J.M. Riedinger, A.S. Gauchezcorps monoclonal <strong>le</strong> B27.29, spécifiquede la protéine core de MUC 1.<strong>Les</strong> études de screening des différentsAc monoclonaux de MUC 1 : B27.29(CA 27.29), DF3 (CA 15.3), b12 (MCA),BC4E549 (CA 549) reconnaissent enfait des séquences virtuel<strong>le</strong>ment identiques.De nombreuses variationspeuvent perturber la reconnaissancein vivo et la quantification des <strong>marqueurs</strong>de MUC 1. La variabilité <strong>du</strong>nombre de séquences répétitives etla glycosylation post transcriptionnel<strong>le</strong>,propres à chaque patient, modifientl’accessibilité des différentsépitopes. La glycosylation des sitesjouxtant <strong>le</strong>s épitopes affecte la reconnaissancede l’Ac. Cette reconnaissancepeut être augmentée ou diminuée.Chez un patient atteint de <strong>cancer</strong>,<strong>le</strong>s enzymes de glycosylation peuventêtre altérées. De ce fait, on doits’attendre à une hétérogénéité desantigènes pro<strong>du</strong>its par <strong>le</strong>s mucines.De plus, cette variabilité phénotypiqueévolue chez un même patient aucours de sa maladie.La détection in vivo des pro<strong>du</strong>its deMUC1 est délicate en raison de la présenced’autoanticorps antimucines<strong>circulants</strong>. Ces derniers peuvent effectivementêtre secrétés chez <strong>le</strong>s patientsatteints de <strong>cancer</strong> en réponse àla présence de mucines biochimiquementmodifiées. Ces anticorpspeuvent former des immuns comp<strong>le</strong>xesanti-mucines. Ces comp<strong>le</strong>xes modifientla reconnaissance des mucines[2,12,13].CA 549ðLe CA 549 est une glycoprotéineacide comprenant deux sous-unitésde masse relative 400 et 512 kDa. Ilappartient à la famil<strong>le</strong> des mucinescirculantes comme <strong>le</strong> CA 15-3 et <strong>le</strong>MCA, constituant des antigènes <strong>circulants</strong>associés aux tumeurs mammaireshumaines. Il est défini grâce à deuxanticorps monoclonaux :- BC4 E 549 obtenu après immunisationde souris avec des membranespurifiées d’une lignée cellulaire de<strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>,- BC4 N 154 obtenu après immunisationde souris avec des membraneslipidiques de globu<strong>le</strong>s de lait humainLe dosage immunométrique <strong>du</strong> CA549 à l’aide de ces deux anticorps apermis de définir une va<strong>le</strong>ur seuil de12 kU.L -1 . A ce taux, la sensibilité <strong>du</strong>CA 549 <strong>dans</strong> la détection des <strong>cancer</strong>s<strong>du</strong> <strong>sein</strong> reste faib<strong>le</strong> et varie de 30 à50% selon <strong>le</strong>s stades.MCAð Le MCA (Mucin-like Carcinomaassociated Antigen) est une glycoprotéinede masse relative 350 kDa detype mucinoïde, utilisée comme antigènetumoral associé aux <strong>cancer</strong>s<strong>du</strong> <strong>sein</strong>.Son dosage s’effectue par un testimmunoradiométrique en deux étapes,avec un anticorps monoclonal :MCA-b-12, qui reconnaît un épitopeprotéique répétitif. Le MCA est pro<strong>du</strong>itpar des tissus normaux (épithéliumsdes canaux mammaires et destubu<strong>le</strong>s rénaux) et est retrouvé engrande partie <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s urines et <strong>le</strong> lait.La va<strong>le</strong>ur seuil est fixée à 13 kU.L -1 .TPAðL’antigène tissulaire polypeptidique(TPA) a été isolé à partir de différentstypes de <strong>cancer</strong>s humains. Il est constituéd’un ensemb<strong>le</strong> hétérogène demolécu<strong>le</strong>s de 25 à 45 kDa. Il s’apparenteaux protéines <strong>du</strong> cytosque<strong>le</strong>tte(cytokératines 8, 18, 19). Il est surtoutpro<strong>du</strong>it au cours des phases S et G2<strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire. Il est donc ainsiun ref<strong>le</strong>t de l’activité prolifératived’un pool cellulaire. Dans <strong>le</strong> domainede l’oncologie, <strong>le</strong> TPA est utilisécomme un marqueur ubiquitaire nonspécifique de tissu, dont l’intérêt réside<strong>dans</strong> sa corrélation au degré deprolifération tumora<strong>le</strong>. Actuel<strong>le</strong>ment,il est parfois utilisé en associationavec <strong>le</strong> CA 15-3 comme aide au diagnosticet à la surveillance des métastases<strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>.c-erbB-2 ou HER-2/neuðc-erbB-2 code pour une protéine de185kDa (p185) qui appartient à la famil<strong>le</strong>des récepteurs à l’EpidermalGrowth Factor (EGF). La protéine p185HER-2/neu comprend un domaine cytoplasmiqueà activité tyrosine kinase,un domaine transmem-branaire et undomaine extra-cellulaire (ECD) quiest présent à la surface des cellu<strong>le</strong>scancéreuses mammaires. De nombreusesétudes ont montré que l’ECDde Her-2/neu est une glycoprotéinede poids moléculaire compris entre97 et 115 kDa, appelé p105. C’est cedomaine ECD qui peut être quantifiépar technique ELISA grâce à des anticorpsmonoclonaux dirigés contredes épitopes externes de la protéineHer-2/neu.UTILISATION CLINIQUE DU CA 15-3ðL’utilisation clinique des <strong>marqueurs</strong><strong>tumoraux</strong> nécessite <strong>le</strong> respect de troisrèg<strong>le</strong>s rappelées <strong>dans</strong> <strong>le</strong> document del’ANAES de 1997 [3] :"l’utilisation clinique <strong>du</strong> CA 15-3 imposeque pour une patiente <strong>le</strong>s dosagessoient effectués <strong>dans</strong> un mêmelaboratoire et avec la même technique""une première va<strong>le</strong>ur supérieure auxva<strong>le</strong>urs usuel<strong>le</strong>s doit être vérifiée surun autre prélèvement""<strong>le</strong> résultat d’un dosage de <strong>marqueurs</strong>érique doit être interprété en fonction<strong>du</strong> contexte clinique et des résultatsd’autres examens"CA 15-3 et dépistageðL’analyse de la littérature montreque <strong>le</strong> CA 15-3 n’est é<strong>le</strong>vé au moment<strong>du</strong> diagnostic <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong> que<strong>dans</strong> moins de 30 % des cas et seu<strong>le</strong>ment<strong>dans</strong> 9 % des stades I et 19 %des stades II [5]. <strong>Les</strong> <strong>marqueurs</strong> <strong>tumoraux</strong>ne peuvent donc en aucun casêtre utilisés comme élément de dépistagedes <strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> <strong>sein</strong> [1,3,4,5,14].CA 15-3 et diagnosticðUne méta-analyse regroupant 23 étu-Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnel<strong>le</strong> et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1 25
<strong>Les</strong> <strong>marqueurs</strong> <strong>tumoraux</strong> <strong>circulants</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>des publiées entre 1988 et 1998 accordeau CA 15-3 une sensibilité compriseentre 13 et 65 % pour une spécificitévariant de 87 à 100 % [5].En dépit d’une excel<strong>le</strong>nte spécificité,<strong>le</strong> CA 15-3 ne peut donc pas être utilisécomme moyen de diagnostic des<strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> <strong>sein</strong> [1,3,4,5,14].Intérêt <strong>du</strong> taux initialVa<strong>le</strong>ur de référenceL’intérêt de mesurer <strong>le</strong> taux de CA15-3 avant tout traitement est de disposerd’une va<strong>le</strong>ur de référence indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>indispensab<strong>le</strong> pour évaluerl’efficacité d’un traitement oupour réaliser un suivi ultérieur. Ladétection d’une récidive biologiqueest en effet plus précoce si l’on seréfère à la va<strong>le</strong>ur basa<strong>le</strong> de chaquepatiente plutôt qu ‘à un seuil issud’une statistique de groupe [4,5].Va<strong>le</strong>ur pronostiqueUn taux initia<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé de CA 15-3 est plus fréquemment rencontré<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s formes évoluées que <strong>dans</strong><strong>le</strong>s formes localisées de la maladie[14]. La sensibilité moyenne <strong>du</strong> CA15-3 recalculée à partir des donnéesde 7 études différentes utilisant desva<strong>le</strong>urs seuils comprises entre 25 et38 kU.L -1 sont de 9,8 % pour <strong>le</strong>s stadesI, 21, 5 % pour <strong>le</strong>s stades II, 43,1%pour <strong>le</strong>s stades III et 76 % pour <strong>le</strong>sstades IV [5].Deux études font <strong>du</strong> taux initial deCA 15-3 un facteur pronostique indépendant[15,16]. Dans l’étude rétrospectiverouennaise toutes <strong>le</strong>s patientesavec un taux initial de CA 15-3 supérieurà 55 kU.L -1 sont décédées à10 ans [15]. Dans l’étude prospectivede Shering, <strong>le</strong>s patientes dont <strong>le</strong> tauxinitial de CA 15-3 est supérieur à 30,4kU.L -1 ont une survie sans récidive etune survie globa<strong>le</strong> à 5 ans respectivementde 44 % et 67 % contre 65 % et83% pour <strong>le</strong>s patientes dont <strong>le</strong> CA 15-3 initial est inférieur à 30,4 kU.L -1 [16].Une va<strong>le</strong>ur initia<strong>le</strong> é<strong>le</strong>vée doit doncfaire rechercher activement, et avanttoute décision thérapeutique, uneéventuel<strong>le</strong> dissémination métastatiquedont l’existence est de nature àmodifier radica<strong>le</strong>ment la stratégie thérapeutique[5].Recommandations nationa<strong>le</strong>s etinternationa<strong>le</strong>sEl<strong>le</strong>s ne sont pas unanimes pour reconnaître-<strong>le</strong>CA 15-3 comme indicateurde risque métastatique. <strong>Les</strong> recommandationsde l’ANAES sont dene pas doser <strong>le</strong> CA 15-3 au stade initialde la maladie en dehors d’un protoco<strong>le</strong>de recherche [3]. <strong>Les</strong> recommandationsde l’ASCO sont que <strong>le</strong>sdonnées actuel<strong>le</strong>s sont insuffisantespour recommander l’usage <strong>du</strong> CA 15-3 <strong>dans</strong> <strong>le</strong> staging [1]. <strong>Les</strong> recommandations<strong>du</strong> groupe de travail <strong>du</strong> SORsont d’inclure <strong>le</strong>s <strong>marqueurs</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>bilan initial et de <strong>le</strong>s utiliser commedosage de référence en présence defacteurs pronostiques péjoratifs [14].Dans <strong>le</strong>ur nouvel<strong>le</strong> version, <strong>le</strong>s SORprécisent qu’au moment <strong>du</strong> bilan initial,"une élévation <strong>du</strong> marqueur peutorienter vers une thérapeutique généra<strong>le</strong>plutôt que vers un simp<strong>le</strong> traitementlocal" [4].CA 15-3 indicateur d’efficacité <strong>du</strong>traitement d’une maladie localiséeðDans <strong>le</strong> cas d’un <strong>cancer</strong> localisé où<strong>le</strong> CA 15-3 est initia<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé, sanon-normalisation constitue un indexd’inefficacité thérapeutique et unfacteur de mauvais pronostic [5].Boccara identifie en effet la normalisationd’un CA 15-3 initia<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé(au seuil de 30 kU.L -1 ) comme un indicateurd’efficacité thérapeutiqueet un facteur pronostique indépendant[15]. Pichon confirme que lanon-normalisation <strong>du</strong> CA 15-3 est unfacteur de mauvais pronostic [17].CA 15-3 indicateur de récidivelocorégiona<strong>le</strong> ou de métastaseRécidives locorégiona<strong>le</strong>sS’agissant <strong>du</strong> diagnostic de récidiveloco-régiona<strong>le</strong>, la plupart des étudess’accordent sur <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> pourcentagede patientes présentant untaux de CA 15-3 é<strong>le</strong>vé à ce stade de lamaladie est faib<strong>le</strong>. Une analyse portantsur un total de 242 patientes ayantprésenté une récidive locorégiona<strong>le</strong>accorde au CA 15-3 une sensibilitéproche de 20 % [5]. Cette sensibilitémédiocre <strong>du</strong> CA 15-3 pour la détectiondes récidives loca<strong>le</strong>s n’est pasalarmante <strong>dans</strong> la mesure où ces sitesde première rechute demeurentaccessib<strong>le</strong>s à la détection clinique.Le taux de CA 15-3, associé à une récidivelocorégiona<strong>le</strong> est significativementplus é<strong>le</strong>vé quand la récidiveloca<strong>le</strong> est suivie d’une métastase quelorsqu’el<strong>le</strong> reste isolée [15]. PourCoveney, il existe une relation entre<strong>le</strong> taux de CA 15-3 lors de la récidivelocorégiona<strong>le</strong> et <strong>le</strong> délai d’apparitiondes métastases [18]. Au stade de larécidive loca<strong>le</strong>, un taux é<strong>le</strong>vé de CA15-3 doit donc inciter à rechercherdes métastases à distance synchronesdont l’existence est de nature à modifierla prise en charge de la patiente.Ainsi <strong>dans</strong> la série d’O’Dwyer la va<strong>le</strong>urprédictive d’un taux de CA 15-3supérieur à 40 kU.L -1 à ce stade de lamaladie est-el<strong>le</strong> de 97 % [19]. Dans lasérie rouennaise de Basuyau, la va<strong>le</strong>urprédictive positive de métastase ultérieureest de 88,2 % lorsque <strong>le</strong> CA15-3 est supérieur à 30 kU.L -1 [20].Métastases à distanceDe nombreuses études ont montréqu’environ 75 % des premières évolutionsmétastatiques étaient associéesà une élévation significative deCA 15-3. Une méta-analyse réalisée àpartir de 18 études et portant sur untotal de 4697 patientes dont 1940 sontporteuses de métastases [5] accordeà une élévation confirmée de CA 15-3 des va<strong>le</strong>urs prédictives positive etnégative respectivement de 92,5 % et85,6 %.Il est important de noter que la plupartde ces études utilisent toujoursla notion de seuil et non pas cel<strong>le</strong> decinétique pourtant plus intéressante<strong>dans</strong> la mesure où cel<strong>le</strong>-ci améliorede façon notab<strong>le</strong> la sensibilité et laspécificité. En effet, <strong>le</strong> pourcentagemoyen de faux négatifs proche de30% peut chuter à moins de 10 % sil’on substitue à la notion de taux cel<strong>le</strong>de cinétique. De même <strong>le</strong> pourcentagede faux positifs compris selon<strong>le</strong>s auteurs entre 0 et 14 % est probab<strong>le</strong>mentà pondérer si on élimine defaçon systématique <strong>le</strong>s diagnosticsdifférentiels classiques par des explorationsrépétées et élargies.La sensibilité <strong>du</strong> CA 15-3 varie selonla nature <strong>du</strong> site d’évolution métasta-26Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnel<strong>le</strong> et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1