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SAUTER Entretien d orientation pour DE 2005.pdf - ArianeSud ...

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pas assez » (ibid.) à ceux qui y sont engagés et qui se trouvent dévalorisés, réifiés, privés deleurs compétences et de leur initiative. Si le travail est alors rejeté ou si l’on s’en fait exclure(les chômeurs, mais on peut rajouter aussi « les placardisés » (Lhuilier, 2002), ces exclus del’intérieur), c’est la capacité d’initiative dans l’ensemble de la vie sociale qui peut en êtreaffectée 1 . Ainsi, « c’est précisément en raison du fait que la vie a différencié ses insertions[…] et des progrès de la contingence biographique que le travail se trouve autant investi parles sujets. Ils lui demandent beaucoup plus qu’avant. En particulier d’être un milieu deréalisation de toutes les vies qui leur semblent dues. Mais aussi un milieu d’invention de cesvies » (ibid., p.70).Centralité du travail, cette « activité forcée » (Wallon, repris par Meyerson, et cité parClot, ibid., p.65) fait participer le sujet à une œuvre impersonnelle qui le dépasse et lui donneune place dans un réseau d’échanges, activité qui le contraint dans une socialité étrangère àlui-même <strong>pour</strong> lui permettre de mieux se retrouver. Les rythmes imposés au sujet dans cetterencontre « avec un objet régi par d’autres normes que les normes subjectives, […] le rendentà lui-même. Le travail est démarcation d’avec soi-même, inscription dans une autre histoire :une histoire collective cristallisée dans des genres sociaux en général suffisammentéquivoques et discordants <strong>pour</strong> que chacun doive "y mettre du sien" et sortir de soi » (ibid.,p.71). La fonction psychologique essentielle du travail est donc de permettre au sujet de sortirde ses préoccupations personnelles, de l’insérer dans des réalisations collectives quil’arrachent à ses attaches subjectives en le faisant participer à cette activité forcée 2 .La perspective n’est pas ici d’un optimisme exagéré, puisqu’il peut résulter du travaille meilleur comme le pire, le risque d’aliénation reste inhérent à cette dynamique 3 . Quoi qu’ilen soit, la fonction psychologique du travail permet au sujet de sortir de soi, et celle du genre1Comme l’avait déjà démontré, en 1930, un travail sociologique innovant (du point de vue de l’utilisation desstatistiques) sur les chômeurs de Marienthal, petite bourgade autrichienne à 30 km. de Vienne. Le passagesuivant tiré de cette enquête souligne les répercussions de la situation de chômage sur la vie quotidienne : « Nouscomprenons particulièrement bien la remarque "Autrefois, je faisais plus de choses <strong>pour</strong> moi" lorsque nous nousreportons à l’emploi du temps de l’ouvrier viennois. Le sentiment [<strong>pour</strong> le travailleur] de n’avoir du temps librequ’en quantité limitée pousse à réfléchir à son utilisation. Le sentiment [<strong>pour</strong> le chômeur] d’un temps totalementillimité rend tout horaire inutile. Ce qu’on <strong>pour</strong>rait faire avant le déjeuner, on <strong>pour</strong>ra tout aussi bien le faire après,ou le soir ; et la journée s’achève sans qu’on l’ait fait. » (Lazarsfeld, Jahoda, Zeisel, 1960, p.110).2On peut rappeler ici le but du guidage dans l’entretien d’explicitation qui est « d’aider le sujet à se rapprocherde lui-même, au sens d’être plus précisément en relation avec le vécu de son expérience passée » (Vermersch,1994, p.157). Le sujet serait ainsi susceptible de se retrouver dans une action de retour sur soi, mais aussi danscelle d’une extériorisation de soi dans le monde social, ces deux mouvements se présentant commecomplémentaires et non pas contradictoires.3Comme le souligne également Dejours (1998) : « Ainsi le travail apparaît-il comme foncièrement ambivalent. Ilpeut générer le malheur, l’aliénation et la maladie mentale, mais il peut aussi être médiateur del’accomplissement de soi, de la sublimation et de la santé » (p.140). Et plus loin : « Le travail peut aussi être lemédiateur irremplaçable de la réappropriation et de l’accomplissement de soi. Le fait est que le travail est unesource inépuisable de paradoxes. Incontestablement, il est à l’origine de processus redoutables d’aliénation, maisil peut aussi être un puissant moyen mis au service de l’émancipation ainsi que de l’apprentissage et del’expérimentation de la solidarité et de la démocratie » (p.201).Numér

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