie dans lecas du trompettiste, évoqué plus haut, nous paraissent particulièrement pertinents pour notrepropre perspective. Le sosie, sensé remplacer le musicien, se trouve dans une position délicateet va rechercher toutes les informations nécessaires pour mener à bien sa mission. Par sesquestions, il va ainsi donner à la situation ordinaire un éclairage inattendu. L’instructeur, pourl’aider à se repérer, va lui indiquer ce qu’il fait habituellement, mais aussi ce qu’il ne fait pas.Numér
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absolument autre » (Bakhtine, cité par Clot, ibid.). Devereux avait tenté de généraliser, nousl’avons vu plus haut, ce phénomène sous le terme de contre-transfert. Pour Bakhtine, on nepeut pas connaître l’homme en partant de son intériorité, en le « sentant », mais on ne peutl’approcher et l’inciter à se découvrir que dans un échange dialogique ; <strong>pour</strong> lui, « on ne parlejamais de soi-même et des autres qu’en parlant avec soi-même et avec les autres » (Clot, Faïta,2000, p.20).Les formes toutes faites de la langue, stéréotypées, peuvent néanmoins venir brouillerle rapport du discours à la réalité du travail. C’est <strong>pour</strong>quoi Clot confronte le sujet à sesactions, par l’intermédiaire de l’enregistrement ; il construit avec lui l’analyse del’observation, dans un « mouvement dialogique [qui] crée : il crée des rapports renouvelés desituation en situation entre le locuteur sujet et les autres, mais aussi entre ce même locuteur etcelui qu’il a été dans la situation précédente » (ibid., p.22). L’échange verbal ne suffit pas àdéplacer l’action, tout comme celle-ci ne peut se développer si le sens qu’elle recèle n’évoluepas dans le cadre de ce que l’auteur qualifie « d’une motricité propre au dialogue » (ibid.).Dans cette perspective, le clinicien du travail va s’appuyer sur une compréhensionactive, c’est-à-dire qu’il va chercher à « poser à l’activité des sujets des questions nouvellesqu’eux-mêmes ne se posaient pas » (Clot, 1999, p.141). Pastré, dans la même référence queClot à Vygotski, avait déjà abordé la question de la médiation entre le sujet et le simulateur :« tant que le sujet est en quelque sorte en tête à tête avec le réel, la conceptualisation estfreinée, parce que l’action s’épuise dans sa propre réussite » (cité par Clot, ibid., p.145). Dansnotre domaine, il ne s’agit pas bien entendu de réussite, mais dans le cas d’une recherched’<strong>orientation</strong> qui se révèle difficile, on peut s’attendre à ce que le sujet s’épuise dans un « têteà tête avec le réel » dans lequel il enferme ses capacités à le concevoir autre. Le conseillerpeut alors être ce troisième terme qui intervient en tant que médiateur <strong>pour</strong> faire évoluer laconception du réel.Clot reproche à Vermersch d’oublier ce tiers, comme si l’explicitation permettait unaccès au réel de l’action 1 , alors que « le destinataire de la verbalisation est constitutif de sescontenus » (ibid., p.146). Ce que le sujet évoque des étapes d’une action effectuée va se1Cette affirmation prête à discussion. On peut relever notamment chez Vermersch les passages suivants : lesexpressions qu’il utilise à propos de la mémoire concrète « laissent croire qu’il y a un grand réservoir quelquepart et que la question est de savoir comment aller y puiser. Or ce n’est probablement pas du tout le modèlecorrect <strong>pour</strong> se représenter les mécanismes à l’œuvre. En fait, il serait peut-être beaucoup plus juste, à propos dela mémoire concrète, de parler de création de mémoire. […] Le réfléchissement est la création d’une réalitépsychologique qui n’existait pas formellement auparavant » (1994, p.102, souligné par Vermersch). Et plus loin :« … il est indispensable de se souvenir que ce que l’on questionne c’est l’évocation, non la réalité perceptivepassée » (p.116). Il semble davantage que la possibilité de retrouver des informations détaillées « paraissaittellement fascinante » (p.89) à Vermersch qu’il s’est centré sur cette recherche plutôt que de tenter de préciser lestransformations qu’elle induisait.Numér