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Les marqueurs tumoraux circulants dans le cancer du sein ...

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J.M. Riedinger, A.S. GauchezLES DIFFÉRENTS MARQUEURSSÉRIQUESDU CANCER DU SEINLe CA 15-3ðLe CA 15-3 est <strong>le</strong> marqueur sérique<strong>le</strong> plus spécifique utilisé <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>cancer</strong><strong>du</strong> <strong>sein</strong>.StructuructureC’est une glycoprotéine circulante dehaut poids moléculaire (300 à 400kDa) appartenant à la famil<strong>le</strong> desmucines et définie par son immunoréactivitéavec deux anticorps monoclonaux:- Le 115 D8 dirigé contre la membrane<strong>du</strong> globu<strong>le</strong> graisseux <strong>du</strong> lait humain[6]. Cet anticorps, obtenu à partir desouris immunisées avec des membranesde globu<strong>le</strong>s lipidiques de laithumain, reconnaît l’antigène de différenciationsitué à la surface des cellu<strong>le</strong>sépithélia<strong>le</strong>s de la glande mammaire.Il se lie à une glycoprotéineappelée MAM-6 présente sur la plupartdes cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s norma<strong>le</strong>set cancéreuses de plusieurs organes(<strong>sein</strong>, utérus, ovaire, prostate, vessie,estomac, colon et poumon).- Le DF3 dirigé contre la membranede cellu<strong>le</strong>s humaines de <strong>cancer</strong> <strong>du</strong><strong>sein</strong> [7]. L’anticorps DF3, obtenu àpartir de souris immunisées avec unelignée cellulaire (MCF-7) d’un carcinome<strong>du</strong> <strong>sein</strong> métastatique humain,reconnaît un autre épitope <strong>du</strong> comp<strong>le</strong>xeMAM-6. Cet épitope est présentau pô<strong>le</strong> apical des cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>smammaires <strong>le</strong>s plus différenciéeset <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cytoplasme des cellu<strong>le</strong>smoins différenciées. L’antigène DF3est mis en évidence éga<strong>le</strong>ment <strong>dans</strong><strong>le</strong> cytoplasme des tumeurs malignesde l’ovaire et au pô<strong>le</strong> apical des tumeursbénignes de l’ovaire.Rô<strong>le</strong>Le CA 15-3 est l’expression sériquede la Polymorphic Epithelial Mucin(PEM) codée par <strong>le</strong> gène MUC-1 dontdeux variants résultant d’épissage alternatifviennent d’être décrits <strong>dans</strong>des lignées cellulaires de <strong>cancer</strong> [8].Ces trois gènes partagent la facultéd’activer <strong>le</strong> système d’oncogènes rasaugmentant <strong>le</strong> pouvoir tumorigène decertains <strong>cancer</strong>s murins. L’expression<strong>du</strong> gène MUC-1 bien que plus é<strong>le</strong>vée<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s carcinomes n’est pas restreinteaux tumeurs d’origine épithélia<strong>le</strong>.Le travail de Regimbald a permis demettre en évidence l’interaction entrela mucine MUC-1 et la molécu<strong>le</strong>d’adhérence intercellulaire ICAM-1[9]. La résultante de cette interactionpeut être une facilitation de l’attachementdes cellu<strong>le</strong>s tumora<strong>le</strong>s à l’endothéliumvasculaire péritumoral, inhibantainsi l’action défensive des cellu<strong>le</strong>simpliquées <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s phénomènesinflammatoires.Un rô<strong>le</strong> immunosuppresseur de lamucine MUC-1 des <strong>cancer</strong>s a éga<strong>le</strong>mentété démontré sur plusieursmodè<strong>le</strong>s animaux et sur <strong>le</strong>s lymphocytesT en culture [10]. Cette observationest à rapprocher de la va<strong>le</strong>urpronostique péjorative d’un tauxé<strong>le</strong>vé de CA 15-3.Technique de dosageLe dosage <strong>du</strong> CA 15-3 sérique s’effectuepar des techniques immunométriques.L’effet crochet est exceptionnelavec <strong>le</strong> CA 15.3 pour deux raisons :1) la technique origina<strong>le</strong> est une techniqueen deux temps, avec prédilution,2) <strong>le</strong>s taux rencontrés sont rarementassez é<strong>le</strong>vés pour être susceptib<strong>le</strong>sd’en donner. Pendant près dedix ans, <strong>le</strong>s techniques commercialiséesen France ont utilisé <strong>le</strong>s anticorpsCentocor, avec une forte représentationde la trousse commercialiséepar Cis Bio. En dépit de certainesvariations, <strong>le</strong>s résultats présentaientune bonne homogénéité interlaboratoires.La commercialisation de nouveauxsystèmes, utilisant parfois d’autresanticorps, entraîne, pour certains patients,une variation importante desrésultats qui rend indispensab<strong>le</strong> <strong>le</strong>suivi de chaque patient par une mêmetechnique. La plupart des méthodesactuel<strong>le</strong>s de dosage <strong>du</strong> CA 15-3 utilisent<strong>le</strong>s deux anticorps monoclonaux115 D8 et DF3 décrits précédemment(Ac 115 D8 fixé sur <strong>le</strong> support et l’AcDF3 marqué). Ces deux anticorpsétant protégés par un brevet, des anticorpsmonoclonaux reconnaissantd’autres épitopes ont été développéspar d’autres firmes. Ils sont utilisés<strong>dans</strong> différents tests commercialiséssous <strong>le</strong>s noms de BR, BR-MA et BCA.Le test BR, de type compétitif enchimiluminescence, utilise l’anticorpsB27-29 qui reconnaît une partieprotéique voisine de cel<strong>le</strong> reconnuepar DF3. <strong>Les</strong> tests BR-MA et BCAsont des dosages immunométriquesutilisant deux anticorps différents.Etalonnage et va<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>urs s de référenceIl n’existe pas actuel<strong>le</strong>ment de référenceinternationa<strong>le</strong>. Une gammestandard exprimée en unités est préparéeà partir d’une lignée de tumeurmammaire (IR75-1). <strong>Les</strong> résultats sontexprimés en unités arbitrairesU.mL -1 ou kU.L -1 . L’expression en unitésinternationa<strong>le</strong>s est impossib<strong>le</strong> enl’absence de standard international. Lava<strong>le</strong>ur seuil <strong>le</strong> plus souvent admiseest de 30 kU/L -1 . Certains auteurs ontproposé selon <strong>le</strong>s études et <strong>le</strong>s techniquesde dosage des seuils comprisentre 25 et 35 kU/L -1 . Le pourcentagede va<strong>le</strong>urs supérieures au seuil <strong>dans</strong>une population de patientes sainesest compris entre 2 et 7 %.Temps de demi-vieLa demi-vie plasmatique <strong>du</strong> CA 15-3n’a pas pu être déterminée de façonprécise à ce jour.SpécificitéLe CA 15-3 existe à l’état circulantchez <strong>le</strong>s indivi<strong>du</strong>s normaux. Il n’estdonc pas spécifique de <strong>cancer</strong> et peutêtre é<strong>le</strong>vé <strong>dans</strong> diverses situationsphysiologiques ou pathologiques.Varariations physiologysiologiques iques : <strong>Les</strong> causesde variations physiologiques destaux de CA 15-3 sont rares. L’âge, <strong>le</strong>sexe, <strong>le</strong> tabagisme, la lactation, la période<strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> sont sans incidencesur <strong>le</strong>s taux de sériques de CA 15-3[3]. En revanche, la grossesse s’accompagneparfois d’élévations de CA15-3 pouvant atteindre 80 kU/L -1 . Cetteaugmentation serait <strong>du</strong>e à des modificationsde la glande mammaire entraînantune augmentation de la sécrétiondes mucines.Varariations pathologiques : Le CA 15-3 peut être augmenté <strong>dans</strong> diversessituations cancéreuses parmi <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<strong>le</strong>s <strong>cancer</strong>s ovariens, pulmonaires,gastriques, colorectaux, pancréati-Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnel<strong>le</strong> et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1 23


<strong>Les</strong> <strong>marqueurs</strong> <strong>tumoraux</strong> <strong>circulants</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>ques, hépatiques et utérin. D’autrepart des pathologies bénignes peuventêtre à l’origine d’une élévationmodérée <strong>du</strong> CA 15-3 (maladies bénignes<strong>du</strong> <strong>sein</strong>, maladies hépatiquestel<strong>le</strong>s qu’une cirrhose ou une hépatiteet au cours de sarcoïdose, tuberculose,maladies auto-immunes, gastro-entérite,ulcères <strong>du</strong>odénaux et polyposes<strong>du</strong> côlon). Dans <strong>le</strong>s pathologiesbénignes, <strong>le</strong> taux de CA 15-3 estrarement supérieur à 50 kU.L -1 [11].ACEðL’antigène carcino-embryonnaire(ACE) a été décrit pour la premièrefois en 1965 par Gold et Freedman. Ila été obtenu par immunisation d’unlapin contre une lignée cellulaired’un carcinome colique humain.StructuructureCet antigène est une glycoprotéine demasse relative d’environ 200 kDa,composée en moyenne de 45 % deprotéines et de 55% d’hydrates de carbone.El<strong>le</strong> appartient à la super-famil<strong>le</strong>des immunoglobulines. L’ACE estcomposé de macromolécu<strong>le</strong>s étroitementvoisines ayant un haut degréd’immunoréactivité croisée. <strong>Les</strong> anticorpsmonoclonaux ont permis demieux indivi<strong>du</strong>aliser l’ACE au <strong>sein</strong> desa famil<strong>le</strong> hétérogène des glycoprotéinesmembranaires. On décrit jusqu’àsix antigènes proches de l’ACE :- <strong>le</strong> groupe des NCA (Non specificCross reaction Antigen) : NCA 55, NCA95, NCA 160,- l’ACE-M, variante membranaire del’ACE, de bas poids moléculaire,- la BGPI (Biliary Glycoprotein I), constituantnormal de la bi<strong>le</strong>,- la NFA1 (Normal Fœtal Antigen I).Ces protéines, très proches structurel<strong>le</strong>mentde l’ACE, présentent la mêmedistribution fœta<strong>le</strong>, tissulaire, physiologiqueou oncologique quel’ACE.SynthèseL’ACE est une protéine oncofœta<strong>le</strong>synthétisée essentiel<strong>le</strong>ment chez <strong>le</strong>fœtus (intestin, foie et pancréas) pendant<strong>le</strong>s deux premiers mois de lagestation. En dehors de ces trois localisationsfœta<strong>le</strong>s, l’ACE était autrefoisuniquement mis en évidence<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s <strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> colon à l’aided’anticorps polyclonaux de souris.L’utilisation d’anticorps monoclonauxrévè<strong>le</strong> maintenant sa présence<strong>dans</strong> d’autres tissus. C’est un antigèneprésent à la surface <strong>du</strong> pô<strong>le</strong> apical descellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s embryonnaires<strong>du</strong> tube digestif. Chez l’a<strong>du</strong>lte, on <strong>le</strong>retrouve à la surface des cellu<strong>le</strong>s del’intestin grê<strong>le</strong>, <strong>du</strong> colon, <strong>du</strong> rectum,<strong>du</strong> pancréas, <strong>du</strong> poumon et <strong>du</strong> <strong>sein</strong>.La quantité d’antigène mise en évidence<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s tissus normaux restecependant beaucoup plus faib<strong>le</strong> que<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s tissus néoplasiques.Rô<strong>le</strong>L’ACE est une molécu<strong>le</strong> dotée de propriétésadhésives, capab<strong>le</strong> d’adhésionhomotypique (ACE-ACE) ou hétérotypique(ACE-BGP) ou (ACE-NCA) avecd’autres membres de la famil<strong>le</strong> desantigènes carcino-embryonnaires, <strong>le</strong>collagène de type I et certaines souchesd’E. Coli.Physiologiquement, l’ACE est impliqué<strong>dans</strong> la différenciation cellulaireau cours de l’embryogenèse et <strong>dans</strong>la reconnaissance et la régulation dela flore bactérienne <strong>du</strong> colon normal.La participation active de l’ACE <strong>dans</strong>la cancérogenèse et la disséminationmétastatique est actuel<strong>le</strong>ment clairementétablie pour <strong>le</strong>s <strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> colon.En effet, <strong>le</strong> dérèg<strong>le</strong>ment de l’expressionde plusieurs membres de lafamil<strong>le</strong> des antigènes carcinoembryonnairesest un évènement précoce<strong>dans</strong> la cancérogenèse colique.Mais l’ACE peut éga<strong>le</strong>ment interféreravec l’immunité cellulaire anti-tumora<strong>le</strong>en protégeant <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s tumora<strong>le</strong>squi l’expriment de la lyse parLymphokine-Activated Kil<strong>le</strong>r. Enfin,l’hyperexpression de l’ACE et <strong>du</strong>NCA est en partie responsab<strong>le</strong> de larésistance aux chimiothérapies, latransfection par de l’ADNc d’ACE diminuantla sensibilité des cellu<strong>le</strong>s àl’adriamycine.Temps de demi-vieLa clairance de l’ACE est essentiel<strong>le</strong>menthépatique. Son temps de demivieplasmatique est de l’ordre de quelquesjours.Techniques de dosage et va<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>urs s deréférenceLa multiplicité des anticorps monoclonauxcon<strong>du</strong>it à une importantedispersion inter-technique des résultats.La variabilité interlaboratoire décriteà 17 % en 1997 peut atteindresur certains sérums jusqu’à 49 %.<strong>Les</strong> va<strong>le</strong>urs seuils <strong>le</strong>s plus souventadmises sont comprises entre 2,5 et5 µg.L -1 . Environ 85 % des patientssains ont un taux d’ACE inférieur à2,5 µg.L -1 et 98 % ont un taux sériqued’ACE inférieur à 5 µg.L -1 .Principa<strong>le</strong>s causes d’élévation del’ACEL’ACE est très ubiquitaire et une élévationde ses taux peut être observée<strong>dans</strong> diverses situations.Varariations physiologysiologiques iques : L’âge, lagrossesse et <strong>le</strong> sexe ont une influencesur <strong>le</strong>s taux sériques d’ACE. En effet,l’ACE est en moyenne plus é<strong>le</strong>vé chez<strong>le</strong>s hommes, <strong>le</strong>s sujets âgés et <strong>dans</strong><strong>le</strong>s deux premiers trimestres de lagrossesse. Le tabagisme augmentenotab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s taux d’ACE qui sontcorrélés à l’intensité <strong>du</strong> tabagisme :chez <strong>le</strong> fumeur, la va<strong>le</strong>ur seuil courammentadmise est de 10 µg.L -1 .Varariations pathologiques : Des concentrationssériques d’ACE modérémenté<strong>le</strong>vées sont observées chez<strong>le</strong>s sujets alcooliques et chez <strong>le</strong>s patientsporteurs de lésions bénignesinflammatoires hépatiques, digestivesou pulmonaires. En cas d’insuffisanceréna<strong>le</strong> chronique et d’hémodialysedes élévations <strong>du</strong> taux d’ACE atteignantjusqu’à cinq fois la norma<strong>le</strong>peuvent être observées. De nombreux<strong>cancer</strong>s peuvent être à l’origined’une élévation des taux d’ACE (tractusdigestif, ovaire, poumon, utérus,thyroïde, lymphome, mélanome, tumeursneuro-endocrines).CA 27.29ð<strong>Les</strong> mucines sont des macrocomp<strong>le</strong>xesglycoprotéiques exprimés parde nombreux tissus épithéliaux. <strong>Les</strong>mucines sont regroupées en 7 famil<strong>le</strong>sdistinctes de MUC 1 à MUC 7selon <strong>le</strong>urs caractéristiques génétiqueset moléculaires.Un antigène associé aux mucines, <strong>le</strong>CA 27.29 est détecté grâce à un anti-24Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnel<strong>le</strong> et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1


J.M. Riedinger, A.S. Gauchezcorps monoclonal <strong>le</strong> B27.29, spécifiquede la protéine core de MUC 1.<strong>Les</strong> études de screening des différentsAc monoclonaux de MUC 1 : B27.29(CA 27.29), DF3 (CA 15.3), b12 (MCA),BC4E549 (CA 549) reconnaissent enfait des séquences virtuel<strong>le</strong>ment identiques.De nombreuses variationspeuvent perturber la reconnaissancein vivo et la quantification des <strong>marqueurs</strong>de MUC 1. La variabilité <strong>du</strong>nombre de séquences répétitives etla glycosylation post transcriptionnel<strong>le</strong>,propres à chaque patient, modifientl’accessibilité des différentsépitopes. La glycosylation des sitesjouxtant <strong>le</strong>s épitopes affecte la reconnaissancede l’Ac. Cette reconnaissancepeut être augmentée ou diminuée.Chez un patient atteint de <strong>cancer</strong>,<strong>le</strong>s enzymes de glycosylation peuventêtre altérées. De ce fait, on doits’attendre à une hétérogénéité desantigènes pro<strong>du</strong>its par <strong>le</strong>s mucines.De plus, cette variabilité phénotypiqueévolue chez un même patient aucours de sa maladie.La détection in vivo des pro<strong>du</strong>its deMUC1 est délicate en raison de la présenced’autoanticorps antimucines<strong>circulants</strong>. Ces derniers peuvent effectivementêtre secrétés chez <strong>le</strong>s patientsatteints de <strong>cancer</strong> en réponse àla présence de mucines biochimiquementmodifiées. Ces anticorpspeuvent former des immuns comp<strong>le</strong>xesanti-mucines. Ces comp<strong>le</strong>xes modifientla reconnaissance des mucines[2,12,13].CA 549ðLe CA 549 est une glycoprotéineacide comprenant deux sous-unitésde masse relative 400 et 512 kDa. Ilappartient à la famil<strong>le</strong> des mucinescirculantes comme <strong>le</strong> CA 15-3 et <strong>le</strong>MCA, constituant des antigènes <strong>circulants</strong>associés aux tumeurs mammaireshumaines. Il est défini grâce à deuxanticorps monoclonaux :- BC4 E 549 obtenu après immunisationde souris avec des membranespurifiées d’une lignée cellulaire de<strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>,- BC4 N 154 obtenu après immunisationde souris avec des membraneslipidiques de globu<strong>le</strong>s de lait humainLe dosage immunométrique <strong>du</strong> CA549 à l’aide de ces deux anticorps apermis de définir une va<strong>le</strong>ur seuil de12 kU.L -1 . A ce taux, la sensibilité <strong>du</strong>CA 549 <strong>dans</strong> la détection des <strong>cancer</strong>s<strong>du</strong> <strong>sein</strong> reste faib<strong>le</strong> et varie de 30 à50% selon <strong>le</strong>s stades.MCAð Le MCA (Mucin-like Carcinomaassociated Antigen) est une glycoprotéinede masse relative 350 kDa detype mucinoïde, utilisée comme antigènetumoral associé aux <strong>cancer</strong>s<strong>du</strong> <strong>sein</strong>.Son dosage s’effectue par un testimmunoradiométrique en deux étapes,avec un anticorps monoclonal :MCA-b-12, qui reconnaît un épitopeprotéique répétitif. Le MCA est pro<strong>du</strong>itpar des tissus normaux (épithéliumsdes canaux mammaires et destubu<strong>le</strong>s rénaux) et est retrouvé engrande partie <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s urines et <strong>le</strong> lait.La va<strong>le</strong>ur seuil est fixée à 13 kU.L -1 .TPAðL’antigène tissulaire polypeptidique(TPA) a été isolé à partir de différentstypes de <strong>cancer</strong>s humains. Il est constituéd’un ensemb<strong>le</strong> hétérogène demolécu<strong>le</strong>s de 25 à 45 kDa. Il s’apparenteaux protéines <strong>du</strong> cytosque<strong>le</strong>tte(cytokératines 8, 18, 19). Il est surtoutpro<strong>du</strong>it au cours des phases S et G2<strong>du</strong> cyc<strong>le</strong> cellulaire. Il est donc ainsiun ref<strong>le</strong>t de l’activité prolifératived’un pool cellulaire. Dans <strong>le</strong> domainede l’oncologie, <strong>le</strong> TPA est utilisécomme un marqueur ubiquitaire nonspécifique de tissu, dont l’intérêt réside<strong>dans</strong> sa corrélation au degré deprolifération tumora<strong>le</strong>. Actuel<strong>le</strong>ment,il est parfois utilisé en associationavec <strong>le</strong> CA 15-3 comme aide au diagnosticet à la surveillance des métastases<strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>.c-erbB-2 ou HER-2/neuðc-erbB-2 code pour une protéine de185kDa (p185) qui appartient à la famil<strong>le</strong>des récepteurs à l’EpidermalGrowth Factor (EGF). La protéine p185HER-2/neu comprend un domaine cytoplasmiqueà activité tyrosine kinase,un domaine transmem-branaire et undomaine extra-cellulaire (ECD) quiest présent à la surface des cellu<strong>le</strong>scancéreuses mammaires. De nombreusesétudes ont montré que l’ECDde Her-2/neu est une glycoprotéinede poids moléculaire compris entre97 et 115 kDa, appelé p105. C’est cedomaine ECD qui peut être quantifiépar technique ELISA grâce à des anticorpsmonoclonaux dirigés contredes épitopes externes de la protéineHer-2/neu.UTILISATION CLINIQUE DU CA 15-3ðL’utilisation clinique des <strong>marqueurs</strong><strong>tumoraux</strong> nécessite <strong>le</strong> respect de troisrèg<strong>le</strong>s rappelées <strong>dans</strong> <strong>le</strong> document del’ANAES de 1997 [3] :"l’utilisation clinique <strong>du</strong> CA 15-3 imposeque pour une patiente <strong>le</strong>s dosagessoient effectués <strong>dans</strong> un mêmelaboratoire et avec la même technique""une première va<strong>le</strong>ur supérieure auxva<strong>le</strong>urs usuel<strong>le</strong>s doit être vérifiée surun autre prélèvement""<strong>le</strong> résultat d’un dosage de <strong>marqueurs</strong>érique doit être interprété en fonction<strong>du</strong> contexte clinique et des résultatsd’autres examens"CA 15-3 et dépistageðL’analyse de la littérature montreque <strong>le</strong> CA 15-3 n’est é<strong>le</strong>vé au moment<strong>du</strong> diagnostic <strong>du</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong> que<strong>dans</strong> moins de 30 % des cas et seu<strong>le</strong>ment<strong>dans</strong> 9 % des stades I et 19 %des stades II [5]. <strong>Les</strong> <strong>marqueurs</strong> <strong>tumoraux</strong>ne peuvent donc en aucun casêtre utilisés comme élément de dépistagedes <strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> <strong>sein</strong> [1,3,4,5,14].CA 15-3 et diagnosticðUne méta-analyse regroupant 23 étu-Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnel<strong>le</strong> et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1 25


<strong>Les</strong> <strong>marqueurs</strong> <strong>tumoraux</strong> <strong>circulants</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>des publiées entre 1988 et 1998 accordeau CA 15-3 une sensibilité compriseentre 13 et 65 % pour une spécificitévariant de 87 à 100 % [5].En dépit d’une excel<strong>le</strong>nte spécificité,<strong>le</strong> CA 15-3 ne peut donc pas être utilisécomme moyen de diagnostic des<strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> <strong>sein</strong> [1,3,4,5,14].Intérêt <strong>du</strong> taux initialVa<strong>le</strong>ur de référenceL’intérêt de mesurer <strong>le</strong> taux de CA15-3 avant tout traitement est de disposerd’une va<strong>le</strong>ur de référence indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>indispensab<strong>le</strong> pour évaluerl’efficacité d’un traitement oupour réaliser un suivi ultérieur. Ladétection d’une récidive biologiqueest en effet plus précoce si l’on seréfère à la va<strong>le</strong>ur basa<strong>le</strong> de chaquepatiente plutôt qu ‘à un seuil issud’une statistique de groupe [4,5].Va<strong>le</strong>ur pronostiqueUn taux initia<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé de CA 15-3 est plus fréquemment rencontré<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s formes évoluées que <strong>dans</strong><strong>le</strong>s formes localisées de la maladie[14]. La sensibilité moyenne <strong>du</strong> CA15-3 recalculée à partir des donnéesde 7 études différentes utilisant desva<strong>le</strong>urs seuils comprises entre 25 et38 kU.L -1 sont de 9,8 % pour <strong>le</strong>s stadesI, 21, 5 % pour <strong>le</strong>s stades II, 43,1%pour <strong>le</strong>s stades III et 76 % pour <strong>le</strong>sstades IV [5].Deux études font <strong>du</strong> taux initial deCA 15-3 un facteur pronostique indépendant[15,16]. Dans l’étude rétrospectiverouennaise toutes <strong>le</strong>s patientesavec un taux initial de CA 15-3 supérieurà 55 kU.L -1 sont décédées à10 ans [15]. Dans l’étude prospectivede Shering, <strong>le</strong>s patientes dont <strong>le</strong> tauxinitial de CA 15-3 est supérieur à 30,4kU.L -1 ont une survie sans récidive etune survie globa<strong>le</strong> à 5 ans respectivementde 44 % et 67 % contre 65 % et83% pour <strong>le</strong>s patientes dont <strong>le</strong> CA 15-3 initial est inférieur à 30,4 kU.L -1 [16].Une va<strong>le</strong>ur initia<strong>le</strong> é<strong>le</strong>vée doit doncfaire rechercher activement, et avanttoute décision thérapeutique, uneéventuel<strong>le</strong> dissémination métastatiquedont l’existence est de nature àmodifier radica<strong>le</strong>ment la stratégie thérapeutique[5].Recommandations nationa<strong>le</strong>s etinternationa<strong>le</strong>sEl<strong>le</strong>s ne sont pas unanimes pour reconnaître-<strong>le</strong>CA 15-3 comme indicateurde risque métastatique. <strong>Les</strong> recommandationsde l’ANAES sont dene pas doser <strong>le</strong> CA 15-3 au stade initialde la maladie en dehors d’un protoco<strong>le</strong>de recherche [3]. <strong>Les</strong> recommandationsde l’ASCO sont que <strong>le</strong>sdonnées actuel<strong>le</strong>s sont insuffisantespour recommander l’usage <strong>du</strong> CA 15-3 <strong>dans</strong> <strong>le</strong> staging [1]. <strong>Les</strong> recommandations<strong>du</strong> groupe de travail <strong>du</strong> SORsont d’inclure <strong>le</strong>s <strong>marqueurs</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>bilan initial et de <strong>le</strong>s utiliser commedosage de référence en présence defacteurs pronostiques péjoratifs [14].Dans <strong>le</strong>ur nouvel<strong>le</strong> version, <strong>le</strong>s SORprécisent qu’au moment <strong>du</strong> bilan initial,"une élévation <strong>du</strong> marqueur peutorienter vers une thérapeutique généra<strong>le</strong>plutôt que vers un simp<strong>le</strong> traitementlocal" [4].CA 15-3 indicateur d’efficacité <strong>du</strong>traitement d’une maladie localiséeðDans <strong>le</strong> cas d’un <strong>cancer</strong> localisé où<strong>le</strong> CA 15-3 est initia<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé, sanon-normalisation constitue un indexd’inefficacité thérapeutique et unfacteur de mauvais pronostic [5].Boccara identifie en effet la normalisationd’un CA 15-3 initia<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé(au seuil de 30 kU.L -1 ) comme un indicateurd’efficacité thérapeutiqueet un facteur pronostique indépendant[15]. Pichon confirme que lanon-normalisation <strong>du</strong> CA 15-3 est unfacteur de mauvais pronostic [17].CA 15-3 indicateur de récidivelocorégiona<strong>le</strong> ou de métastaseRécidives locorégiona<strong>le</strong>sS’agissant <strong>du</strong> diagnostic de récidiveloco-régiona<strong>le</strong>, la plupart des étudess’accordent sur <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> pourcentagede patientes présentant untaux de CA 15-3 é<strong>le</strong>vé à ce stade de lamaladie est faib<strong>le</strong>. Une analyse portantsur un total de 242 patientes ayantprésenté une récidive locorégiona<strong>le</strong>accorde au CA 15-3 une sensibilitéproche de 20 % [5]. Cette sensibilitémédiocre <strong>du</strong> CA 15-3 pour la détectiondes récidives loca<strong>le</strong>s n’est pasalarmante <strong>dans</strong> la mesure où ces sitesde première rechute demeurentaccessib<strong>le</strong>s à la détection clinique.Le taux de CA 15-3, associé à une récidivelocorégiona<strong>le</strong> est significativementplus é<strong>le</strong>vé quand la récidiveloca<strong>le</strong> est suivie d’une métastase quelorsqu’el<strong>le</strong> reste isolée [15]. PourCoveney, il existe une relation entre<strong>le</strong> taux de CA 15-3 lors de la récidivelocorégiona<strong>le</strong> et <strong>le</strong> délai d’apparitiondes métastases [18]. Au stade de larécidive loca<strong>le</strong>, un taux é<strong>le</strong>vé de CA15-3 doit donc inciter à rechercherdes métastases à distance synchronesdont l’existence est de nature à modifierla prise en charge de la patiente.Ainsi <strong>dans</strong> la série d’O’Dwyer la va<strong>le</strong>urprédictive d’un taux de CA 15-3supérieur à 40 kU.L -1 à ce stade de lamaladie est-el<strong>le</strong> de 97 % [19]. Dans lasérie rouennaise de Basuyau, la va<strong>le</strong>urprédictive positive de métastase ultérieureest de 88,2 % lorsque <strong>le</strong> CA15-3 est supérieur à 30 kU.L -1 [20].Métastases à distanceDe nombreuses études ont montréqu’environ 75 % des premières évolutionsmétastatiques étaient associéesà une élévation significative deCA 15-3. Une méta-analyse réalisée àpartir de 18 études et portant sur untotal de 4697 patientes dont 1940 sontporteuses de métastases [5] accordeà une élévation confirmée de CA 15-3 des va<strong>le</strong>urs prédictives positive etnégative respectivement de 92,5 % et85,6 %.Il est important de noter que la plupartde ces études utilisent toujoursla notion de seuil et non pas cel<strong>le</strong> decinétique pourtant plus intéressante<strong>dans</strong> la mesure où cel<strong>le</strong>-ci améliorede façon notab<strong>le</strong> la sensibilité et laspécificité. En effet, <strong>le</strong> pourcentagemoyen de faux négatifs proche de30% peut chuter à moins de 10 % sil’on substitue à la notion de taux cel<strong>le</strong>de cinétique. De même <strong>le</strong> pourcentagede faux positifs compris selon<strong>le</strong>s auteurs entre 0 et 14 % est probab<strong>le</strong>mentà pondérer si on élimine defaçon systématique <strong>le</strong>s diagnosticsdifférentiels classiques par des explorationsrépétées et élargies.La sensibilité <strong>du</strong> CA 15-3 varie selonla nature <strong>du</strong> site d’évolution métasta-26Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnel<strong>le</strong> et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1


J.M. Riedinger, A.S. Gaucheztique. El<strong>le</strong> est maxima<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s localisationsosseuses et hépatiques(80 %), intermédiaire pour <strong>le</strong>s localisationspulmonaires (50 à 70 %), faib<strong>le</strong>pour <strong>le</strong>s localisations cutanées,ganglionnaires (15 à 20 %) ou cérébra<strong>le</strong>s.En cas de rechute plurifoca<strong>le</strong>la sensibilité <strong>du</strong> CA 15-3 peut atteindre91 %. L’élévation <strong>du</strong> CA 15-3 anticipela récidive clinique et/ou radiologiqued’un délai médian de 6 à 9mois avec des extrêmes variant de 0à 18 mois. Ces va<strong>le</strong>urs qui dépendentde la vitesse de croissance de la récidive(donc <strong>du</strong> temps de doub<strong>le</strong>ment<strong>du</strong> CA 15-3) sont éga<strong>le</strong>ment à nuanceren fonction <strong>du</strong> rythme et de lanature des investigations effectuées<strong>du</strong>rant l’élévation <strong>du</strong> marqueur. <strong>Les</strong>va<strong>le</strong>urs prédictives positives qui varientselon <strong>le</strong>s séries sont de 60 %quand <strong>le</strong> suivi est inférieur à 14 moiset atteignent 75 à 100 % quand <strong>le</strong> suivimédian est de plus de 24 mois. Toutesces données suggèrent une réel<strong>le</strong>possibilité de détection précoce desmétastases.Intérêt <strong>du</strong> diagnostic et <strong>du</strong> traitementprécoce des métastasesðLa question essentiel<strong>le</strong> est cel<strong>le</strong> del’intérêt éventuel d’un traitement précoced’un <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong> en premièreévolution métastatique sur la based’une élévation isolée de <strong>marqueurs</strong><strong>tumoraux</strong> par rapport à l’initiation dece traitement en phase de syndromemétastatique déclaré.Le consensus actuelLa politique de surveillance des <strong>cancer</strong>s<strong>du</strong> <strong>sein</strong> initia<strong>le</strong>ment traités <strong>dans</strong>une optique curative devrait s’inscrire<strong>dans</strong> une finalité d’amélioration de lasurvie globa<strong>le</strong> sinon de l’interval<strong>le</strong> libresans récidive et de la qualité devie. En l’absence de traitement potentiel<strong>le</strong>mentcurateur d’un <strong>cancer</strong> <strong>du</strong><strong>sein</strong> métastatique de nombreux auteurspréconisent l’initiation <strong>du</strong> traitementuniquement en phase métastatiquecliniquement symptomatique.Ils argumentent <strong>le</strong>ur position en mettantl’accent sur la toxicité des thérapeutiquesinstituées et son retentissementsur la qualité de vie qui enl’absence de gain démontré sur lasurvie ne paraît pas justifié chez unepatiente dont la seu<strong>le</strong> note péjorativeau moment <strong>du</strong> traitement reste unesuspicion de rechute biologique.<strong>Les</strong> évidencesPourtant en matière de stratégie curativeoncologique, la probabilitéd’obtenir une rémission complète estcorrélée au volume tumoral. De manièregénéra<strong>le</strong>, un faib<strong>le</strong> volume tumora<strong>le</strong>st associé à un pourcentagede cellu<strong>le</strong>s en cyc<strong>le</strong> (donc sensib<strong>le</strong>saux agents cytotoxiques) supérieur,une meil<strong>le</strong>ure pénétration et accessibilitécellulaire aux agents thérapeutiques,une plus grande efficacité <strong>du</strong>système immunitaire anti-tumoral etune probabilité de clones cellulairesrésistants plus faib<strong>le</strong>.En ce qui concerne <strong>le</strong>s mécanismesde résistance à la chimiothérapie <strong>dans</strong><strong>le</strong>s <strong>cancer</strong>s <strong>du</strong> <strong>sein</strong> métastatiques, i<strong>le</strong>xiste un certain nombre d’évidences.L’analyse multivariée d’une populationde 1400 malades traitées <strong>dans</strong>6 essais consécutifs identifie 4 paramètresindépendants de pronosticqui sont <strong>le</strong> taux de LDH, l’antécédentde chimiothérapie adjuvante, l’indicede performance et surtout <strong>le</strong> nombrede sites métastatiques associé à la notionde volume tumoral [21]. Troismécanismes différents, mais complémentairespeuvent rendre compte del’incidence de ce dernier paramètre<strong>dans</strong> la résistance à la chimiothérapie:- l’existence d’une relation inverseentre la probabilité d’in<strong>du</strong>ction d’unétat de rémission histologique complèteet <strong>le</strong> volume indivi<strong>du</strong>el d’unelocalisation métastatique,- la probabilité d’une mutation spontanée,cause de résistance, directementliée au nombre de divisionscellulaires,- l’augmentation de l’hétérogénéité dela population cellulaire quand <strong>le</strong> volumetumoral est important ou <strong>le</strong>nombre de sites é<strong>le</strong>vés.C’est sur la base de ces données fondamenta<strong>le</strong>set cel<strong>le</strong> des résultats positifsconcernant <strong>le</strong> traitement systémiqueadjuvant (hormonothérapie et/ou chimiothérapie) institué chez despatientes à risque en situation potentiel<strong>le</strong>de maladie micrométastatiqueque certains auteurs ont posé la questionde l’intérêt potentiel d’un traitementsystémique précoce dont laprobabilité d’efficacité apparaît théoriquementsupérieur à cel<strong>le</strong> d’unesituation de masse tumora<strong>le</strong> importantecliniquement symptomatique.<strong>Les</strong> données de la littératureTrois études laissent entrevoir un bénéficepossib<strong>le</strong> en terme d’interval<strong>le</strong>libre sans récidive, voire même desurvie globa<strong>le</strong>, lié au traitement précocedes métastases sur la base del’élévation d’un ou de plusieurs <strong>marqueurs</strong><strong>tumoraux</strong>.- La première étude en date, proposéepar l’équipe d’Erlangen [22], estune étude prospective randomiséeportant sur 196 patientes, de moinsde 70 ans, porteuses d’un <strong>cancer</strong> <strong>du</strong><strong>sein</strong> N+ M 0RH+. Toutes <strong>le</strong>s patientesont bénéficié, en plus <strong>du</strong> suivi habituel,d’un dosage trimestriel d’ACE etde CA 15-3. Parmi <strong>le</strong>s 46 patientesayant présenté une élévation isoléed’un des deux <strong>marqueurs</strong>, 20 ont bénéficiéd’un traitement hormonal immédiatpar médroxyprogestérone (1g/j) pour une <strong>du</strong>rée minima<strong>le</strong> de 5ans et 26 d’une abstention thérapeutiquejusqu’à la phase symptomatiquedéclarée. <strong>Les</strong> résultats à 3 ans montrentque 13 des patientes traitées (65%) ont développé des métastases cliniques<strong>dans</strong> un délai moyen de 22mois contre 18 (69 %) <strong>dans</strong> <strong>le</strong> groupedes patientes non traitées (interval<strong>le</strong>libre moyen de 6 mois). Ces résultatspréliminaires suggèrent, qu’un traitementprécoce institué dès l’élévation<strong>du</strong> marqueur est susceptib<strong>le</strong> de retarderla survenue de l’évolution cliniquemétastatique sans pour autant,<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s limites de l’étude, modifierla survie globa<strong>le</strong>.- Une seconde étude proposée parl’équipe <strong>du</strong> Tel-Aviv Souraski MedicalCenter concerne des patientes porteusesd’un <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong> stade I ouII traitées par chirurgie première puischimiothérapie adjuvante si envahissementganglionnaire ou tumeur deplus de 3 cm. La surveillance biologiquerepose sur un dosage trimestrielà semestriel <strong>du</strong> MCA. <strong>Les</strong> 52 patientesprésentant une élévation isolée dece marqueur ont été randomiséesentre traitement par tamoxifène(n=23) et abstention thérapeutique(n=29). A un an, aucune des 23 patientestraitées n’a récidivé, alors que7 des 29 malades surveillées (24 %)ont récidivé (p


<strong>Les</strong> <strong>marqueurs</strong> <strong>tumoraux</strong> <strong>circulants</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong>Par contre, à cinq ans, il n’existe plusde différence significative entre <strong>le</strong>spatientes <strong>du</strong> bras traité par tamoxifèneet cel<strong>le</strong>s <strong>du</strong> bras non traité quece soit en termes de survie sans événementou de récidive [Merimsky1997]. Le bénéfice <strong>du</strong> traitement semb<strong>le</strong>raitdonc négligeab<strong>le</strong> à 5 ans.- La troisième étude proposée parNicolini [23] est une étude rétrospectiveconcernant des patientes traitéespour un <strong>cancer</strong> <strong>du</strong> <strong>sein</strong> ayant présentéau cours <strong>du</strong> suivi une élévationconfirmée de l’un des trois <strong>marqueurs</strong>suivants : ACE, TPA, CA 15-3 ouune récidive. Cette étude repose surun essai en cours depuis 1981 consistantà traiter, <strong>le</strong> plus souvent parhormonothérapie, des patientes dèsl’élévation confirmée et isolée d’ACE,TPA ou CA 15-3 ou à attendre l’apparitionde signes cliniques ou radiologiquespour débuter <strong>le</strong> traitement. Ledélai entre l’élévation d’un des trois<strong>marqueurs</strong> et l’apparition des signescliniques et/ou radiologiques est significativementplus long <strong>dans</strong> <strong>le</strong>groupe des 28 patientes traitées précocement(p


J.M. Riedinger, A.S. GauchezRecommandations nationa<strong>le</strong>s etinternationa<strong>le</strong>sPour l’ANAES, lors <strong>du</strong> suivi biologiqued’une rechute ou d’une métastase<strong>le</strong> dosage <strong>du</strong> CA 15-3 est un élémentd’évaluation de l’efficacité thérapeutiquemais ne peut en aucuncas être l’indicateur unique de l’efficacité<strong>du</strong> traitement [3]. L’ASCO ajoute"However, in the absence of measurab<strong>le</strong>disease, an increasing CA 15-3(or CA 27.29) may be used to suggesttreatment failure" [1]. Le groupe detravail des SOR reconnaît "qu’en casde va<strong>le</strong>ur initia<strong>le</strong> é<strong>le</strong>vée, l ’évolution<strong>du</strong> taux de CA 15-3 sous traitementconstitue un ref<strong>le</strong>t de l’efficacité thérapeutique"[4].Apport de l’association de plusieurs<strong>marqueurs</strong>ðPlusieurs études ont cherché à évaluerl’efficacité de différents <strong>marqueurs</strong><strong>tumoraux</strong> et/ou de <strong>le</strong>ur associationaux différents stades de lamaladie : dépistage, diagnostic initial,surveillance thérapeutique, détectionprécoce des récidives. Le marqueur<strong>le</strong> plus performant reste <strong>le</strong> CA 15-3.Son association notamment à l’ACEet au TPA apporte selon <strong>le</strong>s auteursun bénéfice en terme de sensibilitécompris entre 5 % et 10 %. La perteconcomitante de spécificité varie selon<strong>le</strong>s études de 4 % à 10 % [5]. Demanière généra<strong>le</strong> l’association systématiquede plusieurs <strong>marqueurs</strong>n’est pas suffisante pour que cel<strong>le</strong> cipuisse être proposée en dehors <strong>du</strong>cadre d’essais thérapeutiques visantà démontrer par exemp<strong>le</strong> l’intérêt <strong>du</strong>diagnostic et <strong>du</strong> traitement précocedes métastases [5].Cependant, en cas d’évolution cliniquesans élévation <strong>du</strong> CA 15-3 il seraitsouhaitab<strong>le</strong> de trouver un marqueurqui puisse servir d’indicateurde la maladie : ACE ou TPA.CONCLUSIONð Au stade diagnostique, <strong>le</strong>s <strong>marqueurs</strong>sériques ne sont des outils nide dépistage ni de diagnostic <strong>du</strong> <strong>cancer</strong><strong>du</strong> <strong>sein</strong>. Leur taux initial sert deva<strong>le</strong>ur de référence indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong>. Il estuti<strong>le</strong> d’associer deux <strong>marqueurs</strong> complémentaires,tels qu’une mucine (CA15-3) et l’ACE. Un taux supérieur auseuil de dissémination métastatique<strong>du</strong> CA 15-3 conditionne la recherchede métastases même sans signe d’appelévident. En raison de la variabilitéintertechnique importante, <strong>le</strong>seuil de dissémination métastatiquedoit être déterminé pour chaque technique.La stratégie de surveillance privilégie<strong>le</strong> marqueur initia<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé ou <strong>le</strong>plus sensib<strong>le</strong> (CA 15-3). La surveillancebiologique indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong> doitêtre assurée par un seul laboratoireet une seu<strong>le</strong> technique. Tout changementde technique doit s’accompagnerd’une reprise des antériorités.Tout résultat positif impliquant unedécision thérapeutique doit être contrôlésur un nouveau prélèvement.L’interprétation <strong>du</strong> taux <strong>du</strong> marqueurdoit tenir compte de son profil évolutifet <strong>du</strong> contexte clinique ou radiologique.Lorsqu’un marqueur esté<strong>le</strong>vé, sa normalisation et sa vitessede diminution constituent des critèresprécoces d’efficacité thérapeutique.La prescription doit être adaptéeà la nature des traitements institués,au risque de récidive et aux alternativesthérapeutiques disponib<strong>le</strong>s.On doit éviter de doser <strong>le</strong>s <strong>marqueurs</strong>en l’absence d’alternativesthérapeutiques. Le compte-ren<strong>du</strong> doitintégrer la cinétique d’évolution indivi<strong>du</strong>el<strong>le</strong><strong>du</strong> marqueur, <strong>le</strong>s antérioritéset la va<strong>le</strong>ur biologique apparente<strong>du</strong> marqueur si cel<strong>le</strong>-ci est uti<strong>le</strong> auclinicien <strong>dans</strong> sa démarche de soin.Tumor markers in breast <strong>cancer</strong> management, clinical practiceand recommendationsCancer detected early can potentially be cured. Tumor markers such as CA 15.3 ansCEA in breast <strong>cancer</strong>, are useful in evaluating the progress of disease states after the initialtherapy and in the treatment and in the monotoring of subsequent treatment modalities. Guidelinesare intended for use of tumor markers (ASCO, SOR, ANAES).Breast <strong>cancer</strong> / Tumor markers / Guideliness / Clinical practiceMédecine Nucléaire - Imagerie fonctionnel<strong>le</strong> et métabolique - 2002 - vol.26 - n°1 29


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