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La décomposition de l'indice de Gini - Lameta

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UNE ANALYSE DES INEGALITES SALARIALES EN LANGUEDOC-ROUSSILLON EN 1996- UNE ETUDE PAR L’INDICE MULTIDIMENSIONNEL DE GINI -AN ANALYSIS OF WAGE INEQUALITIES IN LANGUEDOC-ROUSSILLONIN 1996- A STUDY WITH THE MULTIDIMENSIONAL GINI INDEX -parStéphane MUSSARD aFrançoise SEYTEMichel TERRAZALAMETA, Faculté <strong>de</strong>s Sciences EconomiquesAvenue <strong>de</strong> la Mer - BP 9606 - 34054 Montpellier Ce<strong>de</strong>x 1 - FranceTel : 04.67.15.83.67a s-mussard@lameta.univ-montp1.fr


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 1UNE ANALYSE DES INEGALITES SALARIALES EN LANGUEDOC-ROUSSILLON EN 1996- UNE ETUDE PAR L’INDICE MULTIDIMENSIONNEL DE GINI -AN ANALYSIS OF WAGE INEQUALITIES IN LANGUEDOC-ROUSSILLONIN 1996- A STUDY WITH THE MULTIDIMENSIONAL GINI INDEX -RESUMECet article montre que l’indicateur multidimensionnel <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> est plus completque sa forme unidimensionnelle pour mesurer la contribution <strong>de</strong> chaque groupe àl’inégalité totale. En <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon, il fait apparaître que les disparités sontessentiellement favorisées par <strong>de</strong>s différences salariales entre les départements et lessexes et confirme la relation opposée entre les inégalités et la pauvreté.SUMMARYThis article shows that the multidimensional <strong>Gini</strong> in<strong>de</strong>x is more complete than itsunidimensional configuration in or<strong>de</strong>r to compute the contribution of each group to theoverall inequality. In <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon, it indicates that the disparities areparticularly generated by wage differences between the regions and gen<strong>de</strong>r andconfirms the opposite relation between the inequalities and poverty.Mots-clés : Décomposition <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong>, Inégalités salariales.Key-words : Decomposition of the <strong>Gini</strong> in<strong>de</strong>x, Wage inequalities.Classification JEL : D63, D31, C10


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 2- INTRODUCTION -Une comparaison internationale <strong>de</strong>s inégalités place les USA, le Canada,l’Autriche et le Royaume-Uni parmi les pays les plus confrontés aux disparitéssalariales. Dans ce contexte, la France occupe un niveau intermédiaire (PICKETTI,2001). En effet, 10% <strong>de</strong>s salariés les plus riches perçoivent en 1994 un salaire 3,1 foisplus élevé que les 10% <strong>de</strong>s salariés les plus pauvres. Cette différence s’élève à 4,5 pourles USA, 4,4 pour le Canada, 3,5 pour l’Autriche et 3,4 pour le Royaume-Uni.En France, la composante salariale constitue un facteur <strong>de</strong> revenu important(environ 66,7% du revenu <strong>de</strong>s ménages), d’autant plus que la structure <strong>de</strong>s salairesfrançais (SEYTE et TERRAZA, 1998a, 1998b) offre <strong>de</strong>s différences spatiales trèscontrastées. Entre 1982 et 1995, la Corse est la seule région enregistrant uneaugmentation <strong>de</strong>s inégalités entre les hommes et les femmes. En revanche, on note unenette réduction <strong>de</strong>s disparités salariales à l’intérieur <strong>de</strong>s autres régions, comme leLimousin où la diminution <strong>de</strong>s disparités salariales entre sexes est la plus élevée durantcette pério<strong>de</strong>.Le <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon connaît aussi une baisse <strong>de</strong>s inégalités salariales entreles hommes et les femmes, cependant la région évolue <strong>de</strong> manière singulière. Elle estclassée au seizième rang <strong>de</strong>s régions françaises (TAILHADES, 2002) avec un salairemoyen <strong>de</strong> 8,6€ net par heure, alors que la moyenne nationale est <strong>de</strong> 9,8€. L’évolution <strong>de</strong>la structure salariale est plus lente qu’au niveau national. En 1996, les femmes du<strong>La</strong>nguedoc-Roussillon détiennent 64% <strong>de</strong>s salaires masculins moyens, alors qu’elles endétenaient 74% sur l’ensemble du territoire en 1982.Cet article présente, en examinant les rémunérations salariales du <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon en 1996, la structure <strong>de</strong>s inégalités par sexes et par départements 1 . Enparticulier, il expose l’utilisation <strong>de</strong> l’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> et sa décomposition. En effet,en recourant à la décomposition multidimensionnelle <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> (DAGUM,1997a, 1997b), les inégalités sont estimées <strong>de</strong> manière groupée, débouchant sur <strong>de</strong>sinterprétations différentes. Cette technique mesure les inégalités à l’intérieur <strong>de</strong>sgroupes (mesures intragroupes) et entre paires <strong>de</strong> groupes (mesures intergroupes), touten estimant la contribution <strong>de</strong> ceux-ci à l’inégalité totale.


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 3L’objet <strong>de</strong> cette recherche est donc double. Elle permet d’une part <strong>de</strong> comparerl’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> et les indices obtenus lors <strong>de</strong> sa décomposition, tout en décrivantd’autre part, l’aspect empirique <strong>de</strong>s inégalités salariales entre les hommes et les femmesdans une logique spatiale. L’organisation du document est la suivante : dans la section Inous examinons les inégalités salariales en <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon obtenues à partir <strong>de</strong>l’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> unidimensionnel ; dans la section II nous spécifions la métho<strong>de</strong>multidimensionnelle <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> avant <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>nouveaux résultats et <strong>de</strong> conclure sur l’apport <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s.- I -L’INDICE DE GINI UNIDIMENSIONNELL’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> permet d’apprécier le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong>s inégalités ausein d’une population. Il est compris dans l’intervalle [0,1]. L’indicateur tend vers 1pour <strong>de</strong>s distributions où les revenus sont répartis <strong>de</strong> manière inégalitaire, et vers 0 pour<strong>de</strong>s distributions égalitaires. Cette normalisation autorise la comparaison <strong>de</strong>s indicescalculés sur différents groupes. Pour une population <strong>de</strong> taille n et <strong>de</strong> moyenne µ où lesrevenus sont représentés par yi et yr (i et r représentant les sous-groupes ∀i = 1,…,n et∀r = 1,…,n), l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> est :nn∑∑ yi- yri 1r1G = = = . (1)22µnL’échantillon dont nous disposons comprend 27660 individus salariés du <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon en 1996. Il s’agit d’un tirage au vingt-cinquième <strong>de</strong> la population salariée 2répartie par départements et par sexes. Les statistiques élémentaires <strong>de</strong> cet échantillonsont les suivantes :Tableau 1Femmes AUDE LOZERE HERAULT GARD PO* RégionIndividus 1579 333 5352 3006 1996 12266Moyenne** 8748,5 9268,2 9597,5 9494,6 8922 9344,2<strong>Gini</strong> 0,428 0,423 0,435 0,405 0,430 0,427* Pyrénées Orientales** Moyenne salariale annuelle en €


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 4Tableau 2Hommes AUDE LOZERE HERAULT GARD PO RégionIndividus 1803 444 6476 4185 2486 15394Moyenne 11327 11207,8 12073,4 12518,8 11177,1 11937,4<strong>Gini</strong> 0,433 0,393 0,452 0,426 0,442 0,441Les hommes salariés du <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon sont plus nombreux que lesfemmes. Ils possè<strong>de</strong>nt en moyenne une meilleure rémunération annuelle. Il semble queces <strong>de</strong>ux déterminants, le nombre d’individus et la moyenne du groupe, constituent unefonction croissante <strong>de</strong>s inégalités.En effet, l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> calculé sur la population masculine montre que lesinégalités y sont plus prononcées. De même, les femmes <strong>de</strong> l’Hérault, qui ont la plusforte rémunération moyenne et qui sont les plus nombreuses, connaissent les disparitéssalariales les plus importantes (G = 0,435). Les hommes <strong>de</strong> l’Hérault, (aussi les plusnombreux avec la moyenne salariale la plus élevée après le Gard), se heurtent auxinégalités les plus concentrées (G = 0,452). A contrario, la Lozère, le département lemoins peuplé (et un <strong>de</strong>s départements les moins riches), possè<strong>de</strong> les plus faiblesinégalités salariales masculines. Pour les femmes, il s’agit du seul département avec le


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 5Gard ayant un indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> dont la valeur est inférieure à l’indice régional féminin <strong>de</strong>0,427.Néanmoins, le nombre d’individus et la moyenne <strong>de</strong> chaque groupe ne varient passystématiquement en sens inverse <strong>de</strong>s inégalités. En effet, l’Au<strong>de</strong> et les PO, qui sont lesdépartements les moins riches, détiennent les plus fortes inégalités (juste aprèsl’Hérault) à la fois pour les hommes et les femmes.Les résultats semblent insuffisants. On recense à la fois les départements riches etpauvres comme les principaux générateurs <strong>de</strong>s inégalités salariales observées.Cependant, il n’est pas possible <strong>de</strong> connaître avec certitu<strong>de</strong> leur contribution à la valeur<strong>de</strong>s inégalités totales <strong>de</strong> la région. De plus, l’estimation <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong>unidimensionnel suppose que l’on calcule les inégalités sur chaque souspopulation. Onmesure donc les différences salariales à l’intérieur d’un groupe précis, puis on réitèrel’opération pour les souspopulations suivantes. Par conséquent, on ne calcule pasd’indice permettant d’évaluer les inégalités entre les groupes (mesure intergroupe).C’est en recourant à la métho<strong>de</strong> multidimensionnelle <strong>de</strong> l’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong>, que nouspouvons à la fois mesurer la contribution <strong>de</strong> chaque groupe à l’inégalité totale, etpréciser la contribution <strong>de</strong>s mesures intergroupes à l’inégalité totale.- II -L’INDICE DE GINI MULTIDIMENSIONNEL2.1. <strong>La</strong> formulation <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> l’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> 3Considérons une population mère P représentée par la distribution yi (i = 1,…,n)et f(y), F(y), µ et G respectivement la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> probabilité, la fonction <strong>de</strong> répartition, lamoyenne et l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> mesurés sur P. <strong>La</strong> population mère est partitionnée en ksous-groupes. Le poids du nombre d’individus et la part <strong>de</strong> revenu <strong>de</strong> chaquesouspopulation dans la population mère sont donnés par :njnjµ jpj = , sj= , ∀j= 1,..., n .(2)n n µLe moment d’ordre 1 <strong>de</strong> transvariation pjh entre les souspopulations h et j est définicomme la somme <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> salaire yh - yj telle que yh > yj et µj > µh :


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 6pjh= ∞ ∫dFh(y) ∫(y - x) dF j (x).(3)0y0<strong>La</strong> richesse économique brute djh développée par C. DAGUM (1980) est un conceptsymétrique. Il s’agit <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> revenu yj - yh entre les groupes j et htelle que yj > yh et µj > µh :yd = ∞ jh ∫dF j(y)∫(y - x)dFh(x).(4)0 0<strong>La</strong> différence moyenne <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> ∆jh, issue <strong>de</strong>s équations (3) et (4), est par définition lamoyenne <strong>de</strong>s différences salariales entre les souspopulations j et h :∆jh=pjh+djhn j hn= ∑∑ yi= 1r= 1ji- yhr/ njnh. (5)Les indices <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> intergroupes Gjh, définis par la différence moyenne <strong>de</strong> <strong>Gini</strong>,mesurent les inégalités <strong>de</strong> rémunération entre les souspopulations j et h :G∆jh= ∀ j = 1,...,k ; ∀ j 1,..., k .(6)µ j + µ hjh =Notons que si j = h, l’indice intergroupe Gjh <strong>de</strong>vient l’indice intragroupe Gjj qui mesureles disparités salariales entre les individus appartenant au groupe j.Le ratio <strong>de</strong> distance économique Djh évalue les différences salariales <strong>de</strong> manière netteentre les groupes j et h, en excluant la partie <strong>de</strong> chevauchement entre les distributions jet h :D= ( djh- pjh) / ∆jh= (d jh - pjh) / ( d jh pjh).(7)jh +L’expression Gjh×Djh estime les inégalités nettes, entre les groupes j et h, sans tenircompte <strong>de</strong> leur partie commune <strong>de</strong> chevauchement. En revanche, Gjh×(1-Djh) mesurel’inégalité intergroupe <strong>de</strong> transvariation en intégrant seulement la partie <strong>de</strong>chevauchement entre j et h. <strong>La</strong> somme <strong>de</strong>s ces <strong>de</strong>ux termes, égale à l’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong>intergroupe Gjh, évalue donc <strong>de</strong> manière brute les inégalités entre les groupes j et h.D’après les équations (2) à (7), le premier élément <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> l’indice<strong>de</strong> <strong>Gini</strong> : la contribution nette <strong>de</strong>s inégalités intergroupes Gb à l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> global


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 7G est défini comme la somme pondérée <strong>de</strong>s indices intergroupes nets entre l’ensemble<strong>de</strong>s paires <strong>de</strong> souspopulations :kj-1G b = ∑∑ GjhDjh(pjsh+ phsj).(8)j= 2h=1Le <strong>de</strong>uxième élément <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> mesure l’intensité<strong>de</strong> la transvariation entre les groupes Gt à l’inégalité totale G. C’est une sommepondérée <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> transvariation entre la totalité <strong>de</strong>s paires <strong>de</strong> sous-groupes, <strong>de</strong> lapopulation mère P, qu’il est possible <strong>de</strong> former :kj-1G t = ∑∑ Gjh( 1 - Djh)(pjsh+ phsj).(9)j= 2h=1<strong>La</strong> somme <strong>de</strong>s équations (8) et (9) fournit la contribution brute <strong>de</strong>s inégalitésintergroupes Ggb à l’inégalité totale G :kj-1G gb = Gb+ Gt= ∑∑ Gjh(pjsh+ phsj).(10)j= 2h=1Le troisième élément <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> est la contribution <strong>de</strong>sinégalités intragroupes Gw à l’inégalité totale G. Il s’agit d’une somme pondérée <strong>de</strong>sindices <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> intragroupes Gjj :kG w = ∑Gjjpjsj.(11)j=1En considérant les équations (8), (9), (10) et (11), l’équation fondamentale ducoefficient <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> décomposé introduite par C. DAGUM (1997a, 1997b) est alors :G += Gw + GbGt.(12)Comme les éléments Gb et Gt peuvent être regroupés selon le terme Ggb, la relation (12)se réécrit :G = Gw + Ggb . (13)<strong>La</strong> métho<strong>de</strong> multidimensionnelle <strong>de</strong> C. DAGUM décompose l’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong>selon trois éléments :


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 8- la contribution <strong>de</strong>s inégalités intragroupes ;- la contribution <strong>de</strong>s inégalités intergroupes nettes ;- et la contribution <strong>de</strong>s inégalités <strong>de</strong> transvariation entre les groupes.2.2. Les résultats <strong>de</strong> la décomposition <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> par départements et parsexes<strong>La</strong> métho<strong>de</strong> multidimensionnelle permet, d’étudier la totalité <strong>de</strong> l’échantillon(27660 individus), <strong>de</strong> les répartir en 10 groupes (les femmes et les hommes salariés pardépartements, j =1,…,10), et <strong>de</strong> connaître le poids <strong>de</strong> chaque groupe à l’explication <strong>de</strong>l’inégalité totale. L’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> (1) calculé sur la région s’élève à :G = 0,439 .L’estimation <strong>de</strong> l’équation fondamentale (12) donne la décomposition suivante :G += Gw + GbGt= 0,066 + 0,07 + 0,303 . (14)Les inégalités intragroupes (Gw) représentent 15% <strong>de</strong> l’inégalité totale, les inégalitésintergroupes nettes (Gb) 16% et les inégalités <strong>de</strong> transvariation (Gt) 69%. L’équation(14) indique que les inégalités intergroupes sont expliquées par une transvariation trèsimportante. Cette <strong>de</strong>rnière représente, par définition, les inégalités où les différences <strong>de</strong>salaire entre <strong>de</strong>ux groupes sont <strong>de</strong> signes opposés à la différence <strong>de</strong>s moyennes <strong>de</strong>sgroupes correspondant. Autrement dit, la transvariation fournit les inégalitésintergroupes pour lesquelles le chevauchement entre les distributions est important. Elledéfinit <strong>de</strong>s inégalités entre les souspopulations où les salaires <strong>de</strong>s groupes les pluspauvres sont plus élevés que ceux <strong>de</strong>s souspopulations les plus riches. Par conséquent,elle indique le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> disparités inhérent au chevauchement <strong>de</strong>s distributions, ensignalant une distribution féminine très proche <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s hommes. En évaluant lestermes <strong>de</strong> l’équation (13), on obtient :G = Gw + Ggb = 0,066 + 0,373 . (15)Ce résultat indique que les inégalités intergroupes représentent 85% <strong>de</strong> l’inégalité totalecontre 15% pour les inégalités intragroupes. Il existe donc une homogénéité <strong>de</strong>rémunération avérée à l’intérieur <strong>de</strong>s 10 groupes alors qu’il prévaut une hétérogénéitésalariale très importante entre les groupes.


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 9L’élément Ggb est constitué <strong>de</strong> 45 indices intergroupes (il s’agit <strong>de</strong> la combinaison <strong>de</strong><strong>de</strong>ux groupes parmi un ensemble <strong>de</strong> 10 souspopulations). L’élément Ggb estprincipalement expliqué par les différences <strong>de</strong> rémunération entre les hommes <strong>de</strong>l’Hérault et les groupes suivants :- les femmes <strong>de</strong> l’Hérault (11%) ;- les hommes du Gard (9,5%) ;- les femmes du Gard (6%).Les autres contributions notables à l’inégalité intergroupe Ggb sont issues :- <strong>de</strong>s inégalités entre les hommes du Gard et les femmes <strong>de</strong> l’Hérault (7%) ;- les femmes du Gard et les femmes <strong>de</strong> l’Hérault (4%) ;- les femmes du Gard et les hommes du Gard (4%).Il est possible aussi <strong>de</strong> déterminer les contributions <strong>de</strong> chaque groupe à la composanteintragroupe (Gw).Tableau 3% <strong>de</strong> Gw AUDE LOZERE HERAULT GARD PO*Femmes 1,7 0,1 21,8 6,3 2,8Hommes 2,9 0,2 41,7 17 5,5On constate, au même titre que l’analyse intergroupe, que l’Hérault et le Gard sontles principaux générateurs <strong>de</strong>s inégalités. Les différences <strong>de</strong> rémunération à l’intérieur<strong>de</strong> ces départements sont dominantes.En définitive, les départements <strong>de</strong> l’Hérault et du Gard ont les plus fortescontributions. D’une part, ces contributions s’exercent par <strong>de</strong>s disparités <strong>de</strong>rémunération importantes à l’intérieur <strong>de</strong>s groupes (Tableau 3) où les hommes ont uneparticipation <strong>de</strong>ux fois plus élevée que les femmes.D’autre part, les contributions <strong>de</strong> l’Hérault et du Gard se caractérisent par <strong>de</strong>sdifférences salariales entre ces <strong>de</strong>ux groupes où les inégalités sont à la fois imputablesaux hommes et aux femmes. Les inégalités intergroupes sont issues <strong>de</strong>s souspopulationsles plus riches alors que la participation <strong>de</strong>s groupes pauvres reste marginale.


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 10- CONCLUSION -Les équations fondamentales (12) et (13) introduites par C. DAGUM (1997a,1997b) autorisent une vision duale <strong>de</strong>s inégalités salariales. Elles révèlent l’intensité <strong>de</strong>scontributions intragroupes et intergroupes. De plus, elles permettent d’i<strong>de</strong>ntifier,contrairement à l’analyse unidimensionnelle, les groupes qui supportent les plus fortesdisparités <strong>de</strong> rémunération. L’application sur les salaires nets annuels <strong>de</strong> la région du<strong>La</strong>nguedoc-Roussillon en 1996 montre que les femmes se heurtent à <strong>de</strong> moindresinégalités. Les hommes ont une meilleure rémunération annuelle mais peuventrencontrer <strong>de</strong>ux fois plus d’inégalités salariales que les femmes (Tableau 3). Lesinégalités entre les groupes (85% <strong>de</strong> l’inégalité totale) dévoilent <strong>de</strong>s inégalités spatialestrès contrastées, où le Gard et l’Hérault jouent un rôle prépondérant. Les marchés dutravail départementaux semblent donc être fortement cloisonnés, avec une polarisationmarquée entre les hommes et les femmes.<strong>La</strong> décomposition <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> permet <strong>de</strong> mieux comprendre la structure<strong>de</strong>s disparités, en excluant les groupes les plus pauvres <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s inégalités,contrairement à l’analyse standard qui implique les départements <strong>de</strong> l’Au<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s PO.L’application montre que les inégalités sont atténuées par les départements les pluspauvres et impulsées par les départements les plus riches, d’où la relation opposée quiunit les inégalités et la pauvreté en <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon.BIBLIOGRAPHIEDAGUM C., 1980, « Inequality Measures between Income Distributions withApplications », Econometrica, Vol. 48, 7, pp. 1791-1803.DAGUM C., 1987b, « Measuring the Economic Affluence between Populations ofIncome Receivers », Journal of Business and Economic Statistics, Vol. 5, 1, pp. 5-12.DAGUM C., 1997a, « A New Approach to the Decomposition of the <strong>Gini</strong> IncomeInequality Ratio », Empirical Economics, Vol. 22(4), pp. 515-531.


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 11DAGUM C., 1997b, « Decomposition and Interpretation of <strong>Gini</strong> and the GeneralizedEntropy Inequality Measures », Proceedings of the American StatisticalAssociation, Business and Economic Statistics Section, 157 th Meeting, pp. 200-205.DAGUM C., SEYTE F., TERRAZA M., 1994, « Mesures <strong>de</strong> l’inégalité entre lesdistributions du revenu et application aux salaires régionaux français », XLIIColloque international sur la modélisation et l’économétrie <strong>de</strong>s salaires, Aix-en-Provence, Université d’Aix Marseille III.DAGUM C., SEYTE F., TERRAZA M., 1995, « Analyse inter-régionale <strong>de</strong>sdistributions <strong>de</strong>s salaires français », Economie Appliquée, Vol. XLVIII n°3, pp.103-133.GINI C., 1916, « Il concetto di transvariazione e le sue prime applicazioni », Giornale<strong>de</strong>gli Economisti e Rivista di Statistica, In : <strong>Gini</strong> C (ed.), 1959, pp. 21-44.MUSSARD S., SEYTE F., TERRAZA M., 2002a, Dynamique salariale en <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon, Conseil Régional, Montpellier, 469 pages.MUSSARD S., SEYTE F., TERRAZA M., 2002b, Programme pour la décomposition<strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> <strong>de</strong> C. Dagum, disponible sur MUSSARD S., SEYTE F., TERRAZA M., 2002c, « http://www.lameta.univmontp1.fr/online/gini.html: Décomposition <strong>de</strong> l’indicateur <strong>de</strong> <strong>Gini</strong> et <strong>de</strong>s mesuresdérivées <strong>de</strong> l’entropie », Document <strong>de</strong> travail n°2002-24, LAMETA.MUSSARD S., SEYTE F., TERRAZA M., 2003, « Decomposition of <strong>Gini</strong> and theGeneralized Entropy Inequality Measures », Economics Bulletin, Vol. 4 n°7, pp.1-6.PIKETTI T., 2001, L’économie <strong>de</strong>s inégalités, Repères, <strong>La</strong> découverte.SEYTE F., 1993, Les modèles <strong>de</strong> Camilo Dagum. Application aux distributions <strong>de</strong>ssalaires français en 1982 et 1987, Thèse, Université <strong>de</strong> Montpellier I.SEYTE F., TERRAZA M., 1998a, « Evolution <strong>de</strong>s disparités salariales régionales parsexe <strong>de</strong> 1982 à 1992 en France », Colloque A.E.A « Genre et marché du travail »,Perpignan 2-3 Avril.


MUSSARD, SEYTE, TERRAZA 12SEYTE F., TERRAZA M., 1998b, « Spécification départementale <strong>de</strong> la classification<strong>de</strong>s distributions salariales régionales en 1995 », Journées du SESAME,Montpellier, Septembre 1998.SILBER J., 1989, « Factor Components, Population Subgroups and the Computation ofthe <strong>Gini</strong> In<strong>de</strong>x of Inequality », Review of Economics and Statistics, Vol. 71, pp.107-115.TAILHADES B., 2002, « En <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon, un salarié gagne en moyenne1450€ par mois en 1999 », INSEE <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon - Mai 2002 - RepèresSynthèse N°6.NOTES(1) Cette recherche est issue d’un contrat avec le Conseil Régional du <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon, confère MUSSARD, SEYTE, TERRAZA (2002a).(2) L’échantillonnage est réalisé par l’INSEE <strong>de</strong> Montpellier.(3) Pour plus <strong>de</strong> détails sur la métho<strong>de</strong>, confère MUSSARD, SEYTE, TERRAZA(2002b, 2002c, 2003).

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