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vient lui fournir une référence impersonnelle. C’est lorsque le genre est menacéqu’apparaissent des formes psychopathologiques au travail, « lorsque un collectifprofessionnel devient une collection d’individus exposés à l’isolement » ou quand « laproduction collective des attendus génériques du métier est mise en souffrance » (Clot, 2002,p.34).5.1.3. Le style.Le genre est vivant, avons-nous dit, et il s’alimente à partir du style ; s’il existe unedimension collective du métier qui sous-tend l’activité, chacun n’en élabore pas moins sonstyle propre. L’inspiration vient ici encore de Bakhtine qui dissocie genre littéraire et style del’auteur, pour insister sur la nécessaire maîtrise des genres dans la construction d’un style.Clot va discuter les conceptions contemporaines des styles (de l’analysecomportementale, ou des « styles cognitifs » chez Huteau) pour s’en démarquer (1999, p.201).Le style se définit selon lui par une prise de recul par rapport au genre, ce qui lui donne unegrande malléabilité dans chaque situation réelle de travail.Le style s’élabore d’autant mieux que le genre est maîtrisé et mis à distance. Lapossibilité de faire appel à plusieurs genres va encore aiguiser les potentialités du style,comme l’indiquait Bakhtine : « c’est précisément la diversité des langages et non l’unicitéd’un langage commun normatif qui apparaît comme la base du style » (cité par Clot, 1999,p.203). La participation d’un sujet à divers genres (« grands genres sociaux d’activité» ou« petits genres » indique Clot, p.60) lui permet de multiplier les regards sur l’objet de sonactivité et d’enrichir son style.Celui-ci peut alors se définir comme « le retravail des genres en situation » ou « lamétamorphose du genre en cours d’action » ou encore comme « la transformation des genresdans l’histoire réelle des activités au moment d’agir, en fonction des circonstances » (Clot,Faïta, 2000, p.15). Le style se perfectionne à partir des genres « non pas en les niant, mais parla voie de leur développement » (Clot, 1999, p.43), c’est-à-dire que l’élaboration du stylevient en retour alimenter les genres qui « restent vivants grâce aux recréations stylistiques »(Clot, Faïta, 2000, p.15).On pourrait multiplier les citations et les précisions tant les auteurs prennent soin dereformuler de diverses façons leur présentation de ces concepts. Là n’est cependant pas notrepréoccupation ; il nous faut néanmoins, avant d’y venir, aborder la notion d’activité dirigée.Numér

5.1.4. Une activité dirigée.Le genre ne peut se réaliser à chaque fois, à travers un style, que dans une activité detravail qui le mobilise, mais toujours de façon singulière. Discutant d’autres conceptions del’activité sur lesquelles on ne peut revenir ici, Clot soutient que si activité il y a, elle estnécessairement issue d’un sujet qui « cherche à y faire prévaloir le sens de son existencepersonnelle » (1999, p.95). Sujet traversé par de multiples significations, personnelles etsociales, il dirige son activité, mais jamais de manière totalement autonome, puisque contraintpar l’objet de la tâche et l’activité des autres. On peut ainsi considérer que l’activité est dirigéeen trois sens différents : « dans la situation vécue, elle n’est pas seulement dirigée par laconduite du sujet ou dirigée au travers de l’objet de la tâche, elle est aussi dirigée vers lesautres » (ibid., p.98, souligné par l’auteur). Elle est toujours adressée aux autres, après qu’ilsl’aient eux-mêmes précédemment adressée au sujet. Elle s’inscrit dans une chaîne d’activités« par la médiation du genre » (ibid.).C’est pourquoi Clot propose de faire de cette activité triplement dirigée l’unité de basede l’analyse du travail. Celle-ci ne peut s’entreprendre dans le cadre d’une psychologie qu’enconsidérant comme central le conflit qui se situe à la source des choix qu’opère le sujet pourréaliser son activité. Cette dernière ne va pas de soi, mais résulte d’un développement issu del’élimination des autres possibilités qui ont pu se présenter.Se référant à Vygotski, Clot peut alors affirmer que « le développement atteint parl’activité du sujet qui travaille est un système d’actions qui ont vaincu » (ibid., p.100). Il sedéroule en permanence des conflits, des choix à opérer dans les trois pôles mis en évidence :se détacher de ses préoccupations personnelles, jouer des contradictions de la tâche, maisaussi de celles des autres et de l’organisation du travail, pour rester sujet de la situation et encapacité de création. Le sujet doit éliminer certaines actions et en retenir d’autres, c’estpourquoi son action « trouve sa source dans des activités inhibées : celles des autres et lessiennes. Il vit dans l’univers des activités d’autrui auxquelles il participe et tout son travailconsiste à se diriger dans cet univers, à agir sur ses activités et sur celles d’autrui » (ibid.,p.102). On ne peut donc centrer son analyse sur la tâche uniquement, mais toujours sur lestrois pôles qui interfèrent, en sachant que le genre constitue une ressource pour le sujet,lorsqu’il le maîtrise.Numér

vient lui fournir une référence impersonnelle. C’est lorsque le genre est menacéqu’apparaissent des formes psychopathologiques au travail, « lorsque un collectifprofessionnel devient une collection d’individus exposés à l’isolement » ou quand « laproduction collective des attendus génériques du métier est mise en souffrance » (Clot, 2002,p.34).5.1.3. Le style.Le genre est vivant, avons-nous dit, et il s’alimente à partir du style ; s’il existe unedimension collective du métier qui sous-tend l’activité, chacun n’en élabore pas moins sonstyle propre. L’inspiration vient ici encore de Bakhtine qui dissocie genre littéraire et style del’auteur, <strong>pour</strong> insister sur la nécessaire maîtrise des genres dans la construction d’un style.Clot va discuter les conceptions contemporaines des styles (de l’analysecomportementale, ou des « styles cognitifs » chez Huteau) <strong>pour</strong> s’en démarquer (1999, p.201).Le style se définit selon lui par une prise de recul par rapport au genre, ce qui lui donne unegrande malléabilité dans chaque situation réelle de travail.Le style s’élabore d’autant mieux que le genre est maîtrisé et mis à distance. Lapossibilité de faire appel à plusieurs genres va encore aiguiser les potentialités du style,comme l’indiquait Bakhtine : « c’est précisément la diversité des langages et non l’unicitéd’un langage commun normatif qui apparaît comme la base du style » (cité par Clot, 1999,p.203). La participation d’un sujet à divers genres (« grands genres sociaux d’activité» ou« petits genres » indique Clot, p.60) lui permet de multiplier les regards sur l’objet de sonactivité et d’enrichir son style.Celui-ci peut alors se définir comme « le retravail des genres en situation » ou « lamétamorphose du genre en cours d’action » ou encore comme « la transformation des genresdans l’histoire réelle des activités au moment d’agir, en fonction des circonstances » (Clot,Faïta, 2000, p.15). Le style se perfectionne à partir des genres « non pas en les niant, mais parla voie de leur développement » (Clot, 1999, p.43), c’est-à-dire que l’élaboration du stylevient en retour alimenter les genres qui « restent vivants grâce aux recréations stylistiques »(Clot, Faïta, 2000, p.15).On <strong>pour</strong>rait multiplier les citations et les précisions tant les auteurs prennent soin dereformuler de diverses façons leur présentation de ces concepts. Là n’est cependant pas notrepréoccupation ; il nous faut néanmoins, avant d’y venir, aborder la notion d’activité dirigée.Numér

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