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qu’outils, tout cet ensemble social devenant une ressource au service de l’activité personnelledu sujet. « Le développement consiste [pour celui-ci] à mettre le monde social à son service, àen faire un "monde pour soi" afin de s’y intégrer, c’est-à-dire de le reformuler en participant àl’élaboration de nouvelles significations » 1 (1999, p.122). Le sens de l’action pour le sujet faitpartie de l’histoire du développement de l’action et ne peut en être évacué sans risquer deperdre l’essentiel, et ceci s’observe aussi dans les postes de production dans lesquelsl’initiative des opérateurs peut se trouver très réduite.Clot fournit plusieurs exemples pour montrer que la mobilisation au travail ne provientpas du but prescrit mais du sens donné à la situation, tel le cas du conducteur de train qui semotive en cherchant à faire mieux, à « battre » le système de conduite automatisé, ou celui dubrancardier qui ne se contente pas de véhiculer les malades jusqu’à la salle d’anesthésie maisveut les laisser détendus et dans cet objectif cherche à plaisanter avec eux. « Un même but[prescrit] peut [donc] avoir un sens différent selon les sujets et, pour un même sujet, selon lessituations et les moments. […] Du coup, l’objet de l’action se trouve subjectivisé par ce quiest vital pour le sujet avant toute appropriation spécifiquement cognitive » (ibid., pp.125-126).L’action peut conserver son objectif d’efficacité, mais celui-ci ne suffit pas pour lacomprendre ; la dimension de son développement apporte un éclairage complémentaire surson sens et amène Clot à s’inscrire dans la perspective d’une psychologie historico-culturelle(Bruner), articulée aux apports de Vygotski.5.2.1. La zone proximale de développement.Des apports du psychologue russe, Clot va reprendre la notion de zone proximale dedéveloppement qu’il va référer à l’activité du sujet.A partir des définitions de Leontiev précisant les différences entre opération, action etactivité, Clot montre que cette dernière possède un « relief » qui dépasse le simple but àatteindre. Celui-ci est davantage l’objet de l’action et se forme dans l’intention consciente durésultat visé, qui nécessite un enchaînement d’opérations utilisant divers procédéstechniques ; l’activité se réfère toujours à un mobile qui lui vient du sujet lui-même ou del’activité des autres. C’est généralement l’objet de l’action que l’on peut observer et qui vu del’extérieur se confond avec les deux autres ; conceptuellement la distinction est néanmoins1On perçoit là une proximité inattendue avec la conception proposée par Castoriadis du sujet comme « pour soien tant qu’il est autofinalité, qu’il crée son monde propre, et que ce monde est un monde de représentations,d’affects et d’intentions » (Castoriadis, 1990, p.247).Numér

nécessaire, car l’action renvoie toujours à l’objet de l’opération et à celui de l’activité en tantqu’ils « sont les présupposés structuraux du premier qui en constitue l’unité toujours à refaire :l’intention à préserver et à réaliser. Ils constituent l’un avec l’autre la trame inintentionnelle del’action d’où le sujet cherche à retirer efficacité et plaisir » (ibid., p.169). Leontiev proposerade repérer le sens dans le rapport entre but immédiat de l’action et mobile de l’activité.C’est cependant Vygotski qui est demeuré attentif à conserver dans l’analyse cognitivela dimension affective. La pensée pour lui est conçue en tant qu’elle agit sur le mondeextérieur : elle consiste « à déterminer notre manière de vivre et notre comportement, àchanger nos actions, à les orienter, à nous libérer des dominations de la situation concrète »(cité par Clot, p.171). Notre activité dans le monde s’appuie plus ou moins alternativement surle cognitif et l’affectif en tant que moteurs du développement. C’est ainsi qu’en modifiant lesens de l’activité pour le sujet, Vygotski montre qu’on peut relancer sa capacitéd’apprentissage. L’exemple qu’il décrit montre un enfant qui dessine et auquel l’activitéconvient jusqu’à un certain point de fatigue à partir duquel il s’interrompt ; on pourrait lerelancer en enrichissant la tâche (crayons de couleur, craies, etc.), mais Vygotski le convie àexpliquer à d’autres enfants comment s’y prendre et constate qu’il se réinvestit fortement dansl’activité. En modifiant son rôle et le sens de l’activité pour lui, l’adulte l’amène à se dépasser.5.2.2. Deux zones de développement potentiel.Vygotski parlera à ce propos de développement par l’affectivité à partir d’uneinfluence « d’en haut », à la manière dont les concepts spontanés, les notions du communpeuvent germer vers le haut par l’intermédiaire des concepts scientifiques (ibid., p.136). Clotsouhaite, quant à lui, distinguer deux zones de développement potentiel (terme qu’il préfère àla traduction par « zone prochaine (ou proximale) de développement » du concept deVygotski) : l’une déjà bien reconnue qui concerne les capacités cognitives, l’autre qui secentre sur les mobiles de l’activité et prend ainsi en compte sa dimension subjective. PourVygotski, les places respectives du cognitif et de l’affectif dans le développement sontmouvantes et interviennent davantage à certains moments qu’à d’autres ; si leurs logiques nesont pas similaires, elles alternent quant à tenir une position de moteur dans ledéveloppement. C’est pourquoi Clot conçoit la « dynamique de l’action [comme]alternativement soumise à deux exigences psychologiques différentes : l’efficience et le sens »(ibid., p.173). Les tensions psychiques, susceptibles d’apparaître en cours d’activité, vont seNumér

qu’outils, tout cet ensemble social devenant une ressource au service de l’activité personnelledu sujet. « Le développement consiste [<strong>pour</strong> celui-ci] à mettre le monde social à son service, àen faire un "monde <strong>pour</strong> soi" afin de s’y intégrer, c’est-à-dire de le reformuler en participant àl’élaboration de nouvelles significations » 1 (1999, p.122). Le sens de l’action <strong>pour</strong> le sujet faitpartie de l’histoire du développement de l’action et ne peut en être évacué sans risquer deperdre l’essentiel, et ceci s’observe aussi dans les postes de production dans lesquelsl’initiative des opérateurs peut se trouver très réduite.Clot fournit plusieurs exemples <strong>pour</strong> montrer que la mobilisation au travail ne provientpas du but prescrit mais du sens donné à la situation, tel le cas du conducteur de train qui semotive en cherchant à faire mieux, à « battre » le système de conduite automatisé, ou celui dubrancardier qui ne se contente pas de véhiculer les malades jusqu’à la salle d’anesthésie maisveut les laisser détendus et dans cet objectif cherche à plaisanter avec eux. « Un même but[prescrit] peut [donc] avoir un sens différent selon les sujets et, <strong>pour</strong> un même sujet, selon lessituations et les moments. […] Du coup, l’objet de l’action se trouve subjectivisé par ce quiest vital <strong>pour</strong> le sujet avant toute appropriation spécifiquement cognitive » (ibid., pp.125-126).L’action peut conserver son objectif d’efficacité, mais celui-ci ne suffit pas <strong>pour</strong> lacomprendre ; la dimension de son développement apporte un éclairage complémentaire surson sens et amène Clot à s’inscrire dans la perspective d’une psychologie historico-culturelle(Bruner), articulée aux apports de Vygotski.5.2.1. La zone proximale de développement.Des apports du psychologue russe, Clot va reprendre la notion de zone proximale dedéveloppement qu’il va référer à l’activité du sujet.A partir des définitions de Leontiev précisant les différences entre opération, action etactivité, Clot montre que cette dernière possède un « relief » qui dépasse le simple but àatteindre. Celui-ci est davantage l’objet de l’action et se forme dans l’intention consciente durésultat visé, qui nécessite un enchaînement d’opérations utilisant divers procédéstechniques ; l’activité se réfère toujours à un mobile qui lui vient du sujet lui-même ou del’activité des autres. C’est généralement l’objet de l’action que l’on peut observer et qui vu del’extérieur se confond avec les deux autres ; conceptuellement la distinction est néanmoins1On perçoit là une proximité inattendue avec la conception proposée par Castoriadis du sujet comme « <strong>pour</strong> soien tant qu’il est autofinalité, qu’il crée son monde propre, et que ce monde est un monde de représentations,d’affects et d’intentions » (Castoriadis, 1990, p.247).Numér

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